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Héloïse Simon

Extraits

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Philosophie

La philosophie devenue folle. Le genre, l'animal, la mort

Trois débats nous obsèdent : autour du genre, des droits de l'animal, de l'euthanasie. Et trois disciplines politiquement correctes traitent désormais de ces questions dans le monde universitaire : gender studies, animal studies, bioéthique. Cependant, lorsqu'on lit les textes des fondateurs de ces disciplines, John Money, Judith Butler, Peter Singer, Donna Haraway et quelques autres, on s'aperçoit que, derrière les bons sentiments affichés, se font jour des conséquences absurdes sinon abjectes. Si le genre n'est pas lié au sexe, pourquoi ne pas en changer tous les matins ? Si le corps est à la disposition de notre conscience, pourquoi ne pas le modifier à l'infini ? S'il n'y a pas de différence entre animaux et humains, pourquoi ne pas faire des expériences scientifiques sur les comateux plutôt que sur les animaux ? Pourquoi ne pas avoir de relations sexuelles avec son chien, voire l'épouser ? S'il est des vies dignes d'être vécues et d'autres qui ne le sont pas, pourquoi ne pas liquider les " infirmes " , y compris les enfants " défectueux " ? Pourquoi ne pas nationaliser les organes des quasi-morts au profit d'humains plus prometteurs ? Jean-François Braunstein a mené un travail considérable et novateur : il a lu les milliers de pages de ces penseurs célébrés dans le monde occidental ; il revient sur leurs idées, leurs contradictions, leur parcours personnel ; il analyse, souligne, contredit, déconstruit. L'erreur consiste à vouloir " effacer les limites " : entre les sexes, entre les animaux et les humains, entre les vivants et les morts. Il convient, au contraire, d'affronter ces limites qui nous constituent. Oui, parfois la philosophie devient folle, quand elle oublie l'homme.

09/2018

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Critique littéraire

Jean Giraudoux

De Provinciales (1909), son premier livre, remarqué par Jules Renard et Octave Mirbeau, à La Folle de Chaillot, représentée en 1945, un an après sa mort, Giraudoux a été l'" enchanteur " de plusieurs générations : comme romancier d'abord, puis comme dramaturge, après que Jouvet l'eut introduit au théâtre, où il connut d'éclatants succès : Siegfried et le Limousin, Amphitryon 38, La guerre de Troie n'aura pas lieu, Electre, Ondine... Limousin, normalien, germaniste et diplomate, sa vie est un roman vrai qui embrasse l'histoire littéraire, artistique et politique des premières décennies du XXe siècle. Et si, tels certains de ses héros, prompts à esquiver les pièges d'une humanité mesquine, Giraudoux excellait dans l'art de se dérober, il n'a pas échappé à son biographe. Ayant pu utiliser de nombreuses correspondances inédites, Jacques Body l'a suivi de près dans sa vie privée ; et, fort de plongées dans de nombreuses archives, il éclaire d'un jour nouveau ses activités au Quai d'Orsay et, en 1939, à la tête du commissariat général à l'Information, créé pour contrer la propagande nazie. Le Giraudoux que l'on découvre rompt avec la réputation d'amuseur et de précieux que lui ont faite certains de ses admirateurs. Cosmopolite et patriote, soucieux du bien public, ses idées en matière d'urbanisme et de protection de la nature montrent qu'il voyait souvent plus loin que ses contemporains. Grave mais pudique, refusant, dans sa vie, la tragédie et le pathétique, c'était un stoïcien souriant. Et " nul ne peut, sinon par barbarie, disait Gide, résister au sourire de Giraudoux ".

04/2004

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Littérature française

Les héros de ma vie

Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ? C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie "créer des liens..." Le Petit Prince, Saint-Exupéry Ce livre intimiste est un récit autobiographique d'une femme, mère et maminou qui, à travers ses expériences de vie, relate les rencontres hors du commun qui ont illuminé son existence. Ce livre décrit tour à tour les orages et les embellies en Normandie, l'ultimatum de son père "adoré" et comment, avec cette capacité de résilience, on peut, avec courage et audace, incarner la liberté et faire des choix justes. Demander à la vie d'exaucer nos désirs permet de réaliser nos rêves les plus fous. L'auteur décrit ses rencontres exceptionnelles avec l'Abbé Pierre, Norin Chai, Matthieu Ricard, Simone Veil, Amma et cette richesse humaine qui la fait vibrer au quotidien. Rencontres sublimes au moment propice où, psychologiquement, elle le souhaitait ardemment. Etre en résonance avec soi permet d'ouvrir les portes de la vie, selon sa profonde conviction. Aimer les gens, les coconner, soigner les corps et les bleus à l'âme, aider les humains à se réaliser, à s'incarner avec amour et bienveillance, telle est sa philosophie existentielle. Donner du sens à sa vie, c'est prendre soin de soi et des autres, avec authenticité. Demain, ce sera soigner les bonobos et les éléphanteaux au Kenya avec, si possible, l'aide de la sophrologie. Mais c'est être aussi un modèle d'amour et de complicité pour Aliénor, sa petite-fille, étincelle divine, et Enguerran, son petit-fils. "Ne pas rester au bord d'aimer", Abbé Pierre.

12/2020

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Critique littéraire

Nouvelle histoire de la langue française

Une histoire de la langue française se doit de retracer l'évolution phonétique, celle de la syntaxe ou du sens des mots ; mais elle doit être aussi sociologique, politique, culturelle... Ces deux aspects sont complémentaires ; pourtant ils sont d'ordinaire traités séparément. C'est pourquoi nous avons voulu donner au lecteur une somme qui les présente précisément dans leur complémentarité. On apprendra donc ici comment, par exemple, le passé simple a cessé d'être employé dans la langue parlée, ou comment on a pris valeur de nous ; mais on verra aussi que ce que nous appelons " le français " est le descendant de la langue de la chancellerie royale, " langue du roi " qui s'est imposée progressivement à toute la France, puis à des contrées géographiquement éloignées de son berceau originel. A travers sa longue histoire, la langue française a connu bien des métamorphoses. Le lecteur en trouvera le récit captivant et détaillé dans cet ouvrage de référence qui fait le point avec les méthodes actuelles sur les connaissances actuelles, et lui permettra de découvrir les liens qui unissent la langue et le vécu des francophones de toutes les époques. Jacques Chaurand (1924-2009), Professeur émérite de l'université Paris-XIII, codirecteur de la revue Le Français moderne, linguiste réputé, auteur notamment de La Langue française (collection " Que sais-je ", PUF) et de l'Introduction à l'histoire du vocabulaire français (Bordas). Autour de lui, des spécialistes reconnus chacun dans leur domaine : Serge Lusignan, Geneviève Clérico, Jean-Pierre Séguin, Robert Chaudenson, Jacques-Philippe Saint-Gérand, Jean-Marie Klinkenberg, Marie-Rose Simoni-Aurembou, Françoise Gadet, Etienne Brunet. Cet ouvrage a reçu le prix Logos en 1999.

