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Simon Icard

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Religion

Lumières du Moyen Age. Maïmonide philosophe

Aujourd'hui encore, beaucoup sont convaincus comme l'était Hegel qu'entre l'aube lumineuse de la philosophie chez les Grecs et le triomphe de la raison sur la foi au siècle des Lumières le Moyen Age n'aurait rien inventé, sinon transmis le savoir de l'Antiquité par le jeu de traductions en arabe via le syriaque. Or, le Moyen Age arabe et juif est une période d'inventions, et Maïmonide (Cordoue 1138 - Fostat 1204) y tient une place singulière. Loin de répéter l'enseignement des "Anciens", il fait preuve d'une véritable créativité spéculative, à l'instar des philosophes arabes Fârâbî, Avicenne et Averroès. Tous sont confrontés à l'existence d'un conflit, inconnu des Grecs, entre la Raison et la Loi. Ce conflit est au centre de son oeuvre, et particulièrement du Guide des perplexes, destiné à celui qui «a étudié la philosophie et acquis des sciences véritables, mais qui, croyant aux choses de la Loi, est perplexe au sujet de leur sens". A une époque où la défense de la religion est souvent synonyme de destruction de la philosophie, Maïmonide est le premier dans son univers à prouver qu'il n'y a nulle contradiction entre les deux enseignements, à maîtriser l'aristotélisme et à accomplir le projet d'une philosophie "populaire". Homme de la Loi dans le Mishneh Torah et philosophe au travers du Guide des perplexes, il veut "rapprocher la Torah de l'intelligible et, dans toute la mesure du possible, mettre les choses dans un ordre naturel". De façon plus précise, il se propose de "redresser, expliquer, donner une préparation à ceux dont les connaissances sont limitées", tout en offrant à un plus petit nombre les moyens d'avancer sans crainte sur le chemin de la Raison. Tel est le Maïmonide de Pierre Bouretz : figure originale, au croisement de deux cultures, ni encore ancien ni déjà moderne, décidé à installer petit à petit la philosophie sur la place publique, il porte le projet intellectuel et politique d'une réforme graduelle des opinions communes, contribuant ainsi à faire de son époque un âge de Lumières.

09/2015

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Critique littéraire

Partigia. Primo Levi, la Résistance et la mémoire

Il y a une saison, dans la vie de Primo Levi, à propos de laquelle l'écrivain chimiste a toujours été avare : sa période, courte et malheureuse, de partisan. Les trois mois passés dans la Vallée d'Aoste, au col de Joux, à l'automne 1943. Dans Le Système périodique , la Résistance n'occupe pas plus de quatre pages, sévères : "Nous avions faim et froid, nous étions les partisans les plus désarmés du Piémont et, probablement, les plus démunis. Nous manquions d'hommes capables, et étions au contraire submergés par un déluge de gens disqualifiés, de bonne foi et de mauvaise foi, qui arrivaient de la plaine à la recherche d'une organisation inexistante". La chute de la bande dans "l'aube de neige spectrale" du 13 décembre était donc à la fois logique et "conforme à la justice". Comment expliquer une représentation de la Résistance des origines si désacralisante, si dissonante par rapport à la mythologie antifasciste sur les premiers partisans en montagne ? Sinon par l'existence "entre nous, dans l'esprit de chacun", d'un vilain secret : "Nous nous étions trouvés obligés en conscience d'exécuter une condamnation et nous l'avions fait, mais nous en étions sortis démolis, démoralisés, désireux de voir tout finir et de finir nous-mêmes". Les deux résistants exécutés étaient innocents. Aujourd'hui, leur souvenir est entretenu comme "victimes du fascisme" sur le monument commémoratif à Turin. Le mouchard infiltré sera condamné à la Libération, sur la base notamment du témoignage de Primo Levi. Sa condamnation à mort sera commuée en détention et il sortira libre pour utiliser ses compétences d'infiltré dans les organisations néo-fascistes au profit des services secrets américains. Tout l'enjeu de l'enquête/récit/analyse de Luzzatto devient alors une éblouissante réflexion sur deux martyrologes en tension, celui de la Résistance et celui de la déportation - des tensions qui traversèrent l'existence de Primo Levi, quand il dénonçait tantôt au nom de son expérience ratée de partisan les remontées néo-fascistes ou, au nom des déportés raciaux, les offensives du négationnisme contre les camps de la mort. Une tension qui traversa aussi la République italienne, mais le lecteur français songe tout autant aux affrontements de mémoire qui partagent sa société.

06/2016

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Histoire de France

"On ne meurt qu'une fois ". Charlotte Corday

Qu'avait été Marat sinon un improvisateur solitaire, " un cerveau brûlé, un fou atrabilaire, ou bien sanguinaire, ou bien un scélérat soudoyé... ", comme ne cessaient de le crier, selon lui, les ennemis de la liberté, c'est-à-dire ses ennemis ? La soif, jamais satisfaite, de châtiment et de sang versé, l'exaltation de la mise à mort qui inspirèrent, dans les mois qui suivirent la mort de Marat, " la grande Terreur ", se passèrent aisément du prophète disparu. Ce que Charlotte Corday n'avait pas vu, n'avait pas su, c'est que, tuant Marat, elle ne faisait, obéissant à son devoir, que massacrer un symbole. Mais il nous faut regarder ce qu'elle a voulu, ce qu'elle a rêvé. Sa mission, son devoir ne pouvaient être de sauver la Révolution, ni même de mettre fin aux crimes qu'exaltait Marat. Ils étaient de punir le " monstre ", de " venger la France " et les Français. Elle l'avait dit fièrement, lors de son procès, répondant aux questions du président Montané : " Le président - Quels sont les motifs qui ont pu vous déterminer à une action aussi horrible ? L'accusée - Tous ses crimes. C'est lui qui entretient le feu de la guerre civile pour se faire nommer dictateur ou autre chose... Je savais qu'il pervertissait la France. J'ai tué un homme pour en sauver cent mille. Le président - Croyez-vous avoir tué tous les Marat ? L'accusée - Celui-ci mort, les autres auront peur... peut-être. " Charlotte Corday savait qu'elle n'avait pas assassiné tous les Marat, et elle ne pouvait être assurée que les " autres Marat " auraient peur. Seulement elle pensait avoir accompli son devoir, comme un héros antique. Elle est Judith, et elle a tranché la tête d'Holopherne. Elle a levé sur César le poignard de Brutus. Devant le Tribunal de Dieu, ou celui de l'histoire, ou celui de sa conscience, elle devait être la " meurtrière de la tyrannie ". Elle ne devait penser ni à ses souffrances ni aux souffrances de ceux qu'elle avait pu aimer. Elle avait " offert sa vie ", sûre d'" avoir bien servi l'humanité ". J.-D.B.

03/2006

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Critique littéraire

Correspondances à trois voix. 1888-1920

En donnant en un seul volume les correspondances Gide - Louÿs et Louÿs-Valéry, cette publication éclaire le rôle d'" entraîneur " joué par Pierre Louÿs dans les débuts littéraires de ses deux amis et le fait que, dans un premier temps, le " trio " qu'il forme avec eux fut bien plus complémentaire que leurs évolutions ultérieures ne le laisseraient deviner. L'intérêt de ces premiers échanges tient à une commune ferveur littéraire qui se manifeste en particulier dans le lancement de quelques revues (Potache-Revue, La Conque et Le Centaure). Les germes de la création, les tâtonnements exprimés par leurs juvéniles poèmes, les réciproques critiques qu'ils se font traduisent, sinon leur totale communion d'esprit, du moins des credo esthétiques communs et une même ambition artistique. Après la mise en sommeil des visées littéraires de Valéry à l'automne 1892 et la brouille définitive intervenue entre Gide et Louÿs en 1896, la correspondance entre Louÿs et Valéry connaît une certaine chute de tension jusqu'à ce que la remise en marche de " l'ouvroir " poétique devienne le prétexte d'échanges enflammés oit ils retrouvent les enthousiasmes de leur jeunesse. Ces lettres presque quotidiennes des années 1916-1917 brassent une foule d'idées et de réflexions qui vont nourrir la création de Valéry avec La Jeune Parque et les poèmes de Charmes, tandis que Louÿs accepte avec bonne grâce de servir de miroir et de jouteur à son ami plus doué. Il y a un demi-siècle, Robert Mallet faisait connaître la plus grande partie des lettres échangées entre Gide et Valéry qui n'avaient pas à être reprises ici, Louÿs demeurant dans la coulisse. Ici et là, des bribes et des fragments épars des correspondances Gide-Louÿs et Louÿs-Valéry ont pu être livrés, mais aucune édition intégrale de ces deux autres côtés du triangle n'a été entreprise. Si nous les publions aujourd'hui d'une manière simultanée, c'est pour marquer à vif les ressemblances, les influences, les interférences et les divergences de ces trois auteurs essentiels de la littérature moderne à travers l'un des plus beaux témoignages de ce qui peut naître du commerce et de l'amitié de trois " esprits ".

