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Religion

Rendez-vous dans la forêt. Origine

La série "Rendez-vous dans la forêt" Après le succès de ses livres Rendez-vous dans la forêt, tome 1, 2 et 3 vendus respectivement à 13'000 , 5'000 et 3'000 exemplaires, A.Auderset sort une nouvelle collection dans la même veine : : Rendez-vous dans la forêt, origine". L'histoire qu'elle raconte est celle qui précède. Autobiographie écrite à deux C'est avec beaucoup de poésie, d'humour, d'émotion qu'A.Auderset y relate sa vie. 360 pages partagées en petites anecdotes pleines de sagesse et à grand renfort de photos (notamment de sa magnifique région du Jura bernois) ainsi que moults illustrations. Il en parle au présent, comme s'il écrivait en direct dès sa naissance (et même juste avant celle-ci) pour nous faire part de sa vision du monde encore innocente. Ces réflexions sont discrètement encadrées et distillées par plus de 51 ans de maturité et d'existence. Résistance Le petit Alain aime la nature, les cabanes, les copains, les aventures et il déborde d'imagination. Mais regarder les papillons par la fenêtre pendant les cours est totalement illégal et puni d'humiliation collective. De toutes ses forces, il ne va pas se laisser formater par cet établissement scolaire qu'il déteste, ni se laisser brutaliser par les tyrans de la cours de récré, et encore moins abrutir par la vision morne et soi-disant "réaliste" des adultes. Ces derniers déchirent sa belle région avec de la politique et créent des clivages entre les élèves. Spiritualité Alain n'est pas seul dans son combat. C'est en pénétrant dans la forêt pour la première fois qu'il sent qu'il y a "quelque chose", une force qui veille sur lui et le cherche. Elle va enfin se manifester clairement à lui à l'âge de 15 ans. Il découvre alors une nouvelle dimension, parallèle à la nôtre. Elle a toujours été là, mais elle était jusqu'alors invisible à ses yeux. Alain va se lier d'amitié avec Dieu sans que ça ait quelque chose à voir avec de la religion ou de la prise de tête. C'est une histoire d'amour, à l'échelle cosmique, touchante d'authenticité. Que l'on soit croyant ou non, nous sommes happés avec lui dans une aventure spirituelle passionnante et... poilante. Rencontre avec soi Ce petit bonhomme attachant, ses souvenirs, ses amours, ses émerveillements candides et ses déceptions nous ressemblent. Tous ces sentiments que l'on a tous côtoyés sans jamais avoir pu les formuler se retrouvent écrits ici, avec les mots justes, nous aidant à mieux nous comprendre nous-mêmes.

12/2020

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Sociologie

Travailler, lutter, diffuser. Archives militantes du Centre Grisélidis Réal de documentation internationale sur la prostitution, Genève

Pendant plus de trente ans de lutte et de mobilisation pour les droits des travailleuses et travailleurs du sexe, Grisélidis Réal, écrivaine, peintre et "courtisane révolutionnaire" , a recueilli méthodiquement tout ce qui avait trait de près ou de loin aux métiers du sexe, en Suisse et dans le monde entier. Articles de presse, correspondances, travaux de recherche, rapports, prises de position, comptes rendus de séminaires, de colloques ou de congrès, affiches, pamphlets, manifestes... Son ambition était de créer, chez elle, un "Centre international de documentation sur la prostitution" . A l'aide de sa photocopieuse, elle confectionnait des dossiers thématiques qu'elle mettait ensuite à disposition de toute personne intéressée par la thématique du travail du sexe. Pour Grisélidis, il était primordial que la réalité quotidienne et le vécu des travailleuses et travailleurs du sexe puissent être entendus. Cette collection basée à Genève est unique en Europe et couvre de larges zones géographiques, de San Francisco à Milan, de Londres à Genève, de New York à Paris. La publication contient un riche appareil iconographique, accompagné de textes proposant des perspectives variées, sur l'histoire du combat autant que sur la question de l'archive et du document dans un contexte contemporain. Elle souligne la dimension militante du fonds et son rôle dans la naissance du mouvement international pour les droits des TdS. Elle met également en valeur les pièces les plus emblématiques des archives et leur potentiel graphique, avec quelque 200 reproductions des images les plus importantes de la mobilisation des TdS depuis les années 1970, affiches originales, cartons d'invitation ou flyers provenant du monde entier. Les reproductions mettent en lumière le réseau et la solidarité internationale des TdS et de leurs allié. e. s dès la naissance du mouvement de lutte pour leurs droits, ainsi que la genèse et la création des premières associations de défense et de syndicats de TdS. Ces documents permettent d'illustrer le dynamisme de cet engagement, les avancées, mais aussi les difficultés et les souffrances de la lutte ainsi que la montée de politiques répressives, sous l'influence d'organisations abolitionnistes très puissantes que Grisélidis et ses pair. e. s n'ont cessé de combattre. L'ouvrage propose un regard international sur l'histoire de cet engagement avec l'intervention de différent. e. s auteur. e. s, chercheur. se. s, acteur. rice. s et militant. e. s. Parler de travail du sexe aujourd'hui, c'est évoquer les problématiques de migration, de droit du travail, des luttes LGBTQI+, des femmes dans l'espace publique, au centre des débats actuels.

10/2022

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Littérature française

Admirable. L'histoire de la dernière femme ridée sur Terre

" Vous êtes, ça ne va pas vous plaire, la dernière femme ridée sur terre. " Depuis des années Sophie Fontanel explore des sujets liés à la féminité, et cherche la voie d'un dialogue apaisé entre femmes et hommes. Avec Capitale de la douceur, son dernier ouvrage, elle abordait la question du viol dans un roman en vers. Aujourd'hui, elle poursuit sa recherche d'une forme d'écriture poétique adaptée à sa réflexion et propose à ses lecteurs un conte, solaire, moderne, sur le rapport que nous entretenons avec l'âge et l'image : et si dans un avenir proche les hommes avaient inventé un produit empêchant aux signes de l'âge de se manifester ? et si une femme avait échappé à ce traitement ? Que produirait sa découverte ? et qu'aurait-elle à apporter finalement à cette humanité transformée ? Partie I : comment un homme a découvert la dernière femme ridée sur terre (sur une île en Grèce). Partie II : comment la dernière femme ridée sur terre a retrouvé le monde. (On vient la chercher, on se demande quoi faire avec elle. On la cache. On décide de la montrer. Et elle découvre la réalité nouvelle du monde.) Partie III : comment la dernière femme ridée sur terre a sauvé le monde. (Elle est de nouveau devant les gens et elle doit parler. Elle cherche comment les sortir de cette fatalité. On comprend pourquoi elle a choisi de vivre dans une cabane perdue. Elle trouve comment aider ces gens à se re-rider.) " J'ai regardé venir mes rides, écouté toutes les sornettes. Et aussi, les vérités. J'ai croisé les peurs de chacun, de chacune, compris l'urgente nécessité, au lieu de combler les rides, de combler en nous des lacunes, des monstres qu'on se fait de tout, d'une peur pas facile à résoudre mais passionnante à amadouer. J'ai regardé les filtres jugés utiles sur un visage de vingt ans. Observé des personnes condamnées à lutter pour ressembler à une image du passé. Etabli la folie du monde. Et je n'ai pas fait un pamphlet, pas un essai : j'ai fait un conte. J'ai revu The Big Lebowski et je l'ai doté d'une soeur. J'ai revu Zorba le Grec et j'ai savouré son bonheur. D'une graine de gaité, j'ai fait pousser une héroïne. Et puis j'ai vu un grand amour et j'en ai tapissé le livre. Bienvenue à vous dans le coeur de La dernière femme ridée sur terre. " S. F.

09/2023

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Sociologie politique

Les structures sociales de l’action publique. Analyser les politiques publiques avec la sociologie des champs

Comprendre une politique publique, son orientation, son style, ses instruments, implique de reconstituer la structure des relations sociales qui sont à son principe. Parmi les différents outils mobilisables pour réaliser un tel programme, la sociologie des champs de Pierre Bourdieu apparaît particulièrement féconde. Ce livre illustre la portée d'une telle analyse, rarement mobilisée en matière d'action publique, en la mettant en oeuvre sur des objets très différents (politiques économiques, usages politiques de l'histoire, salubrité alimentaire, gestion de l'eau, politiques de l'Union européenne, etc.). Il rassemble des contributions de chercheurs du monde entier (Australie, Brésil, Canada, Etats-Unis, France, Suisse) travaillant sur ces pays et d'autres encore (Argentine, Pérou, Pologne). Sur cette base, cette réflexion collective propose une autre manière de voir et d'analyser les politiques qui affectent la vie des populations et régulent les sociétés contemporaines. ComplémentA : points saillants du livre - Cet ouvrage se veut un manifeste théorique, méthodologique et empirique pour fonder sociologiquement l'analyse de l'action publique. - Il propose la première mobilisation systématique des outils de la sociologie de Pierre Bourdieu pour l'analyse des politiques publiques. - Il inscrit cette réflexion dans une perspective internationale. Informations complémentairesA : Auteurs Valentin Behr, chargé de recherches en science politique au CNRS. Pierre Clément, maître de conférences en sociologie à l'Université de Rouen. Joan Cortinas Munoz maître de conférences en sociologie à l'Université de Bordeaux, Centre Emule Durkheim, UMR 5116. Stephan Davidshofer, enseignant et conseiller académique au Global Studies Institute de l'Université de Genève, Suisse. Victor Demenge, doctorant en science politique à l'Université de Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Vincent Dubois, professeur de sociologie et science politique à Sciences Po Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Caroline Dufour, Professeure associée au département d'études politiques, York University, Canada. Didier Georgakakis, professeur de science politique à l'Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, CESSP, UMR 8209. Jonas Hagmann, chercheur en relations internationalrs à l'Université de Genève, Suisse. Paul Hathazy, chercheur au CONICET, Buenos Aires, Argentine. Thomas Hélie, maître de conférences en science politique à l'Université de Reims, LaSSP (Sciences Po Toulouse). Elisa Klüger, chercheuse postdoctorale au CEBRAP, São Paulo, Brésil. VincentA Lebrou, A maître de conférences en science politique à l'Université de Reims, associé à SAGE, UMR 7363. Thomas Medvetz, professeur associé en sociologie à l'University of California, San Diego, USA. Arthur Morenas, doctorant en science politique à l'Université de Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Jérémie Nollet, maître de conférences en science politique à Sciences Po Toulouse, LaSSP, France. Brian F. O'Neill, doctorant en sociologie à l'University of Illinois, Urbana-Champaign (USA) et à l' Université de la Sorbonne Nouvelle Paris 3. Franck Poupeau, directeur de recherche au CNRS. Florent Pouponneau, maître de conférences en science politique à Sciences Po Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Melaine Robert, doctorant en science politique à l'Université de Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Antoine Roger, professeur de science politique à Sciences Po Bordeaux, Centre Emile Durkheim, UMR 5116. Lili Soussoko, doctorante en science politique à l'Université de Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Amal Tawfik, chercheur à la Haute école de santé Vaud (HESAV, HES-SO), Suisse.

