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Héloïse Simon

Extraits

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Littérature française

Nos étoiles ont filé

Ça ne devrait pas être de la littérature, ça ne devrait même pas être un livre. Mais comme tout cela n’aurait pas dû arriver, un texte a été écrit, des lettres adressées à deux petites filles, deux étoiles filantes, aujourd’hui et depuis bientôt deux ans disparues.Fait divers atroce, disent les médias. Il n’y a pas de hiérarchie dans le malheur et, pourtant, en ce matin d’août 2008, la France entière se réveille sous le choc de la mort par incendie de deux enfants, moins de quatre ans à elles deux. On ne fait pas de livre avec ça, répétons-le, sauf si peu à peu le seul moyen de continuer à vivre consiste, grâce à des lettres d’une mère destinées à ses deux merveilles, à les réincarner jour après jour, à les faire précisément revivre. Ce livre hors norme et hors catégorie est avant tout un livre d’amour pour ces deux princesses envolées, et pour leur père aimant, présent, auquel on va s’attacher page après page afin de comprendre l’incompréhensible : comment la force de ce couple aussi pur permet de se sauver. Nos étoiles ont filé est un livre qui évite pathos et complaisance, qui hésite parfois entre rires et larmes, qui se distingue par son aspect unique, sinon ludique, et sa très saine incorrection. Pendant son écriture, un petit garçon est né du même amour. Le texte, cela n’étonnera personne, lui est dédié. Si la littérature ne sert à rien, elle aura au moins servi à cela.

09/2010

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Littérature étrangère

La noix d'or

Cristina Campo est l'auteur d'une œuvre concise et secrète, mais d'une rare incandescence. Pietro Citati nous en a donné un fidèle et saisissant portrait : " Cette anachorète possédait la courtoisie mondaine, la grâce exquise et insaisissable d'une dame italienne de la Renaissance ou d'une aristocrate de la Fronde. C'était aussi une créature enflammée, violente, pleine d'une ardeur chevaleresque, une Clorinde qui ignorait la prudence et les demi-mesures. Sa sensibilité subtile et ombrageuse - tressaillements de l'âme, vibrations de l'univers - atteint à l'extrême de la tension, se muant en une sensualité surnaturelle. Elle n'écrivit jamais de romans ni de nouvelles, de traités ou de longs essais - mais seulement de brèves proses. Elle aimait ce qui est petit. "Infiniment plus délicate et terrible est la présence de l'immense dans le petit, que la dilatation du petit dans l'immense." Elle avait un sens souverain des limites, de la frontière - elle, si démesurée dans son âme ". La noix d'or est un livre composé de textes arrachés à l'oubli. Comme dans Les impardonnables, Cristina Campo y manifeste son amour de la perfection et son sens suraigu de la forme. " Il y a quelque chose de royal dans le style mental de cet écrivain ", remarquait Giorgio Manganelli. On le vérifie ici dans des textes consacrés à Shakespeare, Virginia Woolf, Jorge Luis Borges, Katherine Mansfield, Djuna Barnes, Simone Weil, Truman Capote, entre autres écrivains, mais aussi aux arts, aux villas florentines, aux contes, aux rites et à la liturgie.

02/2006

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Théâtre

Registres. Tome 6, L'école du Vieux-Colombier

Inspirées par une haute pensée, les expériences de l'École du Vieux-Colombier procèdent d'un désir de retrouver la vertu fondamentale du Théâtre, qui n'est pas de divertissement mais de formation, morale autant qu'esthétique. Copeau tend à l'harmonie, à la communion dans la beauté. L'authentique n'est pas une valeur que l'on décroche, mais un idéal dont on tente de s'approcher. Le Patron ne nous a pas laissé une doctrine, une méthode que ses successeurs pourraient tenter d'appliquer ou d'adapter, mais l'exemple d'un combat qui, arraché an temps sans qu'il l'ait expressément voulu ni même pressenti, prend valeur pérenne. Les tâtonnements de ce microcosme symbolique nous racontent au quotidien l'histoire exaltante d'un rêve : comédiens, écrivains, poètes, retrouveront un jour, pense Copeau, " le vrai sens dramatique ". Qu'est-ce à dire, sinon que, débarrassés des artifices et des recettes, libérés de l'ankylose confortable des habitudes, ils s'approcheront enfin de l'émotion pure, celle qui nous laboure au tréfonds comme un frisson sacré ? Toute l'ambition de Copeau a tendu à " dépouiller le vieil homme ", à faire du comédien ce truchement éternellement fraternel que notre solitude appelle, capable, par la fulgurance d'un regard, d'une inflexion, d'un geste, de nous arracher à la meurtrissure de l'instant et, partant, d'alléger nos angoisses. Paradoxe des gens de théâtre véritables : ils travaillent dans l'éphémère à traquer la permanence. C'est leur misère et leur grandeur. C. S.

01/2000

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Littérature française

Le jour et la nuit. Cahiers 1917-1952

Le jour et la nuit sont les réflexions et les propos d'un peintre... Quiconque a tenté, ne fût-ce qu'une fois dans sa vie, d'écrire ou de peindre, a passé par ce chemin : c'est que l'on peut rêver cent nuits de suite à la plus belle oeuvre du monde, en fixer par avance le plan et les grandes lignes, en former et en polir l'idée, s'en trouver obsédé, ravi, effaré - on n'a rien fait tant que les premières pages ne sont pas écrites, ni les premiers coups de pinceau donnés. On n'a rien fait, sinon peut-être se donner une hantise - quelque système d'idées fixes - auxquelles ce ne sera pas trop pour échapper, de l'oeuvre tout entière. Et précisément de la "matière" de cette oeuvre : des voyelles et des consonnes, des mots bruts ; des couleurs et de l'huile, de l'essence et de la toile même ; et de cet étrange système de rapports, où chaque phrase, chaque touche, engage un peu plus loin l'auteur, invite à de nouvelles tâches et de nouvelles lignes et de nouveaux mots que la réflexion pure n'eût pas imaginés. Matisse disait en ce sens : le principal élément du tableau, c'est les quatre côtés du cadre. (Et Braque : on ne sait jamais d'où viendra l'appel...) Ainsi fait-il partie du génie qu'il ne cesse de s'étonner soi-même. L'on a vu quelques-uns de ses étonnements. Il en est d'autres. On les trouvera dans ce petit livre.

