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Fugitifs

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Histoire de France

L'Affaire Touvier. Quand les archives s'ouvrent...

Paul Touvier incarne toutes les vicissitudes de l'histoire de Vichy. Né pendant la Grande Guerre dans un milieu très catholique, affecté plus qu'il ne le dira jamais par la mort de sa mère, de nature instable, Paul Touvier se trouve une carrière dans la Milice dont il devient un serviteur zélé. Craignant pour lui-même toute violence, il est, selon le mot du grand reporter de l'Express Jacques Derogy qui le débusque en 1972, un "fasciste" moyen dénué de tout scrupule. Telle est l'impression qui peut s'en dégager de prime abord... Mais le crime de trop, la fuite, les condamnations à mort ont fait de ce délinquant presque ordinaire un fugitif plein de ressources : l'Eglise lui apporte son soutien durant sa vie clandestine et ses tentatives de réhabilitation... De rebondissements en scandales, Bénédicte Vergez-Chaignon raconte l'histoire de ce manipulateur hors pair, durant et après la guerre, si habile qu'il parvient à convaincre un président de la République, Georges Pompidou, de le gracier, malgré des faits accablants. L'affaire Touvier naît de la révélation des complaisances dont il a bénéficié pendant trente ans. Le parcours de l'ancien chef du service de renseignement de la Milice jusqu'à son procès où il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité de crime contre l'humanité, a donné lieu à des débats passionnés qui, souvent, dépassèrent la seule personne de Touvier. Les archives ouvertes – tout spécialement pour ce livre – éclairent ainsi l'affaire, dont le dénouement est dû pour l'essentiel à une poignée d'hommes et de femmes épris de justice et de vérité.

04/2016

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Fantasy

PÉTALE DE SOUFRE

Ranimée en plein chaos, Emnhet sort d'une transe millénaire. Sans le vouloir, la succube se retrouve au coeur d'une guerre fratricide qui la mènera des palais infernaux jusqu'aux plaines africaines. La capitale des enfers Pandémonium vient de tomber entre les griffes de l'ordre de la mouche et de son abominable commandeur Belzébuth. Evincé de son royaume Satan n'est plus qu'un fugitif à abattre. Ses derniers partisans pourchassés à travers les sept royaumes sont systématiquement éliminés s'ils ne jurent pas fidélité à la junte désormais en place. Mandée par sa souveraine, Emnhet assiste, impuissante, à la destruction systématique des règles délicates édictées par Satan. Dans les bras de sa reine, elle hérite d'une mission importante : donner un fils mortel au nouveau maitre des enfers. A travers cet enfant de chair et de sang, l'ordre de la mouche espère corrompre une bonne fois pour toutes le monde des hommes. Embrasant sa nouvelle destinée, Emnhet devra choisir entre obéissance servile et rébellion. "Pétale de soufre" entraine le lecteur dans les frasques obscènes d'une Pandémonium exsangue pour mieux dénoncer la violence humaine. Sublimée par la guerre et la misère, Emnhet se retrouve fer-de-lance d'une rébellion hors norme. Piégée sur terre sans espoir de retour, elle réalise pour la première fois que son monde ne diffère guère de celui où elle se trouve. Sa luxure pour arme de séduction massive, elle poursuit un chemin initiatique qui la mène au bout d'elle-même. Ses croyances mises à mal par une déception sans borne la poussent dans ses extrêmes retranchements. Comment celle qui symbolise l'antithèse de la fécondité peut-elle protéger un nouveau-né ?

11/2022

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Ouvrages généraux

Province of freedom. De l'abolitionnisme au colonialisme : Naissance de la Sierra Leone

Province of Freedom. C'est le nom de la colonie à vocation agricole et marchande fondée en Afrique de l'Ouest par une association d'abolitionnistes évangéliques anglais, en 1787. La colonie, visant à accueillir d'anciens esclaves très pauvres de Londres, les "black poors" devait être gérée par un Noir et accorderait une grande place à l'autogestion et à la démocratie directe. Quatre ans plus tard, la colonie devient la Sierra Leone Company, sous une direction blanche et autoritaire, visant à accueillir les esclaves d'Amérique à qui la liberté avait été promise à condition qu'ils se joignent aux troupes loyalistes pendant la guerre d'indépendance américaine. Harry Washington, esclave fugitif de George Washington, fut l'un de ses pionniers. L'ouvrage retrace cette aventure en deux actes : acte un, la Province Liberté ; acte deux, la Compagnie de la Sierra Leone. Il replace cette histoire dans le contexte des débats qui ont animé le XVIIIe siècle, entre les penseurs des Lumières et les auteurs chrétiens abolitionnistes d'une part, et les colonialistes d'autre part. Le livre relate la reprise de la colonie de la Sierra Leone par les Anglais, provoquant ainsi le mouvement général des hinterlands et la création de colonies. Il raconte comment les puissances européennes ont instrumentalisé l'abolitionnisme afin de légitimer leur conquêtes territoriales. Tout cela débouchera sur la partition de l'Afrique lors de la conférence de Berlin, en 1884. Thierry Paulais est essayiste et a travaillé particulièrement sur l'histoire du monde atlantique et de la colonisation. Il a déjà publié un livre sur le Liberia, pays dont le passé est étroitement lié à ces thématiques. Il a un doctorat en économie et a passé la majeure partie de sa vie professionnelle à l'Agence française de développement.

06/2021

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Critique littéraire

La Bibliothèque perdue. Autobiographie d'une culture

Né à Berlin à la fin du XIXe siècle, Walter Mehring a hérité de son père le respect de la littérature, ainsi que son immense bibliothèque de milliers de livres. Comme son père, il veut croire que le livre et la lecture sont essentiels au progrès, à la compréhension mutuelle et au contentement de l'esprit. Après la Première Guerre mondiale, Mehring devient un acteur de premier plan de l'avant-garde européenne. Poète et parolier de cabaret, il créé le mouvement Dada à Berlin. Avec la montée du fascisme, alors que l'Europe se transforme en une zone de danger pour les artistes et la libre-pensée, Mehring constate avec effarement que la culture des livres célébrée dans la bibliothèque de son père est rejetée par les nouveaux maîtres de l'Allemagne. Bientôt, ses propres livres sont brûlés par les chemises brunes et Mehring va devenir un "fugitif littéraire". En exil àVienne, Mehring tente de faire sortir clandestinement la bibliothèque de son père. Son sort va s'avérer pire que le sien : il parvient à s'enfuir, mais la bibliothèque est réduite en cendres par les nazis en 1938. Dans La Bibliothèque perdue. Autobiographie d'une culture, Mehring déballe en pensées ses caisses de livres, évoque ce que chacun signifiait pour lui et son père. Ecrit avec humour et lucidité, Mehring compare l'humanisme de l'époque de son père avec le chaos de l'Europe en guerre. La bibliothèque paternelle devient une métaphore pour enseigner comment l'optimisme et la foi dans le progrès du XIXe siècle ont cédé la place au chaos et aux autodafés du XXe siècle. Proche du Monde d'hier de Stefan Zweig, La Bibliothèque perdue est un hymne au livre et à la lecture.

09/2014

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Littérature étrangère

Où as-tu passé la nuit ? Une histoire personnelle

1968. Une jeune fille blanche, issue d'une dynastie bostonienne prestigieuse dont l'histoire remonte à la fondation des Etats-Unis d'Amérique, et un jeune étudiant noir, élevé dans la misère et qui ne peut, quant à lui, se targuer d'aucun arbre généalogique, font le choix de s'unir par les liens du mariage. De la couleur de leur peau à leurs origines sociales, tout oppose ces deux jeunes gens aussi brillants et charismatiques l'un que l'autre : prometteuse incarnation de l'espoir d'un changement pour toute une génération, le couple vole néanmoins en éclats quelques années après, laissant derrière lui trois enfants brisés. Longtemps plus tard, l'aînée, Danzy, devenue écrivain, et épouse et mère à son tour, s'assigne pour mission de décrypter les raisons du naufrage. Au prix d'une difficile enquête qui l'entraîne sur les routes de l'Amérique profonde. elle tente de reconstituer les chapitres manquants de l'histoire d'un père aux allures d'éternel fugitif, aussi insupportable que chéri. Confrontée à l'ignorance, à l'omission délibérée, aux stratégies du non-dit ou à la simple confusion du souvenir, elle n'a bientôt d'autre choix que de reparcourir, pour son propre compte, l'histoire raciale de l'Amérique telle qu'elle se révèle au fil de récits d'une déconcertante plasticité. Courageux et bouleversant voyage dans la mémoire collective comme individuelle, Où as-tu passé la nuit ? témoigne de ce qu'il en coûte de se mettre en quête d'une identité déchirée par l'Histoire, face à une société qui exige que chacun réponde de ses origines mais qui ignore de quelle inconsolable et étrange fierté se nourrit parfois un sentiment d'appartenance auquel on ne peut se soustraire.