01/2023

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objets deco & tendances

Le grand rythme de la vie - cd

"Ils ont travaillé longtemps, sans relâche et sans espoir. Leurs mains sont devenues épaisses et rugueuses. Alors, peu à peu, ils ont pénétré le grand rythme de la vie". Placés par Jehan Alain en tête de son Deuxième prélude profane, ces mots font entrevoir la nature poétique de son message et la vie comme ligne directrice de toute son oeuvre. Suite Préludes profanes Petite pièce Trois danses Aria L'orgue de Notre-Dame d'Auteuil Jehan Alain écrivait : "remercions Cavaillé-Coll qui nous a légué plus qu'un splendide héritage sonore, mais une véritable esthétique de l'orgue... Ne disons-nous pas d'un orgue récent : il sonne comme un Cavaillé". Il était donc évident de faire entendre ces grandes pages sur un orgue d'Aristide Cavaillé- Coll mais il fallait aussi leur offrir la nécessaire ouverture vers l'orgue ancien. En ce sens, le grand orgue de Notre-Dame d'Auteuil représente une sorte d'évidence : construit par Cavaillé-Coll en 1884, il est agrandi en 1937 par Georges Gloton sous la supervision d'Albert Alain (le père de Jehan) qui veille notamment au respect de l'orgue primitif. En partie dénaturé par la suite, il a été presque entièrement restauré entre 2015 et 2018 par Denis Lacorre selon son état de 1937 en rétablissant notamment les pressions et le Plein-jeu de Cavaillé-Coll et en retrouvant les apports de Gloton dans toute leur timbre, leur poésie et leur justesse (Plein-jeux scintillants, mutations douces...). Thomas Monnet Né en 1979 à Reims, il a débuté ses études musicales au CNR de cette ville. Il se perfectionne ensuite à Saint-Maur-des-Fossés puis au CNSMD de Lyon. Il étudie l'orgue, la basse continue, la musique ancienne et l'improvisation ; disciplines dans lesquelles il a notamment reçu l'enseignement d'Hélène Dufour, Eric Lebrun, Loïc Mallié, Louis Robilliard et Pierre Pincemaille. Il se distingue à plusieurs reprises lors de concours nationaux ou internationaux : Grand Prix d'Orgue de l'Académie des Beaux-Arts en mai 2003 à Angers ; puis en avril et octobre 2005, Grand Prix André Marchal d'Interprétation au 7e Concours international d'Orgue de la Ville de Biarritz et Premier prix au 9e Concours International d'orgue Xavier Darasse à Toulouse. Interprète reconnu pour l'engagement de ses programmes et l'audace de sa pensée musicale, il manifeste, à l'intérieur du vaste répertoire qu'il pratique, une préférence pour la musique du XIXe siècle à nos jours. Invité de nombreux festivals en Europe, on a pu l'entendre sur France-Musique, YLE (Finlande) ou dans le projet de Fugue State Films : The Genius of Cavaillé-Coll. En 2014, à l'occasion du dixième anniversaire de la disparition du compositeur français Jean-Louis Florentz, il signe la première intégrale discographique de son oeuvre d'orgue pour Hortus, label avec lequel il collabore pour un disque consacré aux musiciens de la Grande Guerre et une monographie Franz Liszt. Titulaire de l'orgue Cavaillé-Coll de Saint-Maurice-de-Bécon à Courbevoie, Thomas Monnet a oeuvré pendant de nombreuses années afin d'en obtenir la restauration qui s'est tenue de 2013 à 2015.

12/2019

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Droit des personnes

Le consentement

Après plusieurs affaires en matière d'abus sexuels et la sortie du livre de Camille Kouchner, La familia grande (Le Seuil 2021) qui relate l'inceste qu'aurait subi son frère à l'adolescence, le Parlement a adopté, le jeudi 15 avril 2021, une loi renforçant la protection des mineurs contre les violences sexuelles. Lorsqu'il s'agit de vérifier l'existence d'un viol, le consentement des enfants était examiné pendant le débat judiciaire¿ ; le non-consentement des mineurs de 15 ans est dorénavant établi par la loi. Notre environnement moral et libéral ne nous prépare pas à la complexité de la situation de l'individu et de sa volonté. Théoriquement, tout est simple. L'individualisme représente les hommes comme une collection d'individus totalement séparés. Leurs volontés apparaissent évidentes et singulières. Juridiquement, tout est compliqué. La volonté reste équivoque. Car les hommes ne sont pas séparés sans être liés dans un milieu social et politique. Ce sont alors les déterminations culturelles, économiques, psychologiques ou politiques qui ne rangent pas tout le monde dans des fonctions sociales préétablies (citoyen, salarié, consommateur, mari, mineur, etc.) sans peser sur le consentement. Nos travaux se proposent de contextualiser le consentement en analysant son intervention dans diverses branches du droit et dans la société. Ils mettent en évidence des débats et des incertitudes qui règnent autour du consentement du citoyen, du salarié, de l'assuré, de l'artiste, du chargeur dans le contrat de transport maritime, de l'utilisateur d'une carte de crédit, du bénéficiaire d'un droit au logement, d'acteurs locaux devant des décideurs industriels... Le consentement apparaît comme une notion fondamentale, mais complexe. - Fondamentale, puisque nos systèmes juridiques, éthiques et politiques en font un critère cardinal pour distinguer les actions qui seront reconnues ou repoussées par la société : la relation sexuelle consentie et le viol par exemple. - Complexe, car le consentement ne se manifeste jamais comme une volonté isolée et omnipotente, en raison de l'interdépendance des acteurs dans une vie collective. A l'ère de l'Anthropocène et de la pandémie, l'Etat dirige encore plus rigoureusement l'individualité, pour des impératifs de santé publique. Quel consentement dans une communauté politique et un monde où personne ne se débarrasse de l'autre et de son influence, voire de sa contrainte ? Traditionnellement, un système juridique envisage mieux le consentement quand il n'est pas là ! En droit civil, la théorie des vices du consentement caractérise dans le détail les défaillances du consentement, mais elle laisse dans l'ombre sa définition positive. L'histoire nous montre d'ailleurs que les juristes ont cherché la participation de l'homme aux institutions et aux obligations dans des faits différents, selon les cultures et les époques. Avant la modernité, le consentement ne se libère pas de rites et de la religion : le mélange des sangs (blood-covenant), la communion alimentaire, la tradition (la remise d'une chose), le serment, l'imposition des mains... La modernité juge ces conceptions superstitieuses et dépassées. Est-elle plus avancée, en requérant la simple manifestation de volonté ? A-t-elle réussi à établir une volonté libre et éclairée ?

12/2021

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Beaux arts

Salons et expositions Bordeaux (1771-1950). Répertoire des exposants et liste de leurs oeuvres (3 volumes)

Notre initiative d'un corpus éditorial consacré aux Salons artistiques de province (corpus amorcé avec les Salons de Lyon par D. Dumas, les Salons du Havre et de Rouen par G. Bonnin et F. Lespinasse, les Salons de Dijon) conforte l'assurance d'une Histoire de l'Art qui ne se confond pas entièrement avec celle des Salons parisiens. En France, à partir de la Monarchie de Juillet jusqu'au Second Empire, des Sociétés des Amis des Arts sont fondées en maintes villes, qui organisent des expositions" des Beaux-Arts". Ce corpus consacré aux Salons artistiques de province s'enrichit aujourd'hui d'une nouveauté d'importance : les Salons de Bordeaux, le répertoire exhaustif des oeuvres présentées à Bordeaux de 1771 à 1950, telles qu'elles sont décrites dans les sources imprimées disponibles, généralement des catalogues ou livrets. Voici la liste de ces sources : - Les Salons de l'Académie de peinture, sculpture et architecture de Bordeaux (1771-1787) - La Société Philomatique ou Exposition des Produits des Arts et de l'Industrie (1827 à 1895) - La Société des Amis des arts de Bordeaux (1830 à 1939) - L'Atelier (1906 à 1950) - Les Artistes Indépendants Bordelais (1928 à 1950-1951) - Le Salon d'Automne de Bordeaux (1899, 1946 et 1947) - Le Salon de Mai de Bordeaux (1947) - Le Studio (1931 et 1934) - L'OEuvre – Société des Artistes de Guyenne (1935 à 1937) - Le Salon des Arts Décoratifs de Bordeaux et du Sud-Ouest (1922 à 1924) - L'Exposition Internationale des Beaux-Arts de la Ville de Bordeaux (1927) - Le Salon des Société Artistiques de Bordeaux (1941 à 1944) Cet ensemble d'environ 165 catalogues, tous décrits soigneusement, d'un accès souvent compliqué, a été organisé simplement sous forme de répertoire alphabétique des artistes avec la liste chronologique des oeuvres présentées. Nous arrivons ainsi à une somme de 7000 artistes qui ont présenté tout au long du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, des oeuvres diverses, peintures, aquarelles, sculptures, gravures, projets architecturaux, art appliqué, etc. Ce nouveau répertoire manifeste, une fois de plus, la vitalité des capitales provinciales en France. Pour Bordeaux, ce dynamisme se fonde sur une activité commerciale et industrielle qui a apporté des liquidités aux élites leur permettant d'encourager les beaux-arts, les arts décoratifs ou industriels ou appliqués. Cet élan se concrétise par l'émergence du musée des beaux-arts de Bordeaux et de la constitution de ses collections, qui sont redevables de manière notoire aux manifestations qui nous intéressent. Les oeuvres présentées ne se cantonnent pas à la production nationale. On trouvera de nombreux artistes étrangers présents à Bordeaux (Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne principalement). La" façade atlantique" est ouverte au vent du large, aux influences européennes. La variété et la qualité des oeuvres décrites dans les livrets des expositions de groupes qui se sont tenues à Bordeaux dès le XVIIIe siècle et jusqu'au XXe en sont la preuve. Bordeaux peut être fière de son musée, de son goût pour les arts qui se perpétue encore aujourd'hui par les manifestations culturelles qui font le prestige de la capitale des Girondins.

05/2017

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Aristote

Les choses mêmes. La pensée du réel chez Aristote, Edition revue et corrigée

Quand on lit Aristote dans son texte, on est frappé par la fréquence du retour d'expressions comme "la science de la chose" , "à partir de la chose elle-même" , "dans la nature de la chose" ; les physiciens présocratiques n'ont pu deviner l'essence, dit Aristote, que parce qu'ils ont été "poussés par la chose elle-même" . Si ce retour insistant ne se manifeste pas toujours dans la version française du texte, c'est parce que le terme grec de pragma/? ??? ? ? recueille en lui tout un faisceau de sens que la traduction fait éclater en termes distincts : ??? ? ?? se traduit par chose, mais aussi par cause, au sens juridique du terme, et par affaire. ??? ? ?? recouvre donc le champ des choses naturelles, mais aussi celui de la politique ; qui est l'affaire de tous et la cause d'un chacun, et que les Anciens nommaient "affaires communes" et "chose publique" . Ce sens anthropologique s'est oblitéré de nos jours, si bien que la signification de ??? ? ?? est beaucoup plus large que celle du vocable moderne de chose. La largeur du champ de ??? ? ?? invite à faire porter l'analyse sur l'ensemble de l'oeuvre d'Aristote. Sous son aspect négatif d'abord, avec la critique de là sophistique et du platonisme ; sous son aspect positif ensuite, tel qu'il se déploie en trois perspectives essentielles : la relation de l'homme aux choses par la connaissance ; la nature propre de la chose concrète telle qu'elle subsiste par soi dans la nature ; la réalité politique, qui certes est l'oeuvre de l'homme, mais qui aussi subsiste à l'extérieur de lui dans la Cité d'une manière autonome comme ré-publique. On sait que les textes publiés par le Stagirite ont été perdus, et que le Corpus est constitué de notes de cours rédigées à des époques différentes. C'est dire que le philosophe méditant les écrits d'Aristote ne peut faire l'économie de considérations philologiques, lesquelles ne sont pas ici surcharge érudite mais font corps avec l'interprétation. Ainsi, l'étude précise de l'évolution d'Aristote dans sa théorie du sentir éclaire la genèse du traité De l'âme et invite à reconsidérer le problème de la date de sa rédaction. On résume souvent par le mot de "réalisme" l'inspiration de la pensée d'Aristote, réalisme "naïf" ajoutent certains naïfs pour désigner une pensée parfaitement au fait de ses présupposés. Mais si le réalisme se définit comme visée du réel, il se trouve affecté d'une énorme ambiguïté puisque la réalité est ce que tente d'exprimer toute philosophie. Une inspiration philosophique va donc se caractériser par le lieu particulier où elle invente de situer ce réel énigmatique ; si Aristote ramène la philosophie du ciel sur la terre c'est parce que, refusant de voir ce réel dans un monde idéal séparé, il veut lire l'essence dans les choses de ce monde, les ??? ? ??? ? . Le recours ici fait, à travers la pensée d'Aristote, au sens ancien de ??? ? ?? vise à revaloriser la notion de chose, à lui redonner l'ampleur qu'elle a perdue en se bornant à désigner de nos jours l'objet simplement inerte.

