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Chateaubriand

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Histoire de France

Sur les otages

21 août 1941 : l'aspirant Moser est mortellement blessé à la station de métro Barbès-Rochechouart par deux jeunes résistants qui disparaissent sans être identifiés. C'est le premier d'une longue série d'attentats qui déclencheront de sanglantes représailles allemandes. Otto von Stülpnagel, gouverneur militaire de la France occupée, d'un naturel scrupuleux et indécis, est soumis aux pressions impitoyables de Hitler et de Keitel, le commandant en chef de la Wehrmacht, qui réclament toujours plus d'exécutions d'otages. Opposé à cette politique qu'il condamne pour des raisons aussi bien humanitaires que tactiques, il louvoie, marchande mais ne parvient pas à faire entendre sa voix. Conscient de sa lourde responsabilité, il demande à un brillant officier de son état-major, l'écrivain Ernst Jünger, de rédiger un rapport sur ses vains efforts. Jünger a ainsi accès aux dernières lettres des fusillés de Châteaubriant, dont celle de Guy Môquet : profondément ému par le courage et la noblesse de ces témoignages, il décide de leur rendre hommage en les traduisant en allemand. On croyait ces textes perdus, car Jünger les avait brûlés après l'échec de l'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler, mais une copie a été miraculeusement sauvegardée. A la suite de son rapport, on découvrira ici, retraduites en français et s'ajoutant à celles que l'on connaissait déjà, une dizaine de lettres totalement inédites qui viennent les compléter en leur apportant un éclairage nouveau.

02/2015

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Religion

Catholiques et Bretons toujours ? Essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne

Ce livre commence par un témoignage personnel sur l'autoritarisme du clergé (qui suscitait des réactions frondeuses) et sur une religion pénitentielle et inhibitrice, où l'on pouvait néanmoins trouver son bonheur. Au passage, un savoureux portrait de prêtre. La christianisation de la Bretagne a débuté différemment : à partir de Tours au sud-est ; par l'arrivée des Bretons au nord-ouest. Il n'y avait ni séminaire ni sermon ni catéchisme jusqu'au XVIIe siècle, qui est marqué par des missions spectaculaires et une discipline imposée aux prêtres, dont beaucoup aimaient fort le vin, et certains les femmes. Contrairement aux évêques, la grande majorité des prêtres soutient la Révolution jusqu'au moment où elle décide qu'ils seront élus. En Bretagne, ils refusent à 80 %. Certains seront guillotinés. Les autres, persécutés, exilés, résistent avec le soutien majoritaire de la population. Au XIXe siècle, marqué par les Bretons Chateaubriand, Lamennais et Renan, l'Eglise redevient plus influente que jamais. Puis, de 1880 à 1907, elle est persécutée par des gouvernements anticléricaux, aux décisions souvent incompréhensibles pour la grande majorité (la laïcité notamment) et parfois stupidement tyranniques (interdiction de faire sermons et catéchisme en breton). Mais tandis que l'épiscopat lutte contre la République et l'école laïque, quelques prêtres combattent ardemment pour la démocratie et les droits syndicaux. La formation dans les petits séminaires est rude, mais fort intéressante. Dans les années 1930, une civilisation de consommation et de jouissance entraîne un recul de la religion. Après 1965, c'est l'effondrement des croyances et surtout des pratiques et des vocations. Un dernier chapitre envisage l'avenir en fonction de possibles modifications dans l'attitude de l'Eglise et dans nos conditions d'existence. Un ouvrage précisément documenté, agréable à lire, nourri de réflexions sur la fonction de la religion aux différentes époques, parsemé d'anecdotes piquantes et révélatrices.

10/2012

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Histoire de France

La Duchesse de Berry. L'oiseau rebelle des bourbons

Tempêtes, révolutions, assassinat, enfant posthume, exil, conspirations, chevauchées nocturnes, trahison, geôle, amours interdites, mariage secret, fêtes vénitiennes... L'existence de Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse de Berry (1798-1870) réunit tous les ingrédients d'un drame romantique digne d'Alexandre Dumas - dont elle fut à deux reprises l'inspiratrice. Cette Bourbon pas comme les autres fut l'une des figures les plus célèbres du siècle, par son audace et l'espoir dynastique qu'elle incarnait: son fils, le comte de Chambord, aurait régné sous le nom de Henri V, si Louis-Philippe n'avait pris le pouvoir en 1830 et contraint les Bourbons à l'exil. En s'appuyant sur un rigoureux travail de recherche et sur des sources jamais explorées à ce jour, Laure Hillerin (dont la trisaïeule fut l'amie d'enfance de la duchesse de Berry) brosse un portrait grandeur nature de cette femme qui fit rêver Balzac et Chateaubriand. Du château de Rosny au palais Vendramin à Venise, en passant par le Bocage vendéen; de la sauvageonne élevée sans contraintes dans le cadre pittoresque de la cour des Deux-Siciles jusqu'à l'aïeule qui s'éteint en Autriche au milieu de sa nombreuse progéniture; de la rebelle traquée par la police de Louis-Philippe jusqu'à la mère de Henri V, éloignée de son fils par sa propre famille, l'auteur nous fait pénétrer dans l'intimité d'une femme hors du commun, en avance sur son époque à bien des égards. Une femme généreuse, mécène, bâtisseuse et amie des arts. Une femme libre, naturelle et sans préjugés dans une époque corsetée. Un tempérament passionné et subversif qui, toute sa vie, n'a cessé de provoquer le destin, braver les interdits et bousculer les convenances.

05/2010

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Littérature étrangère

L'invention de la Vénus de Milo

L'invention de La Vénus de Milo. Comment un marbre antique découvert par hasard dans le champ d'un paysan grec, brisé en deux morceaux de surcroît, est devenu l'un des symboles majeurs de l'art occidental, voilà l'enjeu de cette enquête menée tambour battant. Au printemps 1820, il y avait foule dans la petite île cycladique de Milo : Olivier Voutier, aspirant de la Marine française nostalgique de l'empereur, fut le premier à dessiner le fascinant visage de la statue, à qui il donna les traits de la femme de ses rêves, épouse du consul local. Dumont d'Urville, le futur explorateur de l'Océanie, n'eut aucun scrupule à s'attribuer la paternité du croquis et de la découverte du marbre, tant il rêvait d'en faire hommage à son roi Louis XVIII. C'était sans compter avec le comte de Marcellus, le futur secrétaire de Chateaubriand, alors en poste à l'ambassade de Constantinople. Les notables locaux ne restèrent pas inactifs, et moins encore les pilleurs d'antiques ottomans. Au cœur de ces rebondissements sentimentaux, politiques et diplomatiques, s'inscrit pourtant la question principale : celle de l'identité de la statue. Que Voutier se soit écrié " ma Vénus ", devant la pureté et le mystère de ses traits ne constitue en rien une preuve... et jamais on ne retrouva la main gauche censée tenir la pomme de discorde, attribut de la déesse de l'amour ! Takis Théodoropoulos, dont l'iconoclaste ironie n'épargne aucun des acteurs impliqués dans cette affaire, montre ici avec brio que la Vénus de Milo fut l'invention paradoxale que tout le monde attendait. Produit d'une sensibilité néoclassique alors en vogue, elle contribua à renforcer les valeurs dont nous sommes encore les héritiers, à l'heure où triomphe la culture des musées.

