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Émilie Pépin

Extraits

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Critique littéraire

Le bleu des anges. Le rêve français de Heinrich Mann

Ce récit est guidé par un paradoxe dans la vie de l'écrivain Heinrich Mann : sa relation avec la France fut déterminante pour ses idées littéraires et sa pensée politique, mais jusqu'en 1923 il ne la connut que par le prisme des livres et des journaux exception faite pour Nice, sa "ville idéale". C'est le modèle de la République française qui fit de lui un écrivain engagé et un adversaire de l'Allemagne de Guillaume II. En 1915, au beau milieu de la Grande Guerre, il écrit un essai à la gloire d'Emile Zola, dans lequel il prédit la chute de l'Empire allemand. Mann peut être considéré comme l'un des pionniers de l'entente franco-allemande. Dans sa vie intime, Heinrich Mann évolua dans le demi-monde, celui des femmes légères, et la connaissance qu'il en avait trouva son apogée dans le mythe de l'Ange bleu (Professeur Unrat) dont il transposa la vraie histoire, un scandale survenu à Berlin, dans sa ville natale Lübeck : un professeur d'université s'était mis en ménage avec une soubrette et était apparu dans un cabaret déguisé en clown. De Nice, Heinrich Mann fut chassé en 1940, on lui refusa la nationalité française, il fuit à pied de Cerbère à Port Bou à travers les Pyrénées avec l'aide de Varian Fry, et se retrouva à Hollywood, oublié, miséreux, veuf, esseulé. Mais il continua à croire en la France.

02/2014

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Linguistique

Etudier la parole, enseigner les langues

Quelle langue française allait-on enseigner, en ce début d'après-guerre, aux étrangers de France et d'ailleurs qui souhaitaient l'apprendre ? La langue des Françaises et des Français d'aujourd'hui, bien sûr ! D'où l'idée proposée par Aurélien Sauvageot et George Gougenheim, mise en oeuvre par Paul Rivenc, de les enregistrer au magnétophone pour savoir en quoi consiste au juste notre "langue parlée". Cette enquête linguistique sans précédent, objet d'oppositions violentes de tous bords politiques, conduira à l'élaboration du Français Fondamental. Seuls cinq linguistes de renom (Charles Bruneau, Pierre Fouché, Robert-Léon Wagner, Georges Matoré et Emile Benveniste) participent à l'entreprise. Cette première collecte d'un grand corpus oral inaugure une nouvelle ère et affecte en profondeur les sciences du langage. Avec le linguiste et phonéticien croate Petar Guberina - dont la rencontre à Paris est une des grandes scènes primitives de la didactique contemporaine - Paul Rivenc va révolutionner l'enseignement du français et des langues, la pédagogie, la méthodologie, la formation. Ses travaux ont accompagné le renouveau de la diffusion du français dans le monde dès les années 1960. Ils sont de ceux avec qui le FLE commence. Le présent ouvrage, hommage à Paul Rivenc de quelques-uns qui l'ont connu, est une contribution à l'histoire de la didactique des langues et un éclairage précieux sur ses enjeux au prisme d'un de ses protagonistes majeurs.

04/2022

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Histoire automobile

Louise Cayrol. L'exaltante muse des pionniers de l'automobile

Au soir de ma vie, me voilà totalement oubliée. Mais cela m'indiffère, car je n'ai jamais recherché la notoriété. Non prémédité et peu connu, mon rôle a été déterminant pour l'avancée de la France vers sa modernité. Alors que rien ne m'y destinait, je suis devenue l'égérie de grands acteurs de l'automobile naissante, la muse qui les a conseillés, stimulés, parfois même bousculés. Etrange destinée pour une femme en cette fin du XIXe siècle. Les femmes avaient encore si peu le droit de dire ou de faire, pas même celui de gérer leurs propres biens et toujours pas de reconnaissance citoyenne. Volontarisme et entrepreneuriat étaient encore des gros mots. Que dire, alors, d'une ingérence dans le milieu si masculin du monde technique et industriel ? Pourtant, historiens et spécialistes s'accordent à dire que, sans moi, l'industrie automobile n'aurait pas jailli aussi vite, et que la France n'aurait pas été la première au monde dans ce domaine. Si les noms d'Edouard Sarazin, René Panhard, Emile Levassor et Gottlieb Daimler sont restés dans la mémoire des passionnés d'automobile, qui connaît aujourd'hui celui de la petite provinciale dont le rôle auprès d'eux a été essentiel, pour faire émerger une industrie, dont les conséquences humaines et économiques sont considérables et qui a fait naître une passion dans le coeur des hommes ? Cette petite provinciale, cette femme modeste, c'était moi. Je m'appelle Louise Cayrol.

04/2024

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Théâtre

Les pères du théâtre médiéval. Examens critiques de la constitution d'un savoir académique

Qu'est-ce que l'histoire du théâtre médiéval ? Plus que l'histoire du théâtre au Moyen Age, c'est celle de la définition de l'objet " théâtre médiéval " par des savants, archivistes, historiens ou littéraires, dont le présent volume retrace le parcours et éclaire les choix. Comment ces pères fondateurs ont-ils conceptualisé, documenté et compris le théâtre médiéval ? Quels paradigmes ont déterminé leurs discours, et transformé cet objet scientifique en discipline ? Entre parcours académiques et études de cas, c'est dans une perspective historiographique que sont examinées les démarches des antiquaires locaux et régionaux du XIXe siècle aussi bien que celles de médiévistes célèbres comme Emile Picot, Louis Petit de Julleville, Gaston Paris ou Joseph Bédier. Une place singulière est accordée à l'œuvre de Gustave Cohen, figure marquante qui inspira la discipline aussi bien que les poètes ou les metteurs en scène, et favorisa la recréation de cet objet ancien. Des spécialistes actuels de cette discipline se sont penchés sur les grands travaux qui ont guidé et qui guident encore les études sur le théâtre médiéval. Critique, leur examen vise à évaluer les apports mais aussi les limites de ces travaux pionniers, afin d'établir une méthode respectueuse à la fois des textes et de leur historicité. Du passé à l'avenir, rendre hommage aux pères, c'est alors poser les fondements épistémologiques pour une nouvelle étude du théâtre médiéval.

07/2010

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Littérature française

BILAN DE LA SOCIOLOGIE FRANÇAISE CONTEMPORAINE. .

"Bilan de la sociologie française contemporaine" , le programme paraîtra sans doute ambitieux, les champs où glaner trop vastes. Il est certain que si nous voulions relever seulement tout ce que les savants français ont pu faire, depuis la guerre, pour avancer sous une forme ou une autre la connaissance des sociétés humaines, il y faudrait une longue série de volumes de la taille de celui-ci. Mais il importe de distinguer, et de préciser dès l'abord notre objet. Nous nous plaçons délibérément au point de vue adopté par la sociologie proprement dite, telle qu'elle nous paraît définie le plus nettement par l'équipe des chercheurs groupée dans l'Année Sociologique autour d'Emile Durkheim, lui-même continuateur, sur le terrain scientifique, d'Auguste Comte. Nous nous placerons, dans les revues qui vont suivre, sur la ligne de jonction entre sociologie spontanée et sociologie méthodique. Et nous essaierons de préciser ce que celle-ci ajoute à celle-la par un certain nombre d'exemples, - qu'il s'agisse de psychologie ou d'ethnologie, de géographie humaine ou d'histoire, de science du droit ou d'économie politique. Dans ce livre de 1935, le sociologue Célestin Bouglé (1870-1940) propose un vaste panorama de la sociologie française en plusieurs volets thématiques : Chapitre I : Sociologie et psychologie Chapitre II : Ethnologie et sociologie Chapitre III : Morphologie sociale Chapitre IV : Sociologie et histoire Chapitre V : Sociologie juridique Chapitre VI : Sociologie économique Chapitre VII : Sociologie économique (partie 2)

