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Littérature française

Le cri silencieux d'un médecin dans la jungle

"Mon épouse est à la salle d'accouchement dans un état critique, docteur... Les nouvelles vont vite ici. Tout le village avait été alerté et une marée humaine grouillait dans la cour de l'hôpital ; on lisait sur les visages à peine éclairés, l'angoisse et la peur. La nouvelle avait vite circulé : Madeleine et ses jumeaux étaient entre la vie et la mort". Cette nuit a vite viré au cauchemar. L'hôpital était dans le noir complet, sous-équipé, sans aucun moyen de faire une césarienne et sans possibilité d'évacuation. La mort de ces trois personnes était inévitable. Que s'est-il réellement passé ? Ces trois personnes ont-elles aussi droit à la santé et à la vie ? La vie a-t-elle un prix ? Le droit à la santé existe-t-il vraiment en Afrique ? Ce témoignage apporte une esquisse de réponse à ce questionnement, à travers les mémoires d'un médecin ayant exercé durant plus de trente ans dans la jungle. Ce fut pour lui une opportunité inespérée de s'approprier des vertus profondes de la nature et de la culture, et de se familiariser avec plusieurs dimensions immatérielles de la pratique de la médecine comme un service vocationnel. Il espère ainsi que l'Afrique connaîtra un jour le droit universel à la santé. Né au Cameroun en 1963, Jean-Claude Akono Emane est médecin spécialiste en santé publique et enseignant. Durant trente-et-un ans, il exerce au beau milieu de la jungle. Il lutte pour la promotion et la protection de la vie et de la santé, en particulier dans les zones rurales reculées. Fondateur de l'ONG Luvera for Africa, il défend la cause des mères africaines fortement exposées à la mortalité maternelle, et celles des enfants qui meurent en très grand nombre de la malnutrition et des maladies qui pourraient être évitées par la vaccination. Il est l'auteur de plusieurs romans, livres religieux et spirituels, ainsi que de films documentaires, pour lesquels il s'inspire de la nature et de la culture africaines.

02/2023

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Actualité politique internatio

Démasqués : infiltré au coeur du programme antifa de destruction de la démocratie

Derrière l'antifascisme, la violence au service d'un projet nihiliste. L'enquête infiltrée choc d'Andy Ngo, Démasqués, se hisse numéro 1 des ventes Amazon des Etats-Unis dès sa sortie en 2021 et numéro trois sur la liste des meilleures ventes du New York Times. En 2020, dans le sillage de la mort de Georges Floyd, de violentes émeutes éclatent dans les grandes villes américaines. Aux manettes : le mouvement antifa. Visages masqués, entièrement vêtus de noir, les émeutiers mettent les villes à sac, laissant derrière eux un champ de ruines. Par-delà les dégâts matériels, leur violence fera aussi des morts. A Seattle, les militants antifas annexent le quartier de Capitole Hill, aussitôt proclamé " zone autonome libertaire " et soumis à une organisation raciale, noirs et blancs séparés. La zone est interdite à la police, cernée de barrages et de check-points. N'y sont admis que les sympathisants du mouvement. La population, prise en otage, subira des jours durant les effets concrets de leur idéologie. Là encore, les destructions sont massives. Là encore, il y a des morts. Andy Ngo, journaliste américain spécialiste de cette mouvance d'extrême-gauche, a infiltré la zone autonome de Capitole Hill. Ses conclusions sont sans appel : la violence des " antifascistes ", loin d'être spontanée, est au service d'un agenda politique. Comment ce mouvement, créé en 1932 par le parti communiste allemand, s'est-il implanté aux Etats-Unis, où il bénéficie de la sympathie des médias et de figures politiques issues des rangs démocrates ? Est-il si organisé qu'il le prétend ? Le journaliste, lui-même agressé physiquement et harcelé au point d'avoir dû quitter les USA, décrit au contraire une organisation méthodique et totalitaire : profilage et surveillance des recrues, endoctrinement, formation à la violence physique et à la technique des " black blocks ", lynchage et intimidation de ceux qui n'adhèrent pas à leur idéologie. Leur objectif : mettre à bas l'Etat-nation, la police et la propriété. En un mot, instaurer le droit du plus fort.

10/2021

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Littérature étrangère

Berlin-Moscou. La peur des miroirs

"Mes parents furent des révolutionnaires à l'âge d'or du communisme. Ils le furent aussi lors de ses pires années de sang. J'étais enfant à Moscou pendant une guerre qui n'est plus qu'un souvenir lointain en Europe. Moi, j'ai vécu la majeure partie de ma vie au XXe siècle. Toi, tu es né en 1971, et, avec de la chance, tu vivras l'essentiel de la tienne au vingt et unième. Tu ne te souviens que de l'agonie de l'Union soviétique, de l'ultime décadence du système étatique qu'ils appelaient "communisme", de ta mère et moi militant pour un avenir qui n'est jamais advenu, et de la réunification de l'Allemagne." Vladimir Meyer, un ancien dissident d'Allemagne de l'Est, s'adresse à son fils, jeune homme modéré qui a parfaitement pris le virage de la social-démocratie dans une Allemagne tout juste réunifiée. Nous sommes en 1990, sa fidélité à ses convictions marxistes a coûté à Vladimir son poste à l'université, et sa femme l'a quitté. Désemparé face à un monde qui semble avoir fait du capitalisme son horizon indépassable, il tente d'expliquer ce que fut la belle utopie du communisme et remonte pour cela dans la généalogie familiale. Fils d'une communiste juive allemande réfugiée en Union soviétique - inspirée de la figure historique d'Elisabeth Poretski -, il a vécu son enfance à Moscou pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1945, fidèle parmi les fidèles, sa mère revient avec lui dans ce qui est devenu la RDA, où se déroulera toute son existence militante. Tariq Ali écrit sur les illusions trahies et les espérances détruites, donne chair et corps à une incroyable galerie de portraits - où se mêlent figures historiques et personnages fictionnels - et nous entraîne, de Moscou à Berlin, en passant par Vienne, Hanoï, Barcelone ou Paris, dans les méandres d'une histoire politique qu'il maîtrise parfaitement - dans la mesure où elle est la sienne.

11/2014

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Histoire de France

Chouan et espion du roi

En 1793, la Convention décrète la "levée en masse". L'Ouest se soulève. De nombreux paysans s'équipent d'armes de fortune et commencent à organiser la résistance à ceux qu'ils appellent les "Bleus". Parmi ces hommes qui refusent de combattre pour la République et entendent rester fidèles au roi, se trouve Michel Moulin, fils d'artisan : très vite, se révélant habile meneur d'hommes et fin connaisseur de son bocage natal, celui que ses compagnons d'armes surnomment Michelot devient l'homme de confiance de Louis de Frotté, jeune général de l'Armée catholique et royale de Normandie. Les Mémoires de Michelot Moulin, publiés en 1893 et jamais réédités jusqu'à aujourd'hui, décrivent dans un style alerte l'organisation de la chouannerie, l'âpreté des combats et les délicates relations humaines au sein de ce monde clos. Après l'exécution de Louis de Frotté, tandis qu'il tente de réintégrer la vie civile, Moulin est arrêté et emprisonné au fort de Joux, en Franche-Comté, d'où il s'évade dans des conditions rocambolesques. Puis il parcourt l'Europe pour échapper à la police impériale et trouve refuge à Londres. Là, il découvre un autre monde, celui de l'émigration et de ses royalistes intransigeants. Et c'est à Londres que va commencer pour lui une nouvelle vie, celle d'espion au service du roi : envoyé en France pour préparer le retour des Bourbons, il livre ainsi un témoignage de première main sur les milieux interlopes des passeurs, des réseaux plus ou moins fiables, entre gendarmes, policiers et gardes-côtes. Le récit de Michelot Moulin est original à plusieurs titres : il est rare d'avoir, sur la guerre civile qui a ensanglanté les années 1790, le témoignage d'un homme sorti du rang ; il est également peu fréquent qu'un roturier, adhérant à la cause royaliste, nous livre ses impressions, parfois amères, sur le milieu de l'émigration ; il est enfin précieux d'avoir en un même récit, sur plus de vingt ans, les différents visages de la contre-Révolution.