01/2012

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Sociologie

La critique sociale au XXe siècle. Solitude et solidarité

Comment les critiques sociaux s'y prennent-ils pour travailler ? Où trouvent-ils les principes qui fondent leur critique ? Et où se situent-ils pour critiquer la société ? Pour répondre à ces questions, Michael Walzer retrace le parcours de onze écrivains ou philosophes dont l'œuvre a marqué la critique sociale au XXe siècle : Julien Benda, Randolph Bourne, Marin Buber, Antonio Gramsci, Ignazio Silone, George Orwell, Albert Camus, Simone de Beauvoir, Herbert Marcuse, Michel Foucault, Breyten Breytenbach, forment la petite troupe des critiques en compagnie desquels l'auteur nous fait parcourir le siècle qui s'achève. Mais l'intérêt de cet ouvrage n'est pas seulement de nous offrir une série de biographies intellectuelles d'une pénétration et d'une rigueur exemplaires ; au fils de ces analyses, Michael Walzer dégage sa propre conception de la critique sociale. Elle s'inscrit en faux contre toutes les prétentions à fonder la critique sur une éxtériorité radicale, qu'elles invoquent l'autonomie souveraine de l'intellectuel sans attache, l'autorité d'un savoir absolu, la clairvoyance historique des avant-gardes, ou encore la transcendance des universaux. C'est l'enracinement qui valide la critique et la rend efficace. Le critique social appartient à un groupe, un peuple, une classe, une nation. L'engagement dans une communauté fonde l'authenticité de sa rébellion. Les principes qu'il invoque sont ceux du peuple auquel il s'adresse. Ils appartiennent au monde moral de l'expérience quotidienne. Cest au prix de cette dissidence dans l'enracinement, dont Michael Walzer trouve le pradigme dans la prophétie biblique, que le critique social peut espérer accéder à une forme d'universalité.

01/1996

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Loisirs

Histoires d'ivoire. Mozambique, Angola, Ouganda, enclave du Lado, Afrique australe.

"Je visai soigneusement le milieu de son épaule. Au coup de feu il se précipita devant lui et je le perdis de vue quelques instants. Je n'avais pas encore rechargé que je me retrouvai subitement face à un éléphant qui venait droit sur moi. C'était le second éléphant. Il était resté tout ce temps derrière son compagnon et j'avais supposé que tous les bruits que j'avais entendus ne provenaient que d'un seul éléphant. Quand son compagnon blessé s'est enfui, le second éléphant soudain réveillé en a fait autant et par hasard, droit dans ma direction. Bien que je sois d'une nature imperturbable et que j'aie les nerfs solides, c'était un moment à vous dresser les cheveux sur la tête. Réagissant immédiatement, je tirai au milieu du front pour l'arrêter sans avoir le temps de viser proprement. Heureusement, la balle a atteint son but sinon j'aurais été aplati comme une crêpe". Les souvenirs de cinquante ans de chasse à l'éléphant de l'Espagnol Tony Sánchez-Arino (né en 1930), l'un des plus grands guides de chasse contemporains, ayant tiré plus de mille trois cents éléphants, trois cents lions et deux mille buffles ! Ces récits fruits de la riche expérience de l'auteur au Mozambique, en Angola, en Ouganda et dans l'enclave du Lado sont ponctués de nombreuses et intéressantes anecdotes et de photos sur les grands aventuriers et les plus fameux chasseurs d'ivoire qui ont parcouru l'Afrique de la fin du XIXe siècle à l'arrivée de Tony sur le sol africain, en 1952 en Guinée alors espagnole.

09/2010

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Philosophie

Le prince et autres nouvelles

C'est pour avoir confondu morale et politique que l'on a fait à Machiavel une réputation de cynique. A tort. Le Prince est un manuel de gouvernement, comme il existe des manuels d'équitation. Le but d'un bon cavalier est de rester en selle ; le but d'un prince est de garder le pouvoir, de ne pas se faire désarçonner par un rival ou par le peuple. Gouverner, c'est d'abord conserver ce pouvoir, "c'est mettre vos sujets hors d'état de vous nuire et même d'y penser". Le devoir de prince n'est point de faire le bonheur du peuple ; d'ailleurs le peuple "ne demande rien, sinon de n'être point opprimé". Ce que Machiavel met au jour, c'est le mécanisme du pouvoir sous l'Ancien Régime. Ses oeuvres politiques trouvent donc obligatoirement leur prolongement dans ses oeuvres historiques : l'Histoire de Florence est le complément indispensable du Prince. Or, un homme de la Renaissance ne serait pas cet homme complet qu'est le "courtisan" sans le sens du divertissement. Machiavel est aussi un poète et un homme de théâtre. Sa Mandragore est une pièce régulièrement reprise par les troupes d'aujourd'hui. Et ses Lettres familières le restituent au milieu de ses amis, attentif aux plaisirs des uns, aux chagrins des autres, enjoué et plein d'humour. Cette édition réunit pour la première fois dans une traduction nouvelle l'ensemble des oeuvres de Machiavel. Un Dictionnaire de Machiavel, inédit, permet au lecteur de replacer l'auteur dans son époque et de se familiariser avec les termes clés de sa pensée. Robert Kopp

