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Riad Sattouf président

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Monographies

Colette Richarme (1904-1991). Une artiste en quête d'absolu

Ce coffret contient deux volumes consacrés à une femme peintre, Colette Richarme, et à son oeuvre. Savoyarde de naissance, montpelliéraine de coeur, parisienne par sa formation et ses liens avec de nombreuses galeries, elle a traversé le XXe siècle, en se nourrissant de tous les changements picturaux et intellectuels qui ont accompagné ce siècle. Il en résulte une oeuvre originale qui ne cesse d'osciller entre figuratif et abstrait, une oeuvre inclassable qui, depuis le décès de l'artiste en 1991, a fait l'objet de multiples expositions, de recherches universitaires et de publications, ainsi que de nombreuses donations en musées ou institutions. Cet ensemble exceptionnel est complété par la sauvegarde de tous ses écrits à la Médiathèque centrale Emile Zola de Montpellier. Il ne manquait qu'un ouvrage de référence sur cette peintre et son travail, lequel ne pouvait être que collectif afin d'aborder les multiples facettes d'une artiste qui, en dehors de la peinture à l'huile, s'est adonnée à la gouache, au dessin (plusieurs milliers), à la gravure, mais aussi à la poésie et à l'écriture (essais et roman). Sous la direction du conservateur Jean-Luc Bourges et de la présidente de l'association Richarme, Régine Monod, ce sont plus de quarante spécialistes, conservateurs, écrivains, artistes, restaurateurs et professeurs d'université, qui proposent en 120 articles des études complètes et novatrices à la fois sur la femme et sur son travail, dévoilant également près de 750 reproductions de ses oeuvres. Livre I : Une femme, une artiste Ce volume s'attache à raconter la vie et la lutte d'une femme pour se former et pour exister en tant que peintre, refusant les conventions sociales, familiales et artistiques d'alors. On y découvre les influences qu'elle a subies, les itinéraires de sa formation, les amitiés créées (notamment celle avec Louise Bourgeois), les multiples centres d'intérêt qui furent les siens mais aussi ses doutes, ses faiblesses et ses échecs. Une place est aussi accordée à ses écrits personnels et littéraires ainsi qu'à son journal qui éclaire à la fois son travail et sa démarche. Récit d'une vie d'une femme au XXe siècle et de son combat pour exister en tant que peintre. Livre II : Une artiste, une oeuvre Le deuxième volume s'attache presque exclusivement à l'oeuvre picturale qui fut la sienne essentiellement entre 1945 et 1991. Les thèmes abordés par l'artiste, tout comme les moyens d'expression utilisés (élaborant même une théorie qu'elle réussit à mettre en application dans les toiles de sa dernière période), furent si riches et variés que seule une pléiade d'auteurs pouvait en rendre compte. Une part belle est également faite à la vie de cette oeuvre à travers les expositions (Montpellier, Albertville, Paris...), les donations (Bordeaux, Gard, Montpellier, Sète, ...) et, pour finir, les inspirations qu'elle suscite de nos jours chez divers artistes contemporains.

02/2023

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Syndicats

Droit de la représentation du personnel. Edition 2023-2024

Le droit de la représentation du personnel occupe aujourd'hui une place essentielle dans les relations collectives de travail. Cette place est liée à la fois à l'histoire sociale de la France, au renforcement de la démocratie sociale, avec un rôle sans cesse plus important conféré aux représentants du personnel, à une attention croissante portée aux questions de santé et de sécurité dans l'entreprise ainsi qu'à de nouvelles conceptions de la communauté de travail. En bouleversant l'organisation de la représentation du personnel, les ordonnances du 22 septembre 2017 ont pris en considération ces nouveaux rôles et affiché comme objectif de favoriser le dialogue social dans l'entreprise avec un comité social et économique unique, polyvalent et mieux formé ; ce même si la disparition du CHSCT engendre des interrogations sur l'organisation future des politiques de prévention en entreprise. Cet ouvrage, né de la refonte complète du Guide des élections professionnelles et du Guide du CHSCT, vise à rendre compte de ces différentes problématiques. Mais, avant tout, il a pour vocation de décrypter et d'analyser de manière très concrète le nouveau droit de la représentation du personnel en s'appuyant sur les textes anciens et nouveaux, sur la jurisprudence et sur la pratique. C'est ainsi qu'il explique les conditions de mise en place - y compris pendant la période transitoire prévue par les ordonnances - d'organisation et de fonctionnement du conseil économique et social ; il explicite les conditions de la représentativité syndicale et de la désignation des représentants syndicaux, il décrit également le statut protecteur des représentants du personnel et traite de la gestion des contentieux. Il est notamment à jour des lois du 29 mars 2018, 30 juillet 2018 et 5 septembre 2018. L'ouvrage s'adresse aux avocats, magistrats judiciaires et administratifs, juristes d'entreprise, DRH, organisations syndicales, représentants élus et syndiqués, inspecteurs du travail ainsi qu'aux étudiants. Grégoire Loiseau est professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris 1) où il dirige le Master 2 de droit social. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages en droit des obligations et en droit des personnes et de nombreux articles sur le droit du travail. Pascal Lokiec est professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris 1). Il est l'auteur de plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur le droit du travail. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est conseiller à la Cour de cassation. Elle a été pendant dix ans présidente de l'association nationale des juges d'instance. Elle est l'auteur ou le coauteur de nombreux articles sur le droit de la représentation du personnel. Elle est membre du conseil d'administration de l'INTEFP. Pierre-Yves Verkindt est professeur à l'Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris 1) où il codirige le Master 2 Juriste de droit social. Il est l'auteur de nombreuses publications notamment en matière de protection de la santé des travailleurs.

03/2023

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Musique, danse

Une certaine idée de la musique. Le concours de Genève (1939-2014)

C’est en 1939, au seuil d’un second conflit cruel qui bouleversera le monde, que le défi d’excellence des initiateurs du Concours de Genève voit le jour. Depuis, il perdure avec la même conviction, grâce aux choix quelquefois difficiles, voire délicats, mais finalement toujours adéquats qui ont été faits. Le Concours s’est voulu international dès sa création, une épreuve sans frontière, accessible à tous les jeunes musiciens de talent sans autres critères que l’excellence dans l’interprétation musicale. Les troubles engendrés par la guerre en ont quelques fois décidé autrement. Toutefois, les objectifs rigoureux, dont l’ambition a façonné cette épreuve prestigieuse, ont été préservés. La volonté des fondateurs est toujours et encore respectée. L’histoire du Concours de Genève se révèle passionnante, avec ses interrogations existentielles, son questionnement récurrent sur la manière la plus adéquate de gérer et conserver ce rendez-vous musical annuel, ses décisions stratégiques, souvent difficiles à prendre, pour maintenir l’accessibilité la plus large possible aux candidats du monde entier, alors que les effets des conflits internationaux s’invitaient souvent pour perturber cet idéal. La situation immanquablement privilégiée de Genève et l’attachement de sa population et de ses autorités à la musique vont permettre aux Conseils et aux directions successives du Concours, en particulier, de résoudre les difficultés les plus diverses. Pour raconter le Concours de Genève et faire revivre le chemin parcouru, Marie Duchêne-Thégarid a su s’immerger, avec intelligence, bienveillance, passion et une curiosité séduisante, dans ses archives. Inspirée notamment par une lecture très attentive des procès-verbaux des séances du Conseil, Marie Duchêne-Thégarid rend avec nuance les implications de cette symbiose économico-culturelle que le Concours devra reconstruire chaque année pour perdurer et se développer. En sollicitant la mémoire de nombreuses personnalités, dont les récits illustrent à souhait les raisons qui ont motivé les orientations, pas toujours bien comprises, des dirigeants du Concours, Marie Duchêne-Thégarid nous livre un récit captivant. Les chapitres, dont les titres et entractes jalonnent les principales étapes, sont conçus d’une manière habile, laissant au lecteur une certaine liberté de décider l’ordre dans lequel il souhaite les lire. Marie Duchêne-Thégarid s’est immergée avec le talent et l’enthousiasme attendus dans l’environnement à la fois local et international du Concours de Genève. Elle décrit fidèlement cette merveilleuse réussite couronnée par un cortège prestigieux de lauréats et la renommée des personnalités qui ont composé les jurys au fil du temps. Le parcours académique de Marie Duchêne-Thégarid est en parfaite adéquation avec la mission que le Concours de Genève lui a confiée. Cette musicologue renommée, agrégée en lettres modernes, est titulaire du prix d'Histoire de la musique du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris dans la classe de Rémy Campos, lui-même responsable de la recherche à la Haute École de Musique de Genève. Christine Sayegh Présidente du Concours de Genève

11/2014

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Beaux arts

Hugo Capron. Corpus Painting

Issu d'une formation d'imprimeur, Hugo Capron décline en peinture le plaisir de reproduire une même image dans de longues séries qui cherchent à épuiser toutes les possibilités de variation. Ses tableaux sont généralement réalisés d'un seul jet et sans repentir, mais reposent néanmoins sur des équations techniques de précision. ? Les palettes d'Hugo Capron résultent de fines investigations chez des fournisseurs du monde entier à la recherche des nuances les plus justes. Sur la toile, elles se révèlent dans une gamme de matières, de jus et de surépaisseurs lumineuses qui font valoir la vitesse de l'exécution. Le geste est quasiment calligraphique, c'est une mêlée de virgules et de boucles. " J'ai toujours pensé qu'une oeuvre d'art en général, et un tableau en particulier, commençait par s'adresser à moi en m'indiquant la manière dont son auteur me considère. C'est la première chose que je perçois, peut-être même avant de prendre conscience du sujet du tableau, peut-être même en amont de la reconnaissance d'une peinture abstraite ou figurative. Comment ce tableau s'adresse à moi, sur quel ton il me parle, les stratégies qu'il déploie pour m'intéresser, exciter ma curiosité, flatter ou provoquer mon goût, bref comment le tableau me considère : gogo ou digne destinataire d'une conversation ? " Extrait du texte d'Eric Troncy Né en 1989, Hugo Capron s'est d'abord formé aux techniques de l'imprimerie, avant d'intégrer l'Ecole nationale supérieure d'art de Dijon, dont il a été diplômé en 2015. Sélectionné pour le premier programme de résidence et d'exposition Dijon/Dallas dès sa sortie de l'Ecole, il a par la suite exposé au Consortium de Dijon en 2015, au centre d'art contemporain MAT (Minatomachi Art Table) à Nagoya au Japon en 2016 et au FRAC Bourgogne en 2017. Il a été résident de la villa Kujoyama à Kyoto en 2019 et lauréat en 2021 de la huitième édition de la Bourse Révélations Emerige. Il vit et travaille à Dijon. Ses oeuvres ont été intégrées dans de nombreuses expositions collectives et individuelles - notamment à l'Hôtel des Arts de Toulon, au Centre régional d'art contemporain de Montbéliard, à la Collection Yvon Lambert en Avignon - et elles figurent dans diverses collections privées et institutionnelles françaises et internationales. Avec " Corpus Painting ", Semiose éditions lance une nouvelle collection éditoriale entièrement dédiée à la peinture. En 48 pages, relié façon beau livre, chacun des opus se concentre sur un ensemble précis de tableaux, complété d'un texte en français et en anglais signé d'une personnalité du monde de l'art. Une invitation à plonger dans la peinture, à comprendre les ressorts d'une série, à contempler une suite d'images, avec la même dévotion et passion que l'on porte aux retables ou aux icônes peintes.

02/2023

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Gestion de la banque

Gouvernance et fonctions clés de risque, conformité et contrôle dans les établissements financiers. Banques, assurances, sociétés et gestion règlementations européennes et françaises

Les fonctions de Risque, Conformité et Contrôle dans les établissements bancaires et financiers, les sociétés d'assurance, les mutuelles et les sociétés de gestion d'actifs ont subi une profonde mutation et convergé au fil du temps, sous l'impulsion des normes réglementaires, depuis l'émergence des premiers textes - au début des années 1990 - jusqu'aux plus récentes évolutions post-crise. Les exigences en matière de gouvernance des établissements ont, en outre, été structurellement modifiées grâce aux évolutions des directives européennes (notamment Solvabilité 2 pour les assureurs et mutuelles ; CRD 4 et 5 pour les établissements de crédit, normes spécifiques pour les entreprises d'investissement soumises à la réforme IFD/IFR...). Dans l'Asset Management, les normes de contrôle des risques et des rémunérations ont également évolué, des normes plus contraignantes encadrant les rémunérations des preneurs de risques et des fonctions risques et contrôles ayant notamment été développées par les autorités européennes de supervision. En ce qui concerne la gouvernance, l'évaluation des compétences des administrateurs ainsi que la prévention des conflits d'intérêts ont fait l'objet d'un guide, publié par la Banque centrale européenne, et d'orientations de l'EBA ; d'autres réglementations hors Europe ayant apporté des précisions sur la nécessité et la définition des administrateurs indépendants. De nouveaux thèmes ont, par ailleurs, intégré le périmètre de compétences de la fonction Conformité (lutte contre la corruption, protection des données personnelles...). Le contrôle de l'externalisation a également été renforcé par des orientations de l'EBA et la définition d'une fonction spécifique. Cet ouvrage présente les caractéristiques de ces fonctions clés qui constituent le socle des dispositifs de contrôle interne et de gestion des risques, ainsi que les exigences accrues pour les organes de gouvernance des établissements. Les fonctions successivement décrites sont : - La fonction Conformité- La fonction de responsable des contrôles permanents. - Les fonctions spécifiques à la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB FT). - Le responsable du contrôle des services d'investissement RCSI et RCCI. - La fonction Risques. - La fonction de responsable de la sécurité des systèmes d'information (RSSI). - La fonction de contrôle périodique (audit interne). L'auteur analyse les interdépendances entre ces professions et explique comment optimiser leur organisation et leurs relations afin d'oeuvrer pour une meilleure gouvernance, un contrôle efficace et une plus grande maîtrise des risques. Elle met en exergue les nouvelles exigences pour le conseil d'administration ou de surveillance relatives à l'organisation (comités spécialisés du conseil), au rôle et à la responsabilité des administrateurs, aux compétences et à la formation. Marie-Agnès Nicolet est Présidente de Regulation Partners. Elle est diplômée d'HEC (promotion 1989) et dispose de plus de 30 ans d'expérience dans les domaines du contrôle, des risques et de la conformité auprès des institutions bancaires et financières, tout d'abord dans l'audit externe, puis en tant que responsable du contrôle interne d'une banque de 1991 à 1998, enfin en tant que dirigeante d'un cabinet de conseil spécialisé dans ces matières. Elle est également membre du conseil d'administration du Centre des professions financières et du mouvement patronal Ethic.

01/2023

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Essais

Sur les brisées d'Alain Didier-Weill . L'écriture, l'art et la psychanalyse

Alain DIDIER-WEILL ou l'intelligence, la culture et l'humanité... Nouées. Ombre discrète, modeste, Alain avait en lui, à la profondeur d'un trésor, générosité qui n'existe que chez les grands auteurs : celle d'autoriser son lecteur à se surprendre lui-même et, par voie de conséquence, à s'apercevoir qu'il était plus intelligent qu'il ne l'avait cru jusqu'alors. Qui connaissait Alain Didier-Weill sait que, dès le premier instant du premier face-à-face, il venait de faire ce qu'il est d'usage d'appeler : une rencontre ! Il est des personnes, comme ça, rares, on ne les rencontre ne serait-ce qu'une seule fois et elles nous manquent... déjà. Inouï ! ... Ainsi Alain Didier-Weill. Cependant, ce n'est pas spécifiquement à l'homme que les actes de ce séminaire de l'Inter-Associatif Européen de Psychanalyse désirent rendre hommage, c'est surtout et d'abord à son oeuvre. Glissant ses pas dans ceux de Freud, de Lacan, de quelques autres et dans ceux de la philosophie, des arts (littérature, musique, danse, théâtre, etc...), et encore dans ceux des textes sacrés, Alain (psychanalyste, psychiatre, écrivain et dramaturge) a su marier la fidélité à l'imagination. Une pensée transversale, dirait-on... Et, dans la transversalité, la liberté ! ... Dans ce recueil, on y lira partie des linéaments présidant aux différents moments de la création de l'I-AEP, et sa nécessité. I-AEP (trait d'union - et non pas tiret du 6 comme aurait pu dire Alain...). I-AEP, qu'Alain a initié et construit, accompagné de quelques autres. On y lira aussi tout l'intérêt clinique de la réflexion constante d'Alain Didier-Weill. Des psychanalystes en témoignent, ici, au travers de leur pratique. On y lira encore les interrogations et les propositions de sens qui furent les siennes au sujet de cet au-delà de l'inconscient". On y lira, enfin, quelque chose ayant trait à sa conception du réel... Un réel qui excède celui du fantasme. On y lira ce trou réel au coeur-même du symbolique, favorisant une sorte de "pas-de-deux" entre le réel et le symbolique, justement. Etrange tango, illustrant une sorte d'histoire d'amour constituée d'avancées et de reculs entre l'un et l'autre. Lire et relire Alain Didier-Weill. L'exercice est salvateur et incitateur. Il invite la pensée psychanalytique à l'audace ou bien au courage - celle, peut-'être, d'emboîter le pas d'un oiseau dans le ciel... Et, retrouver, nommer ce lieu à la fois précis et mystérieux du vent que vient à peine de frôler l'aile de l'oiseau... Instant éclair, peut-être, d'éternité. Explorateur de la pensée, Alain Didier-Weill a ouvert des pistes, dessiné des horizons pour la psychanalyse. Il appartient maintenant aux psychanalystes, au présent et à l'avenir, de suivre ses brisées ! ... "[...] à l'aube du troisième millénaire, que reste-t-il à l'homme qui, en se retournant, constate que tous les idéaux qui l'avaient incité à espérer ont failli ? Quelque chose : l'inespéré".(Alain Didier-Weill, Un mystère plus lointain que l'inconscient.)

