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Hermann Ungar

Extraits

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Critique littéraire

Jünger et ses dieux. Rimbaud, Conrad, Merville

Le sens du sacré, chez Ernst Jünger, s'est d'abord nourri de l'expérience de la guerre, ressentie comme une manifestation de la violence que le sacré, dans ses formes connues, semble conjurer. D'où le désir, toujours plus affirmé chez Jünger, d'une nouvelle transcendance. Mieux que dans ses pensées philosophiques, ces problèmes se poétisent dans ses grands romans, où revivent les mythes dits premiers. Or, ces romans sont encore le prétexte d'un questionnement des pouvoirs de l'art, pas seulement littéraire. Dans la maîtrise des formes qui lui est consubstantiel, l'art apparaît comme une réponse aux mêmes problèmes que s'efforce de résoudre le sacré. La réflexion de Jünger sur l'ambiguïté du sens de ces formes semble guidée par certains de ses modèles littéraires. Rimbaud a d'ailleurs laissé moins de traces dans son oeuvre que Joseph Conrad et surtout Herman Melville, dont le BillyBudd serait une source méconnue du Lance-pierres de Jünger. La fréquentation de ses " dieux littéraires ", parmi lesquels on peut compter Edgar Poe et Marcel Proust. a encore permis à Jünger d'affiner son intuition de l'ordre mystérieux qui s'illustre aussi bien dans la genèse de l'oeuvre écrite que dans un destin humain.

03/2011

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Beaux arts

Aux limites de la couleur. Monochromie et polychromie dans les arts (1300-1600)

L'histoire des couleurs dans le monde occidental au Moyen Age et à la Renaissance a été nourrie par des travaux majeurs qui ont permis d'en cerner de multiples aspects, depuis les pratiques techniques jusqu'aux usages symboliques. En revanche, la question des rapports entre monochromie et polychromie dans les arts n'a guère fait l'objet que d'études ponctuelles. Le volume " Aux limites de la couleur : monochromie et polychromie dans les arts (1300-1600)", dirigé par Marion Boudon-Machuel, Maurice Brock et Pascale Charron, se propose ainsi de traiter la question de la perception et du rôle de la couleur dans les oeuvres d'art en adoptant un spectre large, allant de la conception de l'oeuvre à sa réception, de l'analyse des gammes chromatiques réduites (grisaille, camaïeu, monochromie, bichromie...) à l'étude des rapports entre la monochromie et la polychromie. Les contributions couvrent les disciplines artistiques les plus diverses (peinture, sculpture, orfèvrerie, arts graphiques, textile...) et s'articulent autour de deux binômes : monochromie-bichromie, monochromie-polychromie. Avec les contributions de Mathilde Bert, Marc Borman, Agnès Bos, Bertrand Cosnet, Olivier Deloignon, Laure Fagnart, Antonella Fenech, Marc Gil, Maxence Hermant, Michel Hochmann, Anne Le Poittevin, Marie-Lys Marguerite, Audrey Nassieu-Maupas, Michel Pastoureau, Natacha Pernac, Laurence Riviale, Nathalie Roman, Valentina Sapienza, Michele Tomasi, Ines Villela-Petit, Denise Zaru

01/2011

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Littérature étrangère

HISTOIRE DE LA LITTERATURE NEERLANDAISE. Pays-Bas et Flandre

Nombreux sont les liens qui, de tout temps, ont rapproché la France et les contrées néerlandaises. Foyer de tolérance, la Hollande a été un asile pour Descartes, et les presses de la République des Provinces-Unies ont permis à quantité d'ouvrages (ceux de Voltaire et de Rousseau, en particulier) de voir le jour avant d'entrer clandestinement en France. Si, des siècles durant, les échanges en matière littéraire se sont essentiellement faits en sens unique, ces dernières décennies ont vu la littérature de la Flandre et des Pays-Bas s'introduire en France avec des écrivains comme Hugo Claus, Hella Haasse, Harry Mulisch ou Cees Nooteboom. Rédigée par neuf universitaires néerlandais à l'intention spécifique d'un public francophone, cette Histoire de la littérature néerlandaise entend guider le lecteur - qu'il soit spécialiste ou non - dans la découverte du passé littéraire de la Hollande et de la Flandre et offrir un cadre de référence où l'on pourra, par exemple, puiser des informations sur le chantre frison Bernlef, sur le poète Constantin Huygens (le père du mathématicien), sur le naturalisme dans les contrées septentrionales, sur la place qu'occupe aujourd'hui l'œuvre de Willem Frederik Hermans, ainsi que sur de nombreux autres aspects d'une littérature qui se voit désormais pourvue d'un guide jusqu'ici inexistant en France.

05/1999

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Cinéma

Musiques de films. Une autre histoire du cinéma

Deux notes suffisent parfois pour suggérer l'angoisse... Il n'est pas rare non plus que des trompettes se mêlent aux vaisseaux spatiaux dans le vide sidéral d'une galaxie lointaine... L'histoire de la musique de film a débuté dès l'apparition du cinéma. Même muet, il a toujours été sonore ! Comment est née la musique de Star Wars ? Quels blockbusters ont permis à Hans Zimmer d'imposer sa marque de fabrique à Hollywood ? Qui a composé la première partition originale pour le cinéma ? Combien de thèmes a conçu Ennio Morricone durant sa carrière ? Comment Howard Shore a-t-il écrit Le Seigneur des anneaux ? Qui est l'auteur du thème de James Bond ? Des origines jusqu'à l'Age d'or des studios hollywoodiens, de la Nouvelle Vague aux premières expériences électroniques, "Musiques de films, une autre histoire du cinéma" raconte plus de cent-vingt ans de mariage dans les salles obscures, avec (par ordre d'apparition) Max Steiner, Erich Wolfgang Korngold, Maurice Jaubert, Alfred Newman, Georges Auric, Miklós Rózsa, Bernard Herrmann, Elmer Bernstein, Henry Mancini, Georges Delerue, Maurice Jarre, Michel Legrand, Vladimir Cosma, Nino Rota, Jerry Goldsmith, Ennio Morricone, Lalo Shifrin, John Barry, John Williams, Vangelis, James Horner, Hans Zimmer, Danny Elfman, Eric Serra, Michael Kamen, James Newton Howard, Howard Shore, Alexandre Desplat et Michael Giacchino parmi les rôles principaux. Alexandre Raveleau