09/2018

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Actualité et médias

Tracts de crise. Un virus et des hommes 18 mars/11 mai 2020

Les "Tracts de crise" ont paru en édition numérique durant le confinement, tous liés à la circonstance de la crise épidémique. Leur recueil ne prétend rien résumer ; mais il dit beaucoup sur notre temps, sorti de ses gonds pendant des mois. L'événement a agi comme un "grand révélateur", individuel et collectif, dont ces "Tracts" seront la trace durable. Chacun pourra comprendre que seuls entre quatre murs, nous n'étions pas seuls au monde. C'est une bonne nouvelle, dont il faudra se souvenir. Avec les textes de Régis Debray, Erri De Luca, Cynthia Fleury, Danièle Sallenave, Pierre Bergounioux, Stéphane Velut, François-Henri Désérable, René Frégni, Didier Daeninckx, Arthur Dreyfus, Patrick Kéchichian, Pascal Ory, Michel Crépu, Johann Chapoutot, Pierre Jourde, Vincent Raynaud, Antoine Garapon, Arthur Dénouveaux, Thierry Laget, Claire Fercak, Alain Badiou, Erik Orsenna, Amaury Nauroy, Adèle Van Reeth, Etienne Klein, Anne Sinclair, Alain Borer, Philippe Videlier, Annie Ernaux, Ingrid Astier, Frédéric Boyer, Alexandre Postel, Nancy Huston, Jean-Paul Demoule, Alessandro Baricco, Tsolag Paloyan, David Rochefort, Arundhati Roy, Gilles Paché, Chloé Morin, Marion Muller-Collard, Christian Debry, Patrice Franceschi, Gwenaëlle Aubry, Anne Nivat, Gustave Koenig, Claire Chazal, Thomas Snégaroff, Alya Aglan, Anna Hope, Fabrice Humbert, Edgar Morin, Carole Fives, Pierre Assouline, Daniel Fieschi, Michaël Ferrier, Jean-Yves Chevalier, Catherine Cusset, Bruno Tertrais, Liu Zhenyun, Louisa Hall, Bruno Le Maire, Christophe Rioux, Jacques Drillon, Daniel Cohen, Sylvain Tesson ainsi que d'albert Camus, Guillaume de Machaut et Simone Weil. Traductions de Danièle Valin, Vincent Raynaud, Irène Margit, Marie-Pierre Gracedieu, Jacqueline Cerquiglini-Toulet et Geneviève Imbot-Bichet. Avant-propos d'Alban Cerisier. Les bénéfices de cet ouvrage sont versés intégralement à la Fondation de l'AP-HP pour la Recherche.

06/2020

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Paramédical

Guérir

La guérison d'un malade relève de la connaissance, de l'ingéniosité parfois, du pouvoir et de la stratégie du médecin. Celui qu'on nomme sans ambages le fantassin de la maladie est en effet le mieux placé dans la lutte contre tous les maux qui nous rongent. Guérir, c'est ainsi pour lui combattre, combattre contre un ennemi qu'il ne parvient pas toujours à maîtriser, combattre sans jamais être certain d'en venir à bout. La médecine ne guérit pas tout. Et elle ne guérira jamais assez. Certains maux sont si tenaces qu'on les croit enracinés dans l'homme. Le médecin se contente alors de mobiliser son savoir comme un palliatif, plus ou moins temporaire, quelquefois salutaire. La guérison, aussi partielle qu'on l'imagine - mais la guérison parfaite existe-t-elle vraiment ? -, se résume moins à une victoire sur le microbe, qu'à une amélioration de l'esprit. Guérir revient alors à enrichir le " reste à vivre " du malade, voire à transformer sa vie. Et à terme, à l'accompagner jusqu'à la mort. Dans ce combat pour le mieux-être, il est certain que c'est du couple soignant/soigné, de son lien, de ses perceptions communes, de son savoir dialoguer que va dépendre l'issue. On ne guérit jamais seul, mais plus généralement avec le renfort - ou plutôt l'appui - d'un personnel médical, d'un entourage, d'un environnement social et politique. Faisant suite à un débat philosophique sur le thème de la guérison, ce livre apporte des réponses, sinon des éclaircissements, à ce qui est l'une de nos plus grandes préoccupations du moment.

01/1999

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Droit

L'assignation à résidence des personnes étrangères

Pour mettre à exécution les décisions d'éloignement des personnes étrangères qu'elle entend reconduire à la frontière, l'administration use de mesures de contrainte qui lui permettent de les garder à sa disposition ou sous son contrôle pendant le temps nécessaire à l'organisation de leur départ. Alors que le placement en rétention a longtemps constitué la mesure privilégiée, sinon exclusive, les textes modifiant le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (Ceseda) qui se sont succédé depuis 2011 ont mis l'assignation à résidence à la disposition des préfets et en ont progressivement adapté le régime aux objectifs de l'administration. En multipliant les dispositifs approchants ou similaires, en l'associant à des dispositifs d'hébergement directif, en renforçant sans cesse les mesures de contrôle ou de contrainte dont elle est ou peut être assortie, le législateur a entendu en généraliser l'usage et lui conférer une efficacité coercitive quasi équivalente à celle de la rétention. La déclinaison des différents régimes de l'assignation à résidence, leur insertion dans des procédures d'éloignement ou de transfert de plus en plus complexes, leur articulation avec des placements en rétention qui continuent de constituer la phase ultime de ces procédures suscitent de nombreuses questions et exposent les personnes étrangères à de graves difficultés. C'est pour tenter de donner, à la fois, une vue d'ensemble sur ce dispositif en pleine expansion et des réponses concrètes aux questions pratiques qui surgissent à tous les stades de sa mise en oeuvre que ce Cahier juridique a été conçu et réalisé. Cet ouvrage est une co-édition ADDE / Gisti

04/2019

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Philosophie

Fondation de la civilisation marchande

Comment fut mis en place le principe de misère sur lequel repose notre civilisation ? Un auteur oublié, Eugène Buret, publia en 1840 La Misère des classes laborieuses en France et en Angleterre. B comprit l'effroyable menace de l'accaparement de l'existence, devenue négation de la vie, réduite au double mouvement d'accumulation et de dépossession alors en plein essor. Sous la prétendue fatalité et le supposé progrès de société, les propriétaires, seuls légitimes détenteurs du droit, accablèrent les pauvres d'un juste châtiment : ils sont un rebut ; rien, sauf par l'intercession miséricordieuse des riches, qui veulent bien les faire accéder au salariat, leur seule chance d'échapper à leur affreuse condition d'inadaptés, de vicieux, de paresseux et de nuisibles. Les penseurs du Marché et les philosophes de la Modernité ont rejeté d'un coup le monde jadis espéré d'un peuple souverain, où tous, maîtres de leur destin, se reconnaissent mutuellement comme semblables. Un édifice extrêmement précaire de morale et de raison, balayées depuis par les calamités, nous a infligé le châtiment : tout est marchandise ; rien d'autre n'existe dans la réalité. L'appel de l'infini, de l'inconnu présent dans nos consciences avait déjà été balayé de nos esprits. Entre-temps les sciences incertaines ont étouffé les voix prophétiques ; Babeuf, Johann Fichte, Fourier, Lamennais, puis Simone Weil ont été exclus, leurs propos dévastés par les penseurs à patente, qui, aujourd'hui plus qu'hier, nous persuadent qu'il n'est rien en nous qui reste à découvrir, sous peine de barbarie, de terreur et de guerre, puisque seule la servitude volontaire peut nous guérir de nos folies humaines.