05/2008

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Sciences historiques

Croire en l'histoire

Le XIXe siècle fut la grande époque de l'Histoire. On y croyait avec une force et une foi sans faille, on s'est mis à la pratiquer méthodiquement avec pour ambition de la hisser au rang de science, le roman s'en est emparé… Véritable théologie des temps modernes, trait d'union entre passé, présent et futur, elle organisait le monde et lui donnait un sens. Qu'en est-il aujourd'hui, où « faire de l'histoire » se signifie plus, comme chez Chateaubriand, jouer un rôle politique, être moteur des événements, mais simplement être historien, avoir fait des études et obtenu des diplômes justifiant ce titre ? Peut-on encore croire en l'Histoire ? Y croire implique-t-il de croire qu'elle a un sens ? Qui fait l'Histoire et qu'est-ce que qu'écrire l'Histoire ? Le concept moderne est-il définitivement dépassé ? Poursuivant une réflexion entamée dans ses précédents ouvrages, notamment dans Évidence de l'histoire, dialoguant avec les artistes (trois commentaires d'image ponctuent le livre), les écrivains (de Balzac à McCarthy), les historiens (Spengler, Toynbee), François Hartog montre comment l'évolution du concept d'histoire est significatif du basculement progressif de notre rapport au temps : on assiste à une fermeture du futur et à l'essor d'un présent omniprésent, mais aussi à une montée de la « mémoire » (lois mémorielles, devoir de mémoire, droit à la mémoire…). L'avenir disparaît de nos horizons, devient imprévisible, « infigurable » ; ce n'est plus l'Histoire qui juge : elle est jugée. Grand objet de croyance de l'époque moderne (avec ses dévots, ses martyrs, ses hérétiques et ses traîtres), l'Histoire semble bien être entrée dans l'ère de doute. Quelle peut dès lors être encore la mission de l'historien ?

02/2013

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Critique littéraire

Patron de droit divin...

Patron de droit divin constitue un document exceptionnel. Autant les Mémoires d'hommes politiques abondent, autant ceux des grands industriels sont rares. Secret des grandes affaires. C'est aVf : K : une tradition de silence que rompt Roger Martin. Un grand patron, un seigneur à tous les sens du mot, dont les trente ans d'activité à la tête d'une grande entreprise française, Pont-à-Mousson - directeur général adjoint en 1954, directeur général en 1959, président de 1964 à 1980 -, se confondent avec les Trente Glorieuses de l'expansion industrielle française. Période unique et déjà légendaire, qui commence, dans les ruines de l'après-guerre, avec l'enracinement nancéien et la rencontre avec la tradition familiale créée par Camille Cavallier, un capitaine d'industrie à l'ancienne, et s'achève avec la crise pétrolière et les incertitudes politiques qui débouchent sur la nationalisation. Entre-temps : la naissance de la fonte ductile et des matières plastiques, Sidelor et Sacilor, le changement d'échelle de Pont-à-Mousson, le grand choix du désengagement sidérurgique, la fusion en 1970 avec Saint-Gobain, le développement organique de ce grand ensemble et le pari majeur de la diversification électronique. Entre-temps, surtout, le passage - vécu au jour le jour et, pour la première fois, raconté par le haut - du monde économique ancien au monde moderne, dominé par les affaires sociales, les mutations techniques, les relations avec l'environnement et l'information, en étroite interdépendance avec les économies et les politiques nationales et internationales. Histoire d'une époque, histoire d'une entreprise, Patron de droit divin est aussi l'histoire d'un homme d'une espèce en voie de disparition qui, conscient, comme Chateaubriand, d'avoir vu naître et mourir un monde, se bat encore pour que la responsabilité des hommes l'emporte sur la fausse vertu des systèmes.

05/1984

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Littérature française

Mémoires et récits. Tome 1, Au Mas dou juge

On m'a demandé souvent le motif pour lequel j'écrivais en provençal. Maintenant que je publie le recueil des poésies faites par moi jusqu'à ce jour, autres que Mireille et Calendal, je veux, en tête de ce livre, donner l'explication de la voie que j'ai tenue. Ce n'est pas la vanité qui me fait parler de moi. mais seulement la convenance d'éclaircir mes commencements, ou, pour mieux dire, mes sources. Né le 8 septembre 1830 à Maillane, "au centre d'une vaste plaine barrée au midi par les Alpilles bleues", Frédéric Mistral accède à la gloire avec le poème Mirèio (1859), salué par Lamartine et popularisé par l'opéra de Gounod. Parus en 1906, deux ans après l'obtention du Prix Nobel, ses Mémoires s'inscrivent dans la ligne des grandes autobiographies littéraires (Chateaubriand, George Sand, Renan). Ce premier volume s'ouvre sur les souvenirs d'une enfance heureuse, dans la maison paternelle du Mas dou Juge, avec les épisodes marquants des "fleurs de glais", de "l'école buissonnière" et le merveilleux récit des "Rois Mages" au temps de Noël. Sont évoquées ensuite les années d'études, à Saint-Michel de Frigolet, à Avignon, à Nîmes pour le baccalauréat, et enfin à Aix-en-Provence pour la licence en droit, avec un témoignage privilégié sur 1848 et "la République au village". Cette édition complète des Mémoires et récits, en deux volumes, a été établie par Claude Matiras et Henri Moucadel. Elle reproduit les textes originaux, en provençal et en français, ainsi que la préface du recueil Lis Isclo d'Or (1875), qui constitue la première publication autobiographique de Mistral. Elle est accompagnée de notes historiques et littéraires, ainsi que d'un index général des noms de personnes, de personnages et d'oeuvres.

03/2020

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Biographies

Victor Hugo. Le forçat des lettres

Le dernier géant La vie et l'oeuvre de Victor Hugo (1802-1885) incarnent le XIXe siècle par leur éclectisme, leur caractère visionnaire et leur immensité. Que ce soit en poésie (Les Rayons et les Ombres, Les Orientales), au théâtre (Hernani, Ruy Blas) ou naturellement dans ses romans en particulier Notre-Dame de Paris et Les Misérables, ce génie - qui a dépassé en notoriété son idole de jeunesse Chateaubriand - a bouleversé l'histoire de la littérature avant de demeurer dans la mémoire collective jusqu'à nos jours. Mais Victor Hugo fut aussi un politique de grande envergure, le romantique ultra de la jeunesse laissant place à l'orléaniste social de la maturité avant de finir en prophète de la République, accablant de ses traits en vers et en prose Napoléon III (Les Châtiments, Histoire d'un crime) tout en dressant l'irremplaçable chronique de son temps dans Choses vues. Le récit de ses vies multiples s'appuie sur une iconographie d'exception, en particulier la reproduction de superbes dessins et des manuscrits du " voyant " auxquels s'ajoutent de nombreux portraits, notamment photographiques, et bien entendu le colossal fond Hugo de la Bibliothèque nationale de France, riche en manuscrits aux extraordinaires ratures, en lettres d'amour bouleversantes, en notes intimes, dont quelques-unes inédites, et enfin en une incroyable collection de dessins, qui révèlent l'immense talent de Hugo, artiste majeur de son temps, peignant sans relâche à l'aide de gouache, d'encre et de café des vues apocalyptiques, des tempêtes hallucinées et des châteaux fantastiques. L'alliance spectaculaire du manuscrit et de l'image, au coeur même du projet de la " Bibliothèque des Illustres ", n'avait jamais été aussi bien mise en avant qu'avec les oeuvres extraordinaires léguées par " l'Homme océan ".