01/2022

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Sciences historiques

Les lettres de rémission du duc de Lorraine René II (1473-1508)

Les rois et les princes souverains d'autrefois, tel le duc de Lorraine, avaient le droit de punir et disposaient parallèlement du pouvoir de pardonner, ce droit de grâce dont ont hérité les présidents des républiques modernes. A la fin du Moyen Age, pour manifester l'octroi de la grâce, la coutume est de rédiger un acte solennel, écrit sur parchemin et scellé, qu'on appelle une " lettre de rémission ", destiné à notifier le pardon à son bénéficiaire et aussi à en informer l'administration comme le public.Les lettres de rémission des ducs de Lorraine sont conservées aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle depuis le règne de René II (1473-1508) sous forme de copies insérées dans des registres de la chancellerie ducale ; les actes originaux malheureusement font défaut. La présente édition contient 321 documents issus de ces registres et seulement trois originaux retrouvés ; ils émanent pour la plupart du duc lui-même, mais aussi de la duchesse (19) ; un seul provient de leur fils, Antoine. L'ensemble de ces lettres ne couvre pas toute la Lorraine actuelle, il manque évidemment les cités épiscopales qui sont souveraines, mais aussi la Lorraine allemande qui devait posséder une chancellerie à part. Les difficultés du début du règne de René II (guerres de Bourgogne, etc.) expliquent aussi l'inégale répartition chronologique, les deux-tiers des lettres se situant après 1490.Outre la transcription des 324 textes rédigés en moyen français – mais sans particularisme linguistique régional manifeste – suivie d'un index des noms propres et d'un glossaire des mots médiévaux, l'édition détaille la présentation des documents et leur contenu. La lettre de rémission est une charte qui obéit à des règles diplomatiques ; elle est dotée d'une titulature qui identifie l'auteur et précise ses titres et qualités, d'un exposé qui décrit les faits et les motifs de la demande de rémission, d'un dispositif qui contient la formule de grâce assortie ou non de considérations générales et particulières, d'un protocole final qui mentionne les différents personnages de l'administration et de l'entourage du duc qui l'ont aidé à prendre la décision de gracier. Ce corpus de documents apporte des informations sur la criminalité et la délinquance en Lorraine à la fin du Moyen Age et fournit des détails inappréciables sur les comportements sociaux et la vie quotidienne dans les petites villes et les villages à cette époque. Il renseigne plus encore sur l'administration ducale, ses mécanismes et ses rouages ainsi que sur la formulation et la perception de l'idéologie du pouvoir absolu du prince, admirablement véhiculées par ce genre de document.L'édition des lettres de rémission comble un vide dans la mise à disposition des chercheurs et du public de textes lorrains de la fin du Moyen Age. Elle a été une oeuvre collective menée au sein de l'ARTEM (Atelier de Recherche sur les TExtes Médiévaux), équipe de l'Université Nancy2 associée au CNRS, qui a réuni des historiens, des linguistes et des philologues et dont le Centre de médiévistique Jean-Schneider a pris la suite.

09/2013

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Critique littéraire

Correspondance 1925-1944. "Nos relations sont étranges"

"Parlerons-nous politique ? " demande Drieu à Paulhan, un jour de 1936, après dix années de promesses non tenues et de vagues reproches. Le dialogue sera vain, peut-être, mais il est sincère, bien que l'écart se creuse, jusqu'en 1943, entre le conseiller municipal du Front populaire et le thuriféraire de Doriot, entre le patriote qui en appelle à "l'espoir" et au "silence" en juin 1940 et le fasciste qui rêve de créer à Vichy un parti unique, entre l'ancien et nouveau directeur de La NRF imposé par Otto Abe,. Leur dialogue est même remarquablement direct : "Nos relations sont étranges, écrit Drieu à Paulhan le 12 décembre 1942. j'ai pour vous une véritable dilection qui m'est venue assez tard, à l'usage, an peu avant 1939, et en même temps je pense que nous sommes ennemis et que nous nous combattons." Ces 169 lettres échangées le montrent : Paulhan n'a jamais rompu intellectuellement avec Drieu, tentant de comprendre sa logique singulière. Paulhan ria jamais rompu avec La NRF, non plus : après avoir refusé la codirection de la revue avec Drieu, à l'automne 1940, c'est lui qui fixe, en sous-main, les règles de cette cohabitation forcée, conscient que cette "anti-NRF" permet à la maison d'édition de Gaston Gallimard de perdurer sous l'Occupation." Je crois que ma raison (personnelle) de ne pas écrire dans la nef demeure valable, précise pourtant Paulhan en juin 1941 : je ne puis qu'être solidaire de ceux de nos collaborateurs que j'y avais invités et que l'on renvoie. Entre Paulhan et Drieu la Rochelle, peut-on parler d'une amitié ? Y outil autre chose que les relations complexes entre un éditeur et un écrivain, les conseils avisés d'un directeur de revue à son successeur, et enfin leurs paradoxales discussions politiques ? Malraux l'affirmera : "Pour Drieu, Paulhan n'était pas un résistant, pour Paulhan, Drieu n'était pas un collaborateur". Est-ce pour cela que, sans poser de questions, Drieu intervint auprès des autorités allemandes en mai 1941 pour faire libérer Paulhan, arrêté avec d'autres membres du réseau du Musée de l'Homme ? Est-ce pour cela que Paulhan a toujours gardé le contact, et plus encore, avec le directeur collaborationniste de La NRF ? Si Drieu incarne la mauvaise conscience du milieu intellectuel, Paulhan ne voit cependant pas en lui le traître par excellence. De fait, la question de le fidélité est au coeur de cette correspondance (et ce n'est pas un hasard si elle s'ouvre sur la douloureuse rupture entre Drieu et Aragon, dont Paulhan est l'arbitre à son corps défendant) : fidélité à l'amitié, fidélité à soi-même et à ses convictions politiques, fidélité à la France, à la revue... Pour Jean Paulhan, comme pour André Malraux ou Emmanuel Berl, Pierre Drieu la Rochelle a certes failli gravement - en particulier lors de ses dernières années — mais il ne s'est pas trahi. Il aurait mémo été "loyal" jusqu'à sa mort par suicide, le 16 mars 1945. Paulhan ne signifiait déjà rien d'autre à Gide, trois ans plus tôt : "Drieu est à mon égard, en tout ceci, gentil et loyal. (Note autres directeurs de revues, sommes corrects en de tels cas). "Il peine semble-t-il, de temps d autre, m'adresser quelque reproche secret." (15 mars 1942).

12/2017

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Architecture

Architecture hindoue et bouddhiste. Temps et éternité

Le présent recueil prolonge le précédent recueil Architecture, temps et éternité (une des oeuvres majeures d'Adrian Snodgrass, architecte et enseignant à l'université de Sidney en Australie). L'auteur y développe les relations unissant l'architecture, le temps et l'éternité dans les traditions hindoues et bouddhistes, offrant ainsi une synthèse de données de première importance dans l'histoire de l'art et de la culture. Il constitue une somme unique reliant le domaine architectural avec l'histoire des idées de ces grandes cultures en même qu'une véritable introduction aux principes spirituels de leur architecture sacrée et un essai indispensable à tous ceux qui s'intéressent à l'art traditionnel aussi bien qu'à l'hindouisme et au bouddhisme. Il met en lumière les liens reliant l'architecture religieuse, les mythes fondateurs de ces traditions et leurs textes sacrés. Il s'appuie sur des oeuvres ainsi que sur des enseignements spirituels plurimillénaires. Par leur confrontation, il met à jour des principes essentiels qui président à leur conception, et souligne les liens que les principales constructions traditionnelles entretiennent avec le symbolisme astronomique et temporel (conceptions du cosmos cruciforme, symbolisme astral, etc.). D'une clarté exemplaire, ce livre analyse et expose les principaux rites, mythes et symboles et comment les teùmples en sont une projection spatiale et symbolique. L'auteur rappelle au passage les grandes notions fondamentales sur lesquelles ces civilisations se sont érigées : de la séparation du sacré et du profane à la notion de centre spirituel en passant par les liens entre directions de l'espace et orientation sacrée. Il explique comment et pourquoi ceux-ci s'articulent au sein des constructions architecturales d'époque et de lieux des plus éloignés. Il montre enfin comment ces idées-clefs ont décidé des formes de leurs bâtisses religieuses, qui visaient non pas seulement à abriter l'homme mais constituaient aussi et surtout un support visant à l'ouvrir sur l'universel. Dans ce recueil, Adrian Snodgrass met ainsi en relief le jeu de l'Eternité et du temps dans l'espace architectural hindou et bouddhiste. Il démontre que, dans cette perspective, le temps est le reflet en mouvement de l'Eternité et que le matériau du constructeur est la trace matérielle de la substance primordiale (prakriti) sur laquelle le Principe (Brahma) imprime sa marque. L'architecture sacrée hindoue et bouddhiste, en opérant une séparation entre la nature et la culture, unit le temps et l'éternité dans un édifice symbolique relié au cosmos tout entier. Adrian Snodgrass illustre son propos par des exemple d'architecture traditionnelle des grands temples hindous à ceux d'Angkor ou le Baraboudour. Il montre alors comment la croix des directions structure les édifices hindous aussi bien que bouddhistes et comment ses principes se retrouvent au sein de leur orientation même dès l'édification de l'autel du feu védique qui en est l'archétype. En s'appuyant de la sorte sur les grands textes sacrés védiques et leur commentaires, Snodgrass s'inscrit dans l'étude de la Science sacrée telle que l'ont développée René Guénon, Mircea Eliade ou Stella Kramrisch. Autorité dans le monde anglosaxon, où ses ouvrages sont régulièrement réédités, les essais d'Adrian Snodgrass figurent aux côtés de ceux de Coomaraswamy, de Baltrusaitis ou de Santarcangeli. Il est à noter que son travail est doté, de plus, d'un souci pédagogique et vise à produire un texte qui ne soit pas réservé aux seuls spécialistes mais constitue une introduction permettant au lecteur non-spécialiste de pouvoir comprendre certaines subtilités théologiques et esthétiques au coeur de constructions que cette approche permet de considérer différemment. La parution de ce volume comble une lacune éditoriale et culturelle importante en donnant enfin accès à un texte fondamental d'un auteur majeur. Chaque page révèle au lecteur de nouveaux prolongements et chaque chapitre est une invitation à approfondir son approche et affiner son regard dans une ouverture intellectuelle enrichissante et stimulante.

03/2023

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Sciences politiques

Démocratie, une anthologie

La démocratie est aussi vieille que la critique de la démocratie... mais, maintenant que la sacro-sainte démocratie s'est muée en religion (avec ses grands prêtres, ses dévots -? souvent bigots ? - et ses missionnaires, voire ses croisés, avec ses dogmes, ses superstitions et son catéchisme, avec ses rituels, ses prêches et ses excommunications), et donc en une redoutable "? machine de guerre ? " mentale à arrêter de penser (résister / rêver / inventer) (pour mieux continuer par ailleurs ses petites affaires sonnantes, trébuchantes et assujettissantes), il est urgent tout d'un coup de rappeler tout ce qui en fait un système politique consternant et une hallucination collective. Car le pire, en effet, serait de laisser le monopole de la critique de la démocratie aux activistes de la bêtise et du ressentiment, aux victimes de la haine de soi et de la peur de l'autre, aux amoureux de la mort et de la laideur volontaire. Car un démocrate qui n'ose pas s'ausculter dans le miroir est un allié objectif des ennemis déclarés de la démocratie. On retrouvera souvent le même type d'arguments, au long de cette petite anthologie. C'est que les défauts, les limites ou les contradictions de la démocratie sont constants, à travers l'Histoire et les continents, des présocratiques à Agamben, de Socrate au Comité invisible, d'Epicure à Sloterdijk, de la Terre de Feu à l'Alaska, du Kamtchatka au Pays de Galle. On lui reprochera toujours de préférer la stupidité des foules à la sagesse des élites, ou l'inverse. On pointera toujours sa corruption, soit par les élites, arrogantes et orgueilleuses, soit par la plèbe ignorante et cupide, guidée par les passions les plus viles, égoïsme, ressentiment, haine ou cupidité. On reprochera toujours aux premières de s'accaparer les richesses, comme l'instruction et la culture, ou de s'arroger l'apanage du savoir et du sensible, qui se partagent pourtant. On se plaindra toujours de l'ignorance et des bas instincts du peuple jaloux, envieux et violent, ou de sa complaisance obséquieuse envers ses propres oppresseurs. Les gens qui ne votent pas comme nous se trompent. Ils sont cons comme un ennemi qui croit que l'ennemi, c'est nous. Ca n'a pas d'importance ? : si la démocratie pouvait changer quelque chose, ça fait longtemps qu'on aurait supprimé les élections. Quand les détenteurs du pouvoir sont mécontents du peuple et de ses choix, il faut changer le peuple. Comme il est d'autant plus crédule et influençable qu'on le maintient dans l'ignorance et qu'on l'abrutit de travail, d'angoisses et de divertissements, c'est parfaitement possible. On aurait pu regrouper les citations par thèmes. On ne l'a pas fait. Dans nombre de ces extraits, on aurait tout aussi bien pu remplacer l'un par l'autre les termes "? peuple ? " et "? élites ? ", "? démocratie ? " et "? dictature ? ", ou n'importe quelle autre forme de gouvernement. On l'a fait, quelquefois, pour le plaisir de la démonstration. S'il est une chose qui nous est apparue nettement, au cours de ce long exercice de lecture et de copiste, c'est que ce qui triomphe sûrement, plèbe, peuple, élites ou bien despotes, intérêt collectif ou individuel, raison ou émotion, c'est la mauvaise foi. Il n'y en a pas moins chez les thuriféraires de la démocratie fétichisée que chez les zélateurs de l'élitisme despotique. Dans un tel contexte, la république et son président souverain apparaît, au mieux, comme un comble d'hypocrisie ? ; au pire, comme un compromis fangeux. Une politique trouve pourtant grâce à nos yeux, qui sait éviter les écueils de tous les systèmes et en conjuguer les vertus ? : la protodémocratie, politique du vide et de l'interruption, qu'on trouvera décrite dans "? Le Manifeste du Dégagisme ? " et "? Le Dégagisme du Manifeste ? ", des mêmes auteurs, aux éditions Maelström.

03/2024

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Aventure

Lucky Luke Tome 29 : L'amnésie des Dalton. Opé l'été BD 2022

Les Dalton creusent un tunnel pour s'évader mais Averell tient le plan à l'envers de sorte qu'ils se retrouvent dans la cellule de leur voisin Burns. Là ils entendent la discussion du gardien et de l'avocat de Burns. Ce dernier annonce à Burns qu'en raison de son amnésie, due au rocher qu'il avait reçu sur la tête, il est libéré. Les Dalton retournent alors dans leur cellule et Joe explique à ses frères qu'ils doivent faire semblant d'être amnésiques. Ils font alors sauter la prison à la dynamite et les pierres qu'ils reçoivent alors sur la tête leur servent de prétexte pour prétendre qu'ils sont amnésiques et c'est ainsi qu'ils sont libérés sous la bonne garde de L. L. qui est chargé de leur faire retrouver la mémoire. Rantanplan également est devenu amnésique et se prend alors pour un chat. L. L. , muni d'un mandat du gouverneur amène alors les Dalton dans une banque espérant qu'ainsi les Dalton retrouveront la mémoire, mais ceux-ci ne bougent pas. Le lendemain L. L. donne son revolver, déchargé à Joe pensant qu'en manipulant cet engin il se souviendra de sa vie antérieur. Seulement Joe avait caché une balle dans ses vêtements et tire sur L. L. c'est à ce moment que Rantanplan qui se prend toujours pour un chat fait tomber Joe qui rate sa cible. L. L. essaie alors par tous les moyen de leur faire revenir la mémoire. Pour Joe il pose son revolver devant lui, pour Averell il remplit les armoires de vivres, il va même jusqu'à attaquer une diligence avec eux, mais rien n'y fait. C'est Jack qui craque le premier car il vole les couvert du restaurant. L. L. le découvre et le ligote. L. L. leur fait alors mettre des troncs d'arbres à travers les rails pour attaquer le train. Les frères Dalton doivent détrousser les passagers pour ensuite leur rendre l butin. Quand ils ont rendu les objets il manque le portefeuille du gouverneur, c'est William qui l'avait gardé. Le deuxième frère est donc démasqué et L. L. le ligote également. L. L. leur fait alors la surprise d'aller rendre visite à leur mère qui est heureuse de retrouver son chérie Averell. Les Dalton expliquent le problème à leur mère et elle conseille à L. L. d'aller attaquer la banque de keepsake City car c'est là que leur père leur avait appris les rudiments du métier. L. L. , comme d'habitude tend au banquier la lettre du gouverneur expliquant le pourquoi de sa démarche, seulement Mme Dalton a remplacé la lettre du gouverneur par une autre disant qu'il était un bandit et qu'il allait tuer les otages. Le banquier appelle alors le shérif qui met L. L. en prison et libère les Dalton. Les Dalton, invité à la réception du maire oblige celui-ci à démissionner pour complicité avec le bandit L. L. et le maire se trouve en prison avec L. L. Le shérif avertit Washington de l'arrestation de L. L. Les Dalton organisent alors le procès de L. L. pour le condamner à mort. C'est Averell qui sera l'avocat de L. L. et le jury se compose de gens pas très recommandables. Joe, président du tribunal condamne L. L. à mort mais c'est Averell à qui L. L. a eu le temps d'expliquer sa plaidoirie, et qui, tout fier de son rôle, gaffe en déclarant que c'est les frères Dalton les responsables de cette machination. Joe risque de faire une crise et se jette sur Averell. L. L. en profite pour désarmer les frères Dalton et de dissiper les doutes. Les Dalton se retrouvent en prison en train de casser les cailloux et dans sa colère Joe fait tomber une pierre sur la tête de Rantanplan qui retrouve la mémoire.

