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Psychologie, psychanalyse

La traversée des sentiments. Un cadre pour l'histoire des émotions (1700-1850)

A partir d'une lecture critique de la recherche sur les émotions en psychologie cognitive et en anthropologie, William Reddy propose une approche des émotions qui évite à la fois le réductionnisme des conceptions psychologiques et l'image figée, en dehors du temps, de l'interprétation culturelle. Les documents historiques montrent sans la moindre ambiguïté que l'expression affective peut explorer et transformer les émotions en fonction du choix des expressions pour les "représenter". De ce fait, il découle que les groupes humains, des plus petites commutés aux plus grands Etats, peuvent et doivent chercher à gérer le vocabulaire, les expressions idiomatiques, tout le style adopté par les individus pour exprimer leurs émotions. La coopération nécessite de partager un style émotionnel, sinon la communication devient obscure, incertaine, voire impossible. Les émotifs (terme que l'auteur propose pour désigner ces expressions qui sondent et transforment les affects) revêtent évidemment une importance politique primordiale. Dans une seconde partie de cette étude, Reddy applique cette théorie à un tournant de l'histoire française. Peu d'épisodes historiques illustrent mieux que la Révolution française la manière dont les changements de style émotionnel peuvent accompagner et mime canaliser le cours de l'Histoire. De la sensibilité des Lumières à la vertu républicaine, au romantisme du début du XIXe siècle, les femmes et les hommes français ont cherché de nouvelles façons de s'exprimer, de découvrir et de gérer l'émotion, avec des répercussions sans précédent sur le monde réel de la politique et de la vie sociale.

09/2019

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Littérature française

L'Envol. Fragments de langue paternelle

"Son père lui était réapparu sur le tard, au terme d'une quête longtemps souterraine. Ainsi coule un deuil qui ne peut sourdre. Ses prouesses de bon élève et ses rêveries solitaires, ses eczémas d'apôtre et de militant, puis ses failles et saillies de père de famille ou de professeur qui "pensait à haute voix", tous ces devoirs d'excellence n'étaient peut-être que les avatars d'un long et patient décryptage des débris de sa langue paternelle. Le puzzle se reconstituait davantage à chaque bribe de souvenir, à chaque parole ressortie des alluvions. C'est comme les rhizomes, les mots, ça questionne par en dessous, ça s'organise à l'abri des vents et des ragots, ça se souvient des continents disparus; ça pousse des investigations de détective et soudain, quand le réseau est en place et que bande le printemps, ça crève l'asphalte. Il avait ainsi rassemblé et rajusté les tessons de sa petite enfance jusqu'à ce que, à force de rappels, de désir et de pardon, son père fût venu habiter le jardin secret de sa retraite." L'envol est un récit qui plonge dans l'enfance de l'auteur. II s'agit d'une enquête, d'une quête marquée au sceau de la langue - paternelle - qui émerge par bribes, par fragments, au fil du texte. Aucune chronologie réconfortante où s'accrocher, sinon un abécédaire rythmant le propos dont surgit une parole, une voix singulière qui prend son essor, son envol, au-delà des drames familiaux aux accents de tragédie.

06/2012

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Sports

Pourquoi ils vont voir des corridas

Pourquoi vont-ils voir des corridas ? Autant les motivations du cinéphile ou celles du mélomane ne font guère de mystère et ne se trouvent jamais discutées, autant la foule des arènes semble être sans visage, sans raison(s) et même sans coeur à tous ceux qui ne s’y sont jamais mêlés. Il était donc temps de connaître les motivations obscures ou rationnelles qui poussent chaque année deux millions de personnes vers des arènes françaises. Car il y a là une véritable société, aussi diverse que celle des amphithéâtres de droit commun. Marc Delon a rassemblé ici un nombre important de témoignages dont la variété langagière et sentimentale ne manquera pas de surprendre les curieux et les philistins. Certains s’émeuvent ainsi de la beauté du geste de toréer, d’autres puisent dans la corrida une représentation de la vie et de la mort, d’autres encore ne peuvent donner pour explication que celle des souvenirs. Quelle étonnante assemblée humaine que celle des arènes, où l’on trouverait presque, chaque après-midi de toros, de quoi remplir un dictionnaire des professions sinon un échantillon du peuple français. C’est ainsi que selon le prix de votre place et selon votre niveau de chance, vous vous trouverez assis à côté d’un brancardier, d’un notaire, d’un gardien de square, d’une anesthésiste, d’un faussaire ou d’une présentatrice météo. Un public aux voix dissonantes, et qu’une émotion soudainement unanime fait crier depuis un même fonds de gorge : "Olé !". Une arène, un public, des milliers de ténors.

06/2013

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Sociologie

Pierre Bourdieu. Une vie dédoublée

A guère moins d'une décennie de la disparition de son auteur, il devient envisageable d'établir un bilan, éloigné autant que faire se peut des hagiographies et des règlements de comptes, de l'oeuvre de Pierre Bourdieu, sociologue médiatisé comme aucun avant lui. La tâche était d'autant plus ardue qu'en préconisant une " sociologie de combat " Bourdieu a donné de lui et de la sociologie en général une image partisane et dominatrice, à laquelle Cornaton oppose une sociologie partagée, apaisée, de la main ouverte. Sa profonde originalité est d'avoir choisi de s'immerger dans l'oeuvre " en sympraxie plutôt qu'en sympathie ", pour reprendre une formule bourdieusienne. Le Bourdieu de Cornaton nous permet de découvrir deux hommes aux origines sociales communes, aux engagements fondamentaux identiques (l'Université, l'Algérie, les camps de regroupement, la recherche-action, la défense des opprimés, etc.) et, finalement, des choix de vie et des résultats de recherche différents sinon divergents. Une véritable analyse psycho-sociale comparée qui démonte, in vivo, la mécanique bourdieusienne de la prédestinée. Tout en présentant ses convergences et divergences sur les concepts et terrains du sociologue, à partir de textes moins connus, Michel Cornaton veut nous faire entendre aussi le combat intérieur douloureux de Pierre Bourdieu pour conjurer la schize qui, sa vie durant, l'a coupé en deux. Lorsque la sphère Bourdieu aura continué à se dégonfler et que l'oeuvre aura un peu plus perdu de son rayonnement on peut se demander ce qu'il en restera. Certainement une partie, mais laquelle ?