10/2023

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Critique

Le phoque de Flaubert

L'ouvrage est une enquête sur un phoque qui séduisit l'auteur de Madame Bovary dans le baquet d'une baraque foraine, à Rennes le 17 juillet 1847. Ce phoque triste et grotesque occupe la scène finale de Par les champs et par les grèves, récit du voyage en Bretagne effectué sac au dos avec l'ami Maxime Du Camp. L'amphibie ne cesse de hanter Flaubert : il clame son envie de "devenir phoque" et d'écrire une fantaisie intitulée le "phoque par amour" . L'animal de foire renvoie à sa passion pour les bêtes, pour les monstres, pour l'histoire naturelle. A son riche bestiaire, à sa défense de la condition animale dans une optique "antispéciste" . Une relecture "animalière" de Par les champs et par les grèves s'impose qui serait aussi une réhabilitation d'un récit de jeunesse trop souvent relégué dans l'ombre alors que l'écrivain y apparaît pour la première fois en chercheur absolu de style, dans une rivalité féconde avec Chateaubriand dont il vient de croiser le fantôme dans son château ruiné de Combourg. Il y eut au milieu du XIXe siècle un "moment phoque" où l'on applaudissait l'étonnante supercherie du phoque parlant qui disait "papa-maman" . Où les savants cherchaient à transformer le phoque en animal domestique et utilitaire. Nous suivons le chemin de ces pinnipèdes sur les routes de France, dans les traités science, autant que dans la littérature avec Eugène Sue, Nerval, Michelet ou Vallès, tous fascinés par l'amphibie, qu'il soit naturel, forain ou faux phoque, à l'époque où des hommes revêtaient sa peau à des fins de spectacle. Au fil de l'enquête se dessine un portrait de Flaubert en zoophile sentimental, en saltimbanque nostalgique, en bête de foire insoumise.

11/2021

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Critique littéraire

Correspondance. Tome 1, 1949-1960

Très tôt. Paul Morand et Jacques Chardonne ont compris qu'ils écrivaient ensemble leur grand oeuvre. Dès 1957, ils rêvaient à la postérité offerte par cette correspondance. A travers leur amitié, deux univers et deux caractères s'affrontent : le cosmopolitisme face au microcosme, la vitesse flamboyante face à la concision lumineuse. Si leur style se change parfois en arme lourde et néfaste, le plus souvent les lames sont fines et étincelantes. Morand a la tenue noble du cavalier au sabre, dans une armure ciselée de mots qui brillent de mille feux. En bon Charentais, Chardonne excelle dans la botte de Jarnac et ses phrases courtes de moraliste font souvent mouche, le sage Chardonne, chirurgien du coeur, reste immobile dans son jardin de La Frette, tandis que l'ardent Morand ne s'arrête jamais, décapoté, de Vevey à Tanger en passant par le Portugal. Après les années noires de la guerre, c'est un bain de jouvence. Les Hussards naissent armés, comme Athéna, de ce couple improbable. Sous leur plume s'anime toute une génération de jeunes écrivains : Nimier, Frank, Blondin, Sagan, Laurent, Déon, Nourissier, tandis que Cocteau, Mauriac ou Malraux paradent. Morand et Chardonne, qui ne renient rien de leurs engagements, se tiennent en embuscade. Deux fois Morand échoue à l'Académie française, malgré les stratégies de Chardonne. Aux lectures au long cours - Chateaubriand, Proust, ou le Journal des Goncourt - se mêlent les commentaires des événements de Suez et de Budapest, de la guerre d'Algérie ou de la politique de celui qu'ils surnomment "Gaulle". La date de l'an 2000, à laquelle leur correspondance pourrait être divulguée, revient souvent comme l'horizon de l'immortalité. Si l'on parle encore d'eux au XXe siècle, pour Morand, la partie est gagnée : "Nos lettres pourraient être publiées, en l'an 2000, sous le titre Après nous le déluge, non ?"

11/2013

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Sciences historiques

UN ITINERAIRE INTELLECTUEL. L'historien journaliste, de France-Observateur au Nouvel-Observateur (1958-1997)

" Le livre que voici illustre une longue et double fidélité de François Furet : à l'activité du journaliste, à l'identité d'un journal, sous ses deux noms successifs, France-Observateur puis Le Nouvel Observateur. Le premier article date de mars 1958. Le dernier, un mois avant sa mort, de juin 1997. Grâce à ce vaste ensemble, on pourra désormais entreprendre, aux côtés d'un commentateur curieux et vif, un voyage au long cours : la traversée de quarante ans de notre vie politique et intellectuelle. On y verra l'historien préciser ses méthodes et privilégier de plus en plus l'histoire politique et conceptuelle par rapport à l'histoire économique et sociale - sans ostracisme pourtant. On y verra l'intellectuel décliner ses goûts littéraires et philosophiques, se faire le commentateur de Rousseau, Chateaubriand, Constant, Tocqueville. Enfin, à travers de superbes portraits de Jaurès, Blum, Malraux, on découvrira un véritable écrivain. Le genre de la collection d'articles est généralement guetté par la dispersion et le disparate. Ce livre-ci y échappe. Le problème qui y est mille et une fois abordé, à travers tant de sujets divers (politique française, phénomène communiste, Amérique, Israël, vie intellectuelle), c'est la dérive de l'espérance révolutionnaire, devenue sous la Révolution française un mauvais rêve, et au XXe siècle un gigantesque cauchemar. Et c'est aussi, en dépit de tous les démentis de l'histoire, la résistance de cette espérance, l'obstination mise par les hommes, et par les intellectuels surtout, à ravauder leurs croyances pour protéger leurs illusions. François Furet a constamment cherché, quelque désespérant que soit le spectacle, à ne pas l'escamoter : l'histoire lui servait à ne pas se raconter d'histoires. " Mona Ozouf.

02/1999

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Critique littéraire

Madame de Krudener 1764-1824. Romantisme et Sainte-Alliance

Héritière du siècle des " lumières ", et surtout de Jean-Jacques Rousseau, Julie de Vietinghoff, baronne de Krüdener, aborda le seuil du XIXe siècle avec une sensibilité toute romantique. Sa passion des lettres et son amour pour la France l'incitèrent à écrire en notre langue des " Pensées et Maximes " (1802) et un roman, " Valérie " (1803), qui se situe entre " René " et " Corinne ". Elle fut l'amie de Bernardin de Saint-Pierre, Mme de Staël, Chateaubriand, Benjamin Constant et Ducis. Outre Rhin, elle rencontra Jean-Paul Richter, Achim von Arnim, Schenkendorf et Zacharias Werner. Le contact avec les Frères moraves et le spectacle de la boucherie d'Eylau firent d'elle une militante du " Réveil " religieux dès 1807. Elle eut alors une influence spirituelle sur la reine de Prusse, la reine Hortense, la princesse Stéphanie et l'impératrice de Russie. Au moment des Cent-Jours, elle demanda au tsar Alexandre, son souverain, d'assumer le rôle d'" Elu de Dieu " et, comme tel, de prendre la direction d'une nouvelle Eglise chrétienne régénérée et lavée des atrocités de la Révolution et de l'Empire. Elle le convainquit de la nécessité d'appliquer les préceptes chrétiens à la politique, et l'incita à former une " Sainte-Alliance ", qu'elle baptisa elle-même de ce nom (1815). La partie industrielle de la Suisse était alors victime des méfaits du blocus continental. Mme de Krüdener s'y rendit pour soulager la misère de tant d'affamés. Cette pieuse mission fut dénoncée par Metternich comme dangereuse, et Julie de Krüdener fut reconduite de police en police jusqu'en Russie. Lors du soulèvement de la Grèce, elle prêcha à Saint-Pétersbourg la croisade contre les Turcs, mais le tsar s'opposa à ses vues et l'exila. Elle alla mourir en Crimée dans une petite colonie chrétienne qui venait d'y être fondée.

