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Gaëlle Perrin-Guillet

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Sociologie

Enquete sur la visibilite des lesbiennes et la lesbophobie 2015

Ce document est le premier de ce type en France. Aucune enquête n'avait encore interrogé les lesbiennes sur la visibilité de leur orientation sexuelle et jamais un nombre aussi important de femmes (7 126 femmes partout en France ont répondu à notre questionnaire d'avril à juillet 2013) n'avait témoigné sur la lesbophobie. L'objectif de l'enquête est double : d'une part, établir la visibilité que les lesbiennes accordent aujourd'hui à leur orientation sexuelle et, d'autre part, déterminer la part d'entre elles qui se déclarent victimes de lesbophobie. Ainsi, faire connaitre les violences auxquelles les lesbiennes peuvent être confrontées et permettre une meilleure appréhension de la lesbophobie. Les résultats sont marquants : les lesbiennes sont très peu visibles. La visibilité par la parole est très peu développée : seules 26 % des répondantes parlent à tou-te-s les membres de leur famille et 18 % parlent à tou-te-s leurs collègues. La visibilité par les gestes dans l'espace public est quant à elle très contrôlée : plus de la moitié des répondantes font attention au contexte où elles se trouvent avant de tenir la main de leur partenaire ou de l'embrasser, et pour 63 % d'entre elles cette attitude s'explique par la peur des réactions hostiles. Les témoignages sur la lesbophobie permettent de comprendre cette peur. Près de 60 % des répondantes ont vécu au moins un acte lesbophobe au cours des 2 années précédant l'enquête. Parmi elles, 13 % déclarent y avoir été confrontées régulièrement. L'espace public apparaît comme un milieu hostile : 45 % des violences s'y déroulent, faisant de ce lieu le premier contexte de lesbophobie. La famille et le travail sont aussi des environnements lesbophobes régulièrement rapportés, concernant respectivement 14 % et 11 % des témoignages. Près de 2 ans après le vote de la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de personnes de même sexe, notre rapport dresse un état des lieux des vies des lesbiennes en France. Il met aussi en avant les progrès nécessaires dans une société encore trop inégalitaire pour les personnes LGBT en général et les lesbiennes en particulier. Trop souvent tue et invisibilisée, la lesbophobie est une forme de violence et de haine difficile à combattre. SOS homophobie en appelle aux pouvoirs publics pour que la violence mise en évidence dans notre rapport soit combattue avec force et détermination. Il ne suffit plus aujourd'hui de seulement constater que les lesbiennes n'ont ni une parole, ni des gestes libres, il est nécessaire que soit mise en place une politique ambitieuse et juste d'aide aux victimes, de lutte contre les LGBTphobies et pour l'égalité des sexes et des genres.

03/2015

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Bretagne

Contes et nouvelles du pont pissette

Contes et nouvelles, contes ou nouvelles ? La frontière n'est pas nette. Un seul impératif les gou­verne : ils doivent être brefs, pour pouvoir être lus d'un coup, dans une salle d'attente, ou entre deux stations de métro. C'est le format de ces vingt Contes et Nouvelles du Pont Pissette, écrits entre fé­vrier et juillet 2017. Bien qu'ils doivent leur titre à une célèbre passerelle quimpéroise, ainsi nom­mée en référence à un défunt édicule, seulement cinq d'entre eux ont un lien direct avec Quimper. Les autres, s'évadant du pont Pissette, embarquent le lecteur dans un tour de Bretagne à sensation, via Plomelin (Le match), Pont-l'Abbé (Trépas), Douarnenez et le Raz de Sein (Qui voit Ouessant), Boston et Brest (La Marseillaise), Huelgoat (Arlette), Silfiac et Séglien (Jeu de vilains), le camp de concentration de Neuengamme ? en rapport avec la Bretagne ? (Typhus) etc. Même lorsqu'ils s'ap­puient sur des faits réels, sont bien documentés et donnent aux personnages et aux lieux leurs noms véritables, ces contes et nouvelles ne visent pas la vérité historique. L'ima­ginaire les habite aussi ; l'approche, le style, le ton, sont littéraires : ce sont des oeuvres de fiction. Mystères de Quimper : à la lueur des becs de gaz, le fourgon de la guillotine entre en gare, arrimé sur un wagon-plateforme. Deux chevaux hissent la machine jusqu'à la Place Mesgloaguen : à l'aube, un homme va mourir. Au manoir de Kerlagatu, un duel à l'épée échappe à ses arbitres. Un funeste voyageur, arrivé dans la nuit, se répand sur la ville. Mystères d'autres lieux de Bretagne : la charrette de l'Ankou traverse Pont-l'Abbé ; une tragédie se joue la nuit, dans le Raz de Sein ; un lion sème la terreur du côté de Treffiagat ; un Lancaster de la RAF, chargé de bombes incendiaires, s'abat sur la Feuillée ; des marins dansent la gavotte sur le port de Guilvinec ; l'étudiant Arthur écrit à son père, médecin à Lamballe ; la laïcité reçoit le baptême à Landudal ? Tandis que l'eau coule sous le pont Pissette au rythme des marées, sous la garde de la dame-pipi, Tarzan brûle dans les chaudières de la préfecture, les serpents-minute tombent des arbres dans la jungle de Cochin­chine, et le SS Fiekers, alias Bel Ami, joue de son gummi et fait tirer dans le tas. Pépé, dans son pantalon garance, charge à la baïonnette contre un nid de mitrailleuses, le lieutenant Jim Europe dé­barque en jazz sur les quais de l'arsenal de Brest, et tout cela vous tombe dessus sans crier gare. On pourrait lire ces Contes et nouvelles du pont Pissette à voix haute, mais peut-être pas toutes aux enfants, avant de les coucher.

03/2021

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Musicologie

Revue de musicologie Tome 107 N° 1 (2021)

Un grand amour de Beethoven. Parcours de Brigitte et Jean Massin Esteban Buch Pratiques de l'écoute en disposition de salon. Une enquête historique et empirique Emmanuel Reibel et Benoît Haug Notes et documents Le fonds de manuscrits musicaux de Maurice Ravel des Archives du Palais princier de Monaco Manuel Cornejo Nécrologie En souvenir d'Yves Gérard (1932-2020) Jean-Michel Nectoux, Achille Davy-Rigaux et Catherine Massip Daniel Heartz (1928-2019) Michel Noiray Comptes rendus Du bruit à la musique. Devenir organiste, M. Balthazar Lucille Lisack The Cambridge History of Music Criticism, dir. Chr. Dingle Katherine Ellis Bourdieu et la musique. Enjeux et perspectives, dir. P. Kaelblen, I. Kirchberg et A. Robert Isabelle Mayaud Les "bandes" de violons en Europe. Cinq siècles de transferts culturels. Des anciens ménétriers aux Tsiganes d'Europe centrale, L. Charles-Dominique Forence Gétreau London Voices, 1820-1840. Vocal performers, practices, histories, dir. R. Parker et S. Rutherford Edward Gillin Discordant Notes. Marginality and Social Control in Madrid, 1850-1930, S. Llano Aimée Boutin Une pluralité audible ? Mondes de musique en contact, dir. Talia Bachir-Loopuyt et A. Damon-Guillot Luc Charles-Dominique The Powers of Sound ans Song in Early Modern Paris, N. Hammond Leendert van der Miesen Sex, Death & Minuets. Anna Magdalena Bach and Her Musical Notebooks, N. Hammond W. Dean Sutcliffe The Cambridge History of Sixteenth-Century Music, dir. I. fenlon et R. Wistreich Richard Freedman The Cambridge Encyclopedia of Historical Performance in Music, dir. C. Lawson et R. Stowell Benoît Haug Operatic Geographies. The Place of Opera and the Opera House, dir. S. Aspden Mark Everist El músico como intellectual. Adolfo Salazar y la creación del discurso de la banguardia musical espanola (1914-1936), Fr. Parralejo Masa Stefan Etcharry Coquettes, Wives, and Widows. Gender Politics in French Baroque Opera and Theater, M. Ray Lola Salem Kunst, Spiel, Arbeit. Musikerleben in Deutschland, 1850 bis 1960, M. Rempe Alexander K. Rothe La création musicale à Montréal de 1996 à 2006 vue par ses institutions, A. Couture Gilles Demonet Sense and Sadness. Syriac chant in Aleppo, T. Jarjour Estelle Amy de la Bretèque Analytical Essays on Music by Women Composers. Secular and Sacred Music to 1900, dir. L. Parsons et B. Ravenscroft Susan Wollenberg Paul Dukas. Legacies of a French Musician, dir. H. J. Minors et L. Watson Cécile Quesney Decomposed. The Political Ecology of Music, K. Devine Gavin Williams Ruinas sonoras de la modernidad. La canción popular sefardí en la era post-tradicional, E. Seroussi, trad. et éd. S. Asensio Llamas Susana Weich-Shahak Journal d'un critique musical lyonnais (1907-1940), L. Vallas, intro. Ph. Roger et J. Dorival, éd. J. Dorival Yves Balmer La ricerca musicologica in Italia. Stato e prospettive, dir. A. Caroccia Giulia Gio

04/2021

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Brésil

La puissance de l'espoir. Apolônio de Carvalho, les combats d'un internationaliste. Brésil, Espagne, France

Le 23 septembre 2005, Apolônio de Carvalho mourait à 93 ans. Disparaissait ainsi une figure emblématique de la gauche brésilienne, que tente de cerner cette biographie. En 1935, jeune lieutenant d'artillerie engagé dans l'ANL (Action de libération nationale), mouvement antifasciste, il est emprisonné à la suite d'un soulèvement communiste. Libéré en 1937, il rejoint les Brigades internationales en Espagne. Réfugié en France, après la défaite de la République espagnole, il participe à la Résistance au sein des FTP-MOI, dans le sud de la France ? : à Marseille, à Nîmes, à Toulouse. En août ? 1944, il commande les 2 ? 000 FFI qui libèrent Carmaux et Albi. En 1946, à son retour au Brésil, le Parti communiste brésilien (PCB) l'accueille tel un héros, mais l'interdiction de ce parti en 1947, lui impose de replonger dans la clandestinité. Vingt ans après, il quitte le PCB, en désaccord avec une ligne politique qui a réduit à l'impuissance les militants lors du coup d'Etat militaire de 1964. En 1967, Apolônio de Carvalho participe à la fondation du Parti communiste brésilien révolutionnaire (PCBR), qui s'engage, avec d'autres organisations révolutionnaires, dans une lutte armée brisée cinq années plus tard par la brutale répression du régime militaire. Arrêté en janvier ? 1970, emprisonné et torturé, la liberté d'Apolônio de Carvalho et de 39 autres militants est obtenue en juillet de la même année en contrepartie de celle de l'ambassadeur de la RFA séquestré par des groupes de guérilla. Le gouvernement algérien accepte de les accueillir. Mais la France, qui craint que les Brésiliens soient un ferment de rébellion, leur refuse tout visa d'entrée en France. Ses titres de résistant, la nationalité de sa femme, Renée, et de l'un de ses deux fils, parviendront difficilement à venir à bout de l'opposition du ministre de l'intérieur, Raymond Marcellin. Ce n'est qu'en 1972, qu'Apolônio de Carvalho revient enfin en France, où il poursuit son militantisme dans les conditions difficiles de l'exil. En 1979, il rentre au Brésil au bénéfice d'une amnistie générale octroyée par le régime militaire. En 1980, il adhère, dès sa fondation, au Parti des travailleurs (PT). Son caractère, sa détermination, son éthique militante et son optimisme ont marqué ceux et celles qui l'ont connu. En dépit de ses échecs, la certitude d'un avenir meilleur l'animait toujours. Il puisait cet optimisme dans la force de la solidarité, de l'espoir, et de l'idéal, autant de valeurs qu'il avait porté en Espagne et dans ses divers engagements. A la veille de sa mort, il avait encore le rêve de libération des exploités et des opprimés, qu'il s'était employé à concrétiser scrupuleusement dans ses combats internationalistes.

