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Revue Lignes N°67. Résistance et organisation

Face aux échéances électorales en France, et dans un contexte politique international toujours plus inquiétant, il s'agit encore et toujours, mais peut-être plus que jamais dans l'histoire de la revue, de prendre la mesure de la pensée, de sa responsabilité, et de sa puissance même, en vue de l'action. Canguilhem, dans les années 1930, citant le Rouge et le Noir de Stendhal, appelle à s'organiser face au fascisme : " Quelle est la grande action qui ne soit pas impossible au moment où on l'entreprend ? C'est quand elle est accomplie qu'elle semble possible aux êtres du commun. " Il s'adresse ainsi aux lycéens : " Le problème est de choisir entre une attitude de soumission aux contingences historiques ou aux nécessités, qu'on les estime métaphysiques ou physiquement fondées, et une attitude de résistance ou plutôt d'organisation. " Attitude de résistance et d'organisation : et si c'était cela qu'il fallait à nouveau penser pour l'action immédiate ? Le dilemme semble marqué : pensée et action s'opposeraient de fait. La pensée, tout au plus, inspirerait l'action, mais serait impuissante à en constituer une. Supposons le contraire. En commençant de nous poser cette question : pourquoi, à chaque fois, c'est le péril fasciste qui repose, même à nouveaux frais, la question de l'action, quand la situation précédente, qui a nourri ce péril, ne la posait pas, ou pas assez ? Cette autre question : de quelle marge de manoeuvre (organisationnelle même) nos pensées disposent-elles lorsque monte de tout bord et dans tant de pays ce péril - qui ne remonte pas que de son tripot historique d'extrême droite (RN), mais de l'informe populisme aussi bien, des partis supposément républicains même (lesquels en sont rendus à manifester avec la police contre la justice) ? Supposons la pensée elle aussi de capable de puissance pratique, de puissance stratégique aussi bien que de puissance conceptuelle. Faire le futur, défaire le présent, refaire le passé : c'est sans doute à ces conditions que nous serons assez nombreux pour faire barrage à ce que les instituts de sondages donnent comme sûr.

02/2022

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Histoire de la philosophie

Athènes et Jérusalem

Tome X de ses oeuvres complètes telles qu'il les avait lui-même conçues, achevé en avril 1937, un an avant sa mort, Athènes et Jérusalem est le dernier grand livre publié de Chestov, et donc l'aboutissement de sa réflexion sur l'opposition entre la sagesse philosophique (Athènes) et la révélation religieuse (Jérusalem). Chestov résume lui-même dans sa préface la visée du livre : "mettre à l'épreuve les prétentions à la possession de la vérité qu'émet la phi- losophie spéculative" . La connaissance ne justifie pas l'être, c'est le contraire qui est vrai : "L'arbre de science n'étouffe plus l'arbre de vie". La première partie, écrite en 1929, montre qu'en poursuivant le savoir, les philosophes ont perdu la liberté : Parménide est enchaîné. La deu- xième partie, "Le Taureau de Phalaris" , achevée en 1931 et composée de chapitres consacrés à Nietzsche, Socrate et Kierkegaard, fait appa- raître le lien indestructible entre le savoir tel que le comprend la philo- sophie et les horreurs de l'existence humaine. La troisième montre les efforts infructueux de la philosophie médiévale pour concilier la vérité biblique, révélée, avec la vérité "prouvée" . La quatrième partie, intitu- lée "La seconde dimension de la pensée" et composée d'aphorismes notés sur des carnets de travail des années 1925-1929, montre que les vérités de la raison nous contraignent peut-être, mais qu'elles sont loin de nous persuader toujours. Un même effort soulève les quatre parties du livre : rejeter loin de soi les vérités inanimées et indifférentes à tout, qui sont les fruits de l'arbre de la science. Chestov leur oppose une "philosophie religieuse" qui prend sa source dans l'acceptation absurdement paradoxale que pour Dieu, rien n'est impossible. ""Athènes et Jérusalem", "la Philosophie Religieuse"... , ces expressions coïncident presque, elles ont presque le même sens et elles sont aussi énigmatiques l'une que l'autre et irritent au même degré la pensée contemporaine par la contradiction qu'elles recèlent. Ne vaudrait-il pas mieux poser le dilemme : ou bien Athènes, ou bien Jérusalem ? Ou bien la religion, ou bien la philosophie ? " Léon Chestov, "Sagesse et Révélation" , préface à Athènes et Jérusalem, 1937.

10/2023

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Beaux arts

Musées & recherche : vulnérabilité, scrupules, dilemmes

Les rencontres professionnelles " Musées et Recherche " s'appuient sur les alliances entre communautés muséales et universitaires. Elles sont nées dans le cadre d'une coopération entre l'Ocim et l'équipe de recherche de Joëlle Le Marec (ENS de Lyon, puis Cerilac-université Paris Diderot, Celsa-université Paris Sorbonne actuellement). Dès le départ, elles ont été envisagées comme un temps et un espace de partage et d'initiative entre les professionnels des musées et des chercheurs, tous également concernés par la confrontation entre missions de service public et management de l'activité, entre la force des ententes implicites et la fragilité des modalités souvent informelles de coopération culturelle et scientifique. Ces rencontres s'inscrivent dans un dialogue interprofessionnel et interinstitutionnel. Les troisième et quatrième éditions des rencontres " Musées et Recherche ", ont permis d'examiner successivement des situations de précarité et d'incertitude professionnelle chez les jeunes chercheurs et acteurs culturels en muséologie, puis des dilemmes et des scrupules dont se soutiennent les engagements. La proximité des savoirs qui s'élaborent et se partagent depuis la précarité et le dilemme, de manière le plus souvent très informelle, est si forte et si transversale au monde muséal et universitaire, que nous avons choisi avec les intervenants et les auteurs, de mêler dans un seul ouvrage les réflexions relatives à la condition professionnelle contemporaine des jeunes chercheurs et acteurs culturels et la problématisation des situations de dilemmes dans le quotidien des métiers intellectuels de service public. Dans cet ouvrage, les chercheurs, doctorants et professionnels partagent et croisent leurs expériences, réflexions et questionnement. Ainsi, dans la première partie l'hybridité et la précarité deviennent des situations qui nécessitent des ajustements mais également créent des occasions de partage des savoirs pour questionner son métier et son contexte. Les auteurs développent une autre problématique dans la seconde partie de l'ouvrage : le partage sur/autour de la recherche et de l'expérience professionnelle qui peut être également, dans des contextes fortement contraints, l'occasion de réfléchir à nos manières de saisir, vivre et traiter ce qui est source de dilemmes et de les relier (ou pas) à des formes d'engagement.