01/2011

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Littérature française

OEUVRES COMPLETES. Tome 21

Avec ce tome XXI s'achève la publication des cahiers de Rodez, témoignage d'une traversée dont, de sitôt, les multiples frayages ne cesseront pas de nous questionner. Traversée de ce que l'on est convenu d'appeler l'aliénation, de ses zones sombres, épaisses, poisseuses. Traversée de la religion, conséquence et en même temps cause profonde de l'aliénation, traversée indispensable à sa curation. Traversée de la langue comme de la pensée, entreprise sans nul doute dès la Correspondance avec Jacques Rivière, mais reprise à Rodez dans un contexte extrême et conduisant Antonin Artaud à maîtriser l'une et l'autre. Il évoque à cette époque "la rapplication du langage" à lire aussi comme "la rapplication du français". Et "rapplication" peut s'entendre à la fois comme une nouvelle application du langage à son objet et, au sens argotique, comme la ruée du français revenant en force s'imposer. La maîtrise de la langue ne se situerait-elle pas dans ce fugitif instant où l'un et l'autre sens parviennent à coïncider ? Et l'une des premières fois où elle s'est jouée à Rodez n'a-t-elle pas été cette "tentative anti-grammaticale" contre le chapitre VI de la Traversée du miroir où il fallait appliquer les mots français à une langue adverse, la faire traverser par la langue mère ? Le 25 mai 1946, Antonin Artaud quitte Rodez, d'une certaine façon, en conquérant qui a su vaincre l'ennemi caché, l'ennemi intérieur qui jusqu'alors lui avait dérobé ses mots et sa pensée et l'avait empêché de réellement parler. "Parler c'est ruer des jambes et des bras jusqu'à ce que la terre en éclate". Et il n'en finira pas de ruer pendant le temps qu'il lui reste à vivre libre, à peine deux années.

11/1985

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Littérature française

En territoire Auriaba

"J'ai toujours pensé que ce monde-ci est trop petit, ou plutôt que ce que l'on nous donne pour réalité ne constitue qu'une infime partie de l'infinité du monde. Nos rêves, la force et l'inventivité de notre imaginaire le déploient déjà dans des directions inattendues, mais il y a davantage. Il m'arrive de prendre des décisions incongrues alors que je souhaitais faire le contraire. Au dernier moment, j'opère un revirement incompréhensible à mes yeux, j'accepte de vivre avec un choix dont je ne saisis pas la nécessité ou l'intérêt, mais je me dis que ce n'est pas grave, que ce qui me semble une impasse ou une imbécillité est bien à l'inverse le chemin qu'il fallait suivre. Je réitère des gestes, reviens dans des endroits, revois des personnes sans qu'aucune raison objective le justifie, seulement parce que je sais dans mon for intérieur que je le dois, pour faire mieux que je n'ai su jusqu'alors, non pas tant pour celui que je suis à ces moments précis, mais pour celui que je serai, ou ai été dans un autre monde, ou une autre vie. Ou pour quelqu'un qui a disparu, n'est pas encore né, quelqu'un que peut-être je ne rencontrerai jamais ou qui n'existe que dans mes rêves". Le comportement insolite d'un jeune garçon orphelin de père plonge dans l'inconnu deux vieux amis, Archibald et La Serpe. Ils se retrouvent sur la piste d'un fugitif qui tente de les perdre dans une forêt immense et flamboyante. Mais ils ne sont pas les seuls à mener la traque... Protéiforme et à l'imagination virtuose, En territoire Auriaba est le quatrième roman de Jérôme Lafargue, né en 1968 dans les Landes.

03/2015

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Théâtre - Pièces

L'effet de la lave

Après s'être engagé pendant six ans au sein d'une unité militaire dans le nord de l'Irak, Richard, accompagné de sa nouvelle petite amie, revient dans sa province natale. Quand il réapparait en pleine nuit dans la vie des siens, tous ont changé. Ses soeurs et ses parents aimeraient le reconnaître et l'accueillir comme il se doit. Mais les souvenirs même semblent les séparer. Chacun des membres de la famille voudrait lui pardonner d'avoir entraîné dans sa fuite Bastien, son jeune frère. Ils n'y parviennent pas. Richard va dorénavant s'obstiner à rester. Quelle volonté l'obsède à rassembler père et mère, frère et soeurs, alors que sa fuite de la ville en guerre peut les mettre tous en danger ? L'aînée, Mathilde, vient de rentrer, elle aussi, d'un long séjour aux USA où elle a eu un fils. Richard attend qu'on lui présente l'enfant. Il ne quittera pas la maison tant qu'il n'aura pas fait sa connaissance. C'est alors qu'elle lui confie que la grange où ils ont vécu l'intensité de leur adolescence a brûlé. Entre la peur de perdre l'amour de l'Autre et le désir d'échapper au monde familier, une nouvelle question ne cesse de jaillir dans la tête de Richard : que représente-t-il aujourd'hui à leurs yeux ? Un rescapé ? Un traître ? Un frère au charisme fou ? Ou bien l'éternel enfant qui fut adopté ? A mesure que la nuit avance, la place qu'ils imaginaient être la leur au coeur de la fratrie va être bousculée et les tensions vont croitre jusqu'à l'implacable sacrifice. Une nuit entière pour se défier, se rapprocher, se confondre. Une nuit pour que les destins des uns s'immiscent, s'infiltrent, s'insinuent en chacun et répondent à la demande pressante du fugitif.

12/2022

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Policiers historiques

Le duc d'Otrante et les compagnons du soleil

D'Aix-en-Provence à Londres, le combat de Gabriel de Montfort pour venger son ami trahi par les siens. Il croisera sur sa route le duc d'Otrante, Vidocq et des Compagnons du Soleil dont il devra déjouer les intrigues au cours d'une lutte à mort. 1795. Durant la Terreur Blanche, la jolie Fassy est massacrée avec son nouveau-né dans les prisons d'Aix lors d'une insurrection contre-révolutionnaire. Qui est l'assassin et pourquoi l'a-t-il tuée ? 1799. Dénoncé par un compagnon d'armes, Camille de Clapiers, le jeune général des Compagnies du Soleil qui se battent pour le retour de la monarchie, est arrêté. Il sera fusillé en dépit des efforts désespérés de son ami Gabriel de Montfort pour obtenir sa libération. Fugitif et poursuivi par la police impériale, Gabriel, émigré à Londres, se mettra au service des Premiers ministres anglais pour poursuivre la lutte contre le Consulat et l'Empire. Durant dix ans, il n'aura de cesse de chercher à revenir en France pour punir le félon qui a tué Fassy et trahi son ami Camille. A Londres, s'organise un complot pour renverser Bonaparte. L'argent nécessaire à la conspiration sera livré en Provence par la flotte anglaise, puis transporté par un agent secret. Gabriel sera volontaire pour cette mission quand il apprendra que l'homme à qui on doit remettre l'or anglais est le renégat dont il veut se venger. Dans les souterrains de la ville d'Aix et dans la campagne provençale se livrera une lutte à mort entre anciens Compagnons du Soleil. En exil à Aix, l'ancien ministre de la Police, Joseph Fouché, duc d'Otrante, même avec le renfort du forçat François Vidocq devenu policier, en distinguera-t-il les véritables enjeux ?