05/2023

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Histoire internationale

La parenthèse désenchantée. Une alternance marocaine

C e livre est né d'une rencontre, une rencontre entre un homme politique et une journaliste, l'un voulant témoigner et l'autre comprendre. Cet ouvrage est né aussi d'un désir urgent de comprendre. Comprendre ce rêve brisé qu'a été l'alternance consensuelle inaugurée par l'ancien premier ministre de gauche, Abderrahmane Youssoufi. Comprendre aussi ce goût d'inachevé que laisse la transition démocratique. Si les journalistes sont des témoins de l'événement, les acteurs politiques, sont eux aux premières loges d'une Histoire qui s'écrit au présent. Journalistes et politiques devraient justement se rencontrer au croisement de l'actualité et du témoignage dans une sorte de devoir de transmission aux générations futures. Les acteurs politiques restent de manière générale - réticents à l'écriture, aux témoignages qui engagent. Un excès de circonspection qui ne doit plus se justifier ! Il reste significatif des rapports existants entre le politique et l'écrit, entre la parole volatile et la trace indélébile. Ce trait culturel dominant n'est pas étranger à la dualité dans le discours, dans le comportement, dans les prises de position. Une manière de se protéger contre " la main invisible ". Or témoigner sur la base du vécu, n'est pas accuser. Témoigner n'est pas synonyme de désacraliser. Témoigner, c'est apporter une contribution - avec la subjectivité qui lui est propre - à la constitution d'une mémoire écrite, sur une base accumulative. Les jeunes générations sont exigeantes. Elles veulent comprendre. Elles ont besoin de repères précis pour mieux se situer. C'est un devoir moral que de faire de l'écrit un moyen pour enrichir notre mémoire et la rendre moins manichéenne. Une mémoire immobile est dangereuse. Elle favorise " la guerre des tranchées ", stérilise le débat et finisse les positions. Ce récit d'une transition inachevée a surgi de longues conversations entre les deux auteurs. Des conversations qui ont débuté à la fin du mois de juillet 2010 pour s'achever en février 2011. Des conversations pour procéder à une lecture de la décennie 1990 où notre pays a posé les premiers jalons du changement et de déceler les dysfonctionnements, les lacunes, les ratages d'une alternance pourtant bien née. Ce livre a été enfin écrit à quatre mains. L'homme politique et la journaliste ont essayé ensemble de procéder à ce travail d'introspection de l'alternance. II fallait convoquer les souvenirs, les notes, les documents. II fallait aussi plonger dans un passé tellement proche, toucher du doigt des plaies encore vives. L'alternance, malgré une durée très limitée (1998-2002) constitue une expérience nationale riche d'enseignements. Cependant, elle s'est terminée sur un sentiment d'inachevé qui a failli provoquer une nouvelle crise. Son début comme sa fin constituent un tournant dans la vie politique marocaine.

05/2011

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Littérature française

Le déséquilibre du monde

" Durant les sombres jours de Verdun où votre pénétrante sagacité et votre vaillance contribuèrent si puissamment à changer l'orientation du destin, je reçus de vous, mon cher général, une photographie, dont la dédicace rappelait que vous étiez mon disciple. Depuis lors, vous m'avez affirmé que ma doctrine vous avait guidé tandis que vous prépariez la victoire décisive du 18 juillet 1918 et pendant les opérations qui la suivirent. Le psychologue ayant la rare fortune de trouver un tel élève pour appliquer ses principes, lui doit une vive reconnaissance". Les civilisations modernes se présentent sous deux faces, tellement dissemblables, tellement contradictoires, que vues d'une planète lointaine, elles sembleraient appartenir à deux mondes entièrement différents. Un de ces mondes est celui de la science et de ses applications. Des édifices qui le composent rayonnent les éblouissantes clartés de l'harmonie et de la vérité pure. L'autre monde est le ténébreux domaine de la vie politique et sociale. Ses chancelantes constructions restent enveloppées d'illusions, d'erreurs et de haines. Des luttes furieuses le ravagent fréquemment. Cet éclatant contraste entre les divers domaines des grandes civilisations tient à ce que chacun d'eux est formé d'éléments n'obéissant pas aux mêmes lois et n'ayant pas de commune mesure. La vie sociale est régie par des besoins, des sentiments, des instincts légués par l'hérédité et qui pendant des entassements d'âges, représentèrent les seuls guides de la conduite. Dans cette région, l'évolution progressive demeure très faible. Les sentiments qui animaient nos premiers aïeux : l'ambition, la jalousie, la férocité et la haine, restent inchangés. Durant des périodes, dont la science révèle l'accablante longueur, l'homme se différencia peu du monde animal qu'il devait tant dépasser intellectuellement un jour. Dans cette région, l'évolution progressive demeure très faible. Les sentiments qui animaient nos premiers aïeux : l'ambition, la jalousie, la férocité et la haine, restent inchangés. Durant des périodes, dont la science révèle l'accablante longueur, l'homme se différencia peu du monde animal qu'il devait tant dépasser intellectuellement un jour. Restés les égaux des animaux dans le domaine de la vie organique, nous les dépassons à peine dans la sphère des sentiments. C'est seulement dans le cycle de l'intelligence que notre supériorité est devenue immense. Grâce à elle les continents ont été rapprochés, la pensée transmise d'un hémisphère à l'autre avec la vitesse de la lumière. Mais l'intelligence qui, du fond des laboratoires, réalise tant de découvertes n'a exercé jusqu'ici qu'un bien faible rôle dans la vie sociale. Elle reste dominée par des impulsions que la raison ne gouverne pas. Les sentiments et les fureurs des premiers Ages ont conservé leur empire sur l'âme des peuples et déterminent leurs actions.

03/2023

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Histoire internationale

Les "Protocoles des sages de Sion". Faux et usages d'un faux, Edition revue et augmentée

Le retour du plus célèbre faux de la littérature antijuive dans l'actualité, les Protocoles des Sages de Sion, nous a conduit à publier une nouvelle édition revue et augmentée de l'étude, épuisée depuis plusieurs années, que lui avait consacré Pierre-André Taguieff en 1992. Les " Protocoles " ont été fabriqués à Paris, en 1900-1901, par les services de la police politique secrète du Tsar, l'Okhrana, qui a fait appel, pour réaliser ce travail, au faussaire Matthieu Golovinski. Ce document, se présentant comme les minutes de séances secrètes tenues par les plus hauts dirigeants du " judaïsme mondial ", était censé révéler leur programme de conquête du monde. Dès 1921, la démonstration philologique a été faite qu'il s'agissait d'un faux paraphrasant le Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, pamphlet alors bien oublié de l'avocat Maurice Joly, publié à Bruxelles en 1864, et dirigé contre Napoléon III. Cependant, après cette démonstration sans appel, les " Protocoles " n'en ont pas moins continué leur course, jusqu'à devenir un best-seller planétaire. Le principal but des faussaires de l'Okhrana était de disqualifier toute tentative de modernisation " libérale " de l'Empire tsariste en la présentant comme une " affaire juive " ou " judéo-maçonnique ". De 1903 à la révolution d'Octobre, les " Protocoles " sont restés une arme idéologique dans les mains des antisémites russes et des policiers manipulateurs. Le faux n'est devenu le principal vecteur du mythe de la " conspiration juive mondiale " qu'après 1917. Le " péril juif " a pris les couleurs du " péril rouge " avec le meurtre de la famille impériale (17 juillet 1918), dénoncé comme un " crime rituel " commis par les " bolcheviks juifs ". Utilisés d'abord comme machine de guerre idéologique contre le bolchevisme, les " Protocoles " ont été exploités à d'autres fins : expliquer après coup le déclenchement de la Grande Guerre comme la défaite de l'Allemagne par une machination juive, dénoncer la prétendue collusion des Juifs et de la " haute finance internationale ", réduire les régimes démocratiques à des masques d'une " ploutocratie mondiale à tête juive ", stigmatiser le sionisme comme une entreprise juive occulte de domination du monde, enfin démoniser l'État d'Israël, mythifié en tant que centre du " complot juif mondial ". Les " Protocoles " sont ainsi présents dans l'attirail idéologique du " nouvel antisémitisme " qui se déchaîne après la guerre des Six Jours (juin 1967). Depuis, la nouvelle judéophobie à base " antisioniste " s'est enrichie des négations du " révisionnisme ", tandis que, dans les pays d'Europe de l'Est (communistes, puis post-communistes) comme dans les pays arabes et plus largement dans le monde musulman, la " conspiration juive internationale " est devenue le " complot sioniste mondial ".

10/2004

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Histoire de France

Je brulerai ma gloire

Historien de la condition des auteurs, des Grecs anciens à nos jours, Jacques Boncompain a couronné ses recherches par la publication d'un Dictionnaire de l'épuration des gens de lettres jugé " si nécessaire " par Jean d'Ormesson, fruit du dépouillement systématique des dossiers de la Commission nationale d'épuration conservés aux Archives Nationales. Des années durant il a vécu dans la compagnie de plus de 3000 auteurs, interprètes, producteurs et agents, sommés de rendre compte de leur comportement sous l'Occupation. Les côtoyer a changé son regard sur " un temps où manque toute lumière ", selon le jugement de Saint-Exupéry, et incité à élargir son étude aux deux principaux acteurs politiques du temps, le maréchal Pétain et le général de Gaulle. D'où ce nouvel essai. Le propre du Maréchal est d'être toujours demeuré en retrait. A Verdun, pendant la guerre du Rif, ambassadeur en Espagne, à chaque fois les autorités en place sont venues le chercher. Ce l'est de manière encore plus éclatante en 1940. Jules Jeanneney, Président du Sénat, reconnaît : " Il est incontestable qu'à ce moment tous les yeux étaient tournés vers le maréchal Pétain. Il était une sorte de bouée de sauvetage vers laquelle toutes les mains se tendaient. Il était certainement le seul nom autour duquel on pourrait faire l'union et la concorde de notre pays... " A 85 ans il ne s'est pas défaussé. Toute sa vie, entre deux solutions, il a choisi la plus exigeante. Doté des pleins pouvoirs, l'expatriation serait la plus facile. Par esprit de sacrifice il décide de rester en métropole et de s'interposer, autant que faire se peut, entre le peuple et l'envahisseur. Comme en 1916, mais en sous main, il va mener une guerre d'attente de l'arrivée des Américains. Au général Héring qui le félicite de son élévation au sommet de l'Etat, il répond tout de go : " A titre de martyr seulement. " Sans illusion sur ce qui l'attend il dit autrement : " Je brûlerai ma gloire. " Impossible, face à Hitler et la soldatesque allemande, d'empêcher toute atrocité. En fin de partie, il le sait, toutes lui seront comptées à charge, sans que soient prises en compte celles qu'il aura réussi à parer. D'avance il accepte d'être déshonoré par ceux qui lui devront la vie. Son amour de la France passe l'entendement, aussi ne sera-t-il pas compris. . Pendant quatre ans il va louvoyer et tenter de trouver un gentleman agreement avec Churchill qui dira en 1941 à son envoyé, le colonel Groussard : " Moi aussi, si je gouvernais votre pays, je ne dirais pas aux Allemands : " ; Je vous déteste ! " ; , parce qu' ; il faut toujours éviter le pire, avec acharnement... Moi aussi, je biaiserais, je chercherais à gagner du temps, à propos de tout : mais j' ; aiderais par tous les moyens possibles ceux qui restent mes compagnons d' ; armes... Dites à Vichy que je respecte profondément la personne du maréchal Pétain. Jamais je n' ; ai cru que cet homme puisse souhaiter la victoire allemande. " Telle n'est pas aujourd'hui l'opinion dominante, preuve que sur la période trouble de l'Occupation tout n'a pas encore été dit. Ce livre a le mérite d'ouvrir d'autres perspectives.

