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Patrice Bérenger

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Ecrits sur l'art

La fabrique de l'homme nouveau. De l'avant-garde à l'art totalitaire

Comment est-on passé d'une révolution artistique, culturelle et politique opérée par l'avant-garde européenne à un art totalitaire qui a conduit à une fabrique de l'homme nouveau des régimes fascistes, nazis et staliniens ? L'avant-garde a conduit à une révolution du regard qui a émancipé la peinture et la sculpture du carcan académique qui avait enseveli la beauté dans les musées. Ce sont les intensités fugitives, éphémères, singulières, et périssables qui sont célébrées. La tentation nihiliste qui traversait les différents mouvements d'avant-garde fut d'abord un immense cri de colère et de révolte contre la bourgeoisie qui avait figé le regard, éteint toute créativité par le conformisme de la pensée. Contre la raison, ce sont les forces intuitives, poétiques de la langue et de l'écriture, de l'inconscient mais aussi de la folie de l'érotisme et de la mort qui sont explorées. L'art est l'affaire de tous. Il est le principe d'une connaissance de soi. Les religions séculières ont formé le nouvel horizon politique. Mussolini est l'apôtre d'une religion de la patrie. Hitler "Christ führer", fondateur d'une nouvelle Weltanschauung. Et Staline, "jardinier du bonheur planétaire", est l'artiste suprême. L'art nazi fut un national esthétisme qui avait assigné le regard à des représentations sculpturales grandioses, des parades militaires, une architecture mégalomaniaque. La dialectique stalinienne de la révolution déclarait le dépérissement indistinct de la gestation. Rien qui n'ait commencé qui ne soit déjà mort. Plus les temps étaient difficiles, plus on s'approchait de la victoire finale. Plus la famine et la terreur décimaient la population, plus les tableaux débordaient de victuailles. Il faut rêver, disait Lénine. Rêver à la construction d'un homme nouveau. Rêver d'un monde nouveau. Rêver du rêveur, de Staline, qui maintient le rêveur dans son rêve.

02/2021

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Histoire internationale

Les Mamelouks XIIIe-XVIe siècle. Une expérience du pouvoir dans l'islam mediéval

Cet ouvrage est consacré à l'une des expériences politiques les plus originales qu'ait connue le monde islamique : le règne des Mamelouks sur l'Egypte et la Syrie entre le milieu du XIIIe siècle et le début du XVIe siècle. Le recrutement d'esclaves soldats (en arabe : mamluk) et la promotion d'affranchis dans la hiérarchie de l'Etat ont certes une histoire millénaire en Islam, inaugurée par les califes abbassides au IXe siècle et prolongée dans certaines provinces de l'empire ottoman jusqu'au XIXe siècle. Mais le régime qui s'est mis en place au Proche-Orient dans les années 1250 n'en était pas moins radicalement nouveau : pour la première fois, un ancien esclave soldat était élevé sur le trône avec le soutien des principaux officiers de l'armée, tous comme lui des mamelouks affranchis. L'auteur décrit le destin singulier de ces hommes, nés dans la steppe turque ou dans les montagnes du Caucase, que les hasards de l'esclavage jetaient au Proche-Orient et incorporaient à une nouvelle patrie, une nouvelle identité, une nouvelle fonction sociale. Eduqués dans la foi musulmane, formés aux arts de la guerre, les Mamelouks n'avaient pas seulement vocation à servir leur maître et à défendre leur pays d'adoption : les meilleurs d'entre eux - les plus beaux, les plus doués, les plus ambitieux - allaient ensuite gravir les échelons de la hiérarchie militaire et, pour quelques-uns, pouvoir prétendre au trône. En six chapitres à l'écriture alerte, l'ouvrage retrace le parcours des Mamelouks, depuis les marchés aux esclaves jusqu'aux tombeaux monumentaux qui conservent encore aujourd'hui leur mémoire, tout en soulignant la capacité d'adaptation du régime qu'ils avaient établi et qu'ils réussirent à maintenir jusqu'au début du XVIe siècle.

09/2014

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Histoire des religions

Strangers and Pilgrims. Métamorphoses spatiales du religieux dans les mondes anglophones (XVIIE-XXIe siècle)

L'Epître aux Hébreux du Nouveau Testament à laquelle le titre de cet ouvrage collectif est emprunté invite les chrétiens à se déclarer, à la suite des patriarches, "étrangers et voyageurs sur la terre" — "strangers and pilgrims on the Earth" — et à faire du Ciel leur patrie véritable. Le renoncement au lieu d'origine et l'acceptation de la condition au moins temporaire d'étranger, voire d'apatride, semblent répondre d'abord à une nécessité spirituelle, de manière transparente dans les cas du prosélyte et du missionnaire, et de manière plus ambiguë dans celui de l'exilé ou du réfugié, auxquels ils ont été imposés. Dans les deux cas, cependant, la réponse de la foi à l'appel divin doit se manifester à travers l'épreuve de la délocalisation, voire de la déterritorialisation, qu'elle soit choisie ou subie. L'expérience du déplacement, de l'arrachement au lieu familier et de la translation en territoire étranger est ainsi inscrite en profondeur dans le parcours historique et spirituel des monothéismes abrahamiques par un projet universaliste de transcendance des frontières. L'ouvrage propose un riche parcours dans cette dualité entre religion et migration, à travers l'histoire des jésuites dans le Nouveau Monde, d'un évêque converti par des Zoulous païens, du pacifisme des quakers, du particularisme religieux des Canadiens français, mais aussi à travers le prisme de la littérature : la vision de l'hindouisme d'Alexander Dow, celle du pèlerin de Daphné du Maurier ou la position de l'Eglise anglicane d'Afrique du Sud chez Alan Paton. Le volume se conclut sur une analyse de l'image de la mosquée chez les Britanniques de culture musulmane et sur une comparaison éclairante entre l'exode des Highlanders écossais au Canada au XIXe siècle et des népaliphones du Bhoutan vers les pays occidentaux au XXIe siècle.

07/2021

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Fantasy

Babel. Edition collector

Un acte de traduction est toujours un acte de trahison. 1828. Un jeune orphelin chinois est recueilli à Canton par un professeur et conduit à Londres. Rebaptisé Robin Swift, le jeune garçon consacre ses journées à l'étude des langues dans l'optique d'intégrer le prestigieux Institut royal de traduction de l'Université d'Oxford, plus connu sous le nom de Babel. Berceau de l'argentogravure, les étudiants y exploitent le sens perdu des mots à l'aide de barres d'argent enchantées. Dès ses premiers jours à Oxford, Robin prend conscience que ces travaux confèrent à l'Empire britannique une puissance inégalée et servent sa soif de colonisation, au détriment des classes défavorisées de la société et de ses territoires. Servir Babel revient donc à trahir sa patrie d'origine. Peut-il espérer changer Babel de l'intérieur ? Ou devra-t-il sacrifier ses rêves pour faire tomber cette institution ? Traduit de l'anglais par Michel Pagel "Un chef-d'oeuvre qui confronte le pouvoir et le savoir. Babel est un roman saisissant sur la cruauté de l'Empire et sur la face sombre des sociétés académiques et un mélange extraordinaire de fantasy et fiction historique. Une réalisation monumentale ! ' Samantha Shannon, autrice du Prieuré de l'oranger, d'Un jour de nuit tombée et de la saga The Bone Season. "Absolument phénoménal ! C'est l'un des livres les plus brillants et les plus incisifs que j'ai eu le plaisir de lire. Il ne s'agit pas seulement d'une histoire fantastique, mais d'un récit qui interroge, qui s'empare de l'histoire coloniale et de la révolution industrielle et les remet en cause. ' Shannon Chakraborty, autrice de la saga Daevabad.