12/2010

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Religion

Pourquoi l'antisémitisme ?

La question du pourquoi de l'antisémitisme reste entière, qu'il s'agisse de l'antisémitisme passé et de son aboutissement : l'extermination des Juifs d'Europe, ou de l'antisémitisme récent qui assassine encore un peu partout dans le monde. On préfère décrire le comment, énumérer les crimes, expliquer les méthodes, les circonscrire dans le temps ou les traiter comme des extensions idéologiques des régimes totalitaires. En réalité, depuis plus de mille ans, ce désir de génocide n'a cessé, sous divers visages, de hanter l'Europe. En témoigne, au XIIe siècle, cette imprécation de Chrétien de Troyes, dans le Roman du Graal : " Les mauvais juifs, on devrait les tuer comme des chiens ", manifestation parmi bien d'autres de l'antisémitisme qui, dès l'origine, est au coeur de la chrétienté, notamment dans les Epîtres de Paul. Présent dans les Croisades, l'Inquisition, les pogromes, les expulsions, il réapparaîtra, sécularisé, sous la plume de Voltaire ; le brûlot sera ensuite transmis à gauche chez Marx, Proudhon, Bakounine, Fourier, et à droite chez les " chrétiens-germaniques " qui le livreront, prêt à l'emploi, aux nazis et à Hitler. Ce désir - manifeste dans l'islam - s'affirme dans les discours d'un Ahmadinejad et dans les actes d'un Mohamed Merah. A l'heure où la culture islamiste rencontre quelques complaisances sinon complicités dans les sociétés européennes, ressuscitant un irrationnel meurtrier que l'on croyait disparu, il est urgent de privilégier la réflexion sur " le pourquoi de l'antisémitisme " afin d'élucider le fantasme de " la solution finale " toujours actuel.

03/2013

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Critique littéraire

Poètes de l'amour

Les poétiques de l'amour étudiées dans ce recueil semblent traversées, d'une époque à l'autre et d'un poème à l'autre, par la question de la trace, de l'empreinte, de l'esquisse. Dessin presque évanoui de ce qui fut peut-être un amour avant d'être de la poésie. Ou tout autant, invention de ce qui aurait pu être un amour, de celle (celui) qu'on eût aimé(e). Pourtant ces poètes qui, tous, rencontrent, sinon la mort, du moins sa menace, son double, la trahison, l'éloignement, ne se veulent pas seulement poètes de la déploration. Il semble qu'ils soient, de ce fait même, inventeurs d'une histoire à travers un ordre précaire. La quête amoureuse est donc aussi celle d'une forme nouvelle, d'une poésie en rupture avec celle qui avait cours, d'un modèle qu'il faut parfois renouveler, quitte, parfois, à prétendre imiter... l'Orient par exemple. Car l'invention, chez ces poètes, comme le montrent savamment les contributeurs de ce recueil, ne va jamais sans la trace de ce qui s'écrivit avant, dans ces textes qui sont autant de réécritures d'autres textes. La blessure, si elle existe, se dit aussi en cherchant sa voix à travers d'autres voix. Ainsi, construire l'être aimé dans la juxtaposition de figures et de pièces éparses n'est pas cesser d'être un " poète de l'amour ", c'est bien chercher à saisir la silhouette du vers idéal.

11/2004

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Religion

Madeleine Delbrêl, une vie sans frontières

Où situer l'actualité de Madeleine Delbrêl (1904-1964), sinon dans son message spirituel d'incarnation, centré sur le quotidien et la vie des gens ordinaires ? Où trouver sa vérité, par-delà un itinéraire fascinant, hors des conventions et des étiquettes ? Dans cette biographie attachante, Charles F. Mann retrace son parcours. Après une adolescence aux allures émancipées, le passage par un athéisme radical et la conversion au catholicisme, Madeleine Delbrêl choisit d'aller vivre l'Évangile en pleine pâte humaine : son destin l'amène à Ivry, en banlieue parisienne. En étroit contact avec les militants communistes locaux, avec un sens profond de l'action humanitaire associé à son esprit contemplatif, elle vit l'amour de Dieu en pleine rue, dans les cafés, les métros et la foule de Paris. Chez Madeleine, esprit pétillant et sens de l'humour se conjuguent avec la défense des pauvres et des opprimés, le combat pour la justice sociale et le respect de la dignité humaine. Confrontée à la violence, aux procès politiques, aux emprisonnements injustes, au sort cruel des travailleurs, des sans-abri et de tous ceux qui ont faim, Madeleine Delbrêl a fait entrer toutes ces souffrances dans sa vie intérieure, vécue au jour le jour. Cette spiritualité, d'une portée impressionnante, explique pourquoi sa cause de béatification a été introduite à Rome, premier pas vers la reconnaissance de la sainteté. Se plonger dans la vie de cette " mystique laïque ", c'est entrer dans la découverte d'une foi profonde, d'une espérance indomptable et d'un amour sans limites...