11/2019

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Histoire internationale

1917. L'année qui a changé le monde

1917 est une année décisive dans le déroulement de la Première Guerre mondiale mais aussi dans l'histoire du monde, et pas seulement d'un point de vue géopolitique ou militaire avec ses grandes batailles (Chemin des Dames, Caporetto) ou ses grands événements (échecs des pourparlers de paix lancés par l'Autriche-Hongrie et le pape, effondrement de la Russie, basculement de la Grèce dans le camp allié, premières mutineries et grèves des tranchées…). Dans tous les domaines, y compris scientifiques, culturels, intellectuels ou sociaux, cette année, comparable à 1789 ou 1815 par son ampleur, marque un bouleversement durable dont les conséquences se font encore ressentir de nos jours. 1917, c'est d'abord l'année des deux révolutions en Russie, donnant naissance au premier Etat communiste et à un mouvement politique mondial qui hantera tout le XXe siècle, drainant dans son sillage des dizaines de millions de victimes. C'est aussi l'année où, pour la première fois, les Américains interviennent militairement en Europe, loin de leur territoire. Ce ne sera pas la dernière… Leur motivation morale (Wilson) deviendra un leitmotiv jusqu'à nos jours pour justifier leurs interventions sur toute la planète. 1917, c'est encore l'année de la déclaration Balfour, qui promet aux Juifs la création d'un Etat sur les décombres de l'empire ottoman avec des conséquences sur l'équilibre de la région qui se poursuivent toujours ; la déclaration de Corfou, prévoyant la création (artificielle) d'une Yougoslavie, future épine sanglante dans l'histoire de l'Europe jusqu'à une date récente ; l'apparition de la notion de « guerre totale » dont les régimes fasciste, nazi et communiste développeront le concept jusque dans l'industrialisation des massacres ; le vote de l'Espionnage Act aux Etats-Unis, toujours en vigueur en 2016 ; la naissance du mouvement artistique dada et l'apparition pour la première fois du terme de surréalisme, qui bouleversera l'histoire des arts au XXe siècle. Mais aussi : la découverte des films de Charlie Chaplin, l'exposition où Duchamp présente son urinoir (« Fountain »), acte de naissance de l'art conceptuel, les premiers Ballets russes qui révolutionnent l'histoire de la danse, la création de la Coupe de France de football, l'invention de l'heure d'été pour réaliser des économies d'énergie en France, le premier décollage d'un avion sur un navire en marche, la formation du ministère charnière de Clemenceau, l'épopée de Lawrence d'Arabie, les morts de Buffalo Bill, Léon Bloy, Edgar Degas ou Durkheim, la naissance de Danielle Darrieux (toujours vivante), les apparitions de la Vierge à Fatima, les exploits aériens de Guynemer et Richthofen, la création du service de cinéma aux armées, les premier films de vampires et de super héros au cinéma, Marcel Proust qui termine le premier volume d'A la recherche du temps perdu, etc. L'ambition de cet ouvrage est de montrer 1917 sous tous ses aspects à l'aide d'une chronologie sélective, très écrite, commentée et richement illustrée. En ressort la conviction que cette année a bouleversé l'histoire du monde en creusant la tombe de l'Europe et partant de l'occident. Des focus seront également proposés pour raconter le 1917 de personnalités politiques et culturelles de premier plan (Hitler, Mussolini, Staline, De Gaulle, Churchill, Roosevelt, Ho Chi Minh, mais aussi Hemingway, Céline, Jünger, Drieu La Rochelle, Aragon, Picasso …).  Un livre absolument novateur et fera date.

11/2016

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Sociologie politique

Le président est-il devenu fou ?. Le diplomate, le psychanalyste et le chef de l'Etat

Quand Le président T. W. Wilson : portrait psychologique, paraît en 1966, co-signé par le Viennois Sigmund Freud et William Bullitt, un diplomate originaire de Philadelphie, beaucoup crient au faux et mettent en doute la participation du père de la psychanalyse à ce livre entièrement consacré à un chef d'Etat américain. L'ouvrage fait scandale. La polémique enfle puis s'éteint sans que la vérité sur ses auteurs ait été démontrée. Le livre imprimé n'était en fait que l'ombre du manuscrit achevé en 1932. Le texte avait subi de nombreuses amputations et corrections - plus de trois cents - opérées par Bullitt sans l'aval de Freud, décédé depuis presque trente ans. Une fois le diplomate américain disparu à son tour, on crut le manuscrit princeps perdu. Patrick Weil l'a retrouvé. Pour comprendre comment cette oeuvre a été conçue, y mesurer l'apport du père de la psychanalyse et saisir pourquoi elle a été censurée par son co-auteur, il nous faut plonger dans la vie de William Bullitt et le suivre, pas à pas, à travers les méandres de sa carrière diplomatique. D'abord proche conseiller de T. W. Wilson lors de la négociation du traité de Versailles qui devait, selon les voeux même du président américain, mettre fin à toutes les guerres et poser les fondements d'une paix mondiale via la SDN (La société des nations), Bullitt démissionne quand il découvre que le Président s'apprête à signer un traité qui dénature ses promesses, puis témoigne à charge contre lui devant le Sénat et l'opinion publique mondiale en septembre 1919. Quelques mois plus tard, à la grande surprise de Bullitt, Wilson sabote volontairement la ratification du traité... Comment un chef d'Etat peut-il détruire ce pourquoi il s'est battu ? Wilson, victime héroïque des revendications outrancières d'isolationnistes républicains comme l'Histoire l'a retenu ? La cause de son ahurissant retournement est-elle à plutôt à chercher dans la tête même du Président, son inconscient, ses mécanismes psychiques ? Le Président était-il devenu fou ? Bullitt en discute avec Freud, auprès duquel il suit une psychanalyse. C'est à Vienne, en 1930, que naît leur projet d'écrire ensemble un portrait psychologique du président américain. Grâce à Bullitt et Freud, on découvre une autre réalité du Traité de Versailles, un nouveau récit de la période 1936-1940 qui précède l'effondrement de la France. Car quatorze ans après sa fracassante démission de 1919, Bullitt est devenu l'un des grands diplomates de Roosevelt, premier ambassadeur américain en URSS, puis à Paris entre 1936 à 1940. A travers ce témoin privilégié de l'Histoire, on découvre les grands événements internationaux du XXe siècle en compagnie des géants de l'époque : Lénine, Staline, Roosevelt, Herbert Hoover, de Gaulle, Churchill, Tchang Kaï-chek, Léon Blum, Daladier, Jean Monnet et bien sûr Wilson. Et l'on déchire enfin le rideau qui nous obscurcit la vue sur un passé souvent mythifié et mystifié. Quatre-vingt-dix ans après l'achèvement de leur livre commun, l'appel de Bullitt et Freud à reconnaître chez nos dirigeants les symptômes d'une personnalité pathologique avant qu'ils ne nous mènent à des catastrophes résonne de toute sa force.

03/2022

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Contes et nouvelles

Nuit des Légendes 5

Le livre Nuit des Légendes 5 fait partie de la collection ethnographique Nuit des Légendes, qui illustre la vivacité de la littérature orale en ce début du XXe siècle. Ce livre réunit les contes traditionnels et les histoires du temps présent livrés avec mystère et malice par la conteuse Céline GUMUCHIAN et le conteur Pépito MATEO lors du spectacle organisé par l'association Nuit des Légendes dans le parc de la Mairie de Pleuven (Finistère) le 22 juillet 2022. On y retrouvera également les histoires des conteuses et du conteur qui ont animé la Balade contée du 9 septembre 2022 sur la commune de Pleuven : Lulu MOISAN, Alain SAINRAT, Sophie PABOEUF et YANNICK de MIRETTES-ECOUTILLES, et Marie-Thé SAINRAT. Et en bonus, on y découvrira un conte inédit de l'écrivaine Eve-Lyn SOL. Sommaire : "Nuit des Légendes 2022, Entre mystère et malice" , par Claude Arz Céline Gumuchian - Dans ma famille, on ne racontait pas - La Flèche - Le Témoin 25 - Le Colibri - Regarde ! - Nour de Tabriz - Le Rendez-Vous - Bibliographie De Céline Gumuchian Pépito Matéo - Comment je suis Devenu Conteur - Istanbul - Les deux jumeaux - La montre - Suikiriçaïra - Le Tara - La Rêverie - Bibliographie Sélective De pépito matéo 81 - CDgraphie sélective De Pépito Matéo Lulu Moisan - Les Korrigans et Les deux petites Chouettes du Lavoir du StyveL - BiBliographie de Lulu Moisan Alain Sainrat - Le Clou - Bibliographie D'Alain Sainrat Mirettes-Ecoutilles - Il Etait une Fois... Mirettes-Ecoutilles Sophie Paboeuf - Les Deux coups De Baguette magique, ou comment je suis Devenue conteuse - La Grotte des korrigans Yannick - Marie Mémère, Marie sans Dents, La Sorcière de Lîle Tristan - Bibliographie De Yannick Marie-Thé Sainrat - La P'tite Fourmi qui cherchait Le Bonheur - Bibliographie De Marie-Thé Sainrat Et un conte venu d'ailleurs... - Sur Les Ailes d'Ada, par eve-lyn sol - Bibliographie D'Eve-Lyn Sol Préface : Nuit des légendes 2022, Entre mystère et malice Entre mystère et malice, le spectacle Nuit des Légendes du 22 juillet 2022 fut une grande soirée, rassemblant plus de trois cents personnes dans le parc de la Mairie de Pleuven. Deux artistes, deux styles différents. En première partie, Céline GUMUCHIAN, la conteuse de bonnes aventures. En seconde partie, Pépito MATEO, le jongleur de mots. Céline Gumuchian, la conteuse de bonnes aventures Bretonne par sa mère, Arménienne par son père, Céline Gumuchian explique que cette double ascendance a influencé son destin de conteuse, les contes devenant des racines qui l'ont aidée à grandir, éclairant son chemin, sa place dans le monde. Je suis en amour des contes, de ceux qui nourrissent notre âme, surtout en cette époque de fer et de plomb, confie-t-elle. Elle ajoute qu'on ne trouve pas les contes mais que ce sont les contes qui nous trouvent, histoire d'avertir que les terres de l'imaginaire nourrissent les hommes souvent à leur insu. Céline Gumuchian est ainsi devenue une conteuse itinérante, initiée à l'art de la parole par d'autres conteurs tels que Michel Hindenoch, Jihad Darwiche, Gigi Bigot, Amandine Orban de Xivry, Ludovic Souliman... A son tour, elle est devenue gardienne de l'oralité, n'hésitant pas à rappeler que les contes populaires rééquilibrent les injustices, changent les rôles, ouvrent des perspectives et nous révèlent notre héroïsme. Sur la scène de Nuit des Légendes 2022, Céline Gumuchian, la conteuse de bonnes aventures, a invité le public dans son antre de magicienne des forêts, dans une ambiance mystérieuse aux frontières des contes et de la cartomancie. A tour de rôle, des spectateurs choisis au hasard ont tiré une carte divinatoire, sachant qu'à chaque carte correspondait un conte que la conteuse dévoilait au public. Aucun mauvais sort, seulement de bonnes aventures. Un univers propice à de multiples voyages fantastiques. Pépito Matéo, un jongleur de mots Pépito Matéo est un jongleur de mots qui trace depuis trente ans une voix originale dans la forêt de l'imaginaire contemporain. Chargé d'humour et de jeux de mots, Pépito Matéo est un conteur au long cours. Il a en effet reçu l'amour de la langue française dès son enfance car le petit Pépito a grandi du côté de Troyes (Aube), entre un père espagnol qui mélangeait parfois certaines consonnes et une mère champenoise aux expressions hautes en couleur. Très jeune, les mots lui ont semblé, confie- t-il, comme un jardin des possibles, laissant libre cours à l'imaginaire, dans leur mystère à créer des images, à générer des musiques par leurs sonorités. A l'école, il prenait déjà plaisir à inventer des histoires, des "mensonges" selon sa mère, ce qui lui a valu de nombreux renvois et une fin précoce de ses études secondaires (il a quitté l'école dès l'âge de 16 ans pour vivre de petits boulots et n'est retourné qu'à 23 ans à la fac de Vincennes, où il a appris à "penser librement"). Très vite, il s'est fabriqué des vies fictives, transformant le monde qui l'entourait en fabrique à histoires. Lors de son passage au Théâtre de Belleville, à Paris, en février 2022, Cristina Marino (Le Monde, 20 février 2022) décrira Pépito Matéo comme un éternel passeur de mots, d'histoires et de frontières. Il fait partie de ces artistes capables de dire la folie du monde tout en gardant cette légèreté salvatrice, cette jubilation de la parole vagabonde, qui nourrit les spectateurs. Sur la scène de Nuit des Légendes 2022, Pépito Matéo, tour à tour moqueur, farceur et surréaliste, a fait rire le public aux éclats pendant plus d'une heure, virevoltant sur scène, jonglant avec les mots, attrapant des contes qu'il tordait avec jubilation. Sans contrainte d'écriture, improvisant, oscillant entre humour et poésie pour mieux toucher le coeur des spectateurs, le malicieux Pépito Matéo a embarqué les grands et les petits dans ses contes où les baleines et les calamars sont des personnages à part entière. Une pluie de mots est tombée sur Pleuven devant un public hilare. Un triomphe. Claude ARZ Coat Questenn, Pleuven, octobre 2022