10/1952

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Beaux arts

L'horizon a pour elle dénoué sa ceinture. Chana Orloff (1888-1968)

"Je suis née dans un petit village de la Russie des tsars. Il a fallu me battre à mort pour me faire revivre. Ces coups ne furent que les premiers de ceux que je dus endurer tout au long de ma vie". Lorsque Chana Orloff arrive à Paris à l'été 1910, elle n'a qu'une idée en tête : être libre. Mais qu'est-ce qu'une femme libre, à l'aube du XXe siècle, sinon une femme seule ? Pour réaliser ses rêves, elle a fui les pogroms de Russie, et les champs de Palestine, où sa famille la conjure de revenir. Agée de vingt-deux ans, elle est loin d'imaginer que le Tout-Montparnasse va faire d'elle une reine, une sculptrice reconnue dans le monde entier. Amie fidèle de Soutine et de Modigliani, elle va épouser un proche d'Apollinaire et fréquenter l'avant-garde du carrefour Vavin, à l'heure où l'amour se conjugue au pluriel. Mais quand la guerre éclate, l'ivresse des années folles n'est plus qu'un lointain souvenir. Commence alors une extravagante épopée pour sauver sa vie - s'accrochant à cette liberté à laquelle elle n'a jamais renoncée, et à son art qui lui a donné des ailes. Un récit biographique littéraire consacré à Chana Orloff, étoile oubliée de l'art moderne. De Paris à Tel Aviv en passant par Odessa, l'auteur marche dans ses pas et raconte la femme plus encore que l'artiste.

03/2019

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Sociologie

Incroyables... mais faux ! Histoires de complots de JFK au Covid-19

Hitler retrouvé bronzant sur une plage du Brésil, la planète Mars envahie d'esclaves sexuels, Daniel Balavoine assassiné par les services secrets, Notre-Dame de Paris victime d'une vengeance religieuse, des individus contrôlés par la CIA via leurs testicules et les Twin Towers détruites à l'explosif... Catalogue d'idées loufoques pour les uns, "théories alternative" pour les autres, ces affirmations ont un point commun : elles vont à l'encontre des vérités établies. Censées dévoiler la part d'ombre de nos sociétés, elles seraient délibérément ignorées par les médias "grand public" et combattues par les pouvoirs en place. Ce livre propose une sorte de best of, déroutant et souvent hilarant, de ce fatras de croyances et d'ignorances que rien, sinon la conviction, ne vient étayer. De l'assassinat de Kennedy, en 1963, à l'épidémie du coronavirus. en 2020, il parcourt plus de cinquante ans de thèses et d'enquêtes. Comme pour un livre de cuisine, il offre un large menu de théories avec recettes et ingrédients. Car à bien y regarder, le monde des complots apparaît comme un fast-food de la pensée où chacun se nourrit de certitudes vite fabriquées et avale avec gourmandise les incongruités les plus épicées. L'auteur les rapporte d'une manière rigoureuse et documentée, tout en les saupoudrant de sauce piquante et d'une pincée d'ironie. Elles sont garanties sans édulcorant mais pas sans danger. Car si l'abus d'alcool nuit à la santé, l'abus de complots nuit à la démocratie.

10/2020

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Littérature étrangère

Le roman égyptien

Autoportrait avec famille, Le Roman égyptien rejoue comme aux dés les pérégrinations des Castil, originaires d'Egypte et auparavant d'Espagne, et encore avant, de la sortie biblique d'Egypte. Sauf que les ancêtres bibliques d'Orly Castel-Bloom ne sortent pas d'Egypte : ils y restent et forment une tribu sauvage, autochtone, qui oublie son judaïsme. Quant aux Castil d'Espagne, ils restent eux aussi sur place et se convertissent pour échapper à l'Inquisition, leur fille devenant même porchère pour donner le change. Plus tard, la famille quitte l'Egypte avec un mouvement de jeunesse sioniste ouvrier et rejoint un kib-boutz en Israël, dont elle sera expulsée aussi pour excès de jusqu'au-boutisme stalinien... 'issue de ces trois expulsions historiques dont elle est le fruit, la narratrice n'a pas de nom, pas d'identité, elle est l'aînée, "la grande fille", "la grande", en quête permanente d'une place dans le monde. La romancière explose ici la narration classique façon puzzle, pour mieux dire les éparpillements de l'âme et le poids de l'hérédité. Entre montagnes russes et kaléidoscope d'images et d'émotions, le roman - comme la famille - fait rhizome : les souvenirs qu'on se transmet sous forme d'histoires confinant au légendaire deviennent le limon d'un roman familial aussi constitutif que destructeur et c'est dans ce corps à corps acharné avec un passé lourd de blessures mais traversé d'éclats de rire qu'Orly Castel-Bloom déchaîne une singularité radicale aux résonances universelles.

09/2016

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Littérature française

Les rapaces

1971. Marie Vieux-Chauvet est exilée à New York, menacée de mort dans son pays après la parution de son chef-d'oeuvre, Amour, Colère et Folie, publié chez Gallimard à l'instigation de Simone de Beauvoir et qui a provoqué la fureur du tyrannique Duvalier. Peu avant de mourir, elle trouvera la force d'écrire Les Rapaces, impitoyable réquisitoire contre le régime qui fait régner la terreur en Haïti. Dans ce roman, le dictateur, entouré de ministres à sa botte, incite la population à donner son sang pour quelques sous avant de le revendre bien plus cher aux Américains. Il n'hésite pas non plus à vendre des cadavres pour leurs expériences. Et plus il y a de cadavres, plus l'argent rentre. La police a donc carte blanche... Quelques-uns tentent de résister, tel Michel, qui écrit un livre devant servir de base à l'action révolutionnaire. Las, il est dénoncé. Sa maison abandonnée devient le refuge d'Alcindor et de sa pauvre famille. Pour leur malheur, Michel y a caché son manuscrit, que la police veut récupérer. Alcindor croit alors naïvement pouvoir sauver les siens grâce à Poleus, son frère perdu de vue, devenu l'un des chefs de la gendarmerie. En même temps, l'un des ministres en cour se tord d'inquiétude. Sa fille, Anne, a disparu. Son enquête le ramènera fortuitement au manuscrit tant recherché. Le lien se fera entre Michel l'écrivain, Alcindor et Anne. La découverte de la vérité lui ouvrira les yeux. Il sait alors ce qu'il lui reste à faire...