03/2018

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Anglais apprentissage

Melville et l'usage des plaisirs

Dans cette Amérique que l'on dit souvent (à tort) puritaine, au coeur du XIXe siècle, quels sont les plaisirs possibles ? C'est la question que pose l'oeuvre en prose de Herman Melville, où se déploient le potentiel et la puissance du plaisir et de la jouissance, à rebours de son image d'auteur austère et désincarné privilégiée par une certaine tradition critique. Melville et l'usage des plaisirs explore les mondes-tables melvilliens, où la vie est une étrange affaire hybride, faite de plaisir, de joie, de souffrance et de jouissance pris dans des relations de contraste dynamique. On y rencontre d'abondantes matières à plaisirs, des corps-nourritures, plusieurs festins cannibales, maints banquets de paroles, un escroc qui jouit, un zeste de sublime physiologique, une once de joie désespérée, des symptômes de jouissance suicidaire, une pointe d'humour tragique, des régimes ascétiques, bien des mariages sans plaisir (sauf un), un bal de célibataires, quelques amitiés érotiques, des plaisirs disciplinaires, diverses économies somatiques... Suivant la recette melvillienne d'une riche mais rigoureuse "bouillabaisse intellectuelle", cet ouvrage accommode des contemporains capitaux, des prédécesseurs admirés, des philosophes d'époques variées, le tout accompagné d'une députation de critiques et théoriciens (digne d'Anacharsis Cloots), sans lesquels aujourd'hui - deux cents ans après sa naissance, cent ans après sa renaissance - il ne serait possible de goûter Melville à sa juste saveur.

04/2019

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Histoire internationale

Les dossiers cachés du IIIe Reich

30 avril 1945 : Adolf Hitler se donne la mort aux environs de 14h30 dans son bunker à Berlin, marquant ainsi la fin du IIIe Reich. Il laisse cependant derrière lui un nombre incroyable d'adeptes, de fanatiques, ainsi que des énigmes et des mensonges autour de cette période sombre de l'Histoire. 20 novembre 1945 : les puissances alliées intentent à vingt-quatre grands criminels nazis un procès qui durera plus d'un an. Au cours de cette année, de nombreuses révélations seront faites, de nombreux dossiers seront sortis de l'ombre. Découvrez, parmi les affaires du IIIe Reich longtemps tenues secrètes : - La disparition de Josef Mengele. l'Ange de la Mort, et sa traque durant plus de trente ans. - Les écrits de Monseigneur Alois Hudal, un des principaux organisateurs de la filière d'exfiltration des criminels nazis vers l'Amérique du Sud. - Le témoignage d'Ingrid Rimland, persuadée que les massacres de Berlin en 1945 ont été commis par des juifs communistes, et qui véhiculera les thèses négationnistes jusqu'au Paraguay. - Les liens étroits entre Hergé et Léon Degrelle, fondateur du mouvement Rex, en Belgique, qui ira même jusqu'à déclarer : "Tintin, c'est moi ! " - La Lettre d'adieu de Magda Goebbels à son fils. - Les révélations de Joachim von Ribbentrop, Herman Goering, Rudolf Hess et Albert Speer à quelques heures de Leur condamnation.

01/2019

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Littérature étrangère

22 lettres imaginaires d'écrivains bien réels

Ce livre présente vingt-deux lettres apocryphes de ces auteurs qui, pour tant d'enfants et de jeunes en Amérique, constituèrent leur première bibliothèque. Herman Melville, Emilio Salgari, Hans Christian Andersen, Louisa May Alcott, J. M. Barrie, Charles Dickens, Robert Louis Stevenson, Carlo Collodi, Lewis Carroll, Jean Webster, Johanna Spyri, Jonathan Swift, les frères Grimm, Jules Verne, Mark Twain, Charlotte Brontë, Rudyard Kipling, Jack London, Daniel Defoe, Mary Shelley, Edgar Allan Poe et J. D. Salinger. « Ces lettres inventent avec irré- vérence, mais n'écartent pas la citation cachée, ni ne tentent d'occulter le lien étroit aux circonstances bio- graphiques historiques et sociales qui les entourent. » María Negroni nous offre une vision intimiste d'une tranche de vie de ces grands écrivains. Habitée d'une plume sensible et d'une trame minutieusement tis- sée, chaque lettre est une plongée passionnante dans des destins bien distincts, hors du temps et de l'es- pace, et ayant en commun, à des degrés divers, le coût souvent excessif de l'activité littéraire ressen- tie jusque dans leur chair. Maria Negroni manie la plume avec brio et a trouvé pour chacun un ton et un rythme. Elle fait s'exprimer chacun des auteurs de façon parfois totalement extravagante, désespérée et émouvante. Le livre est illustré par le dessinateur Jean-François Martin et mis en pages par Paprika

10/2016

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Immigration

L'hospitalité au coeur d'une aventure en terre aixoise. Un collectif accueille des migrants

Le Collectif AGIR est une association créée à la fin de l'année 2015. Il a pour mission d'accueillir des demandeurs d'asile de la région d'Aix-en-Provence. Sept ans plus tard, le Collectif fait le récit de cette aventure qui a permis d'accompagner, depuis sa création, environ 470 migrants, hommes ou femmes, célibataires ou familles, souvent avec enfants. Au-delà de cette histoire, des extraits de récits de vie de migrants et des témoignages de bénévoles illustrent ce vécu. Comment définir une pratique collective, basée uniquement sur la solidarité citoyenne, pour loger autant de personnes, les accompagner dans leurs démarches administratives vers le statut de réfugié, les initier à la langue française... ?? Quels enseignements en tirer ?? Cet ouvrage donne des raisons d'espérer et contribue à la réflexion de ceux qui désirent accueillir dignement l'étranger.

11/2023

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Histoire internationale

Nous n'oublierons pas les poings levés. Reporters, éditorialistes et commentateurs antifascistes pendant la Guerre d'Espagne

Grâce aux reportrices et reporters qui, dès l'été 1936, franchirent la frontière, grâce aux journalistes qui frémirent sous les bombes d'un coin à l'autre de ­l'Espagne­, nous nous retrouvons plongé·es dans un monde ancien qui devient présent. De l'enthousiasme mêlé d'inquiétude des débuts à l'horreur des bombardements, de la menace sur l'Europe recélée par cette guerre à l'arrivée des réfugié·es sur le sol français, chaque événement, chaque atmosphère, chaque détail est dépeint par les reporter·rices. Le livre s'attarde aussi dans les bureaux des rédactions, la parole étant parfois donnée aux éditorialistes et commentateur·rices. Leurs interrogations et réflexions entrent en résonance avec les reportages, et nourrissent le chemin du lecteur dans cette période. Quelque deux cents figures de journalistes accompagnent sa route, dont la plupart sont aujourd'hui méconnues ou inconnues. Ces journalistes émergent grâce à une recherche pionnière menée pendant une dizaine d'années sur une centaine de périodiques et ayant abouti à un référencement de plus de six mille articles. Les reportrices et reporters s'appelaient notamment Mathieu Corman, Jean-Maurice Hermann, Madeleine Jacob – qui rendra compte du procès de Nuremberg en 1945, Paul Nizan – auteur des Chiens de garde et d'Aden-Arabie, Georges Soria, Simone Téry, Edith Thomas ou Andrée Viollis – engagée ensuite dans la Résistance. Quant aux éditorialistes, ils s'appelaient, par exemple, Gaston Bergery, André Leroux, Gabriel Péri, député et fusillé au Mont-Valérien, ­Geneviève­ Tabouis ou Jean Zyromski, leader de la gauche socialiste... Jamais un ouvrage ne leur avait donné la parole. Jamais on n'avait touché cette "histoire-en-train-de-se-faire" en se plongeant dans les articles de celles et de ceux qui se battirent par la plume avec ferveur pour la cause antifasciste. Au croisement de l'histoire culturelle, de l'histoire de la presse et de celle des combats antifascistes, 90 ans après la proclamation de la Seconde République espagnole, une histoire toujours actuelle.