01/2023

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Sports

Quand le Bayern Munich de Franz Beckenbauer et de Gerd Muller dominait l'Europe et le monde. 1972-1976

Avec des footballeurs d'exception comme Franz Beckenbauer, Gerd Muller, Sepp Maier, Uli Hoeness, Paul Breitner, Franz Roth, Hans-Georg Schwarzenbeck, le Bayern Munich domina le football européen au milieu des années 1970 en remportant 3 coupes d'Europe des clubs champions consécutivement en 1974, 1975 et 1976. 6 joueurs de la formation bavaroise constituèrent également l'ossature de la RFA championne d'Europe des nations en 1972 et championne du monde en 1974. Cependant dans la mémoire collective du football européen et français les succès bavarois ne furent pas reconnus à leur juste valeur. Accusée tantôt d'être une équipe chanceuse, défensive, réaliste comme les formations italiennes, uruguayennes et argentines, le Bayern Munich et l'Allemagne de l'Ouest avec son ossature bavaroise commirent le crime de lèse-majesté pour les "idéalistes" et les "romantiques" du football de battre les "magnifiques" Pays-Bas de Johan Cruyff en finale de la coupe du monde le dimanche 7 juillet 1974, et pour les Français de battre l'AS Saint-Etienne en finale de la coupe d'Europe des clubs champions le 12 mai 1976. Le Bayern Munich, une sorte de Wehrmacht à visage humain, aurait imposé son hégémonie en Europe et dans le monde en bâtissant uniquement ses victoires sur les traditionnelles vertus du football allemand : efficacité, puissance physique, qualités mentales. Le Bayern Munich et la RFA auraient par conséquent été efficaces mais sans toutefois être capables de séduire les amateurs du beau jeu. Dans son huitième ouvrage Antoine Camacho remet en cause cette vision caricaturale marquée encore par les traumatismes de la Seconde Guerre mondiale, les victoires du Bayern Munich et de la RFA ayant eu lieu trente ans après ce conflit terriblement meurtrier. Si les victoires bavaroises et allemandes reposèrent en effet sur les vertus traditionnelles du football allemand, efficacité, puissance physique, qualités mentales, refus de la défaite jusqu'à la dernière seconde de la rencontre, elles reposèrent également sur un football portée sur l'attaque incarnée par le meilleur attaquant de l'histoire du football, Gerd Muller, ainsi que des qualités techniques et une intelligence tactique incarnée par le meilleur football allemand de l'histoire, Franz Beckenbauer. Le Bayern Munich de Franz Beckenbauer et de Gerd Muller fut la synthèse réussie de l'Internazionale d'Helenio Herrera et du tout à l'attaque de Moenchengladbach. En équipe nationale la RFA avec l'ossature bavaroise disputa entre 1970 et 1976 des matchs beaucoup plus spectaculaires que les Pays-Bas de Johan Cruyff (qui brilla surtout face à des équipes sud-américaines au creux de la vague dans les années 1970), le RFA-Angleterre et le RFA-Italie lors de la coupe du monde 1970 au Mexique, Angleterre-RFA et RFA-URSS au cours du Championnat d'Europe 1972, RFA-Suède la meilleure rencontre de la coupe du monde 1974, Yougoslavie-RFA et Tchécoslovaquie-RFA au cours du championnat d'Europe 1976.

11/2018

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Religion

Thérèse de Lisieux

Le centenaire de Thérèse a vu éclater un certain nombre de différends sur sa vie et ses écrits. J. -F. Six et R. Laurentin s'étaient opposés publiquement dans Paris-Match et ailleurs. Ils n'ont pas voulu en rester là. Hommes de dialogue, persuadés qu'une confrontation vaut mieux que la polémique et que la lumière de Thérèse porte en elle les chances de toutes les conciliations, les deux auteurs se sont rencontrés devant un magnétophone les 4-6 juillet et le 24 août 1973. Ils ont confronté leurs perspectives sur les questions controversées : le père et la mère de Thérèse, son milieu, le substrat psychanalytique, l'édition des Derniers Entretiens, la nuit de la foi de Thérèse, son actualité, etc. Ils ont tenté de faire converger leurs lumières sans faire cadrer leurs perspectives, d'élargir le débat plutôt que de l'étriquer. Le résultat est extraordinairement positif. La physionomie de Thérèse prend un nouveau relief. Ce dialogue est un bilan des travaux du centenaire et une prospective des recherches en cours : ce qui reste de documents à dévoiler, à éditer ; ce que l'éclairage interdisciplinaire des diverses méthodes scientifiques peut encore apporter ; l'actualité de Thérèse et ce que réserve encore son mystère. Les questions disputées se trouvent réglées parce qu'elles sont éclairées et situées. En terminant, J. -F. Six et R. Laurentin ont pu se poser mutuellement la question : Pour vous, comme homme de foi, qui est Thérèse ? Que représente-t-elle ? Ce livre tonique est à la fois un bilan et un programme au plan de la recherche et de la vie personnelle. Il atteste la fécondité des conflits bien surmontés, et surtout les dimensions méconnues de Thérèse de Lisieux qui reste une source pour notre temps. Jean-François Six Responsable national du Service Incroyance/Foi, consulteur, à Rome, au Secrétariat pour les non-croyants, docteur ès lettres et docteur en théologie, professeur à l'Institut catholique de Paris. S'est attaché à étudier d'un côté l'athéisme contemporain et de l'autre les mystiques contemporains : Charles de Foucauld, Antoine Chevrier, par exemple. C'est dans ce projet d'ensemble que se place son étude en deux volumes sur La véritable enfance de Thérèse de Lisieux et Thérèse de Lisieux au Carmel (Seuil, 1972 et 1973) ; J. -F. Six s'est attaché à montrer quelle révolution spirituelle radicale Thérèse de Lisieux accomplit par rapport à la mystique de son époque et à quel point cette sainte a saisi par avance, avec un sens prophétique extraordinaire, ce que Paul VI a appelé le problème le plus grave de notre époque : l'incroyance. René Laurentin Professeur à l'Université catholique d'Angers. Auteur de Thérèse de Lisieux. Mythes et réalité (Beauchesne). Sa thèse de doctorat ès lettres et ses travaux d'avant le Concile ont élargi les horizons de la "mariologie" préconciliaire, pour faire resurgir le vrai visage de la Vierge Marie, à sa place dans l'histoire du Salut et dans la Communion des saints.

01/1973

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Littérature étrangère

L'autre procès

Ce livre est le commentaire des lettres écrites par Kafka à sa fiancée Felice Bauer. Il n'est cependant pas, il s'en faut de beaucoup, un ouvrage de critique littéraire. De toute évidence, la lecture des Lettres à Felice (qui n'étaient pas destinées à la publication) a bouleversé Canetti. Il n'est pas exagéré de dire que le commentaire de ces Lettres, qui, abstraction faite de ce que l'on sait de Kafka par ailleurs, n'auraient peut-être en elles-mêmes rien d'admirable, constitue en même temps que la biographie la plus intime de Kafka l'une des plus extraordinaires méditations sur l'amour (ou le non-amour). Rien en effet ne permet à qui ne lirait que les lettres de Kafka de se rendre compte que la rencontre qu'il fit de Felice le 13 août 1912 excita sa fécondité au point que c'est alors qu'il écrivit Le Verdict (en dix heures) et le début de L'Amérique (épisode du Chauffeur). Rien ne lui permettrait non plus de comprendre comment, préparant son mariage avec Felice, Kafka en vint à écrire à la messagère de celle-ci, Grete Bloch, de véritables lettres d'amour, en un transfert de personnes, où l'idée de l'amour et l'absolu du désir s'isolent de toute personne concrète. Et si l'aversion de Kafka pour la forme d'existence du couple s'affirme dans les lettres avec une force qui change la femme aimée en suprême danger, seule la minutieuse analyse de Canetti permet de saisir comment, des fiançailles officielles de Berlin le 1er juin 1914 dont Kafka dira qu'il s'y sentit "ligoté comme un criminel" au "tribunal" de la rupture quelques semaines plus tard (14 juillet 1914), rien ne pouvait mieux que cette rupture même redonner à Kafka la force créatrice que l'amour lui avait donnée tout d'abord... La plupart des exégètes de Kafka sont familiarisés avec la thèse selon laquelle Le Procès, commencé précisément en août 1914, a pour source biographique cette rupture. Mais le véritable sujet de l'ouvrage de Canetti n'est pas là. Il est dans l'examen d'une dérobade qui dura cinq ans, car le "tribunal" d'août 1914 ne mit pas fin à l' "atermoiement illimité", et plus généralement d'une fuite devant l'amour, que Canetti, rejoignant une pensée qui lui est chère, identifie à l'exigence infinie de se soustraire à quelque forme de pouvoir que ce soit. Le lecteur jugera si chez Kafka ce refus ne va pas de pair avec la volonté sourde d'exercer un pouvoir spirituel absolu sur la femme aimée. Peu d'ouvrages en tout cas ont apporté autant de réflexion profonde à l'examen d'un problème où des hommes aussi riches et parfois mieux armés que Kafka se perdirent.

04/1972

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Sciences historiques

Combats pour l'enfance. Itinéraire d'un faiseur d'opinion, Alexis Danan (1890-1979)

Pascale Quincy-Lefebvre Combats pour l'enfance Itinéraire d'un faiseur d'opinion, Alexis Danan (1890-1979) "Il ne suffit plus que l'opinion publique larmoie, ou vitupère en vase clos. Si son émoi est sincère, elle doit agir, affirmer clairement sa résolution d'avoir le dernier mot... Retroussons nos manches, et, s'il vous plaît, à la pioche" . En date du 31 mai 1936, l'appel a pour sujet "? l'enfance malheureuse ? ", "? l'enfance qui souffre ? ", "? l'enfance tout court ? ". Son auteur, Alexis Danan (1890-1979), est un professionnel de la grande presse française. Né en Algérie peu avant l'affaire Dreyfus, monté à Paris au lendemain de la Grande Guerre, il fait carrière dans le reportage social et la chronique, d'abord à Paris ? -? Soir, puis dans des journaux issus de la Résistance. Maniant "? l'épée du scandale ? " contre l'Administration pénitentiaire, l'Assistance publique ou les mauvais parents contre les "? bagnes d'enfants ? ", pour les droits de l'enfant ou la cause de l'adoption, le journaliste partage son indignation avec ses lecteurs pour que l'enfance soit placée "? sous la protection du public ? ", "? comme il en est des jardins et monuments des villes ? ". Interpellant les autorités, il initie un réseau national de Comités de vigilance et d'action pour la protection de l'enfance malheureuse. Jusqu'aujourd'hui, des hommes et des femmes se regroupent pour répondre à cet appel. Que dit cette vie d'un homme de presse et dirigeant associatif sur la façon de porter la "? cause de l'enfance ? " au xxe siècle ? Ses choix, ses échecs, sa capacité à coller à une époque ou la difficulté à la rattraper sont autant de voies d'entrée dans les recompositions de l'action pour l'enfance en danger dans l'espace public. Acteur et révélateur d'une histoire sensible, sociale et politique autour d'un enfant devenu précieux, Alexis Danan, homme de carrefour, côtoie les grandes consciences morales du temps. Témoin des restructurations des politiques de l'enfance et de la famille, il a défendu une certaine image de la démocratie et des corps intermédiaires à l'ère des masses. Dix ans après sa mort, les parlementaires votent la loi du 10 juillet 1989 relative à la prévention des mauvais traitements à l'égard des mineurs et à la protection de l'enfance. Parce que association pionnière, la Fédération des Comités Alexis-Danan dite "? Enfance Majuscule ? " fait toujours partie du groupement d'intérêt public administrant le service communément appelé "? Allô Enfance en Danger ? ". Pascale Quincy-Lefebvre, historienne à l'Université d'Angers (Pres UNAM), est rattachée au Centre de recherche historique de l'Ouest (UMR CERHIO). Elle travaille sur les politiques sociales et s'est spécialisée dans l'étude de l'histoire de l'enfance et de la famille. Elle fait partie du comité de rédaction de RHEI (Revue d'histoire de l'enfance irrégulière), fruit d'une col