08/2002

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Littérature française

Le mot amour

Le mot amour a, dans le langage, un statut très singulier c'est un mot qu'il est facile de prononcer, mais qu'il est difficile d'entendre, l'eût-on longtemps attendu. Il a le pouvoir de donner vie et mort, les deux parfois se confondant. Les quatre dialogues réunis ici mettent en scène quatre couples que hante une amitié amoureuse : Artemisia Gentileschi et Galilée, Julie Talma et Benjamin Constant, Eleonora Duse et Gahriele D'Annunzio, Maria Callas et Pier Paolo Pasolini. Les quatre femmes sont des artistes qui vécurent la passion sur scène ou sur la toile. Toutes les quatre en ont retiré des plaisirs incertains. Artemisia fut tentée d'abandonner les sujets sanglants de ses tableaux. Julie renonça très vite à sa carrière de comédienne pour assurer celle de son mari. La Duse, enfant de la balle, aurait souhaité pouvoir se passer du public et du théâtre, mais, à l'exception de quelques mois de silence, ne se permit aucune pause et mourut en tournée. La Callas perdit sa voix et crut, l'espace de quelques années, préférer la vie à la scène, avant de comprendre qu'elle n'avait d'existence que par son art qui l'avait abandonnée. Toutes les quatre ont été, par ailleurs, sinon de grandes amoureuses, du moins des femmes obsédées par la représentation narcissique de l'amour, dans sa violence tragique. Aucune ne fut fidèle, aucune n'inspira de fidélité amoureuse. Les quatre hommes qui furent leurs amis respectifs multiplièrent liaisons ou aventures. Aucun ne connut d'amour heureux.

09/2005

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Ethnologie

Histoire et Anthropologie N° 24/2002 : Mémoires, cultures et traditions

La mémoire est filante et se joue des lois ou des leçons de l'histoire. Trop d'exemples attestent du refus des hommes de voir le passé. La tradition, ancrée dans le tréfonds de notre inconscient, participe souvent à l'occultation des faits historiques. Ces derniers, même avérés, conservent une part maudite de doute qui entrave toute interprétation raisonnable et scientifique sinon objective du monde. D'aucuns défendent ainsi l'indéfendable sous prétexte que chacun fait usage de sa mémoire (et de celle des autres !) comme bon lui semble. C'est là une démarche aux antipodes de l'historien. Le cas le plus symptomatique et le plus inquiétant est celui des négationnistes, ces " chiffonniers de l'histoire " qui ont fait de leur terrible relecture de l'Holocauste un macabre fonds de commerce, aux finalités plus politiques que scientifiques. Là, tous les êtres sensés et de bonne volonté s'accordent pour reconnaître l'évidence, ce qui n'est absolument pas le cas pour quantité d'autres sujets : l'esclavage par exemple, comme l'a encore démontré le ramdam autour de la conférence de Durban en 2001 où l'on a pu constater, une fois de plus, que tout le monde ne peut pas tout dire. Loin de là. De même, la mémoire est prisonnière des démons de ceux qui la manipule ainsi que de ceux malheureusement, qui ont été manipulés, fut-ce par le déni de vérité ou l'absence d'information. Mémoire éclatée, mémoire occultée, le " passé qui ne passe pas ", le travail d'éducation est à faire.

09/2002

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Philosophie

Philosophie du vivre

"Vivre nous tend entre l'un et l'autre : il dit à la fois l'élémentaire de notre condition, être en vie, et l'absolu de notre aspiration : "Vivre enfin !" Car que pourrions-nous désirer d'autre que vivre ? Vivre est en quoi nous nous trouvons toujours déjà engagés en même temps que nous ne parvenons jamais, pleinement, à y accéder. Aussi la tentation de la philosophie, depuis les Grecs, a-t-elle été de le dédoubler : d'opposer au vivre répétitif, cantonné au biologique, ce qu'on appellera, le projetant dans l'Etre, la "vraie vie". Refusant ce report et circulant entre pensée extrême-orientale et philosophie, j'envisagerai ici quels concepts peuvent faire entrer dans une philosophie du vivre : le moment, l'essor opposé à l'étalement, l'entre et l'ambiguïté ; ou ce que j'appellerai enfin, prenant l'expression en Chine, la "transparence du matin". Je me demanderai, plus généralement, comment chaque concept, pour se saisir du vivre, doit s'ouvrir à son opposé. Car comment s'élever à l'ici et maintenant sans se laisser absorber dans cet immédiat, ni non plus le délaisser ? Ce qui impliquera de développer une stratégie du vivre en lieu et place de la morale. Le risque est sinon d'abandonner ce vivre aux truismes de la sagesse ; ou bien au grand marché du développement personnel comme au bazar de l'exotisme. Car cet entre-deux, entre santé et spiritualité, la philosophie ne l'a-t-elle pas, hélas ! , imprudemment laissé en friche ?" François Jullien.

03/2011

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Animaux, nature

Le frelon asiatique, un redoutable prédateur. Le connaître pour mieux le combattre

Le frelon asiatique Vespa velutina nigrithorax inquiète, interroge, voire passionne de nombreuses personnes. Ce frelon invasif venu de Chine pose des soucis en Europe : impacts négatifs sur les populations d'insectes européens, dont l'abeille, sur certaines activités économiques (secteur apicole, viticole, production de fruits, gestion des espaces verts...), et sur la santé humaine (risque d'accidents). Face à ces divers problèmes, que pouvons-nous faire ? Quel(s) comportement(s) adopter en sa présence ? Des solutions existent-elles ? Sinon, seront-elles bientôt disponibles ? Malgré cette vision inquiétante et les questions en terme de protection et de contrôle que beaucoup se posent, à raison, le frelon asiatique offre de nombreux sujets d'étonnement, via la construction de son nid (impressionnant de par sa taille, son architecture et sa localisation), la structure et le fonctionnement de ses sociétés, le comportement coopératif des ouvrières, la colonisation si rapide du territoire européen, ses interactions avec les espèces locales (pas toujours à son avantage d'ailleurs), etc. Toutefois, le frelon asiatique, comme bien d'autres espèces de guêpes et de frelons, reste encore fort méconnu du grand public, mais aussi de nombreux professionnels. Ce livre propose donc, par des textes accessibles au plus grand nombre, et de multiples photographies spectaculaires, un état des lieux de nos connaissances sur ce frelon, des recherches menées sur celui-ci et sur les outils de lutte efficaces et sélectifs bientôt disponibles. Il intéressera aussi bien les personnes confrontées au frelon asiatique (apiculteurs, désinsectiseurs, gestionnaires, entomologistes, scientifiques...) que celles tout simplement curieuses de connaître cet insecte passionnant.