01/2021

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Littérature française

Oscar de Profundis

La fin du monde est proche. Une pluie glacée s'abat sur les hordes de sans-abri à qui les nantis ont abandonné le centre-ville de Montréal. En cette nuit du 14 au 15 novembre, règne pourtant une effervescence inhabituelle : Oscar de Profundis revient dans sa ville natale pour deux concerts exceptionnels. La rock star s'est fait longtemps prier. Traumatisé enfant, Oscar a fui Montréal des années auparavant. Dans un Etat mondial qui baragouine le sino-américain, il n'a gardé de ses origines que le culte de la langue française dont il révère les écrivains - le De profundis clamavi de Baudelaire est tatoué sur son dos - et truffe de citations ses chansons. S'appliquant, grâce à son immense fortune, à vivre en marge de l'apocalypse, il accumule dans ses nombreuses résidences les vestiges - livres, disques, films ou même sépultures - d'une civilisation engloutie. L'emploi du temps de son court séjour a été verrouillé. Une immense villa du XIXe siècle accueille la star et sa suite. Tout contact avec l'extérieur est proscrit, d'autant que s'est déclarée la maladie noire, qui a déjà débarrassé plusieurs métropoles de ses miséreux. Dehors, des bandes rivales, sachant leurs jours comptés, mettent la ville à sac. L'une d'entre elles pourtant, menée par la grande Cate, aisément repérable grâce à l'épervier qui ne la quitte jamais, se résout à une ultime révolte. Quand l'état d'urgence est proclamé et les aéroports bouclés, assignant à résidence la rock star, Cate et les siens passent à l'action. Catherine Mavrikakis, sondant avec son acuité coutumière les arcanes d'un monde voué à sa perte, livre ici une envoûtante fable apocalyptique, où les dérives hallucinées d'Oscar, reclus et sous l'emprise de drogues, répondent aux atermoiements des gueux désespérés. Mais le pire n'est pas toujours sûr : après bien des péripéties, le seul libraire de la ville s'en sortira, sauvé par Scott Fitzgerald et Hermann Hesse.

08/2016

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Ouvrages généraux

Le vin des nazis. Comment les caves françaises ont été pillées sous l'Occupation

Mai 1940. La France succombe, son vin aussi. Aussitôt nommés par l'administration d'occupation, les " Weinführer " , délégués officiels dans les vignobles de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne et de Cognac s'emparent, avec la complicité de nombreux professionnels français, du " plus précieux des trésors de France " , selon les mots d'Hermann Göring, qui a très tôt associé sa voracité pour les oeuvres d'art à une soif inextinguible des plus grands nectars français. Bâti sur des sources exceptionnelles, fonds économiques et judiciaires, archives et documents privés, ce passionnant et exhaustif Vin des nazis révèle comment, au coeur des plus grands vignobles, sur les tables des grands restaurants et des palaces parisiens, la défaite française a vite été noyée dans le vin, grisant les collaborateurs sans scrupules, les brasseurs d'affaires véreux, jusqu'aux pires criminels reconvertis dans la Gestapo française, dont l'équipe Bonny-Lafont. En spoliant les vignobles français pour alimenter la mondanité nazie mais aussi pour soutenir l'effort de guerre du IIIe Reich, les occupants ont détourné des volumes colossaux, de grands crus au vin ordinaire, provoquant une pénurie inédite, un rationnement brutal et une hausse vertigineuse des prix touchant l'ensemble de la population, à une époque où le vin était un élément capital de la vie quotidienne. De personnalités éminentes, dirigeants de prestigieuses maisons, s'insinuent dans ce cambriolage à l'échelle d'une nation : Henri Leroy, propriétaire de la Romanée-Conti en Bourgogne et producteur d'alcools de vin pour les carburants du Reich, Melchior de Polignac, propriétaire de la maison Pommery et cofondateur du groupe " Collaboration " , ou Louis Eschenauer, " l'empereur des Chartrons " , intime des chefs militaires allemands à Bordeaux. Le vin s'est imposé comme un puissant vecteur de la collaboration, valorisé par Pétain et l'Etat français. Loin d'être réservé aux élites du pouvoir hitlérien, il s'est diffusé dans la société allemande tout entière. Une fresque captivante et dérangeante du vin au temps des heures sombres.

03/2023

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Littérature française

La comédie humaine. L'auberge rouge

" En je ne sais quelle année, un banquier de Paris, qui avait des relations commerciales très étendues en Allemagne, fêtait un de ces amis, longtemps inconnus, que les négociants se font de place en place, par correspondance. Cet ami, chef de je ne sais quelle maison assez importante de Nuremberg, était un bon gros Allemand, homme de goût et d'érudition, homme de pipe surtout, ayant une belle, une large figure nurembergeoise, au front carré, bien découvert, et décoré de quelques cheveux blonds assez rares. Il offrait le type des enfants de cette pure et noble Germanie, si fertile en caractères honorables, et dont les paisibles moeurs ne se sont jamais démenties, même après sept invasions. L'étranger riait avec simplesse, écoutait attentivement, et buvait remarquablement bien, en paraissant aimer le vin de Champagne autant peut-être que les vins paillés du Johannisberg. Il se nommait Hermann, comme presque tous les Allemands mis en scène par les auteurs. En homme qui ne sait rien faire légèrement, il était bien assis à la table du banquier, mangeait avec ce tudesque appétit si célèbre en Europe, et disait un adieu consciencieux à la cuisine du grand CAREME. Pour faire honneur à son hôte, le maître du logis avait convié quelques amis intimes, capitalistes ou commerçants, plusieurs femmes aimables, jolies, dont le gracieux babil et les manières franches étaient en harmonie avec la cordialité germanique. Vraiment, si vous aviez pu voir, comme j'en eus le plaisir, cette joyeuse réunion de gens qui avaient rentré leurs griffes commerciales pour spéculer sur les plaisirs de la vie, il vous eût été difficile de haïr les escomptes usuraires ou de maudire les faillites. L'homme ne peut pas toujours mal faire. Aussi, même dans la société des pirates, doit-il se rencontrer quelques heures douces pendant lesquelles vous croyez être, dans leur sinistre vaisseau, comme sur une escarpolette... ".