05/2019

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Philosophie

Commentaire de l'Euthyphron de Platon

"Aux Etats-Unis surtout, mais aussi, à divers degrés, dans les pays d'obédience anglo-saxone, l'Euthyphron est un dialogue très prisé au point de servir d'introduction à des enseignements de logique dans la mesure où il est considéré comme un bon exercice dans ce domaine en raison du morceau 10 a-11 b, si âprement disputé". "Ce morceau "logique" revêt également une dimension que l'on est forcé de considérer comme "théologique" dans la mesure où une tendance significative du commentarisme, allant sans doute bien au-delà de la préoc-cupation initiale de Platon, voit dans le dilemme ("Le pieux est-il pieux parce que les dieux l'aiment, ou les dieux aiment-ils le pieux parce qu'il est pieux ? ") l'expression d'un débat théologique général : le Bien est-il le Bien parce que Dieu le commande ou bien Dieu commande-t-il le Bien parce qu'il est le Bien ? " [C'est ce problème que les Anglo-Saxons appellent Euthyphro Dilemma]. "Deux autres thèmes retiennent également l'attention, et cette fois davantage celle des spécialistes. L'un, qui ouvre le dialogue, porte, au-delà de la distinction entre dikè et graphi, sur des aspects essentiels du droit grec ancien. Le second, qui conclut le dialogue, à la suite du fameux morceau 10 a-11 b, retrouve un problème classique du premier platonisme, la nature et/ou l'unité des vertus à travers le rapport entre Piété et Justice". "En France, et dans le monde francophone en général, on peut déplorer un certain retard qu'accusent les travaux d'interprétation de l'Euthyphron. En dehors de l'Euthyphron de Platon, dû à Jean-Yves Chateau, il n'y a guère que le récent ouvrage de Dan Solcan : La piété chez Platon. Une lecture comparée de l'Euthyphron et de l'Apologie (Paris, L'Harmattan, 2009)". Le but de ce travail très méticuleux de Djibril Samb est de combler le retard de la France et du monde francophone par rapport au monde anglo-saxon dans le commentarisme de l'Euthyphron.

05/2017

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Théâtre - Pièces

Shakespeare - Tragédies - T.1 - Editions bilingue francais/a

Le plus grand magicien des mots de toute l'histoire du théâtre. Le texte original avec, en regard, une nouvelle traduction française due à une équipe de quinze spécialistes internationalement connus. La seule édition bilingue complète. Shakespeare est, sans aucun doute, l'un des géants de la littérature mondiale. Il domine, et de très haut, le paysage littéraire, aux côtés d'Homère, de Dante, de Goethe. En France, toutefois, il n'a pas connu la même fortune que ces derniers. Bien au contraire. L'histoire des traductions et des adaptations de Shakespeare, de Voltaire à Vigny, de François-Victor Hugo à Gide et jusqu'à nos jours est, aussi, l'histoire d'une infortune, d'une incompréhension. Comment échapper au dilemme entre une adaptation plus ou moins libre (une belle infidèle) et une version interlinéaire ? En mettant sous les yeux du lecteur à la fois l'original anglais et une nouvelle traduction française. Pas n'importe quel original, mais celui qui correspond à l'état le plus récent de la recherche shakespearienne en Angleterre : les Complete Works publiés par les plus grands universitaires d'Oxford en 1986. En regard de la dernière version revue de l'édition d'Oxford (1993), les meilleurs spécialistes français ont donné de nouvelles traductions, tenant compte à la fois des exigences de la scène et des qualités littéraires des textes. Une pièce de théâtre n'est pas, d'abord, destinée à la lecture ; elle doit être "parlée". Une riche annotation, des introductions, des préfaces à chacune des pièces, un "Dictionnaire de Shakespeare", une chronologie, un répertoire des personnages font de cette édition un instrument de travail incomparable. Cette édition bilingue des Ouvres complètes de Shakespeare comporte huit volumes : deux volumes de "Tragédies", deux volumes de "Pièces historiques", deux volumes de "Comédies" et deux volumes contenant les "Tragi-comédies" et les "Sonnets". Elle est placée sous la direction de Michel Grivelet et Gilles Monsarrat, connus pour leurs travaux sur Shakespeare et le théâtre élisabéthain. Les traductions des "Tragédies" sont dues à Victor Bourgy, Michel Grivelet, Louis Lecocq, Gilles Monsarrat, Jean-Claude Sallé, Léone Teyssandier, qui sont également responsables des présentations, des notes et du "Dictionnaire de Shakespeare".