01/2013

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Tourisme étranger

Peuples d'Iran. Une mosaïque d'ethnies

Jeune étudiant en " archi " à Paris, le voilà qui rencontre Jean Raspail. Avec l'écrivain- voyageur, il va partager en 1949 une vraie aventure, un voyage de 5 000 km en canoë, de Trois-Rivières sur le Saint-Laurent jusqu'à La Nouvelle-Orléans sur le Mississipi, pour suivre parcours des explorateurs français du XVIIe siècle. Cap sur le Maroc : il va y passer quatre ans comme collaborateur d'un architecte à Rabat. De retour en France, il opte pour les rives de la Dordogne où, par un curieux hasard, il avait passé trois mois pendant la guerre en 1940 (en tant que réfugié). " J'ai dit à ma femme : je resterai trois ans à Bergerac. " C'était fin 1956, il y a tout juste demi-siècle. Pendant vingt ans, il travaille avec Edmo Pierson, l'architecte qui fait référence à l'époque à Bergerac. En 1976, il monte avec Denis Teillet une société d'architecture qui signera quelques-unes des réalisations les plus marquantes des années 1980-1990 à Bergerac. Mais la passion du voyage est toujours là et son association lui permet de se libérer pour parcourir le monde avec sa femme, adoptant le camping-car il y a vingt ans, à une époque où ce n'est pas encore la mode. Le Proche et le Moyen-Orient ont la préférence couple. Adepte de la photographie depuis longtemps, il a obtenu son diplôme d'architecte avec une étude " La photographie au service de l'architecte ". Il amasse des documents au gré de ses voyages. A sa retraite il y a onze ans, un coup de coeur pour le Taj Mahal lui donne l'idée de réaliser une encyclopédie de l'architecture de l'islam. Il y consacre trois années, le livre sort en 1997 aux éditions ACR sous le titre L'architecture sacrée de l'Islam. Deux autres livres ont ensuite été publiés chez le même éditeur, Maroc aux multiples visages et Iran aux multiples images (avec son épouse Thérèse). Jean-Pierre DR.

02/2010

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Sciences politiques

Capital, travail et mondialisation. Vus de la périphérie

En ce début du XXIe siècle, le néolibéralisme occidental joue son leadership mondial face à des puissances dites émergentes : Chine, Inde, Brésil...Tandis que d'un côté s'accumulent les fonds souverains, de l'autre se creuse le fossé de la dette souveraine. Les raisons profondes de ce paradoxe sont connues et l'on peut les retracer depuis l'antiquité et le Moyen-âge à travers l'histoire de l'évolution de l'ordre marchand occidental. Pour l'Amérique la plus conservatrice actuelle cependant, les ennemis de l'Occident chrétien et capitaliste ont surtout les visages de l'islamisme radical et de la Chine considérée comme toujours communiste. Le premier adversaire du capitalisme occidental ne se trouve-t-il pas pourtant en son propre sein, tapi dans les excès de sa tendance ultralibérale ? Quelles chances aura le discours ci-dessus auprès des gurus de Wall Street, de la City et de Bretton Woods ? Leurs idéologues, exonérant les responsabilités internes, semblent privilégier pour l'instant la thèse d'un conflit civilisationnel. Tandis que la colère des masses spoliées enfle et menace de basculer les sociétés dans la violence et le chaos, c'est tout juste si le capitalisme établi consent en Occident de petites réformettes. Ce n'est pourtant pas cela qui mettra fin à la crise actuelle qui est loin d'être terminée quoiqu'on en dise. Depuis deux siècles, la mondialisation libérale fait des victimes par centaines de millions partout dans la périphérie ; elle touche de plus en plus aujourd'hui les masses du centre. Comment combattre de tels excès sans comprendre le système qui les génère? Comment sortir du manichéisme qui veut que quiconque critique l'ultralibéralisme ne soit qu'un dangereux socialiste ? Comment faire passer l'idée simple que les idéologies ne sont que des outils entre les mains de groupes organisés - religieux, chefs de guerre et marchands - pour empêcher les travailleurs de jouir concrètement des deux valeurs centrales d'une démocratie véritable, la liberté et l'égalité ?

02/2011

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Histoire internationale

Algérie. L'inexorable déchirure

Succédant au traumatisme de la défaite et de l'évacuation du Vietnam, la guerre d'Algérie a ébranlé, pendant près de huit ans, les fondements mêmes de la République. A travers cet ouvrage, Alain Vincent nous présente les multiples facettes de ce conflit qui a déchiré la société française. L'engagement de près de deux millions de militaires (contingent, armée de métier, supplétifs) pour tenter de juguler une guerre civile atroce qui opposait les Européens aux musulmans, mais aussi les musulmans entre eux, a meurtri toute une génération. Si certains soldats accomplirent leur temps dans des zones tranquilles, d'autres furent emportés dans les spirales de la violence et de la barbarie. « Quand, au détour d'un virage, nous sommes tombés sur une embuscade, raconte Michel Rapin, l'un des témoins de ce livre, nous avons riposté et poursuivi nos assaillants dans un village, puis arrosé les maisons au fusil-mitrailleur et au canon de 37 mm. Nous n'avons pas découvert de rebelles, mais par contre deux gosses blessés de 14 et 8 ans, dont l'un, le plus jeune, était criblé d'éclats et dont le bras droit ne tenait plus que par le nerf. C'est moi-même qui l'ai porté dans mes bras sur 1 500 mètres, jusque sur la piste où nous attendait le convoi. Je me rappellerai toujours les saccades et les soubresauts de son corps d'où toute vie était en train de s'échapper, son sang tout chaud coulant sur mon treillis. » Cinquante ans plus tard, l'Algérie n'en finit pas de panser ses plaies, sans cesse ravivées par le terrorisme. Quand ce riche et beau pays accédera-t-il à la sérénité ? Quand les relations franco-algériennes s'apaiseront-elles enfin ? Alain Vincent, ancien combattant du Vietnam, a été reçu officiellement au musée que les autorités vietnamiennes ont consacré à la bataille de Tu Vu (Tonkin). L'auteur a été invité à y déposer son livre (Indochine, la guerre oubliée), paru aux Editions Alan Sutton.

07/2010

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Cinéma

Bernard Blier, un homme façon puzzle

Bernard Blier fait partie de ces " gueules " du cinéma français qui appartiennent à notre mémoire collective. Et pourtant, de ce comédien extrêmement populaire (y compris dans les jeunes générations, fans comme leurs aînés des inoubliables Tontons flingueurs), à la carrière riche de plus de cent quatre-vingts films et trente pièces de théâtre, on ne sait presque rien. Au fil de cette biographie - la première complète et documentée qui lui soit consacrée -, Bernard Blier se révèle un personnage aussi singulier que ceux qu'il a incarnés. Une naissance en Argentine en 1916, une vocation précoce, à l'âge de onze ans, à la sortie d'une représentation à la Comédie Française. Son père hausse les épaules : " Tu seras privé de dessert ", mais prend conseil auprès d'un comédien en vogue à l'époque. " C'est dans l'oeuf ", juge l'homme de l'art après avoir écouté l'aspirant acteur réciter un poème. Et de fait, le jeune Blier (élève préféré de Louis Jouvet au Conservatoire) débutera dans Entrée des artistes, Hôtel du Nord et Le Jour se lève, rien de moins ! Facétieux comme on n'oserait plus l'être aujourd'hui, soupe au lait, joueur (il s'adonne aux courses... de chevaux de bois !), bibliophile et alpiniste avertis, fin gastronome, homme et père intransigeant, fou de comédie, il plaçait l'amitié plus haut que tout avec ses complices François Périer, Gérard Philipe, Jean Gabin, Jean Carmet, Gérard Depardieu... Menée à l'anglo-saxonne, comme une enquête, fondée sur des témoignages inédits (notamment celui de son fils, le cinéaste Bertrand Blier, qui a accepté pour la première fois de se confier aussi longuement sur ce père aux multiples visages), cette biographie traverse cinquante ans d'histoire du septième art, et nous fait approcher la vérité d'un homme qui a vécu comme il jouait la comédie : sérieusement, sans jamais se prendre au sérieux, avec pour maxime cette devise de Michel Audiard, son meilleur dialoguiste : " J'parle pas aux cons, ça les instruit. "