09/2005

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Musique, danse

La musique dans la prose française. Evocations musicales dans la littérature d'idée, la nouvelle, le conte ou le roman français des Lumières à Marcel Proust

Les évocations musicales qu'à travers les différents types de romans, nouvelles, contes ou journaux, voire la prose d'idée, un historien peut commenter, promettent toujours des leçons riches et variées, qui éclairent la littérature elle-même, mais aussi l'art et la société. L'impressionnante production littéraire du XIXe siècle et du début du XXe, qui passe du romantisme aux différents réalismes puis au symbolisme ou à l'idéalisme... sans compter les personnalités d'exception qui échappent à toute classification, offre un merveilleux terrain d'observation à qui veut scruter l'histoire, la société ou l'homme à travers ses véritables rapports avec l'art. Qu'il fasse l'objet de discrètes allusions ou soit au centre de chapitres entiers, le propos musical porte un enseignement : est donc étudié ici, entre fiction, réalité (du journal intime à la chronique publique) ou réflexions éparses (de l'essai à la théorie), tout ce que les romanciers, en tant que témoins ou amateurs d'art, tirent du phénomène sonore et de sa mise en scène. Cet ouvrage se fonde sur l'examen d'une quarantaine d'écrivains majeurs (Rousseau, Chateaubriand, Balzac, George Sand, Hugo, Zola, Huysmans, Gide, Proust...). Il débute dans la France des Lumières, à une époque où les écrivains concèdent à la musique une place active, aussi bien dans les habitudes sociales que dans les débats esthétiques ; il se clôt dans les années 1920, qui voient à la fois la publication des Faux-monnayeurs (aboutissement et fruit d'une conception qui se réclame de formules musicales) et la mort de Marcel Proust, dont À la recherche du temps perdu constitue un monument, également sous l'aspect des relations qui unissent musique et littérature.

09/2004

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Histoire de France

La monarchie de Juillet. 1830 - 1848

Le changement dynastique n'est que l'un des effets de la révolution de 1830. Les Trois Glorieuses et la monarchie qu'elles engendrèrent, portées par les parties les plus dynamiques de la société - gens de plume, artistes, entrepreneurs, jeunesse étudiante -, par l'impressionnante galerie des " hommes nouveaux ", par la frange la plus éclairée de l'aristocratie et des catholiques, ne sacrifièrent guère à l'utopie. La volonté d'implanter en France des moeurs et des institutions libérales était un projet solide, réaliste, conçu pour l'avenir. C'est lui qu'il faut créditer du progrès des libertés, du développement économique, du maintien de la paix au prix de quelques déconvenues et même de l'exceptionnelle floraison romantique. Si ces avancées, cette acclimatation au parlementarisme, cet enrichissement , certes bien inégalitaire, du pays ont fini emportés par le torrent de 1848, c'est en partie parce que les équipes dirigeantes, à l'épreuve du pouvoir, n'ont pas bien su accompagner le projet : défaut d'imagination devant l'événement, routine, rivalités personnelles, aveuglement ou sincérité douteuse du roi, scandales, résistance au changement, particulièrement en matière sociale, tout vint pervertir et gauchir une construction qui aurait peut-être assuré à la France un avenir meilleur. On aurait tort de condamner les idées et les aspirations des hommes de 1830 au motif que le régime a sombré dans le discrédit et a partiellement échoué à unir la nation. Nourri de l'intime connaissance que son auteur a de l'orléanisme, éclairé par de longs passages dus à d'illustres témoins - de Hugo à Chateaubriand, de Tocqueville à Guizot, de Rémusat à Louis Blanc... -, enrichi des recherches et des problématiques les plus récentes, ce livre offre la synthèse précise et vivante qui manquait. Un grand pan de notre histoire, longtemps négligé, nous est ainsi révélé.

05/2011

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Critique littéraire

Partis pris. Littérature, esthétique, politique

Cet ouvrage embrasse les multiples aspects de l'oeuvre de Marc Fumaroli et permet d'en apprécier toute la force et l'originalité. Critique littéraire, critique d'art, observateur de la vie publique, Fumaroli se montre ici tour à tour admiratif, mordant, léger ou solennel, attaché avant toute chose à un libre exercice de l'intelligence dans tous ses domaines de prédilection. Le grand lecteur qu'il est nous entraîne dans une traversée éblouissante de la littérature classique, de ses racines antiques à la période contemporaine. Ces exercices d'admiration témoignent de ce que toute littérature a vocation à nous offrir : une forme de bonheur et d'accomplissement personnel. S'il s'intéresse aux auteurs de son temps, Marc Fumaroli ne cache pas sa nostalgie du Grand Siècle, ni l'attrait qu'exerce sur lui le temps des Lumières, deux époques majeures façonnées par les génies conjugués de la grandeur, de l'imagination et de la sensibilité. Fumaroli inscrit sa vision de la création littéraire dans le sillage de ceux qui sont restés ses maîtres et inspirateurs : La Fontaine, Voltaire et Chateaubriand. C'est à cette aune qu'il apprécie l'oeuvre de contemporains estimés comme Jean d'Ormesson, Claude Lévi-Strauss ou René Girard. La seconde partie de ce volume rassemble ses différentes interventions dans le débat public. Le polémiste plaide avec vigueur pour la sauvegarde des humanités face à l'excès des spécialités. Il rappelle l'enjeu fondamental de toute politique éducative : d'abord former des êtres libres. Il affirme ses préférences esthétiques et se livre à une critique décapante des dérives de l'art contemporain comme de l'emprise idéologique de l'"Etat culturel". Autant de partis pris qui sont chez Marc Fumaroli la marque d'un intellectuel et esthète passionné et exigeant, porté par une éclatante indépendance d'esprit.

01/2019

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Biographies

L'ivresse artiste. Double portrait Baudelaire - Flaubert

Baudelaire et Flaubert : sous forme de " double portrait " autour de leur oeuvre comme de leur vie, ce livre nous offre une lecture croisée (sur les plans biographique, littéraire, poétique, philosophique, psychologique, artistique, historique, sociologique, politique...), une étude comparée de leurs nombreux points communs, sinon de ce qui les lie intellectuellement. Parmi ces points : leur scepticisme philosophique (Montaigne, La Boétie...) et leur pessimisme existentiel (Schopenhauer, Nietzsche...), leur rapport critique avec le romantisme (même s'ils apprécient tout particulièrement Byron, Goethe et Chateaubriand), leur vision politique et sociale (rebelle, anti-bourgeoise et anticonformiste, voire "anti-démocratique", par leur côté "conservateur" et même "élitiste"), leur procès pour outrage aux moeurs (Les Fleurs du Mal et Madame Bovary, publiés la même année, en 1857), leur réflexion critique concernant la religion (leur anticléricalisme, bien que tous deux catholiques), leur relation à la fois conflictuelle et passionnée avec leur mère (Flaubert, à ce propos, a rencontré, lors d'un dîner, celle de Baudelaire, Madame Aupick, veuve du détesté Général), leur vision du rapport amoureux, leurs multiples et féconds échanges épistolaires, leur conception de l'art et même certaines "critiques d'art" (dont un élogieux article de Baudelaire, dans une revue appelée "L'Artiste", consacré à Madame Bovary, alors cloué au pilori), leur culte du beau (dans l'écriture, le style et la recherche de perfection formelle), leur dandysme (l'aspect théorique, dans un texte tel que Le Peintre de la vie moderne, chez Baudelaire, et l'aspect pratique, chez certains héros des romans,comme L'Education sentimentale ou Salammbô, de Flaubert). Ainsi, ce livre original, sérieux, riche et rigoureux à la fois, s'avère fascinant à plus d'un titre. Il paraît, en 2021, à l'occasion de l'anniversaire des 200 ans de la naissance de ces deux géants de la littérature française, sinon universelle, du XIXe siècle. Ils demeurent plus actuels que jamais...