01/2023

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Algérie

Le coup d'éclat en Algérie. De la naissance du FIS aux législatives avortées de 1991

Plus de vingt ans avant le " printemps arabe " de 2011, l'Algérie a connu le sien, rapidement transformé en un hiver sanglant. En 1989, quelques mois après un soulèvement populaire contre le régime du parti unique, violemment réprimé, le président Chadli Bendjedid, ancien colonel, lance un processus démocratique audacieux malgré les réserves de l'armée qui l'avait porté au pouvoir dix ans plus tôt. Au lieu d'organiser immédiatement une transition après le mouvement de protestation et de partir à sa suite, il a préféré piloter lui-même le chantier des réformes politiques dans le sillage de la chute du mur de Berlin, se rêvant en " Gorbatchev algérien ". Il légalise le multipartisme et le pluralisme syndical, ouvre le champ médiatique, amnistie les détenus politiques et autorise les dirigeants exilés à rentrer au pays pour participer au processus démocratique en marche. Inquiété tout de même par la montée en puissance des islamistes sur fond de révolution iranienne et de guerre en Afghanistan, il dote le pays d'une Constitution interdisant la création de partis sur une basse confessionnelle. Au mépris de la loi fondamentale, il reconnaît quand même le Front Islamique du Salut (FIS) qui se donne pour objectif de mettre en place un Etat Islamique et de balayer la démocratie une fois arrivé au pouvoir. Le " parti de Dieu " frôle la majorité absolue dès le premier tour des législatives en décembre 1991 et se retrouve aux portes du pouvoir. L'armée, soutenue par une partie du courant progressiste et laïc, refuse l'avènement d'un " régime théocratique totalitaire " qui a déjà affiché son caractère violent. Elle demande au chef de l'Etat de stopper le processus électoral. Face à un dilemme insoluble, Chadli Bendjedid choisit de quitter le pouvoir. A-t-il été renversé par ses compagnons qui l'ont porté à la plus haute fonction en 1979 ou leur a-t-il spontanément remis le pouvoir. Son départ en janvier 1992 fut en tout un cas un immense coup d'éclat qui a entraîné le pays dans une décennie de violences généralisées.

03/2023

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Histoire de la pensée économiq

Friedrich List et l'économie politique des nations

Parce qu'il a vécu dans l'Allemagne de la première moitié du XIXè siècle, pays pauvre et en retard, List a magistralement compris le dilemme des pays émergents. Soit ces pays imitent l'économie du pays dominant, acceptent le jeu du libre-échange et ils tombent dans une dépendance sans cesse accrue à l'égard du monde extérieur. Soit ils s'efforcent de se frayer une voie originale vers le développement en préservant leur souveraineté. Pour y parvenir, il est nécessaire que ces pays rompent avec la vulgate libre-échangiste et mondialiste en s'appuyant sur le rôle de l'Etat développeur et du protectionnisme éducateur. Depuis un siècle et demi, tous les pays émergents comme l'Allemagne, les Etats-Unis, la Russie et le Japon à la fin du XIXe et durant le XXe siècle, ont emprunté ce chemin, suivis ensuite par les pays du Sud-Est asiatique et, enfin, par la Chine aujourd'hui. Ce livre comporte quatre parties principales : La première porte sur List et sa théorie du développement économique des nations. La seconde traite de l'influence de la pensée de List à l'ère des nationalismes économiques (1870-1945) La troisième aborde la question de l'influence de la pensée de List à l'ère des indépendances et des décolonisations. La quatrième partie étudie l'actualité de la pensée de List à l'ère de la démondialisation et du retour des nations. Elle constitue le prélude à l'élaboration d'une économie politique des nations adaptée à notre temps. AUTEUR Yves Pérez est économiste. Il a été professeur et doyen de la faculté de droit, économie et gestion de l'Université Catholique de l'Ouest à Angers. Il est à présent professeur émérite et il enseigne également aux écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan. Il a publié plusieurs livres dont, en 2015, le "Manuel d'économie politique" et, en 2017, "Histoire de la pensée économique", aux éditions ellipses. Par ailleurs, il est l'auteur de "Les vertus du protectionnisme : crises et mondialisation, les surprenantes leçons du passé" , en 2020 aux Editions de l'Artilleur et "Protéger ou disparaître : le débat français sur le protectionnisme" , en 2021, aux éditions Perspectives Libres.

06/2022

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Critique littéraire

L'auteur, l'autre. Proust et son double

En mars 1921, quand les plaisirs et les jours viennent à manquer et qu'il est entré dans la phase finale de la recherche du temps retrouvé, Proust écrit une étrange lettre à un jeune homme, Thiébault Sisson. A lui, un inconnu qu'il aimerait connaître, comme à ses amis, ses proches, ses amants, il ne cesse de se dire mourant. Ça finira par arriver, un an et demi plus tard. Dans cette lettre, il inclut un article d'une dizaine de pages, assez plat mais extrêmement louangeur de La recherche . Croyant sans doute qu'on n'est jamais mieux critiqué que par soi-même, il souhaite le faire publier anonyme ou pseudonyme sous l'intitulé : L'esthétique de Marcel Proust. Proust par Proust, donc, mais sans son nom. L'auteur et l'homme qui vit et meurt sont deux. L'auteur, c'est toujours l'autre, écrivait-il dans le Contre Sainte-Beuve . C'est ce texte qui sert de noyau, avec d'autres lettres inédites, à une sorte de roman essai ou de nouvelle par lettres. Une histoire de pseudonymie, de dédoublements, de feintes, d'immortalité, de nom d'auteur, de critique littéraire. Un étrange ballet d'ombres que ce théâtre où l'on voudrait bien ne pas être celui qu'on est et vivre sur le papier ce qu'on ne vivra jamais, qui s'appelle un roman. Quel est le statut de ce texte de Proust ? Une autocritique ? La recherche contient une critique et une analyse de l'oeuvre autrement plus juste et profonde. Un autoportrait masqué ? Une épitaphe ? Qui vit ? Qui meurt ? Qui écrit ? L'autre, le jeune homme, mourra aussi. La lettre ne sera jamais publiée. Comme dans toutes les histoires de double, l'un est l'autre. Sur quoi mon livre est-il écrit ce que ce que c'est qu'être auteur, auto citation, auto plagiat, autocritique mots volés, prêtés, jamais rendus ; sur les rencontres amoureuses ; sur la vie parmi les autres ou parmi les livres ; sur ce dilemme : vivre sa vie ou l'écrire. L'écriture est-elle vraiment " la vraie vie " comme l'écrit Proust dans Le temps retrouvé ? Sur qui ce " Proust par lui autre ", si j'ose dire, est-il écrit ? Marcel et Proust, Proust et Proust ou bien Proust et moi. Je ne sais. (Michel Schneider)