02/2023

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Art africain

Trésors royaux du Bénin. Art du Bénin d'hier et d'aujourd'hui, de la restitution à la révélation

Cent vingt-neuf ans après leur pillage, et au terme de deux ans de négociation, vingt-six trésors royaux ont été restitués en novembre 2021 par la France au Bénin. Présenté par le président de la République du Bénin, Patrice Talon, cet ouvrage est la première partie du catalogue d'une exposition historique au palais présidentiel à Cotonou : " Art du Bénin d'hier et d'aujourd'hui, de la restitution à la révélation " . Retraçant l'histoire des objets, leur importance artistique et leur poids symbolique, ce premier volet de l'exposition prend le temps de nous offrir l'ensemble des vingt-six pièces restituées, l'occasion de redécouvrir l'art béninois et son patrimoine dans toute leur majesté.

09/2022

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Sociologie

Tout le monde gagne. L'altruisme sain pour combattre l'extrême pauvreté

Bien que la situation se soit améliorée depuis le début du siècle, il y a encore des centaines de millions de personnes sur cette planète qui n'ont pas un accès régulier aux soins de santé les plus élémentaires, à l'éducation de base, à l'eau potable, aux toilettes, à la nourriture et au logement. Une situation inimaginable pour la plupart d'entre nous et difficile à concilier avec les progrès technologiques que nous réalisons jour après jour. De nombreuses personnes tombent dans l'apathie, craignant que la lutte contre l'extrême pauvreté soit une cause perdue et estiment que leur contribution ne peut pas faire de réelle différence. Heureusement, ils ont tort. Un altruisme sain est la clé. L'altruisme sain n'est ni de droite ni de gauche, il n'a ni couleur, ni âge, ni date de péremption. C'est un virus contagieux et infiniment puissant, peut-être la stratégie la plus naturelle et universelle pour lutter contre l'extrême pauvreté. Ce livre montre comment chacun, à sa manière, avec ses propres ressources, peut gagner en mettant en pratique un altruisme sain. Que ce soit par une contribution financière, du bénévolat ou la création d'une organisation de soutien, toute personne qui le souhaite peut devenir un acteur de cette histoire. " J'aime le réalisme du livre. La pensée positive des deux auteurs n'est pas un discours superficiel. " Herman Van Rompuy

06/2022

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Littérature étrangère

Le sauvage

Dans l'Unidad Modelo, quartier trépidant du Mexico des années 1960, la violence est une affaire de la vie quotidienne. Pour Juan Guillermo, elle est une présence obsédante, qui l'a privé de ce qu'il avait de plus précieux : son frère aîné, Carlos, aussi habile trafiquant que fervent lecteur, assassiné par les "bons garçons" , une bande de religieux fanatiques protégés par les hommes du très corruptible commandant de police Zurita. Anéantis par le chagrin, ses parents meurent à leur tour dans un accident de voiture, le laissant orphelin à dix-sept ans. Unique survivant de sa famille, Juan Guillermo jure de se venger des assassins de son frère. Dans cette vie nouvelle placée sous le signe de la vendetta, seul l'amour fou de Juan Guillermo pour l'intrépide Chelo pourrait l'extirper de la spirale de destruction dont il est captif. En contrepoint de cette histoire se déploie la quête d'Amaruq, un trappeur inuit lancé dans la traque sans relâche d'un grand loup gris à travers les forêts glacées du Yukon - un périple qui le conduira dans les profondeurs de la folie et de la mort. Ces deux récits subtilement enchevêtrés forment une fresque puissante et féroce, faisant écho aux plus belles pages de Herman Melville et Jack London. Une épopée magistrale qui tend un miroir troublant au lecteur, en lui dévoilant comment la société réveille le loup sauvage qu'est l'homme en puissance.

04/2019

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Critique littéraire

Proust et l'adoption

Dans l'ignorance, vraie ou feinte, des lois de son époque, Marcel Proust suspectait des homosexuels de sa connaissance, le romancier Abel Hermant ou le patron de presse Léon Bailby, d'être les étranges pères de jolis "fils adoptifs". Il craignait aussi, par une mauvaise interprétation du droit nobiliaire français, que le duc de Montmorency puisse, en épousant Mme Blumenthal, adopter le fils de cette dernière et lui transmettre son titre. Et il était scandalisé que son ami Pierre de Polignac ait accepté de se marier avec la fille naturelle et adoptive du prince de Monaco. Dans son snobisme et son conservatisme, Proust se disait horrifié qu'un roturier fût susceptible d'entrer par adoption dans une famille de vieille aristocratie ou que "la solennité des sacrements d'une forme juridique" vienne "parer" aux couleurs de "l'inceste" une "banale aventure d'homosexualité". Ainsi s'explique l'épidémie d'adoptions aberrantes d'A la recherche du temps perdu, le plus souvent punies par leur prolongement en mariages malheureux, les deux institutions du mariage et de l'adoption étant conçues comme équivalentes ou fonctionnant en synergie de passerelles sociales. Par exemple, faute d'adopter le Narrateur ou le jeune Morel de son coeur, le baron de Charlus adoptera la nièce de Jupien, dans l'espoir de s'introduire en tiers dans le couple qu'elle ira former avec un Léonor de Combremer de moeurs suspectes. Et M. de Forcheville adoptera Gilberte Swann, bientôt l'épouse d'un marquis de Saint- Loup amateur de garçons.

02/2015

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Cinéma

Esprit de fantaisie, esprit de rigueur. La création télévisuelle selon Jean Frapat

Jean Frapat a pris la télévision comme champ d'expérimentation et comme espace de création, produisant ce qu'on peut considérer comme une oeuvre singulière, à la croisée des chemins de la littérature, du théâtre, de l'éducation populaire, du cinéma et des arts plastiques, ressaisis sous l'oeil et au risque de la caméra. Digne compagnon du Service de la recherche de Pierre Schaeffer, il est parvenu à établir un équilibre entre une réflexion sur le langage télévisuel et les impératifs économiques de l'industrie des médias. Cet essai met en évidence la dimension transdisciplinaire de ce travail. Il rassemble des témoignages de collaborateurs et d'amis tels que Michel Hermant, Claude Guisard, Claude Villers, qui formulent une analyse fine de l'univers anachronique de Jean Frapat, tout en retraçant une autre histoire de la télévision, savante et populaire, celle que décrivait Roberto Rossellini dans ses écrits, ou que François Mauriac célébrait dans sa critique télévisuelle. Il propose aussi des contrepoints inattendus : des artistes contemporains - Vincent Labaume et Olivier Bardin - reviennent chacun à leur manière sur l'influence de Frapat sur leur parcours et leur travail. Enfin, Pascale Cassagnau traque les homologies entre la production de Frapat et les oeuvres d'artistes comme Matthieu Laurette, Gianni Motti et Valérie Mré-jen - témoignages de l'influence méconnue d'une certaine télévision sur la création contemporaine. Cet ouvrage est illustré par l'écrivain et artiste Vincent Labaume, qui fut lui-même producteur à France Inter, et qui propose une relecture de l'univers de Jean Frapat et un hommage à son oeuvre.