10/2019

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Littérature française

Filature et tissage

Tous les chemins, dit-on, mènent à Rome. Pour Abel Bertona, la route de l'Italie passe par la Lorraine. Il a quitté les rivages de l'Atlantique et débarque, en compagnie de Sonia, sa jeune amie, et avec la ferme intention de lui en faire goûter les charmes, dans sa vieille ville natale. C'est alors que le miracle se produit : la découverte dans un square, sous un banc, d'un portefeuille. La Providence l'a bien garni. Mais une autre main y a glissé des papiers, appartenant au mari d'une ex-maîtresse, et une carte de visite, d'Albert Beau, détective privé, au dos de laquelle figurent le nom et l'adresse actuelle d'Abel. Entre les deux lieux, celui où habite maintenant Abel Bertona, et la vieille ville natale où il revient, sinon en vainqueur du moins en artiste, pour donner lecture de ses poèmes, il y a l'espace, l'errance. La forêt. Le labyrinthe de la folie. Albert Beau existe, Abel l'a rencontré. Il le rencontre partout. C'est le diable en personne, et il vous file. A moins qu'il ne soit celui que vous suivez, que vous poursuivez, le double idéal. Abel avait laissé des usines, les cités du textile. De tout cela il ne reste que les ruines. Des fragments, qui sont du poète les membres épars. Des traces, des ébauches. Ainsi retrouve-t-il la mémoire. Ainsi écrit-il son texte. Un texte qui n'est peut-être rien d'autre que le tissu serré de la paranoïa...

03/2000

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Policiers

Là-bas, se tient ton orphelin

L'inquiétant Man Mortimer vit sur les rives du lac Eagle dans le Mississippi. C'est un homme de l'ombre, à la fois dealer et mac. Il possède plusieurs maisons dans la région où il loge des prostituées. Il est influent car il semble connaître beaucoup de secrets. Au bord du lac évolue une étrange communauté. Il y a d'abord la belle Melanie, une magnifique veuve septuagénaire qui vit entourée de vieillards atypiques : Ulrich, vieux reclus malade vénérant les animaux, le Dr Harvard, veillant sur sa femme atteinte d'un cancer tandis qu'il aime Melanie en secret, Sidney, vicieux lunatique de la soixantaine qui attend avec impatience la mort de son père pour récupérer le magasin de pêche. Il y a aussi Raymond, l'ancien docteur saxophoniste, et sa femme cubaine, chanteuse enchanteresse. En face, sur le lac, on trouve enfin un orphelinat tenu par Gene et Penny, un couple mystérieux que la mort de leur enfant a failli faire sombrer dans la folie. Que dire de ce texte magnifique sinon qu'il achève de ranger Barry Hannah parmi les grands auteurs gothiques du Sud. En le lisant, on songe bien sûr à Caldwell, mais, par-dessus tout, la longue cadence de sa phrase fait penser à Faulkner et la manière unique avec laquelle il dissimule l'intrigue au cœur de ses personnages évoque irrésistiblement Flannery O'Connor. On ne s'étonnera pas que ces deux immenses écrivains aient toujours été les maîtres d'Hannah.

10/2004

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Histoire et Philosophiesophie

La bioéthique ou le juste milieu. Une quête de sens à l'usage du nihilisme technicien

La justification de ce qu'on appelle, depuis le début des années 1970, la bioéthique, réside dans l'inquiétude diffuse devant l'accélération des progrès techno-scientifiques qui, notamment dans le domaine biomédical, paraissent menacer l'humanité de l'homme. Les pouvoirs accrus nés des avancées du savoir biologique mettent en évidence la fragilité et la vulnérabilité de ce qui est humain, mais tout autant de ce qui relève du vivant en général. D'où le sentiment que la position de limites est d'une extrême urgence. La peur a conduit à la conscience d'une responsabilité nouvelle des hommes vis-à-vis de leur nature comme de la nature, c'est-à-dire de la biodiversité. Dans cet essai, Pierre-André Taguieff montre que la bioéthique illustre la quête contemporaine du consensus par la délibération et le compromis, en tant que mode de résolution des conflits. C'est pourquoi elle se présente idéalement comme un discours du juste milieu, à égale distance des thèses jugées extrémistes, issues soit de l'intransigeantisme religieux, soit du scientisme technophile. Mais peut-on trouver un compromis acceptable entre des positions incompatibles, sinon par des opérations rhétoriques plus ou moins réussies ? La bioéthique ne se confond pas avec l'éthique médicale. Elle doit être repensée comme éthique de la vie ou du vivant, et rejoindre ainsi le souci écologique. Loin de se réduire à une morale humaine, trop humaine, elle est vouée à s'accomplir dans une perception inséparablement éthique et esthétique de la nature.

05/2007

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Histoire de France

La Résistance sans de Gaulle. Politique et gaullisme de guerre

Pour arriver à l'image d'une France unie et réconciliée avec elle-même, que d'obstacles a-t-il fallu braver ! Que de combats franco-français a-t-il fallu affronter ! Que de rivalités ont dû être neutralisées ! Pour rallier les hommes de l'armée des ombres à son symbole et convertir les " féodaux " de la Résistance à une logique d'Etat, le chef de la France libre a dû surmonter des difficultés inouïes. Ceux-ci avaient eu leur propre cheminement et avaient couru les risques les plus extrêmes. Ils entendaient, une fois sortis du monde clandestin, constituer le pôle autour duquel s'organiserait la renaissance politique. Le retour en grâce des partis ne leur en a pas laissé la possibilité. Il faut ajouter que la résistance et la non-accommodation n'ont pas toujours, en France, dans l'Empire ou à l'étranger, emprunté la voie gaulliste et s'y sont parfois même opposées. Bien loin de l'image qu'il a donnée de lui après guerre, le gaullisme n'a pas pu absorber toutes les postures du refus. La Résistance s'est longtemps pensée sans de Gaulle, sinon contre lui. Et le Général a lui-même été conduit, pour restaurer la République, à penser son action sans la Résistance, alors que d'aucuns l'accusaient de préparer l'avènement d'une dictature. L'histoire de la Résistance nous conduit à examiner cette ultime et toujours actuelle question : comment une élite nouvelle peut-elle transformer une révolte morale en un fait politique ?