10/2014

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Critique littéraire

Cahiers Saint-John Perse Tome 18 : Une lecture de Vents de Saint-John Perse

Saint-John Perse a composé Vents pendant l'été 1945, alors qu'il séjournait, comme chaque été, sur une petite île du Maine (Etats-Unis). C'était le sixième été de l'exil, depuis que, au mois de juin 1940, Alexis Leger, le diplomate, avait été relevé de ses fonctions de Secrétaire général du Quai d'Orsay par Paul Reynaud. Du fond du silence et de la solitude, l'appel de la poésie s'était à nouveau fait entendre, elle qui avait été laissée en retrait depuis Anabase. Et avec le recueil, d'abord intitulé Quatre poèmes-1941-1944, puis Exil, un cycle s'était clos. Celui de l'exil politique la libération de la France occupée pouvait laisser légitimement prétendre à une réhabilitation du proscrit. Celui de l'exil poétique : Perse avait appris le sacrifice du passé et le dialogue imaginaire avec les gens de peu, sur les chantiers et les cales désertées par la foule, après le lancement d'une grande coque de trois ans. Le thème n'était bientôt plus de circonstance. Or, dans les mois qui précédèrent Vents, Saint John Perse se trouva face à un dilemme majeur : il allait falloir choisir entre la reprise de la vie publique du haut fonctionnaire - mais quelle serait-elle? - et la construction d'une grande œuvre poétique - mais serait-elle entendue? On sera peut-être surpris d'apprendre que c'est le poète qu'il avait eu l'intention durant l'été 1944 d'étrangler, devenu trop inopportun pour la préparation pratique à une vie nouvelle (lettre à Mrs Francis Biddle). Vents est donc le résultat inattendu d'une crise du renoncement, aussi grave que la nuit de Gênes pour Valéry. Finalement, Saint-John Perse a voulu demeurer chez ses amis américains, quitte à s'installer dans une posture fictive d'exilé. Dans son poème, il traverse les Etats-Unis, à cheval, d'Est en Ouest. Aurait-il tourné le dos à la vieille Europe blessée et renoncé à y faire entendre sa voix? Ou bien, serait-ce que la hauteur de sa monture et la distance de l'Atlantique fussent les seuls lieux d'où il réussissait à parler aux hommes de son pays? Poussé en avant par la force des vents, par le rythme entraînant du verset et les rebonds inouïs des images, le lecteur n'a pas toujours conscience du drame qui se joue dans Vents : les destinataires ardemment sollicités y sont absents.

11/2006

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Littérature française

Au diable vos totems !

DEDICACE A : Clément Dieng, Aloyse Diouf, Amath Diallo, Modou Fall Au diable, vos totems ! retrace la vie d'un ancien combattant de l'armée coloniale française qui voue une admiration quasi pathologique à la France et au Général de Gaulle. De retour en Afrique plus démuni que jamais, Farah consacre le reste de son existence à l'affirmation de la foi chrétienne et à la vulgarisation du mode de vie occidental. Le soldat de Toulon vit si obstinément son sacerdoce que les cris de détresse de sa propre famille ne font aucun écho dans son âme chrétienne, surtout ceux de son épouse, courageuse battante tenaillée par la maladie, les privations et son dilemme spirituel. Or, il subsiste d'énormes quiproquos jamais élucidés entre Farah et Père Bonnet, le missionnaire catholique dont les récurrentes colères noires constituent une véritable hantise pour toute sa congrégation. La première victime du prêtre blanc, Jean-Paul, n'est personne d'autre que le fils aîné de Farah, qui s'est vu contraint de fuir le village à cause de ses cuisants échecs en langue française. Voyant que le symbole et l'inamovible Judas Iscariote représentent un danger permanent, le jeune élève quitte sa famille et emporte avec lui un singulier trophée de guerre, mais ironiquement, l'objet en question se transmue en une ombre mystérieuse qui ne lui laissera aucun répit dans son refuge " édénique ". Au bout d'une quête effrénée de liberté loin des geôles de l'école de Père Bonnet, Jean-Paul se retrouve nez à nez avec les totems de ses ancêtres longtemps exaspérés par les volte-face spirituelles de Farah et de son épouse, mais également par les multiples agressions du prélat et de son église. Au passage, l'auteur titille le monde de l'éducation en décrivant la quasi-hibernation de fonctionnaires en poste dans des hameaux africains où la simple survie dépend fortement des capacités à dompter la peur de mourir de faim ou de maladie. Si des esprits iconoclastes tels que Mbaye Cabral succombent aux contraintes inhérentes à leur sacerdoce, d'autres combattants du savoir comme Monsieur Diouf réussissent le pari de semer les graines de la connaissance dans un sol aride où ils sont constamment guettés par les dysenteries, les crises d'anémies, les difficultés financières et ... des poissons aux yeux glauques.