11/2017

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Littérature française

La belle amour humaine

A bord de la voiture de Thomas, son guide, une jeune occidentale, Anaïse, se dirige vers un petit village côtier d'Haïti où elle espère retrouver les traces d'un père qu'elle a à peine connu et éclaircir l'énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Le caractère particulier de ce voyage encourage bientôt Thomas à prévenir la jeune femme qu'il lui faudra très probablement renoncer à une telle enquête pour faire l'expérience, dans ce village de pêcheurs dont il est lui-même issu, d'un véritable territoire de l'altérité où les lois sont amicales et flexibles, les morts joyeux, et où l'humaine condition se réinvente sans cesse face aux appétits féroces de ceux qui, à la manière du grand-père d'Anaïse et de son complice en exactions, le "colonel" - tous deux jadis mystérieusement disparus dans un incendie -, cherchent à s'octroyer un monde qui appartient à tous. Dans ce roman qui prône un exercice inédit de la justice et une fraternité sensible entre les hommes sous l'égide de la question : "Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?", Lyonel Trouillot, au sommet de son art, interroge le hasard des destinées qui vous font naître blanc ou noir, puissant ou misérable, ici ou ailleurs - au Nord ou au Sud. S'il est vrai qu'on est toujours "l'autre de quelqu'un", comment et avec qui se lier, comment construire son vivre-ensemble sinon par le geste - plus que jamais indispensable en des temps égarés - d'accueillir, de comprendre ?

08/2011

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Littérature française (poches)

Basketville. Tu peux toujours courir

Basketville, c’est la ville où on circule à pieds parce que les voitures reposent sur des parpaings : périmètre périurbain où tout est périssable, sinon périmé. Tu peux toujours courir, parce que les objets artificiels du désir seront toujours là-bas, plus loin, et que la main qui tient la carotte ne te laissera jamais l’attraper.

À Basketville, les baskets sont artefacts de séduction ou monnaies d’échange, de manière générale elles servent à poursuivre les rêves mis à disposition ou en compétition par l’ordre consumériste. Un moyen pour la périphérie de rejoindre le centre ? Probablement pas, car finalement c’est le centre, dans la personne d’un reporter dépêché sur place, qui vient ramener des témoignages exotiques de cette périphérie qui fait rêver et trembler. Difficile de figer dans une définition ce texte qui sollicite, dans une langue rythmée et terriblement expressive, tous les outils de l’auteur et tous les sens du lecteur.

Fiction, document, poésie et chanson sont des éléments d’un tout qui n’est pas réductible à la somme de ses parties mais qui se caractérise par un sens aigu du verbe et de l’image, la création d’une zone poétique quelque part entre la littérature sociale, le hip hop et les journaux télévisés. Texte troublant et envoûtant, Basketville est remarquable par son économie, son efficacité et sa puissance d’évocation. Une langue mutante, gravée dans le béton, qui envahit le monde comme les villes gagnent sur la campagne et l’homme sur la nature.

03/2009

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Philosophie

Surveillance globale. Enquête sur les nouvelles formes de contrôle

Nous vivons dans un monde sous surveillance : plus personne n'oserait en douter. Mais quelle forme prennent aujourd'hui les nouveaux dispositifs de contrôle et en quoi sont-ils différents des pratiques du siècle dernier ? Comment modifient-ils notre rapport au monde et aux autres ? Vont-ils jusqu'à menacer le droit à la vie privée ? Telles sont les questions abordées dans ce livre, qui reprend ainsi un débat ancien sous un jour totalement nouveau. Car il ne s'agit plus seulement d'assurer une surveillance ciblée pour déceler les comportements déviants et les punir, mais de prévenir toute dérive en instaurant un traçage permanent et généralisé. Il ne s'agit plus d'observer l'espace public, mais de pénétrer les espaces privés pour accumuler des données sur chaque individu, considéré sinon comme un terroriste en puissance, du moins comme une cible marketing, ou un voisin à espionner. S'organise ainsi un scannage ininterrompu des actes et des désirs, abolissant la frontière entre surveillant et surveillé, entre monde physique et monde virtuel. Au moyen de procédés que nous relayons ou alimentons à notre insu - vidéosurveillance, géolocalisation, bases de données, biométrie, puces RFID, logiciels d'analyse comportementale un Big Brother désincarné, dont nous sommes à la fois victimes et complices, opère désormais en chacun de nous. Mêlant l'enquête à la réflexion, cet essai explore avec une acuité remarquable les multiples enjeux de la surveillance contemporaine, et incite chacun à réagir face au danger d'une nouvelle servitude volontaire.

02/2009

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Histoire de France

La vie après

Le retour sur le sol français d'un peu moins de 2 500 juifs survivants des camps de concentration - sur presque 76 000 déportés de France - n'a pas encore fait l'objet d'un travail spécifique. La question du retour à la vie " normale " a été laissée de côté. Après le long et douloureux récit de la déportation, ils n'ont plus la force d'aborder le chapitre crucial du retour souvent expédié en quelques formules : " personne ne voulait nous écouter ", " de toute façon il fallait bien continuer de vivre ".Virginie Linhart a repris le récit des survivants là où la plupart l'ont achevé, à leur arrivée en France. Auprès de rescapés juifs d'origines géographiques et sociales diverses, elle a cherché à savoir comment ils ont tenté de retrouver - trop souvent en cachant leur histoire, en la gardant entre eux - une place dans un monde qui voulait ignorer la réalité de la Shoah. Ecouter ce qu'ont été les vies de ces femmes et de ces hommes revenus de l'enfer, comprendre ce qui les a guidés ensuite, constitue l'essentiel de ce livre. Parce que c'est dans les conditions de ce retour qu'est né le tourment de Virginie Linhart, dans le silence qui a accompagné leur trajectoire et bercé son enfance, celui des descendants de ce drame-là.Simone Veil, Marceline Loridan-Ivens, Addy Fuchs, entre bien autres, ont accepté de témoigner pour faire connaître l'épreuve toute particulière et largement méconnue de la vie après.