01/2020

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Essais

La psychanalyse, science de l'homme

La psychanalyse a bouleversé notre image de l'homme. Dans toute la culture contemporaine, elle a introduit le ferment de ses idées. Plus aucune science de l'homme ne peut la négliger. Elle demeure cependant très contestée et suscite encore aujourd'hui des réactions contradictoires : durcissement de ses concepts chez les uns, édulcoration bien-pensante chez les autres. Cet ouvrage présente tout d'abord un exposé historique de la méthode thérapeutique. Il traite ensuite des rapports de la psychanalyse avec d'autres disciplines : la psychiatrie, l'anthropologie philosophique, la psychologie générale et expérimentale. Le docteur Herman Piron est neuropsychiatre et psychanaliste. Ex-assistant de la clinique psychiatrique de l'Université d'Utrecht, ex-assistant étranger de l'Hôpital Sainte-Anne à Paris, il est praticien à Anvers et membre de plusieurs sociétés psychanalytiques et neuropsychiatriques. //Antoine Vergote, professeur ordinaire à l'Université de Louvain, possède la triple formation du philosophe, du théologien et du psychanalyste ; il est donc particulièrement désigné pour les recherches qu'il entreprend dans les domaines de la psychologie et de la philosophie de la volonté, de la foi religieuse, de la culpabilité et du péché. Il est l'auteur de plusieurs articles scientifiques. //Winfrid Huber a étudié la psychologie aux Universités de Louvain, Fribourg, Genève et Paris. Il est membre de la société française de psychanalyse. Ancien élève et collaborateur du Professeur Etienne De Greeff, il est actuellement assistant en psychologie clinique à la clinique psychiatrique universitaire de Louvain-Lovenjoel et chef du service psychologique à l'institut Docteur Etienne De Greeff à Bruxelles.

04/2022

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Design

Modèles déposés. 1 000 objets design

Fabricants : Alfa Romeo, AT&T, Atari, B&B Italia, Bang & Olufsen, Black & Decker, BMW, Braun, Canon, Chrysler, Coca-Cola, DaimlerChrvsler, Duracell, Dyson, Eastman Kodak, Electrolux, Fitbit, Fujifilm, General Motors, Gillette, Harley-Davidson, Herman Miller, Hewlett-Packard, Hoover, Knoll, Le Creuset, Motorola, Nikon, Nintendo, Nokia, Olivetti, Panasonic, Polaroid, Porsche, Rolodex, Segway, SodaStream, Sony, Starbucks, Vitra, Volkswagen, Wilkinson Sword, Zenith Radio. Inventeurs : Alberto Alessi, Ron Arad, Gae Aulenti, Saul Bass, Yves Béhar, Norman Bel Geddes, Mario Bellini, Ward Bennett, Harry Bertoia, Achille Castiglioni, Antonio Citterio, Francis Ford Coppola, Donald Deskey, Tom Dixon, Henry Dreyfuss, James Dyson, Charles Eames, Naoto Fukasawa, Buckminster Fuller, Frank Gehry, Walter Gropius, Zaha Hadid, Irving Harper, Jonathan Ive, Arne Jacobsen, Steve Jobs, Florence Knoll, Piero Lissoni, Raymond Loewy, Ross Lovegrove, Enzo Mari, László Moholy-Nagy, Elon Musk, Vico Magistretti, Issey Miyake, Jasper Morrison, George Nelson, Marc Newson, Isamu Noguchi, Eliot Noyes, Verner Panton, Warren Platner, Gio Ponti, Prince, Jens Quistgaard, Dieter Rams, Jens Risom, Gilbert Rohde, Eero Saarinen, Richard Sapper, Ettore Sottsass, Philippe Starck, Earl S. Tupper, Patricia Urquiola, Marcel Wanders, Frank Lloyd Wright, Russel Wright, Marco Zanuso. Objets : agrafeuses, appareils photo, aspirateurs, automobiles, avions, barbecues, blenders, bouilloires, briquets, bus, cafetières, calculatrices, casques audio, cendriers, consoles de jeux, dictaphones, distributeurs de billets, distributeurs de ruban adhésif, drones, enceintes, épluche-légumes, fax, fours à micro-ondes, grille-pain, horloges, lave-linge, locomotives, machines à coudre, machines à écrire, magnétophones, masques, motos, ordinateurs, ouvre-boîtes, radios, réfrigérateurs, sèche-cheveux, shakers à cocktails, taille-crayons, télécommandes, téléphones, téléviseurs, vélos.

03/2021

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Cinéma

Mémoires du monde

Nuit et Brouillard d'Alain Resnais, Terminus de John Schlesinger, Chantez la mer de Herman van der Horst, ... AValparaiso de Joris Ivens, Les Mammifères de Roman Polanski, Idylle sur le sable d'Henri Storck, La Noire de... d'Ousmane Sembène: quelques-uns des huit mille films conservés par la Cinémathèque de la Fédération Wallonie- Bruxelles. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, ces archives cinématographiques exceptionnelles et encore peu connues constituent une collection variée dans l'éclectisme des genres et des thèmes abordés par des réalisateurs du monde entier. Films pédagogiques, films d'auteur ou films de commande, cette collection réunit essentiellement des documentaires qui proposent un regard sur le monde depuis ces quatre-vingts dernières années. En outre, cette multiplicité des styles et des époques traversées permet de parcourir une véritable histoire du cinéma documentaire. De ces archives passionnantes, Marianne Thys a sélectionné cent films, admirés ou oubliés, émouvants ou dérangeants, innovants ou classiques, dotés pour la plupart de prix prestigieux. Mémoires du monde constitue une anthologie déclinée en plusieurs thèmes qui suivent la marche du monde, depuis l'être humain dans son habitat naturel jusqu'à l'oppression sociale et politique sous toutes ses formes. Cent regards sur l'humanité à travers l'objectif du cinéaste. Cent jalons de l'histoire du cinéma. Jean- Louis Comolli propose quant à lui un regard personnel sur cette collection, sorte de parcours subjectif qui retrace l'évolution du documentaire depuis la naissance du cinéma et la révolution amenée par le son synchrone, impliquant de nouvelles façons de filmer et des perceptions inconnues du spectateur.