09/2020

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Revues

L'atelier du roman N° 111 : Adalbert Stifter. Avant que la nature disparaisse

Un numéro consacré à Adalbert Stifter (1805-1868) peut paraître surprenant vu l'intérêt de L'Atelier du roman pour les romanciers qui ont durablement marqué l'histoire et l'art du roman. Natif de Bohême, pays faisant à l'époque partie de l'Empire autrichien, Stifter a très peu voyagé. Et, étant Inspecteur des écoles primaires en Haute-Autriche, il a peu habité la Vienne cosmopolite. Peintre et prosateur, avec plusieurs romans et recueils de nouvelles à son actif, Stifter est resté très réfractaire aux grands bouleversements artistiques et culturels qui ont commencé à secouer l'Europe au milieu du XIXe siècle. Il est considéré, en général, comme l'un des initiateurs de l'esthétique biedermeier, esthétique magnifiant les valeurs de la famille et de la vie campagnarde. Ce qui ne l'a pas empêché d'obtenir l'approbation de ses contemporains, ainsi que des grands écrivains de tous bords allant de Nietzsche à Kafka et de Walser à Kundera. Signalons de surcroît que l'oeuvre de Stifter continue à être traduite et à fasciner un grand nombre de lecteurs. Comment expliquer cet intérêt pour une oeuvre à première vue si résolument tournée vers le passé ? Difficile d'y répondre si on juge les écrivains selon le seul critère du progrès. Mais le dilemme chez Stifter n'est pas de choisir entre le progrès et l'immobilisme, mais entre l'accélération tous azimuts prônée par la science contemporaine et la lenteur qu'impose le rythme de la nature. Toute sa littérature, déployée sur fond de la grande nature, est un effort minutieux et permanent pour empêcher nos sens d'être engloutis par le timing scientifique. Observer, encore et toujours observer. S'émerveiller devant le miracle infini de la nature. Certes, Stifter n'a pas marqué l'histoire du roman. Mais il a marqué, d'une manière inimitable, l'histoire de l'humaine condition : l'homme qui ne s'émerveille pas devant une fleur sauvage est perdu tant pour la nature que pour le savoir. Dans le reste de la matière, à part nos chroniques venues du Québec, des Etats-Unis et de l'Allemagne, et les pages de critique littéraire, signalons l'article de Riccardo Pineri sur le mythe des origines et celui de Fernando Arrabal sur les vertus pédagogiques des grands-mères. Et comme dans chaque livraison, l'ensemble accompagné des dessins humoristiques de Jean-Jacques Sempé.

12/2022

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XVIIe siècle

Je n'appellerai pas à l'aide Tome 1

Irlande, 1685-1729. Dès le début du livre, nous sommes transportés dans l'ancien ordre gaélique : école de poésie, festins des chefs de clan, course de chevaux et Cour de Bardes. Mais la Guerre des Deux Rois mène à la trahison de Limerick, et nous accompagnons le héros, Egan O'Rathaille, sous l'oppression, puis dans la résistance, et lors d'une très éclairante tour des Grandes Maisons du Munster. Il brave les épreuves les plus cruelles sans renoncer, jusqu'au délirant voyage dans les sept vallées de son esprit. Après nous avoir promenés des allées vertes du Kerry au couloirs du pouvoir de Dublin, l'auteur nous entraîne sur la frégate d'un corsaire en guerre, puis sur l'île de Monstserrat aux Antilles ; il nous présente des dizaines de personnages qui viennent de chaque couche de la population. Leurs amours sont tragiques, fortes ou frivoles, et leurs destins sont clivés comme celui de leur pays. L'écriture évolue de scène en scène : poétique, liée ou coupée selon l'ambiance, comme ces mélodies tour à tour sombres et entraînantes qui animent encore les soirées irlandaises. Cette immense fresque illumine le demi-siècle le plus noir de l'histoire de l'Irlande, et met en honneur la poésie gaélique classique, mais c'est surtout un monument au courage d'un homme qui - dit tout simplement - avance malgré tout. Tome 1. Irlande 1688 : le régime triomphant de Guilllaume d'Orange entreprend d'éradiquer la culture gaélique. Egan O'Rathaille, qui deviendra le plus grand poète de sa génération, brave toutes les interdictions et sa tête est mise à prix. Le durcissement des lois punitives lui fait comprendre que l'enjeu n'est pas seulement sa propre survie, mais celle de toute une littérature millénaire. Egan s'engage aux côtés des derniers chefs rebelles : O'Mahony attend l'aide française et espagnole, Fitzmaurice prône l'insurrection, MacCarthy veut combattre la loi par la loi. Tous veulent remettre Jacques II sur le trône, mais seront ballottées par les guerres qui éclatent en Europe et jusqu'aux Antilles. Surgit alors un drame cruel qui brise la famille d'Egan et le pousse au seuil de la déraison. Il est confronté à un dilemme tragique : doit-il renoncer à écrire, ou poursuivre même si la langue est sur le point de disparaître ? Sauf exception, seules quelques strophes des poèmes apparaissent dans le récit. Ils sont disponibles en entier sur le site www. alphonsusstewart. org