11/2023

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Traduction

Edgar Allan Poe traduit par Charles Baudelaire. Une fraternité littéraire

"(...) Aucun homme, je le répète, n'a raconté avec plus de magie les exceptions de la vie humaine et de la nature ; les ardeurs de curiosité de la convalescence ; les fins de saisons chargées de splendeurs énervantes, les temps chauds, humides et brumeux, où le vent du sud amollit et détend les nerfs comme les cordes d'un instrument, où les yeux se remplissent de larmes qui ne viennent pas du coeur ; l'hallucination laissant d'abord place au doute, bientôt convaincue et raisonneuse comme un livre ; l'absurde s'installant dans l'intelligence et la gouvernant avec une épouvantable logique ; l'hystérie usurpant la place de la volonté, la contradiction établie entre les nerfs et l'esprit, et l'homme désaccordé au point d'exprimer la douleur par le rire. Il analyse ce qu'il y a de plus fugitif, il soupèse l'impondérable et décrit, avec cette manière minutieuse et scientifique dont les effets sont terribles, tout cet imaginaire qui flotte autour de l'homme nerveux et le conduit à mal. (...)" Charles Baudelaire, Edgar Poe, sa vie et ses oeuvres (texte introductif du recueil Histoires extraordinaires) Charles Baudelaire est l'un des traducteurs d'Edgar Allan Poe. ? Sans doute celui qui en fut le plus proche par son univers au point que beaucoup de critiques de l'époque trouvèrent entre eux une véritable fraternité littéraire. Pour la première fois, nous réunissons dans un seul volume l'ensemble des oeuvres de Poe qui furent traduites par Baudelaire, soit : - trois recueils de contes (Histoires extraordinaires, Nouvelles histoires extraordinaires, Histoires grotesques et sérieuses) - un roman (Aventures d'Arthur Gordon Pym) - un essai (Eurêka) ... et une thèse introductive d'Arthur-S. ? Patterson en rapport direct avec le sujet : L'influence d'Edgar Poe sur Charles Baudelaire. L'ensemble étant préfacé par le texte d'Alice Seelow, spécialiste de cette symbiose entre les deux hommes.

02/2021

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Faits de société

L'éternité de Xavier Dupont de Ligonnès

" Un rythme haletant. Samuel Doux est possédé par son sujet. " L'Obs, Véronique Cassarin-Grand " Une somme d'informations proprement stupéfiante, histoire de se retrouver ni plus ni moins dans la tête de Ligonnès. " François Julien, VSD Avril 2011, à Nantes, une femme, quatre enfants et deux chiens sont retrouvés enterrés sous la terrasse de leur maison. Ne manque que le père de famille, Xavier Dupont de Ligonnès. Cette absence enflamme les médias et l'opinion publique. Les théories se multiplient, la police suit le parcours de Xavier, meurtrier présumé, jusque dans le sud de la France. Sur les réseaux sociaux, des anonymes s'improvisent enquêteurs et pénètrent via Internet dans l'intimité du fugitif. La vie entière de Xavier Dupont de Ligonnès est scrutée, analysée. Marquée au fer rouge par une mère qui reçoit des injonctions du Christ, l'enfance de Xavier est peuplée d'anges et de Résurrection. Supérieurement intelligent, séduisant et persuadé d'avoir un rôle majeur à jouer sur cette terre, il se marie et attend son heure. Trois enfants plus tard, il rompt violemment avec la religion. Il ne sera pas le nouveau messie, mais peut-être le nouveau Bill Gates. Là encore, année après année, il échoue et finit ruiné, mari bafoué par une femme en mal d'amour. Les huissiers à sa porte, il arnaque, espère encore, avant d'enterrer son père, qui lui lègue une carabine 22 long rifle. A-t-il été le bras armé de l'Apocalypse tant redoutée par sa mère ? Ou un simple escroc, entrepreneur acculé par les dettes et l'humiliation ? Fasciné par l'omniprésence numérique de Xavier Dupont de Ligonnès, Samuel Doux a retracé l'itinéraire, entre fiction et réalité, d'un monstre façonné par notre époque. Ce récit au suspense implacable dresse le portrait saisissant d'un fantôme qui n'a pas fini de hanter les mémoires.

11/2020

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Philosophie

Lumières pour enfants. Emission pour la jeunesse

Ce volume prend sa place naturelle après Trois pièces radiophoniques déjà parues dans la même collection. Il regroupe en effet les émissions destinées à la jeunesse réalisées par Benjamin avant la mainmise des nazis sur la radio. Ici, Benjamin cherche à renouveler le conte. « Comment ? Par des récits qui semblent inspirés de Baudelaire et de Kafka, des récits qui associent curieusement l’escroquerie et la catastrophe et qui, comme en passant, traduisent la vision benjaminienne de l’Histoire comme une catastrophe continue. De qui est-il question ? De brigands et de charlatans, de sorcières au bûcher, d’escrocs, d’imposteurs, de marginaux, de personnages suspects comme Cagliostro ou Faust, de bootleggers de la Prohibition, et même d’un faux messie blasphémateur, le fameux Sabbataï Zevi dont Benjamin a découvert l’existence grâce à son ami Gershom Scholem. Autant de personnages qui cherchent à survivre dans un contexte général de catastrophe : le tremblement de terre de Lisbonne, les inondations du Mississippi, la destruction de Pompéi, etc. Les contes pour enfants de Benjamin ne sont pas des contes de fée, ils adressent plutôt un avertissement aux jeunes gens, un avertissement prophétique […]. En cela, ces contes de la catastrophe imminente demeurent fidèles à la vocation des contes traditionnels qui, dans l’esprit de Benjamin et d’Ernst Bloch, doivent aussi être des récits d’émancipation, animés malgré tout par un principe d’espérance, ô combien fugitif, à l’opposé des mythes asservissants ». (Jean Lacoste, La Quinzaine littéraire) Que Benjamin ait été aussi un conteur, on le savait déjà. Mais ici, à travers les prismes de l'enfance et la profusion labyrinthique de récits hantés par le merveilleux, c'est le projet d'une pédagogie libre qui s'énonce familièrement, à la façon des devinettes. Tant dans le « je me souviens » berlinois qui ponctue le livre que dans l'évocation d'évènements lointains, ces « lumières » pour enfants clignotent pour tous comme le butin enjoué de ce collectionneur d'histoires qu'était Benjamin.

05/2011

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Actualité et médias

Le temps de la vérité

Le 30 décembre 2019, Carlos Ghosn est devenu le fugitif le plus célèbre de la planète, quand le monde entier a découvert, à la une des journaux, que l'ancien patron de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi avait réussi à s'échapper du Japon, où il était en résidence surveillée, après avoir été embastillé 130 jours au centre de détention de Kosuge, à l'issue d'une arrestation surprise le 19 novembre 2018. Avec ce livre-événement, l'opinion publique internationale va enfin pouvoir comprendre les tenants et aboutissants de ce drame. -Une tragédie personnelle et familiale : le grand patron révéré au Japon pour avoir sauvé Nissan de la faillite en 1999, celui qui a permis à Renault d'obtenir les meilleurs résultats de son histoire, est transformé du jour en lendemain en paria, arraché au monde et à sa famille. Et victime d'une violente campagne de diffamation orchestrée mondialement par le ''Vieux Nissan'' et le bureau du procureur de Tokyo. -Une tragédie industrielle : l'Alliance, premier constructeur automobile mondial en volume en 2017 et 2018, est décapitée, plongée dans une crise profonde, les actions des entreprises massacrées en bourse, au moment même où l'industrie automobile mondiale fait face à une révolution technologique sans précédent. -Un thriller politico-judiciaire : cette affaire implique au plus haut niveau le pouvoir politique au Japon et en France et décrit un système judiciaire nippon plus proche de celui d'un pays totalitaire que d'une démocratie avancée. L'enjeu est l'avenir d'un ensemble industriel employant plus de 450. 000 personnes dans le monde, dans 120 usines. Des motifs du coup d'Etat interne ayant conduit à la chute de Carlos Ghosn à la question de sa rémunération, de ses méthodes de management en passant par sa vision de l'avenir de cette industrie majeure, toutes les questions sont ici abordées. Pour comprendre ce qui s'est déjà passé et peut encore se passer. Le Japon officiel a ouvert la chasse à Carlos Ghosn. Il présente ici sa vérité.