11/2023

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Histoire de France

Les Françaises, les Français et l'épuration. 1940 à nos jours

"Alors que l'orage s'éloigne, une tâche immense s'impose à tous les Français : celle de refaire notre belle France que les nazis ont souillée de leur présence". Cet écho du Travailleur de l'Oise en octobre 1944 illustre la démarche de ce livre : s'attacher non plus à la seule étude politique et institutionnelle de l'épuration, mais, dans la veine d'une historiographie renouvelée, aux Françaises et aux Français face à l'événement. Il y a une évidente dimension populaire de l'épuration. Il s'agit non pas du catalyseur des "excès de la foule" qui déborderait les nouvelles autorités, mais au contraire d'un mouvement antérieur à l'installation du pouvoir politique à la Libération. Deux dynamiques coexistent en effet dès le début de l'Occupation. L'une, en France, souterraine mais qui s'étend, lente et silencieuse, menace les traîtres et, l'heure venue, veut les tuer ; l'autre, à Londres, puis dans les autres terres d'exil, réfléchit à la justice et à ses normes et prépare des ordonnances. Ces dynamiques, disjointes, se conjuguent finalement au moment de la libération des territoires dans une grande diversité de situations. Cette histoire sociale de l'épuration prend en considération également la question du genre : les relations entre les femmes et les hommes ne sont pas seulement perturbées durant la guerre, leurs identités respectives le sont également et durablement. La volonté de régénération de la patrie et des moeurs, notamment des moeurs féminines, explique l'ignominie des tontes. C'est donc dans un cadre géographique et social élargi que cet ouvrage envisage l'épuration : du village au pays tout entier, jusqu'au continent et à l'Empire ; de l'intimité du domicile et de la famille au bureau, à l'usine ou au champ, de la rue au tribunal, des Maquis aux prisons.

04/2018

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Récits de voyage

Ulysse ou le voyage intérieur du héros

L'Odyssée est une des plus belles histoires dans la mémoire de l'humanité, une des plus célèbres et des plus anciennes ; une des plus méconnues aussi, comme tout ce qui est trop près de nous. Qui n'a jamais entendu parler de ces poèmes homériques réunis en un tout de plus de 12 000 vers appelé l'Odyssée ? Jean Bouchart d'Orval nous livre ici une magnifique interprétation du livre d'Homère et nous montre que l'Odyssée est notre histoire intérieure, notre histoire spirituelle : c'est un voyage initiatique vers notre Soi intérieur et nous sommes tous Ulysse. L'Odyssée nous concerne tous intimement : ligne après ligne, elle ne parle que de nous. Cette histoire est notre histoire, celle de l'immense nostalgie que nous portons tous au coeur. En chacun d'entre nous, quelque chose pleure, se lamente, parfois hurle. Qui d'entre nous n'a jamais ressenti un enfermement, une étroitesse, une aliénation loin d'un Royaume perdu ? Homère chante l'histoire du retour dans notre Patrie, celle qui a vu notre naissance sur terre, celle qui nous attend fidèlement depuis toujours sans jamais changer d'un iota. C'est l'histoire de nos errements, de nos difficultés, de nos espoirs et désespoirs, mais aussi des aides visibles et invisibles que nous recevons tout au long du voyage. L'Odyssée nous entretient de ce qui est primordial et essentiel, ce sans quoi rien n'a de sens : elle nous parle de Cela qui dépasse les sens et la pensée, Cela qui est au-delà de l'espace et du temps, sans bornes, inconcevable. Dans ce livre magnifique et profond, Jean Bouchart d'Orval nous montre qu'Ithaque est en nous.

06/2021

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Sciences historiques

Un instituteur de l'Armée d'Afrique dans la folie des guerres sous le casque de l'armée. Sous le casque de l'armée

Alexandre Nicolas est né le 6 juin 1917 à Saïda. Son père, horloger bijoutier, a quitté, en 1912, Aix-en-Provence pour l'Algérie où il épouse Céline Castafio, d'origine espagnole, française et maltaise. Aîné de trois garçons, Alexandre quitte, dès douze ans, sa famille : l'éducation passe pour meilleure à Oran. Habitué des dortoirs, des réfectoires, au lycée d'Ardaillon, à l'École normale, puis en France à Saint-Maixent et à Hyères pour sa formation militaire, il se coulera, avec un certain bonheur, dans le cadre de l'armée et ses valeurs de fraternité et de courage, et avec émotion dans le compagnonnage viril autour d'une cause. Pour cet enfant d'un petit village des Hauts Plateaux de l'Algérie de l'époque, l'armée est une promotion dont il est fier. Comme celle également de l'Éducation nationale qui le fait instituteur en 1937. Il n'en garde pas moins une tête raisonnable et un coeur où l'éthique ne bat jamais en retraite. Sa vision générale des choses, calme et mesurée, si elle le rend fier de participer à ce qui est pour lui, jusqu'au plus profond de lui-même, sauvetage de la patrie contre la folie, ne le prive cependant pas de constater que la guerre est une aberration et que certaines attitudes de cette très belle armée française ouvriront la porte, par leur injustice, à une autre période, la guerre de l'Indépendance. Ces allusions, discrètes mais plusieurs fois répétées, donnent à son texte une évidente modernité. Lieutenant pendant la guerre, instituteur jusqu'au bout, il deviendra en 1962, à Sidi-Bel-Abbès, directeur de l'Office culturel français, puis s'installera en 1964 à Aix-en-Provence, ville d'où était parti son père en 1912, pour Saïda en Algérie.