04/2006

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Littérature française

Villa des orangers

Un Bleu Klein parisien. Et puis un jaune américain à la Newman. Une touche de vert à la Chagall vu depuis une fenêtre sur l'île de Bréhat. C'est étrange de retrouver naturellement ces couleurs tout au long d'une vie. Puis d'une autre... Le temps passe, les siècles laissent leurs témoignages et les hommes voyagent. Pour des femmes et des idées, pour l'art et la beauté. Pour Claudia et Maria-Maddalena, la rencontre qui bouleversera leurs vies se fera aussi autour de l'art. Claudia est conservatrice et restauratrice d'art au musée des Offices. Elle travaille sur une toile du peintre anglais préraphaélite, Anthony Frederick Sandys. Maria-Maddalena est une descendante de ce peintre. Dans un camaïeu riche de sentiments, de petites touches de couleurs en aplats magistraux, les deux femmes nouent une amitié hors norme dans la belle Toscane de la Villa des Orangers. De là, de verres de gin en éclats de rire, de larmes en souvenirs, elles voyageront pour des hommes, pour l'art et la beauté. Maria-Maddalena, dans une phase dépressive inconsciente va puiser en Claudia son élan de vie et son aptitude au bonheur. Quant à Claudia, que dire de cette femme, sinon, qu'elle est elle-même une invitation au voyage ? Ce livre parle d'art, d'art de vivre et de bien vivre. Il parle aussi d'amour, de tolérance et de fraternité. C'est un livre hédoniste, un livre qui prend son temps, une sorte d'hymne à la vie...

11/2020

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Critique littéraire

La sémiotique et son autre

Dans le prolongement de La Sémiotique en interface (Kimé, 2018), cet ouvrage se propose de faire dialoguer la sémiotique et d'autres domaines de recherche, avec une volonté accrue de mettre en avant la vie et les pratiques, voire l'empirie, à travers un grand nombre de terrains variés : les artefacts culturels, la lecture littéraire, l'image, le numérique, l'expertise financière, l'espace urbain, la santé, la psyché, etc. Une quarantaine de chercheurs réputés, issus d'une douzaine de pays, nous donnent concrètement à voir à quel point ces interactions sont fécondes, sinon inéluctables : la sémiotique est susceptible de fournir à ses consoeurs une rigueur méthodologique inédite, leur permettant d'affiner leurs concepts, de modéliser autrement leurs objets ou d'y découvrir des clartés insoupçonnées ; en retour, les autres secteurs s'avèrent une chance pour la sémiotique, car ils lui offrent l'opportunité de faire son autocritique, de réviser ses fondamentaux, d'interroger son champ de pertinence. En outre, ce livre montre que, si une synergie disciplinaire est requise pour affronter le monde complexe et mouvant dans lequel nous vivons, le rôle de médiateur pourrait être dévolu à la sémiotique, dans la mesure où elle semble être la mieux armée pour croiser et fédérer les points de vue de différentes disciplines. Somme toute, ce volume convie les chercheurs de tout domaine à se projeter hors de soi et à se doter de la lucidité nécessaire pour relever les grands défis actuels de l'homme et de la société.

05/2019

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Critique littéraire

Verlaine

Son masque de faune, aux yeux obliques, au nez camard et au menton broussailleux, jure étrangement avec les élans lyriques de sa poésie. Toute sa vie sera ainsi contraste. S'il a hérité de son enfance protégée le goût du confort bourgeois (fonctionnaire à l'Hôtel de Ville de Paris, il épousera, jà vingt-six ans, une jeune fille " comme il faut ", Mathilde Mauté de Fleurville), il est aussi familier des tripots et des maisons closes, friand de coucheries vénales et de soûleries à la " verte ". sublime de délicatesse quand une lumière d'en haut le visite, il est capable des pires brutalités sous l'effet de l'alcool. Au vrai, sa nature est si profondément androgyne qu'elle le pousse tantôt à s'enflammer pour sa femme inexpérimentée et acide, tantôt à céder au charme d'une Arthur Rimbaud. Avec lui, il connaît la pauvreté, la crasse, l'ivrognerie, les escapades à l'étranger, la tentative de meurtre, la prison, l'inévitable rupture. Gâchant toutes ses chances avec une obstination manique, il finira ses jours en mendiant, à la fois minable et mystique, ballotté entre deux putains qui le grugent chacune à sa manière, traînant sa jambe malade d'hôpital en garni, abandonné de tous, sinon d'un cercle d'écrivains qui déjà orchestrent sa gloire. Sans rien cacher des faiblesses de son héros, Henri Troyat nous plonge dans le cauchemar de cette existence déchue, dont les souffrances, les errements, les scandales sont autant de prétextes jà des chants d'une intemporelle pureté.

10/1993

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Philosophie

Ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue. De la pharmacologie

Qu'on l'admette ou qu'on le dénie, chacun sent bien qu'à présent l'avenir de la vie terrestre se trouve mis en jeu dans une urgence inouïe. Et chacun sait que, depuis la séquence historique qui s'est engagée en 2007 et qui paraît avoir déclenché ce qu'on appellerait en physique nucléaire une réaction en chaîne, chaque pas compte et semble se surcharger systémiquement de conséquences très difficilement réversibles - sinon absolument irréversibles. Cette crise est sans précédent d'abord en cela. Si krisis signifie bien et d'abord décision, elle est critique comme jamais : elle révèle que le destin humain - qui est un destin inéluctablement technique et technologique - est pharmacologique au sens où, en grec, le pharmakon est à la fois le remède et le poison. Le pharmakon est à la fois ce qui permet de prendre soin et ce dont il faut prendre soin - au sens où il faut y faire attention: c'est une puissance curative dans la mesure et la démesure où c'est une puissance destructrice. Tel est aussi le feu dans la mythologie grecque. Devenu technologie industrielle, le pharmakon est de nos jours hégémoniquement contrôlé par l'économie, c'est-à-dire par le marketing, et c'est une calamité. Cet état de fait, qui a installé une économie de l'incurie génératrice d'une bêtise systémique, signifie que la question du soin - que l'on appelle aussi le care - est une affaire d'économie politique, et non seulement d'éthique.