04/2022

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Musique

Spectres n° 03. Fantômes dans la machines

L'expression "fantôme dans la machine" a trouvé naissance dans un contexte particulier, celui de la critique du dualisme cartésien séparant l'âme et le corps, renouant ainsi avec un certain matérialisme mécaniste. Pour le dire simplement, cette approche nie l'existence d'une âme indépendante (le fantôme) qui serait véhiculée par un organisme corporel (la machine). Elle affirme, au contraire, que "l'âme" n'est qu'une manifestation du corps et ne fait qu'un avec lui. Si cette question est encore délicate à trancher, risquant à tout moment de glisser dans le registre des croyances, elle se réactualise à présent autour de l'émergence des intelligences artificielles : est-ce qu'une telle intelligence existe ? Ne se réduit-elle pas à la somme des opérations binaires qui la génère ? Et qu'est-ce au juste que l'artificiel ? L'artificiel porte toujours en lui un fantasme d'émancipation, d'autonomie et de rupture avec un ordre supposé naturel des choses. Il est subversif. L'IA, en tant, justement, qu'artificielle, embrasse une telle subversion, hybridant les mythes prométhéen et faustien, augurant tout autant de promesses que de dangers potentiels, poussant les enjeux aussi haut que la survie ou l'extinction de l'humanité. A ce titre, le domaine de la création musicale fait figure d'avant-poste. Il est à la fois un terrain d'exploration des applications possibles de l'IA et un domaine possédant déjà une histoire assez longue dans l'intégration des machines et leur puissance de calcul dans le processus de création. De la composition algorithmique aux méthodes de resynthèse, de l'approche logique à la création de systèmes cybernétiques, de la naissance de l'informatique musicale aux réseaux de neurones, la musique, depuis plus d'un demi-siècle, a entamé un dialogue ininterrompu avec l'univers binaire des flux d'électrons et des systèmes de plus en plus complexes qui les gouvernent. Les textes réunis ici racontent, chacun à leur manière, une face différente de ce prisme étrange que forme une telle alliance. Ils projettent chacun un spectre particulier, révèlent un fantôme, et évoquent une apparition composite d'idées, d'électricité et d'opérations. Ce livre ne se destine donc pas à essayer de trancher le noeud gordien que constitue la question des possibles devenirs et mutations de la logique binaire, et notamment de son dernier avatar, l'IA. Il propose au contraire d'apporter un éclairage multiple sur les manières possibles de s'en emparer, des rêves, des promesses et des doutes que ces devenirs soulèvent, qu'ils s'actualisent dans la création de codes et de programmes pour chevaucher les sons, qu'ils insufflent tout un projet compositionnel, qu'ils révèlent l'algorithmique chez l'humain ou encore qu'ils s'emparent directement de la rédaction du texte lui-même, se hissant à la hauteur de l'auteur. Mais plus que tout, l'enjeu, ici, est d'établir en quoi ces devenirs peuvent résonner et comment cela se manifeste, au travers de toutes ces démarches, de tou

10/2021

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Critique littéraire

Oeuvres complètes. Livre sur la vie de Julius Agricola ; De la Germanie ; Dialogue des orateurs ; Les Histoires ; Les Annales

Né en Gaule narbonnaise, Tacite a vécu entre la seconde moitié du Ier siècle après J.-C. et le début du IIe. Une période sombre au cours de laquelle se succèdent à la tête de l'Empire romain des souverains fous et sanguinaires (Tibère, Caligula, Néron...) et des empereurs plus respectueux de la morale et du peuple (Vespasien, Titus et Domitien). Le génie de Tacite tient à ce qu'il est à la fois un historien qui s'appuie sur des informations vérifiées, écartant les deux écueils majeurs qui menacent la véracité des faits : la flatterie du pouvoir en place et la haine de ce dernier, un portraitiste admirable de précision et de vitalité, un moraliste au patriotisme intransigeant qui dénonce les turpitudes des empereurs comme de la plèbe, un écrivain au style étincelant qu'admiraient Racine et de Gaulle, un conteur inouï dont les évocations font resurgir la Rome antique souvent mieux que le cinéma ne l'a fait depuis lors. Tacite s'est mis tardivement à la composition littéraire, consacrant son talent à l'art oratoire dans lequel il était considéré comme un maître de premier ordre. La pitié filiale et l'admiration que lui a inspirées son beau-père lui dictent l'oraison funèbre de ce dernier, La Vie de Julius Agricola, devenue un véritable manifeste politique contre le pouvoir. Une décennie plus tard, Tacite revient dans le Dialogue des orateurs sur les problèmes de fond et de forme liés à l'exercice de l'éloquence. Ces premières œuvres, auxquelles il faut ajouter De la Germanie, ont pour trait commun de comporter une analyse riche et documentée de l'histoire contemporaine de Rome. Suivra l'élaboration de ses deux grandes sommes fondamentales, Les Histoires et Les Annales. On retrouve dans l'ensemble de ces textes les deux préoccupations majeures de Tacite : l'affaiblissement de la puissance romaine et la dégénérescence du pouvoir impérial pendant un tout Ier siècle marqué par des drames et des dérives catastrophiques ; la menace des peuples barbares dont les Romains ne se soucient guère alors qu'elle pèse de plus en plus sur leurs frontières. Tacite est un historien rigoureux dans la lignée de ses maîtres, Tite-Live et Salluste. Pour lui, l'écriture est un engagement et une forme de devoir, car la dénonciation des dysfonctionnements de l'Etat est une façon de le servir en attirant l'attention des responsables. Pour Tacite, l'historien a une fonction morale essentielle vis-à-vis de ses lecteurs. " Mon dessein, écrit-il, n'est pas de rapporter toutes les opinions, mais seulement celles qui se signalent par leur noblesse ou par une insigne bassesse : j'estime en effet que c'est la tâche principale de l'annaliste de ne pas passer sous silence les vertus et d'inspirer aux paroles et aux actions perverses la crainte de l'infamie réservée pour la postérité. " Maître de la langue latine, Tacite est aussi un styliste dont la puissance et la vigueur tiennent pour une grande part à son sens exemplaire de la concision.

02/2014

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Romans historiques

La terre des Guaranis

Ce roman historique évoque l'épopée et la tragédie des Guaranis au XVIIIe siècle, à l'époque des reducciones jésuites en Amérique du Sud. On sait que ces missions jésuites auprès des Indiens guaranis ont duré près de 150 ans, de 1609 à 1768. Les terres des Guaranis s'étendaient sur une surface immense, correspondant, en termes actuels, au nord de l'Uruguay, au sud-est du Paraguay et traversant le Brésil et l'Argentine. Le fonctionnement des " réductions " était tout à fait particulier. Toutes bâties sur le même plan - au centre du village se trouvaient l'église et un collège (l'enseignement pour les garçons et les filles était obligatoire pendant cinq ans), qu'entouraient des écoles d'artisanat et des ateliers - elles étaient gouvernées par un corregidor guarani, l'autorité spirituelle étant exercée par les deux jésuites - au maximum - qui vivaient dans chaque " réduction ". L'élevage et la culture du maté étaient les grandes ressources de ces communautés, où les Guaranis, qui s'étaient volontairement mis sous la souveraineté du Roi d'Espagne, vivaient libres, dispensés du servage. La Terre des Guaranis nous fait revivre, à partir de 1740, la vie d'une de ces " réductions ", à l'époque de leur apogée puis de leur déclin. Les razzias des bandeirantes, esclavagistes portugais du Brésil, constituent une menace permanente. Les appétits des grandes puissances sont manifestes. Le traité signé en 1750 entre le marquis de Pombal et Ferdinand VI, au terme duquel l'Espagne cède au Portugal une grande partie du territoire des Missions, sonne le glas des " réductions ". La suppression de la Compagnie de Jésus aggrave la situation des Guaranis. Ils ne pourront résister longtemps aux armées espagnole et portugaise qui imposent l'application du traité. Mais l'idéal des " réductions " n'est pas pour autant effacé des terres ni des cœurs des Guaranis, qui semblent pourtant condamnés à retourner à l'état nomade. Eugenio Corti a peint ici une superbe fresque historique sur trois générations, nous faisant suivre les vicissitudes d'une communauté qui ne plie pas devant la violence de l'Histoire, et a créé des personnages inoubliables. La peinture de la vie quotidienne de la " réduction " et des éternelles passions des hommes, alternent avec d'admirables descriptions de scènes de batailles, de la forêt, de voyage vers les grandes villes, où parviennent, tamisés, les échos des événements qui sont en train de bouleverser l'Europe. Dans ce roman, l'auteur du Cheval rouge use d'une technique narrative inédite, d'une grande efficacité, qui situe le lecteur à la fois au cœur des événements et de la création littéraire, le plongeant dans une atmosphère captivante qui constitue sa signature.

10/2008

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Poésie

Poésie spatiale. Une anthologie

Pierre Garnier est un poète, écrivain, critique et traducteur français né le 9 janvier 1928 à Amiens. Il vit aujourd'hui à Saisseval. Après des études en France et en Allemagne au détour de la guerre, il débute en poésie au sein de l'Ecole de Rochefort sous l'oeil de Jean Rousselot. Il entre ensuite aux éditions André Silvaire qui deviendront avec la revue Les Lettres le pivot de la poésie spatiale, mouvement qu'il fonde avec sa femme Ilse Garnier. Quant à Ilse Garnier, elle est une poétesse spatialiste française née en 1927 à Kaiserslautern en Rhénanie-Palatinat en Allemagne. Elle rencontre Pierre Garnier en 1950, qui deviendra son mari. Le spatialisme, terme créé par Pierre Garnier, se rattache à la poésie concrète, mouvement poétique international né dans les années 50, avec des ramifications aux Etats-Unis, en Amérique Latine, en Europe et au Japon. Parmi les poètes qui ouvrirent sur la poésie concrète, on trouve Mallarmé (avec son poème Jamais un coup de dés n'abolira le hasard), Cummings, Pound... Pierre & Ilse Garnier sont importants à un double titre : Poètes, ils ont creusé par leurs recherches formelles l'espace de la poésie spatiale, en ont toujours reculé les limites pour qu'il soit toujours un terrain de réflexions, d'expérimentations et d'émotions ; Ambassadeurs sans répit, ils ont été les premiers à faire connaître, en France, toutes les formes de poésies concrètes qui existaient à travers le monde, en multipliant les contacts et les projets avec des poètes japonais, brésiliens, cubains, uruguayens, américains, autrichiens, suédois, italiens, espagnols, allemands, tchèques, etc., participant ainsi activement de ce qui fut peut-être la plus grande internationale poétique jusqu'à ce jour. De plus, leur activisme fit beaucoup pour la génération des poètes qui suivit : effectivement, des poètes comme Julien Blaine ou Jean-François Bory doivent beaucoup à leur activisme et à leur générosité... cette anthologie se découpe en trois parties : de la page 5 à 67 : un essai d'Isabelle Maunet-Saillet, intitulé "la poésie spatiale : vers Ilse et Pierre garnier". Dans cet essai, l'auteure retrace la naissance et l'histoire de la poésie spatialiste, la resitue dans son contexte littéraire, historique et politique, en dégage les principaux enjeux et nous offre quelques clés de lecture essentielles ; de la page 69 à 247 : la totalité des manifestes et textes théoriques écrits par Ilse et Pierre Garnier de 1962 à 1966 ; de la page 249 à 643 : une anthologie des principaux poèmes d'Ilse et Pierre Garnier, quimet en évidence l'évolution de leur écriture, leur singularité qui fait de cet espace poétique un espace unique, et les liens (intellectuels, poétiques, politiques, affectifs) qui lient les deux poètes.