06/2022

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Actualité et médias

Ce que je ne pouvais pas dire. 2007-2016

Nommé par Jacques Chirac à la tête du Conseil Constitutionnel en 2007, Jean-Louis Debré a exercé ses fonctions sous deux présidents successifs, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Sorti de la vie politique proprement dite, il est devenu le premier des sages de la République, chargé de se prononcer sur les décisions gouvernementales, les lois et réformes majeures du moment dont certaines représentaient des avancées capitales en matière sociale ou économique. Jamais sans doute on n'a autant parlé du Conseil ni mieux compris l'utilité de son rôle qu'on ne l'a fait sous sa présidence. L'instauration de la QPC (la Question prioritaire de constitutionnalité) a permis de doter les citoyens d'un droit nouveau qui a renforcé les pouvoirs et l'influence de ce Conseil. Sous l'autorité de Jean-Louis Debré, il est non seulement sorti de son conformisme, mais il a aussi pris cinq fois plus de décisions qu'en un demi-siècle d'existence. Jean-Louis Debré, au lieu de mémoires, a préféré livrer ses réflexions, souvenirs, commentaires, jugements et parfois indignations sous une forme à ses yeux plus sincère : celle d'un journal tenu régulièrement pendant neuf ans, "au gré de mes humeurs", écrit-il. A travers ces instantanés saisis sur le vif, il tient une chronique très personnelle des rencontres, échanges, observations, mêlées à des souvenirs politiques et familiaux, qui ont jalonné cette quasi décennie marquée par des engagements forts. Jean-Louis Debré s'est trouvé en première ligne lorsqu'il s'est agi de défendre le droit juridique des homosexuels au mariage, de censurer la taxe carbone, la loi Hadopi proposée par Nicolas Sarkozy ou l'impôt à 75% sur les revenus les plus élevés promise par François Hollande. Il a été vivement mis en cause et contesté par les dirigeants de l'UMP lors du rejet des comptes de campagne de leur candidat pour la présidentielle de 2012, sanction dont l'impartialité ne faisait pourtant aucun doute. Esprit libre et indépendant, attaché avant tout au respect du droit et des valeurs républicaines, à la défense des libertés publiques et individuelles, Jean-Louis Debré n'a pas craint de déranger ni de heurter les hommes de pouvoir quels qu'ils fussent dès qu'il s'agissait de défendre les missions du Conseil et sa propre autorité. Il répond aujourd'hui aux attaques de Nicolas Sarkozy ou Valéry Giscard d'Estaing, relate les entretiens qu'il a eus avec chacun d'eux comme avec tous les autres protagonistes de la vie politique, d'Alain Juppé, Jean-François Copé, Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault à Bruno Le Maire et Christiane Taubira. Il évoque aussi ses relations personnelles et de travail avec François Hollande et nous éclaire sur le fonctionnement de l'actuelle présidence. Il consacre enfin des pages émouvantes à Jacques Chirac dont il est resté l'ami et le confident le plus fidèle, brossant du vieil homme aux prises avec la solitude et la maladie un portrait affectueux qui nous le rend encore plus attachant. En parlant des autres, c'est aussi un peu de lui-même que Jean-Louis Debré nous laisse entrevoir, de sa sensibilité exigeante, de sa lucidité parfois cinglante, de ses passions et de son humour qui en font un acteur très singulier de notre histoire immédiate.

04/2016

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Philosophie

Le cours d'action. Economie & Activités. Suivie de Note sur l'éthique

Le cours d'action : Economie & Activités. Cet ouvrage vise quatre Objectifs essentiels dans le prolongement du programme de recherche empirique "cours d'action" : (1) examiner la place de l'activité humaine dans les économies politiques et les conceptions, implicites ou explicites, de celle-ci qui y prévalent (Objectif essentiel 1) ; (2) examiner si ces économies politiques définissent des niveaux d'analyse et, si c'est le cas, comment ces niveaux sont définis et reliés entre eux, et mettre à l'épreuve spéculativement le projet d'analyses empiriques multi-niveaux de l'activité humaine en relations de paire (lire "paire-étoile") (Objectif essentiel 2) ; (3) préciser l'épistémologie et l'éthique, explicites ou implicites, de ces économies politiques (Objectif essentiel 3) ; (4) esquisser dans la foulée un trio de programmes de recherche qui prenne en considération de façon adéquate l'activité humaine : un programme de recherche empirique en économie politique, son pendant technologique en politique économique et le programme de recherche philosophique qui leur est idéalement associé, ainsi que les espaces de recherche susceptibles d'accueillir ce trio de programmes de recherche (Objectif essentiel 4). Mais, comme la réalisation de ces Objectifs essentiels part (a) de l'état du programme de recherche empirique "cours d'action", (b) de l'état du projet d'analyses empiriques multi-niveaux de l'activité humaine en relations de paire qui en constitue une extension, et (c) de l'état de l'épistémologie et de l'éthique associées, elle permet de les mettre tous les trois à l'épreuve et d'en suggérer des développements. Ces mises à l'épreuve et ces développements constituent les trois Objectifs collatéraux de cet ouvrage. Si le Chapitre final partira de l'état constaté dans les Chapitres précédents des fondements de l'économie politique pour proposer leur renouvellement, la Coda finale fera le point sur cette mise à l'épreuve et ces développements. Renouant de façon critique avec mes préoccupations d'avant mon travail de recherche sur l'activité humaine, cet ouvrage est plus personnel que les précédents, même s'il vise, comme eux, à contribuer au développement d'une activité de recherche collective. Le cours d'action : Note sur l'éthique. Si les préoccupations éthiques ont été présentes dans le programme de recherche ‘cours d'action' depuis sa préhistoire en ergonomie, ce dernier ouvrage, en abordant l'économie politique et la politique économique, leur donne tout leur développement. Cette Note constitue donc d'abord une Annexe à ce dernier ouvrage. Mais elle constitue aussi une Annexe aux deux ouvrages immédiatement précédents qui ont mis l'accent sur la part de recherche philosophique de ce programme de recherche " cours d'action " au détriment de ses parts empirique et technologique considérées jusque-là. En effet, alors qu'un programme de recherche philosophique complet relie ontologie (un pari sur la nature des "choses"), épistémologie (un pari sur la connaissance pertinente et efficace de ces "choses") et éthique (les valeurs et principes qui président idéalement à l'activité humaine, y compris celle de connaissance, et la façon de les produire, réviser et partager), ces ouvrages, une fois précisée l'ontologie de l'activité humaine, ont essentiellement privilégié l'épistémologie et, s'ils n'ont pas laissé de côté l'éthique, se sont contentés d'un pointillisme en matière d'éthique. Cette Note part d'un ouvrage sur l'éthique de Francisco Varela, l'auteur qui, avec Humberto Maturana, a formulé l'hypothèse de l'énaction. Mais le programme de recherche ‘cours d'action' ajoute à cette hypothèse de l'énaction d'autres hypothèses, dont l'une, celle de la conscience préréflexive, renvoie à un philosophe, écrivain et dramaturge, Jean-Paul Sartre. Ce dernier a inauguré en relation avec elle, dans la période historique du nazisme et de la collaboration triomphantes, une méditation récurrente, bien qu'inaboutie, sur l'éthique. Cette Note est conçue comme à la fois une reprise et une poursuite critiques de cette méditation récurrente à partir de l'hypothèse de l'énaction. Elle vise à définir une éthique minimale cohérente avec le programme de recherche ‘cours d'action' comme contribution partielle à l'éthique personnelle de chacun, dont celle de l'auteur.

01/2019

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Beaux arts

La Sauvegarde de l'art français. Aide aux églises rurales, Edition 2019

Les Cahiers de la Sauvegarde de l'Art français ont derrière eux une histoire déjà longue. Le premier volume a paru en 1979, sept ans après la mort de la marquise de Maillé. On sait que celle-ci avait institué pour légataire universelle la Sauvegarde de l'Art français, à charge de consacrer les fonds ainsi dévolus à poursuivre son oeuvre au service du patrimoine1. Le général de Cossé-Brissac, son successeur à la présidence de l'association, et Jean Hubert, qu'elle avait désigné pour le choix des édifices à aider, se préoccupèrent d'une publication régulière destinée à rendre compte de l'activité de la Sauvegarde et à faire connaître ses réalisations auprès d'un public plus large que celui des assemblées générales annuelles. Aidés par Jacques Thirion, ils rédigèrent eux-mêmes les premières notices se rapportant aux églises restaurées et, pour l'illustration, ils s'adjoignirent Françoise Bercé. S'il s'inscrit dans cette ligne originelle, le vingt-septième Cahier n'en témoigne pas moins des transformations qui, au cours des dernières années, ont marqué l'histoire d'une Sauvegarde de l'Art français promue au rang de fondation. La politique menée par le président en quête de ressources nouvelles a, en effet, permis d'élargir le champ d'action à des entreprises jusque-là exclues par les dispositions testamentaires de la marquise de Maillé et de les mener en toute indépendance financière. Dans leur grande majorité, les notices qui vont suivre concernent des églises répondant aux critères d'éligibilité précisés dans le texte du legs, et des travaux alimentés par les fonds propres à ce dernier. Mais on rencontrera aussi des interventions sur des édifices classés monuments historiques ou postérieurs au xviiie siècle, ainsi que sur des objets mobiliers : ces chantiers ont bénéficié d'apports extérieurs (grands donateurs, dons spécifiques, mécénat, programmes du "Plus grand musée de France" ...) et de l'expertise de la Sauvegarde. Deux monographies ouvrent ce Cahier. Elles serviront d'exemple pour montrer comment, par les observations et les réflexions qu'elles suscitent, des opérations de sauvegarde ou de sauvetage contribuent aux avancées des méthodes et des recherches tant historiques qu'archéologiques. "Une promenade dans toute la France - et un peu aussi dans le passé" , c'était ce que le général de Cossé-Brissac proposait aux lecteurs du premier Cahier. Depuis, la "promenade" s'est poursuivie et s'est largement étoffée. Cette année, toutefois, son déroulement connaît une modification : le regroupement des communes par département va remplacer leur présentation dans l'ordre alphabétique. Toute option de classement est certes arbitraire, mais on peut espérer que la nouvelle disposition facilitera la consultation, aidera à mieux situer les édifices dans leur environnement - géographique, historique, artistique... -, permettra d'éva- luer plus clairement récurrences et spécificités, voire de renouveler certaines perspectives. Les lieux de culte représentent l'objet essentiel des notices de ce Cahier. Sur la longue durée, leur vie s'est trouvée tributaire de facteurs divers et de leurs variantes locales. L'on pourra donc, d'un département à l'autre et à l'échelle de l'échantillon fourni, apprécier la part des éléments qui la nourrissent : héritages d'un passé lointain ou légendaire (sites gallo-romains, traditions locales) ; ressources du sol (matériau utilisé dans la construction) ; mise en place du réseau paroissial (apport du bâti pour sa connaissance) ; rôle des détenteurs de pouvoir, ecclésiastiques ou laïques (dépendances d'abbayes ou de chapitres, initiatives ou influences seigneuriales, générosité privée) ; pratiques de dévotion (chapelles) ; périodes de réfection ou de reconstruction architecturales (lien avec les événements de l'histoire, guerres en particulier, mais aussi avec l'évolution des conditions économiques, démographiques, sociales, ou tout simplement du goût) et, bien entendu, voisinages et échanges artistiques, sans oublier la place du mobilier. C'est ainsi que, par chaque opération de sauvetage ou de rénovation, la Sauvegarde de l'Art français participe, à sa manière, à la survie d'un peu de l'histoire du pays. Puisse ce vingt-septième Cahier en apporter une fois de plus le témoignage.

09/2019

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Littérature étrangère

Vivre, penser, regarder

Dans “Vivre”, la partie la plus directement personnelle du livre, Siri Hustvedt s’interroge sur son enfance, sur les formes que le désir ou l’imaginaire peuvent revêtir pendant cette période de formation. Célébrant la relation de complicité entretenue avec une mère qui lui a enseigné l’importance de l’autonomie et de la liberté, elle retrace sa quête, encore juvénile, et déjà problématique d’une tentative de définition d’elle-même en dépit de son “étrange tête” sujette à des migraines chroniques qui l’accompagneront tout au long de sa vie. S’attardant sur la notion de contexte familial en ce qu’il a pu donner naissance à tel ou tel personnages de fiction, évoquant son rapport au sommeil et/ou à l’insomnie, ou l’impact, sur son existence, de son ascendance norvégienne, elle aborde la question des fonctionnements et dysfonctionnements de la mémoire affective et le rôle joué par la figure paternelle, dont tout lecteur de La Femme qui tremble (Actes Sud, 2010) sait le rôle qu’il a notamment joué dans l’écriture du roman Elégie pour un Américain (Actes Sud, 2008, Babel n°1006). La deuxième partie de l’ouvrage, “Penser”, moins “anecdotique”, moins “narrative”, propose quant à elle une ambitieuse réflexion sur les liens qui existent entre fiction et mensonge, autobiographie et oeuvre d’imagination. Siri Hustvedt s’y interroge sur la “machinerie” de l’écriture comme sur celle de la lecture, sur la notion de vérité et sur l’amnésie en ses tours et détours. S’attachant à rendre compte de son expérience d’acquisition des instruments d’analyse permettant de mieux saisir les fonctionnements cérébraux, mentaux qui président aussi bien à la maladie (dans le pire des cas) qu’à la création artistique (dans le meilleur), l’essayiste, loin de prôner les vertus du seul jargon ésotérique (dont, tout en le maîtrisant, elle récuse l’utilisation abusive et parfois stérile), s’en affranchit pour rendre compte, avec autant de clarté et de “pédagogie ”que possible (et sans toutefois sombrer dans l’écueil d’une hâtive vulgarisation) de ses propres avancées dans le domaine de la psychanalyse ou des neurosciences, tout en mettant à contribution sa longue pratique d’écrivain et de lectrice des grands textes littéraires qu’elle a intimement fréquentés, aussi bien que des ouvrages les plus exigeants dans le domaine de la philosophie (Kant, Kierkegaard, Ricoeur, Merleau-Ponty, Sartre), de la psychiatrie (Freud, Winnicott, William James, Lacan) ou de la neurobiologie (Jaak Panksepp, Antonio Damasio). Cette partie dont un des chapitres a pour titre “L’Analyste et la fiction”, se clôt sur “L’Aire de jeu de Freud”, conférence prononcée par Siri Hustvedt à Vienne lors des rencontres annuelles Sigmund Freud, en juin 2011. La troisième partie, “Regarder” est consacrée à l’univers des arts plastiques (peinture et photographie en particulier) que Siri Hustvedt n’a jamais cessé de fréquenter à titre personnel aussi bien qu’en tant que critique d’art. On y retrouvera quelques-unes des figures tutélaires qui habitent le panthéon visuel de l’écrivain (de Goya à Morandi, en passant par Louise Bourgeois, Gerhard Richter, Annette Messager, Duccio di Buoninsegna, Richard Allen Morris, entre autres). De même que dans Les Mystères du rectangle (Actes Sud , 2006), l’écrivain propose ici une informelle leçon de regard, lequel, s’il peut naturellement convoquer des savoirs (historiques, sémiotiques), doit aussi être capable de s’en émanciper au profit du libre exercice du jugement reposant sur la réappropriation par tout individu confronté à l’oeuvre d’art, de la fonction et de l’activité purement “humaines” sur laquelle repose une expérience qui requiert, de la part de celui qui regarde, la participation du corps et d’une sensibilité subjective au moins aussi cruciales, sinon plus, que le fait de détenir une culture académique. Au terme de la lecture de cette somme architecturée de réflexions, de lectures, d’expérience que Siri Hustvedt cherche à transmettre en toute rigueur mais avec le souci d’apprivoiser, pour elle-même comme pour autrui, la complexité des tenants et aboutissants de l’expérience humaine en tant qu’entité problématique et toujours en devenir, le lecteur aura fait la connaissance d’un écrivain qui a consacré une considérable partie de son existence à explorer sans désemparer les arcanes de l’être au monde qui nous est donné en partage sous ses formes multiples et chez qui la “vocation” d’écrire est inséparable d’une aspiration à la connaissance de soi et de l’autre rendue possible par une fréquentation assidue de la recherche à l’oeuvre, de tous temps, dans les divers domaines de la pensée.

01/2013

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Sociologie

Le Petit Livre Rose. Nous, le Peuple, On veut la Paix !