03/2021

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Critique littéraire

André Breton. Le grand indésirable, Edition revue et augmentée

Passé l'éclair du magnésium, les traits d'André Breton (1896-1966) se figent à jamais. Visage décidé, menton en avant, cheveux assez longs, il conduit la horde changeante des surréalistes. Dans la tourmente du siècle, marqué par deux guerres mondiales et la plus vaste révolution que la terre ait connue, c'est lui qui désigne le chemin. Son autorité s'exerce sur beaucoup, des plus grands aux plus obscurs. Aragon, Éluard, Soupault, Péret, Char, Tzara même, lui obéissent. A son corps défendant, le voilà hissé sur un piédestal, quelque part entre les statues de Rousseau et de Chateaubriand. Ecartant les images simplistes, cette biographie montre comment s'est formée la personnalité du poète à travers son admiration puis son rejet de Valéry, Gide, Apollinaire. Elle le suit pas à pas dans sa quête de l'esprit moderne et son enthousiasme pour Dada, son invention de l'écriture automatique, son adhésion critique au parti communiste. Elle reconstitue l'avènement du surréalisme, son aventure quotidienne, ses débats et ses combats, à travers cet homme qui a toujours pris le parti de la vie. Plus complexe, sensible, hésitant et angoissé qu'on ne le croit généralement, l'auteur de Nadja s'est efforcé de mettre en pratique une morale exigeante de l'existence, dominée par la très haute idée qu'il se faisait de l'amour, la poésie, la révolution. Il y est parvenu au prix de bien des difficultés, avec une constance et une inflexibilité qui l'ont fait classer, définitivement, au nombre des " grands indésirables ". Cette nouvelle édition d'une biographie qui a fait date est mise à jour et augmentée de notes et références. Elle a bénéficié des ouvrages et documents publiés depuis 1990, et notamment de la vente de l'atelier André Breton.

09/2005

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Empire

Caracalla. Père de la citoyenneté universelle ?

Dressé par des biographes résolument hostiles à cet Auguste syro-africain, le portrait de Caracalla (188-217), fils aîné de l'empereur Septime-Sévère, ressemble à s'y méprendre à celui d'un Néron ou d'un Commode. L'historiographie, en effet, le dépeint comme un tyran et un soudard irascible et violent, un gnome meurtrier de son frère cadet, persuadé d'être habité par l'âme d'Alexandre le Grand. S'il est vrai que ce prince honni, fils aîné de l'empereur Septime-Sévère, est loin d'être un agneau sans taches, il promulgua pourtant une loi fondamentale, l'Edit de Caracalla, accordant à tous les hommes libres de l'Empire le droit de citoyenneté romaine. Comment expliquer qu'un être si détestable ait pu élaborer une loi si généreuse ? L'auteur s'emploie, dans cette biographie consacrée entièrement au bâtisseur des célèbres thermes qui portent son nom, à dresser un portrait nuancé du jeune prince devenu empereur au début du IIIe siècle après J. -C. Avec un regard original et un ton résolument épique, il présente les ressorts intimes d'une personnalité hors normes, offrant aux lecteurs le visage singulier d'un homme passionné par les arts et la guerre, attentif au sort de ses soldats et des plus humbles. Tout en circonvolutions, il reconstitue avec un soin minutieux les réseaux d'influence, les querelles de famille et de pouvoir, l'environnement politique, religieux et social d'un Empire menacé de toutes parts. Mais Caracalla garde heureusement une part de mystère et de noirceur sur laquelle l'auteur parvient à lever un coin du voile. De saint Augustin à Régis Debray en passant par Chateaubriand et Charles de Gaulle, il montre comment le célèbre Edit de Caracalla continue de fasciner et d'alimenter le débat public.

05/2021

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Critique

La vie derrière soi. Fins de la littérature

"Pour son derniers cours au Collège de France, Antoine Compagnon s'est livré à une ultime réflexion sur la littérature, l'art, la musique à travers le kaléidoscope du mot " fin ". C'est en relisant La vie de Rancé de Chateaubriand qu'il en eut l'inspiration. Mais qu'est-ce que " les fins de la littérature " ? Cela signifie-t-il pour un écrivain de mettre un terme à son activité créatrice ? S'adonner enfin à l'oisiveté ? Ou faut-il prendre le mot au sens de crépuscule du créateur ? Un artiste est-il plus génial dans sa jeunesse ou sa maturité ? La vieillesse est elle-un déclin ou au contraire une apothéose ? Le Titien a-t-il eu raison de créer après 70 ans ? Hokusai, " le vieillard fou de dessin " estimait qu'il devrait atteindre l'âge de 110 ans pour maîtriser son art. N'existe-t-il pas un art sublime ? Un art du sublime sénile ? Les oeuvres ultimes malmènent les conventions. Elles peuvent être chaotiques, désastreuses, bouleversantes et annoncer des ruptures comme les quatuors de Beethoven. A travers des exemples allant de l'antiquité jusqu'à nos jours, Antoine Compagnon se livre à une réflexion sur la place de la vieillesse dans notre civilisation et notre société. Car texte n'est pas un cours mais une Odyssée vagabonde qui digresse sur l'or du temps, la mélancolie. C'est un récit, une panoplie de toute beauté qui s'appuyant sur des tableaux est un chant du cygne - le cygne produisant son plus beau chant juste avant sa mort. Mais le chant du cygne est un mythe à l'image de la littérature. Et la littérature moderne s'est pensée comme " un champ du cygne démesuré ". " La littérature va vers elle-même, vers son essence qui est la disparition ", affirmait Blanchot.

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Littérature française

Peut-être ou La nuit de dimanche (brouillon de prose). Autobiographie romanesque

Quand ma soeur est née, j'avais un peu moins de quatre ans. On me demanda si j'étais content. Je répondis (ai-je appris) que je m'étais déclaré content "d'avoir une tortue et une petite soeur". Rien que d'assez banal. Quand mon plus jeune frère est né, le benjamin de notre famille, j'en fus, je m'en souviens, très heureux. C'était la nuit de la Saint-Jean de 1939. Il s'est suicidé en 1961. II était le préféré, je pense, je pense avoir toujours pensé, de ma mère. Peut-être des autres membres de notre famille. Je ne sais pas. Comment faire ? Une solution, une seule : être un benjamin. Autobiographique est ce roman, ce brouillon de roman, donc, comme je viens de le décider ; de même tout roman est autobiographie de celui qui lui donne son nom. Ecrire et publier son autobiographie n'a guère de sens. Pourquoi n'y en aurait-il qu'une ? Si on en composait une tous les dix ans, par exemple, ce serait déjà moins une prétention ridicule à transmettre au monde LA vérité sur soi-même. Toutes les autobiographies que je connais prétendent cela. Je n'ai pas le temps, je n'aurai pas le temps de tendre à l'excellence dans la composition de mon roman. Je sais qu'il faut, qu'il faudrait que les chapitres se suivent et ne se ressemblent pas, tout en étant confinés dans des dimensions raisonnables, peut-être préétablies par l'Auteur, qui cependant ne peut être ni Diderot, ni Stendhal, qui ne doit pas s'efforcer à jouer Monsieur de Chateaubriand ou Christine Angot, bien que parlant, comme eux, de moi et encore de moi. J. R.

01/2018

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Philosophie

Blaise Pascal ou le génie français

" Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize ans, avait fait le plus savant traité des coniques qu'on eut vu depuis l'Antiquité ; qui, à dix-neuf ans, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l'entendement ; qui, à vingt-trois ans, démontra les phénomènes de la pesanteur de l'air, et détruisit une des grandes erreurs de l'ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s'aperçut de leur néant et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu'à sa mort, arrivé dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut, par abstraction, un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du Dieu que de l'homme. Cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal. " tel est le saisissant portrait de l'auteur des Provinciales et des Pensées esquissé par Chateaubriand dans le Génie du christianisme. Il suffirait à expliquer l'intérêt ardent que porte à la redécouverte de sa vie et de son œuvre Jacques Attali, polytechnicien et écrivain, énarque et dramaturge, économiste et homme de conviction, tout au long de cette biographie qui ne retrace pas seulement le destin tragique d'un enfant prodige, génie absolu, esprit torturé entre son amour de la vérité et sa foi, mais aussi l'histoire d'un demi-siècle qui vit la France régner intellectuellement sur le monde.