11/2012

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Théâtre

Ecrits sur le théâtre. Tome 2, Edition revue et augmentée

L'aventure de Vsevolod Meyerhold des années 20, c'est celle d'un artiste qui s'engage résolument et rapidement aux côtés de la Révolution, parce qu'il ne peut séparer révolution politique et révolution théâtrale. Son " Octobre théâtral " ouvre la scène à la rue, au travail corporel (biomécanique) et à l'analyse politique. L'étude des grandes traditions commencées dans les années dix s'approfondit. Le plateau devient un laboratoire, esthétique et politique, où l'on expérimente et élabore des techniques complexes, où l'on prend tous les risques. On verra, dans ce volume fortement augmenté, les incroyables obstacles rencontrés dès 1918 à Moscou par Meyerhold pourtant membre du parti communiste, les fermetures ou menaces de fermeture de son théâtre, ses polémiques violentes avec ses disciples, les liens tissés avec E. Vakhtangov... On comprendra mieux l'intérêt pointu porté par le metteur en scène aux " neurosciences " de son époque et son approche scientifique et musicale du jeu d'un acteur-poète. Meyerhold remet en cause, radicalement, tout le théâtre. Il dénude la scène en y installant la machine à jouer constructiviste, il utilise les techniques de cirque, de cinéma, et toute son immense culture plastique et musicale. Il pratique collage et montage dans un travail dramaturgique poussé sur le grand répertoire classique russe - ce qui lui permet de regrouper autour de lui de nouveaux auteurs (N. Erdman). 1917-1930, c' est aussi la période de collaboration avec V. Maïakovski, " l'ami bien-aimé ". Avec le suicide du poète, Meyerhold perd un de ses grands soutiens. Une corde se brise et l'on parle déjà de cette chose suspecte que serait le " meyerholdisme "... Cet ouvrage dont la construction nouvelle cherche à rendre toute l'effervescence créatrice de l'artiste-chercheur, curieux de tout et présent sur tous les fronts, se termine sur cette date tragique. Quatorze spectacles dont pas un ne répète l'autre en quatorze ans à peine - sans compter les travaux de laboratoire, les projets avortés (neuf au théâtre et au cinéma), la participation à des spectacles réalisés par d'autres. Des textes de critiques ou de collaborateurs ont été introduits dans ce livre pour que le lecteur puisse se faire une meilleure idée des spectacles et des débats passionnés qu'ils soulevèrent. Ce corpus " étranger " complète le corpus meyerholdien - proclamations, manifestes, interventions, exposés, entretiens, cours, conférences, programmes de travail, articles - produit dans le feu de l'action. Meyerhold crée et parle beaucoup en ces années-là, d'où les guillemets qu'il faudrait sans doute mettre à " Ecrits " sur le théâtre pour ce tome 2. " Le trésor " disait S. Eisenstein en parlant des archives de son Maître qu'il eut par la suite le courage de cacher. Pour nous aussi, sans aucun doute, encore un trésor... Béatrice Picon-Vallin.

09/2009

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Beaux arts

Cergy Ygrec. Tableaux actuels d'une ville nouvelle

Le village de Cergy s'est trouvé pris à la fin des années 1960 au centre d'une agglomération nouvelle voulue par l'état et les aménageurs. 50 ans sont passés comme autant d'années d'une chronique urbaine et humaine : c'est l'occasion pour le sociologue et écrivain Jean-Michel Léger et le photographe Jean-Yves Lacôte d'y revenir et d'en saisir les contours actuels. " Cergy, dès sa construction, a été une ville de brassage, soixante nationalités différentes, Français venus de toutes les provinces. Je trouvais cela prodigieux, une ville pareille, à quarante kilomètres de Paris, cette possibilité d'être ensemble entre gens arrivant de partout. Une ville où il n'y a pas, comme à Rouen, Bordeaux, Annecy – les villes où j'ai vécu – un coeur 'bourgeois', inscrit dans les murs, dans les rues, cette puissance ancienne d'un ordre social, de l'argent, manifestée dans les bâtiments " (Annie Ernaux, Le vrai lieu, Gallimard, 2014). Le petit village de Cergy, dans son écrin de verdure et son univers champêtre, s'est trouvé pris à la fin des années 1960 au centre d'une agglomération nouvelle voulue par l'état et les aménageurs. La création de " centres urbains nouveaux ", à l'échelle de l'Ile-de-France, a apporté des réponses à la croissance démographique et à l'étalement urbain en réalisant un développement multipolaire. 50 ans sont passés comme autant d'années d'une chronique urbaine et humaine faite de ruptures et de continuités, planifications et changements de programme, superpositions et hésitations, lenteurs et fulgurances, échecs et réussites. Dans l'aventure de la ville nouvelle, Cergy est celle qui a connu les bouleversements les plus importants et la croissance démographique la plus spectaculaire, passant de 2 500 habitants en 1969 à plus de 62 000 aujourd'hui. Chaque quartier, constitué autour d'îlots ou d'unités de voisinages, témoigne d'une extraordinaire diversité architecturale, urbaine, paysagère et sociale. En résulte une forme urbaine complexe, vivante, entrelacée de pleins et de vides, de parcs, de routes et de sentiers, de liens et de passages propices à toutes sortes de circulations. Toujours en travaux, travaillant ses limites et son centre, la ville aime se contredire et se mêler, comme sa population, à l'air du temps. En s'attachant aux ambiances singulières des quartiers, aux édifices-témoins et emblématiques (de la Préfecture à l'Axe majeur, par exemple), à ce qui fait lien ou rupture entre les quartiers, le photographe Jean-Yves Lacôte donne à voir autant une histoire des formes urbaines que la manière dont on les habite aujourd'hui, dont on se les approprie ou les détourne. Une photographie-constat de 50 ans de vie (non pas " après " mais " pendant ").

05/2019

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Essais

Empavillonner

Qu'il s'agisse, entre autres exemples, du Pavillon France réalisé par l'architecte Jean-Paul Viguier à l'occasion de l'Exposition Universelle de Séville (1992), de celui des Pays-Bas signé de l'agence MVRDV dans le cadre l'Exposition Universelle d'Hanovre (2000) ou encore, avant eux, des pavillons présentés comme "manifestes de la modernité" , tels que ceux de Richard Buckminster Fuller (Pavillon Etats-Unis, île Sainte-Hélène, Montréal, 1967), de Le Corbusier (Pavillon Philips, Bruxelles, 1958) de Robert Mallet-Stevens et des frères Martel (Pavillon du tourisme, Paris, 1925), tous sembleraient procéder d'une même intention (ou prétention)? : celle de définir les voies et préceptes d'une architecture résolument nouvelle laquelle, contestant ou refusant parfois ce qui a cours, préfigure et marque de quoi serait faite l'époque à-venir. Profitant aujourd'hui d'un certain recul, il est permis de constater quel aura été le devenir de ces tentatives architecturales ? : pour bon nombre d'entre elles, des "reliques" d'un temps révolu, des ruines (à l'image d'éléphants blancs), également des friches ou encore des déserts... Les stigmates d'édifications avancées comme "prototypiques" alors tombées dans l'oubli. C'est comme si ce qui s'était naguère pensé, tenté n'avait été, en réalité, que la consécration et "apothéose" d'une Culture de l'éphémère ? : un brusque et bruyant "déballage" de savoir-faire souvent techniques-technologiques, l'empreinte autrefois rutilante d'une audace créative ou encore une authentique démonstration de force, de puissance (un geste à l'énergie concentrée et dispersée) consacrant l'emprise et assise économiques, culturelles des états commanditaires pris au coeur d'une inexorable compétition mondiale. Aussi, bien plus que de conclure à l'échec du nouveau ? -? celui de ne pouvoir triompher qu'en de trop rares occasions ? -, reviendrait-il plutôt de s'interroger sur la fonction et les visées véritables de ces constructions, sur ce qui s'édifie et se programme vraiment au travers de la forme même du Pavillon, soit sur ce qui s'empavillonne. C'est-à-dire tout à la fois s'incorpore, se cristallise et se disperse en de multiples cellules pavillonnaires d'exposition entremêlant idées, visions, concepts et conceptions, également systèmes, stratégies, postures et positions tactiques... Conviendrait-il, en outre, de se demander quels places et rôles tiennent la maîtrise d'ouvrage ainsi que le commanditaire dans la pérennisation (et non seulement la conservation) de l'oeuvre architecturale. C'est très exactement là le cadre d'étude de cet ouvrage à paraître ? : s'appuyant sur des exemples précis, il s'agit de comprendre et de donner à lire de quoi le Pavillon est effectivement le projet.

03/2021

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Fantasy

La ballade funèbre de Hart & Mercy

Hart est un ranger, chargé de patrouiller les contrées sauvages et magiques de Tanria. C'est un travail ingrat qui lui laisse le temps de réfléchir à sa solitude. Mercy n'a jamais un moment pour souffler. Elle essaie tant bien que mal de maintenir à flot l'entreprise familiale de pompes funèbres, au mépris d'abrutis comme Hart, qui semble avoir le don de se manifester quand elle n'a plus aucune patience ! Après une énième dispute avec Mercy, Hart écrit sur un coup de tête une lettre qu'il adresse simplement à un ami. A sa grande surprise, il reçoit une réponse : une missive anonyme, la première d'un échange de plus en plus intime et réconfortant. Si seulement Hart savait qu'il a mis à nu son âme à la personne la plus exaspérante au monde - Mercy... Tandis que les dangers de Tanria se rapprochent, le lien qui unit Hart et Mercy devient de plus en plus fort. L'amour naissant entre eux survivra-t-il à la découverte fatale que leur cher correspondant se trouve être leur pire cauchemar ? "Un mélange unique et charmant de légèreté et de macabre qui m'a complètement séduite. Si vous rêviez d'une romance rappelant Le Château ambulant, vous l'avez trouvée ! " Helen Hoang, The Kiss Quotient "Avec son univers merveilleusement unique, ses personnages adorables et son mélange original d'humour et de romance, La Ballade funèbre de Hart et Mercy est un roman de fantasy hors du commun. J'ai adoré sa folie et son authenticité. Un de mes livres préférés ! " India Holton, The Wisteria Society of Lady Scoundrels "Si Lewis Carroll et Nora Ephron avaient joint leurs forces pour écrire un western magique, ils auraient produit La Ballade funèbre de Hart et Mercy. Une aventure résolument excentrique pleine de dieux morts, de zombies, de drames familiaux, de lettres d'amour à tomber - sans oublier un très, très gentil chien. La Ballade funèbre de Hart et Mercy déborde de romantisme comme un cadavre déborde de fluides douteux". Freya Marske, A Marvellous Light "Parfait pour les lectrices qui adorent les histoires d'amour/haine matinées de romance épistolaire. Je suis venue pour le cadre fantasy divertissant, je suis restée pour Hart et Mercy". Ruby Dixon, Ice Planet Barbarians "Ce livre est une romance moelleuse (et brûlante ! ) enrobée d'une couche de fantasy décalée, pareille à une friandise au chocolat décadente. Un peu sucrée, un peu épicée et piquante. Totalement gourmande ! " Davinia Evans, Notorious Sorcerer "Une romance adorable et macabre parlant de la vie, de la mort, de vivre pour de vrai ! J'ai pleuré deux fois et beaucoup souri". Olivia Atwater, Half a Soul

03/2024

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Sociologie

Le Petit Livre Rose. Nous, le Peuple, On veut la Paix !