10/2010

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Sciences historiques

Les conférences de Morterolles, hiver 1895-1896. A l'écoute d'un monde disparu

"M. Beaumord était un instituteur zélé. Devançant un désir à peine formulé par ses supérieurs, il a, durant l'hiver 1895-1896, donné dans son école de Morterolles, petit village de la Haute-Vienne de 643 âmes, une série de dix conférences destinées aux adultes. M. Beaumord était un instituteur talentueux. A l'évidence, il passionnait son auditoire. Près d'une moitié des hommes et d'un quart des femmes de la commune sont venus l'entendre, sans que leur désir faiblisse au cours de cet hiver. M. Beaumord était un instituteur vaniteux ; sinon, il n'aurait pas éprouvé le besoin de publier, dans Le Nouvelliste de Bellac, les thèmes de ses dix conférences et l'effectif masculin et féminin de chacun de ses auditoires. Cela dit, M. Beaumord n'est pas l'objet de ce livre. Grâce à lui, nous pouvons tenter d'imaginer l'appétit de savoir qui poussait des cohortes obscures à venir l'entendre, dans les nuits froides de l'hiver." Au terme d'un minutieux travail d'archives, dans la lignée du Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, Alain Corbin redonne vie à un cycle de conférences oubliées depuis plus d'un siècle. Partant sur les traces de l'orateur et de son auditoire, il reconstitue, pas à pas, ces soirées d'hiver où tout un village prenait le chemin de l'école pour s'instruire. En prêtant sa voix à un instituteur de la IIIe République, l'historien nous fait entendre l'écho d'un monde disparu.

03/2011

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Critique littéraire

Envois & Dédicaces

Envois et Dédicaces constitue une réflexion sur le don du livre, qu'il se manifeste par un ex-dono, un envoi manuscrit ou une dédicace imprimée. Si cette dernière a été étudiée à propos de tel ou tel auteur, il nous manquait encore une réflexion d'ensemble sur celle-ci. Quant à l'envoi, jugé marginal et mondain, il n'a guère été abordé, hormis par les bibliophiles. On en trouvera ici un " bref traité " qui en souligne toute la richesse. Pas plus qu'il n'existe d'éléments insignifiants dans la vie psychique, ainsi que Freud nous l'a appris, il n'existe dans le livre de détail dépourvu de valeur. La modernité s'est intéressée longuement à la signature, beaucoup moins à l'envoi et à la dédicace, parce qu'elle estimait la littérature intransitive. Elle transite cependant et s'adresse à quelqu'un. Et ce qui semble à première vue accessoire joue un rôle non négligeable, sinon capital, dans la constitution du sens d'un livre. Telle est l'hypothèse d'Envois et Dédicaces, et son pari. Sa première partie, " Perspective cavalière " s'interroge, entre autres, sur la position en tiers du lecteur ainsi que sur la place de la dédicace, premiers mots d'un livre qui se révèlent souvent aussi ses derniers mots. La seconde, " Couleurs locales ", examine la façon dont quelques auteurs se sont appropriés ce geste : un musicien, Bach, et cinq écrivains, Voltaire, Hugo, Baudelaire, Montherlant, Goffette, ce dernier nous offrant, en guise de conclusion, un poème inédit adressé " à ceux qui partent ".

06/2010

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Pléiades

Théâtre complet

De son premier grand amour, Musset a conclu que la faculté d'aimer lui serait à jamais étrangère ; d'où, peut-être, les caractéristiques de son théâtre : ce dégoût de la débauche, ce vain désir d'un bonheur simple, cette conviction que rien de pur ne sera plus offert à qui s'est une fois livré au plaisir. Sous cet éclairage, qu'est-ce que Lorenzaccio, sinon le drame de l'idéal absent, du scepticisme absolu et du désespoir qui saisit l'homme affronté à la perte d'un paradis ? S'il est réducteur de négliger chez Musset le versant de la fantaisie, qui inspire nombre de ses pièces, on se gardera d'oublier que l'auteur du Chandelier est aussi celui de La Matinée de don Juan, un court fragment dont le héros vieilli mène, par le truchement d'un Leporello sans illusions, la quête sans espoir, comme machinale, de l'idéal féminin. La nouvelle édition du Théâtre complet de Musset contient les quinze pièces rassemblées sous le titre de Comédies et proverbes et ici données à lire dans leur version originale, antérieure aux manipulations imposées par les contraintes de la scène. Elle procure également les ouvres dramatiques non recueillies par leur auteur ou publiées posthumes, ainsi que des fragments et des ébauches où l'on trouve du meilleur Musset. On découvrira en appendice les textes qui sont à la source de Lorenzaccio : le livre XV des Chroniques florentines de Varchi et la pièce de George Sand, Un conspiration en 1537.

03/1990

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Droit

Le droit des religions en France

Les rapports entre l'Etat, les pouvoirs publics et les religions à travers leurs institutions, les Eglises, sont à la fois complexes et indispensables. Ils ont connu en France des périodes d'extrême tension, ils ont évolué vers des formes de collaboration pacifiée. Le droit des religions est le fruit de l'histoire. Il traduit, à un moment donné, un équilibre de pouvoirs qui peut être aujourd'hui qualifié de " concorde sans concordat ". Mais la formule de la séparation des Eglises et de l'Etat qui a été depuis 1905 bien tempérée souffre bien des exceptions. Il n'y a pas, en matière religieuse, unicité du droit sur l'ensemble du territoire national. Et le législateur, l'administration, comme le juge administratif se sont attachés à concilier, dans la pratique, les grands principes de la laïcité, c'est-à-dire la neutralité de l'Etat en matière religieuse, condition de la tolérance et de la paix sociale, avec la liberté religieuse et le libre exercice des cultes. Conscients qu'il n'existe pas de libertés sans que soient réalisées les conditions pratiques de leur exercice, ils ont su accorder une place aux différents cultes et à leurs représentants. Le présent ouvrage fait le point d'une situation complexe et mouvante qui connaît de nombreuses évolutions et des remises en cause, sous l'effet conjugué de l'affirmation de nouvelles religions, comme l'Islam, et de l'ouverture européenne faisant apparaître la laïcité à la française comme une exception, sinon un modèle.