04/2019

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Technologies

L'ingénierie territoriale. Quels prolongements à la réforme territoriale ?

Cet ouvrage, auquel ont participé des spécialistes de plusieurs disciplines (juristes, économistes, gestionnaires, géographes, sociologues), tous familiers du monde territorial, vise sinon à définir, du moins à circonscrire et illustrer l'expression "ingénierie territoriale" , très à la mode depuis quelques années dans le système politico-administratif français, et singulièrement au sein des territoires. Il commence, dans un avant-propos, par interroger la signification et la raison d'être de l'ingénierie territoriale, une notion plutôt qu'un concept Puis, il se développe autour de deux approches, correspondant aux deux parties de l'étude : une première approche, transversale ; et une seconde, plutôt sectorielle. Au sein de la première, ont étudiées diverses questions d'actualité touchant à l'ingénierie territoriale : les soutiens financiers des territoires concernés ; l'ingénierie territoriale face aux fractures sociales ; la place des territoires ruraux ; le rôle en mutation des agences régionales ; les partenariats développés par les agences d'urbanisme ; ainsi que l'intelligence territoriale. La seconde approche illustre l'ingénierie territoriale, son recours, sa mise en oeuvre et ses difficultés, dam des secteurs ou des opérations spécifiques, comme les forces et faiblesses des SCIC (Société coopérative d'intérêt collectif), la compétence GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), le domaine de la culture, le secteur touristique, ou encore l'opération d'intérêt national de la plaine du Var. Cette double approche permet de mieux appréhender l'ingénierie territoriale, d'en apprécier les forces et les faiblesses, en somme la pertinence en fonction des contextes et des acteurs locaux. C'est pourquoi cet ouvrage s'adresse aux universitaires, mais aussi aux élus, aux hauts fonctionnaires territoriaux et à tous les praticiens intervenant au sein des territoires.

02/2019

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Littérature française

La légende d'Aïtor

Augustin Chaho (Tardets, 1811 – Bayonne, 1858) est probablement un des personnages les plus curieux et intéressants qu'ait jamais connu le Pays basque et, à n'en pas douter, un des personnages les plus célèbres et controversés de l'histoire basque récente. Dans un pays où régnait un fort conformisme social et clérical, l'homme étonne et détonne presque dans une société basque alors soumise à des élites souvent médiocres. Elève de Charles Nodier qu'il connut lors de son séjour parisien, Chaho fut remarqué comme écrivain ? un des meilleurs de son temps ; son ouvrage "Paroles d'un Voyant" publié en 1834 fut qualifié par les critiques littéraires parisiens de livre " bizarre et remarquable, fantastique et ténébreux " ? mais également comme poète, voire philosophe romantique et ésotérique. A la fois visionnaire, prophète illuminé, utopiste, Franc-maçon du Grand Orient, républicain, socialiste-révolutionnaire, il se montra féministe avant l'heure. Il fut en outre sinon le fondateur, du moins le précurseur génial d'une sorte d'indépendantisme basque de gauche. Il fut également un journaliste talentueux (fondateur du premier journal entièrement rédigé en basque : "Uscal-Herrico Gaseta", " Le Journal du Pays basque "). Mais c'était avant tout un tribun politique d'une grande intelligence et manifestement adulé par la population ? une foule énorme assista à ses obsèques à Bayonne en 1858 : " Le nom de Chaho, parmi tous les Basques, était vénéré " écrivait moins de trois ans après sa disparition son biographe Gustave Lambert. Ce fut également un anticlérical acharné : ses obsèques furent uniquement civiles, il n'y eut aucune cérémonie religieuse, fait absolument... incroyable dans le Pays basque d'alors ; ce fut même, écrivit plus tard Vinson, une première.

07/2017

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Critique littéraire

Le Paris de Sagan

Si Françoise Sagan, née Quoirez, a toujours rappelé qu'elle était originaire du Lot, elle a néanmoins incarné dès sa jeunesse la vraie Parisienne, par son élégance discrète, sa liberté de pensée et l'impertinence de son esprit. Véritable phénomène de la littérature, depuis son fameux Bonjour Tristesse qui lui valut une renommée mondiale, elle a le plus souvent vécu à Paris, élargissant même l'influence de la capitale et ses modes de vie à Saint-Tropez et à la Normandie. Si elle a cantonné Paris à quelques lieux iconiques (le boulevard Malesherbes, Saint-Germain-des-Prés, la rue du Cherche-Midi, les boîtes de nuit de la rive droite, et l'avenue Foch), elle a reconnu cette ville comme le centre le plus ardent, le plus foisonnant, le plus inventif du monde. C'est à Paris qu'elle se sentait profondément au plus juste d'elle-même, parce que le génie de la capitale correspondait à sa façon de vivre, indépendante, émancipée, bohème. Elle aimait la beauté de Paris, préférant les beaux quartiers aux quartiers populaires, le Faubourg Saint-Honoré, la place Vendôme et les palaces à la banlieue. Anti-Simone de Beauvoir et anti- Duras, reine distante de l'underground parisien, elle hanta ses boites de nuit sans conviction, n'aimant guère danser, aimant la paresse de la Seine à laquelle elle voulait ressembler. Nonchalante et distraite, dépensière et futile, mais aussi grave et secrète, elle voyait en Paris, à l'instar de Colette à laquelle on la compara souvent, un lieu d'inspiration et de liberté sereine qui était pour elle le plus "vivable".

09/2015

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Poches Littérature internation

Un diamant gros comme le Ritz

Un descendant de Washington découvre une montagne constituée d'un seul diamant qui va assurer sa fortune ; une jeune femme du Sud profond des Etats-Unis suit son mari dans le Nord, mais ne parvient pas à s'adapter à la froideur du climat et de la vie sociale, symbolisée par le Palais de glace ; un brave homme, mari fidèle, ne peut empêcher les autres femmes de tomber amoureuses de lui ; un couple se querelle lors d'une traversée difficile ; une jeune fille pleine de charme (qui n'est pas sans rappeler Zelda jeune) pèche par vanité professionnelle... Bienvenue dans l'Europe des Années folles, fascinée par le faste, le clinquant, les exilés millionnaires de l'après-guerre et les luxueux rivages suisses. Considéré comme le plus brillant représentant, sinon le chef de file, de la fameuse "génération perdue", Francis Scott Fitzgerald a peint l'attrait et la futilité de la richesse et livré une des plus magistrales allégories littéraires sur l'Amérique des Années folles dans ses romans mais aussi - et surtout - dans ses nouvelles. Celles, apparemment légères et désinvoltes, qui composent Un diamant gros comme le Ritz constituent une histoire très libre de vingt ans de la vie américaine. Elles illustrent aussi à merveille la vie de leur créateur : l'extravagance, la tendresse, l'insolence, la mélancolie et le génie. Comme dans une sorte de journal, Fitzgerald y offre le plus émouvant témoignage sur la vie des écrivains, leur solitude et leurs deux démons, les femmes et l'alcool. Nostalgiques, envoûtants, ces récits en forme d'éternels adieux à la jeunesse ont le pouvoir immuable de faire naître l'émotion.

