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Enfermement

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Musique, danse

La musique du XXe siècle en Russie et dans les anciennes Républiques soviétiques

Plus que partout ailleurs, la musique en Russie au XXe siècle fut intimement liée aux événements politiques. C'est sa tragique épopée à travers la nuit soviétique, avec ses espoirs déçus, ses humiliations, ses souffrances, ses compromissions, sa dissidence, sa clandestinité, sa liberté enfin retrouvée que nous dévoile ce livre foisonnant. Tout avait commencé au début du siècle par l'âge d'or d'une double avant-garde : celle de Saint-Pétersbourg avec ses poètes, ses peintres, ses musiciens, ses amateurs d'art et celle apportée à Paris par Diaghilev, Stravinski et Prokofiev. Aux illusions d'une fraternisation possible entre ceux qui avaient bouleversé l'art et ceux qui voulaient bouleverser la vie, va bien vite succéder l'ère du réalisme-socialiste : l'art est alors sommé de se mettre au service de l'idéologie du régime, d'exalter les valeurs du travail, de l'obéissance et de l'optimisme au moment où s'installe la nuit des dénonciations et des bannissements. L'interlude héroïque de la guerre n'apporte pas la liberté comme récompense de la victoire : les plus grands musiciens, Chostakovitch en tête, sont condamnés pour "formalisme". Dorénavant la musique a son grand inquisiteur : Tikhon Khrennikov, dont le règne durera quarante-quatre ans. Malgré cet enfermement, une nouvelle génération de compositeurs (Schnittke, Goubaidoulina, Denisov, Pärt...) parvient à capter les échos de la modernité occidentale. A côté de la musique officielle naît ainsi dans une semi-clandestinité une musique des "catacombes" retrouvant, par-delà tant d'années d'athéisme militant, une dimension spirituelle et une densité intérieure tout à fait surprenantes, avant d'acquérir un rayonnement international au fur et à mesure que le régime va se libéraliser. Ouvrage de référence tout autant que document, ce livre présente en complément l'itinéraire artistique d'une cinquantaine de compositeurs parmi les plus significatifs.

04/1994

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Littérature française

Place forte

Tous les après-midi, le notaire déchu délaisse son étude et parcourt dans sa BMW les routes départementales du Maine-et-Loire à la recherche de la phrase décisive qui ouvrira son anti-testament. Il laisse derrière lui un fils idiot inlassablement occupé à ses puzzles. Il écrase un chien. Il cherche un vétérinaire. Son errance le conduit jusqu'au fermier germaniste qui, retranché dans sa ferme, a renoncé un jour aux travaux de réfection pour se consacrer à la lecture des auteurs allemands. Le fermier germaniste vient de se pendre et sa femme fait au notaire déchu le récit de leur vie : le froid, les travaux impossibles à terminer, la lecture des auteurs allemands, des philosophes allemands, si ennuyeux, si désespérants, et les années qui passent jusqu'à ce que l'on en oublie son nom. Quelque part, ailleurs, au coeur profond du livre, un homme chute dans le monde des apparences, s'envase. Il dessine inlassablement la carcasse d'un animal mort, vache, aurochs, peu importe, tant dans son crâne se confondent et se répondent dans un même écho le mugissement de l'espèce disparue et les râles sourds de la bête que l'on abat en série. Chaque trait, chaque mot, fore la réalité ; à chaque trait, à chaque mot, c'est le désert qui perce, une steppe immobile. Place forte nomme ce désert qui est dans le roman, ce lieu d'expérience et de retournement de la phrase dans une tête qui travaille à sa ruine et à dépeupler. Si l'idée de leur enfermement obsède les trois personnages du livre, ça n'est pas dans la perspective d'y trouver refuge, mais pour éprouver la capacité d'être horrifié : pour ne pas mourir vivant.

08/2002

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Poésie

EMOTIONS D'ART Poèmes, photographies et trois tableaux dont un de Louis-Charles Pinet de Gaulade

Gisèle Sans s'intéresse à tous les arts, car pour elle l'artiste, avec le moyen d'expression qu'il a choisi, poursuit le même dessein : s'approcher de la perfection, au moins la sienne. Dans ce cinquième livre, Emotions d'Art, elle emprunte sous nos yeux le chemin difficile, secret, et mystérieux qui mène à l'inspiration et peut-être à la création artistique, en nous faisant vivre toute l'exaltation émotionnelle, l'exigence sans concession aucune, la fragilité de cette quête, et aussi parfois l'épanouissement personnel. Jean Aron écrit dans la préface de ce recueil : Une sensibilité à fleur de blessures, un enthousiasme en " gerbe d'étincelles ", des couleurs se mariant avec tous les arcs en ciel du monde et, malgré les déferlements inconsidérés de l'homme, une espérance cachée derrière chaque mot, une obsession à se défaire de tout enfermement, une élévation vers le plus haut de nous-mêmes... Les photographies de Gisèle Sans ponctuent ses poèmes. Parmi elles, celles des oeuvres de trois artistes : Gisèle Alfieri Peintre du Pays d'Aix, elle fait des expositions annuelles au Moulin Cézanne, Le Tholonet. Elle se sent très proche de la Poésie. Michel Métaireau Peintre épris de liberté, il est depuis 1975 très attaché à l'île de Porquerolles qui a suivi, au fil de ses expositions, son évolution. Louis-Charles Pinet de Gaulade Ecole des Beaux-Arts de Bruxelles, il se fixe en 1946 en Languedoc. Peintre, il a trouvé avec le Lissé-Orné un second mode d'expression. Il avait fondé la Maison d'Art du Simourgh, accueillant de nombreux artistes, à La Franqui, où il devint l'ami de Henry de Monfreid. Nombreuses expositions : Bruxelles, Paris, Cannes, Rabat, Téhéran, New York, Stockholm ... Il a décoré la chapelle Le Longeron en Bretagne, ainsi que la chapelle pré-romane de Fitou dans les Corbières.

03/2006

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Romans historiques

N'écoutez pas la sorcière... Tome 1 : Le temps d'éveil

« Certes, elle était noire de crasse, avait la chevelure tout emmêlée et la robe en lambeaux ; les gardes, qui entouraient la carriole, s'amusaient à écarter du bout de leur pique les pans de ce pauvre vêtement, afin qu'on pût apercevoir ce corps souillé par la terre, quand elle s'était débattue pour leur échapper, et par de longs jours d'enfermement sans rien pour s'aiguayer ; mais elle gardait un maintien fier et regardait le ciel d'un œil pur, sans l'ombre de la peur ou de l'angoisse. Les moines marchaient devant, l'un des vicaires portait une croix sur laquelle un Christ de bois semblait implorer le Très-Haut ; les trois autres psalmodiaient des litanies. Suivaient le sieur de Grélevent, sa famille et ses gens ; et puis des paysans venus des autres villages qu'une malsaine curiosité poussait à venir contempler comment on brûlait le corps d'une sorcière pour que son âme, purifiée des emprises du démon, puisse s'envoler au paradis... Bertrand, soudain captivé par la réalité de l'événement, oublia ses rêves et ses angoisses et regarda de tous ses yeux. » S'il a tôt fait de rejoindre les ordres, le jeune Bertrand finira par quitter la théologie pour se destiner à la médecine alors en plein essor, épaulé par Clément, homme sage doublé d'un savant apothicaire. Un allié de poids dans cette France qui vit encore au rythme des superstitions et du fanatisme, de l'inquisition et des bûchers en place publique... Mêlant la chronique historique au récit initiatique, Daniel Tharaud présente ici le premier tome d'une saga ambitieuse nous plongeant dans un monde déchiré entre le passé et l'avenir, pratiques rétrogrades et découvertes scientifiques.