03/2009

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Critique littéraire

Molière et le roi. L'affaire Tartuffe

En qui s incarne plus naturellement le théâtre français que Molière ? En qui se manifeste plus symboliquement le pouvoir monarchique qu'en Louis XIV? Or ces deux monstre sacrés de notre histoire et de notre culture ont été les héros d'une intrigue compliquée, d'une tragi-comédie extravagante, à propos d'un chef-d'œuvre. Ce couple improbable formé par Molière et Louis XIV et incarnant les deux visages de la gloire a même été mis en échec durant cinq longues années par une troisième force, celle de l'Eglise, personnifiée par l'archevêque de Paris. Tout cela fait de "l'affaire Tartuffe " - où s'affirment avec le plus d'éclat et le génie de Molière et le déploiement du " Soleil" - l'un des épisodes les plus significatifs de l'histoire de la culture en France. D'autant plus significatif qu'à cette tragédie de la comédie sont mêlés, outre Molière et le roi, les personnages les plus fameux de l'époque, de Condé à Henriette d'Angleterre, de Colbert à Bossuet, de Boileau à la reine mère Anne d'Autriche, et de Racine au président de Lamoignon... Sur cette extraordinaire "affaire ", Jean Lacouture et François Rey, en dialoguant, apportent des lumières qui ne le sont pas moins. Le premier est davantage dans l'empathie, l'autre garde plus volontiers ses distances et se réfère aux archives de l'époque, qu'il connaît for bien. La complémentarité de leurs approches fait en tout cas de ce livre un événement. On y verra remis en cause certains acquis de la recherche moliéresque (sur la prétendue "cabale des dévots" ou su la polémique concernant Dom Juan). On y découvrira des hypothèse dérangeantes et même des "révélations" concernant Le Tartuffe et Dom Juan. On trouvera enfin, au fil des pages, de nombreux documents peu connus, certains même inédits. C'est peu de dire que, par ce livre fourmillant de révélations, " l'affaire Tartuffe " rebondit.

04/2007

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Histoire internationale

Journal 1943-1944

Leïb Rochman écrit son Journal entre 1943 et 1944 au moment où il vit caché derrière une double cloison chez une paysanne polonaise puis dans une fosse creusée dans une étable avec d'autres compagnons polonais, allemands, russes ou ukrainiens. Il ne livre jamais sa localisation exacte, il cite toujours, avec une extrême prudence, un village ou un lieu-dit à une certaine distance. Ils passent des jours entiers, en rang d'oignons, les visages tournés vers le mur sans possibilité de s'asseoir. Avec talent, Leïb Rochman réussit à faire entendre le monde extérieur, l'écho des animaux, les détonations des tueries, les conversations de leur hôte avec les villageois. Le texte frappe par la force de leurs relations, de l'amour qui les lie entre eux et avec le peuple juif, et qui leur permet de survivre. Leib Rochman nous fait entendre une voix folle de douleur mais il raconte aussi qu'en dépit de tout, lui et ses compagnons continuent d'observer l'essentiel des lois du judaïsme. Il nous livre ici une conception du monde pétrie de Torah (Pentateuque et plus largement Premier Testament) qui se déploie au fil des pages. Jusque dans son approche des animaux domestiques, des souris et des mulots, des déflagrations et du tonnerre des combats et, bien sûr, des eaux qui les submergent dans leur dernière cachette, l'empreinte divine, le caractère cataclysmique et annonciateur d'une ère nouvelle - ou de la fin du monde - sont omniprésents. Leur foi constitue l'un des aspects les plus poignants de ce témoignage. Ils ne cessent d'être portés par leur aspiration à construire une vie nouvelle comme à se reconstruire en tant qu'êtres humains, libres, dans un lieu où les Juifs seraient enfin les maîtres de leur destin. Un Etat juif, précise Rochman en Eretz-Israël. Là même où il s'éteindra en 1978.

02/2017

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Sociologie

De mémoire d'éléphant

" A jouer, pour ce livre, le rôle du chroniqueur, je m'aperçois que j'ai toujours aimé cette place : spectateur de ma vie, témoin en même temps qu'acteur et gardant une certaine distance par rapport aux personnages que j'interprétais, comme à ceux que je rencontrais. Est-ce d'avoir souvent pris le risque de m'exposer en première ligne, d'être incompris, voire rejeté ? J'ai pris de plus en plus goût au bonheur. Sans passer d'Epictète à Epicure, car je n'ai jamais été un ascète, je me suis rallié progressivement aux plaisirs de la vie. Trahison des rêves de ma jeunesse ? Je me le demande parfois. Il est certain que le tranchant de mes convictions s'est émoussé peu à peu au contact du réel [...]. J'ai traversé des moments de total isolement, et d'autres où j'étais très entouré, des moments de doute, et d'autres où j'étais trop sûr de moi, des moments de courage, coupés d'instants de lâcheté ou de résignation. Et j'ai probablement une nature double, deux visages, entre lesquels j'oscille, soutenant l'un par l'autre, agissant d'instinct... " A travers les Mémoires d'Hervé Bourges, c'est un demi-siècle d'histoire de la France que l'on revit, de " Témoignage chrétien " à l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille, de l'Algérie à l'Afrique, de Radio France Internationale à TF1 puis France 2 et France 3, de l'UNESCO au CSA. On comprend mieux, à lire ces rencontres et ces souvenirs, ces portraits des leaders algériens et des présidents africains, des compagnons de la première heure et des complices de toujours, des inconnus et des illustres, la trajectoire atypique d'un homme né dans une famille catholique traditionnelle de Bretagne et que ses convictions ont peu à peu affranchi des certitudes de son milieu d'origine.

10/2000

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BD jeunesse

Il s'appelait Ptirou. Edition de luxe

C'est une surprenante et dramatique histoire que celle qui fut contée le soir de ce Noël 1959, dans une demeure de la banlieue de Charleroi. Réunis auprès de leur oncle Paul, trois enfants impatients réclament un récit, lequel sera inspiré d'un épisode vieux de presque trente ans... La Grande Dépression fait rage à cette époque malmenée : tensions sociales, grèves et conflits sont le lot quotidien des entreprises industrielles. Celle de Henri de Sainteloi, grand patron de la Compagnie Générale Transatlantique, ne fait pas exception à la règle. Poussé par ses actionnaires à renégocier les frais de locations des quais, Monsieur de Sainteloi doit se rendre à New York et en profite pour y emmener sa fille unique, Juliette, ravissante enfant atteinte d'une grave insuffisance cardiaque. A des kilomètres de Paris, sur les rives pluvieuses de la Seine, le cirque Marcolini est en deuil : Madly, sa trapéziste vedette, est victime d'un tragique accident qui force Ptirou, son fils, à quitter les saltimbanques pour tenter sa chance en Amérique, là où dit-on tout est possible à qui poursuit ses rêves. Sur le paquebot en partance pour le Nouveau Continent, voici l'histoire d'une improbable rencontre, d'une aventure bouleversante. Laurent Verron, le digne héritier de Roba, Peyo et Franquin, et Yves Sente le scénariste aux mille visages se sont immergés dans l'atmosphère de ces années grises afin d'en restituer brillamment l'essence. Le trait enlevé de Verron magnifie ce panorama plein de caractère d'une époque en proie à la lutte des classes, sur fond d'immigration et de vastes traversées. Cette épopée transatlantique, que colorent les romans de Dickens, fait se côtoyer la grande Histoire avec la petite à travers les destinées de ses deux jeunes héros. "Il s'appelait Ptirou", ou les origines du personnage de Spirou créé par Rob-Vel, réinvente l'aventure romanesque.