07/2023

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Littérature française

Leçons de sociologie sur l'évolution des valeurs

Depuis la perte irréparable qu'ont éprouvée l'Université française et les sciences sociales, - depuis la mort d'Emile Durkheim, - j'ai eu l'occasion de faire à la Sorbonne, à diverses reprises, des cours élémentaires de sociologie générale, pour un public où se mêlaient les futurs maîtres de l'enseignement secondaire et les futurs maîtres de l'enseignement primaire. Ces sortes de cours ne peuvent guère être que des revues un peu rapides. On vole de sommet en sommet, sans avoir le temps de descendre au détail. On suggère plutôt qu'on ne démontre. On pose plus de problèmes qu'on n'en résout. Tels quels, il m'a semblé que les résumés de ces cours pouvaient composer un livre actuellement utile. Aujourd'hui, plus que jamais - dans le désarroi intellectuel et moral qui suit la guerre - les esprits sont nombreux que la sociologie attire. Ils trouveront dans ce livre, ordonnées autour de quelques thèses centrales, un certain nombre d'informations touchant les origines ou l'évolution de la religion et de la morale, de la science et de l'art. A méditer les conclusions qui se dégagent de ces informations mêmes, ils vérifieront que le "matérialisme" ou même le "scientisme" ne sont nullement le dernier mot de la sociologie : bien plutôt, nous fournit-elle de nouvelles raisons de respecter les diverses formes de l'idéal que les sociétés ont pour principal office de faire vivre.

01/2024

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Sciences historiques

Histoire de Fleurance

Préface de Madame Emilie Munoz-Dennig, Maire de Fleurance L'Histoire est une science rigoureuse qui a pour objet la recherche, l'étude et la conservation des objets, des événements, des personnes et leurs mémoires ; ce qui est important pour une Commune. C'est un travail vaste et minutieux à la fois ; qu'il faut être capable d'analyser avec calme et modestie, toujours étayé par des éléments concrets. Cette matière permet surtout, à l'aune du passé, de vivre pleinement l'instant présent et d'envisager l'avenir. Avec cet ouvrage c'est tout cela que nous avons voulu faire : ne pas perdre la trace de nos aïeux et le témoignage de tout ce qu'ils ont apporté à notre Ville. Ce qui nous donnera, en partie, les moyens de comprendre comment et pourquoi Fleurance est cette cité accueillante dans ce XXIe siècle si tourmenté. Nous avons donc souhaité, avec entre autres le soutien aux animations, à une offre culturelle, mettre sur pied les outils pour vivre ensemble et aimer la bastide ; se l'approprier et surtout nous l'espérons transmettre aux jeunes, à nos enfants le goût de s'investir pour elle, cette passion à lui donner dans le futur un rayonnement plus grand encore. Sans être exhaustif, le présent livre se veut précis, ludique et global. Ainsi il pourra servir à présenter notre Ville tant au grand public qu'aux touristes. D'un vaste regard sur l'ensemble des siècles il ramène toujours les grands moments de l'Histoire à la vie locale, à ses traditions et ses déclinaisons sur notre terre fleurantine. L'auteur, Pierre Léoutre a ainsi eu un accès privilégié aux archives municipales, aux collections privées, il a de plus pu recueillir des témoignages et se rendre sur divers sites pour appréhender les problématiques les plus variées. Pour tout cela qu'il soit remercié ainsi que tous ceux qui lui ont apporté leur concours sous quelque forme que ce soit. En unissant nos volontés, nos forces nous avons permis que Fleurance une fois de plus soit fidèle à sa devise : Fleurance a fleuri, fleuri et fleurira toujours. Bonne lecture à tous.

06/2019

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Littérature française

Une Pointe Noire

Jeanne est une femme d'aujourd'hui, qui pressent déjà que vieillir n'est pas une bonne option. Mariée à un diplomate français, elle parcourt le monde et les postes, au contact de la diplomatie, un petit monde fermé qui vit de ses codes et s'appréhende avec doigté. Les rencontres et les vies étrangères amènent leur lot d'aventures dans des décors toujours renouvelés, tantôt réjouissants, tantôt destabilisants ou effrayants. A travers cette série de romans riches d'émotions, Jeanne nous propose des aventures ayant pour toile de fond le monde de la diplomatie, ses difficultés, ses aberrations aussi, en Tanzanie, en Thaïlande, à New-York, à Rome et à Pointe-Noire au Congo. Des mondes traversés mais avant tout la vie d'une femme comme une autre qui se construit, mûrit pour ne pas dire vieillit, s'adapte ou trébuche, avec l'humour pour refuge. Le Congo c'est loin, c'est moche, violent parfois, une terre dure à vivre pour ceux qui sont de là ou y atterrissent. C'est comme cela que Jeanne le voit en y arrivant. Elle est l'épouse du consul général de France à Pointe-Noire et, pour la première fois, elle doit tenir une résidence consulaire, recevoir, représenter, faire avancer ce paquebot qui ne demande qu'à couler, une vieille maison décrépie qui donne le change sous le soleil. Elle enseigne aussi au lycée français où elle rencontre Emilie, une adolescente métisse et en souffrance qui n'aime que la musique et ignore encore son talent. Les destins des deux femmes se mêlent, révélés ou entravés par un troisième personnage, la ville autour, qui retient ou enferme et met des bâtons dans les roues, contrastée, dure et dangereuse la nuit, brillante et gaie le jour. Pourtant, de cette terre difficile, sans cesse la vie, l'émotion et la beauté émergent, crèvent la rocaille pour l'emporter là où on ne les attendait pas, révélant de véritables pépites. Une Pointe Noire emmène sans aucun doute le lecteur dans un bout du monde oublié, une Afrique essentielle dont le coeur bat pourtant quelque part en chacun de nous

10/2022

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Littérature française

David Foenkinos. Coffret 3 volumes : Le potentiel érotique de ma femme ; Nos séparations ; La délicatesse

Le potentiel érotique de ma femme : Après avoir collectionné, entre autres, les piques apéritif, les badges de campagne électorale, les peintures de bateaux à quai, les pieds de lapin, les cloches en savon, les bruits à cinq heures du matin, les dictons croates, les boules de rampe d'escalier, les premières pages de roman, les étiquettes de melon, les œufs d'oiseaux, les moments avec toi, les cordes de pendu, Hector est tombé amoureux et s'est marié. Alors, il s'est mis à collectionner sa femme ; Nos séparations : Je pense à Iris qui fut importante tout de même, à Émilie aussi, à Céline bien sûr, et puis d'autres prénoms dans d'autres pénombres, mais c'est Alice, toujours Alice qui est là, immuable, avec encore des rires au-dessus de nos têtes, comme si le premier amour était une condamnation à perpétuité. Alice et Fritz s'aiment, et passent leur vie à se séparer. Les raisons : la cyclothymie des mouvements passionnels, les parents et les beaux-parents, le travail et les collègues, les amis d'enfance, deux Polonais comme toujours, les cheveux et les dents, une longue histoire de cravate, la jalousie, et Schopenhauer bien sûr ; La délicatesse : François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m’en vais. C’est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n’est guère mieux. On sent qu’on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu’un jus ça serait bien. Oui, un jus, c’est sympathique. C’est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d’abricot, ça serait parfait. Si elle choisit ça, je l’épouse… – Je vais prendre un jus… Un jus d’abricot, je crois, répondit Nathalie. Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité.