10/2016

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Littérature française

Maison mère. Une famille arménienne

A travers le récit littéraire et poétique d'une famille française d'origine arménienne affleurent les questions d'immigration, d'intégration, de transmission, mais aussi d'enfermement et de déterminisme social, ainsi que le choc culturel entre Orient et Occident, les rapports hommes-femmes, la place des femmes dans une structure clanique, mais aussi les chrétiens d'Orient. Ce récit sonne comme un retour à la matrice, aux origines, arméniennes ici, à l'enfance. Un retour à la " maison " au sens le plus symbolique du terme, au coeur d'une labyrinthique et étouffante demeure familiale dans laquelle la narratrice se voit contrainte d'emménager après un héritage. Un conglomérat d'espaces, de chambres, de corridors... dans lequel elle déambule, comme en apnée, au sein de visions qui la renvoient indéfiniment à son passé, essentiellement les années 80. Les pièces de la maison deviennent peu à peu comme les pièces d'un puzzle dont chaque morceau représente une part de son identité morcelée. Qui sont les Arméniens, ce peuple encore relativement méconnu dont les racines remontent six siècles avant Jésus-Christ ? A travers des prénoms, des lieux, des chants et des danses, des coutumes ancestrales, des légendes du Caucase ou d'Anatolie peuplées de héros bibliques, de dieux et de déesses ou de simples troubadours nous apparaît tout un monde. Quant au génocide de ce peuple perpétré dans l'Empire Ottoman en 1915, il est abordé d'un point de vue psychologique, comme le point de départ d'un chaos interne, déteignant sur toute une lignée à travers les âges. Une intrigue, sous la forme d'une chasse au trésor aussi : il s'agit de retrouver une photographie et de renouer avec le passé pour mieux se projeter dans l'avenir.

02/2022

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Fantasy

La mythologie viking. Edition collector

La mythologie viking sous la plume de Gaiman. Un must have collector ! Nourri des légendes nordiques, Neil Gaiman s'approprie la grande saga des dieux scandinaves qui lui ont inspiré son chef d'oeuvre American Gods. De la genèse des neuf mondes au crépuscule des dieux et l'ère des hommes, il redonne vie à : Odin, le plus puissant des Dieux ; Thor, son fils tumultueux ; Loki, fils de géant et frère d'Odin, escroc et manipulateur inégalable... Voici les aventures de ces divinités mythiques. Les trésors des dieux - Loki a fait une mauvaise farce : il a scalpé Sif, la femme de Thor. Celui-ci le menace de destruction s'il ne trouve pas un moyen de remplacer sa chevelure. Loki se rend alors chez les nains et organise une compétition entre deux clans. Chacun devra forger trois cadeaux pour les dieux. Mais les frères Brokk et Eitri challengent Loki : s'ils gagnent la compétition, ils veulent sa tête. Loki fera tout son possible pour les faire échouer mais en vain : les deux frères sont ceux qui ont forgé Mjollnir, le fameux marteau de Thor. Les enfants de Loki - Présentation des enfants normaux et monstrueux de Loki, et récit de l'enfermement de ces derniers : Fenrir le loup géant, Jormungundr le serpent et Hel. Le mariage inhabituel de Freya - Un géant a volé le marteau de Thor, et pour le rendre, il veut que Freya devienne sa femme, qui évidemment refuse. Thor se déguise donc en femme pour récupérer son marteau. Les pommes d'immortalité - Loki accepte la demande d'un aigle : lui apporter la déesse Idunn et ses pommes d'immortalité. Seules ses pommes permettent aux dieux de conserver leur jeunesse. Mais à quel prix ? Et la dernière nouvelle : Ragnarok : la destinée finale des dieux

11/2022

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Littérature française

Safari immobile. Auprès de mon arbre

De vagues de pandémie en déconfinements successifs, nous avons tous été ballottés du pessimisme à l'espoir. S'ils ne sont de loin pas les seuls à avoir souffert de l'enfermement, les naturalistes en sont particulièrement affectés, eux qui ne s'épanouissent que dehors. Pourtant la résilience à l'assignation à domicile est ou a été vécue par ceux qui ont transformé leur résidence en havre de nature en ville. Plutôt que de rêver de safari, le citadin rétrécit son champ visuel à son environnement immédiat. Derrière sa fenêtre il contemple les arbres de sa rue qui bruissent d'une vie méritant d'être observée. Car le bouleau emmaillotté de lierre n'est pas seulement un pare-soleil bienvenu en été. Ses fleurs attirent papillons et abeilles venues récolter nectar et pollen. L'hiver venu ses fruits régalent merles, étourneaux, grives et autres oiseaux. En somme, toute une faune "ordinaire" plutôt dédaignée en temps normal. Chacun de nous peut photographier ce qui vole, rampe et trottine dans son proche environnement. Le plus étriqué des jardins de ville est à scruter avec les yeux nouveaux. Et, plutôt que de tondre de manière obsessionnelle sa petite pelouse, il laisse s'épanouir pissenlits, boutons d'or et bien d'autres herbes folles. Si d'aventure un amélanchier, un seringat, un buddleia, ce fameux arbre à papillons habillent la clôture, alors le petit bout de verdure urbain apporte d'autres fragrances que celles du barbecue. Jour après jour le safariste " ocal" touche du doigt un microcosme sans cesse renouvelé. Sans alourdir son empreinte carbone, il explore le quartier, puis élargit son rayon d'action. En fait, la nature au pas de sa porte se révèle un efficace substitut dans notre bien-être et le rapport à la nature.

03/2022

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Théâtre

Molière aux éclats. Le rire de Molière et la joie

"L'allégresse du coeur s'augmente à la répandre", lit-on dans L'Ecole des femmes. Tel est peut-être le mot d'ordre qui inspire en profondeur l'oeuvre de Molière. Son rire éclate et porte la joie. Il éclate dans les deux sens du terme. Eclater, c'est d'abord exploser, jaillir, se répandre, mais c'est aussi briller, irradier, resplendir. Ce rire fait éclater les dogmatismes et les despotismes, en même temps qu'il éclate d'énergie et de santé. Molière demande avant tout, pour ses pièces, de "continuels éclats de rire". Ces éclats s'accompagnent de joie, d'une dilatation du corps et de l'esprit. La joie du rire moliéresque, vivifiée par l'éros des jeunes gens et la gaieté inventive des valets et des servantes, oppose l'ouverture, la confiance et la légèreté à l'enfermement, à la pesanteur et à la sclérose. Elle disloque le carcan des conventions sociales quand elles se grippent et deviennent synonymes de tristesse et de paralysie, quand elles servent les intérêts de vieux pères égoïstes ou de pervers qui intriguent avec hypocrisie. Elle a besoin d'excès et d'hyperbole, car elle est une ivresse dionysiaque qui exalte et se propage de manière contagieuse. Voilà sans doute des évidences ! Mais nous nous sommes efforcé de ne jamais les perdre de vue. Notre approche, essentiellement psychologique et anthropologique, n'est ni érudite ni historique. Elle est plutôt existentielle. A partir de notre expérience actuelle du rire et de l'oeuvre moliéresque, il s'agit de mettre en évidence leur caractère tonique et transgressif, d'échapper à une conception trop moralisante ou satirique, bref d'appréhender la dynamique du rire lorsqu'il nous rend plus heureux.