11/2020

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Littérature française

Joyeux animaux de la misère Tome 1

"Une mégalopole intercontinentale et multiclimatique constituée de sept mégapoles dont l'une au moins est en guerre. Vaisseaux spatiaux, drones occupent l'espace céleste. En bas, animaux, monstres, fous de "dieu". En bordure d'un district "chaud" de l'une de ces sept mégapoles, de climat chaud, à proximité de grands ports et de grands chantiers, et dans un reste d'immeuble (rez-de-chaussée, escalier, deux étages), un bordel mené par un maître jeune qui l'a hérité de son père, et qui se pique. Trois putains y traitent un tout-venant de travailleurs - époux souvent trompés, pères prolifiques -, de fugitifs, d'échappés d'asiles, de meurtriers : deux mâles, un "père", son "fils", Rosario, une femelle en chambre à l'étage et qui ne sort jamais - un chien la garde. Les deux mâles sont renforcés, en cas d'affluence, d'un "appoint", époux abandonné avec enfants ; la femelle est le but sexuel mais il faut passer par l'un des mâles, le tarif comprend les deux prises. Vie domestique ordinaire dedans, et au dehors immédiat : toilette, à l'étage, des putains, leur exposition, en bas, à l'entrée contre le mur (la montre), prises disputées, conflit "père"/"fils", saillies de putains à putains d'autres bordels pour renouvellement des cheptels. Aventures extérieures, surtout pour Rosario dont la "mère" survit dans un abattage mi-urbain mi rustique, climat humide, très lointain dans la mégalopole. Il la visite à intervalles réguliers : le trajet d'aller, en camionnette ou fourgon locaux d'abord puis en bahut intercontinental, dure plus d'une journée, de nuit à nuit, la visite, quelques heures à l'aube, où, entre autres, la mère reprise le mowey, court vêtement, toujours redecousu, du "fils". La fiction avance sous forme de comédie, crue et enjouée, de dialogues, de jactances, de "direct" sur l'action en cours. J'ai écrit ce texte, de langue aisée, d'une seule traite et toutes affaires cessantes, comme exercice de détente dans le cours de la rédaction d'une ouvre plus longue, Géhenne, à paraître prochainement : son emportement, son allégresse se ressentent, je l'espère, de cette exclusive heureuse. Le monde qui s'y fait jour n'est ni à désirer ni à rejeter : il existe aussi, en morceaux séparés par la distance, dans l'humanité actuelle; et je ne suis ni le premier ni le dernier à vouloir et savoir tirer connaissance, beauté et bonté de ce qui peut nous paraître le plus sordide, voire le plus révoltant, à nous tels que nous sommes faits". Pierre Guyotat.

03/2014

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Lecture 6-9 ans

La scène aux ados. Tome 9

Les 11 volumes disponibles de La scène aux ados et de Tous en scène regroupent 64 pièces originales d'environ 30 minutes, jouables notamment par des groupes d'adolescents et de jeunes adultes. Ils favorisent aussi le plaisir de lire le théâtre à l'école. Le présent volume propose : Les mots sont manouches, Laetitia Ajanohun — Tous les enfants du monde ont en commun le jeu de la marelle. Qu'il porte des noms différents n'y change rien, il s'agit bel et bien du même jeu. Cela voudrait-il dire que, quelles que soient nos origines, nous ne sommes pas si différents ? C'est en tout cas ce que pense Romance, tombée sous le charme de Celui qui vient d'ailleurs... Suspect, Aude Biren - Un village est la scène d'étranges assassinats. Face à ce drame, les habitants se serrent les coudes et désignent un adolescent comme bouc-émissaire. Une journaliste est dépêchée sur les lieux. Les enquêteurs semblent dépassés. Sur fond d'humour noir et de situations grand guignolesques, Suspect pose la question des peurs, des conventions, des réactions incontrôlées. L'arbre de vie, Jean-Pierre Borlon - Une enfant de dix ans décrit avec ses mots les horreurs de la guerre qu'elle traverse aux côtés de sa mère et de son frère. Faim, désarroi, solitude, viol. Après un long voyage pour échapper à la violence et à la mort, elle trouvera enfin l'espoir d'une résilience annoncée. Richard, Sarah Carré — "Le cousin de Richard vient d'acheter une Verbeira, la dernière, avec des phares à diodes laser plus ! "Info ? Intox ? La rumeur est lancée et, au sein d'un groupe d'adolescents, agit comme un révélateur. Chacun, confronté à la réussite supposée de l'un des leurs, s'interroge sur sa propre existence, son avenir, ses valeurs, ses rêves... L'évasion, Isabelle Charaudeau - Un village tranquille, cloisonné, ordonné, limité par des règles strictes, découvre qu'une partie de ses habitants s'est enfuie. Afin de préserver l'intégrité du village, un groupe de chasseurs composé d'hommes et de femmes organisent une battue aux insoumis. De leur côté, les fugitifs pris en filature s'éloignent avec conviction et courage vers une nouvelle vie. Marinette, Gabriel Couble - L'enterrement de Marinette. Tous sont réunis autour du curé pour un dernier hommage. Il y a les bigotes, qui savent tout des histoires du village, des cousins éloignés ennemis héréditaires, et les neveux qui sont là en tant que plus proches parents. Chacun y va de son petit souvenir. Mais qui donc connaissait réellement Marinette ?

07/2013

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Droit

Joker des puissants. Le grand roman de la Cour pénale internationale

" Tu le prends, et tu t'en vas ! " lâche le diplomate américain. Ce 23 mars 2013, le patron des missions délicates de la Cour prend livraison du fugitif. Il n'a pas une seconde pour lui lire le mandat d'arrêt. Les Américains sont pressés. Surtout, ne pas montrer qu'ils coopèrent avec la Cour. Surtout, ne pas être là lorsque Bosco Ntaganda comprendra que le deal n'est pas à la hauteur de la promesse... Le magistrat belge a juste le temps de passer les menottes aux poignets de Terminator - charmant sobriquet du milicien - de s'engouffrer dans un véhicule blindé et de foncer vers l'aéroport de Kigali. Les Rwandais n'ont fourni ni escorte ni visa à l'envoyé de la Cour et rejettent officiellement tout lien avec l'affaire. Sur le tarmac, un jet privé les attend pour un aller simple vers La Haye à 113 000 euros. Une reddition à grands frais après sept années de cavale. A 8 000 kilomètres de la mine d'or de Kilo-Moto dans l'est congolais, Bosco Ntaganda partage désormais l'ordinaire d'une poignée de politiciens, d'un ex-enfant soldat, et du président déchu, Laurent Gbagbo. Comme lui, les chefs d'Etat kényans, libyens et soudanais ont été ciblés par la CPI, mais ont connu d'autres fortunes. Au terme d'une âpre bataille, Uhuru Kenyatta a été auréolé d'un non-lieu, Mouammar Kadhafi a choisi de mourir à Syrte plutôt que moisir à Scheveningen, et Omar el-Bachir continue de mener à la trique sa guerre au Darfour sous l'oeil des satellites-espions de la star hollywoodienne George Clooney. Le héros de Nespresso y traque en live des preuves de crimes contre l'humanité. Elaborée entre la fin de la guerre froide et les attentats du 11-Septembre, la Cour pénale internationale fut la promesse d'un futur libéré de l'impunité, se rêvant en Thémis au chevet d'après-guerres et suspendant son glaive sur le crâne des bourreaux... La voici transformée en arme diplomatique à l'usage des puissants, apposant leur label sur le bien et le mal.