06/2004

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Histoire de France

De Gaulle. De l'enfance à l'appel du 18 Juin

Aucun Français, sinon de sang royal, ne fut jamais autant que Charles de Gaulle persuadé d'être né sous le sceau d'une destinée nationale. Son père lui ayant légué la honte de la défaite de 1870, adolescent, il se voyait déjà chasser de France les Allemands à la tête d'une armée de deux cent mille hommes ! Partagé entre la passion de l'écriture et l'envie de servir son pays, il a choisi l'épée sans oublier la plume. Jeune capitaine blessé, fait prisonnier à Douaumont en mars 1916, il a subi la captivité comme une insulte dont, malgré plusieurs tentatives d'évasion, il mettra très longtemps à se débarrasser. Conscient comme peu de ses compatriotes de l'inéluctabilité d'un nouveau conflit avec l'Allemagne vaincue en 1918 et alors que tout le monde vante les mérites défensifs de la ligne Maginot, Charles de Gaulle s'évertue en vain à persuader le haut commandement français et les politiques que la France doit impérativement se doter de grandes unités mécanisées et autonomes. Faute d'un tel effort, répète-t-il sans être entendu, elle sera en cas de conflit immanquablement envahie par les divisions blindées du IIIe Reich nazi. Promu général en juin 1940, à quarante-neuf ans, il réussit à contenir quelques jours dans l'Aisne les colonnes blindées du général Guderian. Il est appelé au gouvernement de Paul Reynaud, mais celui-ci cède la place à son ancien mentor, le maréchal Pétain. Bientôt c'est l'armistice, contre lequel il s'érige sans hésiter, et il se réfugie en Angleterre. Et voici que, le 18 juin 1940, il lance sur les ondes de la BBC l'appel qui rend à la France sa dignité, son espoir et son Histoire. En retraçant cette première partie du parcours de De Gaulle, Georges Fleury révèle des aspects méconnus de la façon dont le chef de la Résistance s'est imposé au sein de la France Libre. Surtout, il dépeint de façon vivante, claire et magistrale l'essence du personnage et la construction d'un destin cohérent et inégalé.

10/2007

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Religion

Le monde de la Bible

Traduite dans la plupart des langues, la Bible appartient au patrimoine mondial. Si elle est plus particulièrement un des fondements du monde occidental, elle n'y est pourtant pas née : les livres de la Bible hébraïque ont été rédigés, entre la fin du IIe millénaire et le Ier siècle avant notre ère, dans le Proche-Orient asiatique. Elle est donc d'abord l'héritage d'une autre culture, d'un autre monde, celui du Proche-Orient ancien de l'âge du fer à l'époque hellénistique. Car le monde de la Bible se définit dans le temps et dans l'espace, bien au-delà de la Terre Sainte. Le texte biblique trace lui-même l'horizon géographique du Livre : il recouvre l'Egypte, la Libye et la Nubie (Ethiopie), la Grèce maritime, les îles de la Méditerranée orientale, l'Aise Mineure méridionale, tout le Proche-Orient jusqu'en Elam (ouest de l'Iran actuel), ainsi que l'Arabie, jusqu'en Arabie du Sud (Yémen actuel). Quant au cadre temporel, il est délimité par les époques au cours desquelles les livres de la Bible ont été consignés - l'époque de David (vers l'an 1000) et le début de la révolte des maccabées (1er siècle avant notre ère). Cependant certaines traditions orales, concernant en particulier Moïse, l'Exode ainsi que les patriarches, remonteraient à la protohistoire de l'ancien Israël (environ XIIIe-XIe siècle). Comment dès lors connaître ce monde dans son étendue, faute d'archives écrites, sinon grâce au va-et-vient constant entre le texte biblique, tel que l'étudient la critique littéraire et la critique historique, et l'archéologie, qui a accumulé ces dernières décennies des découvertes décisives et éclairantes ? La notion même de " monde de la Bible " a une histoire, reflet des conceptions, techniques et méthodes nouvelles apparues depuis le siècle dernier. A ce monde de la Bible, quelque quarante des meilleurs spécialistes mondiaux - archéologues, historiens, exégètes et biblistes - introduisent le lecteur. Leurs contributions, remises à jour pour ce volume, ont initialement paru dans la revue Le monde de la Bible.

09/1998

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Religion

Le père Joseph-Marie Perrin. Un maître de sagesse

La profonde amitié spirituelle qui lie l'auteur au père Joseph-Marie Perrin, lui permet de transmettre la spiritualité spécifique de ce dominicain hors du commun, spiritualité qui place l'amour au-dessus de tout. Aveugle à 10 ans, il est cependant admis chez les dominicains à 17 ans et devient prêtre en 1929 grâce à une dispense du pape Pie XI. Sa cécité n'était pas pour lui un handicap, mais une grâce qui lui permettait de se concentrer sur l'écoute des personnes mises sur sa route, notamment pendant les confessions. L'auteur insiste sur sa joie, sa douceur, son égalité d'humeur, son sens de l'amitié, sa patience, son esprit d'enfance, son humour notamment et révèle la personnalité exceptionnelle de ce prêtre mystique gratifié de nombreux dons et qui ne laissait indifférente aucune des personnes qu'il a rencontrées. Ami de Gustave Thibon et de Simone Weil qu'il accompagna en 1941 et amena aux portes du baptême, il faisait rejaillir sur tous ceux qui l'approchaient un amour profond, centre de sa spiritualité. Donné tout aux autres, il créa les trois branches de la famille Caritas Christi : l'institut séculier, les prêtres, et avec l'auteur, les fraternités ; leur spiritualité repose sur la redécouverte de la grâce du baptême et la marche vers la sainteté. Le père Perrin meurt en odeur de sainteté en 2002, sur sa tombe sont gravés ces mots : "Dieu est amour". Depuis leur Chapitre Provincial de 2010, les dominicains de Toulouse ont entamé une réflexion sur la sainteté du père Perrin, qui aboutira peut-être à sa béatification. Un livre essentiel pour rencontrer l'amour profond de Dieu, à travers la vie de ce prêtre dominicain rayonnant. Camille Leca est née le 25 aout 1944 à Bonifacio. Sa vie est marquée par deux grandes épreuves : en 1982, elle perd successivement sa soeur et son mari. En 1989, elle rencontre le père Joseph-Marie Perrin et se convertit. Ce dominicain alors âgé de 84 ans, devient son père spirituel jusqu'à sa mort en 2002. Elle est responsable des fraternités Caritas Christi.