06/1998

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Religion

L'Eglise face aux miracles. De l'Evangile à nos jours

Le miracle reste une réalité spirituelle, théologique et juridique à part entière. À une époque où science et foi font souvent mauvais ménage, le pape Jean-Paul II a à lui seul élevé sur les autels plus de fidèles que tous ses prédécesseurs réunis depuis 1588, année où fut créée la Congrégation des rites, chargée des canonisations. Les chiffres parlent : 31 canonisations de 1588 à 1900, 77 de 1900 au début du pontificat de Jean-Paul II, mais 254 entre 1978 et 1988, soit en dix ans à peine ! Il y a actuellement plus de 2200 causes introduites à la congrégation pour la béatification ou la canonisation des saints. La prolifération des enquêtes et des réflexions, l'avidité des médias pour les miracles révèlent la richesse sinon l'incroyable étendue de la bibliographie sur ce sujet. Cependant, l'angle d'attaque de cet ouvrage - la " problématique " Si l'on préfère - diffère fortement de ce qui s'écrit habituellement. Le livre de Patrick Sbalchiero n'est pas en effet une histoire factuelle des miracles, ni celle de leur théologie, ni celle des affrontements entre croyants et incroyants à leur sujet. Il ne s'agit pas davantage d'une histoire de la religion populaire, consommatrice de merveilleux, ni de celle de la spiritualité chrétienne, ni même de celle de la sainteté catholique, pourtant si connexe à la question du miraculeux. Le propos, ici, s'efforce de comprendre la nature et l'évolution des rapports de l'Église, en tant qu'institution historique, aux miracles depuis les débuts de notre ère.

10/2007

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Critique littéraire

La culture des idées

Gourmont, c'est une vie d'écrivain comme on faisait hier, une vie de sacrifice de la vie. Sans sentiment d'exploit d'ailleurs, la littérature la remplaçant tout naturellement, devenant la vie même. Pas de femmes (sinon une vieille maîtresse), pas d'enfants, pas de voyages: écrire et publier. Principalement dans Le Mercure de France, revue que Gourmont fonda avec quelques amis, reprenant un titre du XVIIIe siècle. Gourmont est un farouche, son tempérament le porte à contredire tout ce qui entraîne vers le groupe, la promiscuité, les mouvements d'idées. Des éruptions d'irritation le rendent parfois tranchant. C'est pour se séparer, après toutes les blessures qu'il en a reçues, d'une humanité sans tact. Ce genre d'écrivain a élevé la littérature française à un emplacement sûr, où les galopins de chaque génération pouvaient dessiner des moustaches au portrait des Illustres avant d'en devenir eux-mêmes. Son influence a été discrète et sûre. Cendrars l'admirait, Apollinaire a parlé de lui avec chaleur. Cocteau raconte qu'il a eu l'idée de sa pièce L'Aigle à deux têtes en lisant une de ses Promenades littéraires. Comme pour beaucoup d'écrivains passés par le symbolisme, c'est dans les pays anglo-saxons que son rayonnement s'est fait le plus sentir. Qui pourrait nier ce qu'Ezra Pound dit des essais de Gourmont: "J'incline à les juger le meilleur portrait possible, c'est-à-dire le meilleur résumé de l'esprit civilisé entre 1885 et 1915" ?. Charles Dantzig

03/2008

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Histoire ancienne

La République romaine. Des années d'or à l'âge de sang, 2e édition

Ce livre offre un vaste panorama de l'histoire de la République romaine, saisie à l'époque de son apogée et envisagée dans son inexorable déclin. Embrassant ainsi une période qui va du milieu du IIe s. av. J.-C. à l'avènement d'Auguste, il ne s'interdit pas de rappeler quels furent les fondements de la République, comment elle naquit des cendres de la monarchie et comment elle se construisit sur le souvenir d'un passé auréolé de grandeur. Les rouages institutionnels, la mainmise aristocratique sur la vie politique ne peuvent en effet recevoir sens que de l'Histoire, telle que Rome l'a, sinon vécue, du moins recomposée. Les étudiants de licence et des classes préparatoires littéraires y trouveront une initiation à l'univers politique, civique et social des Romains à l'époque médio- et tardo-républicaine. Enrichi de nombreux documents, textes ou illustrations, cet ouvrage obéit à une démarche pédagogique, où la lecture est facilitée par la mise en valeur de la problématique et des idées clés. Un lexique de plus de 250 entrées, les biographies des principaux auteurs, une chronologie, un rappel des connaissances essentielles, et une méthode présentant le commentaire de texte et la dissertation avec des exemples rédigés font de cet ouvrage un véritable manuel de référence. Cette nouvelle édition, actualisée, couvre une période historique plus étendue et a été enrichie de nouveaux chapitres (en particulier sur les conquêtes et les guerres civiles de la fin de la République) ainsi que d'un dictionnaire biographique des principaux personnages historiques.