"Le Petit Livre Rose - Nous le peuple, on veut la paix ! " de Nathalie Kesler : avancer vers l'ingénierie de la paix pour annihiler toute barbarie. Tous les jours, sous nos yeux, le spectacle que nous livre le monde est d'une désespérante tristesse. Nous pouvons tous observer l'extrême pauvreté qui côtoie l'extrême richesse... Pourtant, alors que des politiques mondiales se sont rapidement mises en place pour la vaccination, il n'existe aucune volonté commune pour en finir avec la misère. L'erreur serait-elle d'attendre que la paix vienne des hautes sphères ? Avec "Le Petit Livre Rose", la Présidente fondatrice de l'ONG Pangée Nathalie Kesler veut faire évoluer rapidement les consciences car, tous, à notre échelle, nous avons le pouvoir de devenir des diplomates citoyens oeuvrant pour la paix. Il ne s'agit plus d'intervenir après les conflits et de se contenter de commémorer la paix. Désormais, les mesures et les moyens doivent porter sur la prévention. Ce mouvement commence à mobiliser partout dans le monde, où des projets éducatifs voient le jour (ex : Université de la Paix au Costa Rica), mais la France est encore très en retard dans ce domaine. Le Petit Livre Rose, à la fois court et dense, est une invitation à oser mettre en place une véritable ingénierie de la paix, cette nouvelle approche de la citoyenneté qui lutte contre la fatalité en s'attaquant aux racines du "Mal Radical". Il est actuellement disponible en pré-commande sur Amazon, et bientôt pour tous les habitants du monde, puisqu'il va être traduit dans de nombreuses langues (la traduction espagnole a par exemple déjà débuté). Il existe actuellement plein de livres de toutes les couleurs, mais tous avec la même finalité guerrière : le livre blanc de la défense, le livre vert de Mouammar Khafadi, le livre rouge de Karl Marx... Avec ce nouveau livre rose, je veux donner une tonalité radicalement à contre-courant, puisqu'évolutionnaire et pacifiste. Nathalie Kesler 51jprZq5MjL L'ingénierie de paix, un concept fort et riche de sens Pourquoi le thème de la paix est-il associé à des connotations utopistes ou "new age" ? Ce sujet n'est pourtant pas une notion floue, fruit d'une rêverie de quelques bobos rêveurs... La paix se construit et suppose donc une approche rigoureuse. "Le Petit Livre Rose" est ainsi structuré en 3 parties. Log PG 2 La première partie présente l'Ingénierie de Paix L'auteure tente d'en édifier une réalité augmentée par de l'intelligence conceptuelle, afin de densifier l'aura déjà acquise par les termes de "culture de paix", actuellement en usage au sein de l'UNESCO, l'organe international qui déploie le plus l'attention sur ce thème. Par un rapide historique de son évolution, la fusion des termes invite le lecteur à croire davantage au caractère rationnel et possible d'une future paix mondiale. Certaines propositions sont émises, dans le but d'éradiquer le maximum de conflits meurtriers, ainsi que de violences. La seconde partie propose un nouveau système dénommé " La Nouvelle Pangée", en référence au terme géographique de continent originel. Du découpage Aristotélicien de la monnaie en unités de mesure, vers un monde d'unités de valeur qui espère dans l'idéal kantien de paix perpétuelle, le nouveau système s'emploie à mettre en valeur les talents de chacun (terme autrefois utilisé pour de la monnaie), et se détourne de l'obscure "gouvernance mondiale" occulte qui se déploie de nos jours. Et ce, afin de faire éclore un système de participation des individus, qui soit transparent, et où chaque personne sur la planète peut faire éclore sa créativité et son aptitude au bonheur collectif. Nathalie Kesler pose par conséquent la première pierre au futur système d'échanges de biens et de services adossé à des valeurs éthiques : Ce programme politique, découpé en PARTS de ressources et en PANS d'activités, serait notamment basé sur l'égalité des temps de vie des individus citoyens, de plus en plus responsabilisés, et d'autres valeurs à haut potentiel (ex : pénibilité des tâches, mérite de générosité ou efforts concrets déployés pour la construction de la paix). La dernière partie concerne l'élaboration de termes nouveaux pour repenser l'impensé et les non-dits de ce monde. Il s'agit de conscientiser nos échecs à construire la paix du fait d'une vacuité conceptuelle béante autour de ces thématiques. Comment remédier à des maux dont le champ notionnel est pauvre ? Mettre l'accent sur la nécessité d'élaborer des néologismes pour désigner une réalité, ou élaborer une réflexion sur l'éradication de la misère dans le monde, qui oeuvre sur ses causes profondes, et non pas seulement sur ses conséquences, où le processus de résilience est parfois difficile, voire désespéré, une fois les traumatismes perpétrés. Nathalie Kesler : Je suis une preuve aberrante d'un des tabous de ce monde : le vol des enfants, un acte de fragilisation volontaire politique. On a beaucoup parlé des enfants volés de la RDA ou de ceux de La Réunion, mais cette situation est beaucoup plus fréquente qu'on ne le croit, et elle se déroule le plus souvent avec la coopération directe ou indirecte des Etats. La troisième partie s'achève donc par l'élaboration embryonnaire d'un lexique et de termes nouveaux élaborés pour la "Nouvelle Pangée". Ce livret, enfin, est un condensé de références incontournables pour penser un monde sans argent. Possibilité de remporter une version papier du Petit Livre Rose La version papier du livre est en effet offerte à celles et ceux qui auront acheté la version numérique (offre limitée aux 50 premiers participants) et laissé des commentaires intéressants de propositions pour la paix sur les espaces commentaires des livres sur internet. Une fois cela effectué, il faudra simplement envoyer la preuve du commentaire, ainsi que ses coordonnées de livraison, à l'adresse suivante : cadeaux@parapacem. com De plus, pour 3 ebooks commandés, il sera également possible de demander sa version brochée offerte en cadeau. Sommaire Citations célèbres Sommaire Introduction La Nouvelle Pangée Nommer la paix, au-delà du verbe UNESCO et culture de paix Au-delà des religions Un système alternatif à l'argent Quels outils créer ?? Ingénierie de l'éducation à la paix Opération Pang-Or Basculer vers un monde sans argent et Constat du monde de l'argent Opération "Pang-Or" Objectif n°1 : créer une application universelle pour un monde fraternel et solidaire sans Argent. Objectif n°2 : oeuvrer à notre déconditionnement culturel : l'éducation à l'attrait du bien commun. Objectif n°3 : sortir de notre expectative et prendre le destin du Monde en main pour mettre en oeuvre notre réflexion en commun. Plafond Zéro : décompter les parts de ressources mondiales Acquérir un cadre de vie serein et de qualité Redéfinir le "travail" en Ressources d'activités humaines Rééquilibrage des PARTS de ressources en fonction des PANS d'activités en vue d'un rééquilibrage des inégalités Créer un institut de formation pour la Paix (Ingénierie de paix) Créer une université ou une première école Mettre au point l'EMA Système de défense mondiale commune Système optimise des savoirs mondiaux Ingénierie de paix planétaire et interplanétaires En Résumé Webographie Bibliographie Lexique IMG-20210728-WA0007 © Grégoire de Gaulle ADAGP Extrait Souvent, lorsque les gens me disent : "? la paix, c'est pas pour demain ? ", ou "? c'est une belle utopie ? "? ; "? les guerres ont toujours existé, il y en aura encore toujours ? ", etc. , alors je m'étonne que des Occidentaux, qui ont vécu comme norme quotidienne, un monde sans guerres, dans la plupart des pays européens, notamment ceux qui sont nés après-guerre, ou qui ne s'en souviennent pas ? ; ce qui constitue actuellement, en 2021, une majorité, ceux nés en 1940 ont déjà 80 ans, pour ainsi dire, la mémoire des guerres s'estompe, et si les commémorations sont nécessaires, il vaut mieux éviter de créer de nouvelles guerres pour convaincre de s'en passer plutôt que de tenter de nouvelles formes de guerres insidieuses, non armées, mais tout aussi dangereuses, qu'elles soient bactériologiques ou économiques... ... En bref, pourquoi ceux qui justement jouissent de la paix au quotidien (ici dans le sens de paix sans conflits armés) s'obstinent à plaider qu'elle n'existe pas, puisqu'ils expriment un paradoxe quasiment en flagrant délit d'imposture dans le sens où ils ont vécu dans un havre de paix toute leur existence, sans JAMAIS expérimenter de conflits armés de leur vie ! A ce titre, il faut remettre les pendules à l'heure, peut-être préciser que les guerres semblent nécessaires aux pays vainqueurs afin de maintenir l'équilibre des pouvoirs d'après-guerre, et maintenir des guerres afin de continuer à asservir certains pays au service des intérêts des pays en paix. C'est ici que la leçon est apprise de nos actes de colloque où l'on apprend que le Président de la troisième assemblée générale de 1948, Herbert Vere Evatt, ayant participé aux actes fondateurs de la charte de San Francisco, à l'origine des Nations Unies, avait bien écrit en réponse au courrier de Garry Davis que "? la mission des Nations Unies n'était pas de faire la paix, mais de la maintenir ? "... Dans cette lettre de Evatt : il rappelle que l'ONU a voté une résolution "qui demande aux grandes puissances de faire la paix" et ajoute : "Cette résolution illustre le fait indubitable que l'Organisation des Nations Unies, et en particulier l'Assemblée générale, n'a pas le pouvoir général ou la prérogative de faire la paix" . (article 107.) Les Nations Unies ont comme fonction primordiale "le maintien de la paix internationale, une fois que la paix sera établie" . Et appelle les peuples à participer "à son activité pratique de tous les jours" . Albert Camus avait bien mis en évidence cette supercherie dans son texte de défense de Garry Davis, lors de son incarcération : "L'Organisation des Nations Unies s'est engagée dans une attitude dont la logique mène à l'arrestation d'hommes

09/2021

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Beaux arts

Narcisse et Echo. Discours, essais et poèmes (1961-2019)

Dès les commencements, l'écrit a occupé chez Markus Lüpertz une place décisive. Dans les années 1960, c'est sous l'égide des Dithyrambes de Nietzsche qu'il réalise ses premières grandes séries de toiles ; il intitule Hölderlin son exposition de 1982 à Endhoven, Bleiben Sie sitzen Heinrich Heine un bronze de 1984, Heine-Hölderlin une toile de 1985 ; et il initiera encore d'autres compagnonnages, avec les oeuvres de Michel-Ange, Nikolaus Lenau, Theodor Fontane, Stefan George ou Stéphane Mallarmé. Parallèlement, il présente ses propres poèmes. Certains, d'une teneur polémique, figurent déjà dans les catalogues des grandes expositions de Baden-Baden (1973) et de Cologne (1979), et semblent servir avant tout la promotion de l'oeuvre peint ; d'autres, d'inspiration lyrique, voire élégiaque, assimilent résolument l'artiste à la figure d'Orphée, poète des poètes, au début des années 1980 ; de plus en plus souvent, par la suite, Lüpertz conçoit parallèlement, mais sans visée illustrative, les images et les textes de ses catalogues ; plus tard, ces deux supports dialoguent à nouveau dans les livres d'artistes. Au-delà des poèmes, enfin, les articles et les discours se multiplient lorsque Lüpertz accède à une existence et à des responsabilités publiques. En 1981, il monte pour la première à la tribune à la Royal Academy de Londres ; en 1988, il est nommé à la tête de la Düsseldorfer Akademie ; il prend bientôt la parole dans des musées, au salon du livre de Francfort ; il est publié dans le Spiegel et le Frankfurter Zeitung... - La suite de sa carrière ne démentira jamais cette volonté d'exister conjointement sur la scène artistique, littéraire et publique. C'est à l'éditeur allemand Siegfried Gohr et à la maison BuchKunst Kleinheinrich que l'on doit, en 2007, la parution en un seul volume de plus de quarante ans de textes, poèmes et discours de Markus Lüpertz. Intitulé Narziß und Echo. Texte, Reden, Gedichte. 1961-2004, cet ouvrage de poids (600 pages) rétablit un certain équilibre entre le plastique et l'écrit, et permet d'apprécier, par un regard d'ensemble, l'intégrité et la complexité de cette figure d'artiste. Le choix de l'ordre chronologique, dans la présentation des textes, met en évidence la germination et la ramification de grands thèmes sous des formes très diverses. L'art et les artistes occupent, évidemment, une place de choix : du manifeste "dithyrambique" des années 1960 aux grands discours d'hommage du début des années 2000, en passant par les poèmes provocateurs de Baden-Baden et de Cologne, les journaux de résidence et de création, les textes d'accompagnement performés lors du dévoilement de grandes sculptures, les conférences, les articles et les interventions sur des thèmes multiples ("Thema und Kunst" , "Das Geld - die Kunst" , "Frauen und Kunst" , "Kunst und Kommerz" ...), cette thématique est abordée dans une impressionnante variété de genres. Mais tout aussi remarquable est la constance avec laquelle Markus Lüpertz s'adonne à une poésie beaucoup plus proche de la tradition et s'autorise, sans jamais tout à fait se départir d'une ironie sûre de ses forces et d'un sens poussé du burlesque, à puiser dans les thèmes communs (l'amour, la déception amoureuse, la déception, le deuil, la peur, la mort...) pour en offrir une déclinaison fort personnelle. Le contraste avec un "professionnalisme" et une "grandeur" dénués de pathos, tels que le revendique l'oeuvre peint, est ici total, et le recueil provoque à cet égard un véritable dévoilement : car cette inspiration, loin d'être marginale, représente plus d'un tiers du volume.