02/2015

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Histoire de France

La fortune de la Grande Mademoiselle. Anne Marie Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier (1627-1693) Un enjeu politique au XVIIe siècle

Une grande fortune attire l'attention du pouvoir : c'est une constante qui se manifeste notamment en 1400, lorsque les négociations entre les ducs de Berry et de Bourbon, lors du mariage de leurs enfants, apportent au roi les moyens qui permettront le retour à la monarchie au début du XVIe siècle des possessions de la Maison de Bourbon. Quelques décennies plus tard, la patiente reconstitution par la branche de Montpensier d'une partie de cette fortune, augmentée par de judicieux mariages, attire l'attention du roi Henri IV, qui s'empresse d'organiser à l'avance le mariage de son fils puîné avec l'héritière de Montpensier. Cela aboutit dix-huit années plus tard au mariage de Gaston d'Orleans avec Marie de Montpensier, qui donne naissance à Anne Marie Louise d'Orléans. Très jeune héritière, Mademoiselle est fière de son lignage et de sa proximité de la famille royale. Elle n'en va pas moins mettre à rude épreuve les conceptions de la Cour à propos du rôle d'une princesse du sang. Cela lui vaudra deux exils, et son insistance à faire libérer Lauzun emprisonné lui coûtera ses deux plus beaux domaines, dont elle conserve toutefois la jouissance jusqu'à sa mort. Les sources documentaires permettent de cerner les éléments qui composent sa fortune, les enjeux et les péripéties rencontrées dans les multiples facettes de sa gestion, ainsi que les acteurs de celle-ci. Elles permettent aussi d'observer le marché de la dette auquel Mademoiselle a recours à partir des années 1660, d'analyser l'origine sociale de ses préteurs, et d'éclairer l'évolution de ce micromarché, lequel, au-delà de la conjoncture générale, est influencé par la personnalité de l'emprunteuse. Ces analyses éclairent de manière incontestable, sinon immédiatement visible, la règle stratégique qui a prévalu dans la gestion des biens de Mademoiselle : c'est l'intérêt du roi. Ce denier s'est manifesté à chaque fois qu'il l'a pensé utile, et s'est assuré en fin de compte de la transmission des biens à des membres de sa famille proche.

03/2019

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Critique littéraire

Hommage à Michel Lemoine

Michel Lemoine (1944-2016) était sans doute le meilleur connaisseur à la fois de la vie et de l'oeuvre de Georges Simenon. De toutes les composantes de cette oeuvre, depuis les pochades de la jeunesse jusqu'aux Mémoires intimes, point d'orgue de la création, en passant par la production alimentaire sous divers pseudonymes, les Maigres ainsi que les "romans durs" qui ont fait la renommée internationale de l'écrivain, et les Dictées entreprises quand l'imagination romanesque s'est tarie. Disciple du professeur Piron, à qui l'on doit le legs, à l'Université de Liège, des archives du plus célèbre des écrivains liégeois, Michel Lemoine n'a cessé de tisser le fil de la biographie et celui de la création simenoniennes, mais souvent en privilégiant des aspects de cette dernière négligés par d'autres spécialistes. A première vue, on a affaire à des travaux d'érudition sur des sujets marginaux, mais l'ensemble de ces travaux s'avère, à y regarder mieux, une ambitieuse entreprise de connaissance d'un artiste dont la créativité, comme il l'a maintes fois reconnu lui-même, s'enracine profondément dans le vécu personnel. C'est un très modeste aperçu d'une oeuvre critique immense, impeccablement documentée et dont la fiabilité a été maintes fois saluée que nous donnons dans ce volume d'hommage. On y trouvera d'abord un panorama des espaces fictionnels simenoniens, ensuite un gros plan sur le cadre ligérien de plusieurs romans et un article sur l'image de l'Italie dans la fiction comme dans les Dictées. Viennent alors un essai sur le motif des cloches dans le roman et les écrits autobiographiques, un plaidoyer pour l'auteur de L'heure du nègre, suspecté d'ethnocentrisme sinon pire, une étude sur une nouvelle très peu connue, vaguement fantastique, imprégnée par une des obsessions de l'écrivain : celle de l'abolition du moi et de la fusion harmonieuse dans le monde ambiant. Le recueil se clôt sur un essai de synthèse, écrit voici une trentaine d'années, qui entrebâille bien des portes que Michel Lemoine a ensuite ouvertes au large.

01/2019

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Beaux arts

Imaginaire et pauvreté. François d'Assise dans la création contemporaine

L'ouvrage présume une vitalité de la pensée franciscaine laquelle semble inséparable de celle du personnage qu'est devenu François d'Assise à notre époque : personnage de cinéma, de théâtre, sujet de récits et de tableaux. Le regard particulier qu'il a posé sur le monde et sur les hommes peut-il rencontrer nos préoccupations actuelles ? Si oui sous quelles formes ? Postulant que c'est à travers le regard des créateurs – narrateurs poètes artistes plasticiens de tous horizons spirituels – que s'élabore aujourd'hui un discours convaincant et non confessionnel sur le personnage, le volume porte sur les modalités expressives, les signes explicites ou implicites et les divers processus de sédimentation qui contribuent à la construction, à la pérennisation et peut-être à l'actualisation de l'image et de la pensée de François d'Assise. Dans une optique de relecture privilégiant les productions contemporaines de cultures italienne et française, directement ou partiellement inspirées par François d'Assise, il interroge la réalité, l'originalité et la modernité de cet héritage pour questionner la singularité de la personnalité et de l'oeuvre des penseurs et artistes qui s'en emparent. Le livre déroule un récit qui tente de raconter la démarche du Poverello autrement : en identifiant le fil solide ou ténu qui lie la geste franciscaine à la production artistique et fictionnelle contemporaine. L'urgence écologique et économique actuelle rend la figure de François emblématique d'une éthique de la simplicité et de la frugalité qui s'exprime à travers une esthétique de la pauvreté devenue cruciale. L'ouvrage convoque de nombreuses références sans prétendre à l'exhaustivité ; il s'arrête plus longuement sur les auteurs et les artistes fortement représentatifs de cette imprégnation franciscaine. Il s'agit en particulier d'Aldo Palazzeschi, Italo Calvino et Alda Merini, de Dario Fo, Umberto Eco et Alessandro Baricco, de Joseph Delteil, Simone Weil, Christian Bobin et François Cheng, de Fulvio Roiter, Michelangelo Pistoletto et Mimmo Paladino, ou encore de Michelangelo Frammartino et Pasquale Scimeca. Le livre s'organise en quatre parties qui traitent de la Fascination, des Décalages, des Formes d'esprit et de la Poétique.

01/2019

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Littérature anglo-saxonne

Le dévoué

La suite très attendue du Sympathisant, Prix Pulitzer 2016 ! Après avoir réchappé d'un camp de rééducation, Vo Danh (l'homme sans nom, l'espion, l'agent double à la solde des communistes, héros et narrateur du Sympathisant) atterrit à Paris en même temps qu'une cohorte de réfugiés vietnamiens. Il est accompagné de Bon, son frère de sang, toujours aussi résolument anti-communiste (et ignorant de la double identité de Vo Danh). Tous deux logés dans le 11ème arrondissement de Paris, ils se lancent à l'assaut de la capitale bien décidés à faire leur trou et surtout à se remettre de leurs émotions. Hélas, Le Boss, leur seul contact à Paris, n'est autre qu'un trafiquant notoire qui leur offre en guise de job, de devenir ses hommes de main, chargés de régler leur compte aux mauvais payeurs et autres resquilleurs. Bien trop sensible pour supporter toute cette violence, Vo Danh propose au Boss de se lancer dans un trafic de cannabis auprès des intellectuels de gauche et autres philosophes marxistes. Un business plus tranquille et plus lucratif. Du moins le croit-il, car très vite, il se retrouve au coeur d'une brutale lutte de territoire entre dealers algériens. Et comme si tout cela ne suffisait pas, Bon et lui apprennent une incroyable nouvelle : l'homme masqué, leur tortionnaire au camp de rééducation, serait lui aussi à Paris et occuperait un poste important à l'ambassade du Vietnam. Pour Vo Danh qui pensait couler des jours heureux à Paris, boire des crèmes en terrasse tout en se goinfrant de croissant, les ennuis ne font que commencer... " Un roman d'espionnage féroce, drôle et profondément ambivalent. " ELLE " Certainement l'un des romans les plus impressionnants de cette rentrée (...) Cette confession d'un agent secret est plus qu'un roman politique anti-impérialiste. C'est une réflexion subtile sur les ambiguïtés de l'histoire. " Le Monde " Viet Thanh Nguyen [... ] s'est imposé comme un virtuose des narrations labyrinthiques. [... ] Cet ennemi du manichéisme ne défend aucune vérité, sinon la plus trompeuse qui soit, l'inatteignable vérité en chacun. C'est là qu'il est grand " Le Figaro