05/2012

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Critique littéraire

L'atelier du roman N° 86 : Dickens : quand les romanciers méritaient le peuple

La réalité pour Dickens n'est pas une utopie fabriquée mais une fête, de préférence fête de Noël, une combinaison heureuse de rites chrétiens et païens, à laquelle participent riches et pauvres, saints et pécheurs, crédules et libertins, débonnaires et méchants, généreux et mesquins, l'humanité entière. Lambros Kampéridis. Une des questions que pose Dickens est de savoir ce qu'il appartient à un adulte de faire lorsque la charge d'un enfant lui est dévolue. Cet enfant n'est pas le sien et souvent l'absence de liens de sang demeure secrète. Thomas Pavel. Ce qui fait la singularité du Mystère d'Edwin Drood réside, à mes yeux, dans l'examen proposé de sa carrière par l'assassin lui-même à la fin, quand il découvrirait la superfluité du meurtre pour réaliser son but. Julian Evans. A vrai dire, aucun personnage de David Copperfield n'est vraiment ordinaire, aucun groupe, aucune famille. Que leur singularité soit attachante ou inquiétante, elle met un voile d'obscurité sur les êtres et rend difficile pour David la tâche de comprendre le monde qu'il découvre. Reynald Lahanque. Dans Le Village évanoui, Bernard Quiriny dévoile l'anatomie d'un échec, celui d'une société qui peine à se faire une image d'elle-même ou qui refuse de la regarder. Myrto Petsota. Chez Nodier, c'est précisément l'observation des fous qui permet de saisir la face cachée de cette philanthropie, associée au culte de la perfectibilité et du progrès ainsi qu'à une conception rigide, pour ne pas dire rigoriste du bien. Emilie Richard. Alors qu'en khâgne on cherchait à nous imposer une lecture purement formelle des oeuvres romanesques, desquelles pas le plus petit soupçon de vérité ne devait émaner [...], René Girard me sortait de ce caveau où l'on se cognait avec désespoir. Jean-Marc Bastière. Pourquoi Charles, l'esprit du temps de La Fête de l'insignifiance de Milan Kundera, envisage-t-il de mettre en scène (sur la scène du jardin de Luxembourg) une farce sur Staline pour le théâtre de marionnettes ? Sylvie Richterova.

06/2016

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Romans historiques (poches)

De colère et d'ennui. Paris, chronique de 1832

1832 : tandis que Paris vibre, vacille et gronde sous les coups redoublés de l'épidémie et de la guerre des rues, Adélaïde s'ennuie. Elle frémit dans son salon à la lecture des journaux, se délecte du chocolat que sa domestique lui rapporte de chez Marquis, s'émerveille en recluse des oiseaux du Jardin des Plantes où elle vit, loin des barricades (où Gavroche meurt). Emilie la saint-simonienne se bat du côté de Ménilmontant pour faire entendre la cause féministe. Louise, marchande ambulante du centre de Paris, atteinte du choléra et soupçonnée d'avoir participé à l'insurrection, est soumise à l'interrogatoire du commissaire, du juge et du médecin. Lucie, la mystique en extase, jouit du corps de Jésus, derrière les murs d'un couvent puis le choléra l'emporte. Comment situer ce texte inclassable ? " Tout est vrai, mais rien n'est vrai " nous dit Thomas Bouchet, historien talentueux du sensible et amoureux rigoureux de littérature. Ces femmes sont fictives, mais leur incarnation aux accents hyperréalistes se développe à travers l'usage minutieux des archives. Ce sont le corps et ses humeurs, l'expérience sexuelle, les maux de dents, le goût du chocolat ou celui de l'eau de vie dans les estaminets. La girafe du Jardin des Plantes, les indigènes qui traversent le paysage ou la rubrique des faits divers sont autant d'éclats de réel. Mais le tour de force littéraire et politique réside aussi et surtout dans la voix des femmes. Toutes sont recluses, c'est leur condition, que ce soit dans " l'île " du Jardin des Plantes, le couvent de la rue Neuve Sainte-Geneviève, la colline de Ménilmontant et la prison la vraie, Saint-Lazare, pour Louise. Thomas Bouchet relaie la parole des femmes, alors que les voix des hommes sont ici inaudibles. Chacune a un mode d'expression qui s'accorde avec sa condition : la bourgeoise a accès à la correspondance et se prête à des essais littéraires, pour la religieuse c'est le journal intime, pour la militante, le discours, la harangue, et la marchande, la plus précaire de toutes, parle à travers les minutes des interrogatoires. L'effet de réel est saisissant.

03/2018

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Histoire régionale

Femmes de Seine-et-Marne. Portraits des femmes qui ont fait la seine-et-marne

Dans une série de portraits, Albertine Gentou rend hommage "aux femmes qui ont fait la Seine-et-Marne" , cette contrée de l'Ile-de-France que l'on appelait autrefois le Gâtinais, la forêt de Bière et la Brie. Des têtes couronnées aux artistes, des mécènes aux sportives y figurent. Elles y ont séjourné pour y établir leur règne, leur foyer, leurs talents ou pour y puiser l'inspiration. De toutes les époques, et dans tous les domaines, elles font partie de l'Histoire et du patrimoine culturel de cette région. Un éventail de Seine-et-Marnaises d'origine, d'adoption ou de passage, d'hier et d'aujourd'hui, qui ne se prétend pas exhaustif, pas plus qu'il ne se revendique militant, mais simplement instructif voire divertissant... Sommaire (extraits) LES ASCENDANTES - Elisabeth, la Préhistorienne - Héloïse, la courtoise - Jacqueline de Rohan, la dame de Blandy... LES TETES COURONNEES - Blanche de Castille, la fervente - Isabeau de Bavière, l'ambiguë - Anne de Pisseleu, la calculatrice... LES BIEN PENSANTES - Madeleine de Scudéry, l'admiratrice de Vaux-le-Vicomte - Marie-Madeleine de La Fayette, la femme de l'être - Emilie du Châtelet, la scientifique... LES FLAMBOYANTES - La Comtesse de Greffuhle, la Reine de coeur - Misia Sert, l'extravagante - Musidora, l'héroïne des premières séries... LES AUDACIEUSES - Nadia Boulanger, l'aérienne - Claude Lalanne, la magicienne du quotidien - Viviane de Witt, la pionnière du marteau... LES DEESSES - Barbara, la femme qui chante - Françoise Dorléac, l'incandescente - Mireille Darc, la sauterelle... LES ECLAIREUSES - Marie-Line Grima, la caméléonne - Judith Raynaud, la cinéphile - Daphné Beauvais, la Chlorofilmeuse... LES CHAMPIONNES - Pauline Ranvier, la fine lame - Margot Boulet, l'endurante - Aurore Gauthier comme sur des roulettes... LES SUCCULENTES - Léa Pature, l'ambassadrice de Seine-et-Marne - Nabila Sellika, une cheffe hardie - La Folie Barbizon, une source de surprises... LES SOLIDAIRES - Les Colibris Solidaires - La Colombe des Aidants... LES FEES DU SPECTACLE VIVANT - Caroline Casadesus, l'irradiante - Bénédicte Rostaing, la harpiste aux doigts d'or - Sélène Saint-Aimé, la pépite du Jazz... LES DAMES DE PLUME - Bettina Schoppoff, en aparté - Anne Lardy Crapet et le Club des Dames de Plume... LES ENCHANTERESSES - Lembe Lokk, la voix du destin - Barbara Popoff, la sculpteuse d'émotions - Sasha Bogdanoff, la fille du ciel...