01/2012

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Développement durable-Ecologie

Les risques de notre planète

Aucun décret ni texte administratif n'empêchera jamais la Terre de trembler, les volcans d'entrer en éruption, les raz de marée de déferler ni les trains de dérailler. Tempêtes de 1999, usine AZF à Toulouse, canicules, inondations à répétition... Non seulement on ne sait pas prévenir, mais le système de la technostructure est tellement sclérosé qu'il n'a même pas compétence pour, sinon guérir, au moins atténuer les effets. Et pourtant, on continue à nous entretenir dans l'illusion que " gouverner, c'est prévoir ", et que l'apanage d'une civilisation consiste notamment à être capable de maîtriser les risques grâce à la prolifération d'organismes de contrôle. Il doit y avoir une métastase quelque part... L'une d'entre elles, c'est qu'il faut un aveuglement réellement coupable pour ne pas se rendre compte que le monde a fondamentalement changé. La " curiosité " des chercheurs et des ingénieurs, légitime ou pas, ne prend jamais en compte les risques qui y sont inhérents, soit qu'on ne les a pas anticipés, soit qu'on les a tout simplement dissimulés. Le vrai problème de fond est peut-être de ne pas arriver à admettre que la notion de " risque zéro " est définitivement un rêve de société idéale, et nous n'y vivons pas. Pendant près de six ans, l'équipe de Science Frontières a enquêté pour son magazine mensuel et a réalisé en janvier 2003 son 19e Festival consacré à la " Planète tous risques ", disponible en cassettes vidéo et sur le site www.sciencefrontieres.com.

02/2004

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Critique littéraire

La Nouvelle Revue Française N° 641, mars 2020

Editorial : La N. R. F. , Condition poésieLes auteurs et la poésie : François Sureau, Rester assis, sans rien faire. Réponses écrites à quatre questions écritesMaria Pourchet, RomanFrédéric Verger, Magie noire, magie blancheClémentine Beauvais, Poésie pour bambinsPierre Assouline, Si tu peux traduire sans trop trahirSimon Johannin, Notes sur la villeThomas Clerc, Poeasy is not easyJoseph Ponthus, "Un livre de poésie est plus utile qu'un chemin de fer" Poèmes contemporains : Stéphane Bouquet, Preuves du mondeValérie Rouzeau, Moineau toi ouiLoïc Demey, La preuve par l'écritLouise Dupré, Jusqu'à la finOlivier Barbarant, Les fils du feuEmmanuelle Pagano, ChutierMélanie Leblanc, Nous relierLa poésie et les arts : Bartabas, A la pointe du sabotMarie Modiano, Ecrire un poèmeFrançois Piron - Tarek Lakhrissi, Estrangement (entretien)Pauline Perrignon, Corps et âme. Sur Crystal PiteDominique Ané, Tendre au poèmeWajdi Mouawad, AnesthésieInédits : Georges Séféris, Journal (extraits)Fouad El-Etre, En mémoire d'une saison de pluie (extraits)Sur la poésie : Violaine Huisman, Pour Ben LernerJean-Pierre Siméon, Retour du refoulé poétiqueGuy Goffette, Poésie, un art de vivre ? Jacques Réda, Pour une chanson de LorandMichel Onfray, Mort et vie de la poésieNotes de lecture : Renaud Pasquier, Alexandre Postel, Un automne de Flaubert (Ed. Gallimard)Stéphanie Cochet, Jan Clausen & collectif, Je transporte des explosifs, on les appelle des mots. Poésie & féminismes aux Etats-Unis (Ed. Cambourakis)Gaëlle Flament, Pauline Klein, La figurante (Ed. Flammarion)Michel Crépu, Flannery O'Connor, Journal de prière (Ed. Actes Sud)Gaëlle Flament, Elena Costa, La vie audacieuse (Ed. Gallimard)Chronique de l'amateur : Michel Crépu, Banane à la Joconde

03/2020

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Littérature française

Se souvenir de la lune d'automne

L'existence de chacun de nous tient d'un équilibre fragile prêt à vaciller à tout moment. Que vaut alors la possibilité du pardon face au poids écrasant de la culpabilité ? Rongé par cette solitude intérieure, la rédemption est-elle seulement envisageable ? Un homme dont la vie est à la croisée des chemins, se réveille amnésique. Un couple étrange, une infirmière désabusée et son élève idéaliste, gravitent autour de lui en essayant de lui porter secours. Mais y parviendront-ils seulement ? Que faire de cette aide, lorsque la mémoire ne révèle de nous qu'une part d'ombre inattendue et monstrueuse ? Notre sens moral se limite-t-il à un combat naïf entre le bien et le mal ? De nos actes ou de nos lâchetés, lesquels en disent le plus sur nos âmes ? En tissant des réponses à ces questions, l'auteur brouille les cartes du burlesque, du roman noir et du conte. Plus que tout, il bouscule les genres pour nous livrer un récit sombre et optimiste comme la nature humaine qu'il explore, écorche, raccommode et dissèque, nous amenant vers une fin surprenante et pleine d'espoir. Si vous pensez qu'on ne peut rien écrire à la fois de simple, de subtil, de décapant, de noir et de drôle, ne lisez surtout pas ce livre ! Sinon, osez vous plonger dans ce roman original, que vous soyez obsédé ou simplement curieux de la question du temps qui passe, du destin, de la responsabilité, ou du sens profond de nos choix.