09/2015

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Critique littéraire

Driant Danrit

Parmi les figures admirées de longue date auxquelles Jean Mabire redonna vie le temps d'un livre, avec tout l'enthousiasme communicatif qui le caractérisait, il manquait un nom. Un nom, ou plutôt deux : Emile Driant, aussi connu sous le pseudonyme anagramme de Capitaine Danrit. Officier – il fut tué au combat aux premières heures de la bataille de Verdun, le 22 février 1916 – et romancier visionnaire, surnommé «le Jules Verne militaire» de son vivant (avec l'assentiment de ce dernier, s'il vous plaît !), Driant était un homme taillé sur mesure pour la machine à écrire de Jean Mabire. Considérable à tous les points de vue, l'oeuvre de Driant jalonne la longue carrière d'écrivain de Jean Mabire. Driant/Danrit avait, sinon tout prévu (La Guerre fatale entre la France et l'Angleterre n'eut jamais lieu), tout imaginé, des guerres modernes du XXe siècle (les trois tomes de La Guerre de demain : La Guerre de forteresse, La Guerre en rase campagne, La Guerre en ballons) aux luttes des races et des reliions (L'Invasion noire, L'Invasion jaune). Ni la montée en puissance des Etats-Unis, ni la modernisation à marche forcée du Japon n'échappèrent à sa sagacité. Driant termina d'écrire son dernier roman, La Guerre souterraine, dans les tranchées du bois des Caures en 1915. Jean Mabire nous laisse un tapuscrit complet, qui démêle l'écheveau d'une bibliographie prolifique, rendue confuse par la propension de Driant à écrire des romans fleuve, comprenant plusieurs tomes, eux-mêmes scindés en autant de volumes que de sous-parties. Une clarification bienvenue pour les collectionneurs. Le titre du livre, Driant Danrit, frappant, concis, est aussi de lui.

03/2015

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Résistance

Les Français libres Hautes- Pyrénées

Qui étaient les Français libres ? Qu'ont-ils fait ? A ces questions simples, la mémoire collective, en général, ne sait pas répondre. Des noms ont résisté au temps, Bir Hakeim, Koufra, débarquement, de Gaulle, Leclerc, 2e DB, commando Kieffer, SAS... Des mots bien difficiles à situer dans le temps et dans l'espace... Au-delà de la définition juridique, les Français libres étaient des hommes et des femmes de caractère qui refusèrent, dès le début, d'obéir aux ordres d'un gouvernement inféodé à l'Allemagne. A quel prix ! Car ils durent quitter leur pays, souvent en encourant de graves sanctions. Ils partaient vers l'Angleterre, vers l'Afrique, vers l'ailleurs, eux qui n'avaient jamais voyagé sinon dans leurs têtes. C'est l'appel du 18 juin qui fut à l'origine de ces départs. Ils sont partis faire une guerre juste en ayant une certaine idée de l'honneur et de la grandeur de la France. Ils ne savaient pas qu'ils partaient pour plusieurs années, ils ne savaient pas que leur jeunesse serait profondément marquée par leur décision, ils ne savaient même pas où ils allaient et dans quelle arme ils seraient versés... Qui étaient les Français libres ? Le présent ouvrage s'est donné pour mission de faire revivre brièvement les hommes et les femmes des Hautes-Pyrénées qui en faisaient partie. On pourrait parler de héros discrets, de fichus caractères, d'assoiffés d'aventure, et, surtout, de patriotes déterminés. Assurément, ils étaient tout cela avec, en plus, parfois des défauts et parfois des faiblesses, ce qui rend leur odyssée profondément humaine.

04/2022

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Histoire de France

En mission dans la Russie en guerre (1916-1917). Le journal inédit du général Janin

A la fin de l'année 1915, l'armée russe devient, pour le général Joffre, commandant en chef de l'armée française, un vrai sujet de préoccupation. Il estime qu'après la "débâcle" qu'elle a subie au cours de l'été, elle est incapable de reprendre des opérations sans une profonde réorganisation. Attendant des gros bataillons russes, un puissant appui, à l'Est pour "la bataille décisive" qu'il prépare sur la Somme, dans les premiers jours de juillet 1916, il décide de faire un effort pour aider son allié à refaire ses forces matérielles et morales et, conjointement, rétablir la confiance chancelante entre les états-majors. Le général Janin, nommé en avril 1916 chef de la mission militaire française en Russie, est chargé de mettre en oeuvre ce programme d'assistance et de coopération. Nul plus que lui, ancien major général, ne connaît les problèmes à traiter, et nul mieux que lui ne peut les faire comprendre aux Russes. Sa carrière antérieure l'avait placé, en plusieurs circonstances, au contact de l'armée russe et il s'y était créé de solides liens d'amitié. Il avait même été remarqué et apprécié par le Tsar, au cours d'un séjour de ce dernier en France. Féru de culture russe, il était considéré comme un ami de la Russie. Il inspirait confiance et, fort de cette confiance et de réels talents de diplomate, il a réussi à aplanir, sinon à régler, les problèmes majeurs qui se sont posés, en 1916 et 1917, entre la France et la Russie, tant au niveau de la direction politique que de la direction militaire de la guerre.