10/2000

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Histoire de France

Fusillé à Caen en 1941. Lettres d'un otage à sa famille (19 juillet - 15 décembre 1941)

"Ma chère soeur, Bien chers tous, cette lettre sera la dernière que je vous écris, car aujourd'hui j'aurais cessé de vivre, aussi je vous demande de prendre courage et de vous dire que j'ai toujours été un homme honnête et consciencieux, qui a toujours suivi le droit chemin (..). Je dois payer et je le ferai en bon français..." Extrait d'une lettre d'Albert-Joseph di Fusco, cantonnier temporaire à la mairie du XVe arrondissement de Paris. Arrêté avec quatre de ses camarades cinq mois plus tôt pour activités communistes, il avait été condamné à 20 ans de travaux forcés. Au même moment, l'occupant, en la personne du général von Stüpnagel, décidait de répondre à l'activité résistante émergente par une politique de prises d'otages parmi les détenus juifs, communistes et anarchistes. C'est dans ce cadre que, le 22 octobre de la même année, avait été tué le jeune Guy Môquet et qu'il fut décidé de l'exécution le 15 décembre 1941 d'une centaines d'otages au Mont-Valérien, à Châteaubriant, à Fontrevaud et à Caen où il furent treize. Au soir de l'exécution, toutes les tombes - que le Préfet avait obtenu de faire revêtir du nom de chaque martyr - seront couvertes de fleurs par des inconnus. Ces lettres sont présentées et commentées par Claude Llucia di Fusco, née le 1e' janvier 1937 à Marseille. Enseignante, la fille unique dAlbert-Joseph di Fusco remplit avec ce livre un indispensable devoir de mémoire.

06/2014

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Sociologie

Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 93-1. Fascicule 1

RESUMES Julien Bocholier. - Le "petit Homère" de Chateaubriand Cet article propose une première édition des essais de traduction de Chateaubriand contenus dans son exemplaire de l'Iliade (chants IX à XII) conservé à la Bibliothèque nationale de France (Smith-Lesouëf, 135). Après avoir proposé une datation de ces fragments, autour de 1805, et indiqué leur probable contexte de rédaction, nous examinons d'abord le rapport de Chateaubriand au texte grec, et notamment l'intermédiaire que constituait pour lui la traduction latine contenue dans son volume ; puis, nous étudions, dans Les Martyrs et Les Natchez, les passages susceptibles d'avoir été influencés par les extraits d'Homère traduits par l'auteur. Bénédicte Chachuat. - Note à Lucain, Bellum Ciuile Le vers 43 du chant 7 du Bellum Ciuile est l'un des vers les plus discutés du poème de Lucain : les éditeurs ne s'accordent pas sur le texte à éditer et nombreux sont ceux à avoir tenté de le corriger. Il s'agira dans cet article de montrer d'abord pour quelles raisons le texte transmis par les manuscrits doit être considéré comme corrompu, ce qui aujourd'hui n'est pas admis par tous les philologues. Après avoir localisé et expliqué l'erreur, nous envisagerons ensuite les différentes solutions, jusque-là insatisfaisantes, qui ont été proposées pour remédier à cette corruption. L'étude d'une conjecture inédite permettra enfin de dégager le sens attendu du passage à défaut de pouvoir reconstituer avec certitude le texte de Lucain. Catherine Dobias-Lalou. - Retour sur les contractions e+e du dialecte cyrénéen Dans sa synthèse sur le dialecte cyrénéen publiée en 2000, l'auteur proposait pour la contraction des voyelles brèves moyennes antérieures une explication grapho-phonétique originale qui n'a guère convaincu. Il semble opportun de rouvrir le dossier avec le recul du temps, bien que la documentation nouvelle ait fourni peu d'éléments discriminants. Les exemples les plus nombreux appartiennent à deux types morphologiques, les nominatifs pluriels comme ??? ? ? et les infinitifs actifs comme ??? ? ??? . En réexaminant la place de ces formes dans leurs systèmes flexionnels respectifs, on peut finalement expliquer les uns et les autres par des remaniements morphologiques, phénomène particulièrement développé dans les présents contractes en -? ? . Le dialecte cyrénéen appartient bien au dorien "sévère" . Antoine Foucher. - Les uersus aurei chez Virgile, des Bucoliques à l'Enéide En nous appuyant sur une définition stricte du uersus aureus, nous analyserons dans cet article les structures verbales, phoniques et métriques de ce type de vers dans les trois oeuvres majeures de Virgile pour y montrer l'influence de Catulle, mais aussi les évolutions en fonction des genres pratiqués par Virgile. Nous nous intéresserons aussi aux emplois du uersus aureus dans les oeuvres de Virgile : s'il est vrai qu'il apparaît souvent devant ponctuation forte, plus largement, il contribue à la colométrie virgilienne en s'associant à des structures syntaxiques déterminées, tout comme il est indubitablement associé à des structures ou à des thèmes particuliers, tels que la description. Bruno Helly. - Les datifs en et dans les dédicaces et épitaphes thessaliennes en alphabet épichorique (VIe-Ve s. av. J. -C.) Il est connu que dans les inscriptions thessaliennes des vie et ve s. av. J. -C. en alphabet épichorique, on trouve un datif singulier -? ?? , souvent simplifié en -? ? pour les noms féminins et masculins en /-a/, et un datif singulier -o ? simplifié en -o pour les noms en /-? /. Cependant, dans de nombreuses inscriptions de cette période, en particulier dans les épitaphes, ces datifs ont souvent été interprétés comme des génitifs de substantifs masculins, Un recensement exhaustif de ces inscriptions montre que ce sont bien des datifs qui sont utilisés dans les formules funéraires, associés aux substantifs ??? ? ? , ??? ? ? , ??? ? ??? ? , ??? ? et avec des verbes comme ??? ? ??? , ??? ? ??? ? ou même le simple ??? ? . On peut tirer de l'utilisation de ces datifs en -? ?? /? ? et -o ? /-o des informations non seulement pour l'histoire du dialecte, mais aussi sur la manière dont on exprimait à cette époque le rapport des vivants et des défunts au monument funéraire. Dimitri Maillard. - César et l'apparat royal Quand le 15 février 44, à l'occasion des Lupercales, César se présente vêtu de la toge pourpre et s'assoit sur une chaise curule dorée, le dictateur réactive une tradition selon laquelle ces deux éléments n'étaient associés que pour les anciens rois. Un point vient appuyer cette hypothèse : toge pourpre et chaise curule font partie des insignes de pouvoir offerts par le Sénat aux souverains alliés. Le propos s'attache à démontrer la nature royale de ces dons, qui pourraient se fonder sur un costume antérieur à l'apparat républicain. L'incompatibilité entre la chaise curule et la pourpre est levée par César aux Lupercales ; l'ensemble n'est pas commenté par ses contemporains, du fait du diadème tendu par Antoine ce jour-là, mais César réactivait en fait l'ancien apparat royal. Sophie Minon. - Dérivation en -? ? - ou en -o ? - : critères distributionnels. Le cas des anthroponymes en ??? ? ?? - vs - ??? ? ??? ? , -? ??? ? ? L'objet de cette étude était de vérifier, en prenant l'exemple des anthroponymes composés faits par dérivation en -? ? - ou en -? -, à partir du radical ??? ? °, si les échanges, abondamment représentés dans les composés lexicaux et anthroponymiques, entre les deux voyelles, en position soit de voyelle de jonction entre leurs deux membres, soit de voyelle prédésinentielle, prouvent un caractère interchangeable qui s'expliquerait morphologiquement par différentes formes d'analogies ou bien si d'autres motivations ont pu jouer, voire interférer avec la précédente. S'il est impossible de tirer de conclusions qui vaillent pour la série de noms dans sa totalité (trop de critères interfèrent, y compris celui de la mode, parfois induite par l'existence de tel porteur prestigieux du nom), il n'est du moins guère apparu que le critère aréal/dialectal, dont on a montré qu'il avait joué par exemple dans la distribution de /a : / et de /o/ prédésinentiels pour les composés du lexique, doive être, en revanche, invoqué pour leur distribution dans les anthroponymes en -? ??? ? ? /? ? et -? ? /? ??? ? ? de l'époque alphabétique. Dans la hiérarchisation de ceux qui ont véritablement contribué à la configuration de cette famille de noms, sémantique et pragmatique viennent en premier, et l'accent pourrait avoir parfois contribué au marquage du sens, tandis que certains choix morphologiques sont apparus comme infléchis par le rythme.