10/2022

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Impressionnisme

Peindre en Normandie

Créée en 1992 à l'initiative du Conseil Régional de Basse-Normandie et de partenaires privés et du conservateur du musée des Beaux-Arts de Caen, la collection Peindre en Normandie se trouve aujourd'hui riche de plus de cent quatre-vingt tableaux de façon unique artistes célèbres et peintres méconnus Créée en 1992 à l'initiative du Conseil Régional de Basse-Normandie et de partenaires privés et du conservateur du musée des Beaux-Arts de Caen, la collection Peindre en Normandie se trouve aujourd'hui riche de plus de cent quatre-vingt tableaux et réunit de façon unique artistes célèbres et peintres méconnus autour de la représentation de la Normandie à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Honfleur, Le Havre et plus tard Rouen, ces noms symbolisent des moments d'intense création et d'échanges autour de grandes innovations qui nourrissent la peinture de paysage dans cette région marquée par l'influence de l'aquarelle anglaise, lieu d'un dialogue expressif entre physique de la nature et physique de la peinture. De Monet à Jongkind, de Lebourg à Delattre, de Marquet à Dufy, ce sont autant de rencontres qui pendant plus d'un siècle ont conféré à la Normandie l'image emblématique d'une peinture dépouillée de toute velléité littéraire. Le tire de la collection dit assez bien qu'elle représente un chemin de traverse dans ce phénoménal territoire qu'est la Normandie des rivages et des campagnes, à la fin du XIXe siècle. Inscrits dans la continuité du naturalisme romantique et de la fonction méditative du paysage, les tableaux recueillis s'attachent à faire valoir la part méconnue, réservée, parfois secrète, des influences du pays sur la peinture, moins spectaculaire et mondaine que celle des sites achalandés. De Corot à Boudin se révèle l'impressionnisme gris et de Signac à Louvrier, le colorisme nacré. Ce cabinet de peinture réunit exceptionnellement l'ensemble des oeuvres de la collection selon un parcours associant physique et topographie et qui, partant des rencontres de la ferme Saint-Siméon, s'attarde sur les bords de mer et la notion de villégiature pour se poursuivre le long de la Seine et se conclure sur le pays intérieur, dans la pleine terre normande.

10/2022

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Décoration

La vie à l'air libre

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Développement personnel

Marcher et renaître. Expériences de marcheurs, sur des milliers de kilomètres, en référence de leur corps confronté au Vivant

Marcher... sur des milliers de kilomètres, mais pour quelle nécessité/quel mystère, sinon de trouver une solution au "souci de soi", ou comment être vivant en ses chairs ? Rude problème. L'homme n'est-il pas d'abord un mort ? Et pour disparaître avec le sourire il lui faudrait conquérir son être-pas : un sujet a créer entre zoologie et politique. C'est ce que peut gagner un pérégrinant au long cours à travers plaines/forêts, villages/fleuves et montagnes ; il y abandonne ses illusions moïques pour joindre la terre qu'il imprime de son pas en reconnaissance de Nature, Ils oit gît le Vivant. Il devient humble ; il prend respect aussi bien de l'arbre que de l'insecte, car il apprend de ses noms. Marcher est devenir vinant ! S'autoconquérir d'un corps alter ; il suffit de l'écouter, d'en comprendre la parole : comment il parle/comment il pense ? Il dit tout le corps marchant en solitude, jusqu'à l'incroyable ! Exemple, MR, une femme : "Mon corps est un temple." Il suffit de lui prêter attention, de voir le dehors en contrepoint. Tout y est déjà écrit, reste à le lire. — "Cette terre qui naissait, c'était moi. Une égalité parfaire." Le marcheur assiste à l'effondrement de son individualité logocentriste, "introduisant l'autre dans le je", qu'il accepte ou refuse ! GL : " Si on a besoin d'aide, on demande. Tout est cadeau ! Ca permet d'entrer en la joie. " Marcher est se sauver ! Jetant à la poubelle ses vieilles peaux : propriété/ pouvoir/violence, afin de joindre le Vivant écologue. Un vertige pour la raison, soit de faire je, lequel n'est pas moi ! Distancié á jamais de son verbe. Et pour la logique ? A la limite d'une incompréhension, le marcheur y affrontant une kinesthésie pour qu'il puisse faire forme psychophysique : une forme parmi d'autres formes au sein du Vivant. Je est le secret de la marche, d'en réussir entre réel (fundamén) et réalité (reproesentaneus) l'équation non métaphysique mais matérielle d'être une corporéité en loi devant elle-même.

06/2019

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Ethnologie et anthropologie

Un roman dahoméen. Francis Aupiais et Bernard Maupoil, deux ethnologues en terrain colonial

Analyse des diverses méthodes de production de données ethnographiques dans un contexte colonial, Un roman dahoméen revient sur deux expériences de collecte spécifiques ayant eu lieu au Dahomey, ancien royaume situé dans l'actuel sud du Bénin. En se concentrant notamment sur les pratiques religieuses vodun (également connues sous le nom de "vodou" et désignant des pratiques occultes d'ordre cosmique issues des cultes animistes africains), l'autrice montre que les approches et les regards ayant historiquement été portés sur ce territoire ont été divergents et n'ont pas toujours engagé les acteurs locaux de la même manière. Valérie Perlès s'est intéressée au parcours dahoméen de deux ethnologues, représentatifs chacun à leur manière de l'occupation française de ce territoire : l'un missionnaire, Francis Aupiais (1877-1945), l'autre administrateur, Bernard Maupoil (1906-1944). Tous deux se sont situés dans le sillage de l'Institut d'ethnologie, et ont travaillé pour des commanditaires différents - l'un privé, l'autre public - qui dans les deux cas sont entrés en résonnance avec la politique coloniale de l'époque. Après avoir analysé les données collectées dans une situation de professionnalisation de l'ethnologie, cet ouvrage interroge plus précisément la question du terrain et la place donnée ou négociée par les élites locales. Qu'il s'agisse de chefs politiques, dignitaires religieux ou "lettrés" , la plupart se sont engagés, sinon dans la production d'un discours positiviste sur leur propre culture, du moins dans la prise de conscience des enjeux cristallisés autour de cette matière ethnographique. Le texte sera accompagné d'une séléction iconographique tirée de deux fonds documentaires qui seront reproduits en couleur. Le premier provient des films documentaires et autochromes réalisés par le missionnaire Francis Aupiais pour le compte des Archives de la planète d'Albert Kahn. Le second analyse les objets réunis par l'administrateur Bernard Maupoil pour le musée d'Ethnographie du Trocadéro, aujourd'hui conservés au Quai Branly. En liant analyse visuelle et regard ethnographique, Un roman dahoméen s'inscrit dans la lignée de livres tels que La Ligne de couleurs de W. E. B. Du Bois.