07/2018

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Gestion

Where to play. 3 étapes pour découvrir vos opportunités de marché les plus profitables

En tant qu'entrepreneur ou innovateur, vous êtes entraîné à courir. Vite. Mais courez-vous dans la bonne direction ? De nombreuses études montrent que les entrepreneurs négligent souvent de consacrer suffisamment de temps à identifier et analyser leurs opportunités de marché. Ils se ruent sur la première opportunité prometteuse, sans évaluer ni explorer sérieusement d'autres options. Une erreur courante qui se traduit par un choix de marché non optimal ou l'enfermement dans une direction donnée. Ce livre vous aide à élaborer une stratégie agile en vous apportant un cadre pratique, clair et structuré (le "Market Opportunity Navigator") pour identifier, évaluer et exploiter les bonnes opportunités de marché. Il s'articule autour de trois fiches de travail : Le Panier d'opportunités de marché : évaluer vos forces fondamentales et identifier quelles opportunités de marché existent pour votre entreprise. La Matrice de l'attractivité : évaluer vos opportunités de marché pour mettre au jour l'option la plus prometteuse. La Stratégie Focus Agile : créer un plan stratégique pour l'opportunité de marché choisie qui vous permettra de conserver ouverture d'esprit et agilité. Exploitez tout le potentiel de votre innovation avec Where to Play ! "Le livre parfait pour les entrepreneurs, débutants ou expérimentés. [...] Un complément précieux à la méthodologie Lean Startup et au Business Model Canvas ! "Eric von Hippel, Professeur, titulaire de la chaire Innovation T. Wilson, MIT Sloan School of Management "Une méthodologie et des outils visuels stimulants pour accompagner les entrepreneurs dans l'identification et l'analyse de leurs opportunités de marché, avant de jeter leurs forces dans l'exécution. Mieux encore, le livre vous dit comment cibler vos efforts et ce qu'il ne faut PAS faire ! " Henry Chesbrough, Professeur, UC Berkeley Haas School of Business, auteur de Open Innovation

03/2019

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Franc-maçonnerie

INITIATION AU 1ER DEGRÉ DU REAA

L'initiation au Premier degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Alain Graesel, ancien Grand Maître de la Grande Loge de France et Michel Gerhart son ancien Grand Expert, nous livrent ici leur expérience de quatre-vingt-six années cumulées au sein des Loges de l'obédience. Ils décryptent les significations potentielles du rituel d'initiation du Premier degré du REAA - caractérisé par une très forte composante symbolique et spirituelle - tout en invitant chaque lecteur à se remémorer lui-même la manière dont il a vécu ce moment essentiel et à tracer son propre chemin. Car si le chemin est d'abord celui que l'on suit, il convient d'en faire progressivement aussi celui que l'on trace soi-même. L'initiation maçonnique est toujours la réception et l'accueil au sein d'un nouveau groupe d'appartenance. Mais elle est aussi et surtout un moment de rupture symbolique dans la vie quotidienne du nouvel initié qui marque son entrée dans un monde un peu étrange. L'entrée dans ce monde n'est évidemment pas un arrachement à l'ancien - ni un enfermement dans le nouveau - et chacun préserve librement à juste raison en ce domaine les usages et habitudes de sa vie familiale, relationnelle ou professionnelle. Car la liberté de chacun est au coeur de la démarche. Mais en même temps qu'une rupture symbolique, l'initiation est un processus de transformation progressive de l'être profond, qui demande à chacun un minimum d'efforts pour l'accomplir. Comme le dit l'anthropologue et historien des religions Mircea Eliade : "L'initiation équivaut à une mutation ontologique du régime existentiel". Il s'agit donc d'une transformation de chacun, en profondeur et en conscience et c'est à ce voyage passionnant que le lecteur est invité.

03/2023

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Généralités médicales

Quand les fous n'étaient pas des hommes. De l'asile à la psychiatrie moderne

En 1955, après deux ans de formation en tant qu'élève infirmier, Jean Boutier est fraîchement diplômé : alors qu'il était boucher, il a repris le chemin de l'école et est à présent l'un des premiers infirmiers psychiatriques français. Bientôt, par une matinée d'avril, il fait son entrée à l'hôpital psychiatrique du CHU de Tours et ce qu'il y voit le glace : peinture écaillée, odeur pestilentielle, mélange de javel et d'urine, lits-cages, linge sale, une cuvette pour une trentaine de patients... Une promiscuité et des conditions dignes du bagne. Jean vient de découvrir la noirceur d'un monde oublié, caché, celui des fous. La psychiatrie moderne où le malade est au centre de l'attention des soignants et du corps médical est encore à ses balbutiements, comme l'explique Jean Boutier. Son récit, témoignage édifiant d'une période qui semble révolue, aborde aussi cette progression, lente, de la conception des "dérangés", reclus de la société et enfermés derrière des murs, à celle de "malades comme les autres", enfin humanisés, Certains pourraient se poser la question de l'intérêt d'un tel récit qui commence dans les années cinquante. Il reste pourtant d'actualité : nous sommes alertés sur les dangers du retour à des pratiques inhumaines, comme des enfermements abusifs perpétrés pendant La crise sanitaire que nous vivons. Mis en forme par le gendre du narrateur, ce récit est un plongeon dans ta vie asilaire de la seconde moitié du siècle dernier, qui n'avait rien à envier à l'univers carcéral.

01/2021

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Littérature française

Une oreille attentive

« Posons-nous quelques questions d'usage : ai-je quelqu'un sur qui compter ? Suis-je écouté(e) ? Entendu(e) ? Même si je ne semble pas l'être, est-ce que je me sens seul(e) ? Ces questions, beaucoup d'entre nous y ont trouvé les réponses, et cela donne lieu à un renfermement sur soi. [...] Pour pallier ce sentiment de solitude, J.E.M.O. fait un geste. Nous sommes quatre universitaires de cet établissement, dans quatre filières différentes mais avec un dessein commun, celui d'aider. Nous ne sommes pas des magiciens, nous n'avons pas la prétention de changer le monde, mais si nous pouvions arriver à sauver ne serait-ce qu'une personne de la solitude, alors là, ce sera notre monde qui s'en trouvera changé. » La jeunesse est l'âge de la recherche de soi, de son identité, de ses attentes. Une période complexe, faite de heurts, d'échecs, de doutes, de désillusions, qui peuvent en fragiliser plus d'un. Un constat qui incite le héros de ce roman, Jérémy, à agir, à bousculer les choses, à tendre la main à autrui, à l'écouter... Et cette étincelle, cette démarche humaniste de provoquer, comme les ondes qui se propagent sur l'eau, des répercussions profondes, voire infinies, ainsi que l'indique la progression de ce texte tout en enchevêtrements, rencontres, connexions, révélations et méandres, qui ausculte avec sagesse les petites révolutions intérieures de jeunes hommes et femmes dans lesquels on ne manque pas de se retrouver.