04/2016

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Critique littéraire

Ecrivains marocains du monde. Volume 4, Egypte, Jordanie et Israël

Ecrivains marocains du Monde comporte un grand nombre d'écrivains dans les pays suivants : Angleterre, Allemagne, Belgique, Brésil, Canada, Egypte, Espagne, Etats-Unis, Guinée, Israël, Italie, Jordanie, océan Indien, Norvège, Pays-Bas, Philippines, Sénégal, Suède, Suisse et Tchécoslovaquie. C'est dire que des Marocains écrivent partout dans des pays où ils résident et qu'ils contribuent par la variété de leurs écrits à redéfinir dans la pensée marocaine l'entité ou la caractéristique nationale qui passe par un élargissement de l'espace géolinguistique. Ce quatrième volume est réservé aux vingt écrivains suivants vivant dans ces pays : Egypte : Mohamed Leftah ; Jordanie : Sanaa El Hafi ; Israël : Dan Albo, Avi Assouline, Joël Baron, Mois Benarroch, Miri Ben-Simhon, Gabriel Bensimhon, Erez Biton, Ami Bouganim, Joseph Chetrit, Meir Nahorai Chetrit, Robert Elbaz, Shlomo Elbaz, Pnina Eliany Shuruk, Moshé ElKayam, David El Moznino, Uziel Hazan, Shoshana Karbasi et Asher Knafo. Ces écrivains et écrivaines, juifs et musulmans, femmes et hommes, toutes générations confondues, qui écrivent en arabe, en français, en hébreu et même en espagnol, réalisent une variété d'écrits dans différents genres : poésie, récits, romans, nouvelles, dramaturgie et essais. Leur production apparaît comme une manifestation exemplaire et singulière sans cesse renouvelée qui vise à mettre en lumière les enjeux intertextuels qui se tissent entre la littérature et l'histoire de l'immigration, à vivifier le dialogue entre cultures et civilisations dans ces différents pays en vue de concilier les réalités, de souder les continents et d'enrichir la condition humaine en pratiquant à la fois le partage, la connaissance, la reconnaissance et la fraternité universelle.

03/2020

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Religion

Affronter le monde nouveau. Epître à Paul et à nos contemporains

Migrations généralisées, effondrement des frontières, immédiateté et universalité des connexions, en un mot irruption brutale, à la fois physique et numérique, de l'autre et du différent. Voilà un fait unique dans l'histoire qui bouleverse nos façons de penser et de vivre. Un monde nouveau surgit, inconnu, alors que l'ancien craque de toutes parts avec fracas. La Terre elle-même s'est mise à geindre. Nous oscillons entre la terreur de la fin et l'enfantement d'un commencement qui tarde à voir le jour. Nous vivons un moment messianique. Devrons-nous renoncer à l'idée d'humanité et espérer sauver notre peau tout seul ? Devrons-nous renoncer aux nations et aux peuples parce qu'ils seraient les témoins abolis d'un passé bientôt englouti ? Devrons-nous également renoncer à la certitude que nous partageons un destin commun ? Ou, sinon, comment le construire et le trouver ? Comment écrire cette nouvelle page ? Voilà le monde nouveau que chacun de nous se doit d'affronter. Il se trouve qu'un homme a été confronté aux mêmes défis, a connu les mêmes angoisses, a été envahi par la même terreur. C'est Paul, l'apôtre des chrétiens, le Shaoul des Juifs, le Paul des philosophes, surtout l'un des piliers de l'Occident, quoi que l'on croie. Il a vécu un autre de ces moments messianiques, comme la civilisation des hommes en a peu compté. Il a alors proposé à tous les citoyens de l'Empire romain de repenser Dieu pour comprendre ce qui pouvait les rassembler : une autre approche de la vie.

10/2019

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Religion

HISTOIRE DES JUIFS EN AFRIQUE DU NORD. Tome 1, En exil au Maghreb

L'histoire des juifs en Afrique du Nord n'a jamais cessé d'alimenter ma curiosité dès ma première enfance. Tout m'interpellait dans l'univers où j'ai vu le jour. Il se présentait à moi sous trois volets violemment contrastés, le musulman et le chrétien, avec entre eux le monde juif auquel j'appartenais. Pour m'en convaincre, ma mère m'inondait de ses prières. La maison était immémorablement habitée par la Bible hébraïque, lue, proclamée dans sa langue originale, l'hébreu. Israël était si présent en nos vies qu'il était impossible d'échapper à sa présence. Partout, nous gardions religieusement le souvenir du passé glorieux de nos ancêtres. Exilés de notre terre, la Judée, dans nos exils nous n'avions qu'une mission, celle de conserver la mémoire de notre passé dont nous cultivions les souvenirs, et qu'un but, voir notre peuple ressusciter un jour sur sa terre. Ainsi, ma longue route jalonnée de livres a-t-elle abouti à cette édition définitive, en deux volumes, de l'Histoire des Juifs en Afrique du Nord. Histoire née d'une seule interrogation et d'une même angoisse : d'où venons-nous et où allons-nous ? Au seuil de l'ère atomique, la plupart des juifs sont de retour sur la terre d'Israël dont ils partirent voici deux millénaires. En Afrique du Nord, d'eux, il ne reste rien, sinon leurs cimetières. Ces pages racontent leur singulière histoire qui, partie du Maghreb, renaît en ses sources, sous le ciel de Jérusalem. André Chouraqui.

11/1998

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Poésie

28 paradis, 28 enfers

Les Orientaux aimaient réduire le monde à l'infiniment petit, certains peintres japonais du XVIIIe siècle ont même réussi l'exploit de peindre un jardin sur un grain de riz. D'autres ont sculpté des scènes du Déluge sur des noyaux de cerise. Je ne pourrais prétendre à tant de virtuosité, mais j'ai toujours été attirée par les mondes infimes, au point de me constituer au fil des années un musée personnel du Minuscule. Paradis, Enfers : quoi de plus impressionnant, gigantesque, de plus surhumain en même temps - à commencer par leur version littéraire, cette Divine Comédie, dont la lecture, il y a quelques années, m'a ouvert la voie à ces univers parallèles ? Un été où j'étais triste à Paris, je ne voyais pas d'issue à mon chagrin, sinon le rêve. Pour donner vie à ces rêveries, je commençai à dessiner des mondes minuscules, paradis terrestres, paradis perdus, où je m'imaginais avec celui que j'aime, où nous étions d'infinies particules d'un monde minéral et végétal, tels des feuilles, des étoiles, des grains de sable... Oublions le Purgatoire, que j'imagine plutôt gris, mais que seraient mes paradis sans leurs enfers ? Rome sans les sept collines, la Joconde sans son sourire ?... Aussi n'avais-je d'autre choix, à un moment moins chagrin, que de donner vingt-huit enfers miniatures comme antipodes à mes paradis. Lorsqu'on se "fait tout petit", on peut disparaître, mais c'est peut-être pour mieux renaître dans un autre monde, un jardin d'Eden.