04/2023

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Littérature étrangère

Le serpent de dieu

Le serpent de Dieu, d'Irini Spanidou, est l'enfance d'Anna en Grèce, dans les années qui suivent la guerre civile. Famille a priori traditionnelle : père officier de carrière, mère au foyer, une soeur cadette, des grands-parents attentionnés, des collatéraux - ô combien - nombreux... Et puis, c'est autre chose. Un récit partiellement, sinon totalement autobiographique, une prise de conscience, une maturation. Le lecteur suit l'itinéraire d'Anna qui la mènera de l'enfance à l'âge adulte - et à la littérature - à travers une série de rencontres, d'abord avec des animaux, puis avec des humains, au cours desquelles elle se trouvera confrontée aux trois réalités qui désormais la hanteront : l'amour, le sexe, la mort. La fillette, pleine de la grâce naïve de l'enfance et, en même temps, d'une stupéfiante précocité, subit l'influence dominatrice - que ne compense en rien la présence discrète d'une mère sacrifiée - d'un père qui cherche à la modeler à sa propre image. Il aime sa fille comme il aime ses soldats et veut lui imposer ses principes et sa discipline. Anna se rebelle, mais au cours d'une ultime épreuve, elle parviendra enfin à la difficile réconciliation de sa conception d'un monde d'amour avec la vision cruelle et destructrice de son père. Anna brosse avec tendresse, toujours avec verve, une galerie de portraits d'un naturel saisissant : le cousin Menelaos, dit "le Boeuf" ; Manolis, l'ordonnance de son père qui lui sert de nounou ; le général Dimitriadis, grand amateur de serpents... Tous, parents, amis, camarades de classe, personnages de rencontre, sont remarquables d'authenticité. Anna sait être observatrice et son imagination l'entraîne parfois aux frontières d'un monde magique où volent les corbeaux fantômes, où revivent les soldats tués au combat, où s'imbriquent la vie et la mort. Par la précision des souvenirs et la puissance de la vision que nous transmet l'enfant à travers les yeux de l'adulte, Le serpent de Dieu est un roman passionnant, une oeuvre qui dérange, attachante comme son héroïne.

10/1988

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Décoration

Les métamorphoses

A l'occasion de la sortie d'un neuvième carnet inspiré par "La métamorphose", le thème de l'année 2014 chez Hermès, Actes Sud et Hermès ont décidé de rééditer l'ensemble des carnets de croquis de Philippe Dumas, réalisés entre 1988 et 1995. Cette échappée intimiste nous mène dans le jardin secret de l'âme d'Hermès, à la croisée des souvenirs et des émerveillements du collectionneur fervent que fut Emile Hermès. Philippe Dumas laisse ici vagabonder son crayon et son pinceau, parmi le foisonnement des objets, tableaux et ouvrages collectionnés par son grand-père tous évocateurs du cheval ou du voyage. Neuf thèmes annuels d'Hermès lui servent de fil d'Ariane : L'exotisme, Vivre la France, La vie à l'air libre, Voyage en Extrême-Orient, La mer, Vive le cheval, Le soleil, La route et La métamorphose donnent ainsi leur titre et leur prétexte respectifs à chacun de ces neuf carnets d'esquisses délicatement aquarellées. Avec son trait vif, léger, habile à restituer le mouvement, son don d'observation inégalable pour saisir le charme de tel délicieux détail, sa sensibilité très personnelle aux murmures des voix humaines bruissant dans ces objets que l'on prétend muets, Philippe Dumas rend vie aux témoins des voyages d'antan. Sans doute cette vie puise-t-elle dans la fraîcheur de ses impressions d'enfance. L'artiste se souvient des premières échappées merveilleuses à travers l'espace et le temps dans le bureau-musée de son grand-père. À sa suite, sans quitter Paris sinon par l'enchantement du regard, retrouvons le dépaysement des routes de l'Orient lointain, des chemins caillouteux de la Sicile, des sentes boisées de l'Ile-de-France invitant au pique-nique ou des routes pavées du vieux Paris, tintinnabulant des grelots des chevaux... Comme le philosophe latin voyait une certaine suavité dans le spectacle de la tempête observé depuis la quiétude du rivage, peut-être songerons-nous qu'il est doux, au siècle de l'avion, de frissonner des épopées vécues par les voyageurs de l'âge du cheval.

04/2014

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Histoire régionale

Le château de Bonaguil en Agenais. Description et histoire

Lorsque, il y a longtemps déjà, je visitai pour la première fois le château de Bonaguil, ce remarquable spécimen de l'architecture militaire française au moyen-âge était à peine connu. Les gens seules du pays et des localités avoisinantes en parlaient comme d'une merveille. Mais leurs dires trouvaient au loin peu d'échos. Séduit par la grandiose beauté des ruines qui se dressaient devant moi, je n'eus qu'un désir, celui d'en connaître l'histoire, puis, une fois connue, de faire part du résultat de mes recherches à tous ceux qui avaient le culte du passé. Présenter le château de Bonaguil comme un des premiers et des plus intéressants monuments de l'architecture militaire en France dans la seconde moitié du XVe siècle, et insister sur ce point qu'il fut bâti d'un seul jet, dans un très court espace de temps, sous l'empire d'idées nou­velles en matière de fortification défensive, telle est la thèse que Viollet le-Duc m'engagea vive­ment à développer, me fournissant de nombreuses preuves à l'appui. Il me restait à écrire, sinon l'histoire proprement dite du château, du moins celle de ses seigneurs. En dehors de la famille de Fumel qui le possédait au moment de la Révolution, J'appris en effet bientôt que les Roquefeuil de Caslelnau, en Quercy, avaient, les premiers, possédé la seigneurie de Bonaguil. Je n'hésitai pas à publier aussitôt ma première édition (1867), dont le but, je l'ai déjà dit, était de faire connaître au plus vite le château de Bonaguil. Ce but fut pleinement atteint. Depuis cette époque jusqu'à aujourd'hui les visiteurs n'ont cessé d'affluer à Bonaguil. Mon dernier mot sera pour remercier mes lecteurs, qui, depuis trente ans, n'ont pas craint de me prendre comme guide dans leurs promenades à travers ce dédale, souvent inextricable, de salles, détours, de fossés, de courtines, mettant sous leur sauvegarde, ou plutôt sous celle de leurs fils, cette troisième édition, qui, très certainement, sera la dernière (extrait de la Préface de l'édition de 1897).

05/2021

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Policiers

La nuit du solstice

Chaque année, à l'époque du solstice d'été, un dangereux maniaque, juché sur les toits de New York, fait tomber un énorme bloc de béton sur les foules qui se pressent à la sortie des théâtres et des cinémas. Crimes parfaits, bien sûr. Pas de piste, pas de mobile apparent. Mooney, parfait prototype de gros flic, dur et débonnaire, absolument rebelle à la hiérarchie, mène l'enquête, dans une ville à l'aspect de bocal putride, parmi les obsédés de la pire espèce, les déchets les plus asociaux qui hantent les bas-fonds de la mégalopole. Très vite, l'enquête va se fondre dans cette atmosphère lourde, insidieuse, rapidement terrifiante, à l'égal de l'extraordinaire Nécropolis qui avait fait la gloire d'Herbert Lieberman (Grand Prix de littérature policière en 1978). On fera connaissance avec deux des plus étonnants personnages que le roman policier américain ait inventés : Watford, l'éternel assisté, vaincu par l'abjection urbaine, qui s'injecte des saloperies, des excréments, toutes sortes de rebuts, sous sa propre peau, perdu dans une manière d'extase rédemptrice : et le richissime Peter Quintius, fleur du gratin, comme l'autre est une fleur de la fange. Quintius élève des cactus dans une serre, des nightbloomers, ainsi appelés parce qu'ils fleurissent la nuit : le maléfice répondant ainsi, page après page, à l'immondice et à l'horreur, comme autant de variations nocturnes et ténébreuses, jusqu'à la nausée. Rarement suspense aura été plus violent et plus maîtrisé, les personnages plus fascinants, la vision d'un auteur de romans noirs plus précise, à l'instar des maîtres de l'après-guerre, de Goodis à McBain, mais sans doute dans une dimension plus foisonnante, qui permet une plongée mémorable dans un univers en proie aux démons, au sang et à l'ignominie. De la fin du livre, nous ne dirons rien, sinon ceci : à New York, rien ne se passe vraiment comme ailleurs. Quand un tueur disparaît, un autre prend aussitôt sa place. L'horreur ne peut pas s'interrompre, ni la nuit des esprits, ni la peur de chacun.