01/2018

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Littérature française

Le réveil avant la dérive

Chaque mauvaise décision sur le choix d'un conjoint est souvent très lourde de conséquences : vie conjugale tragique, enfants déséquilibrés, maladies psychosomatiques, etc. Jusqu'à la fin des années 80, les marocains ont souvent dû choisir entre la peste et le choléra : supporter le climat d'une union mal assortie pour "sauver" le futur financier et psychologique des enfants nés d'une union bancale, ou se sauver vers une nouvelle vie que l'on espère meilleure avec un nouveau conjoint. La deuxième option a révélé qu'il n'était pas du tout évident de vivre heureux à l'intérieur d'une famille recomposée. Chaque enfant qui y sera réfractaire, s'acharnera à pourrir la vie de tout le reste de cette nouvelle famille. Dans la majeure partie des cas, les enfants issus de la première union ont du mal à accepter cette pièce rapportée que représente le parent de substitution. La vie de parent isolé étant très difficile, on espère trouver une personne qui nous soulagerait de cette tâche, sans imaginer à quel point ce nouvel arrivant pourrait devenir une tâche... Revenons donc sans tarder à des mariages qui durent toute une vie parce que le monde ne contient pas assez de psychologues pour soigner le mal être de tous ceux qui s'embarquent trop vite dans des plans hasardeux ou foireux, avec des personnes caractérielles ou sujettes à des problèmes mentaux qu'ils arrivent à camoufler pendant un certain temps... Le temps que leurs victimes leur fassent une confiance aveugle... Celle qui génère le plus de larmes à tous ceux qui en ont été victimes. Ceux que l'on croit être plus chanceux que nous, ne le sont pas forcément. Ils se sont réveillés bien avant la dérive, sollicitant leurs cerveaux bien plus que leurs coeurs... Envisager qu'une vie de couple est possible dans le conflit incessant, c'est accepter de se laisser mourir un peu plus tous les jours et laisser la porte du bonheur se fermer avec fracas face à nos visages décomposés par l'endurance de l'insupportable.

07/2018

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Football

Numéros 10. Les plus grands meneurs de jeu parisiens

Les enfants dans la cour d'école veulent tous être attaquants. Marquer. Célébrer. Tous ? A Paris, les enfants rêvent d'autre chose. 10. Numéro 10. Le jeu. Le geste qui efface les lignes et illumine les coeurs. Le créateur, le prophète, le solitaire qui, d'une feinte, d'une prémonition, transforme un match en une prière exaucée. Les numéros 10 sont des égoïstes lumineux, des électrons insoumis, des étoiles dans nos yeux parisiens. Depuis 1970. Depuis toujours donc. Dogliani. Dahleb. Leonardo. Valdo. Rat. Okocha. Gallardo. Nenê. Pastore. Et Neymar. Et Ronaldinho. Et Susic. Strike ! Au PSG, on a choisi. La beauté du geste avant la réalité. La magie plutôt que le pragmatisme. Le livre fiévreux de Grégory Protche, déjà auteur de Je suis né la même année que PSG et contributeur du site www.virage.paris, raconte cette histoire. Une belle histoire, gorgée de miracles et de temps suspendu, d'actions indélébiles et de reconnaissances éternelles. A Paris, les numéros 10 sont des héros, des incompris, des souvenirs tatoués à l'âme, des Ulysse ayant défié tous les océans pour rejoindre le seul Club capable d'aimer parfois jusqu'à la folie leur poésie sans drapeau blanc. Le titre de Michéa, Le plus beau but était une passe mériterait presque d'être gravé sur les murs du Parc des Princes. La victoire est une chose aléatoire. Presque futile. Cette passe qui déchire nos ténèbres, cette mystification technique qui ravive en chaque supporter la part d'enfance sauvage et pure, n'est-ce pas exactement cela le football ? Il n'y a que des numéros 10 dans la team de Gregory Protche, lui qui continue d'aller régulièrement s'assoir au Parc depuis 1977. Ces pages peuvent parfois donner le vertige. Ce n'est pas un best-of. C'est notre légende qui revit ici. Notre Odyssée. Michael Jackson a un jour chanté au Parc. Il ne manque que lui dans ce livre qui rend fier et qui ravive la passion.

04/2021

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Entreprise

Innovation durable. Feuille de route pour intégrer la durabilité dans votre stratégie

L'innovation sera durable ou ne sera pas. Que vous démarriez ou gériez une entreprise, lanciez un nouveau produit ou souhaitiez intégrer le développement durable dans votre activité, ce livre contient tout ce que vous avez besoin de savoir pour relever le défi écologique qui nous attend. L'innovation et la durabilité ne sont pas réservées aux start-up de deep tech ou aux entreprises de l'économie circulaire. Ce livre est une invitation à considérer, indépendamment de votre activité, les outils qui vous aideront à mettre en oeuvre une stratégie d'innovation globale durable. Aujourd'hui, "développer durable" est au mieux synonyme de décarboner son activité pour répondre à l'urgence de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et de juguler l'augmentation des températures. Même si cela montre déjà une prise de conscience vitale, cela est loin de suffire. Nous ne prenons pas suffisamment en considération, dès la conception, l'impact environnemental de toute la chaîne de production. Forte de 20 ans d'expérience en tant que chercheuse et directrice de l'innovation, l'auteur vous propose un cadre combinant théorie et pratique qui : bat en brèche les idées reçues sur l'innovation durable et les obstacles qui vous empêcheraient de l'adopter expose tous les bénéfices économiques de passer à l'innovation durable récapitule toutes les solutions existantes présente de nombreux exemples de la façon dont certaines entreprises inspirantes ont sauté le pas offre une feuille de route pour l'application de l'innovation durable, quelle que soit votre structure. Ne ratez pas le virage ! L'innovation durable représente non seulement l'opportunité de vous positionner en tant que leader sur votre marché, mais surtout la chance non négligeable de survivre sur long terme. L'innovation est un levier incroyable à mettre au service du développement durable, mais bien plus que cela, elle va être à l'origine d'une nouvelle révolution industrielle.

12/2022

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Guerre d'Algérie

Le silence et le bruit

" Mon père n'était pas croyant. Pourquoi ma mère a-t-elle tenu à cet enterrement religieux ? La réponse, je ne tarde pas à la découvrir. Sur la pierre tombale, à côté du nom de mon père, elle a fait graver ces mots : A la mémoire de Mimoun COHEN son père Yvonne COHEN sa mère Colette COHEN sa soeurJean-Jacques SICSIC son beau-frèredisparus en juin 1962 en AlgérieEt de Régine COHEN sa soeurFigés dans le marbre, ils hurlent comme des nouveau-nés. Et moi, j'ai l'impression de me réveiller d'un long coma. Colette, Yvonne, Mimoun, Jean-Jacques. Yvonne, Mimoun, Jean-Jacques, Colette. J'ignorais que mon père avait une soeur, une soeur qui s'appelait Colette. Jusqu'à ce jour, je n'avais jamais entendu parler de mes grands-parents, ils n'avaient pas de noms, pas de visages. Colette, Yvonne, Mimoun, Jean-Jacques. Yvonne, Mimoun, Jean-Jacques, Colette. J'ai beau répéter ces noms comme un mantra, rien ne se passe, ils ne convoquent aucune image, aucun souvenir. Seulement un incommensurable étonnement. Pourquoi ce secret, pourquoi ce silence ? Disparus en Algérie. Qu'est-ce que ça veut dire, disparus ? Qu'est-il arrivé à mes grands-parents, leur fille et leur gendre, là-bas, en Algérie ? " C'est donc lors de l'enterrement de son père qu'Hélène Cohen découvre l'existence en même temps que la disparition d'une partie de sa famille. Juifs algériens, ils sont quatre à être partis et jamais revenus, quelques jours avant la déclaration d'indépendance. Ramenée à elle-même par cette découverte, l'autrice décide de plonger dans les méandres du secret familial et d'interroger les survivants pour enfin comprendre et connaître les disparus. Une enquête poignante au coeur d'un déni familial qui fait écho à l'un des épisodes les moins connus de la guerre d'Algérie : la disparition de plusieurs centaines d'Européens malgré la signature des accords d'Evian.