01/2016

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Philosophie

La raison des choses. Essai sur la philosophie de Wang Fuzhi (1619-1692)

Wang Fuzhi est l'un des plus éminents philosophes chinois. L'ouvrage s'efforce d'en restituer la pensée à l'usage des lecteurs occidentaux. Wang Fuzhi récuse le langage, créateur de divisions artificielles, impuissantes à rendre compte de l'extrême complexité du monde ; il refuse d'isoler l'abstrait du concret, admet l'idée de mécanismes communs à des phénomènes sans rapport aucun les uns avec les autres ; ordre et hasard ne sont pas pour lui contradictoires, car tout ordre inclut d'infinies variations de détail. Il n'est pas à la recherche du permanent et du stable par-delà le changeant, mais affirme au contraire la transformation incessante et la relativité de toutes choses. Il n'y a pas de matière brute, mais deux énergies dont la sensibilité suffit au fonctionnement de l'univers. Produit de leurs assemblages et dissociations inéluctables, le monde ne cesse de se renouveler. Pas d'absolu au sens où nous l'entendons, pas d'Etre en soi. C'est dire à quel point cette pensée s'éloigne de ce que notre tradition reconnaît comme " philosophie ". Mais n'est-ce pas l'occasion d'élargir notre idée de la " philosophie " ? L'homme ne pouvant supprimer des désirs qui sont communs à tout ce qui vit, la morale, selon Wang Fuzhi, ne peut être fondée que sur une réciprocité sans laquelle aucune société ne pourrait subsister. Notre moi n'est d'ailleurs que le produit infime et fugitif de l'activité incessante de l'énergie universelle. Parce qu'elles développent des sentiments intéressés et la croyance au surnaturel, les religions de salut sont immorales. Athée, Wang Fuzhi serait-il en fin de compte plus religieux que les croyants ? Loin de représenter une pensée chinoise atemporelle, il ne saurait être isolé de son époque. Dans sa haine des Mandchous, il entend préserver la civilisation chinoise de leur corruption. Mais la particularité de ses engagements ne rend que plus expressive sa vision de la tradition dont il se veut le défenseur. Ainsi est-ce une introduction exceptionnellement claire et maîtrisée à un univers intellectuel éloigné du nôtre que nous offre Jacques Gernet.

03/2005

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Suspense

La promesse

Loyauté, dévouement, lutte contre l'injustice, telles sont les valeurs qui ont toujours animé le détective privé Elvis Cole et ses deux fidèles acolytes, Joe Pike et Jon Stone. Quand ils font une promesse, ils la tiennent. Même lorsque cette promesse pourrait bien leur coûter la vie. Elvis Cole vient d'être engagé par une dénommée Meryl Lawrence pour retrouver une amie et collègue de travail qui se serait soi-disant enfuie avec un inconnu rencontré en ligne et quelques centaines de milliers de dollars qu'elle aurait détournés. Une enquête banale se dit Elvis. Jusqu'à ce qu'il découvre que la disparue travaille comme ingénieure chimiste pour une entreprise qui fabrique des explosifs pour l'armée américaine. Pendant ce temps, à Echo Park, Scott James, maître-chien du LAPD, et Maggie, son partenaire canin, s'apprêtent à pénétrer dans une maison dans laquelle le suspect recherché pour meurtre qu'ils poursuivent vient de se retrancher. Mais une surprise les attend à l'intérieur. Plusieurs en fait. Des lance-roquettes et des explosifs dans une pièce, le fugitif, crâne fracassé, sur le canapé du salon et son assassin qui parvient à s'enfuir au nez et à la barbe de tous les policiers déployés sur les lieux. Scott est le seul à avoir vu son visage. L'assassin le sait. Il tente plusieurs fois d'éliminer Scott et Maggie. Elvis et Scott comprennent que les deux enquêtes sont liées et unissent leurs forces pour retrouver la trace de la disparue et de l'assassin. Au grand dam des policiers chargés de l'enquête. S'engage alors une chasse à travers tout Los Angeles. " Une fois de plus, Crais nous livre un polar à couper le souffle, riche en émotions, impossible à lâcher. " Librairie des Cyclades - Jérôme Toledano Robert Crais fait son grand retour en France, près de dix ans après la parution de Suspect. D'abord auteur pour le cinéma et pour la télévision, Robert Crais s'est ensuite tourné vers l'écriture de polars, un genre duquel il ne s'écartera plus et dont il deviendra l'un des figures de proue aux Etats-Unis.

10/2023

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Espagne

Maquis, histoire des guérillas anti-franquistes

L'étude la plus complète publiée à ce jour sur la myriade des guérillas espagnoles de 1936 à 1960. L'auteur s'intéresse d'abord au phénomène des "fugitifs" et des "taupes", en butte à la répression systématique de l'appareil franquiste pendant la guerre civile et qui constitueront les premiers noyaux de combattants ; ainsi qu'aux rares tentatives de l'armée républicaine de monter des troupes irrégulières. Puis de 1939 jusqu'à la fin des années 50, il relate la formation progressive de guérillas s'érigeant dans certaines régions en authentique contre-pouvoir et unique opposition à Franco. Ce qui concerne non seulement des milliers de combattants mais aussi des dizaines de milliers d'agents de liaison et autres "complices". Sont évoqués les moments les plus remarquables, comme la formation du premier groupe organisé, la Fédération León - Galice (guérilla créée majoritairement par des socialistes et des anarchistes) ; l'aide des services secrets britanniques ou américains en Galice et en Andalousie ; le passage des invasions pyrénéennes et son échec du Val d'Aran fin 1944 qui sera à l'origine de la formation de la plus puissante guérilla antifranquiste, l'AGLA. Au fil de cette histoire, l'auteur nous raconte la vie quotidienne des maquis, les problèmes de santé, le ravitaillement, l'armement, le rôle des femmes... et les différentes stratégies de la terrible répression exercée à leur encontre. A la fin de l'ouvrage, l'auteur revient sur la décadence des organisations armées quasi inexistantes après 1952, la résistance urbaine à Madrid (communiste) puis en Catalogne (anarchiste) jusqu'en 1963. L'ouvrage se clôt sur une étude politico-stratégique et une tentative d'estimation des chiffres comparant les différentes sources : un travail qui n'a jamais été fait avec une telle honnêteté. Si cette histoire a longtemps été passée sous silence pour des raisons évidentes par le pouvoir franquiste, ça l'est aussi pour d'autres plus surprenantes par les diverses organisations de l'exil (CNT, PSOE...) qui n'ont pas brillé par leur constance, ou par le parti communiste espagnol qui après avoir ouvertement soutenu les maquisards, a changé de ligne en 1947 et les a abandonnés à leur triste sort. Cet ouvrage comble donc un vrai vide historiographique. Son exhaustivité ainsi que l'honnêteté intellectuelle de l'auteur en font un document de grande valeur. Secundino Serrano est un historien spécialiste de l'après-guerre d'Espagne et de l'exil républicain. Il a écrit une douzaine de livres. Porte-parole du Centre d'archives générales de la guerre civile espagnole, il enseigne à l'Institut d'études supérieures Legio VII de Léon. Traduit de l'espagnol par Jean-Pierre Bourgeat