04/1985

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Vie chrétienne

L'errant chérubinique. traduit de l'allemand par Oger Munier

Johannes Scheffler, dit Angelus Silesius (1624-1677) est né à Breslau en Silésie (aujourd'hui Wroclaw) dans une famille luthérienne de petite noblesse. Selon l'usage de l'époque, ses études l'amènent à un tour d'Europe : inscrit en mai 1643 à l'Université de Strasbourg pour étudier la médecine, la politique et l'histoire, il arrive à Leyde en septembre 1644, et enfin à Padoue en 1647. Médecin de profession comme Paracelse, il se convertit au catholicisme en 1653 et entre dans l'ordre franciscain en 1661. La même année il devient prêtre. C'est en 1657, à mi-chemin de sa conversion et son entrée dans les ordres, que paraissent les poèmes du Cherubinischer Wandersmann. Réédités dans une version augmentée en 1675, deux ans avant sa mort, ces poèmes s'inscrivent dans la plus haute tradition mystique, étonnamment proches de Maître Eckhart même si marqués aussi par l'expérience ardente d'un Jakob Böhme. Leibniz range Silesius parmi ceux "dont les pensées extraordinairement audacieuses, remplies de comparaisons ardues ... confinent à l'impiété" . De fait, de Hegel à Heidegger en passant par Schopenhauer, l'écho de son oeuvre sur la pensée profane n'a cessé de s'amplifier : "Cette avancée téméraire, écrit Roger Munier, cette tension hardie vers les confins dans l'approche du mystère tant de Dieu que de l'homme, peut-être est-elle pour nous l'écho le plus juste, sinon l'appel le plus directement adressé d'une voix qui a retenti il y a plus de trois siècles ? " C'est dès la traduction du titre que Munier nous introduit à une nouvelle lecture. Car le mot Wandersmann n'a pas le sens premier de "pèlerin" (en allemand Pilger) : il évoque avant tout la marche, le cheminement, les voyages. Sans doute est-il "chérubinique" et pur, cet "homme en route" , mais il n'est qu'un homme en route. Son aventure est celle de tout homme en quête et voué à l'errance, à cette marche extatique dans le temps qui fait de l'âme, selon l'expression même de Silesius, "la tente errante de Dieu" (IV, 219).

02/2023

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Poésie

Scènes et portraits

Fixer le mouvement du monde, par le célèbre poète de Paterson. " J'avais une machine à écrire dans mon cabinet. Il me suffisait d'insérer une feuille et j'étais prêt. Je travaillais à toute allure. Si un patient venait à la porte au milieu d'une phrase, j'écartais d'un coup la machine et j'étais médecin ". William Carlos Williams, alias "Le Doc", comme l'appelait ses amis, s'installe en 1910 à Rutherford, New Jersey, où il est médecin scolaire. Il lui faut écrire " à toute allure ", et c'est bien la première impression que laisse ses poèmes, notamment les plus brefs : celle de jaillissement, sinon de spontanéité, comme s'il lui avait suffi de noter ce qu'il a vu ou entendu lors de visites, de consultations, ou lors de déplacements qui l'ont fait " griffonne[r] au coin de la rue ". Pendant les quarante années qu'il exerce, la médecine nourrit la poésie de William Carlos Williams autant que sa famille : elle lui fait rencontrer une variété de gens du commun auxquels il est plus sensible qu'à d'autres. Reste que saisir les occasions suppose une disponibilité d'esprit et que l'apparente facilité en art requiert à la fois souplesse et précision technique. L'image du monde, le moment qui fuit et vous arrête en même temps, avec sa vitesse et ses sautes de rythme, est la grande affaire de Williams. C'est toute la vie qu'il veut exprimer, la sienne et celle qui l'entoure, avec ses désirs, plaisirs, douleurs, inquiétudes, mais ce rendu au plus près passe par des recherches formelles. Ses idées sur la poésie (et le reste) évoluent moins qu'elles ne s'affirment avec l'expérience. Depuis toujours, il ferraille contre le classicisme, la langue littéraire de T. S. Eliot, et plus généralement contre l'influence du Vieux Monde sur la culture américaine. Williams avait peint dans sa jeunesse : il fréquentait les galeries et musées de New York. Sa poésie traduit son amour des spectacles - ceux de la vie dans la rue ou la nature - et cette anthologie, qui rassemble plus de 100 poèmes, offre une introduction passionnante sur une oeuvre américaine devenue mythique.

09/2023

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Essais

En finir avec l'hystérie (prétendument) féminine

L'hystérie est la plus ancienne maladie psychique du monde occidental, avec la mélancolie. Mais qui sait vraiment ce que cela signifie ? Attribuée à l'utérus, puis au cerveau, et enfin aux nerfs depuis la fin du XVIIIe siècle, l'hystérie est la bête noire de la médecine moderne, et est quasiment devenue une insulte du langage courant. On a du mal à comprendre pourquoi elle subit un traitement si péjoratif sinon par une explication malheureusement simple : l'hystérie serait une " folie femelle ". Honteuse, indigne. La psychiatrie actuelle l'a fait disparaître de son vocabulaire, pourtant l'hystérie exprime une problématique essentielle de l'être humain : en faisant du corps l'expression des souffrances de l'âme, elle souligne bel et bien l'essentielle connexion de l'âme et du corps. De nos jours, les neurosciences ne cessent par ailleurs de l'éclairer de connaissances nouvelles. Assignée depuis toujours aux femmes, l'hystérie ne leur est pourtant aucunement spécifique. Non, l'hystérie n'est pas féminine. Les choses changent : aujourd'hui, elle n'est plus la névrose spécifiquement féminine décrite par Freud en 1895 mais une pathologie sans genre ni âge. De quelle façon se dégenre-t-elle depuis une quarantaine d'années ? A travers des cas de patients, des oeuvres de fiction et des personnages célèbres, tout en s'appuyant sur des travaux scientifiques riches et variés, cet ouvrage explore cette question. Alors qu'on avait pu la croire vaincue par le narcissisme triomphant et les confinements, l'hystérie trouve une nouvelle jeunesse sur les réseaux sociaux, où se joue une séduction généralisée sur fond de tyrannie du paraître, soulevant par là-même des questions sociétales fondamentales. Marqueur de notre besoin d'exister dans le regard des autres, elle reste le fascinant sismographe de notre vivre ensemble. Les femmes n'ont pas fini de se battre pour avoir " un corps à soi ", comme Virginia Woolf revendiquait il y a presque un siècle " une chambre à soi ". Un corps avec lequel être soi plutôt qu'être mal, un corps désirant plutôt que perfusé au désir d'autrui : n'est-ce pas pour les femmes la meilleure façon d'en finir avec cette hystérie qu'on leur accole encore ?

10/2023

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Ouvrages généraux

Expériences vécues du genre et de la race. Une phénoménologie critique

Comment envisager les effets subjectifs et corporels produits par le sexisme et le racisme ? En quoi les catégories de race et de genre organisent-elles l'expérience ordinaire - y compris dans ses dimensions non-réflexives, affectives ou intimes - et dans quelle mesure, configurent-elles le rapport au monde, aux autres et à soi ? Quelles implications normatives et politiques sont mises au jour dès lors que les rapports de race et de genre sont envisagés, non comme des événements ponctuels dont la violence serait paroxystique, mais comme des structures de l'expérience quotidienne ou banale ? En élucidant l'expérience vécue des rapports de race et de genre depuis le point de vue des personnes concernées, la phénoménologie critique s'affirme depuis plusieurs années comme un renouvellement radical des problématiques qui guident la philosophie politique et sociale. Elle prend appui sur les travaux fondateurs de Simone de Beauvoir et de Frantz Fanon, pour proposer une relecture du canon phénoménologique - ses modes de description, ses objets, méthodes et concepts - et envisager les déplacements que les expériences minoritaires induisent. Elle redéfinit ainsi les outils de l'épistémologie sociale en comprenant les rapports sociaux de genre et de race au prisme des expériences qu'ils constituent : la manière dont ils configurent les corps et subjectivités, orientent le rapport au monde et aux autres ou modèlent la perception. Par un double diagnostic - la race et le genre produisent des effets réels et matériels dans l'expérience vécue, mais cette réalité n'implique aucun fondement nécessaire - la phénoménologie critique articule transformation sociale et transformation de soi en dessinant d'autres expériences politiques possibles. Alors que la phénoménologie critique est encore peu connue en France, cet ouvrage collectif témoigne de la fécondité d'une telle approche, tout en reconnaissant la pluralité des démarches qui s'en revendiquent. Il réunit des travaux de philosophes pour interroger la transformation de la phénoménologie par la critique sociale, les dimensions politiques de l'expérience personnelle, et les possibilités de faire de l'expérience de la domination la matière même de sa transformation. Avec des contributions de Marion Bernard, Magali Bessone, Alexandre Féron, Camille Froidevaux-Mettrie, Marie Garrau, Mona Gérardin-Laverge, Johanna Oksala, Mickaëlle Provost et Mathieu Renault.