03/2022

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Histoire de la philosophie

L’Énigme de la philosophie grecque

L'ouvrage ici présenté ne prétend pas constituer une histoire de plus de la philosophie grecque. Pour tenter d'en résoudre l'énigme, il propose une histoire à deux caractéristiques typiques : 1) elle est gouvernée, des premiers Milésiens jusqu'aux Néo-platoniciens tardifs, par une idée qui sert de trame. Autrement dit, ce n'est pas le récit d'une évolution des systèmes sur un mode paisiblement chronologique, mais l'illustration d'une formidable guerre dans la pensée, d'un "combat de géants" que j'ai déjà évoqué dans d'autres ouvrages, et qui demande d'interroger le fait majeur d'un "virage dans la pensée" dont l'Occident provient ; 2) cet aspect polémologique de la première philosophie m'a semblé reposer sur un changement de paradigme : on serait passé d'une pensée-mouvement, ambiguë, s'intéressant non pas aux êtres et aux choses, mais à l'intervalle ou l'interstice entre ces entités, et voyant dans cet intervalle le mouvement vif de la réalité et le gage paradoxal de sa stabilité contrastée - à une pensée-substance, tenant les formes diverses (corps et en concepts), pour des réalités arrêtées et "absolues" , entre lesquelles nul partage n'existe que hiérarchique, les unes pleinement positives, vouées à prendre la direction des affaires, les autres traînant leur vie d'inférieures au service des premières. Je fais l'hypothèse que ce passage d'une pensée à un autre a laissé sa trace dans la forme "duel" du grec, dont on peut noter qu'elle disparaît en latin : ni "un" ni "deux" , mais l'unité duelle d'un conflit créateur, aucun des antagonistes n'ayant de raison de céder devant l'autre. La pensée grecque, sous sa forme crépitante, serait l'histoire de ce paradigme perdu et de la longue bataille qui en est résultée. L'ouvrage est destiné à tout public, excepté les notes en encadré, plus techniques

09/2022

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Littérature française

La Mère, la Sainte et la Putain. Lettre à Swann

" La Mère la Sainte et la Putain : ce sont les trois visages d'une femme qui raconte la gestation d'un enfant fait de mots, car ici, le texte est sa première mise au monde, avant l'être à venir . On suit toutes les étapes traversées par cette amazone libre, entre le moment où elle tombe amoureuse (l'errance puis la « chute d'organes, le cour tombé dans l'estomac ») et celui où elle va enfanter : ces étapes, ce sont les trois statuts du titre de ce bref roman en forme de cri, violemment imposés au corps féminin dans un monde décrit sans concession.« La faculté d'adaptation de la femelle humaine est un miracle de la nature. C'est à ce jour la seule espèce qui sait muter en quinze jours de prédateur à invertébré. »« Les mots naissent de l'inconfort, de la plaie, de là où ça fait mal. Les mots sont le hurlement de l'animal blessé, le cri du soldat pendant la bataille, le rugissement de la lionne affamée. Les mots ne surgissent pas de la tranquillité. »« Parce que les mots sont plus grands que la chair, parce qu'ils lui préexistent et qu'ils lui survivront, parce que l'odeur d'une peau ça s'oublie, et que les mots ça se relit. Parce que le souvenir se floute, quand les mots ont fixé pour toujours les contours des corps entre les draps. »« La mère porte le fils de l'homme, la sainte lave les péchés. La putain baise la lie de l'humanité. Puis est venue Marie-Madeleine, qui a sanctifié le métier. Depuis elle, les putains jouent les infirmières, essuient les pieds de Jésus condamné, sèchent les larmes, noient dans leur ventre le mal de vivre, les vices et la fureur, consolent le cour des amants empoisonnés. Les putains appartiennent aux hommes, mais ne portent pas leur descendance. À elles la douleur du monde, aux autres celles d'enfanter. »"

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Faits de société

Dans l'angle mort. La biographie officielle du policier le plus populaire de Belgique

Bertrand Caroy aligne les cartons d'audience chaque mardi soir sur RTL-TVI avec l'émission Enquêtes. Des audiences qui, depuis une vingtaine d'années, se rapprochent de celles du Journal Télévisé le plus regardé en Wallonie et à Bruxelles ! Tout gosse, Bertrand Caroy, fils et petit-fils de policiers, rêvait de devenir motard. Il y est parvenu, jusqu'à devenir, grâce à RTL, le policier le plus célèbre, et le plus apprécié, de Belgique. L'inspecteur Caroy part du principe que les bons conseils et la prévention seront toujours plus porteurs qu'une répression sèche. Il dialogue et raisonne les usagers de la route en infraction. Il ne punit que quand il n'a pas d'autre choix. A côté de cela, son métier lui a valu quelques drames, et derrière ce fonctionnaire à l'humeur taquine se cache un homme meurtri. Il était le passager d'un collègue qui a raté un virage et perdu la vie. Un accident de moto a failli le défigurer à vie. Tout cela après la perte de son grand frère, fauché par un... policier ivre. Un accident qui a ruiné la vie d'une famille entière. Dans ce livre, Bertrand Caroy dépoussière l'image parfois austère de la police. Il cherche à rapprocher la population et l'autorité qui verbalise. Il essaie de réinstaurer le respect pour l'uniforme. Vaste chantier. Il conseille et applique ce postulat : " Chaque fois que j'ai l'impression d'avoir empêché un drame par une intervention et un discours bien senti, chaque fois que je pense avoir raisonné un chauffard, j'ai fait ma journée ! " Il évoque le statut de personnage public que la télé lui a conféré, et aussi les inévitables jalousies de collègues. Il s'était d'abord fait un nom dans la région de Mons en étant, pendant de nombreuses années, un acteur majeur du fameux Doudou. En participant à la série Enquêtes, il a étendu sa popularité à l'ensemble de notre territoire francophone.

05/2023

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Littérature française

Ashkénaze blues

Retisser l'histoire d'un monde personnel englouti Ce récit biographique nous mène de l'Ukraine à la Pologne, de la France aux Etats-Unis et à la République dominicaine tout en faisant des détours par la Sibérie, l'Asie centrale et Israël. En filigrane se dessinent, au fil des pages ces pays par lesquels ont circulé les membres de la famille de l'auteur dans leurs pérégrinations vers un monde meilleur ou vers la mort. Ce texte creuse la mémoire, convoque des souvenirs, comble des vides, s'efforce de reconstruire la vie pour mettre bout à bout l'histoire de deux familles juives assimilées sous l'empire russe puis dans la Pologne indépendante. Pendant plusieurs décennies, une chape de plomb a recouvert le passé des défunts. Pour reconstruire leurs vies, l'auteur chemine d'indice en indice, suivant toujours au plus près le fil d'un souvenir, l'écho d'un mot ou un non-dit, formant une sorte de matriochka, ces poupées russes qui s'emboîtent les unes dans les autres. On a beau vouloir fuir son histoire, elle vous rattrape un beau jour et il faut alors la démêler, défaire les noeuds afin de rattacher le passé au présent. L'ouvrage propose des aller-retours entre l'individuel et le collectif, une sorte de chassé-croisé entre l'histoire familiale et l'histoire convulsée du XXe siècle. Ce récit pose la question du judaïsme et de la judéité après la Shoah et se penche de façon plus générale sur les blessures que l'Histoire laisse dans son sillage. Ceux qui survivent à la destruction et à la négation des hommes portent, malgré eux, le poids de visages et de mondes engloutis. Au bout de ce voyage s'impose l'évidence que nous n'avons rien appris. Les chapitres de violence aveugle se répètent partout dans le monde. La haine de l'autre est toujours d'une surprenante actualité. Elle ressurgit à tous les détours multipliant le nombre de personnes en souffrance.