06/2020

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Poésie

Douleur

Holan est né à Prague en 1905. Il a connu la fondation de la Tchécoslovaquie, l'occupation hitlérienne, la libération par l'Armée rouge, le régime soviétique. Il renonce alors à l'idéologie communiste et se retire du monde pour se consacrer à l'écriture. Après une interdiction de publication pendant près de vingt ans, l'horizon s'ouvre à partir de 1964 : Une nuit avec Hamlet est traduit dans une dizaine de langues et publié chez Gallimard (préfacé par Aragon), il reçoit le Grand Prix d'Etat, il est même pressenti pour le prix Nobel. Mais ces appels du monde ne suffisent pas à rompre sa solitude et il meurt en ermite en 1980. Cet "enfoncement en lui-même" est pleinement voulu : Holan est le poète de l'espace intérieur. Il est comme "le gardien de la maximalité du coeur" (Dominique Grandmont) : "Un tel amour / que tu n'as pas assez du monde, ne serait-ce que pour un pas". ("Il y a"). A la conscience, il préfère l'intuition. Au vivre, l'être. Aux mots, "un poème si simple et si limpide (...) qu'il ne puisse qu'être invisible" ("Témérité"). C'est là cette "dette" envers lui que se reconnaît Bouvier, qui signe la préface du présent recueil : "Cette impossibilité à dire absolument la création, cette marche nocturne et tâtonnante vers un point d'eau que la fugacité, la précarité mais aussi la lourdeur de la condition humaine nous interdisent à tout jamais d'atteindre, est sans doute le plus grand cadeau qu'un vivant puisse faire à son semblable". Douleur et Une nuit avec Hamlet sont les deux grandes oeuvres de Holan, découvertes par les lecteurs francophones surtout grâce au traducteur Dominique Grandmont, lui-même poète, et qui disait de lui : "Sa parole n'était que la partie émergée de son silence, son brasier intérieur". Dans sa préface à Une nuit avec Hamlet, Aragon lui rend à son tour un vibrant hommage : "Il est le plus haut des arbres de la forêt tchèque, celui qui est le plus près de l'orage, et ses yeux reflètent naturellement les éclairs" . Car cette oeuvre réputée sombre est pourtant fulgurante et souvent tout simplement lumineuse. Et surtout, empreinte d'un amour (complexe) de la poésie dont Holan fait, pour ainsi dire, son manifeste : "... car la poésie ne consent à nous parler qu'à une condition, à la seule mais inexorable condition de l'aimer. Je ne dis pas cela dans le vide : On ne peut rien faire sans amour. Sans amour, on ne peut même pas mourir". (Sur la poésie, 1940). Avec notre recueil Douleur, publié pour la première fois en 1967 par Pierre Jean Oswald et réédité chez Metropolis en 1994 grâce à l'intervention de Nicolas Bouvier, c'est une poésie de la sobriété, qui ne cède pas au moindre artifice, qui ne se veut même pas littéraire : "C'est ce qui n'est que poésie qui tue la poésie" ("Et de nouveau"). Une poésie qui ne demande qu'à s'invisibiliser pour rejoindre le monde, dans son impression la plus brute, la moins médiatisée possible. Cette disparition, ce tremblement de légèreté, pour reprendre les mots de Nicolas Bouvier, Holan en fait l'acte poétique par excellence. Que la forme poétique de ses textes ne fait que préparer, et dont ils ne donnent, comme par une infinie humilité qui n'est rien de moins que leur titre de noblesse, pas plus que le titre : "Même le poème le plus long du monde / n'en reste qu'au titre et la fin manque" ("L'automne à Vsenory").

03/2024

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Beaux arts

Yayoi Kusama

Yayoi Kusama est née en 1929 à Matsumoto, au Japon. L'infini, l'image de soi, la sexualité et la répétition compulsive sont des thèmes dont elle s'empare dès la fin des années 1950, avec les premières itérations de ses peintures Infinity Nets, de grandes toiles couvertes d'un interminable motif constitué de petits points. Ces oeuvres, que l'artiste qualifie d'"obsessionnelles", résultent de l'instabilité psychologique dont elle souffre. Elle part vivre à New York de 1958 à 1973, où elle parvient à s'imposer sur la scène artistique grâce à des créations dans l'air du temps, entre happenings, révolution sexuelle et manifestations contre la guerre du Vietnam. Entre Orient et Occident, ses oeuvres combinent le psychédélisme et la pop culture américaine des années 1960 à d'envahissants motifs répétitifs. Ses installations sont souvent de véritables performances, où elle recouvre le moindre espace de pois, de protubérances phalliques, ou d'un jeu de miroirs infini. Yayoi Kusama est considérée comme une artiste unique en son genre sur la scène contemporaine et ses oeuvres sont exposées par les musées les plus prestigieux à travers le monde. En 1993, elle représente le Japon à la 45e Biennale de Venise. En 1998-1999, une grande rétrospective intitulée Love Forever. Yayoi Kusama 1958-1968 est présentée aux Etats-Unis et au Japon (au Los Angeles County Museum of Art, au Museum of Modern Art de New York, au Walker Art Center à Minneapolis, et au Musée d'art contemporain de Tokyo). En 2012, son travail fait l'objet d'une nouvelle rétrospective à la Tate Modern de Londres, au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia à Madrid, au Centre Pompidou à Paris et au Whitney Museum of American Art, à New York. Elle a reçu de nombreuses récompenses et décorations, comme le prix Asahi en 2001, l'Ordre des Arts et des Lettres en 2003, le Praemium Imperiale, prix de peinture décerné par l'Association japonaise des Beaux-Arts en 2006, et l'Ordre du mérite culturel du gouvernement japonais en 2016. Laura Hoptman, historienne de l'art et conservatrice au MoMA, détaille dans son essai le parcours de Yayoi Kusama, entre peintures, performances et installations, tout en précisant le contexte artistique de chaque époque. Poète et critique d'art, Akira Tatehata aborde dans un entretien avec l'artiste la relation avec ses propres oeuvres et leur réception en Asie, en Europe ou aux Etats-Unis. L'historien de l'art Udo Kultermann fait de son côté le point sur Driving Image (1959-1964), une installation fondamentale qu'il a eu l'occasion d'exposer en 1966 à Essen, en Allemagne. Yayoi Kusama a également sélectionné des poèmes de Takuboku Ishikawa, célèbre poète ayant, comme elle, fait preuve d'une grande innovation formelle pour exprimer ses souffrances. Plusieurs écrits de Yayoi Kusama sont également présentés dans cet ouvrage, avec des interviews, des notes inédites sur ses happenings des années 1960 à New York, son manifeste de 1975, ainsi qu'une conversation avec Damien Hirst. Enfin, Catherine Taft se penche sur les créations les plus récentes de Yayoi Kusama, et sur la manière dont elles s'inscrivent avec toujours autant de pertinence dans le discours de l'art contemporain.

10/2017

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Littérature française

La vie comme un livre. Mémoires d'un éditeur engagé

Un document passionnant sur l'édition et la vie intellectuelle des quarante dernières années Enfant de Mai 68, Olivier Bétourné entre aux Editions du Seuil en 1977 alors que la maison, toujours dirigée par ses fondateurs, vit la fin des temps héroïques : si l'ombre de Jean Cayrol plane encore sur le comité littéraire, d'autres personnalités, comme Philippe Sollers ou Denis Roche, s'imposent peu à peu rue Jacob tandis que François Wahl érige, à l'écart du comité, un monument unique dédié aux sciences humaines. Mais c'est auprès de Jacques Julliard, éditeur d'essais politiques, que le jeune homme, entré comme simple lecteur, apprend le métier. En 1984, à trente-trois ans, Olivier Bétourné devient le numéro 2 de la maison. A la suite du changement de direction, il quitte en 1992 la rue Jacob pour rejoindre Claude Durand chez Fayard. La réussite du tandem est spectaculaire avant de se briser, huit ans plus tard, sur la retentissante affaire Renaud Camus. Accueilli en 2006 chez Albin Michel comme directeur général, Bétourné y poursuit son travail d'éditeur tout en s'attachant à percer le secret d'une maison réputée pour son exceptionnel savoir-faire commercial. Il revient finalement au Seuil en 2009, invité par son nouveau propriétaire à prendre la barre d'un paquebot à la dérive, défi qu'il relève en quelques années, parvenant - grâce à l'embauche d'éditeurs de talent, aux succès commerciaux et au retour de la maison dans la course aux prix littéraires - à redonner son éclat à sa maison, celle de ses débuts, la seule où il se soit toujours senti chez lui. Voici le parcours intime et professionnel d'un homme pleinement engagé dans son temps et dans son métier. Le récit s'ouvre sur une évocation très personnelle de ses années de formation au sein d'une famille libre et peu banale. S'ensuit la chronique, rapportée sur le mode épique, de la traversée par gros temps de l'édition française de ces quarante dernières années, le narrateur multipliant anecdotes et portraits nourris par l'abondante documentation qu'il a constituée lui-même : lettres, notes, procès-verbaux de réunions, mémos en tous genres, etc. Ce livre fera date pour la façon si personnelle qu'a son auteur d'inviter le lecteur à pénétrer dans les coulisses d'un monde hanté par le secret, à comprendre l'enjeu des joutes intellectuelles du temps et à revivre les crises auxquelles il a lui-même été confronté. S'attardant à saisir la personnalité des éditeurs qu'il a côtoyés (Paul Flamand, Michel Chodkiewicz, Jérôme Lindon, François Maspero, Claude Cherki, Claude Durand, Francis Esménard, Richard Ducousset, Hervé de la Martinière...), des figures fondatrices de sa maison de coeur (Jacques Julliard, Jean Lacouture, Philippe Sollers, Denis Roche, François Wahl...), des écrivains devenus ses amis (de Julien Green à Viviane Forrester et François Bon), des grandes figures intellectuelles dont il aura été l'éditeur (de Pierre Bourdieu à Jacques Derrida en passant par Alain Touraine et Elisabeth Roudinesco), Olivier Bétourné prend un plaisir manifeste à mettre son expérience en scène, échecs et insuffisances compris. Comme une invitation à poursuivre aujourd'hui le combat au nom d'une certaine idée de l'édition et de la culture.

09/2020

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Littérature française

GHERASIM LUCA. L'intempestif

L'œuvre de Gherasim Luca pourrait se prêter à la légende d'une traversée du dadaïsme, du surréalisme et de la " poésie sonore ", aventures de la création, qui fondent notre épopée moderne. Elle entretient pourtant avec ces avant-gardes une relation d'intimité qui n'est pas " allégeance " ni dialogue. Dès les premiers textes, l'écriture poétique naît du litige entretenu à l'égard des mythes littéraires, suspecte les récits rétrospectifs et lutte contre toutes les figures édifiantes auxquelles la modernité aime à associer l'écrivain. Elle tire sa singularité d'une intransigeance nourrie à l'encontre de ses propres idéaux. L'intempestif caractérise alors cette voix discordante qui s'empare des représentations philosophiques contemporaines et les place sous une lumière qui révèle subtilement les tensions irrésolues qui les traversent. La poésie est ici la danse de la pensée lorsqu'elle refuse toute précaution, et " comme le funanbule à son fil s'accroche à son propre déséquilibre ". Cette approche poétique de l'abstraction philosophique révèle les désirs qui la nourrissent et dessine, dans la langue, les contours sensuels parcourus par l'idée avant son expression. La poésie de Gherasim Luca, au moment même où elle se voue à la matérialité du langage, inventant son " bégaiement " inspiré, décèle en effet dans cette syntaxe désarticulée le moyen d'une relecture démystificatrice de l'héritage, littéraire et philosophique, dont notre modernité poétique se réclame. Ce questionnement impromptu des valeurs de l'excès et de la subversion qui commandent notre représentation moderne de la littérature se manifeste dans des textes où la place réservée au lecteur est elle-même d'une instabilité radicale. L'interprétation se voit contrainte d'avouer son intéressement et sa violence. La démystification n'est pas la fin ultime de cette œuvre. La création poétique se voue à la conquête de l'incertitude. S'esquisse une théorie poétique du signe, qui, de recueil en recueil, fait se rejoindre la tragique d'une fuite éperdue du sens et la jubilation d'une chasse vouée à la répétition indéfinie. L'humour, si rarement associé à la poésie en France, devient soudain l'indice d'une distance intérieure du langage qui ne saisit sa proie qu'en se faisant, voluptueusement et désespérément " ombre ". Gherasim Luca poursuit cependant l'invention d'une " physique élémentaire " de la langue poétique. Il refuse le constat ou la déploration de l'absurde, qui contemple mélancoliquement la désertion du langage par les " valeurs " qui fondaient autrefois sa transcendance. Dans l'immanence des qualités plastiques et sonores de la langue, un rythme est conquis. La fuite de la signification, qui se dérobe à mesure qu'elle se construit, devient un geste érotique qui ouvre le discours au surgissement d'autrui. Le langage est-il ici un nouveau dieu trompeur et furtif, tout puissant ? Certes, le rire se glisse imperceptiblement derrière le sérieux de chaque acte aveugle devant ses propres risques et immuablement solitaire : il en révèle la nature théâtrale. Mais la " ruse " du langage s'effondre dès lors que surgit le dernier geste intempestif de cette poésie. Un autre rire éclate dans les mots, rire héraclitéen, qui exerce la séduction du néant pour mieux démentir sa victoire : Gherasim Luca opère l'union improbable de la tradition apocalyptique et de l'humour. L'effondrement humoristique du sens rejoint alors son relèvement : la catastrophe se fait révélation par le rire, et le désir, la silhouette d'un Thanastos énergumène.