04/2022

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Contes et nouvelles

Refusons l'inhumain ! Les écrivains aux côtés des migrants

Un livre qui nous appelle à l'hospitalité, à demeurer humains " Comment rester sourd aux voix du monde, quand elles crient à nos portes, agitent nos sociétés dans leurs tréfonds, nous interpellent sur nos valeurs ? Rien ne change dirait-on, l'histoire se répète, comme prise dans un enchaînement fatal, sous l'indifférence croissante d'un système médiatique avide de nouveautés tandis que des enfants, des femmes, des hommes, sombrent par milliers en Méditerranée. S'impose l'évidence : nous entrons chaque jour un peu plus dans une zone de tempêtes. A quel avenir nous préparons-nous, quand par milliers les scientifiques nous annoncent que notre planète se meurt ? Que par centaines de milliers, sinon par millions, des réfugiés climatiques demain afflueront ? Il nous faut dès maintenant choisir : la guerre de tous contre tous, le chacun pour soi généralisé - ou l'invention de solidarités nouvelles ? Face au désastre humanitaire qui accompagne les migrations humaines, nous avertit Mireille Delmas-Marty, juriste, professeur émérite au Collège de France, la philanthropie n'y suffira pas : s'impose l'exigence, d'un droit universel à l'hospitalité, opposable aux Etats. Nous avons vécu grâce à la mobilisation de tous une belle aventure éditoriale et humaine traduite par l'édition en 2018 du livre collectif Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants. De nos échanges est né le désir de poursuivre l'aventure par un nouveau recueil qui prendra pour titre : Osons l'hospitalité, refusons l'inhumanité. Les écrivains aux côtés des migrants. Ce recueil s'inscrit dans la continuité de l'esprit du précédent, tout en étant différent. Il est constitué de deux parties : une première consacrée au récit d'expériences particulières d'inhumanités ; une seconde affirmant qu'au-delà de ce qui meurt, chaque jour un peu plus, en nous et autour de nous, se pose face à ces drames la question de ce que nous sommes prêts à accomplir ou à refuser pour demeurer des êtres humains. " Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris Ouvrage publié sous la direction de Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris, et avec le soutien du festival Etonnants Voyageurs

05/2022

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Philosophie

Temps physique et temps tragique chez Aristote. Commentaire sur le Quatrième livre de la Physique (10-14) et sur la Poétique

Dans cet ouvrage posthume de Victor GOLDSCHMIDT, le lecteur trouvera d'abord un commentaire minutieux, véritable guide de lecture, de deux grands textes aristotéliciens : les chapitres de la Physique sur le temps (IV, 10-14) et la Poétique tout entière. Si l'auteur se défend d'avoir voulu rivaliser avec les commentaires ligne à ligné dont ces textes illustres ont déjà fait l'objet, il n'en adopte pas moins, au départ, une position de lecteur au premier degré, s'attachant surtout, selon ses propres termes, " au mouvement du texte, pour essayer d'en restituer la structure qui, elle, fournit le commentaire fondamental, rédigé, si l'on peut dire, par l'auteur lui-même ". On verra qu'à cet égard, ce livre constitue l'illustration peut-être la plus parfaite d'une méthode d'exégèse immanente à laquelle Victor GOLDSCHMIDT n'a cessé de penser, théoriquement et pratiquement. Pourquoi maintenant avoir confronté Physique et Poétique, sinon pour tenter de relier temps physique et temps vécu, et considérer en retour l'action tragique sous les espèces du temps ? C'est ici comme un défi que l'auteur paraît s'être lancé à lui-même, tout en s'interdisant systématiquement les facilités qui lui auraient permis de l'emporter à trop bon compte; de sorte qu'il ne réussit à remplir son contrat qu'à force de ne l'avoir pas directement cherché. Seule la lecture du livre, dans ses patientes approches comme dans ses raccourcis fulgurants, permettra de voir comment les matériaux les plus divers, tirés d'une longue familiarité avec l'œuvre entière d'Aristote, enserrés dans un réseau toujours plus fin et plus délié de rapprochements et de connexions, finissent par constituer, à la " surprise " même de l'auteur, un édifice d'une cohérence imprévue et saisissante. Porté par toute une vie d'étude des textes et de méditations insistantes sur les rapports du temps et de l'œuvre philosophique, le commentaire s'ouvre ainsi sur une vision singulière et pénétrante de la pensée d'Aristote en son unité, et, au-delà encore, sur une véritable philosophie de l'histoire de la philosophie.

10/1982

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Economie

SAY N° 3 : De la pandémie de la peur à l'espoir d'un renouveau

"La confiance, comme l'observent Aurélie Jean et Bertrand Badré, est bien "le chaînon manquant de la relance" . Faut-il pour autant opposer compétence et démocratie, confiance dans les institutions et "technocratie" ? Pourquoi l'opinion américaine sur les vaccins s'est-elle inversée en deux mois ? Pourquoi les Rwandais témoignent-ils à leurs institutions de santé et aux Nations unies, à en croire leur ancienne ministre Agnes Binagwaho, une confiance que les Français refusent aux leurs ? La réponse ne peut se réduire à des incantations rituelles contre fonctionnaires et politiques. D'Olivia Grégoire à Pascal Canfin, une nouvelle génération de responsables politiques vient présenter, dans ce numéro 3, des projets de "nouvelle prospérité" et "d'économie responsable" . Tous deux s'inscrivent dans la mobilisation européenne pour la relance verte et le multilatéralisme. La nouvelle présidence américaine ne devrait pas tarder à s'y rallier. Ces succès diplomatiques, réels et concrets, auront du mal à se faire entendre dans l'opinion. Ce mouvement avance, sinon masqué, du moins travesti par un charabia administratif dont l'Union européenne a le secret. Il faudra convaincre de la solidité de cette politique celles et ceux, Gilets Jaunes de l'avenir, qui se sentent confinés dans des modèles du passé. Le carbone et le nationalisme, fétiches de Donald Trump, ne disparaîtront pas avec lui. Mais qu'en sera-t-il de l'autonomie stratégique que, face à lui, les Européens ont commencé à construire ? " (JEAN ROGNETTA, directeur de la rédaction) Avec, entre autres, les contributions de : Mohamed ElBaradei (prix Nobel de la Paix) Angus Deaton (prix Nobel d'économie) et Anne Case (professeur d'économie, Princeton) Fiona Scott Morton (professeur d'économie, Yale) Joseph E. Stiglitz (prix Nobel d'économie) Mike Spence (prix Nobel d'économie) Robert Schiller (prix Nobel d'économie) Jacques Attali Jean Pisani-Ferry Roger-Pol Droit Thierry Ménissier Laurence Joseph Josep Borrell (ministre des Affaires étrangères de l'Union européenne) Olivia Grégoire (secrétaire d'Etat, France) Pascal Canfin (député européen) Yuriko Koike (gouverneur de Tokyo) Jake Sullivan (ancien conseiller à la sécurité de Joe Biden) Jared Diamond (professeur de géographie, UCLA)