10/2015

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Poésie

Au bord de l'infini. Suivi de : Dialogue avec Rothko

"Carolyn Carlson est, depuis toujours, foncièrement, intrinsèquement et pleinement poète. Et, de grâce, qu'on en accorde pas à cette appellation la valeur molle et complaisante qu'on lui attribue trop souvent. Etre poète ce n'est pas, quoi ? Une particulière disposition à la sensibilité, être rêveur, contemplatif, amant des belles choses, ou se montrer un élégant musicien des mots. Quant à moi, je n'emploie pas le mot à la légère et c'est d'une chose autrement plus grave qu'il s'agit : est poète qui voue sa vie, sa vie entière, sans compromis, à un questionnement radical, à la scrutation obstinée des raisons et des moyens de l'existence hors des discours bavards qu'on en fait, sans égard pour les réponses morales, idéologiques, religieuses qu'on oppose à l'énigme et qui closent le débat. C'est s'adonner, à ses risques et périls, à cette plus-value du sens qui défait tout savoir et régénère incessamment la vie en l'ouvrant à son mystère irréductible. C'est en ce sens que je dis que Carlson est d'abord et en tout essentiellement poète. Il s'ensuit cette vérité, qui est la réalité de sa vie : tout ce qu'elle a fait, fait ou fera, tous les signes qu'elle crée pour retourner les apparences et révéler les infinis visages du mystère, tout cela est poésie, haute poésie. Qu'importent alors les moyens ou les supports, corps, gestes, espaces sculptés et traversés, papiers, encres, poèmes. Ce ne sont là que des traces du passage de la poésie, de ses formes visibles et donc partageables." J.-P. Siméon

03/2019

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Ethnologie

Saint-Louis du Sénégal. Palimpseste d'une ville

Quelle est cette ville d'Afrique de l'Ouest, persistant à s'appeler d'un nom très français et très chrétien, alors que la population qui la compose et le pays dont elle fut longtemps la capitale sont majoritairement musulmans ? Qu'est-ce que Saint-Louis du Sénégal sinon un formidable lieu de mémoires, aujourd'hui classé au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO, installé primitivement sur un site non moins exceptionnel, une île entre fleuve et océan, désert et terres arables, propice à la fiction et au romanesque ? Dans ce livre, Jean-Pierre Dozon nous fait découvrir, à la manière d'un palimpseste, les visages successifs de Saint-Louis. D'abord comptoir de traite, fondé à l'époque de Colbert, se métamorphosant bientôt en cité créole, en cité de puissantes commerçantes nommées "signares", elle devint, sous Faidherbe, la porte d'entrée et le lieu d'expérimentation de la colonisation française en Afrique, puis de la IIIe République conquérante qui l'érigea en commune de plein exercice assimilant tous ses habitants (blancs, noirs ou métis) à des citoyens. Montrant ainsi que Saint-Louis du Sénégal ressortit largement à notre histoire nationale, le livre débouche cependant sur une autre mémoire, celle du fondateur de la confrérie musulmane des Mourides, Cheikh Ahmadou Bamba, qui y fut jugé et condamné par les autorités françaises à la fin du XIXe- siècle. Parce que la geste de celui-ci n'a cessé de grandir au fur et à mesure que cette confrérie s'affermissait au sein de la société sénégalaise post-coloniale, le destin de Saint-Louis semble donc désormais balancer entre sa vocation patrimoniale et la vitalité mémorielle de ses ressortissants mourides.

02/2012

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Monographies

Dominique Vermeesch, Ouïr le jamais vu

Monographie consacrée à Dominique Vermeesch, artiste plasticienne, sonore et performeuse belge majeure dont les enjeux esthétiques et féministes sont clairement énoncés. "L'espace comme mon corps sont imprégnés de grandes toiles représentant un univers désolé de fin de siècle [... ]. L'héritage familial est traversé d'ondes mystiques issues de vocalises incompréhensibles chantées en latin [... ]. Il y a aussi ces gestes lents qui viennent de l'âme, un rite spirituel réalisé par un oncle prêtre chamane [... ]. Dans ce même espace, il y a des peintures de femmes martyres, des annonciations mélangées d'assomptions de résurrections et de morts. Ce trop-plein de sensations, d'héritages, va me forcer à me retirer, me dénuant dans un vide sans nom, un espace qui esquive le monde" dit Dominique Vermeesch en évoquant son univers. Dominique Vermeesch (alias do. space), artiste multidiscipliaire, travaille et développe ses questionnements par le texte, le dessin, la photo, le son, la vidéo et son propre corps sans oublier les archives qu'elle s'approprie et qu'elle intègre à sa mythologie personnelle et féministe et à sa pratique d'inspiration chamanique. On y croise Hannah Arendt, Françoise Collin et les Cahiers du Grif, Patti Smith, Simone Weil, Donna Haraway, la voix de Joan La Barbara ou de Meredith Monk, Lee Miller et Valentina Terechkova aussi bien que la statuaire traditionnelle africaine, des images du cosmos et de tout ce qui concerne la création, le corps, et toutes leurs mythologies. Cette monographie constitue un manifeste synesthétique mêlant le visible et l'invisible mais aussi le son, le corps et le cosmos et renvoie le lecteur à de nombreux liens audio et video hébergés sur son site web.

04/2023

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Critique

L'idée perroquet. La folie douce de Flaubert-Félicité

La folie douce est l'apparence que prend la littérature lorsqu'elle se décide pour une existence libérée. Cette mystique de la littérature est celle que connaît le personnage de Félicité dans Un Coeur simple de Flaubert. La folie et l'extase qui s'emparent d'elle sont provoquées par un perroquet empaillé nommé Loulou, posé là sur la table, et qui finira par s'envoler comme le Saint Esprit lui-même. Flaubert déclare vouloir "s'emplir la cervelle de l'idée perroquet. Car j'écris présentement les amours d'une vieille fille et d'un perroquet" . C'est-à-dire les amours de Flaubert avec la littérature. Sartre, comme d'autres, s'y reconnaîtra négativement en nommant cette étrange passion une "névrose" . Car la littérature n'est rien. Du langage seulement, de l'esprit et du vent, une vision et du style. Et elle est tout, une croyance par laquelle l'existence cherche à se délivrer et à résoudre ses problèmes. Cet absolu littéraire, l'autre dénomination de ce "coeur simple" - l'absolu étant le nom donné sinon à une vérité du moins à la seule réalité susceptible de porter quelque sens, à ce désir insensé mais souverain à la fois d'exister et d'écrire -, rencontre, les yeux dans les yeux, le nihilisme qu'il s'agit de conjurer au moyen d'un langage auquel il rendra justice en s'élevant, dans une folie douce, à la félicité. La littérature et l'existence ainsi menée formeraient le nouage d'un sens, au-delà d'un monde et de l'Histoire depuis lors désertés par toutes les significations religieuses, politiques et philosophiques.