06/2014

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Syndicats

Droit de la représentation du personnel. Edition 2023-2024

Le droit de la représentation du personnel occupe aujourd'hui une place essentielle dans les relations collectives de travail. Cette place est liée à la fois à l'histoire sociale de la France, au renforcement de la démocratie sociale, avec un rôle sans cesse plus important conféré aux représentants du personnel, à une attention croissante portée aux questions de santé et de sécurité dans l'entreprise ainsi qu'à de nouvelles conceptions de la communauté de travail. En bouleversant l'organisation de la représentation du personnel, les ordonnances du 22 septembre 2017 ont pris en considération ces nouveaux rôles et affiché comme objectif de favoriser le dialogue social dans l'entreprise avec un comité social et économique unique, polyvalent et mieux formé ; ce même si la disparition du CHSCT engendre des interrogations sur l'organisation future des politiques de prévention en entreprise. Cet ouvrage, né de la refonte complète du Guide des élections professionnelles et du Guide du CHSCT, vise à rendre compte de ces différentes problématiques. Mais, avant tout, il a pour vocation de décrypter et d'analyser de manière très concrète le nouveau droit de la représentation du personnel en s'appuyant sur les textes anciens et nouveaux, sur la jurisprudence et sur la pratique. C'est ainsi qu'il explique les conditions de mise en place - y compris pendant la période transitoire prévue par les ordonnances - d'organisation et de fonctionnement du conseil économique et social ; il explicite les conditions de la représentativité syndicale et de la désignation des représentants syndicaux, il décrit également le statut protecteur des représentants du personnel et traite de la gestion des contentieux. Il est notamment à jour des lois du 29 mars 2018, 30 juillet 2018 et 5 septembre 2018. L'ouvrage s'adresse aux avocats, magistrats judiciaires et administratifs, juristes d'entreprise, DRH, organisations syndicales, représentants élus et syndiqués, inspecteurs du travail ainsi qu'aux étudiants. Grégoire Loiseau est professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris 1) où il dirige le Master 2 de droit social. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages en droit des obligations et en droit des personnes et de nombreux articles sur le droit du travail. Pascal Lokiec est professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris 1). Il est l'auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur le droit du travail. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est conseiller à la Cour de cassation. Elle a été pendant dix ans présidente de l'association nationale des juges d'instance. Elle est l'auteur ou le coauteur de nombreux articles sur le droit de la représentation du personnel. Elle est membre du conseil d'administration de l'INTEFP. Pierre-Yves Verkindt est professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris 1) où il codirige le Master 2 Juriste de droit social. Il est l'auteur de nombreuses publications notamment en matière de protection de la santé des travailleurs.

03/2023

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Cinéma

Brigitte Lahaie. Les films de culte, avec 1 DVD

Vivez l'aventure incroyable du cinéma d'exploitation des années 70 et 80, à travers le parcours et les films de Brigitte Lahaie, la plus culte des actrices françaises. Un livre regorgeant de superbes photos, d'interviews, d'anecdotes, d'infos et d'analyses, et accompagné d'un DVD bonus exclusif ! Tout a commencé quand deux cinéphiles, Cédric Grand Guillot et Guillaume Le Disez, fans de films de genre, réalisent que personne n'a, à ce jour, raconté les exploits cinématographiques de Brigitte Lahaie. Brigitte Lahaie, l'icône de l'âge d'or du X français, mais dont la carrière et l'aura, toujours intactes aujourd'hui, ne sauraient se réduire à la pornographie. En effet, elle a joué dans plus d'une centaine de films de tous genres, de l'horreur au polar, en passant par l'aventure et la comédie. Soit ce qu'on appelle communément le " cinéma bis ", un cinéma populaire à la marge des grosses productions mais qui fit les beaux jours des salles de quartiers des années 70 et 80. Assurés du soutien de Brigitte elle-même, co-auteur du livre, celui-ci retrace donc deux décennies folles, où une jeune femme timide découvre le fascinant pouvoir de son corps. Elle embrasse le courant joyeux et libertaire qui soufflait alors sur la production érotique et pornographique, en affirmant une liberté sexuelle absolue dont elle deviendra l'incarnation, avant de travailler avec des stars telles que Christopher Lee, Alain Delon, Henri Verneuil, Helmut Berger, Roger Carel, Stéphane Audran, Aldo Maccione, Jean-Jacques Beineix, Pierre Richard, Max Pécas, Michel Galabru et bien d'autres... Brigitte Lahaie, Les films de culte invite le lecteur à embarquer dans ce voyage via de nombreux entretiens, témoignages, surprises et révélations, mais aussi d'images fortes et souvent rares, telles de nombreuses photos de plateau inédites. Avec les contributions de Francis Mischkind, producteur et distributeur, fondateur d'Alpha France, Gérard Kikoïne, réalisateur et auteur du récent Kikobook, René Chateau, producteur et distributeur, Burd Tranbaree, réalisateur, Fabrice du Welz, réalisateur, Richard Allan alias "Queue de béton", comédien, Philippe Vandel, journaliste, ainsi que de nombreux autres. Le livre accueille aussi les " visions " de l'icône Brigitte Lahaie par des graphistes ou artistes tels que Jean-Sébastien Rossbach ou il Maestro Milo Manara. Enfin, un DVD bonus inclus dans le livre rassemble des bandes-annonces, des extraits, des interviews et un documentaire. Si les images de Brigitte Lahaie ont guidé votre éveil à la sexualité et que chacune de ses apparitions filmées vous inspire une volupté langoureuse, si vous aimez la poésie des films de Jean Rollin, dont Brigitte Lahaie fut l'égérie, si vous avez un faible pour les nanars sympas avec des infirmières maléfiques, des nazis crétins, de l'humour en-dessous de la ceinture ou des femmes-flics avec des gros calibres, soyez les bienvenus ! Le contenu de ce livre et de son DVD est strictement interdit aux moins de 16 ans.

11/2016

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Récits de voyage

Voyage en Suisse

Au lendemain de l'insurrection parisienne des 5 et 6 juin 1832 contre le régime de Louis-Philippe, Alexandre Dumas, soupçonné d'y avoir pris part et menacé d'arrestation, ressent la nécessité de quitter la France pour quelque temps. Il y est, par ailleurs, incité par le déclin de sa santé dû à une attaque de choléra : Mon médecin m'ordonna ce qu'un médecin ordonne lorsqu'il ne sait plus qu'ordonner : un voyage en Suisse. En conséquence, le 21 juillet 1832, je partis de Paris. Les Impressions de voyage qu'il publie à son retour ne tarderont pas à devenir un titre générique pour tous les récits de voyage sortis de sa plume : en Italie, aux bords du Rhin, en Espagne, en Afrique du Nord, en Russie, au Caucase... Croyant composer un livre, Dumas invente un genre, presqu'à son usage particulier. Un genre aux lois fantasques, qui n'est pas une simple relation de voyage, mais intègre différents écrits : chroniques historiques, contes, légendes, anecdotes, nouvelles contemporaines, rencontres avec d'illustres personnages comme Chateaubriand ou la reine Hortense, profession de foi républicaine... Le Voyage en Suisse apparaît donc comme le laboratoire, ô combien délectable, de la prose narrative dumasienne. Genève est, après Naples, une des villes les plus heureusement situées du monde. Paresseusement couchée à la base du mont Salève, elle semble n'avoir autre chose à faire que de regarder avec amour les mille villas semées aux flancs des montagnes neigeuses ou couronnant le sommet des collines. Sous ce beau ciel, devant ces belles eaux, il semble qu'elle n'a qu'à respirer pour vivre. Et cependant, cette odalisque nonchalante, c'est la reine de l'industrie, c'est la commerçante Genève, qui compte quatre-vingt-cinq millionnaires parmi ses vingt mille enfants. Je ne connais pas de moine, de chartreux, de trappiste, de derviche, de fakir, de phénomène vivant, d'animal curieux que l'on montre pour deux sous, qui fasse une abnégation plus complète de son libre arbitre que le malheureux voyageur qui monte dans une voiture publique. Dès lors, ses désirs, ses besoins, ses volontés sont subordonnés au caprice du conducteur dont il est devenu la chose. Je feuilletais mes guides comme des manuscrits. Pas une ruine ne s'offrait sur notre route dont je ne les forçasse de se rappeler le nom, pas un nom dont je ne les amenasse à m'expliquer le sens. Ces histoires éternelles m'ont toutes été racontées plus ou moins poétiquement par ces enfants des montagnes. Mais cependant, peut-être, ils ne le répéteront pas à leurs enfants. Car de jour en jour, le sourire incrédule du voyageur esprit fort arrête sur leurs lèvres ces légendes naïves qui fleurissent, comme les roses des Alpes, au bord de tous les torrents, au pied de tous les glaciers. Alexandre Dumas

09/2005

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Droit

Revue méditerranéenne de droit public N° 9 : Liberté(s) ! En Turquie ? En Méditerranée !

La Revue Méditerranéenne de Droit Public, née en 2013 au sein du Collectif l'Unité du Droit, met en avant les travaux du Laboratoire méditerranéen de Droit Public. "Vivre comme un arbre, seul et libre. Vivre en frères comme les arbres d'une forêt" ainsi que nous avait engagé à le vivre le poète Nâzim Hikmet. Le présent ouvrage est un cri d'alarme(s) et de détresse(s) à destination de tous les citoyens, décideurs politiques et membres de la Communauté universitaire en France mais aussi et surtout autour du bassin méditerranéen. Matérialisé en urgence au mois de juin 2018 et publié le jour des élections présidentielles et législatives turques alors que la situation de plusieurs collègues turcs a attiré l'attention de nombreux réseaux académiques dont le Laboratoire méditerranéen de Droit Public, il a été décidé d'offrir un témoignage d'amitié et de fraternité aux membres de la Communauté universitaire de Turquie, menacée de privation(s) de liberté(s) par le régime du Président Erdogan. En particulier, l'ouvrage est adressé à notre ami le professeur Ibrahim O Kaboglu, directeur de l'équipe turque du Laboratoire méditerraneen de Droit Public. L'opus résolument tourné vers l'espoir, le Droit et les libertés, se compose de trois parties : la première revendique davantage de libertés d'expression(s) pour nos collègues turcs et offre au lecteur plusieurs points de vues comparés sur les libertés académiques en Méditerranée (Partie I). Par suite, le livre propose de façon militante et assumée des analyses et propositions en faveur du droit constitutionnel et des libertés en Turquie (Partie Il) et en Méditerranée (Partie Ill). Comme l'espère le président Jean-Paul Costa dans son avant-propos, "puisse cet ouvrage collectif, cet hommage solidaire, dépasser le seul symbole ; puissent les témoignages de ces femmes et de ces hommes influer quelque peu sur le cours des choses ! Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre : il fallait en tout cas essayer". Ce livre comprend une trentaine de contributions auxquelles ont participé plus de quarante contributeurs depuis plusieurs pays méditerranéens (Espagne, France, Italie, Liban, Maroc, Turquie) : M le Président Costa, Mmes et MM les professeurs Afroukh, Basilien-Gainche, Bockel, Bonnet, Fontaine, Freixes, Gaillet, Groppi, Iannello, Larralde, Laval, Malaret, Marcou, Mathieu, Maus, Prieur, Rousseau, Starck, Touzeil-Divina & Turk ainsi que Mmes Abderemane, Elshoud, Espagno-Abadie, Eude, Fassi de Magalhaes, Gaboriau, Mestari, Perlo, Rota, Schmitz & MM Altinel, Barrue-Belou, Bin, Degirmenci, Friedrich, Gelblat, Makki, Meyer, Ozenc & Sales. L'image de première de couverture a été réalisée, à Beirut, par Mme Sara Makki. Le présent ouvrage a reçu le généreux soutien du Collectif L'Unité du Droit (CLUD), du Laboratoire méditerranéen de Droit Public (LMDP), de l'Association francaise de Droit Constitutionnel (AFDC) & de L'Association internationale de Droit Constitutionnel (AIDC). Réunies par M le professeur Touzeil-Divina, les présentes contributions parues le jour des élections présidentielles & législatives turques sont un cri d'alarme et un message de fraternité envoyés aux membres de la Communauté universitaire de Turquie.