11/2012

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Sciences historiques

Histoire de vivre. Mémoires d'une féministe

En 1968, à Paris, Anne Zelensky a trente ans. Le vent de liberté qui souffle, au mois de mai de cette année-là, va lui permettre de rencontrer d'autres femmes qui partagent ses rêves et ses espoirs : ensemble, elles créeront le Mouvement des femmes. Anne Zelensky, qui a adopté le nom de guerre d'Anne Tristan, se lance dans cette aventure à la fois sérieuse et joyeuse qui va changer un peu le monde et beaucoup sa vie. Sur son chemin, qui retrace un pan mal connu de notre histoire, elle croise de nombreuses personnalités : Simone de Beauvoir, Yvette Roudy, Gisèle Halimi, aux côtés desquelles elle se bat pour le droit à l'avortement et à la contraception, ainsi que pour la défense des femmes victimes de violences conjugales. Puis elle travaille avec le ministère du Droit des femmes, qui donne forme aux revendications féministes des années 70. Mais les années 68 font également chavirer les cœurs. Anne se cherche, entre hétérosexualité et homosexualité, avant de se trouver vraiment, en partie grâce à la psychanalyse. Avec humour et profondeur, Anne Zelensky-Tristan raconte ces années historiques. Son itinéraire, à la fois singulier et représentatif, mêle actions publiques et tribulations personnelles. Et surtout, elle apporte un démenti convaincant aux clichés sur le féminisme. Comme elle le dit elle-même : " L'engagement féministe s'accommode plus mal qu'aucune autre entreprise de recréation du monde de la classique division entre vie et œuvre. Son matériau est la vie même, qu'il prétend changer. Celle des autres, la nôtre. "

04/2005

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Littérature française

Les voix. Van Gogh, Tony Montana, Picasso et les autres

Il faut tendre l'oreille pour écouter la Vérité qui sort de la bouche des fous. Orner, peintre connu et reconnu, en sait quelque chose. "Un jour, j'ai été schizophrène. C'est écrit dans le compte-rendu du psychiatre. C'est une erreur d'appréciation. En réalité, j'arrivais à capter la voix intérieure de certaines personnes. J'ai commencé à entendre feu mon père, à sentir la présence de Vincent Van Gogh et à lire dans Elyza comme dans un livre ouvert. Toutes ces voix ont pris le pouvoir sur mon être. J'ai été plus ou moins assiégé. Elles étaient plusieurs à tourmenter mon esprit. Indélogeables, sournoises et revanchardes, elles voulaient s'emparer de mon âme. Elles ont eu le champ libre. Chacune a pu s'exprimer. Je pensais être cartésien, je suis devenu fou. Je pensais être fort. J'avais victorieusement fait taire mon père. Je l'avais maîtrisé, le bougre. Il a été mon premier hôte. Je ne me suis pas méfié, je l'ai laissé entrer..." Dans ce roman, Naïma Guerziz pénètre un monde où tous les verrous explosent et où l'inconscient s'autorise à détruire ou à sublimer, à cheminer là où toutes les limites géographiques et temporelles sont bannies. Elle vous offre un voyage dans l'irrationnel, à la rencontre de Vincent Van Gogh, Tony Montana, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras et beaucoup d'autres personnages connus ou pas. Quand la folie d'un homme surgit, elle met en exergue les passions, les peines et les amours indicibles, sans tabou ni hypocrisie.

03/2019

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Religion

Mystère et ministères de la femme

A l'origine de ce petit traité rédigé en 1976, on trouve les débats récurrents sur la place et la fonction de la femme dans l'Eglise, mais aussi dans la société. La lutte contre les inégalités tendait à réclamer voire imposer une "indifférence aux différences" entre les sexes. Pourquoi, au nom de cette égalité, ne pas autoriser l'accès de femmes au sacerdoce ? Louis Bouyer répond en remontant à la source (théologique) de la problématique (sociologique). Considérer la distinction et la complémentarité entre les sexes à un niveau social, historique et anthropologique ne suffit pas. Il faut s'aventurer jusqu'à prendre en compte le plus essentiel en théologie : le mystère de la vie trinitaire. Voilà pourquoi Mystère et ministères de la femme conserve toute sa pertinence aujourd'hui. La situation post-conciliaire a fourni le prétexte pour éclairer le cheminement de l'humanité, dont la dualité sexuée apparaît sinon comme un mystère, au moins comme un défi. Dans cet essai prophétique, rédigé d'une traite mais fruit de quantité de travaux, d'expériences et de méditations, Louis Bouyer a voulu "déblayer le terrain" ou "la voie" pour qu'en Eglise la femme trouve un ministère ajusté à son mystère. Né dans une famille protestante, Louis Bouyer (1913-2004) est ordonné pasteur luthérien en 1936 après des études de lettres et de théologie. En 1939, l'étude des Pères de l'Eglise le conduit vers l'Eglise catholique. Il est considéré comme l'un des plus grands théologiens français du xxe siècle.

04/2019

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Critique littéraire

Correspondances 1932-1959. Vouszenserancinq !