10/2022

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Rois de France

Histoire des rois et reines de France

De la naissance du royaume franc à la fin de la monarchie absolue, l'histoire des rois et reines de France témoigne de l'évolution de notre société. Ce livre dresse une cinquantaine de portraits qui éclairent la façon dont notre pays s'est construit. Les grandes dynasties Durant quatorze siècles, rois et reines se sont succédé à la tête du royaume de France. Des Mérovingiens aux Carolingiens, des Capétiens aux Valois, puis aux Bourbons, des hommes et des femmes ont été propulsés au premier plan, juste par leur naissance ou par des jeux d'alliances. Mais, si leurs destins sont exceptionnels, leurs vies ne sont pas toujours enviables... Ainsi découvrira-t-on au fil des pages que les complots à la cour sont légion, les mariages souvent ratés, les relations très conflictuelles et que la pratique du pouvoir est parfois très compliquée. De l'unité avant tout voulue par les Mérovingiens à la construction d'un empire par les Carolingiens, de l'affirmation de la monarchie due aux Capétiens à la centralisation des pouvoirs par les Valois, tous ont tendu vers l'Etat moderne mis en place par les Bourbons jusqu'à leur chute, inscrite dans cette ascension sans limite. Portraits croisés Dès sa construction, le royaume de France a été dirigé par un roi. Selon les époques, celui-ci était extrêmement puissant ou peu influent, mais toujours dirigeant en chef. Qu'il s'agisse de Clovis, Chilpéric, Dagobert, Pépin le Bref, Charlemagne, Hugues Capet, Philippe Auguste, Louis IX, Philippe le Bel, Charles V, Louis XI, François Ier, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI et de tous les autres, ils ont régné sans partage. Les reines, elles, sont les épouses. La succession au trône leur est interdite. Elles n'assurent le pouvoir que pour leurs enfants mineurs ou lors de l'empêchement de leur mari. Certaines ont pourtant su s'imposer. Clothilde, Frénégonde, Brunehaut, Berthe au Grand Pied, Gerberge de Saxe, Aliénor d'Aquitaine, Blanche de Castille, Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, Marguerite de France, Anne d'Autriche, Marie Leszczynska ou Marie-Antoinette, toutes ont essayé de faire front et de trouver leur place face à un pouvoir kidnappé. La combinaison de toutes ces personnalités est explosive ! Un héritage français Entre victoires ou défaites militaires, réformes justes ou injustes, conseillers compétents ou incompétents, la façon qu'ont eue ces monarques de gouverner a déterminé le futur de notre pays. Et, d'une dynastie à l'autre, leur goût pour les arts et la culture a marqué notre paysage. Ils ont contribué à faire le peuple français, avec ou contre eux. Leur gouvernance absolue a conduit à la Révolution, puis à l'exercice démocratique du pouvoir. Certains de leurs choix sont encore inscrits dans notre Histoire, la Grande. Et il est toujours intéressant d'en prendre conscience.

09/2023

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Romans de terroir

Passions sur les terres rouges

Emile Bringuier tombe amoureux de la belle Julie. Malheureusement, c'est la fille de celui qui est responsable de la mort de son père au fond de la mine... Quelle fierté pour le jeune Émile Bringuier d'être le premier à conduire le locotracteur, ce nouvel engin qui remplace le mulet pour tirer les bennes chargées de bauxite, de la sortie du puits jusqu'à l'aire de tri ! C'est d'ailleurs là qu'il a rencontré la belle Julie, employée à la sélection du minerai. Mais quand il a appris qu'elle était la fille de Silvio Longo, ses espoirs se sont effondrés. Longo., celui que l'on tient pour responsable de la mort de son père au fond de la mine. Plus de vingt ans se sont écoulés depuis l'accident, et pourtant les Longo sont toujours des assassins et les Bringuier des salopards. C'est devenu l'ordre des choses, un principe tellement logique qu'une bonne partie de la population l'a même adopté. De là est née une animosité féroce que les deux familles sont tenues d'exercer l'une contre l'autre. Une émouvante et héroïque histoire d'amour sur fond d'aventures sociales et humaines. Charles Bottarelli nous entraîne au cour des puits de bauxite, là où les maîtres de l'or rouge atteignaient la légende des mineurs. EXTRAIT1936, le 28 juillet. Après la journée de travail, quand il passe sa main sur son visage, il est toujours surpris. Il ne sent plus sa peau. Il a l'impression qu'elle s'est couverte d'une pommade sur laquelle glissent ses doigts. Il ne s'habituera jamais. Il regarde le gras de son index, et s'étonne encore de le trouver si rouge. Ce n'est pas une pommade. C'est cette saloperie de poussière écarlate qui l'habille chaque soir de la tête aux souliers. Cette saloperie qui fait vivre les hommes d'ici, et qui peut-être, un jour, les fera mourir. Il sait bien que, lorsqu'il est au fond de la galerie, la damnation ne se contente pas de le recouvrir. Il l'avale en respirant, elle descend dans la trachée, elle atteint les poumons. Et elle les tapisse peut-être aussi bien qu'elle tapisse sa figure. Elle vit avec lui, elle vit en lui, elle ne le quittera plus. Chez les mineurs de charbon, il sait que le danger s'appelle silicose. Certains n'y résistent pas. Le médecin les arrête avant l'âge, ils en meurent, c'est la fatalité. Ici, on lui dit que la silicose n'existe pas dans les mines de bauxite. Pourtant, toute cette poussière qui pénètre en lui ne peut pas disparaître comme par magie. Et lui en a vu deux ou trois qui devaient s'arrêter avant l'âge. On parlait de tuberculose. Peut-être était-ce cela, peut-être était-ce autre chose. Les médecins employés par les compagnies n'avaient sans doute pas intérêt à chercher trop loin. À PROPOS DE L'AUTEUROriginaire de Toulon, où il réside encore aujourd'hui, Charles Bottarelli est passionné d'histoire. Il aime éplucher les fonds d'archives régionales, où il puise son inspiration romanesque. Il s'attache à situer précisément ses personnages dans les lieux et dans le temps, appuyant ainsi la fiction sur des événements réels. En 2014, il a obtenu le prix de l'Académie de Provence pour Les Moutons de Jean-Baptiste.