06/2023

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Indépendants

Suicide total

Après une première édition exceptionnelle et (quasi) épuisée, Suicide total de Julie Doucet est désormais disponible en version brochée. Cette nouvelle édition rend Suicide total accessible au plus grand nombre sans pour autant lésiner sur la qualité et le plaisir de lecture. Si réitérer une fabrication de type leporello n'était pas envisageable, la reliure suisse de cette édition permet d'ouvrir le livre à plat et de profiter pleinement des doubles pages. Avec son jaspage et son fil de couture noirs, cette nouvelle version - de dimensions légèrement inférieures - n'en est pas moins enchanteresse. Julie Doucet avait promis d'arrêter la bande dessinée et l'autobiographie. Voici qu'elle revient sur ses mots avec une fabuleuse fresque immersive. Nous sommes en 1989, Julie a 23 ans, elle réalise des fanzines qu'elle distribue dans les librairies ou par correspondance. Elle entame alors une relation épistolaire intense avec l'un de ses lecteurs, un Français qui fait son service militaire et qu'elle surnomme "le hussard" . Les deux jeunes gens s'écrivent des centaines de lettres et s'enthousiasment l'un pour l'autre, jusqu'à ce qu'un voyage en Europe leur offre l'occasion de se rencontrer en chair et en os... Suicide total a été dessiné d'un seul tenant. Pas de cases, mais des pages saturées dans un entrelacs de visages connus (celui de Julie notamment) et inconnus, d'oiseaux, d'animaux, d'objets variés - le tout dessiné à l'encre - et qui nous emporte comme un fleuve à remonter le temps. La machine est un peu rouillée au début et l'autrice s'exhorte elle-même à dessiner, évoque sa difficulté à manier les mots, avant de plonger - et nous avec elle - dans le flot de ses souvenirs pour ressusciter l'intensité des sentiments passés. Avec Suicide total, l'autrice québécoise, Grand Prix du festival de la ville d'Angoulême 2022, nous offre une "revisite" de la bande dessinée qui fait déjà date.

10/2023

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Géographie

Le Cameroun face au défi du développement. Atouts, obstacles et voie à suivre

Le développement est au coeur des discours des gouvernements et des institutions internationales en Afrique. Après les espoirs envolés des années 1960 et 1970, dites justement du "développement", le virage libéral des plans d'ajustement structurel dans les années 1980 et 1990, et alors que les pays émergents prennent une place importante sur la scène internationale, "développer" reste d'actualité dans la plupart des pays d'Afrique. C'est dire si cet ouvrage aborde un sujet fondamental. Le Cameroun est un pays doté de multiples atouts naturels et humains favorables à son développement. Exploités et utilisés à bon escient, ces atouts en feraient un pays qui pourrait garantir à ses habitants de meilleures conditions de nutrition, de logement, de déplacement, d'éducation, de santé et de loisirs. Mais, plus de cinquante ans après son accession à l'indépendance politique, le Cameroun réunit encore les caractéristiques d'un pays sous-développé. Si certaines des causes de cette situation relèvent du contexte international, les plus nombreuses et les plus dommageables sont d'origine interne. Il faudra recourir à des stratégies hardies pour les surmonter, faute de quoi le projet du gouvernement en place de faire du Cameroun un pays émergent à l'horizon 2035 ne se traduira pas dans les faits. Le Cameroun accédera à un véritable développement si ses dirigeants politiques et ses citoyens renoncent au tribalisme et privilégient l'intérêt général, si l'Etat applique les règles de droit et de justice, instaure la reconnaissance du mérite, l'égalité des chances pour tous et la démocratie conduisant à l'alternance au pouvoir politique et associe le peuple à la mise en oeuvre des projets qui engagent son avenir, si les intellectuels camerounais de l'intérieur s'impliquent résolument dans la lutte contre les multiples maux dont souffre leur pays, et si la diversité ethnique y devient un facteur d'entraide et de partage et non de division.

01/2013

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Second Empire

Napoléon III. La modernité inachevée, 1 CD audio MP3

Un portrait renouvelé de celui qui fut à la fois le premier président de la République et le dernier monarque à avoir régné sur la France. Victime de sa légende noire, Napoléon III a longtemps été le plus méconnu et le plus mal-aimé de nos souverains. Tout juste cent cinquante ans après sa mort, l'ouvrage de Thierry Lentz revient sur cette période décisive de 1848 à 1870, où la France entre véritablement dans la modernité. A l'aide de sources inédites, conservées à la BnF et aux Archives nationales, en s'appuyant sur les mémoires de militaires et de ministers ainsi que sur les riches archives de la famille impériale, il brosse un portrait à rebrousse-poil de l'empereur, évoquant tour à tour son enfance marquée par l'exil et la défaite de son oncle Napoléon Ier, sa jeunesse aventureuse, l'élaboration de sa pensée politique, sa marche vers le pouvoir, son bilan intérieur et sa politique étrangère. L'ouvrage est servi par une iconographie somptueuse, mettant en avant quelques-uns des trésors du patrimoine national, tels les manuscrits de Victor Hugo, d'Emile Zola, les sublimes gravures du Monde illustré ou les premières photographies de Gustave Le Gray ou de Disdéri, qui donnent à voir les visages de l'impératrice Eugénie, du prince impérial et des autres acteurs du règne. Ces oeuvres, dont certaines proviennent des collections privées de Napoléon III ou de son entourage, témoignent des expositions universelles, des grands travaux parisiens du préfet Haussmann, des voyages et des fêtes officielles, mais aussi des conflits majeurs du règne, comme la guerre de Crimée et l'expédition du Mexique, sans oublier la défaite de Sedan et l'exil de la famille impériale. Tout l'art de Thierry Lentz, biographe chevronné et spécialiste incontesté des Bonaparte, consiste à faire dialoguer un texte solidement documenté avec des images rares, en offrant, en neuf chapitres parfaitement équilibrés, un panorama complet et synthétique du règne de Napoléon III, revenant sur ses réussites aussi bien que sur ses échecs.