01/2021

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Sociologie politique

Laïcité

Dans la France du XXIe siècle, on attend beaucoup de la laïcité, devenue injonction, au risque de devenir discriminatoire dans le discours juridique et politique. Laïcité, donc, un mot " fort " aux enjeux de taille pour notre société, décrypté de manière limpide par la professeure de droit Stéphanie Hennette-Vauchez. Parangon des valeurs républicaines qui connaissent un regain d'exaltation dans le discours juridique et politique, la laïcité se fait métonymie de la République. On lui demande alors de trancher une multitude de questions. A-t-on le droit de porter des tenues religieuses - à l'école, au travail ou à la piscine ? Comment lutter contre le " communautarisme " ou le " séparatisme " ? Ne faudrait-il pas accroître les limites à la liberté d'expression ? Face à cette hypertrophie du champ et de la portée souvent conférée dans le débat public à la " laïcité ", on propose ici une analyse juridique du principe. Le propos poursuit deux objectifs principaux. Le premier, c'est de rappeler que la laïcité est d'abord un principe visant à organiser les rapports entre l'Etat et les cultes - et non un principe censé réguler les conduites individuelles ou collectives. On s'attache ici à restituer l'histoire moderne du principe (XIXe-XXe siècles) et à présenter les trois principes dans lesquels se décline alors la laïcité : séparation (des Eglises et de l'Etat), garantie (de la liberté de culte) et neutralité (des autorités publiques). Dans un second temps, l'ouvrage documente et analyse les multiples bouleversements de ce régime républicain et libéral de la laïcité. Il s'agit en particulier de revenir sur les multiples réformes qui, depuis le début du XXIe siècle, tendent à en faire un principe qui ne garantit plus mais restreint la liberté de culte, via, notamment, la génération d'obligations de discrétion sinon de neutralité religieuse pesant désormais sur les personnes privées. L'analyse de ces mutations est critique, tant du point de vue de la non-neutralité de cette nouvelle laïcité qui s'érige en authentique injonction que du point de vue de ses effets discriminatoires (vis-à-vis, en particulier, de l'islam).

10/2023

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Philosophie

Contre-histoire de la philosophie. Tome 9, Les consciences réfractaires

Le XXe siècle fut pour les intellectuels celui des fascismes rouge et brun qui ont laissé peu de penseurs indemnes... Nombre de philosophes ont mis leur intelligence au service des deux barbaries. Toutefois, il y eut des consciences réfractaires à ce renoncement à la raison. Alors que le PCF souscrit au Pacte germano-soviétique (23 août 1939-22 juin 1941) et fait de la politique de collaboration avec l'occupant allemand une priorité décidée par Moscou, Georges Politzer, juif et communiste, inaugure la résistance intellectuelle dès 1939, puis la résistance en armes, avant de mourir en 1941 sous les balles d'un peloton d'exécution. Contre Bergson qu'il range du côté des bellicistes et de l'occupant, il célèbre un certain Descartes inaugurant la philosophie des Lumières achevée par Marx et le marxisme. Nizan, lui aussi communiste, rechigne au Pacte : il le comprend pour l'URSS qui défend sa survie, mais pas pour le PCF... Marxiste secrètement déçu par l'Union soviétique, Nizan demande à Epicure ce que Marx, le marxisme et la Russie bolchevique ne lui donnent pas : des raisons de vivre en sachant qu'il nous faudra mourir... Camus, pour sa part, fut communiste le temps que dura le combat du Parti pour la décolonisation; quand le PCF obéit à Moscou qui décrète nul et non avenu le combat pour la décolonisation afin de mettre en avant le combat antifasciste, en 1937, il quitte le Parti qu'il avait rejoint à l'été 1935. Il s'oppose aux totalitarismes brun et rouge au nom d'un socialisme libertaire étouffé et ridiculisé par la critique sartrienne qui ne connaît du socialisme que sa version césarienne et barbelée. Simone de Beauvoir, et son compagnon Jean-Paul Sartre, ont construit une légende aux antipodes de leur vécu pendant la guerre : on ne trouve aucune trace de leur résistance partout proclamée, on dispose en revanche d'accablantes preuves du contraire... Beauvoir passe à côté de la Résistance - mais aussi du féminisme qu'elle critique dans Le deuxième sexe. Finalement, le féminisme fera ce livre plus qu'il n'aura été fait par lui. Le PCF se déchaînera contre cet ouvrage qui, réfractaire en ce sens, déconstruit la domination masculine...

01/2013

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Histoire des mentalités

La noblesse et ses domestiques au XVIIIe siècle

Les premières études sur les domestiques ont été publiées à la fin du XIXe siècle, à l'apogée de l'emploi domestique. Il faut attendre un siècle et les années 1980 pour que la domesticité intéresse de nouveau les historiens. Le XIXe siècle, durant lequel la domes- ticité connut son plus fort développement, intéressa tout d'abord les historiens. Ensuite, d'autres études ont exploré le monde de la domesticité au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle. Ces recherches privilégient une approche générale et sociale avec la place des domestiques dans la société, les préjugés à leur égard, leur rôle dans la diffu- sion des manières de vivre aristocratiques, leur fortune matérielle et l'évolution de la condition domestique. Peut-être en raison du développement, depuis le milieu des années 2000, des "auxiliaires de vie" , "aides ménagères" et autres nouvelles formes de domesti- cité, ce sujet a retrouvé la faveur des sociologues. Les approches sont plus particulières chez les historiens et les historiens de l'art, avec un intérêt porté aux lieux d'exercice ou au marché du travail. Cet ouvrage s'attache à l'étude des relations humaines au quotidien entre l'aristocratie et sa domes- ticité dans la France du XVIIIe siècle, depuis le recru- tement jusqu'au départ du domestique ou au décès du maître. Documents d'archives, presse, littérature, mémoires et correspondances ont été consultés pour tenter d'appréhender leur nature, leur variété, leur richesse et leur complexité. Ces relations particu- lières, résultat des interactions des personnalités de chacun, se développaient dans un cadre défini par les conventions sociales qui imposaient des droits et des devoirs, tant aux maîtres qu'aux domestiques, aux- quelles se mêlaient représentations idéales, attentes et préjugés. La Révolution est ponctuellement évoquée, car les circonstances, exceptionnelles et souvent tra- giques, entraînèrent d'importantes modifications dans les relations entre maîtres et domestiques et dans l'appréhension du monde domestique par le nouveau pouvoir, lesquelles constituent un sujet d'étude en eux-mêmes.

10/2021

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Thèmes photo

Débutantes. 1980-1985

Recueil de photographies argentiques en noir et blanc réalisées entre 1980 et 1985, portraits d'amies ou d'inconnues croisées dans les rues de Paris, scènes glanées au hasard mais avec un désir formel de composition, débutantes présente les premières photos du photographe Jacques Graf. "Belles endormies" encore jamais montrées, elles retracent le parcours poétique et mélancolique d'un jeune parisien à l'aube de sa carrière et de sa vie sentimentale. Un débutant. Et des débutantes : ces jeunes femmes qui font leur entrée dans le monde et dont le photographe a oublié le nom ; ces premières photographies dans la carrière d'un photographe, débutant dans la photographie comme dans la vie. Accompagnées d'un texte de l'auteur, ces photographies questionnent la vé- racité du souvenir et la fonction de la photographie dans la construction d'une histoire. Mais que nous disent les photographies ? Le souvenir est-il une certitude ? La vérité est-elle essentielle ? "Au départ on fait des photos pour impressionner les filles, au départ on fait des photos pour l'impression que cela fera sur elles, au départ on fait des photos pour se souvenir". Jacques Graf. Dès les années de lycée, la photographie attire le tout jeune Jacques Graf comme nous attirent parfois des notes de musique que l'on cherche à retenir. Trop timide pour rencontrer simplement les autres, il s'en sert alors pour mieux voir, pour tenter de conserver des impressions comme de transfigurer son quotidien et construira sa vie autour de ce projet. Depuis le milieu des années 80, Jacques Graf travaille pour la presse (L'Obs, le Journal du Dimanche, Paris-Match, Der Spiegel, Focus, der Bild, Marianne, Madame Figaro, etc.) ou des entreprises avec pas- sion et rigueur. En 1994, il intègre l'agence Editing, puis rejoint en 2002 Fedephoto. La même année, il co-fonde l'agence Divergence-Images, dont il sera le président jusqu'en 2017. Ses travaux sont exposés dans les festivals français et étrangers.

02/2023