"Le Petit Livre Rose - Nous le peuple, on veut la paix ! " de Nathalie Kesler : avancer vers l'ingénierie de la paix pour annihiler toute barbarie. Tous les jours, sous nos yeux, le spectacle que nous livre le monde est d'une désespérante tristesse. Nous pouvons tous observer l'extrême pauvreté qui côtoie l'extrême richesse... Pourtant, alors que des politiques mondiales se sont rapidement mises en place pour la vaccination, il n'existe aucune volonté commune pour en finir avec la misère. L'erreur serait-elle d'attendre que la paix vienne des hautes sphères ? Avec "Le Petit Livre Rose", la Présidente fondatrice de l'ONG Pangée Nathalie Kesler veut faire évoluer rapidement les consciences car, tous, à notre échelle, nous avons le pouvoir de devenir des diplomates citoyens oeuvrant pour la paix. Il ne s'agit plus d'intervenir après les conflits et de se contenter de commémorer la paix. Désormais, les mesures et les moyens doivent porter sur la prévention. Ce mouvement commence à mobiliser partout dans le monde, où des projets éducatifs voient le jour (ex : Université de la Paix au Costa Rica), mais la France est encore très en retard dans ce domaine. Le Petit Livre Rose, à la fois court et dense, est une invitation à oser mettre en place une véritable ingénierie de la paix, cette nouvelle approche de la citoyenneté qui lutte contre la fatalité en s'attaquant aux racines du "Mal Radical". Il est actuellement disponible en pré-commande sur Amazon, et bientôt pour tous les habitants du monde, puisqu'il va être traduit dans de nombreuses langues (la traduction espagnole a par exemple déjà débuté). Il existe actuellement plein de livres de toutes les couleurs, mais tous avec la même finalité guerrière : le livre blanc de la défense, le livre vert de Mouammar Khafadi, le livre rouge de Karl Marx... Avec ce nouveau livre rose, je veux donner une tonalité radicalement à contre-courant, puisqu'évolutionnaire et pacifiste. Nathalie Kesler 51jprZq5MjL L'ingénierie de paix, un concept fort et riche de sens Pourquoi le thème de la paix est-il associé à des connotations utopistes ou "new age" ? Ce sujet n'est pourtant pas une notion floue, fruit d'une rêverie de quelques bobos rêveurs... La paix se construit et suppose donc une approche rigoureuse. "Le Petit Livre Rose" est ainsi structuré en 3 parties. Log PG 2 La première partie présente l'Ingénierie de Paix L'auteure tente d'en édifier une réalité augmentée par de l'intelligence conceptuelle, afin de densifier l'aura déjà acquise par les termes de "culture de paix", actuellement en usage au sein de l'UNESCO, l'organe international qui déploie le plus l'attention sur ce thème. Par un rapide historique de son évolution, la fusion des termes invite le lecteur à croire davantage au caractère rationnel et possible d'une future paix mondiale. Certaines propositions sont émises, dans le but d'éradiquer le maximum de conflits meurtriers, ainsi que de violences. La seconde partie propose un nouveau système dénommé " La Nouvelle Pangée", en référence au terme géographique de continent originel. Du découpage Aristotélicien de la monnaie en unités de mesure, vers un monde d'unités de valeur qui espère dans l'idéal kantien de paix perpétuelle, le nouveau système s'emploie à mettre en valeur les talents de chacun (terme autrefois utilisé pour de la monnaie), et se détourne de l'obscure "gouvernance mondiale" occulte qui se déploie de nos jours. Et ce, afin de faire éclore un système de participation des individus, qui soit transparent, et où chaque personne sur la planète peut faire éclore sa créativité et son aptitude au bonheur collectif. Nathalie Kesler pose par conséquent la première pierre au futur système d'échanges de biens et de services adossé à des valeurs éthiques : Ce programme politique, découpé en PARTS de ressources et en PANS d'activités, serait notamment basé sur l'égalité des temps de vie des individus citoyens, de plus en plus responsabilisés, et d'autres valeurs à haut potentiel (ex : pénibilité des tâches, mérite de générosité ou efforts concrets déployés pour la construction de la paix). La dernière partie concerne l'élaboration de termes nouveaux pour repenser l'impensé et les non-dits de ce monde. Il s'agit de conscientiser nos échecs à construire la paix du fait d'une vacuité conceptuelle béante autour de ces thématiques. Comment remédier à des maux dont le champ notionnel est pauvre ? Mettre l'accent sur la nécessité d'élaborer des néologismes pour désigner une réalité, ou élaborer une réflexion sur l'éradication de la misère dans le monde, qui oeuvre sur ses causes profondes, et non pas seulement sur ses conséquences, où le processus de résilience est parfois difficile, voire désespéré, une fois les traumatismes perpétrés. Nathalie Kesler : Je suis une preuve aberrante d'un des tabous de ce monde : le vol des enfants, un acte de fragilisation volontaire politique. On a beaucoup parlé des enfants volés de la RDA ou de ceux de La Réunion, mais cette situation est beaucoup plus fréquente qu'on ne le croit, et elle se déroule le plus souvent avec la coopération directe ou indirecte des Etats. La troisième partie s'achève donc par l'élaboration embryonnaire d'un lexique et de termes nouveaux élaborés pour la "Nouvelle Pangée". Ce livret, enfin, est un condensé de références incontournables pour penser un monde sans argent. Possibilité de remporter une version papier du Petit Livre Rose La version papier du livre est en effet offerte à celles et ceux qui auront acheté la version numérique (offre limitée aux 50 premiers participants) et laissé des commentaires intéressants de propositions pour la paix sur les espaces commentaires des livres sur internet. Une fois cela effectué, il faudra simplement envoyer la preuve du commentaire, ainsi que ses coordonnées de livraison, à l'adresse suivante : cadeaux@parapacem. com De plus, pour 3 ebooks commandés, il sera également possible de demander sa version brochée offerte en cadeau. Sommaire Citations célèbres Sommaire Introduction La Nouvelle Pangée Nommer la paix, au-delà du verbe UNESCO et culture de paix Au-delà des religions Un système alternatif à l'argent Quels outils créer ?? Ingénierie de l'éducation à la paix Opération Pang-Or Basculer vers un monde sans argent et Constat du monde de l'argent Opération "Pang-Or" Objectif n°1 : créer une application universelle pour un monde fraternel et solidaire sans Argent. Objectif n°2 : oeuvrer à notre déconditionnement culturel : l'éducation à l'attrait du bien commun. Objectif n°3 : sortir de notre expectative et prendre le destin du Monde en main pour mettre en oeuvre notre réflexion en commun. Plafond Zéro : décompter les parts de ressources mondiales Acquérir un cadre de vie serein et de qualité Redéfinir le "travail" en Ressources d'activités humaines Rééquilibrage des PARTS de ressources en fonction des PANS d'activités en vue d'un rééquilibrage des inégalités Créer un institut de formation pour la Paix (Ingénierie de paix) Créer une université ou une première école Mettre au point l'EMA Système de défense mondiale commune Système optimise des savoirs mondiaux Ingénierie de paix planétaire et interplanétaires En Résumé Webographie Bibliographie Lexique IMG-20210728-WA0007 © Grégoire de Gaulle ADAGP Extrait Souvent, lorsque les gens me disent : "? la paix, c'est pas pour demain ? ", ou "? c'est une belle utopie ? "? ; "? les guerres ont toujours existé, il y en aura encore toujours ? ", etc. , alors je m'étonne que des Occidentaux, qui ont vécu comme norme quotidienne, un monde sans guerres, dans la plupart des pays européens, notamment ceux qui sont nés après-guerre, ou qui ne s'en souviennent pas ? ; ce qui constitue actuellement, en 2021, une majorité, ceux nés en 1940 ont déjà 80 ans, pour ainsi dire, la mémoire des guerres s'estompe, et si les commémorations sont nécessaires, il vaut mieux éviter de créer de nouvelles guerres pour convaincre de s'en passer plutôt que de tenter de nouvelles formes de guerres insidieuses, non armées, mais tout aussi dangereuses, qu'elles soient bactériologiques ou économiques... ... En bref, pourquoi ceux qui justement jouissent de la paix au quotidien (ici dans le sens de paix sans conflits armés) s'obstinent à plaider qu'elle n'existe pas, puisqu'ils expriment un paradoxe quasiment en flagrant délit d'imposture dans le sens où ils ont vécu dans un havre de paix toute leur existence, sans JAMAIS expérimenter de conflits armés de leur vie ! A ce titre, il faut remettre les pendules à l'heure, peut-être préciser que les guerres semblent nécessaires aux pays vainqueurs afin de maintenir l'équilibre des pouvoirs d'après-guerre, et maintenir des guerres afin de continuer à asservir certains pays au service des intérêts des pays en paix. C'est ici que la leçon est apprise de nos actes de colloque où l'on apprend que le Président de la troisième assemblée générale de 1948, Herbert Vere Evatt, ayant participé aux actes fondateurs de la charte de San Francisco, à l'origine des Nations Unies, avait bien écrit en réponse au courrier de Garry Davis que "? la mission des Nations Unies n'était pas de faire la paix, mais de la maintenir ? "... Dans cette lettre de Evatt : il rappelle que l'ONU a voté une résolution "qui demande aux grandes puissances de faire la paix" et ajoute : "Cette résolution illustre le fait indubitable que l'Organisation des Nations Unies, et en particulier l'Assemblée générale, n'a pas le pouvoir général ou la prérogative de faire la paix" . (article 107.) Les Nations Unies ont comme fonction primordiale "le maintien de la paix internationale, une fois que la paix sera établie" . Et appelle les peuples à participer "à son activité pratique de tous les jours" . Albert Camus avait bien mis en évidence cette supercherie dans son texte de défense de Garry Davis, lors de son incarcération : "L'Organisation des Nations Unies s'est engagée dans une attitude dont la logique mène à l'arrestation d'hommes

09/2021

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Associations

Associations. Fondations - Congrégations - Fonds de dotation, Edition 2024

Gérez efficacement une association, fondation, congrégation ou fonds de dotation, quelle que soit sa taille, son activité ou ses statuts. Concerne toutes les associations, fondations, congrégations et fonds de dotation quels que soient leur taille, leur activité ou leurs statuts. Etudie le régime juridique, fiscal, social et comptable des associations pour vous donner toutes les clés d'une gestion efficace. Pour toutes les associations, fondations, congrégations, fonds de dotation Ce Mémento s'adresse à toutes les associations, fondations, congrégations, fonds de dotation, quels que soient leur taille, leur statut ou leur activité, et à leurs conseils. Il étudie le régime juridique, fiscal, social et comptable des associations et vous donne une information complète pour : - gérer efficacement une association, - financer son activité (dons, subventions, mécénat, parrainage), - recourir à des bénévoles ou à des salariés sans risque, - maîtriser les charges fiscales, - tenir une comptabilité dans les règles, - effectuer vos démarches simplement, - organiser une manifestation en toute sécurité, - publier un journal... Des dossiers thématiques complètent l'ouvrage : fonds de dotation, mécénat et parrainage (sponsoring), subventions aux associations, statut des bénévoles, filialisation des activités lucratives d'une association, association locataire de locaux privés, fichiers des associations, presse associative, manifestations publiques, Alsace - Moselle, congrégations. Ce Mémento intègre également de nombreux modèles et tableaux récapitulatifs, ainsi que des exemples chiffrés et des illustrations. A jour au 15/03/2023, il intègre les dernières nouveautés : Les nouvelles conditions de délivrance des agréments des associations sportives Les derniers avis du Conseil d'Etat en matière de reconnaissance d'utilité publique des associations et des fondations Le contrôle du financement étranger après la loi Respect des principes de la République Les nouveautés fiscales issues de la loi de finances pour 2023 Les nouvelles règles de déclaration des spectacles pyrotechniques Les nouvelles modalités de mise en oeuvre du volontariat de solidarité international La réforme de la responsabilité des dirigeants associatifs gestionnaires de fonds publics Les nouvelles obligations incombant aux entreprises donatrices et aux organismes bénéficiaires de dons après la loi Respect des principes de la République Le renforcement du contrôle des fonds de dotation Mesures en faveur du pouvoir d'achat : prime de partage de la valeur, monétisation des jours de repos et de RTT, extension du champ de la déduction forfaitaire sur les heures supplémentaires, etc. Le Mémento répond à toutes vos questions : GERER EFFICACEMENT UNE ASSOCIATION > Quels sont les pouvoirs du président ? Du conseil d'administration ? De l'assemblée générale ? > Quelles précautions faut-il prendre avant d'exclure un membre ? > Quels sont les impacts de la loi sur le respect des principes de la République sur l'agrément des associations ? > Quelles démarches doit entreprendre une association lorsqu'elle modifie ses statuts ? Change de dirigeants ? Achète un immeuble ? RECOURIR A DES BENEVOLES OU A DES SALARIES > A quelles conditions peut-on recourir aux équivalences ? > Quel est le montant crédité annuellement sur le compte d'engagement citoyen des bénévoles ? > A quelles conditions une association peut-elle recourir à un contrat aidé ? > Y-a-t-il une condition d'effectif pour recourir au chèque-emploi associatif ? > Le directeur d'une association peut-il licencier un salarié ? > Quelles sont les associations exonérées de versement mobilité ? MAITRISER LA FISCALITE > Comment sont taxés les revenus de valeurs mobilières des associations sans activité lucrative ? > Quand doit-on payer les taxes sur les spectacles ? > A quels éléments une association doit-elle prêter attention pour éviter la remise en cause du caractère non lucratif de son activité ? > Pourquoi et comment procéder à la sectorisation des activités lucratives ? > Dans quelles limites les associations lucratives peuvent-elles reporter leurs déficits ? > Quels sont les dispositifs d'exonération d'IS, de TVA et de CET dont peuvent bénéficier les associations ayant une activité lucrative ? COMPTABILISER DANS LES REGLES > Quelles obligations pour les associations faisant appel à la générosité du public ? Pour les associations du secteur sanitaire et social ? Pour les petites associations ? > Dans quels cas une association doit-elle recourir à un commissaire aux comptes ? Quel est leur rôle ? > Quelles conséquences pour l'association en cas de non-établissement des comptes ? FINANCER SON ACTIVITE > A quelles obligations sont soumises les associations désirant obtenir une subvention depuis la loi Respect des principes de la République ? > Quelles conditions doit remplir une association pour recevoir des dons de particuliers ouvrant droit à réduction d'impôt sur le revenu ? > Quel régime fiscal s'applique aux dons effectués par une entreprise au profit d'organismes d'aide aux personnes en difficulté ? > Quelles sont les obligations déclaratives des associations qui reçoivent des dons ouvrant droit à réduction d'impôt ? > Comment créer un fonds de dotation ? Quel régime fiscal s'applique ? > Les dons à un fonds de dotation redistributeur finançant à la fois des organismes éligibles et des organismes non éligibles au régime du mécénat ouvrent-ils droit à réduction d'impôt ? ORGANISER UNE MANIFESTATION EN TOUTE SECURITE > A quelles obligations sont soumises les associations organisant une manifestation sur la voie publique ? > Quel est le régime fiscal applicable aux manifestations ? > Quelles embauches faut-il déclarer au Guichet unique spectacle occasionnel ?

06/2023

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Revues

XXI N° 59, été 2022 : Himalaya, la révolution des sommets

Sujet de couverture - Nims Purja, la révolution himalayenne / François Carrel Nims Dai, de son vrai nom Nirmal Purja, est depuis 2019 le détenteur du record de vitesse de l'ascension des 14 sommets de plus de 8000 mètres de la planète, qu'il a effectué en six mois et six jours. En 2020, avec les mêmes méthodes logistiques lourdes et toujours avec un groupe d'alpinistes exclusivement Népalais, il s'est adjugé un autre mythe convoité : la première ascension hivernale du K2 au Pakistan, dernier 8000 jamais gravi en hiver. "14 Peaks : nothing is impossible" , le documentaire sur Nims Dai diffusé mondialement par Netflix en décembre dernier a fait sensation et la version française de son best-seller Beyond Possible parait ce printemps en France. Derrière les performances physiques, logistiques et médiatiques de cet ancien Gurkha de l'armée britannique se dévoile un tournant dans l'histoire de l'himalayisme. D'abord, c'est une sorte de décolonisation que ce Népalais réalise, en se réappropriant la mythologie de ces très hautes montagnes. Les Occidentaux y ont tenu le premier rôle depuis un siècle, tandis que les Népalais étaient cantonné au rang de simples porteurs d'altitude, malgré leur rôle essentiel. Aujourd'hui les Népalais, derrière Nims Dai, retrouvent leur fierté en revendiquant le leadership. Au delà de la sphère sportive, c'est bien de business dont il s'agit : les Népalais assurent désormais eux-même une part de plus en plus importante du très lucratif marché des expéditions commerciales sur l'Everest. Nims Dai, qui a lui même créé son agence anglo-népalaise haut de gamme, entend régner sur le marché, et vise en parallèle celui des 7 Summits, les points culminants des sept continents. Ces acteurs Népalais, Sherpas pour la plupart, reprennent et amplifient cependant les travers de la course à la très haute altitude inventée par les Occidentaux : suréquipement et surfréquentation des voies classiques des sommets les plus connus, dont Everest, généralisation de l'usage de l'hélicoptère pour les approches, utilisation de plus en plus massive et précoce de l'oxygène supplémentaire, médiatisation et marketing débridés. Ce reportage sera à la fois le portrait d'un athlète et d'une personnalité exceptionnelle, le récit d'un tournant dans la longue histoire de l'himalayisme, dont Nims Daï est la figure emblématique, et la description de ses dérives qui mènent chaque année toujours plus de touristes d'altitude fortunés au sommet de l'Everest, malgré la perte de toute dimension de performance sportive de cette ascension et prix de drames humains, certains déjà survenus, et de ceux à venir, redoutés. Dans ce contexte, gravir les plus hauts sommets du monde a-t-il encore un sens ? Le silence des mots / Gaël Faye, Michaël Stzanke Victimes de viol pendant le génocide des Tutsis en 1994, en pleine opération Turquoise dirigée par la France, ces Rwandaises se sont confiées à l'écrivain Gaël Faye, qui vit aujourd'hui à Kigali. Le business des otages sahéliens / Anthony Fouchard Ils seraient entre 300 et 400 otages aux mains des groupes djihadistes qui tentent de contrôler l'immense espace sahélien. Des otages dont on ne parle jamais, car ce sont des hommes ordinaires, maliens, burkinabés ou nigériens dont les groupes islamistes négocient la libération contre quelques milliers d'euros. Cette criminalité est devenue l'un des principaux moyens de financement des djihadistes. A Madagascar, la vérité reste sur sa faim / Emre Sari Tout le monde semble d'accord : la famine dans le Sud de l'île est due au réchauffement climatique. Cela arrange bien le Président qui se trouve déresponsabilisé et invite les médias français tous frais payés pour lui tresser des louanges. Mais en fait, les raisons sont multiples : l'insécurité, les bandits qui pillent les ressources, et surtout, des décennies d'incurie gouvernementale. Alors, pourquoi l'ONU et les ONG s'en tiennent-elles à la version officielle ? Contre-enquête sur une famine. Poids-lourds anti-mafia / Angelo Mastrandrea En Italie, quand les entreprises appartenant à la mafia leur sont confisquées par la justice, elles font souvent faillite. Sauf à Catane, en Sicile, où une poignée de salariés ont réussi à racheter leur société de transport et à la faire revivre, malgré des tonnes d'embûches. BD - L'île, le millionnaire et les écolos / Bruno Lus et Vincent Sorel Depuis qu'il a racheté l'île de Berder, dans le golfe du Morbihan, un millionnaire fait la loi. Michel Giboire, patron de l'immobilier, entend la transformer en complexe hôtelier. Des retraités bretons l'ont fait plier. Vécu- Charly et le Prince / Haydée Sabéran Charly travaillait pour une conciergerie de luxe au service d'un membre de la famille royale saoudienne à Paris. Comme le génie de la lampe, il exauçait tous les voeux du prince. Il a mis en route une Xbox le matin de Noël pour 500 euros de pourboire. Déniché un tigre, un faucon, une table de gynécologue, de la cocaïne. Réalisé des films pornos en streaming. Mais jusqu'où accepter un caprice ? Quand il s'est agi de trouver une prostituée mineure, il a dit stop. Grand entretien Le cinéaste Marco Bellochio par l'écrivain Olivier Guez.