04/2019

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Sciences politiques

Processus de légitimation entre politique et religion. Approches historico-culturelles et analyses de cas dans le monde européen et extra-européen

L'actualité oblige à prendre acte d'un lien constitutif entre politique et religion, souvent sous-estimé par la recherche, à l'encontre d'une tendance moderne dissociant a priori le politique et le religieux, et loin de l'idée que le religieux participerait d'une temporalité différente de celle des autres institutions culturelles : technologie, science, organisation sociale, politique, rapport de production, droit. Nous proposons ici de revenir sur l'articulation du politique et du religieux en interrogeant les pratiques, les codes symboliques, les rhétoriques, les dispositifs liturgiques, les topoï argumentatifs, les cadres socioculturels de l'imaginaire qui informent les prises de pouvoir et son maintien. Pour chaque dossier, le religieux sera envisagé en termes de fonctions : mythico-fondatrice ou légitimante, rituelle, sacralisante ou de consécration. L'ouvrage s'ouvre sur une mise au point concernant les "religions du politique" (Emilio Gentile), avant d'examiner les cas du national-socialisme, de la Cuba contemporaine et de l'Inde coloniale. Un deuxième groupe de contributions explore les logiques discursives du monothéisme biblique et ses persistances, puis des innovations religieuses en Afrique (mourridisme au Séné- gal, kimbanguisme au Congo) et en Chine (mettant en perspective la thèse de Gentile au sujet de Mao). Les perspectives utopiques ou cosmopolitiques constituent un dernier ensemble : messianismes latino-américains, dis- cours politico-utopiques renvoyant à la Terre-mère, parallèles entre discours écologistes et religieux, emprunts de l'OMS aux cosmovisions indigènes, questionnements conjoints de la théologie de la libération, du symbolisme catholique et des cultes d'origine africaine au Brésil, l'identité nationale israélienne dans son lien au judaïsme, la complexe différenciation de sphères politique et religieuse au Tibet.

12/2016

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Littérature comparée

Mythopoétiques dantesques. Une étude intermédiale sur la France, l'Espagne et l'Italie (1766-1897)

Dès 1854, le poète et historien Jean-Dominique Fuss s'indigne de la "dantomanie" de ses contemporains et reproche aux "dantomanes" un manque de goût et de génie issu d'un excès d'admiration pour le Moyen-Age. L'idée que les appropriations dantesques dans la littérature et les beaux-arts des XVIIIe et XIXe siècles soient inférieures à celles de la (post)modernité a persisté jusqu'à nos jours. Le but de la présente étude est de réajuster l'opinion dominante de la critique en montrant la complexité, l'originalité et la valeur artistique des oeuvres canonisées et non-canonisées qui composent le corpus. Parmi les 'dantomanes' dévalorisés des XVIIIe et XIXe siècles se trouvent des personnalités aussi éminentes que Giacomo Leopardi, Victor Hugo, Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Gustavo Adolfo Bécquer et Emilia Pardo Bazán, mais aussi des artistes, des écrivains et des écrivaines qu'il est temps de sortir de l'oubli, notamment Caterina Franceschi Ferrucci, Sofia Giacomelli, Julio Monreal, Vicente Colorado ou Henri Cantel. Leurs oeuvres sont souvent en avance sur leur temps, faisant ressortir des aspects de la Divine Comédie que la critique n'abordera qu'au XXIe siècle. L'analyse comparatiste et intermédiale permet non seulement de redécouvrir les mythopoétiques dantesques des XVIIIe et XIXe siècles, mais aussi de mieux comprendre les tensions et les apories de la Divine Comédie elle-même, montrant ainsi qu'il faut cesser de considérer les productions dantesques des XVIIIe et XIXe siècles comme de "mauvaises copies" de "l'original", et que la Divine Comédie et ses réappropriations s'éclairent de manière réciproque.

07/2021

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Littérature française

La vie est à nous

Après Paresse pour tous (20 000 lecteurs), la nouvelle utopie d'Hadrien Klent ! Paresse pour tous avait fait rêver avec un candidat à la présidentielle qui proposait qu'on ne travaille plus que 3 heures par jour. Avec La Vie est à nous, le rêve est devenu réalité, et c'est notre rapport au politique, toute notre vie, qui s'en trouvent changés. Qui aurait pu croire qu'on ne travaillerait plus que 3 heures par jour ? C'est pourtant bien ce qui arrive aux Franc ? ais depuis la victoire à l'élection présidentielle de l'économiste Emilien Long, qui a osé légaliser le droit à la paresse. Mais dans une société libérée du joug du travail contraint, plus solidaire et horizontale, il reste bien des obstacles : lobbys agressifs, nantis révoltés, nostalgiques du monde ancien et opposants politiques démagogiques font feu de tout bois pour mettre à bas ce nouveau système. Ce nouveau président de la République peut-il vraiment inverser les priorités de notre société ? Y compris en remettant en cause sa propre place ? Partisan d'une utopie réaliste, Hadrien Klent nous avait proposé dans Paresse pour tous (Le Tripode, 2021) la vision réjouissante d'une société s'émancipant des mythologies du monde capitaliste. Avec La Vie est à nous, il convoque le souvenir du Front populaire pour rappeler qu'il est possible de faire de la politique d'une fac ? on radicalement différente. Jusqu'à nous interroger sur notre rapport infantile au pouvoir : et s'il était temps de s'attaquer au fantasme, répandu en dictature comme en démocratie, de l'homme providentiel ?

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Histoire de la photographie

Antonin Personnaz - Autochromes 1907-1914. La vallée de l'Oise en couleurs

Antonin Personnaz (1854-1936) est surtout connu pour avoir légué à la France son importante collection de peintures impressionnistes aujourd'hui au musée d'Orsay (et qui comprenait no-tamment 25 oeuvres de son ami Camille Pissarro), il fut aussi un pionnier de la photographie en couleurs. Alors qu'il résidait souvent à Auvers-sur-Oise entre la fin des années 1890 et 1914, il réalisa de très nombreuses photographies en noir et blanc puis à partir de 1907 des auto-chromes illustrant la vie rurale dans la vallée de l'Oise entre Auvers et Pontoise. Ce sont ces auto-chromes pour l'essentiel demeurés inédits et conservés par la Société française de photographie que l'exposition du musée Pissarro se propose de faire découvrir cet été. Ami et collectionneur de Camille Pissarro, c'est à lui que nous devons la majorité des photogra-phies montrant le maître dans son atelier d'Eragny-sur-Epte mais aussi des portraits d'Emilio Boggio et d'Armand Guillaumin au travail. Personnaz a conçu la photographie comme un art sensible influencé par les oeuvres des impres-sionnistes. Il a souvent choisi pour sujets, le monde paysan, les moissons, les labours et les meules et plus souvent encore les bords de l'Oise, s'inspirant des gelées blanches ou encore des effets de soleil perçant les frondaisons des arbres en hiver. L'exposition du musée Pissarro qui présentera des perspectives de Pontoise, Auvers-sur-Oise et Nesles-la-Vallée, sera une belle découverte tant pour les amateurs de photographies que pour les amoureux de la peinture impressionniste. Du 26 juin au 3 octobre 2021 - Musée Camille-Pissarro

08/2021

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Poésie

Ombre de la mémoire. Anthologie de la poésie hispano-américaine

Prise entre un sentiment d'infériorité coloniale et la lutte contre la mélancolie que l'éloignement alimente, la poésie hispano-américaine aspire à l'élaboration d'une voix propre. A la fin du XIXe siècle, le souffle politique et humaniste venu d'Europe porte ses fruits dans un monde déjà en rupture. Du plus profond de ces territoires, le poète nicaraguayen Rubén Dario bouleversera le genre poétique : par l'ampleur de sa vision, il transforme le langage du poète et la portée de son rôle. Cette anthologie réunit les œuvres les plus remarquables de la poésie hispano-américaine. Elle retrace le déploiement de cette parole dans l'Amérique latine depuis Dario. Les soixante-dix poètes qui y figurent, de sensibilités et d'esthétiques distinctes, viennent de pays de langue espagnole, ce qui exclut l'immense Brésil, dont l'histoire littéraire est coupée de ses voisins proches. Malgré les singularités se révèle une avancée commune de la parole poétique. Contre la diversité que promet la géographie, il existe une cohérence que propose l'histoire. Certes, on reconnaît le souffle de la poésie chilienne, la fureur péruvienne et l'étonnant calme mexicain. Et, pourtant, il existe des correspondances, des similitudes, des chemins communs. La poésie hispano-américaine a voulu laisser une trace, interroger et affirmer une forme particulière d'être au monde. Elle se dresse affirmative contre l'inexorable avancée du temps qui lui refuse l'éternité que son esprit réclame. L'écrivain mexicain José Emilio Pacheco écrivait : "La poésie est l'ombre de la mémoire Mais elle sera matière de l'oubli." Puisse cette anthologie contribuer à faire reculer les frontières de l'oubli. Philippe Ollé-Laprune