01/2012

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Littérature française

La funambule

Dans ce roman, nous avons affaire à des constats qui portent sur les différenciations des modes de vie, les valeurs absolues et relatives, les liens sociaux, la vie familiale et la vie du monde, la psychologie individuelle inscrite dans la psychologie collective... Mais aussi, en toile de fond, la prise en compte de notre lecture du monde, de notre "être au monde", de notre participation au monde à cheval entre la France et le Maroc, la ville et la campagne, les modalités sociétales et l'isolement, la quête de soi, la compréhension de l'autre et des autres. Tout ceci s'inscrit dans un processus que résume le titre de l'ouvrage. Il s'agit, in fine, à travers un voyage permanent en soi- même aussi bien que dans le monde, à travers des espaces culturels différents, en tenant compte de l'environnement proche et lointain de la personne (ici figurée par Laila), d'une quête longue et patiente de l'équilibre intérieur... Je ne peux m'empêcher de songer ici à l'un des emblèmes de l'Atalanta Fugiens de Michael Maier, médecin et alchimiste qui oeuvra à la cour de l'empereur Rodolphe II de Habsbourg : "Celui qui tente d'entrer sans clés dans la roseraie des philosophes est comparé à un homme qui veut marcher sans pieds." Les deux clés de lecture que j'ai proposées avant d'entamer la découverte de La funambule de Maria Zaki donneront, je l'espère, à qui veut y pénétrer, les pieds nécessaires à la découverte du cheminement de sa pensée. Jacques Herman

03/2018

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Histoire ancienne

La Cité et ses esclaves. Fictions, institution, expériences

Ce livre vise tout d'abord à éclairer le lien étroit qui unit l'invention de la démocratie et l'esclavage en Grèce ancienne. En étudiant la façon dont est défini à Athènes l'homme-marchandise qu'est l'esclave, les formes d'organisation de son travail, ou encore le statut de sa parole dans l'espace judiciaire, il propose une analyse inédite du droit athénien de l'esclavage. Mais il entend surtout placer l'esclavage au coeur de nos réflexions sur l'expérience grecque, en éclairant la façon dont la cité des hommes libres est elle-même modelée par l'institution esclavagiste. L'imaginaire politique athénien, auquel nous associons l'expérience de l'autonomie politique, est en effet le produit de l'expérience esclavagiste. A travers l'esclavage, la cité pense et donne une forme à ses frontières, et c'est un certain rapport au corps, à l'écriture, ou à la notion même de représentation qui se trouve alors éclairé. Mais le livre entend aussi interroger les relations souterraines qui nouent l'histoire de l'esclavage antique à notre présent. Si nous prétendons aujourd'hui, à tort et à raison, être les héritiers de l'Antiquité gréco-romaine, en quoi l'esclavage, qui fut la condition même de son développement, a-t-il contribué à écrire une part de notre histoire au point de persister jusque dans notre plus extrême modernité ? Explorant, sous la forme d'essais libres, le droit du travail, la cybernétique, ou les formes modernes de la représentation politique, mais aussi convoquant Hermann Melville ou Aimé Césaire, Paulin Ismard en arrive à la conclusion que la configuration athénienne est d'une certaine façon encore la nôtre. Paulin Ismard est maître de conférences HDR en histoire grecque à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne, membre de l'Institut universitaire de France. Il a notamment publié L'Evénement Socrate (Flammarion, 2013, Prix du livre d'histoire du Sénat) et La Démocratie contre les experts. Les esclaves publics en Grèce ancienne (Seuil, 2015, Prix des Rendez-Vous de l'Histoire de Blois, Prix François Millepierres de l'Académie Française).

10/2019

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Sociologie

Confiance et violence. Essai sur une configuration particulière de la modernité

Cet ouvrage est une exploration de la modernité occidentale hors de nos cartographies habituelles. Sans pareil, il déroutera d’aucuns, comme peuvent dérouter Masse et Puissance d’Élias Canetti ou Création littéraire et connaissance d’Hermann Broch. Pour traiter son sujet, en effet, il ne recourt pas à une méthodologie propre à une discipline établie, mais à une technique descriptive. De vastes survols alternent avec une concentration sur des détails, afin de compenser ce que la vue d’ensemble a inévitablement de trop schématique. Les approches sociologiques ou historiographiques, autant que les développements empruntés aux philosophies politique et morale, alternent avec des analyses philologiques et le traitement de matériaux extraits de la littérature, de la poésie et du théâtre. Il n’en fallait pas moins pour aborder de front le paradoxe essentiel de la modernité : celui des rapports que nos sociétés contemporaines nouent entre confiance et violence. Trois questions sont tramées. Premièrement : comment en est-on arrivé à cette spécificité de la modernité, européenne et transatlantique, issue des crises des XVIe et XVIIe siècles, qui la distingue apparemment de toutes les autres configurations culturelles, à savoir son besoin spécifique de légitimer le recours à la violence ? Deuxièmement : comment cette modernité parvient-elle à concilier ce besoin de légitimation et la confiance qu’elle nourrit d’aller vers un avenir où la violence serait la plus réduite possible, avec la violence effective qu’elle exerce ? Troisièmement : pourquoi les excès de violence du XXe siècle, s’ils ont certes gravement entamé la confiance que la modernité a en elle-même, ne l’ont, pour le moment, pas amenée à se détourner de sa voie spécifique ? Cette étude sur la confiance au fondement de tout pacte social, sur la violence corporelle, ou encore les rapports entre pouvoir et violence, est de ces travaux qui changent notre éclairage, ils braquent en quelque sorte les projecteurs sur un terrain connu mais d’une façon nouvelle, et veulent ainsi faire ressortir des zones restées dans l’obscurité, modifiant et les ombres portées et plus en profondeur nos perspectives communes. Elle ne concurrence pas d’autres regards sur la modernité, elle les complète. À condition que l’on en accepte le dépaysement premier.

10/2011

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Science-fiction

Nos bons voisins les lutins. Nains, elfes, lutins, gnomes, kobolds et compagnie

Il était une fois des créatures fantastiques sur lesquelles on croit tout savoir, et même si elles portent bien des noms, on les appelle les nains. Ils ont inspiré non seulement les écrivains comme Hermann Hesse ou Charles Nodier auquel nous devons Trilby ou le lutin d'Argail, mais aussi des poètes et des compositeurs. Pour tout un chacun ce nom évoque les homoncules qui recueillent Blanche-Neige ou encore ces statuettes que l'on aperçoit dans les jardins. Malgré des études érudites, ces individus sont encore nimbés de mystère. Les contes et légendes rapportant leurs faits et gestes ont plus accrédité des stéréotypes que dévoilé leur véritable nature. Bref, les nains forment un ensemble d'une complexité redoutable, eux dont la pérennité est des plus étonnantes, et l'image que nous avons d'eux est issue d'une longue tradition dont nous tenterons de cerner les contours. Le vocable " nain " est un terme générique qui recouvre des êtres formant quatre groupes distincts : les génies domestiques, les génies de la nature, les esprits tapageurs et les nains proprement dits. Au fil des siècles, ces groupes se sont confondus et leur spécificité respective s'est estompée. Pour cette anthologie, nous avons essentiellement retenu des récits de croyance et, pour bien les distinguer de la littérature, des contes et légendes empruntés à divers pays. Le lecteur pourra constater combien la facture est différente, notamment en comparant certaines narrations avec leur adaptation littéraire que nous transcrivons lorsque cela est possible. La majeure partie des textes provient du monde germanique, de recueils inconnus en France parce que jamais traduits et souvent rédigés en dialecte local. Le classement en chapitre est destiné à procurer une vue d'ensemble des traditions, mais il est évident que chaque texte relève de plusieurs chapitres, selon le thème principal retenu. Cet ensemble de textes confrontera le lecteur à des motifs rares, voire inconnus ici. Qui sait que les nains ne peuvent venir à la surface du sol que quelques jours par an ?, que la perte de leur bonnet ou d'une chaussure les prive de sommeil ?, que les objets sacrés les fixent sur place ? Ces récits au bois dormant méritent de sortir de leur léthargie séculaire.