07/2022

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Littérature française

Vidures

C’est une journée dans la vie de Gam’, une journée qui contient toute une vie. Unité de temps, unité de lieu, unité d’action, matière première de tragédie classique que Denis Donikian sculpte en roman-monde. On est au pied du mont Ararat, sous le bleu du ciel et le rire des mouettes moqueuses, les pieds dans la boue, entre la grande décharge et le cimetière, peut-être le chemin le plus court pour raconter la vie sur terre. Et tout est vrai. Poète contrarié, journaliste-pamphlétaire clandestin, vagabond magnifique, fils en fugue, orphelin inconsolable, chiffonnier de fortune dans une Arménie en ruine qui ressemble diablement à sa décharge - cette “apocalypse en sursis”, Gam’ conduit cette danse folle, dangereuse et salvatrice, épique et dérisoire : la traversée d’un jour parmi les sans-riens qui fouillent les entrailles de la ville pour en faire leur festin. Et Gam’ nous prête ses yeux, ses oreilles et ses sens pour appréhender une réalité de fable ou de mauvaise blague historique aussi invraisemblable que réaliste, aussi anachronique qu’actuelle. On est à la marge - dans l’ombre toujours vaguement menaçante d’un régime qui pour être indépendant n’en est pas moins autoritaire, mafieux, expéditif ; où la police envoie au feu ses voyous en costards à la gâchette facile, où tous les cadavres doivent disparaître. Voici Dro, le “bouseux sensuel”, le patron de la décharge, qui a baptisé son chien et ses porcs préférés des surnoms des trois caricatures de présidents qui se sont succédés aux commandes de la petite république - et qui manie le tractopelle en scénographe de la pourriture. Voici Roubo, le gardien du cimetière, son voisin-frère-ennemi, collé toute la sainte journée à son tabouret, qui biberonne sa gnôle et surveille les entrées et sorties, aussi attaché à “ses” morts que l’autre l’est à ses porcs. Et voici les chiffonniers, hommes, femmes, enfants, dont le désespoir et les épreuves n’ont jamais entamé la fierté. L’humanité en deuil d’elle-même que nous présente Denis Donikian nous colle au cœur : elle est à part égale effrayante et attachante pour ce qu’elle ravive de souvenirs autant que pour ce qu’elle promet - parce qu’elle nous pend au nez. Le regard qu’elle pose sur son absence d’horizon (de la décharge, on voit le cimetière et vice-versa) est chargé d’une lucidité acérée, d’un humour de dépossédés et d’un sens de la fête proche de l’instinct de survie. C’est un pays, un peuple, qui a tout subi, injustice des hommes et de la nature, génocide et tremblement de terre, un pays qui s’est tout juste assez relevé, construit, pour céder aux fausses sirènes d’une comédie d’Indépendance conquise de haute lutte et aussitôt gangrénée par toutes les corruptions. Dans ce contexte sans merci, Denis Donikian échappe au folklore et aux lamentations légitimes pour mieux mener la ronde des affaiblis, explorer la hiérarchie sophistiquée de la misère et sonner l’heure du réveil. Aux confins d’un pays en charpie, dans l’urgence reçue en héritage, parce que quand “on n’a plus d’avenir à offrir, on patauge dans la fatalité”, comme un chant contestataire improvisé pendant qu’il est trop tard, Vidures est un hymne à la résistance humaine (à la survivance de l’humain), fort d’un constat paradoxal qui vaut pour tout un peuple : Vivre était encore possible après qu’on avait touché le fond. Vidures est une allégorie de l’Arménie dans un miroir tendu à toute la planète. Un hymne et un appel, un hymne et un coup de tonnerre pour rallumer les âmes, secouer les corps et rendre aux esprits le seul pouvoir qui vaille : celui des mots choisis, celui des histoires transmises, pour nourrir la mémoire qui est le meilleur moyen de transport vers l’avenir. Il y a dans ce texte une puissance rare et fondamentale - et fondamentalement singulière, qui évoque des grandes voix à la pelle (on pense à Beckett, à Shakespeare, à Céline, à Hrabal…) et/mais qui ne ressemble à rien. Il y a, au-delà du souffle narratif, un texte qui fonce vent debout contre les pseudo-fatalités de l’histoire, une révolte qui creuse et qui jaillit, une rage pleine d’amour contre ses semblables si aisément vaincus, si vite démissionnaires. Il y a, enlacés, la colère et la joie de vivre, l’ordure et la poésie, le rire et l’impossible. Le “vin fou des légendes” et la honte bus d’un même trait. Il y a les messies narcissiques et les révoltés désarmés, des hommes qui font les morts et des morts qui ne lâchent rien. Der Vorghomia ! crie au petit matin Gam’, perché sur sa colline qui domine la ville. Ce sont les premiers mots de Vidures. Ils signifient : Seigneur, prends pitié ! Pourtant, après avoir résonné tout au long du roman, ils sonnent à nos oreilles comme un toast et comme un cri de guerre. Comme une improbable promesse. Comme une prière active.

11/2011

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Sciences historiques

Une breve histoire de la communaute chinoise de france

Avant-propos Le 27 janvier 2014 marqua le 50ème anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques officielles entre la République populaire de Chine et la République française. Il y a 50 ans, le Président français de l'époque, le Général Charles de Gaulle, dans un geste d'une audace visionnaire, décida de faire de la France le premier grand pays occidental à reconnaître la Chine. L'évènement, une fois annoncé, provoqua un séisme dans la communauté internationale. La nouvelle fut accueillie avec une joie immense par les Chinois de France. Il est difficile de mesurer aujourd'hui à quel point, pour l'ancienne génération de Huaqiao, isolés dans un pays sans relation formelle avec la Chine, ce changement fut porteur de grandes espérances. A cette époque, la communauté chinoise de France comprenait moins de 10 000 personnes ; aujourd'hui elle dépasse les 500 000. Durant ces cinquante dernières années, à travers triomphes et vicissitudes, bouleversements historiques et changements plus graduels, le parcours de la communauté a esquissé une grande fresque de l'histoire contemporaine. Des sources fiables indiquent que trois cent ans se sont écoulés depuis l'installation du premier Chinois en France. Au cours de cette longue période, chaque immigrant est généralement passé par les mêmes étapes : le saut dans l'inconnu, les doutes, les tâtonnements, puis, progressivement, l'adaptation au nouvel environnement, la subsistance, parfois l'entrée dans les affaires, et enfin l'épanouissement. Il essaye de bâtir des relations cordiales avec la communauté locale et, en même temps qu'il se construit sa vie, n'oublie pas de contribuer à la société. Au cours des cinquante dernières années, malgré la croissance exponentielle de leur nombre, les Huaqiao de l'hexagone ont réussi à se faire accepter par la société française parce qu'ils respectent les lois, ne recherchent pas les affrontements inutiles et sont capables de vivre en harmonie avec les autres dans ce beau pays qu'est la France. Aucune discussion des rapports franco-chinois n'est complète sans mentionner le sort des 140 000 travailleurs chinois venus épauler les Français pendant la Première Guerre Mondiale. Bon nombre d'entre eux y ont sacrifié leur vie et reposent désormais en terre française. La guerre terminée, plus de deux mille d'entre eux décidèrent de rester, une majorité fondant des familles avec des Françaises, mais aussi avec une partie menant une vie précaire, condamnés au célibat et à la pauvreté. Cette première génération d'immigrants a forgé l'amitié entre les deux pays et posé les bases de la communauté chinoise en France. Cette rétrospective des relations franco-chinoises et des générations de Huaqiao ayant vécu en France présente non seulement un intérêt historique, mais, plus encore, est d'actualité et possède une importance pratique. Nous, Chinois de France, espérons de tout coeur cimenter l'amitié entre les deux peuples avec ce livre, non seulement pour nous aujourd'hui, mais plus encore pour les générations futures. La globalisation est en marche, et dans le village global, les peuples se rapprochent sans cesse. Les échanges entre les pays, entre les populations, vont en se fluidifiant. A l'avenir de plus en plus d'habitants d'un pays partiront dans un autre, pour y travailler et y vivre. Beaucoup ne se contenteront pas seulement d'y séjourner, mais voudront y faire leur vie. Dans ce cas, il ne leur faudra pas oublier d'assumer les devoirs et responsabilités qui vont de pair avec les opportunités qui leur sont offertes. En cette deuxième décennie du 21ème siècle, la taille de la communauté chinoise en France est relativement stable, et à court terme on peut penser qu'elle ne changera guère. Pour des raisons pratiques de plus en plus de Huaqiao choisissent de prendre la nationalité française ; pour ceux de la deuxième ou troisième génération, la question ne se pose quasiment pas. Il y a donc de moins en moins de Huaqiao et de plus en plus de Huaren. Mais qu'ils soient Huaren or Huaqiao, dans leurs veines coule le sang du peuple chinois, et ils puiseront toujours leurs racines dans les immenses étendues de la Chine. Interrogés sur leur sentiment d'appartenance, de nombreux Huayi expriment leur conviction profonde quand ils répondent : "J'aime la France, et j'aime aussi la Chine", ou alors "J'aime la Chine, et j'aime aussi la France. " Pour les Chinois de France, il est clair que la France est déjà une seconde patrie. De nos jours, l'intégration est un sujet qui revient souvent dans les conversations entre membres de la communauté. S'intégrer, respecter les lois, vivre en harmonie avec la population locale, telles sont les actions qui garantiront à la communauté sa prospérité sur le long terme. Ce n'est qu'à ces conditions que la communauté pourra, en même temps qu'elle se développe, contribuer à la société française dans son ensemble, et servir d' "ambassadeurs informels" dans le développement des liens culturels et économiques entre la France et la Chine. L'Histoire, lanterne éclairant le futur, ne doit pas être oubliée. Pour l'ancienne génération, il ne faut pas oublier le long chemin parcouru depuis 300 ans, avec ses déboires et ses triomphes ; pour la nouvelle génération, il faut comprendre comment leurs parents sont venus s'intégrer dans la société française. Publié pour coïncider avec le 50ème anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine, nous voudrions que cet ouvrage, résultat de longues années de recherches documentaires et d'interviews avec des acteurs des évènements décrits, soit notre façon de célébrer ce jour extraordinaire. Dû aux contraintes de temps et aux informations qui nous auraient échappées, il est inévitable que ce livre contienne des inexactitudes. Nous serons reconnaissants aux lecteurs de nous écrire pour nous les signaler, ou juste pour nous donner leur avis.

08/2015

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Critique littéraire

Études anglaises - N°1/2015

Agnès DERAIL-IMBERT Eros et Arès : les enfants de la guerre dans Billy Budd, Sailor de Melville Cette étude se propose de lire Billy Budd, Sailor comme une fable juridique qui dramatise, dans un double contexte de guerre et de mutinerie, le conflit entre la violence d'une innocence exceptionnelle (Billy) et celle du mal absolu (Claggart). L'une et l'autre, hors la loi, recèle une menace insurrectionnelle que la souveraineté politique (celle du capitaine Vere), pour se maintenir, doit réprimer. Le jugement de Vere - l'exécution de Budd -, s'exerçant au nom de la violence légale, met en oeuvre une stratégie qui enrôle la puissance cohésive d'Eros au service de la loi mar- tiale, dans une opération qui vise à naturaliser et à sublimer la violence arbitraire de l'état d'exception. Against a backdrop of war and mutiny, Billy Budd, Sailor can be read as a juridical drama staging the conflict between the exceptional violence of utmost innocence (Billy's) and that of absolute evil (Claggart's). Both infringe the law and both are pregnant with a threat of insurrection which political sovereignty (captain Vere's) must eradicate for the sake of its own integrity. Vere's sentence condemning Budd to death in the name of legal violence partakes of a complex strategy whose aim is to summon Eros's cohesive power in order to buttress martial law and to naturalize and sublimate the arbitrary violence of the state of exception. Michael GILLESPIE The Picture of Dorian Gray as a Postmodern Work Despite the wide range of interpretative approaches to The Picture of Dorian Gray that have appeared since its publication, all seem to assume that a particular set of values or beliefs-traditional Judeo-Christian morality, cultural attitudes, nationa- list dispositions, or queer inclinations-is integral to Wilde's narrative. This essay challenges the value of any metaphysical reading by asserting that the world of The Picture of Dorian Gray is delineated in strictly physical terms and so is best as a Post-Modern work. Through close reading, this essay shows key points in the narrative that highlight the absence of all values and that underscore the view that characters behave according to strictly material considerations. In the end the essay concludes that Wilde presents a world as grim and bleak as anything found in the works of Samuel Beckett. Malgré les nombreuses interprétations dont a fait l'objet The Picture of Dorian Gray depuis sa publication, tous les critiques semblent penser qu'un ensemble de valeurs ou de croyances-qu'il s'agisse de la morale judéo-chrétienne, de positions culturelles, de dispositions nationalistes ou de l'homosexualité-fait partie inté- grante du roman de Wilde. Cet essai remet en question la pertinence de toute lec- ture métaphysique en affirmant que le monde de The Picture of Dorian Gray est délimité en termes strictement physiques et que l'on ici affaire plutôt à une oeuvre post-moderne. En se fondant sur une lecture détaillée, cet essai montre que des points-clés dans le récit mettent en évidence l'absence de toute valeur et soulignent l'idée que les personnages se comportent en fonction de considérations purement matérielles. En conclusion, cet article souligne que Wilde donne à voir un monde aussi sombre que celui de Samuel Beckett. Christopher S. NASSAAR Hidden Meanings and the Failure of Art : Wilde's A Woman of No Importance Complexity is the hallmark of Oscar Wilde's mature works. From "Lord Arthur Savile's Crime" through The Picture of Dorian Gray and Salome, there is an incre- dible amount of complexity wherever we look. When we reach A Woman of No Importance, however, the complexity apparently disappears, and the play is usually read as a conventional Victorian melodrama. A deeper look at the play reveals veiled references to Farquhar, Hawthorne, Arbuthnot and Baudelaire. The refe- rences point to a deep hidden meaning in the play. Traced carefully, they reveal Mrs. Arbuthnot as a deeply corrupt woman who is unaware of the dark recesses of evil within herself. Unfortunately, this suppressed undercurrent of meaning is too dee- ply buried and very difficult to detect, which has led people in general to accept the surface meaning as the true one. The play is thus a stylistic failure, although its veiled thematic content is quite profound. La complexité caractérise les oeuvres d'Oscar Wilde, de "Lord Arthur Savile's Crime" jusqu'à The Picture of Dorian Gray et Salome, alors que, dans A Woman of No Importance, celle-ci paraît moins évidente, la pièce étant le plus souvent lue comme un mélodrame victorien conventionnel. Cependant, si on analyse la pièce de plus près, on y décèle des références voilées à Farquhar, Hawthorne, Arbuthnot et Baudelaire. Celles-ci soulignent qu'il y a dans la pièce un sens caché, et une analyse détaillée révèle que Mrs Arbuthnot est en fait une femme corrompue et inconsciente du mal tapi en elle. Malheureusement, parce que celui-ci est profondément enfoui, on s'en est souvent tenu à une lecture superficielle de la pièce. Celle-ci est donc, en un sens, un échec stylistique en dépit de sa profondeur thématique. Nathalie SAUDO-WELBY Narratorial authority in Sarah Grand's Beth Book (1897) The Beth Book, a partly autobiographical narrative, is a feminist Bildungsroman told in the third person. Historical, religious and scientifc discourses combine to give authority to the narrator's vision of Beth, so that the narrator is fnally in a position to award Beth the title of female genius. Yet, very little is said of the con- tent of Beth's "art for man's sake ;" the title and the content of her non-fction book are not described ; and the novel's last words are the name of her "Knight, " a writer who believes in woman's genius to reveal man's own. Avoiding the most direct form of didacticism, Sarah Grand has shifted the emphasis away from Beth's message to women to the narrator's work of authorizing Beth to progress to her position of public speaker. In the process, this narrator is given a historical consciousness and a sex. The Beth Book est un roman d'apprentissage féministe au contenu en partie auto- biographique. Fondant son autorité sur une analyse historique et un discours reli- gieux et scientifque, l'instance narrative fnit par octroyer à Beth le titre de génie féminin. Pourtant, un vide entoure le contenu de "l'art pour l'homme" de Beth ; de son ouvrage, on ne sait ni le titre ni le contenu mais seulement qu'il ne s'agit pas de fction ; les derniers mots du roman sont le nom de son "Chevalier" , un écri- vain qui croit que le génie des femmes consiste à susciter celui des hommes. Tout en évitant les formes de didactisme les plus directes, Sarah Grand a placé au centre de son roman engagé la tâche de la narratrice omnisciente qui va faire progresser Beth en position d'orateur de génie. Au cours de ce processus, la narratrice acquiert une conscience historique et un sexe. Pierre LONGUENESSE Yeats et le mélange des genres : du texte à la scène Dans le projet de "théâtre de l'imagination" formulé par Yeats dès 1890, le Verbe poétique est porteur d'un pouvoir visionnaire, par la performativité de son énoncia- tion concrète portée par le corps de ce que l'on n'appelle pas encore, avec Georges Banu, un "acteur-poète" . Ce projet fait de l'écriture dramatique un objet multi- forme, où le drame n'a de sens que mis en tension par ce qui le "menace" dans sa pureté générique : la narration, le chant, la danse. ll conduit le dramaturge vers des collaborations audacieuses sur les scènes de ses créations, entre musiciens, compo- siteurs, et danseurs. En somme, loin de "menacer" son théâtre, ces figures d'un "hors-champ" artistique sont ce qui en constitue l'expression par excellence, puisque, par le théâtre, est dévolu au verbe le pouvoir extra-ordinaire de faire sur- gir, par sa physicalité propre, aussi bien le souffle du chant que le rythme du corps dansant. In the "Theatre of Imagination" conceived by Yeats in the 1890s, the poetic Verb is given the power to create visions through the concrete physicality of its uttering by the performing body of what Georges Banu will later call an "acteur-poète". This project transforms dramatic writing process into the creation of a multiform object, in which the issue of the drama is brought out by the tension between oppo- site mediums : theatre on the one hand, singing, dance, tale on the other hand... This exploration involves Yeats in original collaborations on stage with composers, musicians, and dancers. In short, these manifestations of an artistic "hors-champ, " far from threatening the drama, become on the contrary the core of its expression, as a new power is, on stage, devoted to the Verb : the extra-ordinary power to arise the pneuma of singing as well as the rhythm of the dancing body. Anne MOUNIC "To tell and be told" : war poetry as the "transmission of sympathy" War poetry raises a paradox : the destructive collective imposition which weighed upon each soldier during the Great War triggered off new individual awareness and led to a questioning of the values that had prevailed until then, and notably idealis- tic philosophy. Discussing the paradox, we shall oppose tragedy and the individual epic, catharsis and empathy, the choice of death and the choice of life. The Great War writings will be placed in their literary and philosophical context, before and after. La poésie de guerre soulève un paradoxe : la contrainte collective de destruction qui pesa sur chaque soldat durant la Grande Guerre suscita une nouvelle conscience singulière, menant à un questionnement des valeurs et, notamment, de la philoso- phie idéaliste. Discutant ce paradoxe, nous opposerons la tragédie à l'épopée indi- viduelle, la catharsis à l'empathie, le choix de la mort à celui de la vie. Les écrits de la Grande Guerre seront placés dans leur contexte littéraire et philosophique, avant et après. Olivier HERCEND Cinema, the mind and the reader in Virginia Woolf's The Mark On the Wall Taking up David Trotter's Cinema and Modernism, this article emphasises the strong links that exist between Virginia Woolf's thoughts on cinema and the new techniques and notions that she develops in "The Mark on the Wall. " Indeed, her depiction of the mind's process fosters the image of a fragmented world, a succes- sion of images that come under no authoritative order or meaning : a mere mon- tage. But cinema also contains the promise of an artistic answer to the fragmentation of the modern condition. Through a renewal of textual co-operation, Woolf opens her reader to the possibilities of what I choose to call an "aesthetics of juxtaposi- tion. " Reprenant les idées exprimées dans Cinema and Modernism, de David Trotter, cet article relie la pensée de Virginia Woolf sur le cinéma aux techniques et aux notions nouvelles qu'elle développe dans "The Mark on the Wall" . De fait, en tentant de décrire le fonctionnement de l'esprit, elle fait naître l'image d'un monde fragmenté, une succession d'images qui ne tombent sous l'autorité d'aucun ordre ni d'aucune signification essentiels : en un mot, un montage. Mais le cinéma est également la source d'une réponse artistique à la fragmentation de la condition moderne. En renouvelant les modalités de la coopération textuelle, Woolf ouvre son lecteur aux possibilités d'une "esthétique de la juxtaposition" . Antonia RIGAUD Les Europeras de John Cage : de l'opéra au cirque Cet article interroge le rapport ambigu qu'entretint John Cage avec le théâtre tout au long de sa carrière. Influencé très tôt par Artaud et Stein, il ne cesse de faire référence au théâtre et conçoit son art comme une réflexion sur la théâtralité et la notion de performance. Ses Europeras, à la fin de sa carrière, permettent de mettre en avant la manière dont il a cherché à la fois à inscrire ses expérimentations artis- tiques dans le champ théâtral tout en faisant sortir le théâtre des codes mêmes de la scène. La place centrale que Cage donne au théâtre, bien qu'il ne produise que de très rares oeuvres théâtrales, témoigne de son désir de penser le théâtre non pas en tant que médium mais en tant que lieu d'expérimentation. This article addresses John Cage's ambiguous relationship with theatre throughout his career. Influenced early by Artaud and Stein, he often referred to theatre and understood his own art project as a reflection on theatricality and performance. The Europeras, written late in his career, testify to his attempt to associate his artistic experimentation with theater while pushing on the limits of theatre. The prominent position Cage gave to the theatre in contrast to the rarity of his theatrical work pieces is emblematic of his ambition to re-think the theatre as a locus of experimentation.