06/2011

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Empire colonial

Ombres et lumières de la colonisation à la française

Dans ce livre original, l'auteur aborde la colonisation française en essayant d'objectiver sa description et surtout ses logiques, énoncées ou inconscientes. Un travail rarement tenté car les analyses ici sont souvent brouillées par les présupposés idéologiques des deux décryptages du passé qui s'affrontent. Une phrase du préambule de l'accord de Nouméa de mai 1988 exprime bien la dualité de la perception française de ses réalités coloniales : "Le moment est venu de reconnaître les ombres de la période coloniale, même si elle ne fut pas dépourvue de lumière" . L'auteur, spécialiste de l'histoire coloniale dénommée désormais l'histoire d'outre-mer, s'est approprié cette phrase afin de l'appliquer à l'ensemble de la "colonisation à la française" entre 1830 et 1962. Cet essai prend en compte la grande diversité géographique de "l'empire colonial français" , initié par la royauté, poursuivi par le Second Empire, et surtout développé et administré par la République. Si l'objectif de cet ouvrage n'est pas de valoriser ou de critiquer cette colonisation, réalité complexe qui était imbriquée dans la vie de la Nation, il est de l'interroger et de l'analyser sans parti-pris. A contrario, il se demande pourquoi des peuples constitués ou en devenir ont pu accepter d'être vassalisés aussi longtemps par une puissance exogène souvent lointaine ? Leurs différentes colonisations et leurs mutations furent-elles une étape nécessaire à leur entrée dans la mondialisation triomphante ? Comprendre ces phénomènes humains de domination et d'exploitation de l'autre dans le cadre de l'empire-patrie des droits de l'homme, participe tout autant à la compréhension des enjeux post et néo coloniaux dans les espaces francophones qu'à une nouvelle appréhension de la société hexagonale d'hier et d'aujourd'hui.

11/2021

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Poésie

Poèmes suivis de Trois poèmes secrets (1933-1955)

"Cher Georges Séféris, si proche du plus malaisé - du plus vrai - de chacun de nous, que signifie cet impossible dont vous parlez dans votre poésie vigilante, à quelle contradiction ultime emprunte-t-il son malheur ? A votre histoire sans doute, pour une part, et il serait facile de reconnaître dans les hasards qui ont déterminé votre vie les éléments comme rassemblés à dessein d'un théâtre de la dissociation du réel. Il n'est pas indifférent qu'un enfant ait vécu à Clazomène l'été, entre des pêcheurs et la vigne, et à Smyrne, grand port "retentissant" où l'Europe et l'Asie, l'intemporel et le siècle, les rituels et les marchandises se mariaient richement pour la conscience charmée ; puis, que l'exode de tout un peuple, dans le sang et les larmes du désespoir, l'ait séparé à jamais de l'heureuse terre natale : Tout ce que j'ai aimé a disparu avec les maisons Neuves l'autre été Qui ont croulé sous le vent d'automne, a écrit Séféris, et ce n'est pas là qu'une image. Mais tout aussi décisif fut que la nouvelle patrie, à la fois la même et si différente, l'Attique au passé trop présent, au présent trop grevé d'absurdités et de drames, n'ait guère eu à offrir au jeune homme qui lui venait que sa tristesse d'alors : que la "souffrance", dirent tant de voix, d'être grec. Et encore la guerre, et toutes sortes d'exils. Georges Séféris a passé une grande part de sa vie à être grec - à servir la Grèce - dans les pays étrangers, et il a bien été ce voyageur empêché de rentrer au port qu'il évoque dans ses poèmes. " Yves Bonnefoy (1963).

02/1989

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Histoire de France

Mickey à Gurs. Les carnets de dessins de Horst Rosenthal

La publication inédite de trois carnets de croquis extraordinaires. Rien ne prédisposait Horst Rosenthal, un jeune illustrateur juif allemand, au destin tragique qui fut le sien. Hormis être né juif en 1915 à Breslau. Parce qu'il était juif et socialiste, Horst Rosenthal fut obligé de fuir dès juillet 1933 en France, la patrie rêvée des droits de l'homme. Il n'a alors pas 18 ans. S'il trouve refuge dans une France généreuse, c'est une France bien moins respectueuse des droits de l'homme qui l'interna, du fait de sa germanité, en 1940 dans un camp situé en "zone libre", puis le livra, deux ans plus tard, aux nazis en raison de sa judéité. Horst Rosenthal est passé par six camps avant de parvenir à Auschwitz, où il fut vraisemblablement gazé dès son arrivée, en septembre 1942, en raison de la paralysie de sa main gauche. Il a laissé trois carnets de croquis, dont Mickey à Gurs, le seul connu des experts, qui n'avait jamais été édité dans son intégralité. Ce petit fascicule, destiné à circuler entre les prisonniers, raconte d'une manière ironique et subversive, à travers la figure de Mickey et de situations ubuesques, l'absurdité de la condition d'apatride. Le deuxième carnet, La Journée d'un hébergé, est totalement inédit. Derrière le ton potache et faussement naïf, c'est l'insupportable monotonie de la vie au camp et la précarité des conditions d'internement qui se dessinent en creux. Le troisième carnet, Petit Guide à travers le camp de Gurs, inédit lui aussi, est le plus abouti des trois carnets. Imitant une brochure touristique qui invite le lecteur à découvrir un "camp de vacances", le mode parodique est d'une redoutable efficacité car derrière le rire, perce immanquablement toute la souffrance des internés.

11/2014

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Théâtre

L'Histoire derrière le rideau. Ecritures scéniques du Risorgimento

Comment l'Histoire s'écrit-elle derrière les rideaux de scène ? Quels processus créatifs les auteurs mettent-ils en oeuvre pour lui donner voix et corps dans le présent singulier, réel et fictif à la fois, de la représentation théâtrale ? De tout temps, les "poètes" dramatiques ont cherché à problématiser l'histoire sur les scènes, mais rarement avec autant d'intensité qu'au XIXe siècle, alors que dans l'Europe entière se pose la question des nationalités. L'Italie en construction n'échappe pas à ce questionnement. Dès la fin du XVIIIe siècle, la scène théâtrale italienne devient le lieu privilégié où s'invente l'idée de la patrie unie, et où se fabrique une histoire du Risorgimento. S'y affirme d'abord la volonté de trouver dans les grands événements de l'Histoire passée de la péninsule les fondements d'une idée commune de la "nation". S'y construit également, au fil des luttes armées et des interventions politiques menant à l'Unité, à travers l'émergence de formes spectaculaires non académiques et la mise en question des grands "mythes" risorgimentali, une historiographie particulière où se mêlent célébration, témoignage, mémoire et interprétation. La commémoration du Bicentenaire de l'Unité en 2011 a été l'occasion de revenir sur ce pan méconnu de l'histoire du théâtre italien que certains appellent scena risorgimentale. A la lumière des débats historiographiques suscités par cette commémoration, les contributions réunies dans ce volume envisagent les diverses modalités d'écriture dramatique et scénique qui ont accompagné la formation de l'Unité italienne tout au long des XIXe et XXe siècles, et celles qui, aujourd'hui encore, quand les identités nationales sont partout questionnées, continuent d'explorer la mémoire de l'un des moments les plus complexes de l'histoire de la Péninsule.