Boris Vian a beaucoup écrit. 10 000 pages ont été publiées, restait en suspens la correspondance. Dans les échanges avec sa première épouse Michelle se dessinent notamment l'univers de Saint-Germain-des-Prés, celui de Saint-Tropez avec ses clubs et ses personnalités hautes en couleur. Les copains - écrivains, jazzmen ou artistes - deviennent source d'inspiration, voire des personnages de son oeuvre. Boris Vian leur écrit, mais répond aussi continuellement aux missives d'admiratrices, de lecteurs anonymes passionnés de musique et aux journalistes qui n'aiment pas son style. Quant à la séquence familiale inédite qui ouvre cet ouvrage, elle résonne avec une puissance singulière. Les lettres à sa mère, surnommée Pouche, alors qu'il est en première année de l'Ecole centrale, sont particulièrement touchantes, comme ses charmants échanges plus tard avec ses deux enfants, Patrick et Carole. Ses lettres d'amour nous bouleversent, qu'elles soient coquines, drôles ou poétiques. Et puis un jour le premier amour disparaît pour refleurir ailleurs, avec Ursula, son Ourson. Si l'on connaissait son esprit facétieux et provocateur, cette correspondance révèle l'humeur parfois assombrie d'un homme qui se sait malade depuis l'adolescence et qui vit différemment. Ressort quelquefois le ton d'un écrivain blessé de ne pas avoir été compris ni sous son nom ni sous celui de Vernon Sullivan. Même si Simone de Beauvoir lui écrit avoir aimé "en gros et en détail" L'Ecume des jours ou que Raymond Queneau le soutient contre vents et marées.

08/2020

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Littérature française

La providence est une fée cruelle parfois

Sur les routes de France, entre Château-Vallon dans le Midi, et l'Ile-Saint-Louis à Paris, en Egypte, au Maroc, en Amérique du Sud, avant, pendant et après la seconde guerre mondiale, ce livre retrace le chemin de vie d'une famille, la mienne, entre 1920 et 1967 (année de mon départ de la maison), et en particulier celui de Simone Seytres ma mère. Rumeurs, médisances, mensonges, ont tenté de salir maman quelques temps avant sa mort. Atteinte dans sa dignité de femme, de mère, d'épouse et de grand-mère, elle n'a pas cherché à se défendre mais à comprendre pourquoi l'une de ses filles pouvait la condamner, la haïr peut-être. Suite à la lecture de ses carnets, gardés secrets jusqu'après sa mort, j'ai découvert l'étendue de ses peines, de son abnégation ; de ses révoltes portées avec tant d'amour et d'innocence ; le tout empaqueté dans un écrin de vie coloré de drames, d'humour, et de candeurs amicales. Je n'avais alors qu'une connaissance relative de ce que fut la vie de mes parents et j'ai infiniment regretté le manque de mots. Avant d'aborder l'écriture de ce récit, qui se veut être une transmission, un témoignage, j'ai écrit une pièce de théâtre mettant en scène trois personnalités féminines évoluant entre les années 1939 et 2008, c'était une fiction ayant pour support les écrits de maman... Je ne pouvais en rester là !

06/2017

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Critique littéraire

Le grand siècle déshabillé. Anthologie érotique du XVIIe siècle

Loin d'être une époque solennelle et froide, le Grand Siècle se révèle, d'un bout à l'autre, comme ardemment érotique. Sans doute moins connu que le libertinage du siècle suivant, cet érotisme prend des formes multiples, parfois surprenantes, en s'affirmant comme une sorte d'antidote à tous les pouvoirs, moraux, politiques et religieux. La veine populaire s'exprime de façon explosive et hilarante dans les facéties, les " chansons folâtres ", les " contes à rire ", puis, sous la Fronde, les violentes mazarinades, tandis que les " chansons de cour " brocardent sans pitié les amours des courtisans. On voit à cette même époque surgir les premiers grands textes érotiques de notre littérature : les Confessions de Bouchard, L'Ecole des filles, Le Bordel des Muses de Le Petit. Les écrits d'ecclésiastiques montrent que l'Eglise elle-même n'échappe pas à ces hantises. Objets de scandale, le saphisme et l'homosexualité masculine sont présents aussi bien dans l'oeuvre des poètes que dans les anecdotes relatées par les chroniqueurs ou les rapports de police. Certaines obsessions, en particulier la scatologie, sont perçues et exaltées comme autant d'hérésies. Les multiples amours de Louis XIV témoignent que ce souverain, loin d'être une exception, exprimait parfaitement les goûts de son siècle tout enivré d'amour et de sensualité. Nombre de textes ici rassemblés sont peu connus, sinon ignorés, et certains n'avaient même jamais été réédités. Ils sortent ainsi du purgatoire sans rien perdre de leur verve trouble et sulfureuse.

05/2017

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Cinéma

Toscan, papa et moi

Qui mieux que la fille de Daniel Toscan du Plantier, Ariane, née de son premier mariage avec la comédienne Marie-Christine Barrault, pour démêler les fils de ce père qui aurait pu être un personnage de film ou de roman ? Figure majeure du cinéma français pendant trente ans, des années 1970 à 2000, Daniel Toscan du Plantier a produit Robert Bresson, Joseph Losey, Federico Fellini, Peter Greenaway, et les plus grands films de Maurice Pialat. Son nom rime aussi avec Gérard Depardieu, Isabelle Huppert ou Isabella Rossellini. Charismatique en diable, séducteur, il faisait partie de la race, aujourd'hui disparue, de ces seigneurs qui pouvaient dépenser sans compter au service de l'art et des créateurs, quitte à faire trembler les comptables. Amoureux des femmes, marié à plusieurs reprises, et père de cinq enfants, ce grand homme public reste, pourtant, un mystère. Alors qui mieux que sa fille, Ariane, née de son premier mariage avec la comédienne Marie-Christine Barrault, pour démêler les fils de ce père qui aurait pu être un personnage de film ou de roman ? Ariane, devenue, au fil du temps, et par sa seule volonté, une femme de cinéma influente, et attachée, aujourd'hui, à entretenir et promouvoir le patrimoine Gaumont, dont les grandes productions de... Daniel. Une fille qui a papa dans son " catalogue " autant, sinon plus, que dans ses albums de photos de famille. En racontant son " Toscan " à la première personne, et leurs rapports filiaux, Ariane sort de l'ombre et ranime l'héritage de son père.