10/2014

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Littérature française

ÉTOILES D'ENCRE N° 83-84 L'IMPRÉVISIBLE. Revue de femmes en Méditerranée

L'Imprévisible, nous y sommes confronté. e. s dès la naissance et même avant. L'essence même de la Vie est d'être imprévisible. Les mois que nous venons de vivre, ont été pleins d'éclairs, de clameurs, d'enfermements, de souffrances. Un inconnu appelé Covid 19 est tombé sans avertir sur une humanité affolée. Comme une nuit qu'on pressentait, qu'on pressent encore, sans fin. Pourtant, nous avons quelques raisons d'avoir de l'espoir et même du plaisir. Et c'est par l'art que l'humanité sait se sauver. On se demande comment sur la même terre, tant de drames et tant de créativité peuvent coexister au même moment. Dans notre petit monde éditorial, le numéro de cette revue qui aime les Etoiles, prouve une fois de plus que l'art survit toujours. Qu'il est possible, désirable, acté. La création, l'imagination, ont un pouvoir insoupçonné sur nous, elles sont une exhortation à la vie, une matière vivante. C'est sans doute pour cela que tant de femmes et d'hommes s'y adonnent, si passionnément : "Toujours elle. Uniquement elle. La création. L'imprévisible création" , nous dit Anne Poiré dans le texte qu'elle signe ici. L'Imprévisible, c'est aussi cette rencontre avec une très jeune artiste et autrice Louise Hapton de Montpellier. Dessins et sculptures étranges, engagement féministe, conceptualisation de ses oeuvres, nous nous sommes laissé surprendre et nous vous invitons à en faire autant. "Quand je crée, je suis en état de transe, et c'est à la fois déroutant et exquis. Le thé m'accompagne toujours quand je peins ! "

10/2021

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Histoire de France

Ravensbrück. Un complexe concentrationnaire

Près de 145 000 êtres humains ont été déportés dans le camp (ou, plus exactement, dans le complexe de 42 camps) de Ravensbrück de mai 1939 à avril 1945 et environ 28 000 ne sont pas revenus. Instrument de terreur politique, d'exploitation économique et d'extermination par le travail, par les mauvais traitements, les exécutions sommaires et le gazage, ce centre, qui a durant trois mois (en 1942) coiffé aussi l'administration du camp féminin d'Auschwitz, a la particularité d'avoir détenu principalement des femmes : prisonnières politiques, Témoins de Jéhovah, prisonnières raciales (Juives, Tziganes...), prisonnières " sociales ", captives de guerre (notamment de l'Armée rouge), résistantes des pays occupés (Geneviève Anthonioz-de Gaulle et Germaine Tillion, entre autres, parmi les Françaises). Celles qui étaient mères virent leurs enfants massacrés dans d'atroces souffrances, celles qui étaient enceintes furent contraintes à l'avortement, de jeunes Polonaises (les " Lapins ") servirent de cobayes à d'abominables " expériences " médicales. A peine nourries et vêtues, perpétuellement exténuées de labeur et d'insultes, battues, les survivantes ont été marquées à jamais. Comme ailleurs, les SS ont détruit les archives de l'horreur mais ils ont particulièrement bien réussi à Ravensbrück : jusqu'au travail de Bernhard Strebel, chercheur et enseignant à Hanovre, le sort de dizaines de milliers de victimes était presque totalement ignoré (Allemandes " pollueuses de la race ", Juives hongroises, sans oublier quelque 20 000 détenus hommes d'un camp annexe, etc.). Il a fallu des années d'acharnement et d'ingéniosité à l'historien pour reconstituer, au moyen de documents indirects (par exemple ceux de l'entreprise Siemens), l'histoire de Ravensbrück : organisation, encadrement, conditions d'enfermement et de travail, qui ne furent pas uniformes selon les époques et les parties du camp, etc. Jamais un travail équivalent n'a été mené sur un camp de concentration. Et pourtant les épouvantables faits qu'il relate ne s'estompent pas derrière l'érudition : l'histoire fait ici la preuve qu'elle est le meilleur auxiliaire de la mémoire.

06/2005

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Ethnologie et anthropologie

Misère de l'ethnographie de la misère

Récapitulant les trois âges de l' "ethnographie urbaine" née à Chicago il y a un siècle, ce livre met en perspective historique et analytique une controverse sur l'ethnographie des rapports entre race, classe, et moralité dans et autour du ghetto noir américain à l'âge du néolibéralisme triomphant afin d'en tirer des enseignements positifs pour la pensée et la pratique du travail de terrain. L'empirisme irréfléchi, l'acceptation de problématiques préfabriquées par le sens commun ordinaire et politique, la confusion entre catégories indigènes et catégories analytiques, l'enfermement dans le périmètre immédiat de l'interaction, le moralisme clivant, enfin le déficit de réflexivité : autant de pièges que tout ethnographe rencontre tôt ou tard sur son chemin et que seule la vigilance collective peut espérer déjouer. Ce retour épistémologique est aussi l'occasion de pointer le danger de l'ethnographisme, la tendance à vouloir décrire, interpréter et expliquer un phénomène à partir des seuls éléments discernés par le travail de terrain, et d'appeler corrélativement à la pratique d'une ethnographie structurale historicisée qui s'attache à enchâsser les micro-actions observées dans la série emboîtée des espaces sociaux qui les modèlent et leur donnent sens. Une telle ethnographie permet d'éviter de tomber dans l'un ou l'autre des cinq paralogismes de l'observation participante que sont l'interactionnisme, l'inductivisme, le populisme, le présentisme et la dérive herméneutique. Et de dépasser la "thick description" de Clifford Geertz grâce à la "thick construction" inspirée de Pierre Bourdieu, qui se donne pour mission de construire scientifiquement la construction sociale ordinaire de la réalité. Au final, identifier les causes et les raisons de la misère de l'ethnographie de la misère en Amérique, c'est se donner les moyens de la réduire et, ce faisant, contribuer à une meilleure maîtrise de la raison sociologique en action des deux côtés de l'Atlantique.

04/2023

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Littérature française

Des vérités boiteuses

De retour en Tunisie en 1995, trente ans après que sa famille a quitté le pays dans un climat de terreur, Emile Brami cherche à recoller les morceaux d'une histoire oubliée : celle des juifs de Tunisie. Quête impossible qui se poursuit dans les méandres de sa mémoire, bien plus tard, sur un lit d'hôpital. Mais faut-il croire aux " vérités boiteuses " de cet affabulateur ? La vérité sort de la bouche des menteurs " Je suis issu d'une communauté qui a disparu, ou, pour être précis et s'il faut en croire les manuels d'histoire, qui n'a jamais existé, puisque ses traces furent méticuleusement effacées. " Emile Brami - mais est-ce bien lui ? - raconte comment, en 1964, Victor Brami, son père, dénoncé comme membre du groupe terroriste de la Main rouge par un concurrent jaloux de sa réussite, fut enlevé en pleine nuit par un mystérieux commando. Après trois semaines d'enfermement et de tortures, c'est un homme brisé, mutique, qui sera rendu aux siens. Contraint par la force de quitter leur terre natale pour la France, lui et les siens prendront la route de l'exil, comme tant d'autres familles juives de Tunisie. C'est l'histoire de ce monde " englouti, oublié puis nié " qu'entreprend d'écrire son fils. Une quête impossible, interrompue après un retour douloureux dans ce pays sans mémoire. Presque cinquante ans plus tard, nous retrouvons le narrateur soumis à un obscur protocole expérimental dans un hôpital parisien. Certain de vivre ses derniers jours, il décide de tenir un journal, chronique lapidaire de sa maladie. Lui reviennent alors des souvenirs précis de son enfance, préludes à sa vocation d'écrivain. Serait-ce le temps retrouvé ? Mais comment croire sur parole ce trafiquant de " vérités boiteuses ", obsédé par le besoin de " rendre crédibles ses affabulations " ? N'y a-t-il que le mensonge pour faire passer la vérité en contrebande ?