01/2010

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Critique littéraire

La Revue Blanche. Une génération dans l'engagement 1890-1905

La Revue Blanche, dont l'aventure n'a guère duré plus de dix ans, a joué en France un rôle-charnière essentiel. La plupart des écrivains, peintres, musiciens, hommes politiques, intellectuels les plus marquants de la fin du XIXe et du début du XXe siècle y ont collaboré ou l'ont côtoyée. Créée, financée et dirigée par les trois frères Natanson, jeunes Juifs polonais, avec la complicité enthousiaste de leurs condisciples du Lycée Condorcet, la Revue Blanche devient vite un lieu de débat sur tous les sujets qui agitent la France. Elle mène des combats politiques sous l'impulsion d'anarchistes comme Fénéon, Mirbeau ; de socialistes, tels Blum, G. Moch, Péguy ; de dreyfusards et de fondateurs de la Ligue des droits de l'homme, comme Reinach et Pressensé. En témoignent ses campagnes dénonçant le génocide arménien, les dérives coloniales, la barbarie des interventions, européenne en Chine, anglaise en Afrique du Sud, et la diffusion des pamphlets de Tolstoï, Thoreau, Nietzsche, Stirner... Elle promeut les peintres Nabis, les Néo-impressionnistes et l'Art nouveau, anticipe le fauvisme, le futurisme et les arts premiers. Toulouse-Lautrec, Bonnard, Vuillard, Vallotton, Hermann-Paul, Cappiello illustrent les articles de la revue et les ouvrages publiés par ses Editions. Après avoir soutenu fidèlement Mallarmé, la Revue Blanche accueille Proust, Gide, Claudel, Jary, Apollinaire qui y débutent, tandis qu'elle édite une nouvelle traduction des Mille et une nuits et Quo Vadis, le premier best-seller du siècle. Elle salue l'innovation dramatique avec Antoine et Lugné-Poe, Ibsen, Strindberg et Tchékhov, sans oublier le triomphe de l'école française de musique avec Debussy. Humour et esprit de fête, liberté, engagement et créativité, pacifisme, laïcité, mondialisation sont les valeurs promues par cette génération emportée dans le sillage de la Revue Blanche. Cet ouvrage illustré et nourri de nombreuses citations décrypte l'histoire de cette avant-garde, nous familiarise avec ses membres, ses réseaux, ses utopies et ses réalisations. Il donne la mesure de l'étape majeure alors franchie par la société française vers le modèle culturel et politique qui est le sien aujourd'hui.

09/2007

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Littérature anglo-saxonne

Les mousses d'un vieux presbytère. Suivi de Hawthorne et ses mousses

Ecrivain américain le plus célèbre de son temps et auteur, avec La Lettre écarlate, d'un des premiers grands romans américains, Nathaniel Hawthorne (1804-1864) n'avait encore jamais vu son autre chef-d'oeuvre, Les Mousses d'un vieux presbytère, intégralement traduit en français. C'est désormais chose faite. Ce recueil regroupe vingt-six nouvelles, marquées par le puritanisme de la Nouvelle-Angleterre et le poids de la faute du péché ("La Marque de Naissance"), mais aussi par le goût du fantastique ("Plumette"), celui des fables millénaristes ("La Procession de la Vie"), ou le souvenir des procès des sorcières de Salem ("Le Jeune Maître Brown"), tandis que d'autres ("Mme Crapaudbuffle") possèdent une dimension comique, voire grotesque, qui rivalise avec certains contes d'Edgar Poe. On y trouve aussi une vibrante célébration de la nature ("Bourgeons et Chants d'Oiseaux"), ainsi que des gens de peu et des "effacés" - "Le Vieux Marchand de Pommes" , courte nouvelle à propos de laquelle Herman Melville, dans l'éloge qu'il publia des Mousses d'un vieux presbytère, et que nous proposons à la suite de cet ensemble, écrit que Hawthorne est sans doute le seul de sa génération à savoir faire preuve "d'une si profonde tendresse" et d'un "amour si omniprésent" . Dans ces nouvelles, Nathaniel Hawthorne conjugue, avec acuité et virtuosité, ce mélange de réalisme et de fantastique, de pragmatisme et de religiosité qui forge l'identité américaine. Pour Paul Auster, "Hawthorne a compris la noirceur des êtres, une forme particulière de noirceur américaine" , qui continue d'exercer une véritable fascination sur le lecteur.

10/2023

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Ouvrages généraux

L’Est à l’Ouest . Trajectoires, expériences et modes d’expression des intellectuels, écrivains et artistes émigrés hors de RDA

Ce numéro s'intéresse aux écrivains et artistes est-allemands ayant quitté la RDA avant 1990, et aux conséquences de ce déplacement sur leur oeuvre et leur discours. Quatre exposés introductifs (Schmitz, Sapiro, Farges, Terrisse) fournissent d'importants outils d'analyse théorique. Cet ouvrage présente et analyse le cheminement d'écrivains et d'artistes plasticiens qui ont quitté la RDA et se concentre sur la période comprise entre le moment de leur passage à l'Ouest et la réunification de 1990. Les contributeurs de ce numéro ont exploré la réalité d'un " seuil " autre que celui, très étudié, de la chute du Mur, en se penchant sur les conséquences, moins connues, de cette Übersiedlung sur leur production artistique. Ils mettent en lumière la variété des réactions à ce qui constituait une rupture biographique, politique et esthétique forte, mais aussi la similitude des stratégies adoptées pour continuer à écrire, peindre et exister dans l'espace public occidental. Entre la césure franche et le choix de la continuité, cet ouvrage dessine les contours d'une adaptation protéiforme. Les études individuelles sont précédées de quatre articles généraux fournissant des outils pour appréhender le phénomène qui, conçu comme un exil littéraire et artistique interallemand, tend vers l'extraterritorialité (Walter Schmitz), appelle des comparaisons avec d'autres exils (Gisèle Sapiro, Patrick Farges), et interroge la translocation des bibliothèques (Bénédicte Terrisse). Si certains ont éprouvé un net sentiment d'exil (Fuchs, Rachowski) ou au contraire insisté sur la continuité (Kirsch, Brasch, Eckart, Lange-Müller), d'autres encore ont joué les médiateurs ou les trouble-fête (Kantorowicz, Johnson, Kunert, Loest, Maron). Les artistes plasticiens (Loewig, Kerbach, Herrmann, Grimmling, Dammbeck, Stelzmann), confrontés au monde de l'art occidental, élargissent pour finir l'horizon de cette étude.