08/2018

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Histoire de France

L'insurrection de la Grande Kabylie en 1871

Le désastre de Sedan (le l' septembre 1870) sonna le glas du régime militaire en Algérie. Les colons d'Algérie accueillirent avec enthousiasme l'avènement de la république en France. Ils pensaient qu'elle allait favoriser l'assimilation juridique de l'Algérie et donc lever pour eux les obstacles à l'expansion agraire coloniale. La défaite de Sedan, la chute du second empire puis la Commune (de mars à mai 1871) plongèrent l'Algérie dans un profond désordre. L'arrogance des colonialistes n'eut plus de bornes. Les officiers en uniformes ("les capitulards" de Sedan) étaient pourchassés par les civils lors des manifestations de rue. Le spectacle que les Européens offraient aux Algériens musulmans fit vaciller l'ordre colonial. Seul le "péril indigène" avait justifié jusqu'alors les prérogatives de l'armée dans l'Algérie coloniale. Les civils d'Algérie qui se faisaient fort de maintenir seuls l'ordre colonial allaient vite déchanter. Une insurrection d'une ampleur inédite éclata alors menaçant sérieusement le système colonial. Les militaires français qui administraient le pays ont globalement été rendus responsables de l'insurrection. Selon leurs détracteurs, ils avaient favorise la concertation des conjurés afin de prouver au gouvernement civil que k pays n'était pas encore suffisamment pacifié pour accueillir de nouveaux colons et justifier l'application d'un régime administratif civil. Autrement dit, les militaires auraient provoqué l'insurrection afin de se rendre indispensables. L'ouvrage de Robin n'écarte pas cette hypothèse. Mais l'élucidation des ressorts et des différentes formes de mobilisations qui ont encadré l'insurrection est surtout la meilleure façon d'éclairer les recompositions politiques et religieuses qui travaillaient la société algérienne en profondeur. L'insurrection de 1871 a en effet été impulsée et encadrée par deux types d'organisations et de leaders distincts, les uns laïcs, les autres religieux : les Oulad-Mokrani et la confrérie Rahman . Les premiers déclenchèrent l'insurrection et l'encadrèrent seuls durant vingt-cinq jours, du 14 mars au 8 avril, jour où le cheikh de la confrérie religieuse, Mohamed Chérif Amzian El-Haddad, décréta la guerre sainte. Si la mort du principal leader des Mokrani, El-Hadj Mohammed Mokrani, k 5 mai 1871, affecta peu le cours de l'insurrection, la reddition du chef religieux, le 13 juillet 1871, amena la soumission de la plupart des tribus kabyles qui s'étaient soulevées à l'appel pour le jihad. De sorte que, à partir de cette date, seul le frère de Mohamed Mokrani, Bou Mezrag, qui avait pris la succession de son aine, poursuivit les hostilités avec un dernier carré d'irréductibles. La bipolarité de la direction de l'insurrection a été soulignée, àjuste titre ; il nous semble néanmoins que la plupart des historiens ont eu tendance à confondre les mobiles et les stratégies particulières des deux leaders de l'insurrection, Hadj Mohamed Mokrani et cheikh El-Haddad, avec les ressorts qui ont réellement ébranlé les insurgés. Ce sont ces ressorts que l'ouvrage magistral du colonel Robin éclaire.

12/2018

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Théâtre

Le Roi s'amuse. Une pièce de théâtre de Victor Hugo

Qui mieux que Victor Hugo pouvait présenter une de ses plus belles pièces : "La pièce est immorale ? croyezvous ? Estce par le fond ? Voici le fond. Triboulet est difforme, Triboulet est malade, Triboulet est bouffon de cour triple misère qui le rend méchant. Triboulet hait le roi parce qu'il est le roi, les seigneurs parce qu'ils sont les seigneurs, les hommes parce qu'ils n'ont pas tous une bosse sur le dos. Son seul passetemps est d'entreheurter sans relâche les seigneurs contre le roi, brisant le plus faible au plus fort. Il déprave le roi, il le corrompt, il l'abrutit il le pousse à la tyrannie, à l'ignorance, au vice il le lâche à travers toutes les familles des gentilshommes, lui montrant sans cesse du doigt la femme à séduire, la soeur à enlever, la fille à déshonorer. Le roi dans les mains de Triboulet n'est qu'un pantin toutpuissant qui brise toutes les existences au milieu desquelles le bouffon le fait jouer. Un jour, au milieu d'une fête, au moment même où Triboulet pousse le roi à enlever la femme de monsieur de Cossé, monsieur de SaintVallier pénètre jusqu'au roi et lui reproche hautement le déshonneur de Diane de Poitiers. Ce père auquel le roi a pris sa fille, Triboulet le raille et l'insulte. Le père lève le bras et maudit Triboulet. De ceci découle toute la pièce. Le sujet véritable du drame, c'est . Ecoutez. Vous êtes au second acte. Cette malédiction, sur qui estelle tombée ? Sur Triboulet fou du roi ? Non. Sur Triboulet qui est homme, qui est père, qui a un coeur, qui a une fille. Triboulet a une fille, tout est là. Triboulet n'a que sa fille au monde il la cache à tous les yeux, dans un quartier désert, dans une maison solitaire. Plus il fait circuler dans la ville la contagion de la débauche et du vice, plus il tient sa fille isolée et murée. Il élève son enfant dans l'innocence, dans la foi et dans la pudeur. Sa plus grande crainte est qu'elle ne tombe dans le mal, car il sait, lui méchant, tout ce qu'on y souffre. Eh bien ! la malédiction du vieillard atteindra Triboulet dans la seule chose qu'il aime au monde, dans sa fille. Ce même roi que Triboulet pousse au rapt, ravira sa fille, à Triboulet. ". . La présentation cidessus est extraite d'un texte que Victor hugo écrivit en défense de sa pièce qui fut interdite dès le soir de la première représentation, la monarchie de Juillet ne tolérant pas plus qu'une autre, et malgré la révolution de 1830, qu'on représente un roi dominé par la luxure. Quelques années plus tard, Verdi composera , sur un livret fidèlement adapté de cette pièce, et son opéra connaîtra le même sort.

01/2023

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Code de la route

Code de la route. Annoté et commenté, Edition 2022

Environ 50 % des condamnations prononcées chaque année concernent des infractions routières (circulation routière et transports) Les plus de l'édition 2022 du Code de la route : - Nombreux décrets : contrôle techniques des 2-roues, 3-roues... - un commentaire pratique actualisé des textes, y compris les plus récents, pour vous aider à comprendre le droit routier et à mesurer les implications de ses nombreuses évolutions ; - appendice riche de 27 rubriques qui concernent aussi bien les véhicules proprement dits que l'enseignement de la conduite, le contrôle technique, le permis de conduire, les taxis et les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), ou les transports routiers ; - Inclus : le Code en ligne, enrichi, annoté et mis à jour en continu. Cette 22e édition du Code de la route estintégralement annotée et commentée. Ces commentaires - de l'ensemble des textes, y compris des plus récents - aident à mesurer pleinement les implications des nombreuses évolutions du droit routier. Ils sont complétés par un appendice constitué de 27 rubriques qui concernent aussi bien les véhicules proprement dits que l'enseignement de la conduite, le contrôle technique, le permis de conduire, les taxis et les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), ou les transports routiers. L'édition 2022 du Code de la route est notamment à jour des textes suivants : - décret du 3 janvier 2022 fixant, en application du cinquième alinéa de l'article L. 130-9 du code de la route, la procédure d'expérimentation de la constatation des niveaux d'émissions sonores des véhicules en mouvement par des appareils de contrôle automatique fixes et mobiles et modifiant le code de la route ; - décret du 28 décembre 2021 relative à la publicités en faveur des véhicules à moteur ; - décret du 28 décembre 2021 relatif à la promotion des mobilités actives, ou partagées, ou des transports en commun dans les messages publicitaires en faveur de véhicules terrestres à moteur ; - décret du 15 octobre 2021 relatif à l'application des mesures en matière de sécurité routière prévues par la loi n° 2021-646 du 25 mai 2021 pour la sécurité globale préservant les libertés ; - décret du 9 août 2021 sur la mise en place du contrôle technique des véhicules motorisés à deux ou trois roues et quadricycles à moteur ; - décret du 29 juillet 2021 portant sur le poids et dimensions des véhicules terrestres à moteur ; - décret du 29 juin 2021 portant application de l'ordonnance n° 2021-443 du 14 avril 2021 relative au régime de responsabilité pénale applicable en cas de circulation d'un véhicule à délégation de conduite à ses conditions d'utilisation ; - décret du 11 juin 2021 sur l'agrément de gardien de fourrière ; - loi du 25 mai 2021 sur la sécurité globale préservant les libertés ; - ordonnance du 14 avril 2021 sur le régime de responsabilité pénale applicable en cas de circulation d'un véhicule à délégation de conduite et à ses conditions d'utilisation.

02/2022

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Littérature étrangère

The Picture of Dorian Gray

Le manuscrit original du Portrait de Dorian Gray "Les livres que le monde juge immoraux sont ceux qui révèlent sa propre ignominie". Les éditions des Saints Pères présentent le manuscrit original du Portrait de Dorian Gray. Ce document montre le texte de Wilde ainsi qu'il est initialement écrit, dans sa toute première version. Le lecteur peut à la fois observer l'écrivain aiguisant sa prose et pratiquant une forme d'autocensure bien en amont de la publication, ayant sans doute l'intuition d'avoir franchi quelques lignes rouges sur le plan des bonnes moeurs. Oscar Wilde et la censure Oscar Wilde entreprend l'écriture de ce premier jet de 13 chapitres en 1889. Il est destiné à être publié dans les pages du Lippincott's Magazine, une revue américaine. Celles-ci révèlent le talent de leur auteur, mais aussi un contexte : celui d'une Angleterre prude et homophobe au 19e siècle, que Wilde a conscience de pouvoir choquer avec un tel texte. C'est pourquoi il atténue l'ambiguïté de la relation entre Basil et Dorian - par exemple, lorsque Basil évoque la beauté de son modèle, "beauty" devient "good looks" (allure), "passion" devient "feelings" (sentiments), etc. Certains passages entiers sont barrés, comme des confessions émouvantes et amoureuses de Basil. En avril 1890, Wilde finit son texte et le fait taper à la machine afin de le soumettre à Lippincott's. James Stoddart, le rédacteur en chef, l'accepte tout en redoutant son parfum homo-érotique. Il se met à lui-même censurer Le Portrait de Dorian Gray, effaçant environ 500 mots, dont des phrases entières, comme la tirade de Basil au sujet de son portrait. Le manuscrit du scandale En dépit des nombreuses strates de censure qui ont donné à Dorian Gray la forme de sa publication, le numéro de juillet 1890 de Lippincott's suscite l'hostilité des lecteurs. Les critiques décrient le texte, le décrivant comme "une fiction toxique, dont l'atmosphère étouffante et diabolique abonde d'odeurs de putréfaction morale et spirituelle" écrite à l'attention de "nobles hors-la-loi et petits télégraphistes pervertis" . Directe conséquence de ce tollé : la puissante enseigne WS Smith refuse de vendre le numéro dans ses librairies. Malgré, ou grâce à cette réception scandaleuse qui ne peut qu'attirer l'attention, Wilde commence alors à retravailler et à développer l'histoire, afin de la publier sous forme de livre. Il effectue des changements de structure, imagine d'autres personnages, ajoute 6 chapitres et une sélection d'aphorismes pour préfacer l'ensemble et atténue encore un peu plus les passages décriés. La magnifique confession de Basil à Dorian disparaît alors complètement. Une préface de Merlin Holland Merlin Holland est un spécialiste d'Oscar Wilde et le petit-fils de l'écrivain. Il est l'auteur de plusieurs livres de référence : The Wilde Album (1998), Coffee with Oscar Wilde (2007), A Portrait of Oscar Wilde (2008).