01/2023

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Loisirs

Deuxième tour du monde de la magie et des illusionnistes

Après avoir terminé un Tour du monde de la Magie et des Illusionnistes, plusieurs impressions me venaient à l'esprit. L'idée première lors de la rédaction de cet essai fut d'exhumer des notices biographiques de magiciens connus ou retombés dans l'oubli, de synthétiser la corporation en y ajoutant des revues, du vocabulaire propre à l'exercice, et des lieux aujourd'hui disparus. Avec le recul, le premier écueil semble avoir été celui des célébrités et du dilemme posé : ne pas les inclure, c'était la colonne vertébrale de la profession qui se disloquait, en omettre quelques-unes semblait donc pardonnable. L'esprit critique permet de corriger les lacunes indissociables à tout travail. Restait le traitement des oubliés de la scène : pourquoi citer des inconnus ? Fallait-il s'attarder sur des artistes, véritables feux follets incapables d'éclairer la scène de leur époque et donc de notre siècle ? Le choix, encore une fois discutable, fut au contraire de s'y attarder, mieux d'en explorer la voie, partant du principe que le plus anecdotique des illusionnistes mérite citation. Malheureusement ce postulat n'est guère acquis compte tenu du caractère prolixe de ce monde enchanteur. Alors ? Ce travail de recensement, devait-il finalement s'apparenter à un simple annuaire de la profession ? En guise de réponse, le choix d'un second tome s'imposa afin de ramener dans ses nouvelles pages, les protagonistes passés à travers les mailles d'un premier filet pour le moins subjectif. Un libre arbitre, toujours discutable, déterminant là encore les limites d'un territoire, où l'on notera une présence féminine supérieure au premier volume. Ce panorama de la Magie reste donc par définition inachevé, à l'image de l'histoire de l'Illusionnisme. Son but est de divertir et de venir un jour s'imbriquer dans la bibliographie très dense des recueils historiques sur la profession, même si des lecteurs analyseront cet objectif sous le prisme de l'ethnologie. Ces démarches doivent s'interpréter comme un hommage posthume et collégial rendu aux acteurs du merveilleux, réunis au fil de 1 132 notices (sur les deux tomes), pour un ultime spectacle sur lequel le rideau ne devrait jamais retomber. Avant d'entamer la lecture de ce second tome, et pour conclure ce court préambule, je me permets de vous livrer une pensée de Rodlfo (1911-1987, voir notice) qui résume parfaitement l'exigence de l'art magique : "Un artiste satisfait de lui-même n'est pas un artiste, il est mort".

06/2012

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Finance internationale

Entre dollar et cryptomonnaies. Le défi des sanctions pour l'Europe

L'ouvrage analyse les retombées des sanctions américaines sur les entreprises européennes alors que l'arrivée des crypto-monnaies étatiques affaiblit la place du dollar. Il propose un regard, à la croisée de l'économie, du droit et de la politique, des enjeux et perspectives avec une dimension professionnelle pratique. L'ouvrage analyse les retombées des sanctions américaines sur les entreprises européennes alors que l'arrivée des cryptomonnaies étatiques affaiblit la place du dollar. Il propose un regard, à la croisée de l'économie, du droit et de la politique, des enjeux et perspectives avec une dimension professionnelle pratique. Les sanctions extraterritoriales américaines sont au paroxysme de leur impact. Jamais la masse des entités sous sanctions secondaires américaines n'a été aussi large ni l'extraterritorialité si forte. Le retrait de l'Accord sur le nucléaire iranien, maintenant les entreprises européennes dans le champ commercial exclusif américain, en témoigne. Malgré les efforts de l'UE, avec des instruments juridiques dédiés, ses entreprises cèdent la place à leurs concurrents asiatiques. En revanche, l'impact général des sanctions se réduit face aux initiatives russes ou chinoises montrant ainsi les limites des sanctions secondaires. L'apparition de cryptomonnaies, dont se saisissent les banques centrales, modifie les règles. Celles-ci sont l'aboutissement d'un lent effritement de l'efficacité des sanctions américaines en raison de sa dimension systémique. La Chine, à la suite de la Russie, est désormais un acteur actif des sanctions économiques et surtout viables grâce à son poids économique. L'apparition de cryptomonnaies étatiques vient alors accélérer la dédollarisation de l'économie et permet la connexion stable de la masse sanctionnée avec l'économie mondiale. Un système financier alternatif sécurisé devient alors crédible. Les différents acteurs économiques et politiques doivent désormais anticiper et s'adapter. Les Etats-Unis ont tardivement pris la mesure de la situation et font face à un dilemme qu'ils imposent aux tiers européens. Ceux-ci doivent dorénavant tenir compte d'injonctions contradictoires alors qu'ils sont une variable d'ajustement dans la stratégie chinoise. Les acteurs privés doivent garder en tête plusieurs critères pour adapter leurs programmes de conformité en fonction du niveau de risque accepté tandis que les institutions, notamment financières, devront évoluer rapidement pour maintenir leur rang. L'ouvrage ouvre sur des sujets plus larges soulevés par le bouleversement des cryptomonnaies pour les sanctions. Il brosse l'enjeu pour le monde de la finance (modèle économique des banques et respect de la conformité) et la géopolitique (place de l'UE, entre coopération et confrontation avec la Chine).