07/1998

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Sciences historiques

Une histoire des sens

Parmi les historiens français d'aujourd'hui, Alain Corbin est l'un des rares qui soit reconnu internationalement comme un "maître", ayant réussi à créer autour de lui et à partir de son oeuvre mieux qu'une "spécialité" de plus (les sensibilités), une nouvelle manière de faire de l'histoire. Corbin est, par excellence, l'historien des sens, l'historien des émotions, l'historien des corps. Il réussit ce tour de force de nous faire comprendre le plus intime grâce à une lecture sans préjugé des documents d'époque. Et ce corps-là, c'est déjà le nôtre. Ce volume offre un échantillon remarquable des trois grandes manières qu'a l'auteur d'aborder ses terres familières. Le Miasme et la jonquille fut en son temps (1982) - et demeure - un manifeste pour une histoire du sensible. Il s'agissait de prouver tout à la fois que : faire l'histoire d'un sens (ici l'odorat, ou, pour être précis, de la "sensibilité olfactive") était un projet tout aussi noble que de faire l'histoire de Napoléon ou de la révolution industrielle ; cette histoire était possible, grâce à une lecture intelligente des documents à notre portée, depuis les règlements municipaux jusqu'aux poèmes romantiques. On retrouve cette méthode dans plusieurs des principaux livres qui ont suivi, comme Les Cloches de la terre (sur la sensibilité auditive de la "France profonde", déjà moderne mais encore rurale) ou Le Territoire du vide, où il reconstitue ce moment étonnant où l'homme moderne (anglais, d'abord) a inventé la mer comme loisir, autrement dit le "balnéaire", invention contemporaine de celle de la montagne. Le Village des "cannibales" (1990) est une de ces monographies villageoises qui nous plaisent tant (ici la petite commune de Hautefaye, dans le nord de la Dordogne), mais saisie dans un moment de paroxysme. Une journée de folie collective, au coeur de l'été 1870 où, sous l'effet de l'entrée en guerre et des premiers désastres, une foule réunie pour une foire traditionnelle se transforme en collège de bourreaux. Le supplicié (les détails sont atroces) est un jeune aristocrate, supposé républicain mais surtout, par cela même, "prussien". Cette étude - toujours d'actualité - est d'autant plus fascinante pour le lecteur que, par ailleurs, le même explorateur des émotions sait comme aucun autre reconstituer ici l'histoire de La Douceur de l'ombre (L'arbre, source d'émotions, de l'Antiquité à nos jours, 2013), là de L'Harmonie des plaisirs, autrement dit des manières de jouir, du siècle des Lumières à l'avènement de la sexologie (2007). Autre exploration : celle du Monde retrouvé de Louis-François Pinagot (1998) où Corbin s'est lancé sur les traces d'un inconnu. Un sabotier analphabète de la région natale de l'auteur, qui vécut 78 ans au XIXe siècle sans laisser aucune trace directe mais dont l'historien réussit à reconstituer l'univers, matériel aussi bien que mental, avec la même finesse que celle qu'on réservait jusque là aux "grands hommes". Un véritable tour de force et un ouvrage unique en son genre : plus de 300 pages sur "un homme sans qualité". Projet a priori infaisable et pourtant mené à bien. En complément, on a sélectionné un ensemble de courts textes qui permettent d'éclairer la démarche de l'auteur, les uns plus programmatiques ("Invitation à une histoire du silence"), les autres partant d'une étude de cas pour creuser l'intime ("Ecriture de soi sur ordonnance", ou l'histoire des pollutions nocturnes de M X, patient d'un professeur de faculté).

01/2016

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Essais

Traverser l'invisible. Énigmes figuratives de Francesca Woodman et Vivian Maier

Cet ouvrage qui parcourt une longue histoire des figurations féminines s'organise autour d'un événement sans précédent, lorsque la naissance de la photographie permet à un certain nombre de femmes de s'emparer d'un médium grâce auquel elles peuvent enfin se représenter entre elles et elles-mêmes à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. Le pouvoir acquis d'auto-figuration pour ces femmes contraste de manière extraordinaire avec leur position de modèles prévalant depuis des millénaires. Convoquant des petites filles, des mères, des veilleuses, des amantes, des jeunes mariées, des inconnues énigmatiques, des revenantes, le livre écrit un récit critique à la fois historique et personnel de cet événement majeur. Il explore ainsi en quoi ces autoportraits photographiques, au premier rang desquels ceux des artistes américaines Francesca Woodman et Vivian Maier, nous aident à traverser des épreuves de séparation, de mort, de temps, dans un esprit de joie créatrice immortelle. Francesca Woodman et Vivian Maier sont maintenant les noms propres qui désignent deux oeuvres photographiques d'autoportrait ayant engendré après elles une mythologie de leurs conditions de création et de leur devenir posthume - la première en raison de son suicide à l'âge de vingt-deux ans et la deuxième pour l'abondance de pellicules laissées derrière elle, en grande part non développées. Ces deux destins personnels sont réunis et comparés ici pour la première fois, dans la volonté de montrer qu'ils s'inscrivent en fait dans un destin des figurations féminines qui les dépasse et qu'ils révèlent tout à la fois. Ce destin, après l'historienne Michelle Perrot, peut se définir ainsi : alors que les femmes sont figurées par milliers dans les images depuis que nous en faisons, la connaissance que nous pouvons avoir de leur vie au cours de l'histoire reste extrêmement limitée. Elles sont absentes de la majorité des sources écrites à cause de leur exclusion des sphères du pouvoir, et donc des espaces où on garde trace des événements. Cet ouvrage expose l'hypothèse que ce tiraillement entre une très grande visibilité figurative et une très grande invisibilité historique contiendrait la formule d'un être-au-monde féminin que les femmes devenant auteurs d'une oeuvre personnelle à partir de la fin du XVIIIe siècle récupéreraient et réinventeraient sous la forme d'un art de disparaître. Celui-ci serait particulièrement manifeste avec l'avènement de la photographie et l'autoportrait. Dans notre contexte de bouleversement écologique et de fin imaginable de notre espèce, cet art constituerait un remède culturel puissant nous permettant de comprendre comment continuer à oeuvrer tout en trouvant des positions de retrait et de moindre affectation de nos environnements. En d'autres termes, les oeuvres photographiques d'autoportrait de Francesca Woodman et Vivian Maier seraient un moyen d'apprendre à vivre avec l'angoisse de notre disparition collective possible. L'ouvrage invoque autour d'elles d'autres figures pour nous y aider, comme celle de la poète américaine Emily Dickinson. Un certain courant de l'histoire de l'art et des institutions muséales tend depuis les années 2000 à rassembler des oeuvres d'après le critère qu'elles sont réalisées par des femmes. Ce livre offre une approche originale de raisons iconographiques et historiques profondes jamais invoquées qui peuvent en effet justifier une compréhension genrée, non pas tant des oeuvres de femmes que des figurations féminines dans notre très longue culture des images depuis les dessins et les statuettes du Paléolithique supérieur - parce qu'elles nous confrontent aux deux mystères de notre naissance (que les femmes donnent) et de notre mort (qu'elles veillent).

10/2022

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Religion

Et la vie sera amour. Destin et lettres du père Dimitri Klepinine

La tâche n'était pas aisée : écrire la vie et dresser le portrait d'un père qu'on n'a presque pas connu, qui plus est prêtre et vénéré comme saint par l'Eglise. Hélène Arjakovsky - qui avait six ans lorsque son père, le prêtre Dimitri Klepinine, est mort au camp de concentration de Dora, le 9 février 1944 - a relevé ce défi. Elle l'a fait à sa manière, à la fois rigoureuse dans l'information et subjective dans l'évocation. Ce texte écrit avec le cœur, qui laisse une grande part à l'imaginaire et à l'émotion, rend le père Dimitri, canonisé début 2004 par le Patriarcat œcuménique de Constantinople, d'autant plus attachant, vivant et présent, avec son intégrité morale et son humour, son engagement pastoral et ses doutes sur lui-même, sa compassion pour les animaux et son amour des humbles. L'auteur, à qui l'on doit déjà une biographie de Mère Marie Skobtsov (Le Sacrement du frère) dans la même collection, dessine la trajectoire fascinante du père Dimitri : de sa naissance en 1904 dans une ville du Caucase à son martyre dans la machine de mort hitlérienne, en passant par l'exil à Istanbul, le cercle d'étudiants orthodoxes de Belgrade, les études de théologie à l'Institut Saint-Serge de Paris, le ministère sacerdotal au service des exclus et persécutés, aux côtés de Mère Marie Skobtsov qui sera gazée à Ravensbrück. Pour avoir sauvé des juifs, en mettant en place un système de faux certificats de baptême, le père Dimitri sera arrêté par la Gestapo et déporté à Buchenwald. Au SS qui ne comprenait pas comment un prêtre chrétien pouvait aider des " youpins ", le père Dimitri répondit, montrant sa croix pectorale : " Et ce Juif-là, vous le connaissez " Cette biographie, qui est aussi une tranche d'histoire de l'émigration russe, est complétée par la publication des lettres clandestines, très touchantes, que le père Dimitri envoyait à son épouse Tamara. Une correspondance tout empreinte de cette foi et de cette espérance " Dans le siècle à venir, la vie sera amour, l'amour sera vie. " Présenter des figures spirituelles marquantes de l'orthodoxie contemporaine en montrant que le christianisme, aussi, a ses maîtres et ses guides. Manifester comment la vie, le cheminement intérieur, l'enseignement de ces hommes et de ces femmes s'incarnent dans l'Histoire et peuvent par là même devenir des sources d'inspiration pour toute personne concernée par sa transformation spirituelle. Une collection en quatre couleurs : rose pour les textes spirituels, bleu pour les biographies et les témoignages, vert pour les réflexions et les méditations sur les questions d'actualité, jaune or pour les classiques de la spiritualité orthodoxe. Pour symboliser cette collection, une étoile gravée dans le mur d'un ossuaire chrétien des deux premiers siècles. Etoile-guide, étoile de l'Orient, étoile-lumière qui ramène aux sources du christianisme. " Moi, Jésus, je suis l'étoile radieuse du matin " (Ap 22, 16).