09/2023

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Poésie

La caresse de l'écorce

D'un jour au lendemain un confinement implacable tronqua la liberté. Face à ce qui fut déclaré "état d'urgence sanitaire" , et pour endiguer ce qui devenait le monstre noir de l'humanité, il y eut un enfermement par décret. Sans ménagement ni préavis. Le temps qui s'ouvrit alors perdit le moindre repère ordinaire. Chacun rivé au seuil fragile et perméable de la maison. Chacun rendu à la réalité de besoins fondamentaux qu'il convenait de satisfaire sans en devenir l'objet. Chacun privé d'espace et d'autonomie, privé de socialisation. La vie habituelle échappa à toute volonté individuelle. Il fallut se recentrer. Non dans une démarche égoïste, mais dans une obligation quasi éthique de faire corps. Avec la souffrance de tous. Avec ceux qui n'avaient d'autre alternative que de mettre leur vie au service des autres. Avec le collectif condamné à l'isolement généralisé. Il fallut composer. Puiser dans les ressources profondes et dans l'imaginaire pour dessiner la ligne horizon. Ecrire sans retenue De ce rapport de soi à soi, de soi à l'autre, d'une promiscuité sans échappatoire qui cristallisait en chacun la possibilité du mal est née cette réflexion sur la sauvagerie. Cette gangrène que seul un homme peut infliger à autrui. Ecrire la violence infligée aussi à la nature la violence faite au grand corps social ou au petit corps privé violence banalisée au corps intime et sexué si petit celui de la femme ou de l'enfant Ecrire l'absence d'espace ou l'espace d'un instant, un confinement une parenthèse de l'humanité. Parenthèse d'humanité ? Comment, ensuite, penser l'après. Y avait-il l'espoir d'un équilibre nouveau, celui d'une utopie de fraternité ? Sauver l'homme de lui-même, gageure plus vaste encore jusqu'au plus petit fragment de certitude caresser l'écorce que le fragile lien d'humanité ne se brise

02/2022

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XXe siècle

La mort n'existe pas. Le chant sublimé de l'Arménie

Considéré comme l'un des plus grands génies du peuple arménien et comme le fondateur de la musique classique arménienne, Komitas, né Soghomon Soghomonian (1869-1935), tout à la fois prêtre, chanteur, interprète et compositeur apprécié des plus grands parmi ses contemporains, notamment de Debussy, est à lui seul le symbole de la foi, de la culture, de la mémoire et du drame d'une nation dont les meurtrissures de l'histoire ont essaimé les héritiers aux quatre coins du monde. Les événements tragiques du Haut-Karabagh viennent de les raviver. L'Arménie d'aujourd'hui, à nouveau tristement au coeur de l'actualité, comme sa diaspora, portent, telle la marque d'un fer rouge, le souvenir du " grand crime " de 1915, selon l'expression alors forgée par ses victimes. Komitas en fait partie, même s'il a échappé miraculeusement aux massacres, puisqu'il ne reviendra pas indemne de son expérience de la déportation, se détournant de ses facultés créatrices et se réfugiant peu à peu dans un mutisme désespéré à l'image du silence qui prévaudra longtemps sur ce drame de l'Histoire. Komitas incarne donc aussi ce traumatisme indélébile et ce silence pesant. Son enfermement pendant près de vingt ans dans trois asiles successifs, à Constantinople puis en France, à Ville-Evrard et Villejuif, reste pour beaucoup un mystère, renforcé par l'inaccessibilité de la plupart des archives médicales le concernant. Etait-il justifié ? Les règles d'internement étaient autres à l'époque... 150 ans après sa naissance, 85 ans après sa mort, Komitas demeure à la fois le héraut de la culture arménienne et une énigme pour ceux qui en sont les dépositaires. Ce sont ces divers aspects qu'abordent ces "mémoires imaginés" de Komitas, tentative inédite de retracer non les faits mais la façon dont ils ont pu être vécus par cette figure hors du commun dont le destin s'est confondu avec celui d'un peuple. Ce roman est comme le déchiffrement de son message dont l'enracinement national n'oblitère pas l'universalité.

08/2021

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Sciences politiques

Sécurisation des quartiers et gouvernance locale. Enjeux et défis pour les villes africaines (Afrique du Sud, Kenya, Mozambique, Namibie, Nigeria)

La sécurisation des quartiers au sein des villes africaines prend des formes multiples, mais qui ont en commun l'importance des acteurs non étatiques et un certain degré d'informalité. Le recours à des compagnies privées de sécurité dans les espaces résidentiels, commerciaux ou d'affaires (City lmprovement Districts, Waterfront), la mobilisation des résidants pour leur sécurité locale (comités de quartier, patrouilles de rue, vigilantisme) et l'enfermement au sein de gated communities ont un profond impact sur les formes urbaines, les pratiques spatiales, mais aussi et surtout sur les relations sociales, les dynamiques internes aux communautés et les rapports entre citoyens et Etat. Nourries par des études de cas sur des contextes urbains encore peu étudiés, fondées sur des regards croisés entre villes d'Afrique de l'Ouest (Lagos, Ibadan, Kano), de l'Est (Nairobi) et d'Afrique australe (Le Cap, Johannesburg, Maputo, Windhoek), les contributions de cet ouvrage ont pour point commun d'explorer le rôle changeant de l'Etat et les enjeux de gouvernance urbaine mis en lumière par le défi sécuritaire, et de s'interroger sur l'impact de la privatisation de la sécurité sur la ville dans un contexte de transferts de modèles internationaux. Au-delà de l'interrogation sur les spécificités des villes africaines, les auteurs, géographes et historiens, développent des débats théoriques plus larges dont l'originalité est d'être ancrés dans des études de cas, le plus souvent à l'échelle des quartiers. Ces derniers s'interrogent en effet sur la construction des identités de quartier, la gouvernance en réseaux et les partenariats publics-privés. Ils explorent des concepts tels que privatisation, marchandisation, " civilisation ", mais aussi le brouillage des frontières entre le public et le privé et le " déclin " de l'espace public. La question sécuritaire, prisme pertinent d'analyse du fonctionnement de l'Etat, conduit également à s'interroger sur son monopole et sa quête de légitimité en Afrique, ici dans sa dimension urbaine et locale.