02/2021

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Histoire de France

L'énigme Pierre Pucheu

"Allemands et collabos me haïssent pour ma réalité, tandis que gaullistes et Anglais me détestent sur ma légende"… Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur du gouvernement de Vichy de juillet 1941 à avril 1942, nourrit les controverses : a-t-il réellement désigné lui-même les otages fusillés à Châteaubriant, dont Guy Môquet, comme il en est systématiquement accusé ? A-t-il organisé les crimes judiciaires perpétrés par la section spéciale de la cour d'appel de Paris et le tribunal d'Etat, condamnant à mort des communistes pour avoir distribué quelques tracts ? Ou est-il au contraire le ministre qui, en zone libre, a permis l'arrestation de plusieurs centaines d'agents ennemis ? Celui qui adjura Pétain de partir pour Alger en octobre 1942 de manière à y appeler les Américains, rompre l'armistice et reprendre la guerre contre l'Allemagne ? Alors qu'il rejoint le camp allié dès novembre 1942 pour aller se battre en première ligne contre les Allemands avec l'aval du général Giraud, Pierre Pucheu est arrêté à son arrivée en Afrique du Nord, incarcéré, jugé, condamné, fusillé. Son procès, le premier de l'épuration, préfigure tous les autres. De Gaulle, tout en refusant sa grâce pour "raison d'Etat", fait cependant savoir qu'il lui "garde son estime". Symbole de cette contradiction, voire de ce regret, Pierre Pucheu est, avec le maréchal Ney, le seul condamné à avoir été autorisé à commander le peloton chargé de l'exécuter… Ni réquisitoire ni plaidoirie, cette captivante biographie conçue comme une enquête "comble – enfin ! – un trou noir de l'historiographie concernant Vichy, l'Occupation et la "collaboration"" (Jean-Marc Berlière).

09/2018

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Récits de voyage

Le voyage en Provence. De pétrarque à Giono

La Provence est, avec la Toscane ou la Californie, l'une des régions les plus connues dans le monde. Elle jouit d'un rayonnement particulier, lié au charme de ses paysages comme à l'attrait exercé par un certain mode de vie, fait de plaisirs et de légèreté. Mais, comme toutes les légendes, celle-ci ne va pas sans clichés. Frédéric d'Agay, qui connaît intimement l'âme et l'histoire provençales, en révèle dans cet ouvrage toute l'originalité à travers un périple littéraire personnel dans le sillage des plus grands écrivains français et étrangers. Le premier récit de voyage est, au Moyen Age, celui de l'ascension du mont Ventoux par Pétrarque. Epoque où les pèlerins qui s'apprêtent à embarquer à Marseille pour Rome ou la Terre sainte sont fascinés par la beauté des sites - la fontaine de Vaucluse, le théâtre d'Orange ou les églises d'Avignon. Au XVIIe siècle, Mme de Sévigné vient en Provence voir sa fille, et nombre d'autres beaux esprits parisiens racontent leurs propres séjours dans des lettres teintées d'humour. C'est au siècle suivant que la Provence devient, avec la Suisse et l'Italie, l'un des berceaux du tourisme. Une escale privilégiée sur la route de Florence et de Venise pour Casanova, Jefferson, Arthur Young ou Lady Montagu, suivis cent ans plus tard par Chateaubriand, Van Gogh, Dickens, Nietzsche et Victor Hugo. Autant de visiteurs illustres qui contribuent à la véritable découverte de la Provence. C'est le début de la saison d'hiver dans les cités bientôt mythiques de la non moins mythique Côte d'Azur : Hyères, Saint-Raphaël, Cannes, Nice, Menton. Au XXe siècle, Cocteau, Colette, Morand ou Kessel y ont leur villa, leur hôtel préféré, leur cercle d'amis et de visiteurs. Mais ceux qui évoquent le mieux leur pays sont les écrivains "de l'intérieur". Pagnol, Bosco, Giono célèbrent avec verve, tendresse et poésie sa lumière, ses caractères, son folklore et ses traditions. Tout ce qui fait l'essence véritable de la Provence, ici magnifiquement restitué.

07/2020

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Ethnologie

Non-Lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité

Après La Traversée du Luxembourg, Un ethnologue dans le métro et Domaines et châteaux, Marc Augé poursuit son anthropologie du quotidien en explorant les non-lieux, ces espaces d'anonymat qui accueillent chaque jour des individus plus nombreux. Les non-lieux, ce sont aussi bien les installations nécessaires à la circulation accélérée des personnes et des biens (voies rapides, échangeurs, gare, aéroports) que les moyens de transport eux-mêmes (voitures trains, trains ou avions). Mais également les grandes chaînes hôtelières aux chambres interchangeables, les supermarchés ou encore, différemment, les camps de transit prolongé où sont parqués les réfugiés de la planète. Le non-lieu est donc tout le contraire d'une demeure, d'une résidence, d'un lieu au sens commun du terme. Seul, mais semblable aux autres, l'utilisateur du non-lieu entretient avec celui-ci une relation contractuelle symbolisée par le billet de train ou d'avion, la carte présentée au péage ou même au chariot poussé dans les travées d'une grande surface. Dans ces non-lieux, on ne conquiert son anonymat qu'en fournissant la preuve de son identité - passeport, carte de crédit, chèque ou tout autre permis qui en autorise l'accès. Attentif à l'usage des mots, relisant les lieux décrits par Châteaubriand, Baudelaire ou les " passages " parisiens de Walter Benjamin, l'ethnologue remarque que l'on peut se croiser à un carrefour alors que l'échangeur interdit toute rencontre. Si le voyageur flâne en chemin ou s'égare sur une route de traverse, le passager qui prend le TGV ou l'avion est déterminé par sa destination. Aujourd'hui, les repères de l'identité et le statut de l'histoire changent en même temps que l'organisation de l'espace terrestre. Dans ce livre, Marc Augé ouvre de nouvelles perspectives en proposant une anthropologie de la surmodernité qui nous introduit à ce que pourrait être une ethnologie de la solitude.