09/2015

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Biographies

Charles de Foucauld, homme de science

Assassiné le 1er décembre 1916 alors qu'une insurrection de grande ampleur avait soulevé la majeure partie des populations du Sahara et du Sahel contre l'occupant français, Charles de Foucauld a inspiré dès avant sa mort les fabricants de littérature sulpicienne. Leur représentant le plus encombrant reste René Bazin, qui a publié en 1921 Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara, monument de componctueuse et fate médiocrité dont Louis Massignon devait écrire dans une lettre du 16 septembre 1959 à Jean-François SixA : " Foucauld coule dans le gouffre de la bondieuserie S. A Sulpice. [... ] Il y a des jours où je regrette de n'avoir pas été réquisitionner pour sa "Vie" Louis Bertrand au lieu du mélibéen René Bazin. [... ] Il nous aurait épargné les bonbons de candi bénit de la rue de Sèvres. A " Le grand arabisant se faisait quelques illusions sur Louis Bertrand, si l'on en juge par un lamentable Saint Augustin publié en 1913. Quant à Jean-François Six, sirupeux et prolixe biographe de Foucauld, s'il a complaisamment rapporté la mise en garde de Massignon dans son Aventure de l'amour de Dieu (1993), il n'a pas su l'entendre. Le flot sulpicien ne s'est jamais tari jusqu'à aujourd'hui, charriant année après année des ouvrages qui ont épaissi plutôt qu'éclairci l'énigme d'une âme qu'on devine hantée par la mélancolie, la haine de soi, l'intransigeance et une sombre démesure. Quelques procureurs leur ont fait face, beaucoup moins nombreux mais pas plus respectueux des faits. On pouvait espérer que les choses changeraient une fois la béatification acquise, puisqu'il n'était dès lors plus besoin ni de défendre ni d'attaquer une cause désormais entendue, mais il n'en a rien été. La célébration du centenaire de sa mort a même transformé la cohorte des thuriféraires en une légion où le mélibéen a voisiné avec le savonarolesque. Plus récemment, les procureurs, jusque-là relativement discrets, ont vu leur zèle avivé par la vogue actuelle de déboulonnage de statues et la perspective de la canonisation prochaine de l'ermite de Tamanrasset. A en croire certains d'entre eux, Foucauld aurait été le " défenseur d'une guerre totale contre l'Allemagne lors de la Grande Guerre " ; pour d'autres, il aurait eu une " implication directe dans les opérations militaires coloniales contre les tribus rebellesA " et aurait été " l'auxiliaire incomparable " de Laperrine, commandant supérieur des territoires sahariens jusqu'en 1910. Il y a aussi ceux selon lesquels il aurait avancé des " idées en faveur d'une désorganisation des structures sociopolitiques touarèguesA ". Foucauld " défenseur de la guerre totale " ? Plaisante formule. Totale, la guerre l'était, et Foucauld ne pouvait qu'en prendre acte. Il est un fait qu'il envoyait des lettres exaltées à ses amis engagés sur le front, mais son exaltation restait épistolaire, car l'essentiel de son temps était consacré à la mise au net de ses travaux linguistiques. Ses journées de travail duraient souvent plus de onze heures, et le résultat en est une oeuvre dont il est difficile d'affirmer comme le font certains qu'elle est " indissociable de la conquête coloniale ". Car, dans les faits, elle s'en dissocie parfaitement. Ses lettres à ses amis sur le front, tout comme ses relations avec les officiers sahariens, font partie de l'époque et elles sont banales une fois remises dans leur contexte. En revanche, ses travaux linguistiques, c'est-à-dire, pour l'essentiel, les deux tomes de ses Poésies touarègues et les quatre tomes de son Dictionnaire touareg-français, sont encore une référence pour tous les spécialistes, y compris touaregs. C'est pour une bonne part à cette oeuvre qu'est consacrée le présent ouvrage. Quant à l'implication " directe " dans les opérations militaires, c'est une pure invention. Et les lettres à Laperrine ne justifient pas le qualificatif d'" auxiliaire incomparable " que Foucauld s'est vu décerner après leur parution. Surtout si l'on songe qu'elles datent d'un temps où Laperrine, revenu en France, n'avait plus aucune responsabilité au Sahara. L'ermite avait l'habitude d'informer ses amis officiers de la situation du Sahara, mais il n'était guère en cela qu'une sorte de gazetier dont les " renseignementsA ", qui mettaient plusieurs semaines à arriver à leurs destinataires, n'étaient ni exploitables ni d'un grand intérêt opérationnel. De plus, affirmer comme nous l'avons lu récemment que " ses renseignements fournis à l'armée coloniale ont influencé la stratégie de conquête du "pays touareg"A " est un anachronisme. Lorsque Foucauld atteint le pays touareg en février 1904, le chef et futur amenûkal Mûsa ag Amastan vient de signer un traité avec les militaires. En d'autres termes, la " conquête " était déjà chose faite avant même son arrivée sur place. Les seuls auxquels il est difficile de donner totalement tort sont ceux pour qui il aurait songé à désorganiser les structures sociopolitiques touarègues. Sauf à remarquer cependant, comme Paul Pandolfi le fait observer dans sa contribution, que les officiers qui seuls auraient été en mesure de procéder à cette réorganisation était d'un avis contraire, qui seul a prévalu. D'une manière générale, il n'avait guère d'influence sur ses amis militaires. Ainsi, le plan d'organisation de l'annexe du Tidikelt qu'il avait échafaudé est resté lettre morte, comme le remarque là encore Paul Pandolfi. De même, lorsque le sous-lieutenant Constant voulut donner suite aux propositions de Foucauld pour le réaménagement du fort Motylinski, il fut désavoué par son supérieur, le capitaine de La Roche, pour qui tout cela n'était qu'" hérésie tactique ". De même encore, la correspondance du lieutenant-colonel Meynier laisse deviner son scepticisme à propos de renseignements d'ailleurs très vagues transmis par Foucauld en août 1914. De toute façon, ni Foucauld ni ses supérieurs religieux n'avaient alors un quelconque pouvoir décisionnaire. Il ne pouvait que s'ouvrir de ses idées à ces intermédiaires, ces acteurs de terrain qu'étaient les officiers qui intervenaient alors dans l'Ahaggar. Mais, même dans les quelques cas où ces derniers relayèrent ses demandes, les autorités supérieures, tant à Alger qu'à Paris, y opposèrent une fin de non-recevoir. Voilà de quoi relativiser le rôle et l'influence politique de Foucauld. Voir en lui une sorte de maître à penser de la politique saharienne de la France et le lointain inspirateur de cette éphémère Organisation commune des régions sahariennes (OCRS) que la France créa en 1957 est manquer du sens des proportions. Pour ce qui est des idées coloniales, il les a assurément partagées. Mais ses avis tranchaient sur la bonne conscience alors de mise. C'est ainsi que, dans une lettre de 1912, il conseillait à Mûsa ag Amastan de faire apprendre le français aux siens, pour qu'ils " puissent, au bout d'un certain temps, jouir des mêmes droits que les Français, avoir les mêmes privilèges qu'eux, être représentés comme eux à la Chambre des députés, et être gouvernés en tout comme euxA ". Il ne concevait certes pas l'avenir des Touareg ailleurs que dans un ensemble français, mais au moins leur y assignait-il, à terme, celui de citoyens à part entière. En février 1956 encore, un président du Conseil s'est fait conspuer par les ultras d'Alger pour beaucoup moins que ça. Il écrivait aussi en cette même année 1912 : " Si, oublieux de l'amour du prochain commandé par Dieu, notre Père commun, et de la fraternité écrite sur tous nos murs, nous traitons ces peuples [colonisés] non en enfants, mais en matière d'exploitation, l'union que nous leur avons donnée se retournera contre nous et ils nous jetteront à la mer à la première difficulté européenne. A " Sans doute ne voit-il là dans les colonisés que des enfants, mais étaient-ils nombreux, en 1912, ceux qui considéraient que, même dans les colonies, la "fraternité écrite sur tous nos murs" ne devait pas rester un vain motA ? Que Foucauld ait été un homme de son temps, nul ne songe à le nier. Il est toujours utile de détailler ce trait du personnage, et les contributeurs du présent ouvrage, notamment Jean-Louis Marçot et Jacob Oliel, ne s'en sont pas faute. Mais en faire un " ultraA " de la colonisation est absurde. Foucauld avait pourtant suscité quelques authentiques travaux d'historiens, qui depuis deux ou trois décennies ont répandu de lui une image plus complexe et plus humaine que l'icône assez plate accréditée jusque-là par les tâcherons de l'hagiographie. De portées et d'inspirations très diverses, tous ces travaux s'accordent au moins à reconnaître que, quels que soient par ailleurs ses titres à l'admiration et même à la ferveur, quelles que soient également les réserves qu'ils puissent susciter aujourd'hui, cet homme dont l'oeuvre linguistique est utilisée aujourd'hui encore par tous les spécialistes aura été une figure majeure des études berbères. Parmi tous ces travaux, une place particulière doit être faite à ceux du regretté Antoine Chatelard. C'est pourquoi, avec l'aimable autorisation de la revue qui l'avait d'abord publié, nous avons choisi de republier ici (sous sa forme d'alors) un texte datant de 1995 et qu'on doit tenir pour fondateur puisque c'est le premier texte où le travail linguistique de Foucauld ait fait l'objet d'une étude proprement scientifique. Mentionnons également, du même Antoine Chatelard, La mort de Charles de Foucauld (2000) ouvrage où, d'une part, il s'efforçait de reconstituer les circonstances de la mort de Charles de Foucauld et où, d'autre part, il jetait une intéressante lumière sur la façon dont la légende de " Foucauld martyrA " avait pu se construire. Mentionnons aussi par ailleurs le livre sobre et remarquablement documenté de Pierre Sourisseau (Charles de Foucauld. Biographie, Paris, Salvator, 2016), dont on regrette seulement que les travaux linguistiques de Foucauld et ses interrelations avec les Touaregs n'y ont peut-être pas tout à fait la place qu'elles mériteraient. L'article d'Antoine Chatelard est suivi ici de deux textes où Dominique Casajus a tenté de le prolonger sur un ou deux points, tandis que, de son côté, Aurélia Dussere s'est attachée au travail de Foucauld comme explorateur du Maroc et que Marc Franconie propose un commentaire de quelques-uns des croquis qu'il a dressés au cours de son voyage d'exploration ainsi qu'un aperçu de son travail de météorologue. Le volume s'achève par deux contributions, dues à Emmanuel Alcaraz et à Dominique Casajus, qui entendent donner un aperçu de l'image, souvent infondée, que certains milieux se font aujourd'hui de Charles de Foucauld. L'étude historique du " casA " Foucauld doit se poursuivre, et le dossier présenté ici veut être une contribution à ce cette tâche. Et, en historiens que nous essayons d'être, notre rôle n'est pas de déboulonner des statues, ni, du reste, d'en édifier. Et l'image parfois floue que nous avons essayé de recomposer n'est ni tout à fait noire, ni tout à fait blanche.