10/2013

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Littérature française

Mots pour maux

« — Elles sont bien belles toutes vos formules, ‘‘la commune à ses enfants morts ou à ses héros morts pour la France ou pour la Patrie'' qu'on trouve sur tous les monuments inaugurés ces temps-ci. J'ai rien contre, au contraire, mais il faudrait en plus quelque chose pour rappeler qu'on l'a gagnée cette guerre. J'lis l'journal. J'vois bien c'qui se passe. Il y en a déjà qui semblent l'avoir oublié, à commencer par les Allemands. Chaque jour, j'ai repoussé au jour suivant, mais demain l'échéance arrive à son terme. Je dois présenter devant le Conseil municipal ma réponse à cette demande du maire. Devant l'urgence de la tâche, cette nuit le sommeil me fuit. Les fantômes surgissent du passé. Je me remémore la période de la Grande Guerre, vécue côté civil, entre Allanche, Murat et Aurillac, loin du front : les lettres qu'on attend avec appréhension, mon travail d'architecte, l'église, la lecture des journaux, les discussions au café où se mêlent nouvelles vraies ou fausses de la guerre, politique, problèmes du quotidien. De possibles épitaphes surgissent, s'envolent. » 1923, dans un village d'Auvergne. Un architecte s'apprête à soumettre son projet de monument aux morts dédié aux disparus de 14-18. Il replonge dans ses souvenirs, à partir de 1890, lorsqu'il s'était vu confier le chantier d'une église... Jean-Louis Prud'homme remonte le temps et explore les cicatrices d'un nouveau siècle qui n'augurait rien de bon. « Mots pour maux » raconte ainsi la vie en suspens, les journaux qui mentent et oublient. L'humain et le politique, le sacrifice et l'absurde, des noms sur une pierre : une page d'histoire douloureuse, terriblement juste, hélas intemporelle.

12/2014

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Religion

Ecrire l'histoire du christianisme contemporain. Autour de l'oeuvre d'Etienne Fouilloux

Écrire l’histoire du christianisme contemporain, c’est chercher à le comprendre dans sa diversité confessionnelle, tout en mesurant son rôle dans la construction d’une politique et d’une culture de la modernité, qui se sont constituées en prenant leur autonomie par rapport à lui, sans que tout lien soit rompu entre notre monde sécularisé et son passé chrétien. C’est observer cet objet aux contours indécis, dont nous affirmons tantôt le déclin inéluctable, tantôt l’omniprésence au sein de nos sociétés. Depuis plus de quarante ans, Étienne Fouilloux parcourt ce territoire en voyageur infatigable, passionné d’archives inédites. De la genèse de l’oecuménisme au genre biographique, de l’histoire des intellectuels chrétiens à celle du concile Vatican II, il a construit ce qu’il désigne lui-même comme une « histoire non théologique de la théologie », attentive aux acteurs et à leurs mobiles, sans jamais céder sur la rigueur scientifique qui fonde le « regard éloigné » de l’historien. Des inventeurs du catholicisme social aux écrivains convertis, des croyants mobilisés dans les tranchées aux prêtres-ouvriers en usine, des abbés philosophes aux bâtisseurs d’églises, les auteurs de ce livre ont suivi la voie tracée par Étienne Fouilloux, attentifs comme lui aux mots qui circulent entre l’univers chrétien et l’univers laïque, la création et la mémoire, la morale et les droits de l’homme, le deuil et la patrie. Ils ont ainsi souhaité apporter leur contribution à une histoire du christianisme contemporain, en hommage à celui qui a plus que tout autre contribué à la renouveler. Couverture : Église Saint-Vincent de Paul de Beyrouth détruite en 1975, pendant la guerre du Liban. Photo A. Becker, mars 2012.

04/2013

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Littérature étrangère

Lettres de Turquie

Les Lettres de Turquie de Kelemen Mikes, sont publiées pour la première fois en 1794, plus de trente ans après la mort de leur auteur. La langue utilisée est le hongrois avec de fréquents emprunts au dialecte transylvain. Cette oeuvre marque une étape importante dans la littérature hongroise et dans les liens qui l’unissent au patrimoine européen. Rédigées par le chambellan du prince François II Rakoczy, ces lettres s’adressent à une interlocutrice imaginaire, sur un ton alternativement grave et léger. Faits de la vie quotidienne, anecdotes tirées de lectures, remarques sur la vie des émigrés hongrois en Turquie, descriptions de l’Empire ottoman, bavardage affectueux alimentent une correspondance couvrant quarante années de la vie de Mikes. Ces lettres expriment un exil à la fois douloureux et résigné, celui des compagnons du prince François II Rákóczi. Après avoir séjourné en France, confiants dans son soutien à leur lutte contre les Habsbourg, ils doivent se réfugier sur le territoire de la Sublime Porte. Cette oeuvre témoigne d’une attente, celle d’un retour, toujours différé vers une patrie qui ne cesse de s’éloigner. L’espérance déçue débouche sur un retrait progressif du monde. Dès lors la littérature devient un espace nécessaire, un refuge où peuvent se déployer les artifices de l’écriture et les chatoiements de l’imagination. Ils sont alimentés par la lecture et le dialogue avec des oeuvres épistolaires et historiques le plus souvent en français, la marquise de Sévigné y côtoie Marie-Angélique de Gomez ou l’abbé Chomel. Cet apport confirme les relations étroites et chaleureuses entre les cultures françaises et hongroises, elles se tissent sous les yeux du lecteur, dans un univers dominé par la bienveillance de Kelemen Mikes, exilé curieux et mélancolique.

09/2011

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Histoire de France

Anne d'Autriche

Epouse de Louis XIII, mère de Louis XIV et régente pendant la minorité de celui-ci, dona Ana Maria Mauricia d'Espagne (appelée Anne d'Autriche) a dirigé la France pendant près de vingt années (1643-1661). Pourtant, on a retenu le plus souvent les aspects les plus insignifiants ou les plus anecdotiques de sa vie, par exemple ses amour (réelles ou supposées) avec Buckingham et l'affaire des fameux ferrets ; on s'est également donné beaucoup de mal (en vain), pour connaître la nature exacte de ses relations avec le " second cardinal ". Sur son rôle politique, en revanche, peu de chose, faute d'avoir examiné de près les archives espagnoles et d'avoir soumis à une critique rigoureuse la demi-douzaine de Mémoires célèbres qui servent habituellement à faire l'histoire des décennies 1640 et 1650. A partir d'une information très complète et dépourvue des préjugés nourris par les Français, l'Américaine Ruth Kleinman présente une tout autre Anne d'Autriche. Elle dépeint la métamorphose d'une très jeune fille arrivée à la Cour en 1615 en une reine longtemps incapable de donner un dauphin à la France, souffrant du caractère ombrageux de son époux et victime des manœuvres d'un Richelieu acharné à sa perte, puis en une mère et en une régente sûre d'elle faisant passer les intérêts de son fils et de sa patrie d'adoption avant son attachement à sa famille espagnole. Sans Anne d'Autrice, qui soutint Mazarin imperturbablement, il n'y aurait point eu de paix signée en Westphalie (1648), et le royaume de Louis XIV serait parti à la dérive sous les coups d'une Fronde divisée en factions irréconciliables.