10/2022

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Sciences historiques

L'Orient-Express véhicule des fantasmes

Cette étude originale porte sur la construction idéologique de la modernité sous l'angle ferroviaire, elle montre comment la création et le développement de l'Orient-Express a bouleversé notre façon de voir le monde à la fin du XIXe siècle, l'aiguillant vers des représentations qui sont encore en partie les nôtres aujourd'hui. En franchissant les frontières, le train a rapproché l'Orient des Français. L'Orient-Express, singulière entreprise moderne trans-européenne, permit les premiers contacts entre Occident et Orient et encouragea, certes pour une minorité de nantis, sinon la connaissance du continent et de ses habitants, du moins sa première perception et la constitution des premiers lieux communs. En outre, cette entreprise industrielle titanesque exacerba les clivages de classes, à travers une presse populiste qui ne manqua pas de stigmatiser le luxe, le lucre et l'oisiveté d'une bourgeoisie corrompue, dont l'Orient-Express aurait été l'outil des turpitudes. Et l'intérêt, essentiel, de cet ouvrage, est de montrer comment, autour de ce train, se forgent alors les représentations de la bonne société sur les femmes. A l'époque, en effet, s'amorce en Occident un mouvement d'émancipation, certes encore timide en France, qui permet à certaines femmes de se libérer du carcan du mariage, du père et de l'Eglise ; l'Orient-Express est perçu comme un instrument de cette libération, et celles qui voyagent seules comme des dévergondées. En contrepoint de l'image d'une Lilith occidentale, réellement mais encore partiellement débarrassée des hommes, se forge un autre fantasme, celui d'une femme orientale soumise, voilée, prête à réaliser tous les désirs masculins.

10/2013

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Poésie

Le mot de pauvreté

Le mot de pauvreté : titre étrange. Qui d'emblée récuse le jeu illusionniste de l'écriture et consent à donner le poème pour ce qu'il est : fait de mots, seulement de mots – même si les plus lumineux. Et qui d'emblée récuse l'idée même de tout accomplisse-ment par les mots : les mots ne sont à proprement parler que pauvreté. Il n'y a en eux de richesse, de plénitude que pour autant que nous nous aveuglons. Dire donc cette pauvreté inhérente aux mots, et rien de plus : " il n'y a rien à dire de plus / que ce qui manque par-dessus tout // si quelque chose est vrai / c'est la pauvreté. " Car il n'y a de parole vraie que celle qui consent sa propre pauvreté : " la pauvreté est une conscience / sans prétention " Qui renonce à feindre, à briller. Qui laisse les choses être ce qu'elles sont : " un mot de pauvreté ne construit rien / par-dessus le vide / qui fait peur // sinon ce serait abandonner / la pauvreté " Car les choses ne sont rien que l'on pourrait dire : " tout le travail est de / comprendre que rien n'est pas une idée / rien n'est rien d'abstrait " Les choses ne sont que les choses, si pauvres que nous ne savons rien en dire et qu'incapables de faire face à ce rien nous en faisons une idée : " ni échec ni succès : une langue / pauvre ne serait plus dupe d'elle-même // (celui qui parle en croyant / ce qu'il dit / croit en la richesse) " Mais voulons-nous vraiment comprendre ? On dirait que sans cesse " la pauvreté s'éloigne // nous / entretenons / les clôtures ".

10/2023

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Littérature française

Saveurs d humains : une chronique familiale improbable

L'adolescent court à travers les taillis, éperdu. Il a quitté le sentier discret, tracé depuis le campement jusqu'à la brèche de la clôture du parking des poids lourds qui vont en Angleterre. Il fonce dans les broussailles, où il espère échapper à celui qui le poursuit, cet être de grande taille, surgi de nulle part, au moment où il allait se faufiler à travers le treillis métallique. C'est déjà un miracle qu'il ait pu se libérer, abandonnant son blouson à sa poigne. Il court, comme si sa vie en dépendait, pour fuir ce cauchemar jailli de la nuit et qui s'est lancé à ses trousses. La même peur atavique au ventre que celle de l'égaré, dans la savane, face à une lionne affamée. Il n'entend plus rien, sinon les bruits que génère sa course à travers le sous-bois, mais il sent que son poursuivant est toujours bien là, le talonne sans doute, le silence et l'obscurité rendant la menace encore plus terrifiante... Ses poumons commencent à le brûler, un goût de sang dans la bouche, le coeur au galop, proche de la rupture : il ne pourra plus tenir ce rythme bien longtemps. Pourtant il le faut, il le sait : l'autre est tout proche, le rattrape sans doute, bien qu'il ne le voie ni ne l'entende. Il ne le rattrapera pas, vu qu'il l'a précédé, réalise le fuyard lorsque bondit de derrière le tronc d'un chêne la silhouette obscure, aux crocs étincelants qui se referment sur sa gorge et la déchirent sans effort...

12/2023

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Contes et nouvelles

Une place au soleil. Roman

Christian tenait sa tartine en l'air et s'excitait déjà... - Arrête, Max ! Des bonnes étoiles, y en a pas pour tout le monde ! Tu délires ! C'est quand même une vérité... - Allons ! On a pas tous les mêmes chances dans la vie... Tout le monde n'a pas droit à une place au soleil, ça, c'est du vent... Regarde nous deux... On a juste notre âge en commun, c'est tout... Moi en usine cradingue, toi en amphi machin là... On vit pas sur la même planète... C'est une vraie vérité, ça ! - Je ne suis pas d'accord... Nous avons plein de points communs... Sinon, tu ne serais pas là ce matin ! La cause ouvrière, je ne la dénigre pas, je la connais par son histoire et les fermetures, les délocalisations... D'accord, je ne fais pas de manifs... Et c'est vrai, je fais partie des nantis, je souscris à l'ISF... Oui, je pourrais avoir un yacht ou rouler en Rolls ! Eh bien... ça ne m'intéresse pas ! Voilà ! Ce que je veux, c'est être utile dans la société, je veux être un facilitateur de projets... Voilà ce que je veux ! Naïf ? Peut-être... Mais j'ai des valeurs. Mes parents m'ont donné leur fortune, ils n'ont pas eu la chance d'en profiter, c'est ma façon de renvoyer l'ascenseur, je veux leur faire honneur ! Voilà ! Il s'adossa à sa chaise, comme essoufflé, le visage un peu rougeaud... Christian n'avait toujours pas attaqué sa tartine ! - T'es un drôle de loustic, tézigue !