10/2022

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Critique littéraire

Études germaniques - N°1/2015. Friedrich Heinrich Jacobi

Pierre Jean BRUNEL : Oti et dioti. Les enjeux métaphysiques de l'éthique aristotélicienne dans Woldemar de Friedrich Heinrich Jacobi While Aristotle's authority is being challenged by modern philosophy, Jacobi quotes from his Nicomachean Ethics in Woldemar. Daniel Jenisch's edition of the Aristotle Ethics proves to be a major source for the understanding of the novel's "philosophical intent" . What is the significance of such a philosophical revival of Aristotle as the result of the novel ?? To what extent does the variance between the "commercial society" and the ancient doctrine of virtue throw light upon ethical and metaphysical stakes ?? How does the novel handle the philosophical question of immediate knowledge ?? The reading of Nicomachean Ethics does provide us with a model of conversion for the crisis of the modern subject. Während die Autorität des Aristoteles von der modernen Philosophie in Frage gestellt wird, bezieht sich Jacobi in Woldemar auf die Nikomachische Ethik. Daniel Jenischs Übersetzung (1791) stellt eine wichtige Quelle dar, um die "philosophische Absicht" dieses Romanes zu verstehen. Was bedeutet diese Rückkehr des Aristoteles dank des Romans ?? Inwieweit hat der Konflikt zwischen der modernen commercial society und der alten Tugendlehre eine ethische und metaphysische Tragweite ?? Wie wird die philosophische Frage nach der unmittelbaren Erkenntnis im Roman behandelt ?? Bedeutet die Lektüre der Ethik ein Bekehrungsmodell für die Krise des modernen Subjektes ?? Ives Radrizzani : La Destination de l'homme - la réponse de Fichte à la Lettre ouverte de Jacobi ?? The Vocation of Man is Fichte's response to Jacobi. Fichte follows a double strategy : he provides us with his system of defense against the accusations made to the Doctrine of Science in the Letter to Fichte (subjectivism, solipsism, nihilism), on the other part, he tries to build a link to the non-knowledge of Jacobi. With the ternary structure of the work, Fichte shows its commitment to the position that was already his at the time of the Quarrel of pantheism : he still holds necessary a mediation of Knowledge between Doubt and Faith and doesn't agree the Jacobian salto mortale. But the Knowledge and the Faith staged in the last two books of the work are precisely calibrated to demonstrate to Jacobi their agreement in these two areas. The reaction of Jacobi shows the discrepancy between the expectations of Fichte and the result. Die Bestimmung des Menschen bringt Fichtes Antwort auf Jacobi. Fichte verfolgt zwei Ziele : es gilt auf der einen Seite für ihn, sein Verteidigungssystem gegen die im Brief an Fichte entgegen der Wissenschaftslehre geäußerten Anschuldigungen (Subjektivismus, Solipsismus, Nihilismus) darzustellen, auf der anderen Seite einen Übergang zum jacobischen Nichtwissen zu ermitteln. Mit der dreiteiligen Struktur der Schrift zeigt Fichte, daß er der Position, die er schon beim Pantheismusstreit vertrat, treu bleibt : er hält eine Vermittlung durch das Wissen zwischen dem Zweifel und dem Glauben für notwendig und setzt sich dem jacobischen salto mortale entgegen. Aber die in den zwei letzten Büchern der Schrift inszenierten Wissen und Glaube sind genau darauf abgezielt, um Jacobi ihre Übereinstimmung in jenen zwei Bereichen unter Beweis zu stellen. Jacobis Reaktion zeigt die ganze Diskrepanz zwischen Fichtes Erwartungen und dem Ergebnis. Patrick Cerutti : Naître à l'existence "Je me souviens de cet instant plein de joie et de trouble, où je sentis pour la première fois ma singulière existence" . This paper traces the historical evolution of a metaphor, the one of awakening or birth to being, as it appears in Buffon's, then Rousseau's, Jean Paul's and Jacobi's works. Jacobi, after many modifications of meaning, bases his whole conception of a feeling of existence on it, since it depends on the spirit rather than the senses. "Je me souviens de cet instant plein de joie et de trouble, où je sentis pour la première fois ma singulière existence" . Der vorliegende Artikel gibt die Geschichte der Metapher des Erweckens oder der Geburt zur Existenz wieder, wie sie in Werken Buffons, dann Rousseaus, Jean Pauls und Jacobis erscheint. Durch manche Bedeutungsveränderungen baut Jacobi auf diesem Bild seine ganze Konzeption des Gefühls der Existenz auf, insofern als sie eher von einem Gefühl des Geistes als von der Empfindung abhängt. Alain muzelle : Friedrich Schlegel lecteur critique de Jacobi Jacobis Woldemar is a review Friedrich Schlegel wrote in 1796 from the final version of the novel. With this work, the young writer inaugurates the series of his "Charakteristiken" . Under the influence of Fichte's philosophy, he develops a new form of criticism, a genetic method that explains the poetic works from the point of view of their progressive construction, on the basis that "one can understand a book or a mind only through reconstructing its internal dynamics" . After having showed the weakness of the plot and portrayed Woldemar as a vulgar and selfish immoralist, he refuses to acknowledge the work any specifically philosophical value, arguing that he cannot succeed in finding any consistency in the course of the argument. Finally, the profound unity of the book is to be found, for Schlegel, in the individuality of its creator, whom he defines as a "mystical sophist" . Mit Jacobis Woldemar, einer Rezension, die Friedrich Schlegel 1796 über die endgültige Fassung dieses Romans verfasst, entsteht die erste seiner Charakteristiken. Unter dem Einfluß von Fichtes Philosophie entwickelt Schlegel eine neue Art von Kritik, eine genetische Methode, welche die poetischen Werke aus ihrem Werden erklärt, da man erst "ein Werk, einen Geist [versteht], wenn man den Gang und Gliederbau nachkonstruieren kann". Nachdem er auf die innere Brüchigkeit der Romanhandlung hingewiesen und von der Titelgestalt das Porträt eines immoralistischen groben Egoisten entworfen hat, was ihn dazu führt, Jacobis ethische Lehre in Frage zu stellen, spricht er dem Werk jegliche echt philosophische Dimension ab, da es ihm an einer Kontinuität der philosophischen Gedankenführung fehle. Schlegel erkennt schließlich die eigentliche Grundeinheit des Romans in der Persönlichkeit des Schriftstellers selbst, den er als einen mystischen Sophisten definiert. Sylvie LE MOËL : La traduction française de Woldemar, "roman philosophique et sentimental" - une médiation avortée ?? This study proposes to reassess the only translation in French of the novel Woldemar, published soon after it appeared in Germany but which quickly sank into oblivion. As the first attempt of Franco-German mediation by the publicist Charles Vandenbourg, who, at the time, had emigrated to Germany, it represents an enlightening example of the philological and philosophical stakes specific to the Franco-German intellectual transfer around the 1800s. The current article analyses the initial conditions and the publishing modes of the transfer, the translation strategy of Charles Vandenbourg as well as the revealing role played by the text in resetting the intellectual fields under the Directoire. Although it was a failure, this translation lead up to the penetration of Jacobi's philosophy in France, in a context of the philosophical debates opposing the Idealists and the Ideologists, later echoed by Madame de Staël. Vorliegender Beitrag untersucht die einzige französische Übersetzung von Jacobis Roman Woldemar, die zwar kurz nach der deutschen Originalfassung erschien, dafür aber schnell in Vergessenheit geriet. Als erster Versuch deutsch-französischer Vermittlung durch den nach Deutschland emigrierten französischen Publizisten Charles Vanderbourg stellt sie ein einleuchtendes Beispiel für den philologischen und philosophischen deutsch-französischen Transfer um 1800 dar. Die Studie befasst sich mit den Ausgangsbedingungen und den verlegerischen Modi des Transfers sowie mit Vanderbourgs Übersetzungsstrategien, wobei der französische Text die Neugestaltung des französischen intellektuellen Feldes zur Zeit des Direktoriums erkennen lässt. Dieser scheinbar gescheiterte Transfer nimmt also doch die Einführung von Jacobis Philosophie in Frankreich vorweg, und zwar im Kontext von Debatten zwischen Idealisten und Ideologen, an die Madame de Staël kurz darauf anknüpft. Norbert WASZEK : La référence à Adam Ferguson dans Woldemar de Friedrich Heinrich Jacobi At the centre of this article is an analysis of the presence of Adam Ferguson, a leading member of the Scottish Enlightenment, in Jacobi's philosophical "novel" Woldemar. Although often neglected by Jacobi scholarship, Ferguson is mentioned and quoted approvingly on several occasions in Woldemar, and his implicit impact might reach even further. Initially, the ground for such an analysis is prepared by recalling the empirical evidence for Jacobi's reading of Ferguson as is to be found in the catalogue of his personal library and in his voluminous correspondence. Then, standing back from details of the reception, the wider question is opened, whether an appropriate appreciation of Jacobi's indebtedness to Ferguson might contribute to a correction of certain older images and clichés of Jacobi's thought. Der Beitrag geht einem noch zu wenig beachteten Bezugspunkt von Jacobis Woldemar nach, dem schottischen Philosophen Adam Ferguson, welcher in Jacobis Buch mehrfach ausdrücklich und zustimmend erwähnt und zitiert wird und dessen Einfluss implizit vermutlich noch weiter reicht. Vor dieser zentralen Analyse werden einleitend noch weitere Belege für Jacobis Beschäftigung mit Ferguson aus seinem Briefwechsel und seinen Bibliotheksbeständen vorgestellt und eine kurze Charakterisierung von Fergusons Werk geboten. Ein Ausblick nimmt ein wenig Abstand von den Einzelheiten der Rezeption und eröffnet die weiterführende Frage, ob eine angemessene Würdigung seiner Lektüre von Ferguson dazu beitragen kann, noch immer verbreitete Klischees über Jacobis Denken zu korrigieren. Niall Bond : Ferdinand Tönnies und seine Wechselwirkungen mit der französischsprachigen Welt Research on the institutional establishment of sociology in Europe has for the most part ignored exchanges between the earliest leading French and German sociologists. Yet our research in Ferdinand Tönnies' estate in Kiel has shown us that there were fruitful exchanges and mutual effects between Tönnies and Emile Durkheim, René Worms, Gabriel Tarde and other French-speaking sociologists and philosophers. At the same time, constructions and representations of national traits were obstacles to the fluid transfer of scientific interests and knowledge even across the borders of Europe. This becomes particularly clear when we read Tönnies' and Durkheim's writings during the Great War. Nevertheless, the transposing of Tönnies, who had resisted National Socialism, to other cultural contexts such as the French-speaking world made it possible to deal with his thought in a more neutral and objective fashion than was possible in post-war Germany, which had been traumatised by the recuperation of the term "Volksgemeinschaft" by the Nazis. Dans une grande mesure, la recherche sur la mise en place institutionnelle de la sociologie en Europe a fait jusqu'alors abstraction des échanges entre les premiers sociologues français et allemands. En puisant dans les archives de Ferdinand Tönnies à Kiel, nous constatons toutefois des échanges fructueux et des actions réciproques entre Tönnies et Emile Durkheim, René Worms, Gabriel Tarde et d'autres sociologues et philosophes de langue française. En même temps, les constructions et les représentations de traits nationaux représentaient autant d'obstacles à un passage fluide d'interrogations scientifiques et de savoirs même à travers les frontières de l'Europe. Cela devient surtout clair à la lumière des écrits de Tönnies et de Durkheim sous l'influence de la Grande Guerre. Cependant la transposition de Tönnies, résistant au nazisme, à d'autres aires culturelles comme l'aire francophone a permis un traitement davantage neutre et objectif que celui qui a été possible dans une culture allemande de l'après-guerre traumatisée par l'exploitation du terme de "Volksgemeinschaft" par les nazis. Sonja VANDERLINDEN : Journal fictif, vie romancée, roman, mémoires, confession. Le cas de Tine of de dalen waar het leven woont (1987) de Nelleke Noordervliet The central theme of this contribution is the interaction between fiction and reality in Noordervliet's novel about Multatuli's wife. Speaking is Everdine van Wijnbergen during the last months of her life ?; in a fictional diary she looks back on episodes out of her whole life, with or without Douwes Dekker at her side. This fictional (auto)biography of a historical person is also a confession, an introspection, a self-examination. In this novel three "Tines" appear side by side : the real Everdine, Multatuli's and Max Havelaar's idealized Tine, and Noordervliet's Tine. Nelleke Noordervliet gives a voice to this writer's wife ?; she brings her out of the shadows and offers a nuanced and complex image of her personality. De rode draad in deze bijdrage is het spel met fictie en realiteit in Noordervliets roman over de vrouw van Multatuli. De auteur laat Everdine van Wijnbergen aan het woord tijdens haar laatste levensmaanden ?; in een fictief dagboek kijkt zij terug op episodes uit haar gehele leven, met of zonder Douwes Dekker aan haar zij. Deze fictieve (auto)biografie van een historisch personage is tegelijkertijd ook een biecht, een introspectie, een gewetensonderzoek. In deze roman komen drie "Tines" naast elkaar te staan : de werkelijke Everdine, de geïdealiseerde Tine van Multatuli en van Max Havelaar, en de Tine van Noordervliet. Nelleke Noordervliet geeft een stem aan deze schrijversvrouw, haalt haar uit de schaduw en biedt een genuanceerd en complex beeld van haar persoonlijkheid.

09/2015

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Critique littéraire

Revue de littérature comparée N° 354, 2/2015 : Les Littératures du Nord de l'Europe

Sylvain BRIENS, La mondialisation du théâtre nordique à la fin du XIXe siècle. Le fonds Prozor de la Bibliothèque nordique de Paris lu au prisme de la sociologie de l'acteur-réseau, RLC LXXXIX, n° 2, avril-juin 2015, p. 137-150. Le fonds Prozor de la bibliothèque nordique de Paris témoigne de la percée du théâtre scandinave en France et en Europe à la fin du XIXe siècle. Par l'analyse du travail du traducteur Prozor, des porte-paroles et intermédiaires agissant comme médiateurs, des points de passage, cet article examine les mécanismes de diffusion internationale du théâtre nordique, il s'articule autour de trois acteursréseaux : Prozor dans sa fonction complexe d'agent littéraire ; Paris et ses chaines de traduction ; le réseau de théâtres libres dans sa fonction de diffusion mondiale du théâtre nordique. Thomas MOHNIKE, "Le Dieu Thor, la plus barbare d'entre les barbares divinités de la Vieille Germanie" . Quelques observations pour une théorie des formes narratives du savoir social en circulation culturelle, RLC LXXXIX, n° 2, avril-juin 2015, p. 151-164. En 1915, l'imprimerie d'Epinal, connue pour ses estampes amusantes, publia un résumé symbolique des événements de la première année de la Première Guerre mondiale. Sur cette gravure, le dieu norrois Thor est présenté comme le dieu du Kaiser allemand, détruisant des cathédrales gothiques et ainsi la civilisation. Thor symbolisait ainsi la nature prétendument barbare des Allemands. Cet article se propose de cartographier les chemins et opérations historiques qui conduisirent le dieu nordique Thor de l'Islande du XIIIe siècle en France du XXe siècle en le transformant en symbole de l'hostilité allemande. Des contextes importants sont l'Anneau de Nibelung de Richard Wagner et tout particulièrement la philologie comparée. Ces observations peuvent servir de point de départ pour une théorie des formes narratives du savoir social en circulation culturelle. Régis BOYER, Méditation sur Rosmersholm, RLC LXXXIX, n° 2, avril-juin 2015, p. 165-173. De l'avis de tous les connaisseurs, Rosmersholm (1886) est le chef-d'oeuvre d'Ibsen, même si ce n'est ni la plus connue ni la plus fréquemment jouée de ses pièces. On peut se demander pourquoi. Cette pièce, extrêmement difficile à jouer, est favorable à toutes les confusions ou erreurs d'interprétation possibles, pièce dont il est permis d'avancer qu'Ibsen n'est jamais allé aussi loin dans sa quête du tragique. Cet article cherche à élucider les modalités et les raisons d'un tel chef-d'oeuvre dans une perspective moderniste. Sans entrer dans la discussion sur le post-tragique, il s'agit de cerner ce qui fait en soi l'originalité moderne de cette étrange pièce. Corinne FRANCOIS-DENEVE, Anne Charlotte Leffler, dans l'ombre portée de Strindberg, RLC LXXXIX, n° 2, avril-juin 2015, p. 175-186. "Auteure" prolifique du "genombrott" suédois, "féministe" affichée, dont les pièces étaient davantage populaires que celles d'August Strindberg, Anne Charlotte Leffler a peu à peu disparu des anthologies de la littérature scandinave. En a-t-elle été chassée par des critiques phallocrates, comme ont pu le clamer les partisans des gender studies dans les années 1970 ? Son oeuvre était-elle trop datée ? La redécouverte récente de son théâtre, en Suède, puis en France, permet de recontextualiser cette "oubliée" qui a sans doute toujours des choses à dire. Harri VEIVO, Cosmopolite en crise. Décentrements de modernité et fractures de subjectivité dans les récits de voyage d'Olavi Paavolainen, RLC LXXXIX, n° 2, avril-juin 2015, p. 187-203. Dans les années 20 et 30, l'écrivain finlandais Olavi Paavolainen (1903-1964) s'est donné la tâche d'interroger et analyser la modernité dans toutes ses manifestations et dans tous les lieux où elle se fait ressentir. Ce projet l'amène à s'intéresser d'abord à la modernité jouissive et émancipatrice des années folles, ensuite à la montée du totalitarisme en Europe et, après ce tournant dysphorique, aux pays de l'Amérique latine, jugés capables de transcender les conflits européens. Les récits de voyage de Paavolainen produisent ainsi un décentrement de la modernité ; en même temps, ils expriment la crise de la subjectivité de l'auteur, fondée sur l'idéal européen du cosmopolitisme. Philippe CHARDIN, Un beau roman d'éducation estonien : Vérité et Justice d'Anton Tammsaare, RLC LXXXIX, n° 2, avril-juin 2015, p. 205-217. Le long chef-d'oeuvre de Tammsaare, écrit durant l'après-guerre et retraçant 50 ans d'histoire de l'Estonie, apparaît comme une synthèse extraordinairement originale de plusieurs genres européens différents parmi lesquels un roman rural dans sa première partie et un roman du Crime et du Châtiment, sorte de tragédie familiale du péché originel ; mais on remarque aussi de fortes analogies avec trois formes de romans d'éducation : un roman pédagogique tragi-comique à l'Ecole de M. Maurus, le roman d'une éducation sentimentale douloureuse et par-dessus tout un roman de la transformation d'un jeune homme qui vient de son village en intellectuel avec son ironie dévastatrice contre toutes les valeurs sociales et religieuses, sa "conscience malheureuse" et ses engagements à demi forcés dans la vie politique ou dans sa vie privée qui rappellent d'autres grands romans contemporains, de Musil, de Proust, de Thomas Mann et de Svevo. Frédérique TOUDOIRE-SURLAPIERRE, Phèdre et la Suède : un "décentrement de modèles" ?, RLC LXXXIX, n° 2, avril-juin 2015, p. 219-230. Cet article examine, à partir de la pièce de l'écrivain suédois, Per Olov Enquist, Till Fedra, les modalités et les enjeux de ce transfert culturel que constitue cette réécriture de la célèbre tragédie de Racine. Utilisant les ressources scientifiques de l'imagologie et de l'ethnocritique, cet article met en évidence les différentes opérations de ce que nous avons appelé un "décentrement de modèles" , par le biais de la déconstruction de la langue française, de l'oedipianisation du mythe, un transfert d'images et un déplacement de concepts. Mickaëlle CEDERGREN et Ylva LINDBERG, Vers un renouvellement du canon de la littérature francophone. Les enjeux de l'enseignement universitaire en Suède, RLC LXXXIX, n° 2, avril-juin 2015, p. 231-243. Même si la circulation de la littérature francophone est aujourd'hui en pleine expansion à travers le monde, sa diffusion et, par conséquent, sa place dans les circuits de canonisation, reste encore inégale. Cet article analyse la place octroyée aux lettres francophones dans l'enseignement universitaire du français langue étrangère en Suède. Proposant une réflexion sur le canon littéraire traditionnel et montrant la nécessité de reconsidérer sa valeur dans un contexte universitaire étranger, la Suède apparaît tantôt comme le pays promoteur de la haute-culture française tantôt comme le bastion des littératures francophones souvent contemporaines et/ou de la littérature couronnée de prix littéraires. Sylvain BRIENS, The globalization of Nordic Theatre. The Prozor collection at the Nordic library in Paris read through the Actor-network Theory, RLC LXXXIX (in French), no. 2, april-june 2015, p. 137-150. The Prozor collection at the Nordic library in Paris demonstrates the breakthrough of Scandinavian theatre in France and Europe at the end of the 19th Century. Through an analysis of Prozor's translations, the work of spokespeople and intermediaries acting as mediators, and points of passage this article will attempt to understand the mechanisms promoting Nordic theatre's international distribution. The study is centred on three actor-networks : Prozor in his complex function as literary agent ; Paris and its translation supply chains ; the network of free theatres in its role in the worldwide distribution of Nordic theatre. Thomas MOHNIKE, "The god Thor, the most barbarous of all barbarous gods of the Old Germany". Some observations for a theory of narrating forms of social knowledge in cultural circulation, RLC LXXXIX (in French), no. 2, apriljune 2015, p. 151-164. In 1915, the Epinal printing company, known for its often amusing illustrated one page prints, published a summary of the first year of the First World War, depicting the Old Norse God Thor as the god of the German Kaiser, destroying gothic cathedrals and thus civilization. Thor thus served as symbol for the supposedly barbarous nature of the Germans. In my article, I try to map some of the ways and historical operations that took the Old Norse god Thor from 13th century Iceland to 20th century France and transformed him to a symbol for German warfare. Major contexts appear to be Richard Wagner's Ring of the Nibelung and particularly comparative philology. These observations, I propose, could serve as a starting point for a theory of narrating forms of social knowledge in cultural circulation. Régis BOYER, Meditation on Rosmerholm, RLC LXXXIX (in French), no. 2, apriljune 2015, p. 165-173. In the opinion of all the experts, Rosmersholm (1886) is the masterpiece of Ibsen, even though it is neither the most famous nor the most frequently performed of his plays. One may wonder why. This piece, extremely difficult to play, supports all the confusions and errors of interpretation possible, and it is permitted to put forward that Ibsen never went as far in his tragedy quest. This article seeks to clarify how and why such a masterpiece in a modernist perspective. Without going into the discussion of the post-tragic, we try to identify what is in itself modern originality of this strange room. Corinne FRANCOIS-DENEVE, Anne Charlotte Leffler, the forgotten one, RLC LXXXIX (in French), no. 2, april-june 2015, p. 175-186. A prolific female writer belonging to the Swedish "genombrott" movement and a staunch feminist, Anne Charlotte Leffler, whose plays were even more successful than Strindberg's, slowly disappeared from Scandinavian literature anthologies. Did male critics expel her from them, as researchers in "gender studies" began to claim in the 1970s ? Or was it that her works were thought to be too old-fashioned ? Her theatre has been recently re-discovered, in Sweden as well as in France : it is high time to put again into perspective this "forgotten one" , who has still many things to say. Harri VEIVO, Cosmopolite in Crisis. Decentring Modernity and Fracturing Subjectivity in Olavi Paavolainen's Travelogues, RLC LXXXIX (in French), no. 2, april-june 2015, p. 187-203. In the 1920s and 30s, the Finnish writer Olavi Paavolainen (1903-1964) took up the task of exploring and analysing modernity in all its manifestations and in all the places where it was felt. This project focalised first on the emancipatory and joyful modernity of the années folles, then on the rising of totalitarism in Europe and, after this dysphoric turn, on Latin America, considered capable of transcending the European conflicts. Paavolainen's travelogues produce thus a decentring of modernity, while leading at the same to the crisis of the author's subjectivity, based on the European ideal of cosmopolitism. Philippe CHARDIN, Truth and Justice, a beautiful Estonian novel of education, RLC LXXXIX (in French), no. 2, april-june 2015, p. 205-217. Tammsaare's long masterpiece, written after the first world war and retracing 50 years of Estonian history, is an extraordinary and original synthesis of several different literary European genres among which in its first part a "Rural Novel" and also a novel of "Crime and Punishment", a kind of Tragedy of Original Sin in a family but there is also a strong analogy between Taamsaare's Justice and Truth and three kinds of Educational Novels : a tragi-comical pedagogical novel in Mr Maurus's College, a painful sentimental apprenticeship and above all the novel of a young man coming from his village who becomes an "Intellectual" with his devastating irony against all social and religious values, his "Unhappy Consciousness" and his half forced bad commitments in political or private life which recall other great contemporary novels by Musil, Proust, Thomas Mann, Svevo. Frédérique TOUDOIRE-SURLAPIERRE, Phaedra and Sweden : a "shift model" ?, RLC LXXXIX (in French), no. 2, april-june 2015, p. 219-230. This paper examines, from the part of the Swedish writer Per Olov Enquist, Till Fedra, terms and issues of this cultural transfer : the rewriting of the famous tragedy of Racine. Using scientific resources of imagology and ethnocritic, this paper shows the various operations of what we called a "shift model" through the deconstruction of the French language, the oedipalization of the myth, the image transfer and the movement concepts. Mickaëlle CEDERGREN - Ylva LINDBERG, Towards a renewal of the Francophone literary canon. The role of higher education in Sweden, RLC LXXXIX (in French), no. 2, april-june 2015, p. 231-243. Even though francophone literature is expanding its territory throughout the world, its status remains ambiguous on the global field and in canonization processes. The analysis is focusing on a re-evaluation of the literary canon in the academic context abroad. Various didactic demands are revealed as essential criteria for a selection divergent from the traditional canon. It is also found that Swedish universities promote both French high-status literature, extra-occidental francophone literature and prize-winning literature, which is often commercial.