09/2018

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Révolution française

Mademoiselle de Corday

Au matin du 13 juillet 1793, Charlotte Corday achète un couteau dans un magasin situé sous les arcades du Palais-Royal. Vers 11 h 30, un fiacre la dépose devant le domicile de Marat, au 30 de la rue des Cordeliers. Le XIXe siècle, chez les royalistes, fera de Charlotte Corday une icône, une martyre de la contre-révolution. Jean de La Varende, dès le plus jeune âge, a été fasciné par cette jeune fille. Mais les termes par lesquels il l'évoque semblent analyser aussi la genèse de son besoin d'écriture sur cette personne. "Charlotte de Corday, assure l'écrivain, reste dans mes présences constantes. Je me suis occupé d'elle peu à peu, lentement, toujours, sans nulle volonté livresque : elle m'attendait, enveloppée de son mystère insistant ; de sa force, de sa beauté, de son courage, et surtout de cette mélancolie divine, où, même enfant, je savais qu'il pouvait se cacher de bien puissants arômes" . "Fille de soldats-gentilshommes, païenne, vierge viking, vierge tout court ; ajoutons normande, et nous aurons, si ce n'est le portait moral de Charlotte, au moins son explication cohérente" . Dans ces quelques lignes, La Varende résume ce qui lui paraît l'essence de Charlotte Corday. Il se place un ton en-dessous, en revanche, pour évoquer son royalisme. C'est que, sans le reconnaître vraiment, l'auteur des Manants du roi et de Man d'Arc, chantre de la fidélité totale à la monarchie française, n'est pas à l'aise avec le royalisme de Charlotte Corday, car ce royalisme est pour partie incertain, et n'est pas le sien, lui le contre-révolutionnaire viscéral. Charlotte, c'est une Girondine dont le premier mouvement a été d'adhérer à la Révolution et qui ne s'est détournée de celle-ci qu'en raison des flots de sang qui ont commencé à couler en 1792-1793. Quant au père de Charlotte ("Il lui faut six pages pour développer le lieu commun") et au milieu dans lequel elle baignait à Caen ("Des jobards de la bonne intention"), l'écrivain ne se prive pas de manifester le mépris dans lequel il les tient... C'est ici que se trouve la leçon d'histoire de Mademoiselle de Corday : avec ce livre, Jean de la Varende, ce vieux chouan, est obligé de convenir qu'il y eut d'autres formes d'opposition à la Révolution française que celle, indéfectiblement fidèle à Dieu et au roi, de son ancienne France terrienne. Jean Sévillia AUTEUR Membre de l'académie Goncourt et de l'Académie de marine, Jean de La Varende (1887-1959) est un écrivain enraciné en Normandie, avec une prédilection particulière pour la mer et les marins. Il est notamment l'auteur d'hagiographies parmi lesquelles Don Bosco, réédité par Via Romana en 2015, et Le Curé d'Ars et sa passion en 2019.

01/2022

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Procédure civile

Code de procédure civile. Annoté, Edition 2025

Une édition "experte" avec des contenus en ligne exclusifs Une édition à jour, notamment, des textes relatifs à la réforme des sûretés et des décrets relatifs au traitement des pourvois formés devant la Cour de cassation, à la procédure d'injonction de payer et modifiant diverses dispositions de procédure civile, de l'organisation judiciaire, et de l'aide juridictionnelle. Les + de l'édition 2023 du Code de procédure civile : - A jour du décret du 29 décembre 2021 relatif à la réforme des sûretés. - A jour du décret du 11 octobre 2021 relatif à la procédure d'injonction de payer et modifiant diverses dispositions de procédure civile. - A jour du décret du 13 octobre 2021 relatif au traitement des pourvois formés devant la Cour de cassation. - A jour des décrets modifiant les dispositions de l'organisation judiciaire, notamment du 29 juin 2021. - A jour du décret du 24 juin 2021 relatif à l'aide juridique. - A jour de l'entrée en vigueur du Règlement du Parlement européen et du conseil du 25 novembre 2020, relatif à la signification et à la notification dans les Etats membres des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale. - Refonte intégrale des annotations de jurisprudence relatives à la procédure familiale - Nombreux textes complémentaires ; - Bonus : mise à jour mensuelle par lettre d'actualité. Le Code de procédure civile Dalloz comprend le code de procédure civile proprement dit, le code de l'organisation judiciaire, le code des procédures civiles d'exécution et d'importants textes complémentaires relatifs notamment à l'action en justice, à l'aide juridique, au droit international, aux professions juridiques, ou encore aux frais et dépens. Les annotations de jurisprudence relatives à la procédure devant le tribunal judiciaire ont été intégralement refondues. Cette édition 2023 du Code de procédure civile intègre notamment : - Le décret du 29 décembre 2021 relatif à la réforme des sûretés. - Le décret du 11 octobre 2021 relatif à la procédure d'injonction de payer et modifiant diverses dispositions de procédure civile. - Le décret du 13 octobre 2021 relatif au traitement des pourvois formés devant la Cour de cassation. - Les décrets modifiant les dispositions de l'organisation judiciaire, notamment du 29 juin 2021. - Le décret du 24 juin 2021 relatif à l'aide juridique. - Le Règlement du Parlement européen et du conseil du 25 novembre 2020, relatif à la signification et à la notification dans les Etats membres des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale, entrant en vigueur le 1er juillet 2022. Face à l'état d'urgence sanitaire lié au Covid-19, la rubrique dédiée a été maintenue. Elle comprend notamment l'ordonnance et le décret du 18 novembre 2020 portant adaptation des règles applicables aux juridictions de l'ordre judiciaire statuant en matière non pénale et aux copropriétés, telle que modifiée par la loi du 31 mai 2021 relative à la gestion de la sortie de crise sanitaire. Ce code est autorisé par la Commission nationale de l'examen du CRFPA.

06/2022

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Critique littéraire

Revue de la Bibliothèque nationale de France N° 59/2019 : World-building. Création de mondes et imaginaires contemporains

A l'heure où la fantasy séduit de plus en plus (Le Seigneur des anneaux, Game of Thrones...), plaçant les "mondes inventés" au coeur de la culture populaire, ce dossier s'interroge sur leurs formes et leurs usages en confrontant le regard des historiens du genre à celui des spécialistes des médias et des créateurs, qu'ils soient écrivains ou concepteurs de jeux. L'invention de mondes imaginaires L'invention de mondes imaginaires est une idée aussi ancienne que l'humanité, depuis l'Atlantide de Platon, ou encore l'Utopia de Thomas More. Mais c'est dans la seconde moitié du XIXe siècle en Angleterre, avec Lewis Carroll et William Morris, que naissent la fantasy et sa pratique, le worldbuilding. Un genre qui connaîtra un succès prodigieux à partir des années 1960, à travers l'oeuvre de Robert E. Howard (Conan le Barbare) et celle de Tolkien (Le Seigneur des anneaux). Anne Besson retrace pour nous l'histoire du genre pour lequel Tolkien tient lieu de modèle, l'écrivain-démiurge qui, pour créer sa mythologie personnelle, dessine des cartes, crée une cosmogonie, élabore des chroniques... Les cartes jouent en effet un rôle spécifique dans la création des mondes imaginaires, ainsi que l'expose Julie Garel-Grislin dans son article. La fantasy connaît en France une apparition tardive (les premières traductions datent des années 1970) : il faut attendre le nouveau dynamisme éditorial de la fin des années 1990, décrit par Marie-Lucie Bougon, pour la voir s'affirmer et se singulariser (avec des éditeurs comme Mnémos, Bragelonne...). Ce succès éditorial, très marqué chez les jeunes enfants et les adolescents, nous conduit à nous interroger, aux côtés de Laurent Bazin, sur les raisons d'une telle fascination au-delà du simple besoin de divertissement. Un succès transmédia L'engouement pour ces imaginaires contemporains s'étend bien au-delà de la littérature, porté par le développement de nouveaux médias (bandes dessinées, pulps, films, séries télévisées, jeux vidéo, jeux de rôle...), chaque support nourrissant l'autre, avec l'ambition de construire un monde complet et consistant, quoique fictif. Les créations de nouveaux univers sont pléthoriques au cinéma (Star Wars, adaptation du Seigneur des anneaux), dans les séries (Game of Thrones ou Westworld), le jeu vidéo (World of Warcraft ou Assassin's Creed) et même les jouets (Lego)... Elles sont aujourd'hui au coeur de la culture populaire au point de faire émerger une nouvelle communauté de fans, les "geeks", qu'ils soient fervents lecteurs de fantasy, de mangas, ou de comics, "rôlistes", gamers, amateurs de séries fantastiques ou de films d'horreur. David Peyron nous dit quelles pratiques se cachent derrière ce vocable, tandis qu'Olivier Caïra revient sur les jeux de rôle sur table, tels que Donjons et dragons. Les genres de l'imaginaire sont également très présents sur le petit écran, depuis Star Trek jusqu'à Game of Thrones, au point de brouiller la frontière avec le cinéma. Une évolution que décrit Florent Favard. Alain Boillat se concentre quant à lui sur le cas de Westworld qui, tout en reprenant les codes du western, explore la problématique de l'intelligence artificielle et tend un miroir à nos préoccupations contemporaines... La parole aux "créateurs" Il s'agit aussi d'entendre la parole des créateurs, de ceux qui donnent corps à ces univers, qu'ils soient écrivains ou concepteurs de jeux. Des écrivains français se sont prêtés au jeu, tels que Jean-Philippe Jaworski, auteur de deux cycles de fantasy, Récits du Vieux Royaume et Rois du monde (éditions des Moutons électriques), Lionel Davoust, auteur des Chroniques d'Evanégyre (éditions Critic), ou encore la Canadienne Karoline Georges, auteur de romans d'anticipation (SF Folio). Côté jeux vidéo, la société Ubisoft expose sa ligne éditoriale et la manière dont elle reconstruit des mondes historiques disparus, comme dans son dernier opus, Assassin's Creed Odyssey (2018), dont l'action se situe en Grèce pendant la guerre du Péloponnèse. Tout doit concourir à l'immersion du lecteur ou du joueur... Rubriques : L'"Actualité de la recherche" mène l'enquête avec Laurent Demanze sur la passion de l'investigation dans la littérature contemporaine La "Découverte" des archives comiques de la photographie relate avec humour comment ce médium a été perçu dans la presse humoristique du XIXe siècle Une " Galerie " autour du typographe Christian Delorme La rubrique " Histoire de la bibliothèque " consacrée à l'Arsenal pendant la première moitié du XIXe siècle Le récit de Gaëlle Obiégly en " Résidence " à la BnF