05/2019

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Critique littéraire

Jacques Prévert en vérité

" Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ", " T'as de beaux yeux, tu sais ! ", " Souviens-toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là ", " Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi "... Ces répliques et ces vers flottent dans toutes les mémoires. Mais on ne sait pas toujours qu'ils sont de Prévert, ni quel homme fut l'auteur, avec Paroles, du plus grand succès de la poésie française. Né, il y a mi siècle, aux franges un peu bohèmes de la bourgeoisie, ce Parisien typique, " anar " et élégant, gouailleur et lyrique, commença par exercer divers petits métiers tels qu'employé, fort peu modèle, aux magasins du Bon Marché. Un temps compagnon de route des surréalistes, rue du Château puis des communistes, avec la troupe théâtrale du Groupe Octobre, la notoriété lui vint au cinéma, où, associé à Marcel Carné, il signa le scénario et les dialogues de plusieurs chefs-d'œuvre : Drôle de drame, Le jour se lève, Les Visiteurs du Soir, Les Enfants du paradis... En 1945, Paroles, recueil de poèmes publiés au hasard des revues, lui vaut de devenir poète de l'après-guerre. Rebelle aux appartenances et aux mots d'ordre, Prévert fut cependant l'homme des amitiés. Elles tissent son existence : de Marcel Duhamel, le créateur de la Série Noire, et Yves Tanguy à Picasso, Yves Montand, Simone Signoret. Et, autant que son histoire, c'est celle de la " bande " dont il était l'éblouissant animateur qu'Yves Courrière fait revivre dans une biographie foisonnante.

01/2000

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Littérature française (poches)

Thérèse et Isabelle

Voici "Thérèse et Isabelle" tel que Violette Leduc l'avait écrit à l'origine, avec ses pages inédites âpres et précieuses, sa langue nue et violente qui témoignent d'une liberté de ton qu'aucune femme écrivain, en France, n'avait osé prendre avant elle. "Thérèse et Isabelle" constituait la première partie d'un roman, Ravages, présenté aux Editions Gallimard en 1954. Jugée "scandaleuse", elle fut censurée par l'éditeur. C'est au printemps 1948 que Violette Leduc, encouragée par Simone de Beauvoir, entreprit la rédaction de ce texte auquel elle va consacrer trois années. Le défi était de taille : "J'essaie de rendre le plus exactement possible les sensations éprouvées dans l'amour physique. Il y a là sans doute quelque chose que toute femme peut comprendre. Je ne cherche pas le scandale mais seulement à décrire avec précision ce qu'une femme éprouve alors. J'espère que cela ne semblera pas plus scandaleux que les réflexions de Madame Bloom à la fin de l'Ulysse de Joyce. Toute analyse psychologique sincère mérite, je pense, d'être entendue". Au début des années soixante, Violette Leduc greffe une partie de "Thérèse et Isabelle" dans le troisième chapitre de La Batârde : elle supprime des passages, resserre des pages, atténue des métaphores, modifie le déroulement de quelques dialogues ; Thérèse est métamorphosée en Violette. L'autre partie est publiée séparément en juillet 1966. Aujourd'hui, enfin, paraît Thérèse et Isabelle comme une oeuvre en soi, dans sa cohérence initiale et sa continuité.

10/2013

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Littérature française

La Déchirance. Ne pas savoir d'où l'on vient

1957 en Lorraine. Pour Juliette et Jacques le destin paraît scellé : leur mère biologique signe l'abandon de ses enfants auprès de l'Assistance Publique. De nourrices en familles d'accueil, l'école de la vie est rude, sans concession, rythmant ainsi l'évolution d'une enfance sans âme, parsemée d'anecdotes sordides. Devenus adultes, Juliette et Jacques n'ont de cesse de trouver des réponses : qui sont leurs parents ? Quels secrets entourent leur naissance puis leur abandon ? Leur permettra-t-on de s'intégrer dans leur vraie famille ? Retrouveront ils Monsieur, Madame Linke et leur petit Tommy ainsi que le commandant de marine Fournier qui entreprirent des démarches d'adoption avant de renoncer ? Des retrouvailles enfin !...au terme de recherches désespérées, pour la réhabilitation d'une identité avortée, le déni de deux naissances, mais des "pourquoi" demeurent malgré une singulière pugnacité. Et puis le départ de "l'héroïne" : la mère tendresse, la mère protectrice, la mère consolatrice ? : rien de tel sinon que la femme rejettera ses enfants jusqu'à son dernier souffle. Une démonstration d'amour aussi, bien au-delà de la mort. Une leçon de ténacité, d'espoir, illuminée par l'humanité et la compassion. Un plébiscite contre la culture du secret de l'identité et pour l'accès aux origines. A l'heure où les médias parlent avec une certaine complaisance de la gestation pour autrui sous diverses formes, avec comme point d'appui la satisfaction des adultes, Hélène Dartig rappelle la souffrance durable, pesante, lourde d'angoisse qu'est la vie sans en connaître ses origines.

11/2016

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Littérature française (poches)

Chercheurs d'ombres

Quel rapport y a-t-il entre Bruno Schulz et Joë Bousquet, Ida Lupino et un voyage chez les fous en compagnie de Wang Bing, la sirène Ondine et les premiers films de Sharunas Bartas, les duos de soeurs et un roman sur la guerre du Vietnam, les lettres de Rainer Maria Rilke sur la nécessité de se mettre sans cesse en danger quand on prétend créer et la fameuse " Lettre à un ami lointain " de Cioran, la philosophe Maria Zambrano qui se définissait comme une éternelle étrangère et les " veilleurs de nuit, de jour et de rêve " chez Stanislas Rodanski ? Aucun rapport, sans doute, sinon que ce sont, à travers l'évocation de ces figures ou de ces singularités, autant de tentatives d'élucider le mystère des passants qui choisissent l'ombre, se dissimulent dans l'ombre, ont été rejetés dans l'ombre, autant de tentatives aussi de faire parler la bouche d'ombre, de permettre à la part obscure d'entonner l'éloge de ce qui chante dans les ténèbres. Il y a une griserie à se projeter en pleine lumière, mais il y a peut-être une ivresse plus grande pour les artistes présents dans ces pages à se tenir en retrait et à être les habitants de cette " Nuit obscure " tant vantée par saint Jean de la Croix : ceux-là savent que c'est dans les zones d'ombre, si riches de contradictions, de paradoxes, de questionnements, que naissent les intuitions les plus fécondes.

10/2017