03/2009

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Littérature française

La vie est à nous

Après Paresse pour tous (20 000 lecteurs), la nouvelle utopie d'Hadrien Klent ! Paresse pour tous avait fait rêver avec un candidat à la présidentielle qui proposait qu'on ne travaille plus que 3 heures par jour. Avec La Vie est à nous, le rêve est devenu réalité, et c'est notre rapport au politique, toute notre vie, qui s'en trouvent changés. Qui aurait pu croire qu'on ne travaillerait plus que 3 heures par jour ? C'est pourtant bien ce qui arrive aux Franc ? ais depuis la victoire à l'élection présidentielle de l'économiste Emilien Long, qui a osé légaliser le droit à la paresse. Mais dans une société libérée du joug du travail contraint, plus solidaire et horizontale, il reste bien des obstacles : lobbys agressifs, nantis révoltés, nostalgiques du monde ancien et opposants politiques démagogiques font feu de tout bois pour mettre à bas ce nouveau système. Ce nouveau président de la République peut-il vraiment inverser les priorités de notre société ? Y compris en remettant en cause sa propre place ? Partisan d'une utopie réaliste, Hadrien Klent nous avait proposé dans Paresse pour tous (Le Tripode, 2021) la vision réjouissante d'une société s'émancipant des mythologies du monde capitaliste. Avec La Vie est à nous, il convoque le souvenir du Front populaire pour rappeler qu'il est possible de faire de la politique d'une fac ? on radicalement différente. Jusqu'à nous interroger sur notre rapport infantile au pouvoir : et s'il était temps de s'attaquer au fantasme, répandu en dictature comme en démocratie, de l'homme providentiel ?

04/2024

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Critique

Ecriture, différence et recalibrage. Pour une nouvelle pathologie du discours postcolonial

Parcourir le vaste panorama hétéroclite d'ouvrages consacrés à la littérature postcoloniale, c'est faire face aux invocations d'un projet largement amorphe, indéfinissable, chargé d'équivoque, résistant à la consonance, au calibrage, à la résolution et, en tant que tel, sous-tendu par d'irrévocables entraves. Le discours narratif qui en provient labyrinthique, instable ne peut qu'engendrer maintes variantes d'une insidieuse défaite. Or "l'expérience postcoloniale" , tellement envisagée, s'engouffre inextricablement dans un état de constante mutation, toujours embryonnaire, toujours à la dérive, privée de repères identitaires, et donc péniblement assujettie aux contorsions de l'indicible. Quelles qu'en soient les justifications herméneutiques, elles ne tracent ni ne représentent qu'une seule dimension d'une entreprise profondément complexe et plurivalente. En effet, le texte postcolonial enraciné dans l'errance, dans la précarité, dans l'informe, et assurément moins complaisant que subversif refuse a priori toutes les tentatives de décodage univoque, minimaliste, si nombreuses soient-elles. Afin de porter remède à ces actes de dégradation, il faudrait ouvrir une voie jusque-là obstruée. Ce qui fut indicible doit être interrogé et transgressé en vue d'ouvrir un nouvel espace où le long silence du passé est supplanté par les voix exhumées, précédemment absentes et inconnues, trop longtemps ancrées dans la soumission . Que cette parole retrouvée, énoncée librement remporte la victoire, véritable conquête rédemptrice. Pour Joseph Zobel, Ferdinand Oyono et Sembène Ousmane, la lutte pour la libération métaphysique et linguistique est éloquemment métaphorisée et emplie de signifiants régénérateurs, bien qu'entachée par le passé. Des vestiges de l'immobilité d'antan émerge un contre-discours : une poétique nouvelle et irrévocable du triomphe postcolonial.

06/2023

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Histoire internationale

Renverser ciel et terre. La tragédie de la Révolution culturelle, Chine (1966-1976)

Politiquement affaibli après l'échec du Grand bond en avant et la grande famine qui l'a suivi (1958-1962), Mao Zedong lance en 1966 la " Grande Révolution culturelle prolétarienne ". Pendant qu'il élimine un à un tous ses compagnons d'armes et successeurs potentiels, il pousse la jeunesse à l'assaut de la bureaucratie civile et militaire : les " gardes rouges ", appelés à " renverser ciel et terre ", sèment le chaos dans le pays de 1966 à 1968. Mais les choses échappent à son contrôle et, pour garder l'Armée de son côté, il doit bientôt lâcher les jeunes rebelles. Du sommet de l'Etat aux couches populaires, le pays est alors au bord de la guerre civile. La Révolution culturelle ne prendra fin qu'avec le décès de Mao Zedong, en 1976, après avoir fait des millions de victimes. Nombre de dirigeants actuels ont été marqués, souvent durement, par cette tragédie. C'est aussi le cas de Yang Jisheng, étudiant à Pékin de 1966 jusqu'à la fin 1967, qui a participé aux débuts de cette période sanglante. Son livre est à la fois une narration inédite, minutieuse et précise des événements - y compris ceux que le récit officiel occulte - et une analyse menée avec une perception intime, une connaissance historique et une distance assez exceptionnelles. Il resitue ces événements dans leur contexte jusqu'à la victoire finale des réalistes sur les idéologues, sans laquelle ni l'ouverture de la Chine à partir de 1978, ni son décollage économique spectaculaire, n'auraient pu avoir lieu. Ce livre, publié à Hong Kong en 2016, reste interdit en Chine. Yang Jisheng, né en 1940, diplômé de l'université de Qinghua en 1966, a fait toute sa carrière de journaliste à l'agence Chine Nouvelle avant de devenir rédacteur en chef adjoint du mensuel Annales chinoises, consacré à l'histoire récente. Cette publication a été suspendue mais existe toujours en ligne. Il est l'auteur de nombreux livres sur l'histoire chinoise contemporaine dont l'impressionnant Stèles, La Grande Famine en Chine, 1958-1961 publié au Seuil en 2012. Traduit du chinois par Louis Vincenolles

10/2020

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Histoire du cinéma

Ca s'est tourné près de chez vous !