03/2023

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Histoire de l'art

Les arts en France sous Charles VII (1422-1461)

A partir des années 1420, le royaume de France connaît de profondes mutations ; tandis qu'une partie du pays est occupée par les Anglais et les Bourguignons, de multiples foyers artistiques émergent, entre lesquels les artistes circulent. L'épopée de Jeanne d'Arc et la reconquête entreprise par Charles VII annoncent la fin de la guerre de Cent Ans. Les conditions d'un renouveau sont alors réunies, de grands commanditaires faisant appel à des artistes d'une nouvelle génération. Avec le rayonnement de la cour de Bourgogne et la diffusion de l'Ars nova flamande, la création artistique abandonne progressivement le gothique international et se tourne vers une nouvelle vision de la réalité. En pleine effervescence, la Renaissance italienne inspire également les artistes du nord des Alpes. L'art produit en France s'approprie les manières italienne et nordique et fourmille de particularités. Richement illustré, comptant plus d'une centaine de notices et de nombreux essais, ce catalogue réunit des chefs-d'oeuvre témoignant du foisonnement et de la diversité artistiques de l'époque, du gisant d'Agnès Sorel aux manuscrits enluminés et aux portraits de Jean Fouquet, et propose une synthèse inédite sur cette période peu connue.

03/2024

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Monographies

Pascal Barbe. La Fissure - Le Passage (1992-1995) : une donation

Pascal Barbe (né en 1957 à Bruay-en-Artois) est un PPP, peintre-poète-penseur, qui, depuis les années 1970, construit un oeuvre fort et engagé s'apparentant souvent à l'expressionnisme proche de ses sources allemandes ou d'échos flamands : une peinture à l'écoute du monde. Il expose notamment à la galerie Gondrom, Bayreuth, Allemagne en 1980, au musée de Poznan, Pologne en 1987, à la galerie Richard Demarco, Edimbourg, Ecosse en 1991, au Carrousel du Louvre, Paris en 1997 (La Terre s'évapore), à Bari, Italie, en 1999 et en 2015 au Kunstmuseum de Thun, Suisse. Dans son enfance marquée par une relation fusionnelle avec son grand-père, le futur artiste est fasciné par le jeu des ombres chinoises et par les figures pariétales du néolithique qui, dès 1974, investissent son travail sous la forme de "Bonhommes". A l'encre ou à l'huile, à plat ou en volume, ces personnages allumettes, qui fêtent leurs 50 ans en 2024, font intimement et durablement partie des univers de Pascal Barbe et s'affirment comme une expression graphique iconique de son message créatif, politique et humaniste. Frappé par le travail de l'artiste, l'architecte Jean-Claude Burdèse, lui propose de collaborer au projet pour la future station de métro Charles-De-Gaulle à Roubaix. Cette installation pérenne constituera assurément l'intervention artistique la plus convaincante du vaste chantier de la construction d'une nouvelle ligne souterraine qui, en 1999, modifie considérablement le rapport de la métropole nordiste à son versant industriel. Mieux qu'un décor en effet, ce projet s'impose comme une véritable oeuvre plastique structurant le site auquel il est destiné. Dans l'espace public, il offre généreusement aux passagers un peuple miroir qui évoque poétiquement leurs silhouettes, leurs attitudes, leurs états d'âme... En 2019, Pascal Barbe propose à La Piscine de lui offrir l'intégralité des 141 dessins originaux pour cette création et les poèmes qui les accompagnent. 25 ans après l'inauguration de la station, c'est l'esprit de ce superbe ensemble qui est aujourd'hui révélé à La Piscine dans une singulière exposition-rétrospective mettant également en avant les premières oeuvres de Pascal Barbe réalisées dans les années 1970. Cette exposition est dédiée à Silver Hesse et à la famille Hermann Hesse.

04/2024

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Technologies

Construire avec le bois. Matériau bois et ses dérivés, conception et mise en oeuvre, exemples de réalisations

Aujourd'hui, le bois est présent partout : dans l'habitat individuel, le logement collectif, les bâtiments publics, les équipements de loisirs, les bureaux, les commerces, etc. Son marché le plus important reste la maison individuelle, mais réhabilitation et extension offrent d'autres débouchés intéressants. Alors que la densification de l'existant est nécessaire pour répondre à la forte demande de logements sans céder à l'étalement urbain, la souplesse et la légèreté du bois peuvent faire des merveilles. Les propriétés mécaniques du bois permettent dorénavant de construire plus haut et plus grand. L'objectif de cet ouvrage est de fournir les éléments techniques et réglementaires indispensables pour construire avec le bois. Une bonne connaissance de la structure du bois, de son comportement, des différentes essences disponibles, des produits dérivés, des lois qui régissent son assemblage et son collage ainsi que des méthodes de protection et d'habillage permettent d'optimiser la conception et la mise en oeuvre des constructions en bois. Avant tout pratique, ce livre illustré : - expose les évolutions qui ont marqué la filière bois au cours des dernières décennies (l'exploitation de la forêt, les caractéristiques physiques de la matière bois et sa transformation en matériaux de construction) ; - décrit les différents produits issus de cette filière ainsi que leurs caractéristiques, gamme toujours plus étendue des produits dérivés et leurs applications ; - détaille les systèmes constructifs à l'oeuvre dans les constructions en bois (parois extérieures, planchers, couvertures, charpentes, etc.) ; - propose des solutions techniques pour la composition de murs, planchers et toitures acoustiquement et thermiquement performants, en particulier des typologies de parois perspirantes, sans pare-vapeur ; - précise les exigences pour la protection contre les incendies et les risques sismiques. Enfin, l'ouvrage se termine par la présentation détaillée de 23 bâtiments inspirants, réalisés en France ou dans d'autres pays comme l'Autriche et la Suisse en Europe, mais aussi le Japon, le Chili et le Brésil. Construits en zone rurale ou en milieu urbain dense, de petite échelle ou de grande envergure, ces exemples couvrent tous les types de programmes. Comme la construction en bois se prête à une large palette formelle, leur esthétique oscille entre le minimalisme des vorarlbergeois Hermann Kaufmann ou Dietrich Untertrifaller et les formes organiques du hongrois Imre Makovecz. Parmi les concepteurs français, des pionniers côtoient de jeunes agences très créatives.

12/2019