03/2002

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Pléiades

Correspondance. Tome 9, Juillet 1767-Septembre 1769

La Correspondance de Voltaire représente magnifiquement une période critique de l'histoire : façonnée jour après jour durant plus de soixante ans, elle nous donne une image fidèle de cette époque, dans. sa noblesse, sa grandeur et sa bassesse, et nous rend familiers de ses penseurs et de ses artistes, de ses rois et de ses hommes d'Etat, de ses percepteurs et de ses tripiers ; elle reflète diversement l'esprit, les sentiments, les faits et gestes d'un très grand homme. Chaque page fait valoir la faculté de pénétration, la poésie d'un génie. Et tous ces détails font de la correspondance de Voltaire le grand classique du genre épistolaire, et un chef-d'oeuvre de la littérature. "Les recueils épistolaires, quand ils sont longs, offrent les vicissitudes des âges : il n'y a peut-être rien de plus attachant que les longues correspondances de Voltaire, qui voit passer autour de lui un siècle presque entier. Lisez la première lettre, adressée en 1715 à la marquise de Mimeure, et le dernier billet écrit le 26 mai 1778, quatre jours avant la mort de l'auteur, au comte de Tally-Tolendal ; réfléchissez sur tout ce qui a passé dans cette période de soixante-trois années. Voyez défiler la procession des morts [...]. L'illustre vieillard, s'enfonçant dans ses années, cesse d'être en rapport, excepté par la gloire, avec les générations qui s'élèvent ; il leur parle encore du désert de Ferney, mais il n'a plus que sa voix au milieu d'elles [...]. Le roi de Prusse, l'impératrice de Russie, toutes les grandeurs, toutes les célébrités de la terre reçoivent à genoux, comme un brevet d'immortalité, quelques mots de l'écrivain qui vit mourir Louis XIV, tomber Louis XV et régner Louis XVI et qui, placé entre le grand roi et le roi martyr, est à lui seul toute l'histoire de France de son temps", Chateaubriand, Vie de Rancé.

09/1985

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Histoire de France

Histoire des Girondins. Tome 2

Lamartine, orateur exceptionnel qui avait le sens de la formule, a lui-même rédigé l'argumentaire de son ouvrage : " J'entreprends d'écrire l'histoire d'un petit nombre d'hommes qui, jetés par la Providence au centre du plus grand drame des temps modernes, résument en eux les idées, les passions, les fautes, les vertus d'une époque... Cette histoire pleine de sang et de larmes est pleine aussi d'enseignements pour les peuples. " Et il ne manquait pas de citer la lettre envoyée par Victor Hugo : " Tout ce que j'ai déjà lu de votre livre est magnifique. Vous saisissez ces hommes gigantesques, vous étreignez ces événements énormes avec des idées qui sont à leur taille. Ils sont immenses, mais vous êtes grand. " De fait, Lamartine ne se limite pas au destin finalement tragique du parti des Girondins - Vergniaud, Guadet, Gensonné, Buzot, les époux Roland... -, mais étend son récit de la mort de Mirabeau, en avril 1791, jusqu'à thermidor et la chute de Robespierre, qui devient peu à peu le héros principal de la tragédie révolutionnaire mise en scène ici. Car, comme le souligne Mona Ozouf, " plus qu'au livre d'histoire, plus qu'au poème ou même au roman, c'est au théâtre que font penser ces Girondins ", le livre dont l'auteur prend souvent ses aises avec la réalité historique pour produire des effets plus saisissants. La réussite fut totale, le succès éclatant. Toutes proportions gardées, Lamartine devenait pour la Révolution française ce qu'avait été, quarante ans auparavant, Chateaubriand avec Le Génie du christianisme pour la religion. Comme son illustre confrère, il avait su capter la sensibilité et les attentes de ses contemporains, leur livrant l'histoire que, à la veille de la révolution de 1848, ils voulaient lire. Aujourd'hui, l'Histoire des Girondins est autant un témoignage sur cette époque qu'une fresque épique sur la Révolution brossée par un magicien du style.

01/2014

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Littérature française

La Marquise de Gange et autres romans historiques. Adélaïde de Brunswick

On connaissait les malheurs de Justine et les prospérités de Juliette. Les romans historiques, que Sade compose dans les toutes dernières années de sa vie, nous font découvrir un peintre bouleversant des conflits familiaux et des guerres civiles. Le marquis de Sade (1740-1814) est souvent réduit aux infortunes de la vertueuse Justine et aux prospérités de Juliette la criminelle. Il a pourtant consacré les dernières années de sa vie à brosser le portrait de trois femmes d'énergie qui bousculent toute partition simpliste. Enfermé par mesure administrative en 1801 à l'hôpital psychiatrique de Charenton, il lit Germaine de Staël et Chateaubriand, se passionne pour l'histoire nationale et, ayant vécu l'effondrement de l'Ancien Régime et les bouleversements de la Révolution, s'interroge sur le sens de l'histoire. Privé de liberté, il s'évade dans l'imaginaire, voyage à travers l'espace et le temps. Il retrouve la Provence de son enfance en racontant un fait divers tragique du XVIIe siècle : l'assassinat de la marquise de Gange par ses beaux-frères, avec la complicité du mari. Le roman est publié anonymement en 1813. Sade fait ensuite traverser l'Allemagne du XIe siècle à Adélaïde de Brunswick, princesse passionnée et volontaire qui finit comme une sainte, puis il retrace, au tournant du XIVe au XVe siècle, l'Histoire secrète d'Isabelle de Bavière, qui lui permet de parler de la Révolution française et aussi de la médecine psychiatrique. Isabelle de Bavière, épouse d'un roi dément, y devient une flamboyante Marie-Antoinette médiévale. La guerre de Cent Ans, qui oppose de est une façon de raconter la Terreur. Ces deux derniers romans, restés manuscrits durant un siècle et demi, ont été révélés au milieu du XXe siècle. Ils attendaient une édition philologique. A la suite de La Marquise de Gange, d'Adélaïde de Brunswick et d'Isabelle de Bavière, on trouvera un inédit : les notes de Sade à la lecture de Delphine de Germaine de Staël.

03/2023

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Histoire littéraire

Le sceptre et la plume

De Montaigne à François Mitterrand. L'histoire inédite d'une exception française. La France possède une singularité enviée du monde, et sans doute vouée à disparaître : la liaison étroite qu'entretiennent depuis des siècles la politique et la littérature. En quel autre pays, un homme d'Etat estimerait que la légitimité issue du suffrage est rehaussée par le prestige de l'écriture ? En quel autre pays les grands écrivains jugent que leur génie leur octroie le devoir d'éclairer les destinées de la nation et de guider le peuple ? Ce croisement n'a pas été l'exception mais la norme, comme en témoignent par exemple la publication du Mémorial de Sainte-Hélène et celle des Mémoires de Charles de Gaulle dans la bibliothèque de la Pléiade. Du XVIe au XXIe siècle, ce grand livre met en lumière, à travers une galerie de portraits d'hommes politiques qui ont écrit des chefs-d'oeuvre et d'écrivains phares qui ont exercé le pouvoir, cette endogamie paradoxale qui n'a cessé de susciter l'étonnement des étrangers, car elle donne aux mots une résonance et à la politique une élévation, presque une transcendance, qui manque tant aujourd'hui. Du côté des hommes d'Etat, voici Henri IV, Richelieu, Louis XIV, Mirabeau, Napoléon, Clemenceau, Jaurès, Blum, de Gaulle et Mitterrand, dont l'exercice du pouvoir s'est accompagné des pouvoirs de l'écrit. Parmi les écrivains dont la renommée a été le piédestal des ambitions politiques, voici Montaigne, Chateaubriand, Lamartine, Tocqueville, Hugo, Barrès, Malraux, Senghor... La littérature apparaît tantôt comme le vecteur d'une ambition, tantôt comme le deuil éclatant d'espoirs déçus, tandis que la politique cherche dans la littérature un surcroît de légitimité conjugué à un brevet pour la postérité. Un livre fort, doté d'une écriture superbe ; des portraits ciselés qui convoquent l'ironie de Saint-Simon et ont la profondeur de ceux de Sainte-Beuve.

08/2023