01/2024

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Critique littéraire

Les derniers jours de Drieu la Rochelle (6 août 1944-15 mars 1945)

Entre ses deux tentatives de suicide et son suicide final, 15 mars 1945), Pierre Drieu la Rochelle, l'écrivain fasciste, le directeur de la NRF sous l'Occupation, est en convalescence, protégé et caché par ses amis (des résistants, sa première épouse juive) près de Paris et à Paris (cinq cachettes) pour éviter l'arrestation et l'épuration. Etrange parenthèse forcée pour cet homme complexe qui ne sait plus où il en est. Le basculement de la Grande Histoire, en lui, se confond avec sa propre tragédie. De ces huit mois, Aude Terray reconstruit, jour par jour, le récit minutieux et fascinant. Au passage, bien entendu, elle reconstitue la vie de cet écrivain qui fut l'intime d'Aragon et de Malraux et qui, au final, se trompera de combat. L'historienne, ici, recompose son cheminement intellectuel, sa solitude. L'auteur de " Gilles " et de " Rêveuse bourgeoisie " s'est réfugié dans une forêt, il cueille des pommes, coupe du bois, pense à ses maîtresses enfuies ou mortes : il ne sait plus qui il est. Personne, à ce jour, n'avait éclairé aussi bien la psychologie du Drieu des " Derniers jours ". Description de l'enferment mental et physique de Drieu au cours de cette retraite forcée. Description de ses rêveries, de ses insomnies, de ses longues promenades ; on le suit, tandis qu'il rédige " Récit Secret " et se documente sur Van Gogh et Judas. Défilent, dans sa tête, les visages de ses amours et de ceux qui ont compté dans sa vie ? Quels ont été leurs choix ? Que reste-t-il des engagements des années 1930 ? Drieu est face à son erreur, face au néant qui l'attend. Et il ne s'épargne pas. Doit-il fuir à Sigmaringen avec Céline et Pétain ? S'exiler en Suisse ou en Espagne ? Ou en finir dignement ?De cette tragédie, Aude Terray brosse un récit terrible et bouleversant. Son " héros " n'a aucune circonstance atténuante. Et, pourtant, son lent cheminement vers la mort ne laissera personne indifférent.

01/2016

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Ouvrages généraux

Brouillards de peines et de désirs. Fait d'affects, 1

Affects, émotions ou passions forment quelque chose comme nos indéfectibles milieux de vie : des atmosphères en mouvement. C'est l'air que nous respirons, que nous traversons, qui nous traverse de ses turbulences. Ainsi marchons-nous dans l'affect, de jour comme de nuit. L'aube même de la littérature européenne ne fut d'abord que parole donnée à l'affect : lorsque Homère commença l'Iliade sur la nécessité de chanter une émotion de colère. On y voyait Achille, accablé par la mort de son ami, pris dans un " noir nuage de douleur ", s'allongeant alors dans la cendre et la poussière, comme pour se fondre dans le brouillard de peine qui venait juste de l'envahir. Ce livre est une traversée ou, plutôt, un vagabondage dans la multiplicité des " faits d'affects ". Dans leurs théories, pour lesquelles il aura fallu convoquer de l'anthropologie et de la phénoménologie, de la psychanalyse et de l'esthétique... Il y fallait aussi des images (de Caravage et Friedrich à Rodin et Lucio Fontana) puisque les affects s'y " précipitent " souvent. Non moins que des poèmes (de Novalis et Leopardi à Marina Tsvétaïeva et Henri Michaux) qui savent en rephraser l'intensité, et des chroniques (de Saint-Simon et Marcel Proust à Clarice Lispector) qui savent en raconter le devenir. Enfin il y fallait des gestes puisque nos peines et nos désirs s'expriment sans fin dans nos corps, nos visages ou nos mains par exemple. Affects, émotions, passions : forces ou faiblesses ? Spinoza, Nietzsche et Freud — qui osa écrire que " l'état émotif est toujours justifié " — en ont établi la puissance en dépit de l'impouvoir même où nous nous trouvons lorsque nous sommes émus. Mais de quel genre de puissance s'agit-il ? Comment se déploie-t-elle ? Où situer sa fécondité ? Quelles transformations produit-elle dans l'économie de nos sens (sensibilité) comme dans l'organisation même du sens (signifiance) ?

02/2023

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Sculpteurs

Denis Monfleur. Peuples de Pierre, Edition bilingue français-anglais

Première exposition personnelle d'envergure consacrée en France à Denis Monfleur, "Peuples de pierre" présente une centaine d'oeuvres de l'artiste. Denis Monfleur est l'un des rares sculpteurs de sa génération à perpétuer la tradition ancestrale de la taille directe et à se confronter aux pierres les plus dures. Son travail s'inscrit dans une tradition séculaire de la sculpture, de l'art roman à Giacometti en passant par Michel-Ange, Picasso ou encore Dubuffet. L'exposition "Peuples de pierre" donne à voir l'intérêt de l'artiste pour la figure humaine qui, par son aspect mi-figuratif mi-abstrait - traits du visages absents ou à peine esquissés -, accède à une dimension universelle et intemporelle. Son oeuvre est loin des effets de mode et des catégories esthétiques usuelles avec une dimension spirituelle que l'on retrouve dans plusieurs oeuvres (Christ, Anges, Prophètes, Moines). Autodidacte et actif depuis la fin des années quatre-vingt, Denis Monfleur se partage entre son atelier de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) et celui de son Périgord natal. Après avoir débuté comme praticien de José Subira-Puig et Marcel van Thienen, il développe une approche personnelle. A l'exception d'une oeuvre de jeunesse utilisant encore le bronze et le bois (Kafka, 1983), la plupart des oeuvres exposées s'échelonnent de 2010 à 2023, années marquées par son entrée à la galerie Claude Bernard à Paris. Il s'agit d'une étape charnière dans la carrière de l'artiste qui élargit alors son vocabulaire plastique par l'utilisation de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux comme le granit, le basalte ou encore la diorite. Il explore aussi les riches possibilités de la polychromie, avec un travail poussé sur les patines et développe une technique inédite d'émaillage de lave volcanique. Les titres de ses oeuvres sont volontairement évocateurs et convoquent l'histoire antique, la mythologie, l'humour, l'histoire de l'art, notamment à travers l'hommage à des artistes iconiques, comme Delacroix ou encore Picasso.

06/2023

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Droit

Droit des collectivités territoriales. 6e édition

Cette dernière édition est dans la ligne des précédentes, s'attachant à une présentation générale et critique des évolutions qui traversent nos collectivités territoriales. Ses clés reposent sur une mise à jour approfondie de la législation et de la jurisprudence et sur la théorie générale qui doit en être donnée. Les collectivités territoriales ont toujours été présentes dans notre vie quotidienne déterminant l'essentiel de notre administration, de nos services publics et de notre police. Leur évolution est constante depuis le virage des années 1980 en faveur d'une décentralisation approfondie. Elle porte les valeurs dominantes : progrès de la démocratie et transparence de la vie publique, perfectionnement du droit de la commande publique, développement de vastes métropoles et régions, modernisation de la fonction publique, maîtrise des ressources financières, différenciation des règles selon les territoires... L'ouvrage retrace également les échecs répétés de l'état à constituer un système administratif local réellement décentralisé, moins complexe et moins coûteux. Cet ouvrage, né de l'enseignement du droit des collectivités territoriales durant de longues années, permettra aux étudiants des facultés de droit et des instituts d'études politiques d'en cerner et d'en approfondir le programme. Il est tout autant destiné aux candidats aux divers concours administratifs, aux praticiens confrontés à la discipline, et à tous ceux qui s'intéressent à la vie locale. L'ouverture de l'ouvrage s'attache à l'étude des bases constitutionnelles et internationales du droit des collectivités territoriales, avec le principe de "libre administration" qui leur est garanti. La première partie étudie l'organisation de ces collectivités autour de leur assemblée délibérante, de leur exécutif, de l'ensemble de leurs commissions et de leurs rapports. La deuxième partie est consacrée à leurs compétences et aux moyens pour les exercer, liberté contractuelle, pouvoir réglementaire, services publics, ressources et agents. La troisième partie envisage les contrôles administratifs et budgétaires dont ces collectivités font l'objet ainsi que le renforcement des responsabilités, administrative, disciplinaire, financière, pénale, pesant sur elles et leurs élus.