"Dès l'instant que des choses ont été écrites dans les journaux, qu'elles ont été dévoilées, il n'y a pas de raison que le cinéma n'amène pas sa part là-dedans". C'est ce que disait Jean Gabin au moment du film L'Affaire Dominici, en 1973. Il n'avait pas tort, le "Vieux" , il n'y a pas de raison de ne pas s'intéresser au "réel" , tant la vie est parfois plus fournie que la fiction. Plus cruelle aussi. De Landru à Mesrine, du Docteur Petiot aux soeurs Papin, de Omar Raddad à l'assassinat du juge Renaud, en passant par l'affaire du "Pull-over rouge" et celle de la parricide Violette Nozière, les faits divers rapportés par les grands quotidiens et les journaux télévisés ont passionné le cinéma français qui en a fait des films de toutes sortes. Rarement des comédies (mais c'est arrivé), souvent des oeuvres engagées qui poussent le public à se questionner, éventuellement des divertissements ne reprenant que le point de départ du drame. André Cayatte, Jean-Pierre Mocky et Yves Boisset ont dénoncé les violences policières ou les magouilles politiques, François Truffaut s'est nourri des faits divers pour ses scénarios car il avait toujours besoin d'une "vérification par le réel" , José Giovanni s'est inspiré d'authentiques truands qu'il a pu connaître pour ses polars mythologiques, Bertrand Tavernier aimait remettre ces histoires vraies dans le contexte de leur époque. Bref, l'imaginaire des cinéastes a toujours eu besoin d'une "base" . Les films font régulièrement polémique à leur sortie et certains protagonistes dépeints à l'écran saisissent la justice pour interdire la projection ou retirer des scènes, qu'il s'agisse de la dernière maîtresse de Landru, de Jean-Marie Le Pen ou du père Preynat. Car oui, la vérité, ça fait mal ! Aïe ! Philippe Lombard approche du demi-siècle et de la quarantaine d'ouvrages, tous consacrés à sa passion : le cinéma. Collaborateur régulier de la revue Schnock, il est l'auteur chezPhilippe Lombard de Ca tourne mal ! et Ca tourne mal... à Hollywood ! qui relatent les coulisses (agitées) du septième art.

11/2021

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Littérature étrangère

La rivière des femmes. Nouvelles hui

Les six nouvelles de ce recueil, trois écrites par Li Jinxiang, les trois autres par Shi Shuqing, racontent les vies des Hui, le vécu sans gloire des gens de peu, paysans fidèles à leur terre ou migrants égarés à la ville ; le " guerre et paix " du quotidien : gagner son riz, vivre l'amour, vivre la mort. Ce sont autant d'histoires de gens modestes, des histoires simples, douloureuses ou amères, parfois douces, que la trépidation de la grande Chine du capital et des progrès économiques du XXIe siècle ne viennent pas bousculer. Ici l'on vit simplement dans de petits villages le long de la grande rivière Qingshui. Ici l'on vit des jours difficiles, des drames, on rêve de vivre mieux en allant s'embaucher à la grande ville. Ces nouvelles évitent de prendre en compte les événements politiques nationaux, se gardent d'aborder les problèmes sociaux et se caractérisent par l'évocation de la vie quotidienne, portant un regard plein de tendresse fraternelle sur ces gens de loin, loin de nous mais aussi des succès tapageurs de Pékin ou Shanghai. Li Jinxiang, dans une postface d'août 2009 à un recueil de ses nouvelles, résume parfaitement : " Les deux rives de la Qingshui sont majoritairement habitées par les Hui, une nationalité aussi isolée qu'est la rivière. Leur vie est âpre, bien plus âpre que l'eau de la rivière. De la terre jaune, sèche et maussade, ne sortent que peu de récoltes, et l'air aussi est sec, si bien que même en creusant un grand trou profond, on ne puise pas beaucoup d'eau. Les hommes comptent sur la rivière, mais elle est âpre, on ne peut pas la boire, on ne peut pas non plus en arroser les terres. Et pourtant, dans cette région reconnue comme inhospitalière, ces gens, les Hui, ont continué de vivre, se sont multipliés et, dans les plus extrêmes difficultés sachant retenir ce qu'il y avait de mieux, ils ont laissé s'épanouir les éclats les plus resplendissants de la vie. Tout cela, mélancolique, tendre ou lucide est devenu matériaux pour ma création. "

03/2012

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Histoire internationale

L'énigme chinoise. Stratégie, puissance et influence de la Chine depuis la Guerre froide

Au rythme actuel, la Chine est susceptible de devenir, dans moins d'une génération, la première puissance économique mondiale. Pas un continent n'échappe désormais à sa présence, à son influence. La modernisation rapide de son outil militaire, le développement de son industrie de défense et de son programme spatial, de ses capacités financières et intellectuelles, mais aussi la croissance spectaculaire de ses investissements dans le secteur R&D, font d'ores et déjà de la Chine une puissance globale, c'est-à-dire capable de se mouvoir dans les trois dimensions, terrestre, maritime et spatiale. Comment interpréter, cependant, l'écart entre les proclamations rassurantes sur le caractère pacifique et responsable de sa puissance, et la poursuite d'un réarmement massif, servi par le deuxième budget militaire du monde, qui pousse Pékin à bousculer un statu quo régional qui ne la satisfait plus et à se déclarer prête à recourir à la force armée dans les disputes territoriales si on l'y obligeait ? Comment décrypter la stratégie — ou l'absence de stratégie — de ses dirigeants ? Le champ des études sur la Chine est vaste, et la littérature déjà considérable, mais les interrogations et les angles morts demeurent nombreux. Compte tenu de la diversité et de l'importance des enjeux politico-stratégiques de la montée en puissance de la Chine, en Asie comme dans le reste du monde, il paraît indispensable de multiplier les approches et les regards, de croiser les compétences et les sources. Nourri par des échanges organisés sous l'égide de l'IRSEM, ce livre collectif rassemble les contributions de plus d'une vingtaine d'auteurs venus de divers horizons. Il offre une analyse de la stratégie et de l'influence de la Chine dans les espaces qu'elle a investis de manière privilégiée, de la fin de la Guerre froide au tournant des années 2015-2016, et des tensions que l'accroissement de son rôle et de ses activités peut susciter. Il éclaire les différentes étapes de la modernisation militaire chinoise, de ses champs d'application, de ses sources d'inspiration et de transferts technologiques, mais aussi de ses limites. Il invite à la modestie des conclusions, au développement et à l'approfondissement continu des études stratégiques sur la Chine.

03/2017

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Criminalité

La passion du mal

Souvent, les journées de Jean-Luc Ployé commencent dans une petite salle sombre d'une prison de haute sécurité. Par réflexe, il passe la main sous la table pour vérifier la présence d'une alarme, et s'assure qu'un gardien armé reste à proximité. Face à lui viennent s'asseoir Alain Penin, violeur multirécidiviste massacrant celle qui lui résiste à coups de tournevis, ou encore Jacques Rançon, criminel sexuel qui découpe les parties génitales de ses victimes. Des heures durant, parfois toute la journée, il les questionne sur leurs crimes, leur vie personnelle et familiale, leurs fantasmes, et leur fait passer des tests de personnalité. Il y a aussi, chaque jour, des victimes, jeune fille agressée par son père, femme violée, enfant perdu. Dans la vie solitaire de l'expert se succèdent les trajets en voiture entre les commissariats et tribunaux de France ; les repas seul au restaurant, l'estomac noué ; les combats pour trouver le sommeil. Qu'est-ce qui pousse un homme à se confronter chaque jour à la violence que produit notre société, en accueillant les récits de la plus implacable cruauté et ceux d'une souffrance absolue ? Comment rentre-t-on chez soi après avoir passé huit heures à échanger avec Michel Fourniret ou Francis Heaulme ? Peut-on être un père tranquille et un compagnon tendre quand on rencontre à la chaîne des victimes traumatisées ? Expert psychologue près la Cour de Cassation, Jean-Luc Ployé, du haut de ses 1 000 procès d'assises et 15 000 expertises, renverse l'analyse dans un document exceptionnel. Expert de sa propre histoire, enquêteur de toutes les psychés, l'auteur livre ainsi le récit de son enfance invisible dans une famille très nombreuse. Atteint de bégaiement, moqué par ses parents et voisins, il deviendra l'un des plus grands experts de France, dévoué à sa carrière au point de délaisser ses enfants et ses compagnes. Car La Passion du mal, entre regard, bienveillance, voyeurisme et réparation, le consume tout entier : il lui faut sonder les profondeurs de l'âme humaine, comprendre et dire pour que justice se fasse, dans une société dévorée par la violence et en quête de douceur.