11/1999

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Critique littéraire

Heinrich Mann et la France. Une biographie intellectuelle

Encensé de son vivant par les uns, décrié par les autres, H. Mann, né en 1871, l'année qui vit la fondation de l'Empire allemand, est un auteur difficile à cerner, aujourd'hui quelque peu oublié. Le présent ouvrage jette un éclairage nouveau sur un aspect central de l'œuvre de l'auteur, son amour de la France républicaine, réplique inversée de sa détestation de l'Allemagne monarchique. Mêlant la réflexion sur l'œuvre et le regard sur l'homme, il met en lumière des aspects méconnus de la biographie de l'auteur qui, à leur tour, viennent éclairer le déroulement de l'œuvre saisie de l'intérieur, dans sa continuité et dans son unité. Depuis ses années de formation où des lectures françaises jouèrent un rôle de premier plan jusqu'à la réception tardive, au cours d'une crise que l'on suit pas à pas, de l'affaire Dreyfus à travers quelques grands textes de la littérature française (Michelet, Zola), H, Mann a suivi un parcours à la fois sinueux et conséquent au terme duquel, bravant les pratiques littéraires en usage dans l'Allemagne de son temps, il se détache de l'esthétisme de ses débuts et se pose dès 1915 en intellectuel protestataire. Dans le dialogue qu'il instaure entre l'image idéalisée qu'il se fait de la France et le regard sans concessions qu'il jette sur sa patrie, il construit sa foi en une autre Allemagne et conjure pour finir, dans sa biographie du roi de France Henri IV rédigée en exil, la stérilité de l'époque en lui substituant, dans une démarche subversive, la puissance de son idéal auquel il donne une réalité écrasante.

12/2005

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Histoire internationale

Le nouveau dictionnaire de la civilisation indienne. 2 volumes, Edition revue et augmentée

Ouvrage de référence depuis sa première édition en 1987, le Dictionnaire de la civilisation indienne embrasse les principaux thèmes, concepts, événements, figures historiques et culturelles essentiels à la connaissance d'une nation aussi vaste que complexe. Depuis cette date, l'Inde a connu de tels bouleversements que le regard porté sur le pays par le monde extérieur et par ses habitants eux-mêmes a dû se redéfinir. La patrie de Nehru et d'Indira Gandhi a vu l'arrivée au pouvoir des nationalistes hindous du BJP, et les réformes économiques entreprises dans les années 1990 l'ont transformée en profondeur, y compris dans son tissu social et sa façon d'envisager l'avenir. L'Inde a changé. Et l'Inde est restée la même. La révolution numérique, la mondialisation, le déferlement des téléphones portables et des chaînes de télévision privées n'ont pas entamé la force des traditions et l'attachement à une culture qui plonge ses racines dans une histoire plurimillénaire. Réactualisé par Dave Dewnarain, le dictionnaire de Louis Frédéric donne toute leur place à un grand nombre de figures politiques, de peintres, de musiciens, du Nord comme du Sud, dont l'influence et l'aura à l'intérieur du pays sont à la hauteur de l'ignorance dans laquelle les a longtemps tenus le monde occidental. Il témoigne aussi de l'extraordinaire diversité linguistique de l'Inde (des centaines de langues, dont vingt-deux considérées comme "officielles") et de l'existence d'une littérature parfois ancienne qui s'impose plus que jamais dans la création contemporaine. Ainsi le lecteur pourra se faire une idée plus complète de la richesse et du génie de l'un des plus grands peuples du monde.

01/2018

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Critique littéraire

La Vieille Carcas de Carcasonne. Florilège de l'humour et de l'imaginaire des noms de lieux en France (Légendes, jeux et calembours toponymiques du Moyen Age à nos jours)

Pour expliquer l'origine du nom de leur petite, moyenne ou grande patrie, des centaines de traditions locales ont, du Moyen Age à nos jours, été inventées par le peuple de France, de Belgique et d'ailleurs. Dans cet ouvrage unique en son genre, le lecteur découvrira les secrets de l'" étymologie populaire " et l'art de rébuffer ; qui consiste à décomposer les toponymes (noms de lieux) en syllabes (Ba-paume, Bett-en-bos) pour bâtir la légende qui expliquera le nom du lieu. Ce lecteur apprendra que César, le bon géant Gargantua, le cheval Bayard, Jésus, la Vierge, le Diable, une kyrielle de saints et de saintes et bien d'autres personnages encore ont contribué à la formation des noms de nos villes, villages, lieux-dits ! Les " savants " chroniqueurs du Moyen Age et au-delà n'étaient pas en reste : à les en croire, les Français avaient pour ancêtres des descendants de la fameuse ville de Troie. Pas étonnant donc si l'on racontait jadis que Paris a été fondée par le Troyen Pâris, que la ville de Reims l'a été par Remus et Ajaccio par... Ajax. Quant à Carcassonne, saviez-vous qu'elle a été fondée par une Dame nommée Carcas qui sonnait du cor quand passait Charlemagne ? Les toponymes ont aussi donné lieu à une foule de jeux et de calembours : bouts-rimés destinés aux enfants, publicités, jeu des faux et des vrais départements pour mémoriser le nom des villes, énigmes, anagrammes, palindromes, charades, contrepets et autres jongleries sur le son et le sens, calembours d'une incroyable diversité. Enfin, pour les méditations et joyeusetés toponymiques, Villon, Rabelais, Sartre, Julien Gracq, Proust, Queneau n'ont pas été en reste.

10/2006

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Musique, danse

Jean Sibelius

Jean Sibelius (1865-1957) bénéficie actuellement de la faveur qui s'attache aux grands symphonistes de la fin du XIXe et du XXe siècle : Bruckner, Mahler... L'ouvrage de Marc Vignal, le premier de cette envergure consacré en français au compositeur finlandais, traite de sa vie et de son œuvre, et, point essentiel, de sa place dans le XXe siècle musical, jusque-là peu abordée dans les ouvrages de référence. De nombreux compositeurs, et particulièrement des représentants de la musique française la plus récente, s'intéressent fortement à sa production. Musicien universel, Sibelius n'en est pas moins un musicien national ; il fut certainement, dans les milieux internationaux " cultivés ", le plus célèbre des Finlandais. Il est donc capital pour le comprendre de retracer le passé de la Finlande. Une grande place est ainsi accordée aux interférences entre la vie et l'œuvre de Sibelius et l'histoire politique et culturelle agitée de sa patrie, à laquelle certaines pièces (Karelia, Scènes historiques, Finlandia) font directement référence. La biographie détaillée s'appuie sur des documents de première main et tient compte des découvertes les plus récentes. L'étude de l'œuvre (qui comprend sept symphonies, quelque dix poèmes symphoniques, des musiques de scène et des mélodies) insiste sur les partitions majeures, qui bénéficient d'analyses approfondies soulignant l'originalité de l'écriture de Sibelius. Une attention particulière est réservée à ses rapports avec ses contemporains et successeurs (Mahler, Debussy, Strauss, Schönberg). Mettant en relief les contradictions et les doutes du personnage mais aussi la conscience qu'il avait de son propre génie, cette étude s'interroge sur les trente années de silence musical qu'a vécues le compositeur après la publication de son poème symphonique Tapiola (1926), hymne cataclysmique à la forêt nordique sur lequel se clôt sa carrière créatrice.