06/2022

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Sciences politiques

Paix et guerres au XXIe siècle

« L’âge des guerres s’achèvera-t-il en une orgie de violence ou en un apaisement progressif ? » C’est sur cette interrogation, émise en pleine Guerre froide dans laquelle il voyait la troisième des « guerres en chaîne » du XXe siècle, que Raymond Aron concluait sa magistrale étude sur Paix et guerre entre les nations. Grâce au recul qui est le nôtre, il est possible d’apporter à cette question une autre réponse que celle qu’il avait lui-même proposée, à savoir que « nous savons que nous ne savons pas la réponse à cette interrogation ». En effet, la fin pacifique de la guerre froide à laquelle personne ne s’attendait a corroboré l’espoir d’un « apaisement progressif » et démenti la crainte d’une « orgie de violence ». Depuis la fin de la guerre froide, le système international est caractérisé par une stabilité d’ensemble, la paix prévaut au niveau du système dans son ensemble, c’est-à-dire entre grandes puissances en général, et entre démocraties occidentales en particulier, d’un côté, des guerres limitées, à l’échelle locale ou régionale, et récurrentes de l’autre. Comment comprendre l’absence de risque de guerre majeure, au plan international, entre les grandes puissances ? Pourquoi de nos jours les États européens et nord-américains n’imaginent-ils même pas recourir à la force dans leurs relations mutuelles ? À quels facteurs faut-il attribuer les interventions armées multiples auxquelles ces mêmes pays recourent dans des zones périphériques allant de l’ex- Yougoslavie à la Libye en passant par l’Afghanistan et l’Irak ? Qu’est-ce qui explique que certains conflits armés remontant à plus d’un demi-siècle, du Proche-Orient au sous-continent indien, continuent de connaître des épisodes violents ? Autant de questions auxquelles cet ouvrage tente de répondre à l’aide d’outils et de concepts empruntés aux théories des relations internationales. La paix qui prévaut de nos jours entre grandes puissances s’explique par la structure unipolaire du système interétatique avec à sa tête les États-Unis. Au sein de cette hiérarchie, les États occidentaux forment une communauté démocratique qui tout à la fois explique la paix régionale dont ils jouissent dans leurs relations réciproques et la face cachée de cette paix que sont les guerres d’interventions menées contre des régimes qualifiés de voyous. Enfin, les inimitiés durables entre Pakistanais et Indiens d’un côté, Israéliens et Palestiniens de l’autre, renvoient au mécanisme du dilemme de sécurité entre des entités se niant mutuellement le droit d’exister Une réflexion à la fois synthétique et dynamique sur l’état de la politique internationale au début du XXIe siècle.

10/2011

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Romans historiques

Les Chroniques de Camelot Tome 1 : La Pierre céleste

Nous savons tous qu'Arthur a extrait l'épée de la pierre, qu'il a fondé Camelot, que les luttes de pouvoir ont fini par détruire ses rêves. Mais comment la légende est-elle née ? Avant Arthur, avant Camelot, la Bretagne est une contrée obscure et sauvage. Les citoyens romains qui y sont installés depuis plusieurs générations sont confrontés à un dilemme : quitter la province et regagner une société corrompue qui leur est devenue étrangère, ou endurer la violence des guerriers pictes et de l'envahisseur saxon. Mais que se passera-t-il lorsque les légions, dernier rempart de la civilisation romaine, se retireront ? Pour Publius Varrus et Caius Britannicus, une seule option possible : il leur faut rester, préserver les coutumes romaines dans ce qu'elles ont de meilleur, tout en inventant une nouvelle culture à partir des vestiges de l'ancienne. Ils donneront ainsi naissance à la légende. Car ces deux héros sont les arrière-grands-pères d'Arthur, et ils vont par leurs actes forger une nation... mais aussi une épée, nommée Excalibur. " Une admirable description des derniers jours de la Bretagne romaine et des débuts de l'époque légendaire du roi Arthur... Un récit énergique et bourré d'action. " The Register-Herald " Un superbe exemple de fiction historique, riche en détails et péripéties. " The Globe and Mail " Si vous vous êtes déjà demandé comment naît une légende, celle des origines de la Bretagne arthurienne telle que la traite Whyte ici va vous fasciner. " Brazosport Facts " Whyte offre un socle historique passionnant (et très plausible) aux légendes arthuriennes... Une aventure rythmée, faite de combats rapprochés, de trésors cachés et de péripéties ; un changement bienvenu par rapport aux autres oeuvres arthuriennes parfois si politiquement correctes dans leur respect de la vérité historique. " Locus " L'un des romans historiques les plus intéressants qu'il m'ait été donné de lire, et j'en ai lu beaucoup. " Marion Zimmer Bradley " Il aura fallu plus d'un siècle, mais nous disposons enfin d'une légende arthurienne telle que les corps d'armée en ont fait l'expérience éprouvante, brutale mais palpitante. " Torn Shippey, professeur émérite en littérature anglaise du Moyen-Age à l'université de Leeds " L'un des livres les plus importants portant sur les légendes arthuriennes. " Professeur Randy Lee Eickhoff, auteur de The Fourth Horseman " Les personnages bien campés et une scrupuleuse attention portée aux détails ne manqueront pas d'attirer les amateurs de légendes arthuriennes. " Library Journal " Des événements historiques traités avec un luxe de détails... une toile de fond plus captivante encore qu'un cadre imaginaire. " Hackensack Record " Si James Michener fut le maître des sagas grandioses, il a sans doute trouvé en Jack Whyte son digne successeur. " Calgary Herald " Le monde tel qu'il existait alors, le quotidien des peuples et les fondements d'un âge nouveau. Whyte a inscrit ses personnages mémorables dans un environnement fascinant. " The Ottawa Citizen