09/2019

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Sciences de la terre et de la

Astronomies du passé. De Stonehenge aux pyramides mayas

Quelle que soit la civilisation à laquelle il appartient - celte, aborigène, grecque, égyptienne, arabe, chinoise, maya, etc. -, l'être humain cherche dans le ciel des réponses aux questions qu'il se pose sur son origine, son avenir et sa finalité. Ainsi, l'astronomie a commencé à travers les mythes célestes imaginés par les Anciens pour expliquer l'ordre du monde, et la place qu'ils y occupaient. Dans ce livre, l'auteur mène une passionnante enquête à travers le monde sur les astronomies anciennes, de Stonehenge à Gizeh en passant par Pékin et Mexico, en se fondant sur l'étude des monuments et des sources écrites encore accessibles. Les savoirs astronomiques passés étaient loin d'être négligeables, et certainement pas limités aux seuls travaux des Grecs. Les tablettes mésopotamiennes, les annales chinoises et les chroniques médiévales sont en outre d'une singulière utilité pour les astronomes modernes : comment sinon remonter aux variations de la durée du jour au cours des siècles, ou percer la nature de l'explosion qui a frappé tant d'observateurs en 1054 ? Ce livre offre ainsi un voyage magnifiquement illustré à travers les âges, entre astronomie et archéologie. Avec passion, l'auteur raconte les toutes dernières avancées et les découvertes récentes du domaine. Angkor Vat, Pétra, l'Ile de Pâques, les lignes de Nazca, le Machu Picchu ... ces monuments mythiques et leur contenu astronomique n'auront plus de secrets pour vous ! Une première édition de cet ouvrage a été publiée en 2009 sous le titre L'astronomie des anciens (prix Jean Rostand 2009).

01/2018

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Histoire internationale

Libres après les abolitions ? Statuts et identités aux Amériques et en Afrique

Libres après les abolitions ? La question peut surprendre. Les abolitions du XIXe siècle ont été toujours considérées comme une rupture majeure dans l'histoire des esclavages atlantiques. L'émergence contemporaine de revendications mémorielles, souvent impulsées par les descendants des populations autrefois esclavisées, suggère, au contraire, l'existence d'un passé "qui ne passe pas". Au-delà d'une définition juridique, l'esclavage a signifié dominations, violences extrêmes et déconsidérations multiformes. Après les abolitions, des processus ethnoculturels de racialisation comme les structures de travail ont perduré, voire se sont renforcés, et ont été complétés par d'autres facteurs d'exclusion socio-économique. Cet ouvrage tente d'explorer les barrières dressées pour empêcher la totale émancipation des nouveaux libres et de leurs descendants, ainsi que les stratégies complexes d'adaptation que ces derniers ont mises en oeuvre pour obtenir, sinon une assimilation, du moins une intégration économique et possiblement citoyenne, à égalité. La dizaine de contributions réunies s'inscrit dans une perspective comparative et porte à la fois sur les Amériques et l'Afrique, de la fin du XVIIIe au début du XXIe siècle. Elles sont issues d'une réflexion qui a été menée dans le cadre du programme européen EURESCL-FP7 (Slave Trade, Slavery Abolitions and their Legacies in European Histories and Identities) coordonné par le Centre international de recherches sur les esclavages et post-esclavages (CIRESC), laboratoire du CNRS. L'ouvrage fait suite à Sortir de l'esclavage. Europe du Sud et Amériques (XIVe-XIXe siècle), précédent volume de cette collection.

12/2018

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Littérature française

Nouvelles des aubes tristes et du soleil de novembre

"La période courte de l'Histoire, disons celle qui s'étale sur une génération d'hommes, se prête volontiers à l'analyse des causes et effets. On cherche à peser les conséquences de telle action et à comprendre l'enchaînement des événements, on s'interroge sur l'exhaustivité de ses propres connaissances, on doute d'une perspective trop vite profilée. Un verdict boiteux guette l'honnête chroniqueur, le fait caché l'archiviste obstiné, l'uchronie le meilleur esprit." Les histoires familiales de personnages issus de milieux socio-culturels variés sont au cœur des neuf nouvelles qui composent ce recueil. L'auteur dresse le portrait d'hommes et de femmes touchants, qu'ils soient ouvriers du bâtiment, grands bourgeois, ou encore paysans. Fin connaisseur de l'âme humaine, il décortique les réactions de ses personnages à des moments charnières de leur existence. Ses récits donnent à méditer sur les aléas du destin, invitant le lecteur à réfléchir aux raisons qui motivent certains choix décisifs. Que peuvent avoir en commun une artiste sculpteur rattrapée par la brutalité du monde contemporain, un curé philosophe, un maire traversant une crise existentielle, sinon leur besoin de s'émanciper ? L'art, et en particulier la littérature, occupe une place cruciale dans le parcours spirituel de plusieurs personnages, comme dans la nouvelle décrivant la lente conversion religieuse d'un retraité. Avec un grand sens du rythme et un talent particulier pour les dialogues, Bruno Latapy ne manquera pas d'émouvoir et de divertir son lecteur, pour mieux l'instruire.

11/2016

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Mondes fantastiques

La Dame Blanche Tome 2 : L'héritière de Ferrolia

La zizanie s'installe chez les dieux. Certains prennent le parti de Culcuth, d'autres de Libra, déesse de la justice. Exaspérée, la Dame Blanche, mère de tous les dieux, revient parmi eux. Insatisfaite du travail de ses enfants, elle décide de déclencher un déluge afin de noyer le monde. Quelques dieux lui proposeront de les mettre à l'épreuve, ainsi que des humains. S'ils réussissent, Arménis sera sauvé sinon, ce sera la fin. Maracon, dieu de la nature propose de choisir Servia et Keiko pour représenter les humains. La Dame Blanche accepte : les pluies commenceront dans un mois et les humains devront avoir terminé leurs épreuves avant que toute vie ne disparaisse. L'adolescente et son ami ne se doutent pas qu'ils devront surmonter de nombreuses épreuves. Accompagnés de Jeroban, un Juventis, ils partent à la recherche de Darius, marin qui aurait connu Torkil et qui pourrait renseigner Servia sur son passé. Lors de leurs pérégrinations, ils combattront des pirates, rencontreront des morts-vivants, des créatures étranges mi-chat mi-singe et même un sphinx qui leur soumettra des énigmes. Ils parviendront à réussir toutes leurs épreuves, non sans difficulté. Keiko et Servia parviennent à retrouver Darius qui annonce à Servia qu'elle est en fait Miranda, héritière de Ferrolia. La Dame Blanche arrête les pluies et épargne Arménis. Voyant que le coeur de Culcuth est noir comme du charbon et qu'elle ne parviendra pas à le changer, elle le détruit, mais garde une partie de son essence, qu'elle portera en son sein.

03/2021