09/2004

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Anglais apprentissage

Le discours radical en Grande-Bretagne, 1768-1789

?L'historiographie regroupe traditionnellement sous l'étiquette de "radicalisme" les tenants de la réforme du parlement britannique à la fin du XVIIIe siècle, au risque de placer dans la même catégorie des figures aussi différentes que Richard Price, le pasteur ami du genre humain, et John Cartwright, le réformateur animé par l'amour de la patrie. Qu'ont en commun les divers groupes désignés comme radicaux ? Telle est la question posée par Rémy Duthille dans cet ouvrage qui apporte une contribution originale aux débats actuels sur la nature du radicalisme dans l'Angleterre des années 1768 à 1789. En se fondant sur les comptes rendus et les publications des deux principales sociétés radicales londoniennes ainsi que sur les écrits de Cartwright et Price, Rémy Duthille décortique les stratégies rhétoriques et politiques du milieu radical qui visaient à limiter l'influence royale et à encourager la participation politique du peuple. Pendant la Guerre d'indépendance américaine, ces hommes sont écartelés entre leur soutien aux insurgés et leur fidélité à la constitution anglaise. A la fois Anglais et citoyens du monde, les radicaux prétendent concilier patriotisme et universalisme : fidélité à une tradition nationale et défense d'idéaux universels. Cette tension constitutive imprègne leur conception de l'identité nationale britannique et leurs rapports avec les réformateurs écossais et les révolutionnaires américains, puis français. Rémy Duthille démontre que la cohérence du discours radical britannique résulte de la tension entre deux traditions philosophiques convoquées conjointement : le droit naturel hérité de Locke et le constitutionnalisme anglais. Plutôt que d'intégrer les radicaux à un seul courant de pensée, Rémy Duthille analyse le caractère rhétorique et polémique du discours radical dans sa diversité, en montrant comment ces réformateurs transforment les discours et idées de leur temps en armes au service de leur combat politique.

11/2017

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Religion jeunesse

L'impératrice Zita. Du conte de fées à l'Evangile

Née en 1892 et morte en 1989, c’est presque un siècle que Zita a traversé, des fastes de la Cour d’Autriche?Hongrie à la pauvreté de l’exil. Succédant à la célèbre Sissi, la dernière impératrice d’Autriche a marqué son court règne (à peine deux ans), durant la Première Guerre mondiale, par sa générosité, sa bonté, son attention aux soldats blessés et aux populations victimes de la guerre. Quand l’Empire s’effondre en 1918, Charles et Zita sont chassés d’Autriche et exilés sur l’île de Madère. Devenue veuve de l’empereur Charles à trente ans, seule avec ses huit enfants, Zita fait front avec courage et dignité, puisant sa force dans l’Eucharistie et la prière. En 1982, après soixante années d’exil qu’elle a vécues au service de la construction européenne, elle est autorisée à revenir en Autriche, sa « chère Patrie «. Elle meurt en Suisse à l’âge de 96 ans, mais c’est en Autriche que ses funérailles officielles ont lieu, en présence d’une foule émue de six mille personnes. Elle est enterrée à Vienne aux côtés des Habsbourg, tandis que Charles repose toujours à Madère où il est mort d’une pneumonie à 34 ans. Reconnu comme un artisan de paix, considérant sa charge « comme un service saint de ses peuples «, Charles a été béatifié par Jean?Paul II en 2004 et beaucoup espèrent que le couple impérial pourra être réuni sur les autels : la cause pour la béatification de Zita est en effet introduite depuis décembre 2009. « Après tout, écrit Zita en 1925, on est heureux d’avoir eu beaucoup d’épreuves : d’abord, elles sont passées et, surtout, on est heureux d’avoir quelque chose à donner au Bon Dieu. »

08/2018

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Sciences historiques

En écoutant le Maréchal Foch

Charles Bugnet, officier d'ordonnance de Foch (1851-1929) après l'armistice, offre dans ce livre, inédit depuis sa première publication chez Grasset en 1929, un portrait capital du généralissime des armées alliées pendant la Grande Guerre. Non pas une statue cavalière, mais un portrait vivant. On y trouve tous les éléments biographiques indispensables de la carrière du maréchal dits par lui. L'authenticité se joint à la verdeur. Foch apparaît, plein de vigueur et d'esprit. On le suit sur le champ de bataille de la Marne ("A la Marne ? Oui, ça allait fort, nous n'avons pas trop mal tenu"). On s'amuse avec lui de son absence de vanité ("J'ai plus de vingt grands cordons. Me voyez-vous avec cela ?"). On se répète ses maximes ("On ne réussit que par ce qu'on vaut"). Surtout, on admire "ce pouvoir de produire", intellectuel et pratique, qui frappe à chaque page par sa netteté et son courage. Comme l'écrit dans sa préface inédite celui qui a été l'un des plus grands ministres de la Défense de la Ve République, Jean-Yves Le Drian, aujourd'hui ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, "écouter Foch tel que Bugnet nous le donne à lire, c'est découvrir une admiration sincère, une affection presque filiale que l'officier d'ordonnance éprouve pour le maréchal de France. Ce qu'il admire le plus peut-être, ce qu'il nous révèle à coup sûr, c'est la concentration de toutes les facultés, morales autant qu'intellectuelles, chez cet homme qui assuma les responsabilités historiques les plus écrasantes. Car y a-t-il décisions plus graves que celles dont les conséquences, la victoire ou la défaite, engagent le salut même de la patrie ?".