04/2022

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Ouvrages généraux

Traites négrières en France méditerranéenne XVIIe-XIXe siècle. Trafics infâmes et discours vertueux

La France méridionale, surtout Marseille, n'a pas ignoré la traite négrière. Le trafic, attesté dès la fin du XVIIe siècle, y connaît une progression fulgurante à la fin du siècle des Lumières. L'auteur fait revivre une page d'histoire enfouie de l'" infâme trafic " et des discours vertueux. Un navire négrier quittait Marseille tous les trois ans avant 1783. Ils sont neuf à aller à la " traite des Noirs " entre 1783 et 1793. C'est peu par rapport à d'autres places marchandes, mais la croissance est importante et soudaine. Choix économiques de nouvelles figures marchandes ou modifications de stratégies de vénérables maisons de négoce ? Le plus singulier, c'est que ce boom se situe au moment où des discours condamnant la traite commencent à circuler. Des " paroles vertueuses ", d'une extraordinaire modernité, qui émanent de magistrats, de négociants, de chroniqueurs et de poètes, mais qui, finalement, n'ont guère d'incidence. Retrouver les traces de ce trafic méconnu exige de mobiliser un large éventail de sources, de débusquer des éléments glissés furtivement dans des documents de nature variée : inventaire après décès, transcription d'un contrat de mariage, journal de bord d'un capitaine négrier, enregistrement officiel des gens de couleur. La traite négrière n'a pas laissé ici de témoins de pierre comparables aux mascarons avec " têtes de nègres " qui ornent les façades des demeures de négociants à Bordeaux ou Nantes. Seule une " mémoire de papier ", fragmentée, fragile et sujette à l'oubli, sinon à l'incrédulité, permet de mettre au jour une page d'histoire enfouie de l'infâme trafic et des discours vertueux.

11/2023

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Prière et spiritualité

Méditations 05/1980 - 11/1990

"? Lorsque le frère Paul de la Croix annonça qu'il songeait à partir vivre en ermitage, l'étonnement fut grand. Une aventure étalée sur 28 ans. Assez régulièrement, il a noté ce qui était advenu et qu'il voulait partager. D'abord et de façon soulignée, sa gratitude d'être appelé à une vie en ermitage. Des confidences sur ce que peut réserver le fait d'être la plupart du temps en solitude avec une santé parfois chancelante. Des expressions où il se met à découvert : "Vivre dans le consentement de ce que l'on a ou n'a pas". Accepter la privation comme une amie et la privation cesse d'en être une : "Brûle en moi, Seigneur, ce qui n'est pas ton Royaume". "Que je sois par Toi, à cause de ta proximité, petit, content, confiant, joyeux, les yeux éblouissants de ton amour, que je contemple inlassablement". Dans une langue claire, simple qui vient à vous, se perçoit la quête de Dieu dans une recherche incessante". Frère Vincent Les cahiers de méditations du Père Paul sont une bénédiction efficiente en tout coeur vulnérable et attentif. Ils nous invitent à une descente en profondeur, à nous débroussailler, à nous dépolluer d'informations délétères pour redécouvrir la Source, la paix, Sa paix : "Préserver, surveiller, veiller, demeurer attentif, éviter la dispersion. Garder un jardin, une vigne, la faire fructifier sinon, elle se détériore. Elle se détériore si vite. Ne devrais-je pas revoir le Journal dans ce sens ? Revoir certaines lumières que j'y ai notées et m'examiner à leur sujet ? " . Thibaut de Wurstemberger

05/2022

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Philosophie des sciences

Haeckel et les Français. Réception, interprétation et malentendus. Actes du colloques des Treilles 23-28 septembre 2019

Ernst Haeckel (1834-1919), biologiste allemand aujourd'hui oublié sinon des chercheurs, fut pourtant de son vivant aussi célèbre que Darwin. Respecté et célébré dans les milieux savants internationaux comme spécialiste de la zoologie marine et théoricien de l'évolutionnisme, il est l'auteur des premiers "arbres généalogiques" des espèces, proposant une vision unitaire du monde vivant. Il est aussi l'inventeur du terme "écologie", dont il a établi les fondements. Sa "loi de la récapitulation" a influencé non seulement la biologie, mais la psychologie, la criminologie, la psychanalyse... Ses livres destinés au public profane, dont Histoire naturelle de la création et Les Enigmes de l'Univers, ont été des succès traduits en plusieurs langues. Ses planches magnifiques illustrant les "formes artistiques de la nature" ont inspiré les artistes et les architectes de l'art nouveau. Mais le professeur de zoologie de l'université de Iéna était aussi un intellectuel et une figure publique de premier plan, un apôtre de la Libre Pensée, du rationalisme et du progrès. Son militantisme pour une "religion moniste" de la nature, panthéiste et antichrétienne, lui a valu une réputation sulfureuse. Le déclenchement de la Grande Guerre, que ce pacifiste a approuvé en signant l'"Appel des intellectuels allemands", a fini par couper Haeckel de son réseau international. La réception complexe de son oeuvre enfin, allant de la gauche militante à certains représentants du national-socialisme, a contribué à son effacement. Sans occulter les ambiguïtés de son héritage, les actes ici réunis explorent les différents aspects de la réception de Haeckel en France en essayant de rendre justice au rôle historique capital du savant.

04/2024

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Fantasy

Le Sorceleur : Les chroniques de Ciri

Les Chroniques de Ciri retrace la trajectoire du personnage féminin emblématique de la saga du Sorceleur. Ciri est un personnage central, sinon le personnage central de la saga d'Andrzej Sapkowski, marqué par une destinée hors du commun et le rejet des normes sociales, dans un monde où le patriarcat pèse lourdement sur le destin des femmes. Orpheline de sang royal, la princesse en détresse fuyant le siège de Cintra tombera sous la protection de Geralt, père de substitution avec qui elle entretient un lien indicible. Objet de nombreuses convoitises royales et malveillantes, source de légendes elfiques ancestrales, Ciri va au fil des rencontres devenir une combattante hors pair, une magicienne aux pouvoirs inégalés, une voyageuse capable de traverser le temps et des mondes auxquels peu ont accès. Ecrit par Justine Breton (The Witcher, un monde de légendes : romans, jeux vidéo, séries) et richement illustré (plus de 50 illustrations) par Mathilde Marlot (Manuel du Sorceleur), Les Chroniques de Ciri permet de retrouver tous les êtres que la princesse de Cintra croise sur sa route : ceux qui l'ont formée, faite grandir, aimée ou abimée, mais qui ont contribué à faire d'elle l'être exceptionnel qu'elle est devenue. Sommaire de l'ouvrage 1-Les Origines de Ciri 2-Grandir en étant aimée (Geralt, les sorceleurs, Triss Merigold, Yennefer de Vengerberg, Yarpen Zigrin, Vysogota, Kelpie, Petit Cheval) 3-L'expérience d'autres mondes (Brokilone, Gros Velen et la wyvern, Désert de Korath, les Rats, la Traque Sauvage, Tir ná Lia) 4-Apprendre dans la violence (Cahir et la chute de Cintra, Stefan Skellen, Vilgefortz, Rience, Léo Bonhart, Emhyr var Emreis) 5-Ciri, la légende

06/2024