06/2022

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Histoire internationale

Mballo Dia Thiam - L'indomptable combattant du SUTSAS. Biographie

C'est l'histoire et la trajectoire d'un homme. Cette histoire et cette trajectoire épousent celles du plus grand syndicat de la santé du Sénégal mais aussi celles de celui qui en a tenu le gouvernail ces dernières années, contre vents et marée. Nous sommes au début des années 1980. Léopold Sudar Senghor, frappé par l'usure du pouvoir, cède les rênes du pays à son dauphin Abdou Diouf. Celui-ci tente une ouverture démocratique en suscitant le multipartisme intégral. Pour autant, le pays n'en mène pas large. La culture de Parti unique reste tenace, le monde syndical est sous la coupe de la CNTS, prolongement du Parti au pouvoir, chantre de la Participation Responsable, sorte de syndicalisme caviar, cautère sur une jambe de bois qui préfère le conformisme à la confrontation. Les leaders de ce syndicalisme sont généralement des cadors du parti au pouvoir. C'est à fleurets mouchetés que les acquis du peuple laborieux se décident. Il s'agit davantage d'un cimetière des revendications des masses laborieuses. Le monde de la santé (...) est un exemple saisissant et pathétique, de ce que précarité veut dire. Parmi les mieux instruits, les agents de la santé sont paradoxalement frappés d'une indécente indigence. On eût dit que cette noblesse faisait en même temps office de caste d'Intouchables. En effet, après avoir fait menacer son fond de culotte d'escarres, l'infirmier ne touche pas plus de 58 000 FCFA et le médecin et son Bac + 8 ne voit inscrire sur son bulletin de salaire qu'un net de 70 000 FCFA. Mais ces agents si différents des autres font face à un dilemme : se syndiquer, faire grève, faire planer sur les populations la menace d'un mal qui s'aggrave, d'un handicap irréversible, de la survenue de l'irréparable parce qua un moment, l'urgence est suspendue sur un piquet de grève ; ou se mettre, contre vents et marée, debout devant des autorités qui ne connaissent que le rapport de force, pour préserver leur dignité, s'assurer (.. j le minimum pour vivre décemment. Ils sont nombreux, à l'aube de ces années 1980 à choisir le second terme de l'alternative. Mballo Dia Thiam, en poste à Ziguinchor fait déjà office, avec d'autres, de pionnier et de chef de file de ce Germinal des damnés de la souffrance humaine. Réunions syndicales, prises de paroles devant des militants parfois sceptiques, souvent déterminés, nuits blanches, privations, désinformation, intimidations, tentatives de corruption n'y feront rien. Aux quatre coins du Sénégal, les sections s'organisent fédérant le Professeur Agrégé de Médecine, l'infirmier, le travailleur social et le manoeuvre. Le SUTSAS obtient son récépissé en 1982. Les fers de lance ont pour nom Bakhao Seck, Awa Marie Coll Seck, Salif Guindo, Fangaly Diouf, Mballo Dia Thiam, Abdel Kader Badji. Le SUTSAS se lance alors dans sa première grève qui marquera les annales du mouvement syndical du pays. Tous les corps de métier de la santé y prirent part et toute la pyramide sanitaire s'en trouvàt ébranlée. Cet ouvrage remarquablement écrit par une des plus belles plumes sénégalaises du moment raconte avec l'art sublime du conteur ce qu'a été le SUTSAS mais aussi les mutations récentes et profondes de la vie syndicale et politique sénégalaises.

10/2019

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Littérature française

C'est l'amour que nous aimons

Accompagné d’une superbe préface de Marc Lambron, ce volume rassemble les deux premiers romans de l’auteur : L’Amour est un plaisir (1956) et Un amour pour rien (1960), un de ses meilleurs textes autobiographiques, Au revoir et merci, ainsi que sa trilogie inspirée par l’histoire des soeurs Mitford – Le Vent du soir, Tous les hommes en sont fous et Le Bonheur à San Miniato –, laquelle remporta un immense succès (un million d’exemplaires vendus) lors de sa parution dans les années 1980. Un ensemble très cohérent dans l’oeuvre du romancier, une sorte de carte du Tendre où l’exaltation de l’hédonisme et le vertige du temps se conjuguent à la fascination du monde. Les deux premiers récits ont le charme à la fois enivrant et désenchanté des années 1950, dominées par deux monstres sacrés : Françoise Sagan et Roger Nimier. Jean d’Ormesson invente sa partition personnelle à ce moment-là, avec ce mélange de lucidité, de légèreté et d’allégresse qui fait toute la singularité de son style et de sa vision des hommes. Ses thèmes de prédilection sont déjà là : la quête éperdue du bonheur et l’insatiable besoin d’évasion, le culte du soleil, des voitures et des bains de mer. « Je ne faisais rien de ma vie. Je la traînais à travers l’inutilité, l’admiration, les plaisirs, l’amour », confesse l’un des héros de L’amour est un plaisir, roman que Marc Lambron résume en ces termes : « Une seule femme pour trois hommes ; c’est l’équation d’un voyage d’été ». Dans Un amour pour rien, le jeune narrateur se partage, à l’occasion d’un séjour romain, entre deux femmes, illustrant à travers ce dilemme sentimental la célèbre formule proustienne : « J’appelle ici amour une torture réciproque ». Marc Lambron observe que si ce texte a la « résonance du vécu », « l’autobiographie possible est comme censurée par les apanages du roman ». Il faut attendre la parution en 1966 de sa première véritable autobiographie, Au revoir et merci, pour découvrir quel auteur se cache sous ses personnages. À trente-sept ans, Jean d’Ormesson y parle très librement de lui-même, de ses origines, de sa famille, de ses goûts, de ses opinions, tout en feignant de prendre congé d’une carrière littéraire où il n’a connu jusque-là que des échecs. On sait la suite… C’est un auteur largement consacré qui se lance, vingt ans plus tard, dans l’écriture d’une trilogie romanesque, dont Lambron explique ainsi l’ambition : « Récapituler des fragments de l’histoire du monde à partir des méditations d’un esprit qui les rêve. Les généalogies, les continents, les guerres, les amours, les entrecroisements baroques, les hasards secrets, les filiations inconnues. On sent, ajoute-t-il, que l’imagination de l’auteur, libérée des incertitudes du narcissisme, embrasse avec ivresse l’histoire du monde. » Conchita Romero, Rosita Finkelstein, Nadia Wronski, les soeurs O’Shaughnessy, alias les soeurs Mitford, sont autant de composantes d’une sorte de famille universelle représentative de la tumultueuse et tragique histoire du siècle. Jean d’Ormesson remporte ici avec brio son pari, qui est de « ressusciter, sûrement pour mon plaisir, frappé d’un peu de mélancolie, et peut-être pour le vôtre, tout un monde évanoui qui s’agite encore en moi ».

03/2012