02/2010

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Philosophie

La société punitive. Cours au Collège de France (1972-1973)

"L’organisation d’une pénalité d’enfermement n’est pas simplement récente, elle est énigmatique. Qu’est-ce qui pénètre dans la prison ? En tout cas, pas la loi. Que fabrique-t-elle ? Une communauté d’ennemis intérieurs". C’est en ces termes que Michel Foucault dénonce, dans ce cours prononcé en 1973, et que viendra compléter, en 1975, son ouvrage Surveiller et punir, le "cercle carcéral". La Société punitive étudie ainsi comment les sociétés traitent les individus ou les groupes dont elles souhaitent se débarrasser, c’est-à-dire les tactiques punitives, mais aussi la prise de pouvoir sur le corps et sur le temps et l’instauration du couple pénalité-délinquance. Michel Foucault retrace l'histoire des "tactiques fines de la sanction" dont il distingue quatre modalités : exiler ; imposer un rachat ; marquer ; enfermer. C'est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que se développe une "science des prisons" à fonction corrective et que se construit un discours sur le criminel et son traitement possible, donnant naissance à un schéma de société qui vise à l’absolu du contrôle et de la surveillance. L’ajustement entre le système judiciaire et le mécanisme de surveillance (l’organisation d’une police), entre l’émergence de la richesse et la pratique des illégalismes, entre la force corporelle de l’ouvrier et l’appareil de production s’accomplit ensuite au tournant du XIXe siècle. Foucault démontre donc que ce sont les instances de contrôle para-pénal du XVIIe et du XVIIIe siècle qui ont abouti, in fine, au fonctionnement de la prison, visant à l’élimination du désordre, au contrôle de la distribution spatiale des individus, de leur emplacement par rapport à l’appareil productif. La Société punitive finit par poser la question, cruciale aux yeux du philosophe, de la validité intrinsèque de la loi pénale. A-t-elle vocation universelle ou se limite-t-elle à la douteuse applicabilité d’une somme de décrets ?

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Littérature étrangère

L'ombre du mur. Chroniques du mur de Berlin

L'Ombre du mur est une " géographie personnelle " et littéraire du mur de Berlin tombé il y a vingt ans, vécue, écrite par douze écrivains venus de l'Est. Autant de séquences individuelles où l'Histoire s'imbrique dans une collusion permanente entre passé, présent et avenir. Le " cercle " de Velibor Colié, le Bosniaque, commence à Auschwitz, passe par Srebrenica et l'Espagne républicaine pour se refermer provisoirement à Berlin. L'" étonnement infini " de Bessa Myftiu, l'Albanaise, est né presque imperceptiblement le jour où la statue d'Enver Hoxha est tombée, poussée par une foule transfigurée. " Partir, c'est mourir un peu " pour le transfuge roumain Norman Manea et Berlin devient un lieu de " pèlerinage de la croisée des chemins d'une existence et de tant d'autres ". Lutz Seiler, l'Allemand, parle d'héritage, littéraire avant tout, et son mur se transforme en une mesure du temps. L'homme des frontières, Luan Starova, le Macédonien, évoque les Portes de l'Enfer derrière lesquelles se sont murés, depuis des siècles, les Balkans. Les anges échafaudés du Hongrois Làszlô Garaczi veillent sur Berlin, où tout doit être réappris en permanence. Théodora Dimova, la Bulgare, évoque ses transitions : Tchernobyl, les hivers postcommunistes ou ses propres livres. Katja Lange-Müller, l'Allemande, est témoin des temps où Marina, Marina n'était encore qu'une chanson joyeuse, avant de devenir une margarine bon marché. Le Polonais Wlodzimierz Odojewski se demande si on pouvait entendre à travers le mur les voix de l'autre partie de l'Europe. Le mur de Martin Smaus est celui de Lennon, symbole de résistance à Prague. Pour Anatoli Koroliov, l'enfermement a commencé avec la palissade qui entourait la maison de son enfance. Sous les décombres, Edin, le personnage du jeune Serbe Vladimir Kecmanovié, essaie en vain de retrouver un morceau du mur de Berlin perdu pour toujours... Et ce mur continue de hanter, telle une ombre sur un paravent de pierres qui, hier encore, séparait les hommes.

10/2009

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Littérature française

En chantier

L’ouverture d’un chantier de construction devant ses fenêtres incite le narrateur de En chantier à se remettre à son travail de romancier. L’écriture redevient possible et progresse alors au même rythme que le chantier. Jour après jour, avec une régularité obstinée, et une fascination bientôt obsessionnelle. D’un côté un homme qui vit seul, reçoit son fils adolescent une fin de semaine sur deux, et parfois une amante fugitive ; de l’autre, des ouvriers qui travaillent ensemble, exposés aux quatre vents, avec des machines, des camions, et une énergie physique et virile. Au fil du temps, l’écrivain entretient un dialogue imaginaire avec les hommes du chantier, qui deviennent son unique horizon, en installant sur son balcon un grand tableau sur lequel il note toutes sortes d’informations, jusqu’aux résultats du tour de France dont il les informe étape par étape... Et c’est cette relation impossible entre ces êtres qui, chacun dans leur domaine, construisent une oeuvre, qui donne à ce roman très original toute sa densité. Quand le romancier est contraint d’abandonner son poste d’observation pour partir en vacances avec son fils et pêcher dans les lacs de Haute-Loire, l’écrivain devient alors pleinement un père. Se joue ici une autre relation, celle d’un père avec son garçon, qui s’invente dans une nature et une façon de vivre au plus dépouillé, mais aussi au plus profond. D’une écriture précise, directe et très fluide, En chantier est un roman qui interroge ce qui sépare ou unit les hommes, questionne la place du masculin et dit l’impossibilité de communiquer entre différents mondes, dans une société contemporaine rongée par l’enfermement. En plus d’un humour discret, un vrai suspense s’installe au fil des pages habilement construites, puisque la fin du chantier approche et qu’on se demande comment le narrateur-écrivain va supporter l’idée de réintégrer une vie de solitude.

01/2011

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Critique littéraire

Lettres 1937-1943

Le 30 septembre 1937, Antonin Artaud, expulsé d'Irlande, est "débarqué" au Havre. Quelques jours plus tard, il est transféré à l'asile départemental d'aliénés de Seine-Maritime de Sotteville-lès-Rouen, dans le quartier hommes de Quatre-Mares. Les lettres qu'il rédige alors décrivent avec acuité le vécu d'angoisse et de désespoir d'un aliéné, masquant son identité sous des noms d'emprunt pour manifester toutes ses récriminations avec une énergie hors du commun qui le caractérisera tout au long de sa vie. Il est ensuite placé à Paris, à l'hôpital Sainte-Anne, le 1e avril 1938 ; il y demeurera jusqu'au 27 février 1939. Les lettres présentées confirment l'état pathologique d'Artaud, son obsession : sortir de ces lieux. Malgré ses conditions de vie et d'enfermement, il ne cesse d'écrire, de dessiner, et réclame sans cesse du papier. Après Sainte-Anne. Antonin Artaud est interné à l'asile de Ville-Evrard, où il demeurera jusqu'au 22 janvier 1943. La quantité et la qualité des documents qui sont présentés sont d'une imposante richesse sur l'état psychologique et physique d'Artaud, avec toujours cet impérieux besoin de s'exprimer malgré la maladie, les privations. Compte tenu de la misère régnant alors dans les asiles, qualifiée d'"extermination douce", et du danger que courait l'artiste, sa famille et ses amis vont réussir à obtenir un nouveau transfert pour l'asile de Paraire, à Rodez, en février 1943. Dans ce volume sont transcrites les lettres, dans leur graphie originale, qu'Artaud a rédigées entre 1937 et 1943. Nombreuses sont celles qui furent retenues par l'administration. A Roger Blin ou à André Gide, à Balthus ou au chancelier Hitler, Artaud lance ses invectives, ses suppliques et ses cris de souffrance. Ces écrits témoignent de la puissance d'une pensée fulgurante, météorique, prophétique, géniale dans ses possibilités d'expression et de création, un réservoir d'énergie inépuisable qui va oeuvrer toute sa vie, pour le conduire dans l'au-delà des rivages de la raison.