10/2021

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Pléiades

Anthologie de la poésie chinoise

Une fleur de lotus sortant de l'eau pure, / Naturelle, dépourvue de toute décoration, telle devrait être la poésie selon Li Bai. Il vécut au VIIIe siècle et demeure la figure la plus marquante de l'époque Tang, considérée comme l'âge d'or de la poésie chinoise. Mais il y a trois mille ans que les Chinois sont poètes et que leur poésie est en quête d'harmonie. Qu'elle dit le monde tel qu'il est : Affaires humaines, changeants nuages, Pourquoi ? (Gao Qi, XIVe s.). Rêve à ce qu'il pourrait être : Les fleurs de pêcher sur l'eau s'éloignent ; Il est un autre monde, pas celui des humains (Li Bai). Aspire à l'union avec la nature : Je crains de vieillir plus vite si les fleurs sont fanées (Du Fu, VIIIe s.). Dénonce ce qui détruit les êtres de l'intérieur : Pleurs jamais taris, Souillures jamais lavées, Ardeur jamais consumée, Honte jamais épurée, Cette vie incertaine, évanescente, Où trouvera-t-elle enfin son havre de paix ? (Guo Moruo, 1892-1978.) Se laisse hanter par l'Histoire : Les lianes sauvages, mues par on ne sait quel amour, étreignent les os blanchis par la guerre (Yuan Haowen, XIIIe s.). Fixe pour l'éternité les moments fugitifs des amours heureuses : Défense au soleil de relever les stores de tes yeux, Défense à la brise de brosser tes sourcils, Personne ne doit te réveiller, Ouvrons l'ombre d'un pin pour couvrir ton sommeil (Wen Yiduo, 1899-1946). Et rivalise avec les autres arts, peinture ou calligraphie : Le vent remue l'écume : mille pétales de fleurs ; Les oies touchent le ciel : une rangée de caractères (Bai Juyi, VIII-IXe s). Reproduire trois mille ans de poésie en deux fois moins de pages, il ne faut pas y songer. Mais le choix des plus beaux textes, jades entre les cailloux, est en Chine une pratique aussi ancienne que la poésie même ; la première anthologie, le Shijing, aurait été compilée par Confucius au Ve siècle avant notre ère. Dans un temps où la Chine se fait moins remarquer par l'éclat de sa littérature que par ses exploits économiques, la Pléiade propose, en quelque 1850 poèmes dus à plus de 400 auteurs, une traversée de l'océan poétique qu'elle a produit. Il fallait faire des choix représentatifs : on s'y est efforcé, sans suivre aveuglément les anthologies chinoises. Car il convenait aussi de choisir des textes qui soient parlants pour (et puissent être dits par) le lecteur francophone. La musique des mots, les rythmes, les couleurs, les images doivent résonner dans notre langue pour que quelque chose de l'imaginaire de l'auteur nous soit transmis. Les traducteurs qui ont tenté l'aventure l'ont fait avec leurs goûts, leur talent, leur amour des textes, et l'idée que se fait chacun d'eux de la Chine et de sa littérature. Dans le paysage qu'à eux tous ils ont redessiné, chacun tracera sa propre route.

02/2015

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Photographie

Jean-Philippe Charbonnier. Raconter l'autre et l'ailleurs (1944-1983)

Catalogue officiel de l'exposition Jean-Philippe Charbonnier. Photographe de la famille des hommes au pavillon populaire de Montpellier du 5 février au 19 avril 2020. Jean-Philippe Charbonnier est le grand oublié de la photographie humaniste française. Une rétrospective composée d'environ deux cents oeuvres lui est consacrée au Pavillon Populaire de Montpellier. C'est la première à lui rendre hommage, depuis l'unique exposition organisée par le musée d'Art moderne de la Ville de Paris en 1983, et réalisée à l'époque avec Charbonnier lui-même. L'étude du fonds d'atelier conservé chez Gamma-Rapho-Keystone a permis de découvrir toute l'étendue du travail protéiforme de Charbonnier. L'exposition et le catalogue qui en rend compte s'articulent autour de quelques grands reportages réalisés en exclusivité pour la revue Réalités. Parmi eux, certains des plus fameux - comme celui sur les hôpitaux psychiatriques - pourront être exposés dans leur totalité, alors que les images les plus dérangeantes n'avaient pas été publiées à l'époque. D'autres seront exposés pour la première fois, et notamment avec des photographies couleur, inédites. Certaines planches contacts révèlent aussi les choix, les recadrages, mais aussi, par leurs légendes détaillées dactylographiées au revers, l'analyse fine et parfois teintée d'humour de l'artiste sur des sujets qu'il traite en profondeur. Photographe tout terrain aussi à l'aise chez les mineurs du nord de la France que dans les coulisses des défilés de Christian Dior, Charbonnier réalisa également d'incroyables photographies de mode, largement méconnues, révélant, entre autres, son talent de metteur en scène. Enfin et surtout, l'ouvrage montre quel insatiable globe-trotteur fut Charbonnier, qui s'est rendu dans les endroits les plus isolés comme dans les plus grandes villes du monde : de l'Alaska à l'île de Sein, de New York à Kyoto, du désert du Sahara aux supermarchés américains, son regard rencontre celui des gens qu'il photographie, même au milieu d'une foule. C'est là la principale caractéristique qui le distingue d'un Cartier-Bresson par exemple : ses photographies ne sont pas prises "à la sauvette", à l'insu des acteurs d'un "instant fugitif", mais bien en pleine conscience commune de la présence du photographe, et d'une certaine volonté, partagée, de témoigner d'un moment, d'une cause, d'une culture différente.

02/2020

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BD tout public

Lucarne

Dans ce recueil de 5 histoires, certaines précédemment publiées dans la revue éponyme de Breakdown Press, Joe Kessler dépeint un monde riche en quêtes, en sensations, en surprises. Les couleurs, franches voire flamboyantes, épaulent la narration d'un point de vue subjectif : l'environnement apparaît et disparaît en fonction de ce que vivent les personnages. Les odeurs, la peur, le plaisir, l'urgence sont représentées comme autant d'explosions chromatiques. Windowpane, soit "carreau de fenêtre" ou "lucarne" en français, mêle le récit de l'auteur et la perception de ses protagonistes. Lucarne, c'est aussi la vision depuis une case de bande dessinée. Une narration innovante et envoutante, qui mérite plusieurs lectures, pour dépasser l'émerveillement esthétique qu'il suscite la première fois. Lauréat en 2017 du prix Audience Award à l'East London Comics & Arts Festival, Joe Kessler vit et travaille en Grande Bretagne. Dans un paysage rural, un chien erre au gré des odeurs qu'il croise. Il finit par rencontrer, enfin, sur le bord d'une fenêtre, l'objet comestible et inanimé qu'il cherchait : une tourte. En visite chez sa tante, une petite fille et son cousin partent explorer la propriété voisine. A travers la fenêtre, ils assistent à une projection d'images de guerre et de violence. De retour au calme, dans la solitude de la nuit, ces images la hante et elle prend peur pour ses parents. Spontanément, elle prend la route pour les rejoindre. Constatant le mauvais état de sa porte d'entrée, un homme rend visite à son propriétaire. Il se trouve alors pris dans un tourbillon de magie, qui l'emmènera jusqu'à un rivage lointain où se trouve, comme dans tout bon conte de fées, une jeune fille prisonnière d'une tour. Un marin complexé et la riche et solitaire propriétaire de la compagnie maritime pour laquelle il travaille vivent une aventure érotique intense avant qu'il ne reparte en mer, paré de cadeaux étranges. Un fugitif, aidé par des amis, est mis à l'abri puis trahi par ses hébergeurs. Traqué, il est finalement recueilli par une artiste qui vit dans une maison isolée. Ils tombent amoureux mais sont rattrapés par ceux qu'il fuit. Par une ultime création, elle parvient à sauver leur union.

03/2019

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Actualité et médias

Les guerres perdues de Youri Beliaev

Youri Beliaev : élu député du Soviet de Leningrad en 1990 sur une liste nationaliste. Marié, deux fils, dont un mort brutalement. Surnoms : Papa Muller, le Chat, le Petit bonhomme en pain d'épice... Admirateur de Benito Mussolini et, " avec des réserves " , d'Adolf Hitler. Supporter du Zénith Saint-Pétersbourg, il aime les films soviétiques, les animaux et la lutte gréco-romaine. Le CV de Youri Beliaev n'avait rien d'attirant. Il intrigue pourtant Pierre Sautreuil, pigiste de 21 ans tout juste débarqué en Ukraine pour y couvrir la guerre du Donbass. Ancien flic devenu mafieux, millionnaire déchu, chef de parti d'extrême droite, vétéran du conflit yougoslave soupçonné d'avoir tué 64 Bosniaques et tenté d'assassiner Eltsine, fugitif recherché en Russie, Youri Beliaev a décidé, à 58 ans, de se mettre au vert sur le front de Lougansk. Drôle d'endroit pour se planquer... Lorsque Pierre le rencontre, il ne voit qu'un vieil homme un peu fatigué, bras droit du commandant " Batman " , un seigneur de guerre qui cherche à se tailler une part du gâteau ukrainien. Mais très vite, entre l'apprenti reporter et le mercenaire sur le retour, se noue un lien fait de confessions troubles, d'une affection tangible et d'une certaine fascination. Tandis que les obus dévastent la steppe glacée, Pierre découvre et partage l'histoire rocambolesque d'un homme prêt à tout, jusqu'à l'innommable, pour rendre à la Russie sa gloire d'antan et assouvir ses ambitions. Au fil des pages, Youri disparait, Youri se cache, Youri échappe à un attentat, fait de la prison, s'échappe... Et Pierre le poursuit, s'inquiète, tente de comprendre. Salopard, fasciste, criminel de guerre néonazi, ou rebelle dans une société russe dont toutes les portes sont fermées ? " T'as le droit de pas aimer ce qu'il a à vendre, mais au moins, lui, il se bat " , dit à Pierre un des derniers copains de Youri. A travers le portrait d'un homme, le récit romanesque d'une amitié improbable, et une traversée épique, burlesque et terrible, du Donbass à Moscou, du Kosovo à la Tchétchénie, Les guerres perdues de Youri Beliaev nous fait découvrir une Russie qui ne s'est jamais remise de la chute du Bloc soviétique. Exaltant et totalement original.