01/2021

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Littérature française

Vertiges

Au seuil d'une séparation qu'il sait de plus en plus inévitable, Augustin observe la femme qu'il aime et avec laquelle il pensait avoir définitivement reconstruit sa vie. Meurtri, déchiré, il est néanmoins tendu par ce désir plus fort que lui de comprendre, et ne peut détacher son esprit des images qu'il convoque pour tenter d'analyser les raisons d'une telle délitescence. Au visage d'Esther se substitue bientôt celui de Cécile, la première femme avec laquelle il a vécu, premier amour fracassé lui aussi, au terme de longues années de vie commune. Tandis qu'il s'interroge sur la répétition de ces échecs amoureux, les souvenirs d'enfance remontent à la surface, toujours obsédants. Rejeté par sa mère dès son plus jeune âge, il se demande de quelle façon répondre à l'attente et au désir des femmes qu'il rencontre ; comment parvenir à fonder une famille quand la sienne, enfant, n'a cessé de se disloquer ; comment surmonter le vertige que provoque chez lui l'évocation du sentiment amoureux. Car le sujet est vaste et chaque question en appelle une autre, en forme de méditation profonde et douloureuse. Comment un être croisé par hasard peut-il provoquer chez soi une telle sidération ? Par quel miracle une attirance aussi violente s'avère-t-elle réciproque ? Comment ne pas être ébloui par le plaisir que se donnent deux corps qui s'offrent et qui s'accordent ? Comment réussir à maintenir pendant de longues années cette effervescence magnifique face aux contingences du quotidien ? Que sait-on de cet être dont on croit partager le plus secret de son existence ? Comment affronter ce gouffre qui s'ouvre sous vos pieds quand la confiance mutuelle paraît se fissurer ? À toutes ces questions dévastatrices, Lionel Duroy oppose son implacable obsession de trouver les mots pour le dire. Ecrire pour survivre. Ecrire pour vivre. "Tout ce qui ne tue pas rend plus fort", disait Niesztche, Lionel Duroy préfère penser que tout ce qui ne tue pas permet de vivre plus intensément. Depuis des années, livre après livre, Lionel Duroy tente de démêler l'imbroglio d'informations, de sensations, d'émotions qui construisent l'histoire d'une vie. Parfois très crûment, il creuse le sillon de la psychanalyse, l'applique à l'histoire d'un homme qui se bat contre lui-même et contre l'empreinte indélébile laissée par une enfance dénuée d'amour maternel. S'il est facile de retrouver les thèmes chers à l'auteur, tous les personnages ont ici changé de nom, de prénom, de décor et d'univers. Lionel Duroy renoue ainsi à la fois avec la veine autobiographique - par l'ampleur du projet qu'il poursuit -, mais aussi et surtout avec la veine purement romanesque alliée à ce style parfaitement maîtrisé qui est le sien.

08/2013

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Littérature française

L'immobilier

Les quatorze nouvelles de L'Immobilier traitent toutes d'un même sujet : la quête d'un logement comme fil conducteur et ressort dramatique. Tous les cas de figures possibles servent de prétexte à rebondissement : sous-location, échange d'appart, cohabitation à l'étroit, endettement à long terme, troubles du voisinage et même, très exceptionnellement, culbute spéculative. Ainsi, chaque situation, à l'aune de la surface habitable, produit-elle ses menus tracas, arrangements, mesquineries, désillusions, escroqueries, engueulades, compromis et autres dégâts collatéraux entre colocataires. La question immobilière n'est pas ici une simple toile de fond, mais bien la plus déterminante des contraintes sociales et existentielles qui pèse sur les personnages, les mine de l'intérieur. Et la drôlerie distanciée du ton n'amoindrit en rien la violente lucidité du constat. Mais plutôt que de s'en tenir aux variations douces-amères d'un même motif - comment habiter sa vie ? au sens propre et figuré -, Hélèna Villovitch a choisi de faire un sort particulier à une des nouvelles, la seule success-story du recueil. Et d'en décliner en alternance sept versions divergentes. Au départ, on suit par le menu l'irrésistible accession à la propriété de Pat et Flo, un couple d'étudiantes plus ou moins platonique, qui en moins de quinze ans vont racheter leur modeste location, vendre just in time, racheter de plus en plus grand, investir à long terme et finalement se retrouver à la tête d'un petit empire immobilier. Mais cette leçon de cynisme spéculatif, l'auteur s'amuse justement à la démultiplier en six épisodes catastrophistes, à la déconstruire en six ratages successifs. Splendeur et misères du calcul égoïste, ainsi pourrait s'intituler cette série qui unifie les morceaux épars de L'Immobilier et lui invente un autre visage, à travers ce duo d'ambitieuses sans relief ni scrupules, dont les dialogues réactualisent la bêtise désarmante de Bouvard et Pécuchet. L'auteur, se muant en discrète moraliste, fait remonter à la surface les envies et les bassesses qui sont aussi l'un des caractères de notre époque. Tandis qu'à mille lieux de ce désir de " réussite ", la dernière héroïne du recueil, sans toit ni ressource, retourne auprès de sa famille pour trouver où loger sa part de folie douce. C'est tout l'art du contraste de ce livre qui, sous des faux airs de comédie, sait faire monter en puissance la gravité. Au diapason d'une écriture qui entremêle la précision documentaire et les effets burlesques, la nuance psychologique et le suspens cauchemardesque, le minimalisme enjoué et les chutes de tension, jusqu'à nous laisser, sur la durée, une sensation de vertige insoupçonnée.

02/2013

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Actualité et médias

SOS Méditerranée. L'odyssée de l'Aquarius

Depuis le 26 février 2016 l'Aquarius sillonne la Méditerranée pour sauver du naufrage et de la noyade les milliers de réfugiés qui fuient "l'enfer libyen" dans l'espoir de rejoindre l'Europe via la Sicile et le sud de l'Italie. Une traversée périlleuse à bord de canots pneumatiques ou de barcasses surchargés qui a conduit à la mort 50  ; 000 migrants en une quinzaine d'années, dont 5  ; 143 en 2016, 3  ; 119 en 2017 et déjà plus de 200 au cours du seul mois de janvier2018... Sans l'intervention du navire affrété par l'association SOS méditerranée cet effroyable bilan serait bien plus lourd. En 22 mois l'équipage de l'Aquarius a en effet porté secours à près de 27  ; 000 personnes en multipliant les missions. Plus de 150 depuis que le "bateau- citoyen" a quitté les quais de Marseille  ;! Un formidable résultat qui ne fait que limiter les conséquences d'une tragédie inédite sur la mer la plus mythique de la planète. Il atteste malgré tout que la résignation, l'indifférence ou la fatalité peuvent être combattues. C'est cette conviction qui poussa à l'action les deux fondateurs de SOS Méditerranée, le capitaine de marine marchande Klaus Vogel et la responsable de programmes humanitaires Sophie Beau. Leur indignation et leur détermination animent désormais tous les bénévoles qui ont rallié "le pavillon d'assistance" de l'association européenne. Cet ouvrage invite à partager leur voyage au bout de la solidarité. Un "arrêt sur images" impressionnant et bouleversant à la fois. Autant de moments de veille, de tension, d'angoisse, de courage, de gravité, de soulagement enfin saisis par les photographes qui embarquent sur l'Aquarius et illustrent, jour après jour, l'engagement total des équipes de sauveteurs qu'ils soient membres de "SOS" ou des équipes médicales. Leurs clichés renforcent aussi les témoignages poignants des hommes, des femmes et des enfants, venus du Soudan, d'Erythrée, d'Ethiopie, du Nigeria, du Mali ou d'autres pays devenus "invivables". Nouveaux damnés ils ont cheminé péniblement sur les routes de l'exil, ont enduré mille souffrances, ont été trop souvent exploités, torturés et violentés en Libye avant de monter, contre rançon, sur les radeaux de la dernière chance. Si beaucoup de ces réfugiés restent mutiques, traumatisés au-delà du racontable, leur regard, leur visage, leur attitude sur le pont de L'Aquarius en disent long sur leurs tourments qui ne disparaîtront jamais totalement à la vue des côtes européennes. Mais après leur sauvetage providentiel cette navigation de trois ou quatre jours sur une Méditerranée devenue plus rassurante a ravivé en eux le souffle de l'espérance...

07/2018