09/2015

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Critique littéraire

Études germaniques - N°1/2013. Hugo Claus (1929-2008)

Julien VERMEULEN : Hugo Claus à New York (1959) In 1959-1960, Hugo Claus spent six months in the US, Mexico and Cuba. In the course of his trip he wrote down a number of impressions and experiences which he later turned into a cycle of poems, entitled "Reportage" (1961). In terms of contents and style these poems differ from his previous work. Claus now uses a style which is less hermetical : apart from this remarkable transparency, a wide range of ironic expressions, ambivalent idioms, contrasting registers and playful characterisations constitute a lexicological diversity. The great number of assonances and the use of non-literary text registers also characterize these poems. In this way this cycle anticipates later work in which Claus systematically applies diverse collage techniques. The poems "N. Y. 1" and "N. Y. 2" are also an exceptional testimony of the feelings of isolation and vulnerability of the lyrical "I". In 1959-1960 bracht Hugo Claus zes maanden door in de VS, Mexico en Cuba. Tijdens zijn verblijf noteerde hij enkele indrukken en ervaringen die hij later in de gedichtenreeks "Reportage" (1961) uitwerkte. Inhoudelijk en stilistisch wijkt deze poëzie af van zijn vroeger werk. Claus hanteert hier immers een stijl die minder hermetisch is : naast een opmerkelijke transparantie constateren we ook lexicografische diversiteit met allerlei ironische en ondermijnende dubbele bodems, kritische en contrastieve registers, ludieke en spottende typeringen. Ook het grote aantal assonanties en het gebruik van niet-literaire tekstregisters karakteriseren deze gedichten. In die zin anticipeert deze cyclus op zijn later werk waarin hij talrijke collagetechnieken op een systematische wijze toepast. De openingsgedichten "N. Y. 1" en "N. Y. 2" getuigen ook op een uitzonderlijke wijze van het isolement en de kwetsbaarheid van de ik-figuur. Sarah BEEKS : Masscheroen ou trois messieurs nus. L'engagement artistique de Hugo Claus dans les années soixante In the spring of 1968 Hugo Claus was officially charged with public indecency. The fact that he had staged three naked men in his play Masscheroen, could not be tolerated by to the conservative judiciary in Flanders. The lawsuit caused a great fuss within the artistic milieu : art and literature had regularly been censored and something had to be done. Inspired by the activist élan of May '68, Claus and his colleagues chose to act upon their artistic commitment. Through cheerful happenings and poetic protest evenings they fought for the autonomy of art and literature. In het voorjaar van 1968 werd Hugo Claus aangeklaagd wegens openbare zedenschennis. In zijn toneelstuk Masscheroen had hij drie naakte mannen laten optreden en dat kon volgens de conservatieve rechterlijke macht in Vlaanderen niet door de beugel. De zaak leidde tot veel ophef binnen het artistieke milieu : kunst en literatuur werden eind jaren zestig veelvuldig gecensureerd en dat werd niet langer geaccepteerd. Aangestoken door het activistische elan van mei '68 besloten Claus en zijn collega's zich artistiek geëngageerd te tonen. Door middel van vrolijke happenings en poëtische protestavonden bevochten zij de autonomie van kunst en literatuur. Pieter VERSTRAETEN : Le corps du Christ. Le roman A propos de Dédé et le catholicisme Hugo Claus's short novel Omtrent Deedee [With regard to Deedee], which appeared in 1963, can be read in a variety of ways. In general, two slightly antagonistic interpretative models have been dominant so far : whereas the early literary analysis by Julien Weverbergh focuses on the symbolic dimension of the story, a commentator such as Bert Vanheste emphasizes the novel's connection with contemporary social discussions, such as the debates on the democratization of Catholic faith in the context of Vaticanum II (1962-1965). In this article I want to further develop the latter perspective by reading the book primarily as a commentary on Catholic faith, understood in its institutional as well as its ideological dimensions. In particular, I focus on the kind of priesthood the main character Deedee is embodying, on the relation between the priest Deedee and the young homosexual Claude, who seems to represent an alternative kind of priesthood, and on the process of transubstantiation, which plays a major role in all this. Finally, I relate the motif of transubstantiation to Claus's conception of meaning and symbolism. It appears that the religious sacrament as well as the signifying process are based on the interaction between the concrete and material on the one hand and the abstract and ideal on the other. In the end, in Omtrent Deedee, both categories are unmasked as mere social constructs, failing to do what they promise : restoring an original, sacral union or wholeness. Van Hugo Claus' korte roman Omtrent Deedee, verschenen in 1963, zijn heel verschillende interpretaties mogelijk. Grosso modo staan daarbij twee verschillende lectuurmodellen tegenover elkaar. Terwijl de vroege analyse van Julien Weverbergh vooral inzet op de symbolische dimensie van het verhaal, vraagt iemand als Bert Vanheste expliciet aandacht voor de betrokkenheid van de roman op contemporaine maatschappelijke problemen, zoals de discussies rond de democratisering van het katholieke geloof die plaatsvinden in de context van Vaticanum II. In dit artikel wil ik dat tweede perspectief verder uitwerken door Omtrent Deedee in de eerste plaats te lezen als een commentaar op het katholieke geloof, zowel op de institutionele als op de ideologische dimensie ervan. Ik focus daarbij op de aard van het priesterschap van het hoofdpersonage Deedee, op de relatie tussen de geestelijke Deedee en de jonge homoseksueel Claude, die een alternatieve priesterrol op zich neemt, en op het sacrale proces van de transsubstantiatie, dat bij dit alles een cruciale rol lijkt te spelen. Tenslotte verbind ik het motief van de transsubstantiatie met Claus' visie op betekenis en symboliek. Zowel het religieuze sacrament als het proces van betekenisgeving zijn immers gebaseerd op de interacties tussen het concrete en materiële enerzijds en het abstracte en ideële anderzijds. Finaal worden beide categorieën in Omtrent Deedee ontmaskerd als louter sociale constructies die er niet in slagen hun belofte waar te maken en een oorspronkelijke, sacrale eenheid en heelheid te herstellen. Tom SINTOBIN : Raconter en bafouillant, bafouiller en racontant. Traumatisme et narrativité chez Hugo Claus In this article two novels by Hugo Claus are analysed from the perspective of Trauma theory : Desire (1978) and The sorrow of Belgium (1983). Trauma destroys an individual's life-narrative and results in a Post Traumatic Stress Disorder. In Desire it is Didi that seems to suffer from it : she lost her human identity and her awareness of time, she is barely able to speek - which means that she has lost the plot that can give her life meaning and coherence. The reader is never told what exactly is the matter : all he gets are flashes, which are not sufficient to tell him the whole story. Moreover, he is confronted with the fact that the language of the novel is very ambiguous. These two characteristics - the unability to get to a fullblown story and the loss of language - the reader shares with a PTSD-patient, which suggests that this novel has a performative aspect : the reader lives through the same drama as that of the characters. In The sorrow of Belgium, uncle Omer is confronted with a malfunctioning language and ability to narrate. His problem manifests itself in repetition and in misunderstandings due to the ambiguity of words. The reader encounters exactly the same problem at the end of the novel, when a passage that seemed rather superficial at first sight in reality turns out to be full of meaning. However, there are characters in this novel whom one would expect to be traumatised that nevertheless do not show the typical characteristics. Above all the father, Staf, talks endlessly about the terrible things that happened to him, even so much that the members of his family are no longer interested. The feeling of the "surplus" of narratives, that are as a consequence not healing any more but aim at hiding something, is a feeling shared by the reader while he is reading this strange novel, which gets in its turn a performative aspect. In dit artikel worden twee romans van Hugo Claus, Het verlangen (1978) en Het verdriet van België (1983) bestudeerd vanuit het perspectief van traumastudies. Daarbij wordt een trauma gedefinieerd als datgene wat het levensnarratief van een individu vernietigt, met een Post Traumatic Stress Disorder tot gevolg. In Het verlangen blijkt Didi's pathologie daar nogal wat kenmerken van te hebben : ze is haar menselijke identiteit kwijt, haar tijdsbesef is ontregeld, ze kan amper nog spreken - zij heeft dus niet langer de beschikking over een levensnarratief dat haar bestaan zinvol en coherent kan maken. De lezer verneemt echter nooit precies wat er aan de hand is : hij krijgt slechts flitsen te zien en komt niet tot een sluitend verhaal. Bovendien wordt hij ermee geconfronteerd dat de taal van de roman wel heel meerzinnig wordt. Deze beide kenmerken - het onvermogen om tot een verhaal te komen en het verlies van taal - deelt de lezer met een PTSD-patiënt, zodat het verhaal in overdrachtelijke zin performatief is geworden : de lezer ondervindt het drama van de personages aan den lijve. Ook in Het verdriet van België komt er een personage voor wiens taal en verhalend vermogen hapert : Nonkel Omer. Zijn aandoening uit zich onder meer in herhaling en in misverstanden door dubbelzinnige woorden en blijkt ook de lezer parten te spelen wanneer die zich tegen het einde van de roman met een ogenschijnlijk anekdotische maar in werkelijkheid uitermate beladen passage geconfronteerd ziet. Nochtans zijn er ook personages waarvan men zou kunnen aannemen dat ze getraumatiseerd zijn zonder dat ze de kenmerken van een PTSD vertonen : vooral vader Staf vertelt honderduit over wat hem is overkomen, zelfs in die mate dat zijn verhalen niet meer interessant gevonden worden door zijn huisgenoten. Het gevoel van de overdaad aan verhalen, die niet langer heilzaam zijn maar iets verbergen, maakt zich ook van de lezer meester bij zijn lectuur van deze vreemde roman. Het verdriet van België heeft zodoende op zijn beurt iets performatiefs. Dirk VAN HULLE : Claus et la narratologie exogénétique. La cognition externe (extended mind) et les notes de lecture autour du Chagrin des Belges This article combines genetic criticism with a post-Cartesian approach to cognitive narratology, notably to the examination of literary evocations of the fictional mind. The case study is the genesis of Hugo Claus' novel Het verdriet van België. The exogenetic analysis of two extant notebooks shows how the author's reading notes contribute not just to the fictional cosmology of the novel, but also to the cognitive cosmology of the characters' 'extended' minds. The article argues that for Claus, as for many twentieth-century authors, the materiality of the avant-texte served as a cognitive model for the evocation of the workings of the fictional mind. Dit artikel combineert tekstgenetisch onderzoek met een post-Cartesiaanse benadering van de cognitieve narratologie, in het bijzonder het onderzoek naar vormen van literaire bewustzijnsrepresentatie. De gevalstudie is de genese van Hugo Claus' roman Het verdriet van België. Uit de exogenetische analyse van twee bewaard gebleven notitieboeken blijkt hoe de lectuurnotities bijdragen, niet alleen tot de fictionele kosmologie van de roman, maar ook tot de cognitieve kosmologie van personages en hun "extended mind" . Het artikel argumenteert dat voor Claus, net als voor heel wat twintigste-eeuwse auteurs, de materialiteit van de avant-texte heeft gefungeerd als cognitief model voor literaire bewustzijnsrepresentatie. Malgorzata DUBROWSKA : Die mythische Welt Anna Seghers'. Literarische Bilder aus dem französischen Exil Alongside her journalistic undertakings, literary works by Anna Seghers left trajectories of her residence as an immigrant in France between the years 1933-1941. In her literary works, the writer often depicted in a metaphorical way the world of immigration experiences : Sense of instability, isolation, life intimidations and also consciousness of replication of the immigrant' destiny. She brought a universal literary vision that corresponded to the biblical tradition and the world of the Greek and Roman mythologies. The author of this article, based on the selected literary works of Anna Seghers that were created in France, catalogues the universal experiences of the existence of the human kind, that in Seghers' works become mythical. Les textes littéraires d'Anna Seghers, qui complètent son activité publicistique, où elle décrit d'une manière métaphorique ses expériences d'expatriée, en disent long sur les années de son exil en France (1939-1941). La précarité, l'isolement, le danger de mort et la conscience de réitération de l'existence d'exilé font naître une vision littéraire universelle qui puise tant dans la tradition biblique que dans les mythologies grecque et romaine. A travers les textes littéraires retenus, issus de la période française, l'auteur de la présente contribution tente de concrétiser cette expérience atemporelle de l'existence humaine à laquelle Seghers donne une dimension mythique.

06/2013