10/2017

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Histoire ancienne

Enée le mal-aimé. Du roman médiéval à la bande dessinée

Les faits et gestes du héros de Virgile, ancêtre mythique d'Auguste, peinent à occuper le devant de la scène, comme si la postérité ne s'y reconnaissait pas. Les raisons d'un tel déséquilibre méritaient d'être interrogées. Traître en amour et traître à sa patrie, qu'il a livrée aux Grecs, Enée a longtemps été condamné. Même son parcours rédempteur ne suffit pas à le racheter, car il paraît trop sérieux, trop réfléchi, pour susciter l'empathie qui permettrait à des publics successifs de s'y reconnaître. Quelles conditions historiques doivent donc être remplies pour qu'une revalorisation d'Enée devienne possible, que ses aventures reprennent sens ? Au prix de quelles distorsions l'acculturation de l'épopée antique se réalise-t-elle d'une génération de lecteurs à l'autre, en Europe et ailleurs ? Les métamorphoses d'Enée au fil des siècles comportent des enjeux littéraires et culturels, mais aussi existentiels et idéologiques. Enée se prête à une lecture politique, car il est le père d'un empire et un chef de guerre ; par ses errances et ses erreurs, sa rencontre avec Didon (l'amour), puis avec son père en enfer (le devoir), il apparaît comme un individu en quête d'identité, cherchant un sens à donner à sa vie. Elève attentif de la Sibylle, curieux de l'au-delà qu'il parcourt, il fait aussi figure d'un intellectuel avide de savoir. Du roman médiéval à la bande dessinée en passant par le théâtre, l'opéra et la parodie désacralisante, chaque époque a choisi son Enée, qu'elle y trouve un modèle ou le voue aux gémonies. De Fulgence, commentateur de l'Enéide, à Christa Wolf, sa trajectoire n'a cessé de soulever des interrogations fondamentales.

09/2016

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Histoire internationale

La guerre du Cameroun. L'invention de la Françafrique 1948-1971

La légende veut que la France, " patrie des droits de l'homme ", ait généreusement amené ses anciennes colonies d'Afrique noire à l'indépendance en 1960. Une décolonisation pacifique en somme qui se serait faite dans la compréhension mutuelle et l'intérêt partagé de la France et de l'Afrique. Ce livre raconte une tout autre histoire : celle d'une guerre brutale, violente, meurtrière, qui a permis à Paris d'inventer un nouveau système de domination : la Françafrique. Cette guerre secrète a pour théâtre le Cameroun des années 1950 et 1960. Les autorités françaises, confrontées dans ce pays à un vaste mouvement social et politique, porté par l'Union des populations du Cameroun (UPC), décident à partir de 1955 de passer en force. En utilisant les mêmes méthodes qu'en Algérie (torture, bombardements, internements de masse, action psychologique, etc.), elles parvienent en quelques années à éradiquer militairement les contestataires et à installer à Yaoundé une dictature pro-française. En pleine guerre froide, et alors que l'opinion française a les yeux tournés vers l'Algérie, la guerre du Cameroun – qui a fait des dizaines de milliers de morts – est à l'époque passée inaperçue. Elle a ensuite été effacée des mémoires par ceux qui l'on remporté : les Français et leurs alliés camerounais. Le crime fut donc presque parfait : les nouvelles autorités camerounaises ont repris les mots d'ordre de l'UPC pour mettre l'indépendance du pays, si chèrement acquise, au service… de la France ! Mais la mémoire revient depuis quelques années. Et les fantômes du Cameroun viennent hanter l'ancienne métropole. Laquelle, de plus en plus contestée sur un continent africain en pleine ébullition, devra tôt ou tard regarder son passé en face.

10/2016

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Littérature française

Blanc Roy

1789. Gabrielle de Chamblain, son frère aîné Charles et leur frère de lait Pierre s'enthousiasment pour les idées nouvelles de la Révolution. 1793. Charles, devenu fervent patriote, s'engage comme volontaire pour aller défendre la Nation aux frontières. Pierre, comme beaucoup de bocains, ne cache plus son mécontentement et prend la cocarde blanche lorsque la Patrie réclame 300 000 hommes pour la guerre. Les convictions de Gabrielle vacillent. Lorsque son père, Charles-Gabriel de Chamblain, tente d'éviter une exécution sommaire au hameau, c'est le drame. Sur la défensive, les Républicains s'emportent : Charles-Gabriel est fusillé, malgré le vain sacrifice de sa femme, qui s'est jetée devant lui. Ivre de vengeance, Gabrielle se travestit et rejoint l'Armée Catholique et Royale d'Henri de La Rochejaquelein avec son ami Pierre. Celui-ci parvient à placer le jeune Gabriel, que tous croient âgé de treize ans, aux côtés du jeune général. Au fil des mois, l'amitié entre les jeunes gens se transforme. Si Gabrielle ne doute pas de son attachement à Henri, ce dernier se sent de plus en plus mal à l'aise en présence du garçon. Blessé au bras droit, Henri participe à la bataille de Cholet. L'affrontement vire au désastre. Alors que le général Lescure avait été blessé la veille, les généraux D'Elbée et Bonchamps sont grièvement atteints lors de l'assaut. Les Républicains prennent l'avantage. Mue par une peur irrépressible, une foule immense se dirige vers la Loire pour passer en Bretagne, au grand dam d'Henri et d'autres généraux. Les meneurs de la révolte sont mourants, des familles entières fuient la Vendée : la confusion et la panique règnent. Et Gabrielle suit le flot inexorable...

10/2016

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Egypte

Cléopâtre

Incontestablement, Cléopâtre est l'une des très rares figures historiques féminines à exercer une telle fascination sur l'imaginaire collectif. Cléopâtre VII est la dernière descendante de la dynastie issue du général macédonien Ptolémée, fils de Lagos, à régner sur le royaume hellénistique fondé en Egypte pharaonique : appelé le royaume lagide ou ptolémaïque. C'est une reine grecque, et non orientale comme la propagande octavienne la qualifiera. Elle est aussi et surtout une reine d'Egypte, fière de ses origines grecques, très attachée à la langue, la culture et l'autonomie de son royaume face à l'expansion de Rome, comme le rappelle son surnom Philopatris, qui aime sa patrie. Ses liens avec les grands généraux romains sont sans doute autant, si ce n'est plus, politiques que sentimentaux. Femme de pouvoir contre le pouvoir masculin romain. La propagande romaine, conduite par ses détracteurs, fera d'elle une séductrice intrigante, forte des pouvoirs de la sorcellerie, seuls éléments pouvant justifier la faiblesse de César et d'Antoine et leur renoncement aux grandes vertus romaines. La légende s'est saisie de son image, créant un mythe né de son vivant et devenu intemporel. Sa mort, dans des circonstances obscures, est depuis longtemps un sujet artistique, tant littéraire que pictural et, depuis un siècle, cinématographique, source d'inspiration intarissable, sans cesse renouvelée, touchant aux domaines les plus variés de la culture et même de l'économie. Cette étude tente de dénouer, au travers de sources multiples, le vrai du faux, entre légende et histoire, ce qui permettra une réhabilitation de la dernière reine d'Egypte. Après un doctorat en Histoire ancienne, Agnès Groslambert enseigne l'Histoire romaine à l'Université Jean Moulin à Lyon comme maître de conférences. Elle est spécialiste de l'Afrique romaine.