11/2015

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Philosophie

D'une philosophie à l'autre. Les sciences sociales et la politique des modernes

À l'origine, avec Socrate, la philosophie est une forme singulière de discours par lequel, selon Max Weber, on «coince quelqu'un dans un étau logique». Acte politique de résistance à un certain dévoiement de la parole publique et politique, le dialogue philosophique exige de ses interlocuteurs non plus qu'ils se conforment à un type de vérité susceptible d'exposition doctrinale, mais qu'ils entrent dans sa recherche commune - que la vie commune se reconfigure à travers ce type d'expérience dont la philosophie dégage le socle. Or, la situation change du tout au tout avec l'émergence au XIXe siècle des sciences sociales qui font leur miel, à l'âge démocratique, de la connaissance relative au gouvernement des hommes, aux groupements qu'ils forment, aux liens qui les rassemblent, aux régimes de pensée et d'action qu'on peut y rattacher. Auguste Comte appelle à passer de la philosophie métaphysique à une autre, positive, dont la seule fonction, ancillaire et résiduelle, est d'aider à la clarification et à l'articulation méthodologiques des travaux scientifiques. Assurément, à la manière de la Grèce ancienne, les sciences sociales ont imposé un nouvel «état logique» au discours public, opposé leur résistance mentale et normative à une conjonction délétère entre parole et pouvoir politique, et, en définitive, modifié la perception que les individus ont de leur existence dans leur situation sociale et politique en même temps qu'elles inventent des manières d'agir sur cette situation même. L'enfermement des disciplines institutionnalisées dans leur champ respectif acheva de les convaincre que la philosophie était seconde par rapport à leur rationalité propre. C'est justement à l'articulation de ces disciplines et ambitions, démontre Bruno Karsenti, que la philosophie doit se déployer : si le discours des sciences sociales est bel et bien requis par le développement des sociétés modernes en ce qu'elles sont vraiment démocratiques, la philosophie se doit, elle, d'interroger cette exigence par-delà toute contrainte imposée par la division en disciplines particulières.

02/2013

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Psychologie, psychanalyse

On dit qu'ils sont fous et je vis avec eux. Edition revue et augmentée

Vivre avec les fous ! Les soigner d'accord, mais partager le même toit ? Pour une psychiatre censée garder ses distances avec ses patients, ça n'est pas très professionnel... Quelle mouche a donc piqué Marie-Noëlle Besançon quand elle a décidé de créer un étrange lieu de vie : une maison où des personnes, souffrant de troubles psychiques, et des «bien portants» font la cuisine ensemble, partagent des repas, apprennent l'informatique, gèrent une friperie et organisent des défilés de mode ? Ce livre raconte l'aventure passionnante d'une femme et de son mari qui, avec l'aide d'une association, ont pris le risque insensé de mettre en oeuvre une utopie : sortir ceux que l'on appelle les fous de l'enfermement de l'hôpital sans les abandonner à la rue et à la précarité, les reconnaître comme des humains sans les réduire aux maux dont ils souffrent. Ainsi est née la Maison des Sources, une formidable bouffée d'espoir et d'amour, où chacun, fort de ses fragilités et s'enrichissant de l'autre, est invité au festin de la vie. Depuis, l'association Les Invités au Festin (IAF) s'est développée. Elle a ouvert différentes structures : un groupe d'entraide mutuelle en 2008, une deuxième maison dans la banlieue bisontine en 2009, un accueil de jour à Boulogne-Billancourt en 2010, devenu autonome en 2014, et un service d'accompagnement médico-social en 2014. Elle a créé un réseau de développement, IAF réseau, en 2007, pour diffuser son concept de psychiatrie citoyenne : seize associations membres oeuvrent aujourd'hui sur le modèle des IAF, en France et à l'étranger (Afrique, Belgique). Cette expérience pionnière, agréée entreprise solidaire, a reçu de nombreuses reconnaissances nationales et internationales, dans différents domaines : économie sociale (Fondation du Crédit coopératif en 2002, sélection Ashoka en 2006), maladie psychique (Fondation de France en 2008 pour IAF réseau), presse grand public (Version Femina en 2006, Femme Actuelle en 2007).

01/2015

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Sociologie

De l'éducation spécialisée. Ses enjeux, son actualité et sa place dans le travail social, 12e édition

Cette réflexion d'ensemble sur le travail de l'éducateur est devenue un ouvrage de référence pour tous ceux qui s'engagent auprès d'enfants ou d'adultes en difficulté. A partir d'un regard critique sur un demi-siècle d'éducation spécialisée, les auteurs relient dans une même perspective tradition et modernité, pour dresser un large panorama des pratiques éducatives. Alors qu'aujourd'hui le terme générique de travail social ou d'intervention sociale a tendance à s'imposer, les auteurs réaffirment la pertinence de distinguer la place de l'éducation spécialisée et d'en définir les enjeux. Plus que jamais les compétences pour accompagner les personnes, enfants, adolescents ou adultes, dans le moindre des actes d'une vie quotidienne, requièrent des éducateurs formés, responsables, conscients de leur action. Maurice Capul et Michel Lemay leur offrent un outil de premier plan auquel ils peuvent recourir pour fonder leurs interventions. A partir d'une synthèse de l'apport des disciplines des sciences de l'homme qui nourrissent le corpus théorique nécessaire à l'exercice des métiers de l'éducation spécialisée, ils recensent l'ensemble des techniques pédagogiques ou soignantes forgées dans la proximité des personnes accompagnées. A la fois théoriciens et praticiens, les deux auteurs échappent à tout enfermement idéologique ou toute querelle de chapelle qui viendraient priver les professionnels d'un accès à des matériaux conceptuels ou des outils pratiques adaptés à leurs métiers. A l'heure où d'inutiles tensions entre champs disciplinaires ou pratiques éducatives et soignantes freinent l'entrée dans cette complexité, l'esprit d'ouverture dont font preuve les auteurs fait à la fois la force et l'originalité de cet ouvrage. Dans cette nouvelle édition, Philippe Gaberan livre un entretien avec Michel Lemay. Il lui donne ainsi la possibilité de commenter et d'analyser l'évolution actuelle des différents métiers du social en lien avec les politiques sociales et surtout avec la formation professionnelle.