03/2018

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Littérature française

Le sac de Rome

1527. Depuis trente-cinq ans, la France et le Saint Empire germanique se disputent l'Italie, et principalement le Milanais. Deux hommes du même âge et de même puissance s'affrontent, le roi de France François 1er et l'empereur Charles Quint. Gagné et perdu à plusieurs reprises, le duché est aussi l'objet de la convoitise du pape Clément VII qui n'entends pas laisser aux Habsbourg déjà maitres de Naples. Venise, Florence, Bologne et Sienne changent d'alliance au gré des victoires et des défaites. Au Nord, dans les Etats de l'Archiduc Ferdinand, frère de Charles Quint, se précise la menace turque. Cependant, en Allemagne, la diffusion des idées luthériennes entraîne les princes à embrasser le protestantisme. Les guerres de religion ont commencé. Les papes tremblent. Vainqueur en 1515 à Marignan, François 1er a été battu à Pavie en 1525. Le voilà qui entreprend de reconquérir le Milanais. Mais son meilleur capitaine, son cousin le duc Charles de Bourbon, ex-connétable de France, est passé au service de Charles Quint. Jeune, beau, le grand seigneur le plus riche de France a été spolié du Bourbonnais, gigantesque fief, par la mère du roi, Louise de Savoie qui a tenté en vain de l'épouser. Vainqueur à Pavie, le duc de Bourbon a pris sa revanche. Il réclame à l'Empereur sa récompense, la restitution du Bourbonnais, mais Charles Quint le trahit. Le voici à l'heure de se servir lui-même et de se tailler un royaume en Italie. A la tête d'une armée de mercenaires, il quitte Milan sans que nul ne connaisse ses intentions. S'ouvrent six mois d'une chevauchée héroïque qui se conclura par la plus grande catastrophe qui se soit abattue sur la chrétienté. Des figures saisissantes illustrent ce roman : Charles de Bourbon, injustement passé dans l'Histoire de France pour un traître, loyal, tourmenté et visionnaire ; Charles Quint, le Flamand obstiné, religieux et dissimulé ; Clément VII, partagé entre son amour de l'or et sa peur des Turcs ; mais aussi le cardinal de Cortone, humaniste et alchimiste ; l'ambassadeur du Bellay, espion et pécheur ; le vice-roi de Naples, Lannoy, jaloux et administrateur. Le cardinal, l'ambassadeur et le vice-roi vont secrètement tenter de sauver la paix, mais il est trop tard : le duc de Bourbon marche vers le but qu'il s'est donné, conscient qu'il n'est qu'un homme qu'un fugitif doit servir : lui-même. Dans les tourments de la Renaissance, une cavalcade qui parle d'honneur, de trahison, de courage et d'abandon sous la plume d'un témoin anonyme, trop heureux d'avoir sauvé sa peau de ce mal français : le rêve italien au XVIème siècle.

03/2022

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Pléiades

Oeuvres. Tome 2, Humain, trop humain ; Aurore ; Le Gai Savoir

Au mois d'août 1876, le Palais des festivals de Bayreuth est inauguré. C'est la première fois que L'Anneau du Nibelung de Wagner est donné dans son intégralité. Nietzsche est présent. Le mois précédent paraissait la quatrième de ses Considérations inactuelles, consacrée au compositeur. Soudain, au beau milieu des cérémonies officielles, Nietzsche est victime d'un réveil brutal : "Où étais-je donc ? Je ne reconnaissais rien, c'est à peine si je reconnaissais Wagner lui-même", écrira-t-il. L'heure est venue pour lui de s'affranchir de la figure tutélaire de Wagner. Mais la période qui s'ouvre alors est celle d'une plus vaste libération. Nietzsche s'éloigne aussi de la discipline dans laquelle il s'était illustré jusqu'ici : la philologie. Désormais il écrira en philosophe - et en "fugitif errant" plutôt qu'en professeur. Car, en arrière-fond, il y a le spectre de la maladie, qui progresse inexorablement. Elle l'oblige, en 1878, à renoncer aux cours qu'il donne au lycée, puis l'année suivante à démissionner de l'université de Bâle. Les ouvrages rassemblés dans le présent volume, et publiés dans des traductions révisées, couvrent les années 1878-1882. Il s'agit moins d'une période intermédiaire, comme on l'a dit parfois, que d'une période décisive au cours de laquelle Nietzsche énonce les fondements de sa philosophie. Humain, trop humain (1878) est, à ses yeux, le "monument commémoratif de la crise" de 1876. Suivent immédiatement deux livres Opinions et sentences mêlées (1879) et Le Voyageur et son ombre (1880), qu'il réunira en 1886 pour former le second tome d'Humain, trop humain. En 1880 et 1881, séjournant à Venise, à Marienbad, ou encore à Gênes, il rédige Aurore (1881). Ce texte est l'un des plus méconnus de Nietzsche. Méconnaissance parfaitement injustifiée, car "c'est par ce livre, dira-t-il, que s'ouvre [sa] campagne contre la morale". Enfin, il publie l'année suivante Le Gai Savoir (1882), dont une édition augmentée paraîtra cinq ans plus tard. Ce livre est pour lui "la victoire sur l'hiver", l'ouvrage de la santé (provisoirement) recouvrée. Humain, trop humain marque un tournant dans le style de Nietzsche. Abandonnant le désir d'être "persuasif" , il opte en effet pour une forme à laquelle il se tiendra : celle de l'aphorisme. La nécessité de proposer une oeuvre construite à partir de fragments découle pour lui de sa conception du langage selon laquelle "chaque mot est un préjugé". Mais, avec Humain, trop humain, Nietzsche ne se contente pas d'explorer un nouveau type d'écriture, il donne à sa pensée une orientation nouvelle : travailler à l'élaboration d'une "philosophie historienne". Aurore et Le Gai Savoir exploreront cette voie, procédant, en conséquence, à une profonde critique des valeurs. C'est dans ces deux derniers ouvrages, enfin, qu'émergent deux éléments capitaux de la philosophie nietzschéenne : la volonté de puissance, cette notion qui a prêté à de nombreux malentendus, et l'éternel retour.