10/2019

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Critique littéraire

Histoire de la poésie française. Tome 2, La poésie du XVIe siècle

Au début du XVIe siècle, le Moyen Age est encore présent : depuis Eustache Deschamps, les modèles varient peu. Au cours de cette première période, la poésie est soumise par Crétin, Jean Marot, Jean Bouchet et les autres rhétoriqueurs, à toutes les jongleries, à toutes les acrobaties. Paul Eluard saura considérer les recherches d'André de La Vigne, Jean Parmentier, le navigateur, introduit à la poésie du voyage. A la fête des fous, de grands bals sont donnés avec Pierre Gringore, modèle anachronique d'Hugo, Pont-Alais le bateleur, toute une cohorte de curieux, bohèmes, macaroniques, tandis qu'un novateur, Jean Lemaire de Belge, ouvre grand les portes d'avenir. Fidèle à leur art, Clément Marot apporte cependant une première révolution. Auprès du poète de cour cohabite un poète engagé, tourmenté, qui situe la poésie au plus haut niveau. Humaniste, premier renaissant, il est l'homme du combat. Tandis que les princes (François 1er, Marguerite de Navarre) se mettent à l'école des poètes, dans l'entourage de Marot des disciples apparaissent : Saint-Gelais, Eustorg de Beaulieu, tout un fourmillement duquel émerge un " invité de marque ", François Rabelais. A Lyon la savante, capitale de la Renaissance, les poètes sont maîtres du savoir : néo-latins, français comme Maurice Scève qui édifie La Délie, joyau éclatant du pétrarquisme et du platonicisme, le Microcosme, modèle de poème encyclopédique, comme Louise Labé qui unit culture et passion, souffrance et sensualité, comme Pernette du Guillet, feu sous la cendre, comme Etienne Dolet, poète et martyr, le curieux Claude de Taillemont et son système orthographique, grand rêve renaissant, plus que jamais actuel. Après la révolution pacifique de Marot, celle doctrinale de Du Bellay et de Ronsard. Manifestes, écrits théoriques, rejet du Moyen Age, propagandes. Ces théoriciens sont des créateurs : Ronsard, souvent victime d'un enseignement limité, parcourt tous les champs de la poésie, non seulement dans les Odes et les Amours ô combien admirables mais aussi dans les Hymnes, les vers de militant national ou de chercheur scientifique ; Du Bellay, auto-analyste, auteur d'un livre de bord poétique, malheureux, révolté, romantique. Les autres astres, étonnants à des titres divers, dépassent l'idée limitée laissée par les anthologies : Baïf, Jodelle, Belleau nous surprennent ; il faut aussi agrandir la constellation, visiter Magny, Tahureau, Passerat, La Péruse, La Taille, nous arrêter à Jacques Peletier, le poète de Science. Sous des signes précieux ou baroques, se dégagent Desportes et Bertaut, cent ronsardisants, quand arrive, de plume et d'épée, Agrippa d'Aubigné. En ces temps de guerres de religions, les protestants ont un apport poétique prodigieux. Les Tragiques forment, puissantes, véhémentes, tumultueuses, un des plus grands poèmes français. Puis, Du Bartas convie la poésie aux fêtes baroques ; en proie aux objets du monde, il recense, il encense, il anime la nature dans une profusion de gestes, de sons, de couleurs. Science et poésie mariées. On visite quelques " grotesques ", quelques amis des forêts, des " singuliers ", d'Antoine Arena et Alione d'Asti à Marc de Papillon, dit " le capitaine Lasphrise " , ou à Etienne Tabourot, seigneur des Accords, tandis que des poètes rimaillent autour d'une puce, que les Occitans tentent leur survie. A la charnière de deux siècles se prépare la révolution malherbienne. Sponde, Chassignet, Béroalde de Verville, La Ceppède ont épuré la poésie sans rien lui ôter de ses pouvoirs, de sa chaleur. Malherbe, présent, prépare sa réforme. Il faudra tourner la page. Nous aurons visité la poésie du siècle le plus conquérant, le plus ardent, le plus intelligent, le plus divers. La poésie fut prête pour répondre à toutes les exigences. On y fut voluptueux et courageux, courtisan et soldat, pédant et adepte de vraie science, gourmand de mots et respectueux du langage, enfin, par-delà les artifices, en accord avec la nature. Le recours aux œuvres citées ici conduira le lecteur à n'en plus finir de boire à la coupe renaissante : elle est inépuisable !

11/1979

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Histoire ancienne

Phénomène pressignien. La diffusion des poignards et autres silex taillés du Grand-Pressigny en Europe occidentale au Néolithique

Le concept de "phénomène pressignien" renvoie à l'énorme production de très longues lames de silex débitées sur les grands ateliers de la région du Grand-Pressigny, dans le sud de la Touraine, mais aussi à la vaste diffusion de ces lames géantes sous forme de poignards en Europe occidentale, pendant plus de 5 siècles, entre 3000 et 2450 av. J.-C. Cette production remarquable des derniers siècles du Néolithique constitue l'une des ultimes productions lithiques spécialisées, au moment où se développe ailleurs en Europe et dans le Sud de la France la métallurgie du cuivre. A partir des années 1990, ce phénomène a fait l'objet de plusieurs travaux universitaires. Grâce à une meilleure caractérisation pétrographique du silex très particulier du Turonien supérieur de la région du Grand-Pressigny, ces travaux ont attesté la présence de poignards, couteaux à moissonner, mais aussi d'éclats, dans l'Est de la France, en Suisse occidentale, dans le Massif armoricain et le Nord-Ouest de l'Europe. Ces études se sont poursuivies sur l'ensemble de notre territoire et au-delà dans le cadre d'un Projet Collectif de Recherche relayé par une Prospection thématique programmée. Désormais, avec une base de données couvrant l'Europe occidentale, l'extension de cette diffusion est bien établie. On peut ainsi mesurer son rayonnement géographique, qui atteint les rives de la Weser dans le nord de l'Allemagne, à 900 km de distance, mais ne franchit ni les Alpes ni les Pyrénées et on perçoit l'apogée de la production des ateliers pressigniens vers 2600 av. J.-C. De plus, une étude techno-typologique des produits exportés a permis d'établir une évolution chronologique du débitage de lames de plus en plus longues, et de leur aménagement en différents types de "poignards". Ainsi, on a pu ici commencer à apprécier l'ampleur de cette diffusion et sa diversification selon les régions et périodes, et y détecter différents mécanismes de diffusion. Les produits pressigniens, essentiellement des poignards, sont des biens valorisés dont la valeur d'affichage est incontestable, même si une grande partie d'entre eux ont été utilisés - surtout comme outils à moissonner - et ravivés ou même recyclés en grattoirs ou briquets jusqu'à leur cassure et/ou rejet. En milieu sépulcral, ils accompagnent certains inhumés seulement, sans doute de rang social élevé au sein de cette société de la fin du Néolithique, dont la hiérarchisation s'affirme, avec le développement de "signes virils, voire guerriers", comme les pointes de flèche et les poignards eux-même. Si la direction scientifique de l'ouvrage ne fut pas un "long fleuve tranquille", la passion partagée par tous les chercheurs en facilita sa réalisation. Ce travail attendu par les néolithiciens et plus largement par la communauté des archéologues ne présenterait pas cette unité de fond et de forme sans la politique éditoriale de l'Association des Publications Chauvinoises (APC), particulièrement grâce aux compétences de Sylvie Clément-Gillet

10/2019

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Sciences historiques

Chouette, Noisette et Luzettes, Tome 1. Scènes de Résistance en Châtaigneraie cantalienne, en Ségala lotois et dans le Bassin d'Aurillac

"Je suis allé au maquis de la Luzette, où avaient lieu des parachutages très importants. "Nous avons entendu cette phrase, maintes fois, au cours de nos recherches. Où logiez-vous ? "Sous la tente", "Dans les bois", "Dans une ferme abandonnée", "Dans une grange". "A la Verrerie". En fait, la zone géographique où est situé Chénier, un des plus importants terrains de parachutages de France, avant ceux - massifs et multiples - du 14 juillet 1944, durant la Seconde Guerre mondiale, allait de la ferme de Bénéviole, commune de Labastide-du-Haut-Mont (Lot), à celle de la Fontbelle, commune de Saint-Saury (Cantal), en passant par celle de la Luzette, commune de Sousceyrac (Lot), dans la forêt du même nom qui comprend une gestion privée et le Grand Communal. Un des lieux d'hébergement les plus utilisés a été la ferme abandonnée de la Verrerie, commune de Sousceyrac. La Fontbelle a servi également, tout comme des baraques en planches dans un bois tout proche, aux Fouilloux. Mais les lieux habités par des familles (Thers, Martinet et Berti) n'étaient pas les plus appropriés, compte tenu des risques de représailles. C'est pourquoi nous retenons l'orthographe la plus utilisée dans le Lot : les Luzettes. Parmi les phrases annonçant un parachutage imminent et émises sur Radio-Londres, "De la chouette au merle blanc"a frappé les esprits, à tel point que la chouette sautant en parachute est devenue le symbole des associations cantaliennes qui conservent la mémoire de cette période des héros de l'ombre. La chouette est un oiseau rapace nocturne. Les résistants des équipes de parachutages avaient la chouette comme animal de compagnie, chaque nuit de veille au puech de la Poule, en attendant qu'un avion "accroche" à la radio S-Phone avant de larguer des corolles inversées plombées par les containers d'armes, de chocolat vitaminé, de cigarettes, de dynamite, d'argent pour la solde des réfractaires au STO, etc. C'est donc chouette que nous retenons, avec ses valeurs symboliques - nocturne, renseignement et nouvelle agréable - pour le titre. Et que vient faire la Noisette dans tout cela ? Il s'agit du nom du premier terrain de parachutage dans l'arrondissement d'Aurillac (Cantal), situé vers Prentegarde, commune de Saint-Paul-des-Landes, où deux des initiateurs majeurs de l'organisation des Luzettes - Bernard Cournil et Marcel Gaillard - ont reçu leurs premiers containers. Plus tard, un deuxième parachutage a desservi les équipes de Laroquebrou, du barrage en construction de Saint-Etienne-Cantalès, du réseau franco-polonais F2 et du maquis de Saint-Santin-Cantalès. Noisette est donc le symbole du lien entre Aurillac (où était très actif un service de renseignement) et la zone Cantal/Lot des Luzettes, à cheval sur la Châtaigneraie cantalienne et le Ségala lotois. Cette grande zone où l'auteur a enquêté tous azimuts dépasse largement le secteur des Luzettes. Elle est intéressante car elle permet de communiquer des informations et d'écrire une histoire commune dans un territoire où les liens familiaux se croisent, mais où les anecdotes se racontent en s'arrêtant parfois à la limite du département, de la région.

11/2014

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Biographies

Jean de Renaud. L'ingénieur militaire de François 1er

Juillet 1494. Les murailles de Turin, Gènes, Florence, volent en éclats sous la puissance des boulets métalliques de l'armée royale française. Il sera désormais vital pour les défenseurs italiens de renforcer les murailles d'enceinte des villes pour que ces boulets métalliques soient moins destructeurs. En rupture avec l'architecture militaire médiévale, les ingénieurs italiens, vont succéder aux maîtres-maçons et architectes pour contrer efficacement les attaquants avec "le tracé à l'italienne" . Le rempart médiéval traditionnel en maçonnerie est remplacé par un mur de terre remparé dans lequel les boulets s'enfoncent dès lors sans causer de dégâts. Des bastions, armés de canons, remplacent les tours pour interdire aux pionniers l'accès au pied de l'enceinte et faire, à terme, disparaître les échelles pour entrer dans une place. Ces deux innovations permettent de rétablir un équilibre entre défenseurs et attaquants. La rivalité constante entre les deux souverains, les plus puissants d'Europe, François 1er et Charles Quint, va faire de Jean de Renaud un officier d'artillerie, spécialisé dans l'attaque des places. De grandes dates marquent la première partie de son parcours : 1515 : victoire de Marignan - 1524 : invasion de la Provence - 1525 : défaite de Pavie. Face à l'agressivité de l'empire germanique, François 1er se doit maintenant de protéger impérativement les frontières du royaume. Le "tracé à l'italienne" va présider à une réfection totale des places fortes stratégiques. C'est une "ceinture de fer" que François Ier initie. A 40 ans, choisi par le roi de France, Jean de Renaud va prendre une autre dimension en se consacrant désormais à fortifier nos frontières. Il va multiplier les déplacements, passant d'un chantier à l'autre, de la Picardie à la Provence. Il va mettre son art au service de deux rois successifs, François Ier et Henri II, comme "commissaire aux fortifications et réparations des places de frontières" . De tous ses chantiers, son chef-d'oeuvre est incontestablement Saint-Paul-de-Vence où il se consacre à la fortification d'un site exceptionnel, resté pratiquement en l'état. Son rôle capital au siège historique de Metz en 1552, où Charles Quint subira sa plus grande défaite, lui vaut d'être honoré par le roi et célébré par le maréchal de Thou qui écrit dans ses mémoires, qu'il était "le plus grand spécialiste des mines de son époque" . Philippe II ayant attaqué Saint-Quentin, Jean de Renaud, en vieux capitaine fidèle à l'esprit provençal, où : "chacun, dans ce péril extrême, se fait soldat depuis l'âge de 14 ans jusqu'à 60" , rejoint cette ville de Picardie. Retranché avec l'amiral de Coligny, Ambroise Paré et moins de 2 000 hommes, il va résister désespérément pendant trois semaines avant d'être blessé mortellement à 60 ans, après plus de 40 ans au service du royaume de France. Dans cette biographie, l'auteur nous fait découvrir dans sa réalité opérationnelle au quotidien, le parcours du premier ingénieur militaire choisi par François Ier pour construire "la ceinture de fer" , étape tout à fait remarquable en sites fortifiés sur les frontières du royaume. Ceinture fortifiée que Vauban terminera, un siècle et demi plus tard, en "pré carré" .

07/2022