08/2019

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Théâtre

Dramaturgies de l'atelier-théâtre. Tome 2, Au bonheur des petites formes

Après le succès de Dramaturgies de l'atelier-théâtre (1) qui posait les bases et les principes d'une conduite d'atelier fondée sur une dynamique collective et sur le recours à la fiction comme élément fédérateur, il a paru nécessaire de continuer à présenter des expériences concrètes d'atelier avec des jeunes et des moins jeunes. A rebours du modèle toujours dominant de la grande représentation de fin d'année, dont on connaît bien les risques chronophages et les dangers d'enfermement dans le pastiche du "Grand Théâtre", les auteurs militent ici pour des formats dramatiques courts. Les petites formes constituent en effet un moyen terme fertile entre l'atelier en tant que processus et l'atelier en tant que projet d'élaboration d'un objet et sa mise en contact avec un public. La brièveté du temps de représentation en permet une maîtrise plus aisée et plus rapide, et donne au groupe le sentiment satisfaisant d'avoir mené son projet à terme sans marche forcée et dans des délais raisonnables. Par ailleurs, cette brièveté offre la possibilité de jouer plusieurs fois et d'apprivoiser le rapport au public. Enfin, le temps réduit joue comme une contrainte génératrice de formes inédites et variées. Les personnes qui encadrent les ateliers-théâtre - qu'elles soient artistes-intervenants, enseignants ou animateurs - trouveront ici non seulement les modalités précises et concrètes de mise en oeuvre de ce type de projet, mais aussi un foisonnement d'idées et de thèmes pour concevoir et composer leur petite forme, dans de savants et stimulants montages/collages d'extraits de textes dont sont données les références. Nous espérons que l'ouvrage, rédigé à partir des expériences complémentaires de Chantal Dulibine, enseignante et formatrice d'enseignants, et Bernard Grosjean, metteur en scène-intervenant et enseignant à l'Institut d'Etudes Théâtrales de Paris III, procurera à ses lecteurs de fort nombreux bonheurs théâtraux et générera de pleines brassées d'heureux projets.

06/2018

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Philosophie

Théories et institutions pénales . Cours au Collège de France (1971-1972)

«Ce qui caractérise l'acte de justice, ce n'est pas le recours à un tribunal et à des juges ; ce n'est pas l'intervention des magistrats (même s'ils devaient être de simples médiateurs ou arbitres). Ce qui caractérise l'acte juridique, le processus ou la procédure au sens large, c'est le développement réglé d'un litige. Et dans ce développement, l'intervention des juges, leur avis ou leur décision n'est jamais qu'un épisode. C'est la manière dont on s'affronte, la manière dont on lutte qui définit l'ordre juridique. La règle et la lutte, la règle dans la lutte, c'est cela le juridique.» Michel Foucault Théories et Institutions pénales est le titre donné par Michel Foucault au cours qu'il prononce au Collège de France de novembre 1971 à mars 1972. Dans ces leçons, Michel Foucault théorise, pour la première fois, la question du pouvoir qui va l'occuper jusqu'à la rédaction de Surveiller et Punir (1975) et au-delà, d'abord à travers la relation minutieuse de la répression par Richelieu de la révolte des Nu-pieds (1639-1640), puis en montrant comment le dispositif de pouvoir élaboré à cette occasion par la monarchie rompt avec l'économie des institutions juridiques et judiciaires du Moyen Age et ouvre sur un «appareil judiciaire d'Etat», un «système répressif» dont la fonction va se centrer sur l'enfermement de ceux qui défient son ordre. Michel Foucault systématise l'approche d'une histoire de la vérité à partir de l'étude des «matrices juridico-politiques», étude qu'il avait commencée dans le cours de l'année précédente (Leçons sur la volonté de savoir), et qui est au coeur de la notion de «relation de savoir-pouvoir». Ce cours développe sa théorie de la justice et du droit pénal. La parution de ce volume marque la fin de la publication de la série des Cours de Michel Foucault au Collège de France (dont le premier volume a été publié en 1997).

05/2015

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Sociologie

Je n'étais plus aussi bête qu'au commencement. Cahier manuscrit relatant la vie d’une prostituée anonyme — 1890

Le second titre de la collection archVives est basé sur le cahier anonyme d'une prostituée de la fin du XIXe siècle découvert par hasard aux Archives cantonales de Genève. Ce cahier - un seul, non terminé - déroule en une longue phrase l'histoire d'un enfermement de plusieurs années en maison close et d'une aspiration à la liberté. Ce récit intime a été rédigé en vue de lui conférer le statut de témoignage et, peut-être, d'éviter à d'autres femmes le piège de la prostitution ; mais ce cahier n'a jamais été publié. Il interroge pourtant ce que nous tentons si souvent de comprendre : pourquoi et comment peuvent être mis en place, appliqués et acceptés des systèmes de domination et de violence basés sur l'inégalité. Ici le commissaire de police et le médecin se prêtent main-forte au nom de l'hygiène morale et publique et accréditent de leur autorité légale et médicale la suprématie d'un genre sur un autre, d'une classe sur une autre. Mais l'approche de Mayte Garcia relève du pas de côté. Elle n'explique pas, ne raconte pas, elle choisit de partager ses questions et sa méthode d'approche. C'est en sa compagnie, en suivant son propre cheminement interprétatif du cahier anonyme que nous avançons et découvrons à sa suite l'histoire suffocante d'une prisonnière. S'invitant subtilement au milieu de ces pages, elle redonne voix et présence à une femme. Au milieu du livre, après cette première partie interprétative, est reproduit le texte du cahier intégralement retranscrit, permettant au lecteur de se plonger à son tour au coeur de ce témoignage glaçant. Enfin, dans la dernière partie, Mayte Garcia reprend son cheminement interprétatif et amène la lectrice et le lecteur, par une mise en perspective historique et contextuelle, à aborder les questions cruciales que soulève ce témoignage : celles du corps, de la pauvreté, de la féminité, de la violence, et de l'amour.

10/2023

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Religion

La transgression chrétienne des identités

Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Questions fondamentales de l'être humain à toutes les époques. Cette question de leur identité, les individus et les sociétés se la posent aujourd'hui avec d'autant plus d'inquiétude que la réponse est incertaine. Cette quête d'identité est liée à un besoin légitime d'appartenance, d'enracinement, mais celui-ci, aujourd'hui, se transforme parfois en une revendication radicalisée de particularisme communautaire, qui met en péril le vivre- ensemble en société. Comment donc empêcher les identités de se clore sur elles-mêmes ? Comment penser et vivre une identité qui se fait "en se cherchant et en s'inventant " ? Comment "chercher notre identité dans la différence" ? Ne faut-il pas transgresser les identités pour les ouvrir à l'universel ? C'est ce que fera sans hésitation Paul, le Juif, le Grec et le Romain, pour l'universel de l'amour du Christ qui l'a saisi : Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n'y a plus l'homme et la femme ; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus Christ (Ga 3, 28). Cette ouverture à la pluralité des identités doit elle-même se traduire par une pluralité d'approches de la thématique. Se conjugueront donc les apports théologiques, exégétiques, éthiques, littéraires, philosophiques... Une conviction traverse l'ensemble des actes de ce Xe Colloque Gesché : il n'est pas d'identité humanisée dans l'enfermement, pas d'identité sans transgression, c'est-à- dire sans exposition à l'altérité de l'autre… et de soi-même, entre singularité et horizon de l'universel. Benoît Bourgine, Paul Scolas, Daniel Procureur, Frédéric Blondeau et Joseph Famerée ont élaboré ce symposium, en lien avec la faculté de théologie de Louvain-la-Neuve. Le lecteur y trouvera, plus vivant que jamais, l'esprit qui caractérise les Colloques Gesché depuis leur origine : une certaine manière de pratiquer la théologie dogmatique, à savoir, "identifier une question importante qui se pose à la foi chrétienne et qui est, en même temps, un enjeu anthropologique, un enjeu de culture et de société, et traiter cette question à partir d'éclairages multiples".

01/2012