03/2019

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Histoire ancienne

Fondation de villes

Cinq villes fondatrices : Dans le monde méditerranéen, la période antique s'avère fertile en création de villes mémorables en raison de la prédominance du modèle de la cité. Cellule de base de la vie quotidienne comme du système politique, la cité - polis en grec, civitas en latin - associe un territoire à une ville qui le dirige et l'organise. Structurellement, le fonctionnement politique stimule donc le dynamisme urbain. Bien des capitales prestigieuses de l'Antiquité ont laissé une trace émerveillée dans la mémoire des hommes, de Thèbes en Egypte ou Babylone en Mésopotamie à Carthage en Afrique ou Athènes en Grèce. Mais certaines de ces villes occupent une place plus éminente dans l'histoire à cause de leur caractère fondateur. Dans leur cas, la fondation urbaine représente aussi un épisode fondateur de la culture méditerranéenne, car ces villes vont être érigées en modèles et en références. Telle est la logique du choix de ce dossier. Fondatrice, la création de Jérusalem (vers 1000 av. J.-C.) l'est évidemment pour le peuple juif puisque la ville va devenir le point focal de sa religion et de sa culture. Même après la destruction du Temple par les Romains (70 ap. J.-C.), Jérusalem resta la référence suprême pour les juifs, qui exprimaient chaque année le désir d'y revenir, jusqu'à ce que le sionisme concrétise cette aspiration au XXe siècle. Mais elle le fut aussi pour les chrétiens, qui la considéraient comme la ville idéale et le centre du monde : au Moyen Âge, les cartes plaçaient toujours Jérusalem au centre de la terre. Seule Rome, fondée en 753 av. J.-C., tint une place comparable dans l'imaginaire occidental tout en exerçant une influence concrète beaucoup plus grande dans le domaine de l'urbanisme. Au sein de l'empire romain, de nombreuses villes s'inspirèrent, de près ou de loin, de son plan et de ses monuments. L'installation de la Papauté en fit la capitale du catholicisme. A la Renaissance, la redécouverte de la culture antique en réactiva le modèle urbanistique de même que l'éducation humaniste diffusa largement les épisodes les plus fameux de sa fondation, qui portaient une certaine vision de la cité et de ses valeurs. Un tel rôle justifie amplement la présence de deux chapitres consacrés à la " Ville éternelle ". Dans le domaine de l'urbanisme, Alexandrie, fondée en 332 av. J.-C., exerça une influence comparable car son plan géométrique s'imposa rapidement comme une référence. Aboutissement de la ville grecque, elle laissa aussi le souvenir d'une grande capitale culturelle, symbolisé par sa Bibliothèque, récemment reconstruite. Constantinople, fondée entre 324 et 331 (la seule de ce dossier érigée après Jésus-Christ) lui succéda comme cœur de la culture grecque mais elle se voulait surtout l'héritière de Rome. Elle devint au Moyen Âge " la ville " par excellence aux yeux du monde orthodoxe, spécialement slave, mais aussi des musulmans, qui rêvaient de la conquérir. La réalisation de ce rêve en 1453 scella la fin d'une époque - le Moyen Âge -, mais ne remit pas en cause la fonction de pont entre l'Orient et l'Occident remplie par la ville. Plus modestement, à l'échelle de la France, Marseille, fondée vers 600 av. J.-C., joua un rôle analogue en servant de lieu de contact entre le monde grec et la Gaule. Au sens strict, elle fut la première ville de la France. Les récits : entre mythe et réalité : Il ne faut pas s'y tromper : les récits de fondation urbaine sont des mythes, tels que l'Antiquité les concevait, c'est-à-dire des histoires dévoilant la nature ou le sens d'une institution ou d'une pratique. Mais en l'occurrence, ces mythes présentent une forme historique. En règle générale, les sources littéraires sur le sujet sont des ouvrages historiques, histoires générales ou biographies de grands hommes. Dans certains cas, elles appartiennent au genre classique de l'histoire civique, l'histoire d'une cité. L'Histoire romaine de Tite-Live en est évidemment une version amplifiée et les mythes sur la fondation de Constantinople ont été rassemblés dans la collection des Patria au Haut Moyen Âge. Même le récit sur la fondation de Jérusalem fait partie des " livres historiques " de la Bible, bien qu'une telle catégorisation appartiennent à la critique moderne. Si le Roman d'Alexandre, rapportant la création d'Alexandrie, apparaît à nos yeux clairement romanesque, il n'en prétend pas moins être un récit historique. La distance temporelle entre ces sources et l'époque de la fondation trahit toutefois la dimension mythique de ces récits. Si les récits sur Constantinople sont rédigés un à deux siècles après la fondation, ceux sur Rome et Marseille en sont éloignés de six à sept siècles. S'il faut en croire l'interprétation actuelle, les passages de la Bible sur Jérusalem se seraient stabilisés sous le roi Josias, à la fin du VIIe siècle av. J.-C., soit quatre siècles plus tard. Il n'en découle pas pourtant que ces récits soient des inventions pures et simples. Les auteurs disposaient eux-mêmes de sources d'origines diverses, plus ou moins proches des faits, disparues de nos jours. S'il date du IIe siècle ap. J.-C., le Roman d'Alexandre est en fait le remaniement d'un texte du IIIe siècle av. J.-C., et les historiens romains de l'époque augustéenne se sont appuyés sur les écrits des " annalistes " de la République. Ces sources véhiculaient d'ailleurs des versions contradictoires perceptibles dans le récit, même si celui-ci cherche en général à élaborer un discours unifié et cohérent. Cet ancrage dans la réalité historique se vérifie dans la confrontation du récit avec les restes archéologiques. Contrairement à une idée reçue, on ne note pas de contradiction systématique. La découverte d'un mur du VIIIe siècle autour du Palatin et de traces d'habitat du VIe siècle sur la butte Saint Laurent confirme les datations des récits mythiques sur Rome et Marseille. Seul le cas de Jérusalem offre un contraste marquant. Le niveau du Xe siècle n'a livré aucune trace de palais ou de temple correspondant aux grandioses constructions attribuées par la Bible à David et Salomon. Cette " compatibilité " globale des récits avec l'archéologie ne doit pas cependant amener à une croyance naïve dans la véracité du mythe. Les éléments historiques y ont été réélaborés dans le cadre d'un discours dont la finalité n'est pas la vérité historique. Une création continue : De prime abord, tous ces récits présentent une vision unitaire de la fondation urbaine. La ville a été fondée en une journée par un fondateur identifié et nommé, à la suite d'une décision mûrement réfléchie. Le jour précis est souvent connu - c'est le cas pour Rome, Alexandrie ou Constantinople -, ce qui permet de fêter l'anniversaire de la ville et de tirer son horoscope. Car les villes sont analogues à des personnes pour les Anciens. La personne du fondateur marque très fortement l'identité de la cité même lorsqu'elle ne porte pas son nom : Jérusalem est la ville de David et Rome celle de Romulus autant qu'Alexandrie est la ville d'Alexandre et Constantinople celle de Constantin. Pourtant, le récit lui-même montre bien que le jour de la fondation n'est qu'un moment dans un processus beaucoup plus long. Jérusalem était une ville cananéenne avant que David ne la " refonde " et le processus de fondation ne se clôt qu'avec la construction du Temple, qui eut lieu d'ailleurs plus tardivement que la Bible ne le dit. Héritière de Troie, Rome fut précédée par deux fondations troyennes, Lavinium et Albe, et l'édification de la muraille par Romulus ne garantit pas encore son avenir. Seul l'enlèvement des Sabines lui procura les femmes nécessaires à sa reproduction. Il est possible que la fondation de Marseille par Gyptis ait été doublée par une nouvelle arrivée de colons un demi-siècle plus tard. Alexandrie n'était qu'une ébauche lorsqu'Alexandre l'inaugura et la ville fut réellement édifiée par les deux premiers souverains lagides. Quant à Constantinople, elle prit la suite d'une colonie grecque très ancienne, Byzance, et ne devint véritablement une " deuxième Rome " que sous le fils de Constantin. Toutefois, pour le récit, le jour de la fondation s'avère bien fondamental car il annonce la destinée future de la ville, en insistant sur les rites ou les présages advenus à ce moment-là. La farine mangée par les oiseaux d'Alexandrie ou le peuplement de Rome par les fugitifs des peuples voisins préfigurent le rayonnement universel de la première ou la domination impériale de la seconde. Le récit sur Constantinople offre la description la plus détaillée et la plus fiable des rites car certains étaient répétés lors de l'anniversaire un siècle plus tard. La ville doit évidemment sa destinée glorieuse à la protection divine, que ce soit l'Eternel (Jérusalem) ou Mars (Rome), Zeus/Sérapis (Alexandrie) ou Dieu (Constantinople). Dans le récit sur Constantinople, le merveilleux païen cède progressivement la place au merveilleux chrétien, glissement annonçant l'époque médiévale.

05/2012