04/2023

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Histoire des idées politiques

Robert Henri Desbordes

Robert-Henri Desbordes (1921-1997). Il appartient au monde de la méritocratie qui trouve ses racines dans l'exigence de La Parabole des Talents, selon saint Matthieu. L'histoire que Robert-Henri, nous raconte, son histoire à lui, est un combat de tous les instants contre l'immobilisme et l'avilissement de l'Homme. La volonté, le courage et l'audace sont les garants d'un honneur qui guide son action vouée à l'amour de sa Patrie : la France. C'est un vrai parisien qui connaît parfaitement la Capitale, ses rues, ses avenues, ses faubourgs, ses places, mais aussi et surtout son histoire. Il a effectué toutes ses études au lycée Janson de Sailly, ainsi que sa préparation aux Grandes Ecoles, avant d'intégrer Centrale Paris. Il nous décrit avec beaucoup de précisions et d'humour ses années à Janson Paris, la " drôle de guerre " avec les chahuts et les actions de résistance des lycéens et des étudiants contre l'occupant Allemand et cet épisode historique de la célébration du 11 novembre à l'Arc de Triomphe. Une escapade en province, au Mans, au moment de l'entrée des armées allemandes dans Paris. Nous suivons avec délice et humour ses choix de vie et sa destinée dans les Mines du Nord et du Pas de Calais, à Bruay en Artois où il sera quelques années plus tard, ingénieur en chef de la Fosse 4. (Il a écrit sur ce sujet un livre, intitulé : Mineur, à Bruay en Artois, aux éditions G. de Bussac-1982) Un homme d'espoir que le destin a ravi trop tôt à son épouse, ses enfants et petits-enfants à qui il dédie ce livre posthume.

04/2023

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Troisième République

Lieux de mémoire des deux sièges 1870-1871. Guide de la ville de Paris

Le 11 novembre 1920, l'entrée du coeur de Léon Gambetta au Panthéon marque symboliquement la fin mémorielle de la guerre franco-allemande de 1870-1871. Alors que pendant plus de quarante-cinq années, la République a entouré de ferveur les combattants morts pour la patrie lors d'une défaite " victorieuse ", la vraie victoire de la Grande Guerre clôt ce temps de la mémoire. Progressivement, l'histoire de 1870-1871 est oubliée, ne laissant en lumière que l'épisode de la Commune. Cet oubli est si fort qu'en 1941 le général de Gaulle à Londres, souhaitant mobiliser les Français dans la bataille contre l'Allemagne, évoque une " guerre de trente ans " commencée en 1914 et qui s'achèverait – exceptionnelle prémonition – en 1944-1945. Or c'est d'une " guerre de soixante-quinze ans " donc qu'il fallait alors parler. Oublier la guerre de 1870-1871, c'est en effet s'interdire de comprendre ce formidable temps de l'opposition franco-allemande marquée par trois guerres qui se sont enchâssées entre 1870 et 1945. Cent-cinquante ans ont passé. Il nous a semblé nécessaire de remettre en lumière ce temps où les deux pays se combattent afin de mieux faire apparaître les soixante-quinze années de paix qui se sont ouvertes depuis 1945 grâce à la construction européenne. La mise en lumière de la guerre de 1870-1871 consiste d'abord à réintroduire dans l'oeil des citoyens du monde, et en particulier des citoyens français et allemands, le patrimoine né de ce conflit. Un patrimoine exceptionnellement riche fait de monuments, de stèles, de plaques, de cimetières et de sépultures. Ce guide des lieux de mémoire du Siège de Paris (1870-1871) en Ile-de-France (Paris) est une réponse du temps présent à un passé qu'il nous apparaît nécessaire de connaître.

10/2022

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Communication - Médias

Les journalistes et leurs médias en Afrique. Pensées mêlées en souvenir de Marie-Soleil Frère

Ce livre est un hommage à Marie-Soleil Frère, directrice de recherches au FNRS et enseignante à l'ULB. Il retrace le parcours académique d'une intellectuelle hors pair, impliquée à la fois dans la recherche, l'enseignement et la coopération en Afrique subsaharienne francophone. Durant 30 ans, elle a inlassablement étudié et questionné les journalistes et leurs médias notamment en Mauritanie, au Bénin, au Niger, au Tchad, au Rwanda, au Burundi, en République démocratique du Congo et, bien sûr, au Burkina Faso, sa seconde patrie. Elle a analysé leur rôle de témoins tout autant que d'acteurs de la vie politique et nous lègue un regard juste et complexe sur les dynamiques médiatiques, politiques, sociales et économiques du continent. Le livre réunit des recherches scientifiques tout à fait inédites mais aussi un grand nombre d'interventions de collaborateurs et collaboratrices, chercheurs et chercheuses, doctorants et doctorantes, amis et journalistes qui l'ont connue et appréciée. Tous réunis, à la croisée de la science et de l'hommage, ces textes retracent son parcours de vie impressionnant et passionnant et abordent les problématiques et enjeux cruciaux auxquels elle a consacré une énergie hors du commun. Ils dévoilent la trajectoire unique d'une chercheuse de terrain dévouée à l'Afrique et à ses journalistes. Son travail continuera d'éclairer non seulement les chercheurs, mais également toute personne qui s'intéresse au journalisme et à l'Afrique ou qui souhaite porter un regard critique sur la vision paternaliste sous-jacente à nombreux projets de coopération. Ce livre est un hommage à une femme-chercheuse-voyageuse engagée et lucide, un témoignage de son oeuvre intellectuelle et humaine ainsi qu'une impulsion pour l'avenir.

04/2022

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Littérature française

Mémoires de Lucien Bonaparte

" Depuis la République consulaire, sous tous les régimes, des pamphlétaires m'ont pris trop souvent pour but de leurs loisirs. Des révélations, des mémoires secrets, des recueils d'anecdotes, fruit d'une imagination sans pudeur et sans frein, ne m'ont pas ménagé. J'ai tout lu dans ma retraite. Je me suis d'abord étonné que n'ayant jamais fait de mal à personne, j'aie pu m'attirer tant de calomnies. Mon étonnement a cessé quand j'ai mieux apprécié ma position : éloigné des affaires publiques, sans influence et presque toujours en opposition sourde ou patente avec les puissances, quoique assez près d'elles pour qu'on redoutât sans cesse ma rentrée en faveur, comment la malice des courtisans aurait-elle pu me laisser en repos ? Et depuis la chute de ma famille, on n'a pas cru sans doute déplaire aux plus forts en continuant cette noble exploitation. Je me suis donc résigné à ce qui me paraissait l'effet naturel d'une position que j'avais choisie ou qui m'était imposée ; et j'ai laissé le champ libre aux braves gens qui aiment tant à frapper sur les proscrits. J'ai trouvé dans ma conscience de quoi me consoler de toutes les injustices. Aussi, n'est-ce pas dans un but personnel que je me détermine à publier ces mémoires. Je le fais parce qu'ils me semblent offrir des matériaux de quelque valeur à une histoire si féconde en grands évènements et dont l'étude sérieuse peut être utile à l'avenir de la patrie. L'opinion publique m'indiquera si je me suis trompé ; et dans ce cas, cette première partie de mes mémoires serait la seule que je me permettrais de publier.

02/2023