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Géopolitique

Chine-USA : le grand écart. Crise dans la mondialisation

Depuis la fin de la Guerre froide, les relations internationales se sont articulées autour d'une unipolarité de transition, qui a ouvert la voie à une multitude d'interprétations quant au rééquilibrage géopolitique. En parallèle à ces réflexions, les certitudes de la fin de la bipolarité ont rapidement laissé place à un désenchantement dans le monde occidental, dont l'émergence de nouveaux conflits, le terrorisme transnational, la fracture Nord-Sud ou les mouvements contestataires furent les principaux symptômes. Le système-monde consacré après la disparition de l'Union soviétique devint ainsi la cible de toutes les critiques autant que de toutes les convoitises. Et loin d'apaiser les tensions et d'engendrer un progrès à échelle mondiale, il accentua les fractures. Dans le même temps, l'émergence de nouveaux pôles de puissance, le rééquilibrage de l'économie internationale, le retour des nationalismes et d'un réalisme très prononcé dans la gestion des affaires mondiales se sont peu à peu cristallisés, au point de provoquer de nouvelles instabilités et un grand écart. La relation Pékin-Washington, qui s'est affirmée comme une compétition de puissance, est au coeur de ce grand écart. Un écart stratégique qui pousse les plus nostalgiques à évoquer le retour de la Guerre froide, à tort ou à raison. Un écart idéologique qui questionne sur les compatibilités. Mais surtout un écart dans les trajectoires prises par ces deux pays depuis trois décennies. Si les Etats-Unis ont multiplié les revers et accumulé les paradoxes, la Chine a su peu à peu accaparer le système-monde et pourrait en redéfinir les règles. Derrière cette compétition à grande échelle et ses multiples avatars, c'est l'avenir des relations internationales qui se joue. Avec plusieurs options, du maintien de l'unipolarité au retour de la bipolarité, en passant par la multipolarité ou même l'apolarité - l'absence de puissance dominante et responsable - qui offrent des caractéristiques aussi différentes qu'irréconciliables. Paradoxalement, jamais le monde ne fut réuni sous un même toit, celui d'une mondialisation née des cendres de la Guerre froide, et rarement il fut aussi divisé.

01/2022

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Policiers

Monsieur Gallet, décédé

CommissaireMaigret –  La toute première prise de contact entre le commissaire Maigret et la mort, avec qui il allait vivre des semaines durant dans la plus déroutante des intimités, eut lieu le 27 juin 1930 en des circonstances à la fois banales, pénibles et inoubliables. Inoubliables surtout parce que, depuis une semaine, la Police Judiciaire recevait note sur note annonçant le passage à Paris du roi d’Espagne pour le 27 et rappelant les mesures à prendre en pareil cas. Or, le directeur de la P.J. était à Prague, où il assistait à un congrès de police scientifique. Le sous-directeur avait été appelé dans sa villa de la côte normande par la maladie d’un de ses gosses. Maigret était le plus ancien des commissaires et devait s’occuper de tout, par une chaleur suffocante, avec des effectifs que les vacances réduisaient au strict minimum. Ce fut encore le 27 juin au petit jour qu’on découvrit, rue Picpus, une mercière assassinée. Bref, à neuf heures du matin, tous les inspecteurs disponibles étaient partis pour la gare du Bois-de-Boulogne, où on attendait le souverain espagnol. Maigret avait fait ouvrir portes et fenêtres et, sous l’action des courants d’air, les portes claquaient, les papiers s’envolaient des tables. A neuf heures et quelques minutes arrivait un télégramme de Nevers : Emile Gallet, voyageur de commerce, domicilié à Saint-Fargeau, Seine-et-Marne, assassiné nuit du 25 au 26, Hôtel de la Loire à Sancerre. Nombreux détails étranges. Prière prévenir famille pour reconnaissance cadavre. Si possible envoyer inspecteur de Paris.

06/2004

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Religion

Comment les rabbins font les enfants. Sexe, transmission, identité dans le judaïsme

A l’heure des replis communautaires et des identités figées, que signifient appartenir et transmettre ? Contrairement à ce qu’affirment tous les fondamentalismes, la transmission d’un héritage ne doit pas être une réplication à l’identique. Elle dépend d’une infidélité partielle, garante de surgissements inattendus, aujourd’hui comme hier. Mariant filiation et rupture, la tradition juive ne se renouvelle qu’en étant bousculée et nourrie par sa rencontre avec d’autres ; cela implique l’ouverture à l’Etranger, ainsi que l’ouverture au Féminin. Cet ouvrage est donc d’abord un plaidoyer pour une «religion matricielle» qui, à la manière d’un utérus, est un lieu de fertilisation. Les textes sacrés eux-mêmes y sont fécondés par des lectures inédites. Illustrant brillamment cette vision ouverte de la religion, Delphine Horvilleur revisite, loin des interprétations convenues, quelques épisodes fameux de la Genèse, notamment Adam et Eve, Caïn et Abel, l’histoire biblique des premiers parents et des premiers enfants de l’humanité. Elle montre aussi sa capacité à repenser les grands problèmes contemporains à partir de la tradition rabbinique. Trois thèmes sont successivement abordés : comment, selon le judaïsme, se fabriquent un parent, une identité et un désir, c’est-à-dire la possibilité d’enfanter l’avenir. Procédant avec clarté et humour, citant aussi bien Emile Ajar et Amos Oz que la Genèse et le Talmud, elle conclut son livre par une analogie entre le Texte et le Féminin, dotés d’une même capacité de croître et de multiplier.

10/2015

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Musique, danse

Gallotta. Souvenirs obliques d'un chorégraphe

A la fin des années soixante-dix, à la tête d'une bande de jeunes gens déraisonnables, d'une horde d'interprètes chorégraphiquement incorrects, d'une famille artistique recomposée, d'une tribu de survivants, un jeune homme qui n'a pas encore trente ans fait irruption dans le champ chorégraphique français. Il s'exprime par images poétiques, invente à la fois sa vie et sa danse, sa vie avec Mathilde Altaraz, sa danse à partir d'un maître rêvé, Nijinski, et d'un autre bien réel, rencontré à New York, Cunningham. Vingt-cinq années plus tard, grâce à une trentaine de chorégraphies, Jean-Claude Gallotta et son Groupe Emile Dubois ont écrit quelques pages essentielles de l'histoire de la danse contemporaine (Ulysse, Daphnis é Chloé, Yves P., Mammame, Docteur Labus, Trois Générations...). Ce livre est fait de ces pages-là. Où l'on voit le chorégraphe, toujours attaché à "délivrer la danse de la chorégraphie", continuer à la débarrasser, au fil des années, de ses autres peaux inutiles, de ce qui l'habille, de ce qui la cache, de ce qui l'altère, de ce qui l'endommage, de ce qui la truque, mais aussi de ce qui l'embellit à trop peu de frais, de ce qui la décore, de tout ce qui pourrait la faire entrer dans l'esthétique trop benoîtement admise par l'époque. Où l'on voit Jean-Claude Gallotta tendre vers une danse à mains nues : nuls autres moyens que l'espace, nul autre décor que des corps, nul autre sujet que le vivant.

11/2005