10/2005

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Révolution française

Mademoiselle de Corday

Au matin du 13 juillet 1793, Charlotte Corday achète un couteau dans un magasin situé sous les arcades du Palais-Royal. Vers 11 h 30, un fiacre la dépose devant le domicile de Marat, au 30 de la rue des Cordeliers. Le XIXe siècle, chez les royalistes, fera de Charlotte Corday une icône, une martyre de la contre-révolution. Jean de La Varende, dès le plus jeune âge, a été fasciné par cette jeune fille. Mais les termes par lesquels il l'évoque semblent analyser aussi la genèse de son besoin d'écriture sur cette personne. "Charlotte de Corday, assure l'écrivain, reste dans mes présences constantes. Je me suis occupé d'elle peu à peu, lentement, toujours, sans nulle volonté livresque : elle m'attendait, enveloppée de son mystère insistant ; de sa force, de sa beauté, de son courage, et surtout de cette mélancolie divine, où, même enfant, je savais qu'il pouvait se cacher de bien puissants arômes" . "Fille de soldats-gentilshommes, païenne, vierge viking, vierge tout court ; ajoutons normande, et nous aurons, si ce n'est le portait moral de Charlotte, au moins son explication cohérente" . Dans ces quelques lignes, La Varende résume ce qui lui paraît l'essence de Charlotte Corday. Il se place un ton en-dessous, en revanche, pour évoquer son royalisme. C'est que, sans le reconnaître vraiment, l'auteur des Manants du roi et de Man d'Arc, chantre de la fidélité totale à la monarchie française, n'est pas à l'aise avec le royalisme de Charlotte Corday, car ce royalisme est pour partie incertain, et n'est pas le sien, lui le contre-révolutionnaire viscéral. Charlotte, c'est une Girondine dont le premier mouvement a été d'adhérer à la Révolution et qui ne s'est détournée de celle-ci qu'en raison des flots de sang qui ont commencé à couler en 1792-1793. Quant au père de Charlotte ("Il lui faut six pages pour développer le lieu commun") et au milieu dans lequel elle baignait à Caen ("Des jobards de la bonne intention"), l'écrivain ne se prive pas de manifester le mépris dans lequel il les tient... C'est ici que se trouve la leçon d'histoire de Mademoiselle de Corday : avec ce livre, Jean de la Varende, ce vieux chouan, est obligé de convenir qu'il y eut d'autres formes d'opposition à la Révolution française que celle, indéfectiblement fidèle à Dieu et au roi, de son ancienne France terrienne. Jean Sévillia AUTEUR Membre de l'académie Goncourt et de l'Académie de marine, Jean de La Varende (1887-1959) est un écrivain enraciné en Normandie, avec une prédilection particulière pour la mer et les marins. Il est notamment l'auteur d'hagiographies parmi lesquelles Don Bosco, réédité par Via Romana en 2015, et Le Curé d'Ars et sa passion en 2019.

01/2022

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Littérature française

Le sel, la dame et l'éponge

"Ah, l'existence humaine ; le bonheur est comme une ombre, d'un coup d'éponge humide, le malheur en efface le dessin". Si Gilles Ortlieb a placé cette pensée d'Eschyle en épigraphe de ce nouveau livre où il poursuit ce "mouvement perpétuel de navetteur de l'âme" qu'il évoquait lui-même dans Et tout le tremblement, c'est qu'elle en donne la clé. De quoi s'agit-il, en effet - ici comme dans chacun de ses livres - sinon de tenter de saisir les quelques traits de craie que les vies humaines déposent dans les lieux où les emportent les hasards de l'existence. La découverte, en 2018, à la pointe de la Camargue, dans un bout du monde aussi délaissé que le Grand Est industriel, de la petite cité de Salin de Giraud qui abrite encore aujourd'hui une importante communauté grecque, ne pouvait qu'émouvoir le traduc- teur de Georges Séféris - que l'on a vu dans Journées toujours à l'affût de ce qui, à l'étranger, pouvait lui rappeler son pays. Partout, dans ce bourg presque abandonné, reste vivace le souvenir de ces migrants qui sont venus s'y installer pour gagner leur pain dans les salines au len- demain de la Première Guerre, après avoir été chassés non seulement d'Asie Mineure par les Turcs (comme l'avait été Séféris), mais de la Crimée par la Révolution russe. De là, il était tout naturel pour l'auteur de poursuivre l'enquête en arpentant l'île de Kalymnos, d'où venaient la plupart de ces anciens pêcheurs d'éponge devenus saulniers. Et plus loin ensuite jusqu'à Tarpon Springs, aux USA, autre lieu d'émigration pour les pêcheurs de Kalymnos, mais où, à la différence de Salin de Giraud, la présence d'éponges leur a permis de ne pas changer de métier. Fidèle à sa méthode d'observation du terrain et des hommes, Gilles Ortlieb s'attache à relever dans ces pages - lorsqu'il y décrit une procession de l'épi- taphios, des soirées dans une chambre d'hôtel, ou lorsqu'il y retranscrit, comme Nerval dans Les Filles du Feu, des chansons populaires - tout ce que, au fond, un voyageur peu attentif voit sans songer à le distinguer. Comme s'il était doté d'un regard particulier pour reconnaître ce qu'à son propos Jacques Réda a nommé "l'inaperçu" , et donc les moindres traces du fragile dessin dont parlait Eschyle. Mais s'il prend aussi soin de nous raconter qu'un marin a pris dans ses filets, en 1994, une statue vieille de deux mille ans, la Dame de Kalymnos, peut-être est-ce parce qu'en collectant les manifestations les plus ténues du réel, et leur tremblement, il aspire de même, bien qu'il s'en défende, à faire remonter à la surface de la langue une réalité sous-marine qui, par éclats éphémères, viendrait manifester un certain or du temps - une poésie intemporelle.

03/2024

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Beaux arts

Pérégrinations. Paysages entre nature et histoire

Cet ouvrage a reçu 3 prix consécutifs : le Prix de l'Académie ds Beaux-Arts-Prix Bernier 2018, le Prix Vitale et Arnold Blokh 2018 et le Prix Pierre Daix 2018. Le paysage n'existe que dans l'oeil de celui qui le regarde. Il faut donc suivre les pas de l'homme en marche si l'on veut comprendre comment notre rapport au monde et à l'histoire se dessine : par la confrontation de l'individu et de la nature. Car le paysage, c'est la nature éprouvée : nature traversée, nature possédée, nature sublimée, nature terrifiante, nature qui échappe à qui tente de la conquérir. L'artiste qui s'adonne au genre du paysage nous offre bien plus qu'une simple représentation de morceaux de nature. Il se fait archéologue, scrutant comme dans un livre le sol où affleure la mémoire de l'histoire humaine, sous forme de traces. Ecrire l'histoire du paysage à l'époque contemporaine c'est aussi faire le constat d'une relève : celle qui voit, à partir du début du XIXe siècle, la peinture de paysage se substituer progressivement à la peinture d'histoire afin de porter le grand récit de l'humanité dans ses tentatives de connaître et de façonner le monde. Un genre s'épuise, un autre s'épanouit afin d'explorer d'autres formes de représentation, et d'interrogations. Lorsque le sculpteur français David d'Angers, contemplant La Mer de Glace dans l'atelier de Caspar David Friedrich, à Dresde, dit que le peintre est l'inventeur d'un genre nouveau, "la tragédie du paysage" , c'est cela qu'il désigne. Cette manière, qui va traverser toute la période contemporaine, de faire du paysage le lieu de l'enfouissement et de l'émergence de l'histoire. Parce que l'histoire devient un présent qui saute à la gorge - révolutions, guerres, massacres, génocides -, les artistes se tournent de façon privilégiée vers le paysage comme une forme capable d'accueillir l'innommable en son sein et d'exprimer ce qui aveugle, terrifie, ou fascine. Peintres, dessinateurs, photographes, de Goya à Sophie Ristelhueber, d'Otto Dix à Zoran Music et Anselm Kiefer, vont s'affronter au paysage comme à ce lieu où peut se manifester l'inquiétude de l'homme face à l'histoire. Mais aussi son désir, ses croyances, et sa liberté. Ce sont les étapes de cette aventure de l'homme au monde que nous suivons dans cet ouvrage : paysages de ruines, paysages en guerre, paysages où l'on foule une histoire oscillant entre affleurement et invisibilité, paysages qui nous confrontent à l'indifférence du monde, sont quelques-uns des thèmes qui racontent les pérégrinations inquiètes de l'homme contemporain marchant dans le monde à la recherche de sa propre trace. C'est enfin une méditation personnelle sur la nécessité qu'éprouvent tant d'artistes, aujourd'hui, d'avoir recours au paysage pour affronter ce que le XX° siècle nous a légué de plus terrible : l'anéantissement sans traces. Le paysage s'impose comme l'une des formes majeures, pudique et émouvante, de l'histoire contemporaine.

11/2017

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Vie chrétienne

Vie conjugale et célibat consacré, un défi !

... Une chance d'en revenir à la source ! En Occident, Jamais autant de divorces, jamais aussi peu de vocations religieuses ! Et si cette convergence, ne faisait que manifester " en creux " , une communauté profonde ? A première vue, rien de commun, pour ne pas dire opposition, entre réalités de la vie conjugale et ascèses des célibataires consacrés ? En réalité, et c'est le thème de l'ouvrage, l'essentiel les rejoint et cet essentiel c'est l'Amour. Tous bénéficient de la grâce du baptême et de la confirmation qui les invitent à chercher Dieu, à l'accueillir dans leur vie et à marcher en Eglise vers le royaume de Dieu. Voilà, dira-t-on de pieuses paroles qui n'engagent à rien ... sauf qu'il ne s'agit de rien d'autre que de partager un héritage, un destin et, partant, une manière de réaliser des parcours de vie par delà les statuts différents. Dès lors, pas étonnant que les uns et les autres aient à vivre des combats spirituels semblables . Voici maintenant qui est providentiel : ces états de vie sont appelés à s'épauler mutuellement. Autrement dit, il ne s'agit pas seulement de parcours parallèles avec des similitudes, mais aussi d'une rencontre heureuse et féconde entre les deux formes de vie qui requièrent, l'une comme l'autre, un engagement à vie sous le regard de Dieu. Ce travail croise sur sa route l'actualité de l'Eglise lorsqu'elle invite le peuple de Dieu dans son ensemble à réfléchir sur la synodalité. Il y a dans la vie conjugale une dimension synodale. Et de fait, couples et communautés rencontrent les nécessités d'une marche commune, d'une mise en oeuvre de discernement, d'une écoute mutuelle ou encore de prises de décisions. Toutes choses propres tant à la vie des gens mariés qu'à celle des consacrés. Ainsi, ce qui concerne la vie de l'Eglise concerne la vie des couples mariés sacramentellement et vice versa. . Le Pape François rappelle dans Amoris laetitia combien la famille fut comme une petite église, une ecclesiola ou encore une église domestique (Cf. AL 15). Ainsi donc, notre regard sur la famille s'enrichit de nos réflexions sur l'Eglise. Dire que l'Eglise est une, sainte, catholique et apostolique, c'est le dire des familles. De même dire des familles que la fidélité et la fécondité sont constitutives de leur vie, c'est le dire, mutatis mutandis, de la vie de l'Eglise. Christian Poirier est diacre permanent, ordonné dans le diocèse de Fréjus-Toulon en 2003. A l'âge de dix-huit ans il devient aveugle, et après une conversion fulgurante il se consacre à l'annonce de l'évangile. Aujourd'hui, il exerce les ministères de père spirituel et d'enseignant. Il est l'auteur de : Le Combat spirituel. De l'ombre à la lumière ; Guérison et combat spirituel. Petit traité des pathologies de l'âme ; La divinisation. Prélude aux Noces éternelles ; L'art du discernement des esprits dans la vie chrétienne.

11/2022

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Critique littéraire

Mérimée et la Russie

On connaît le Mérimée nouvelliste, le Mérimée inspecteur des Monuments historiques, l'homme du second Empire. L'on connaît sa passion pour l'Espagne, son inclination pour l'Angleterre, son goût des langues, ses talents de dessinateur et de caricaturiste. On s'intéresse depuis peu à l'épistolier hors pair et l'on ne tardera pas à redécouvrir un dramaturge des plus intéressants. Mais s'est-on jamais sérieusement soucié de la question de ses rapports avec le monde slave - russe en particulier ? Or Mérimée, dans les années 1850 - sans jamais avoir voyagé en Russie -, s'intéresse passionnément aux questions russes, à la culture et à la langue russes, à l'histoire de la Russie, allant jusqu'à s'initier aux subtilités d'un idiome qu'il estime au plus haut point et à se lancer dans la traduction d'oeuvres majeures (Pouchkine, Tourguéniev, Gogol). Jusqu'à la fin de sa vie, il ne cesse, par ses fréquentations, ses lectures, ses travaux, ses recherches historiques, de poursuivre sa réflexion discrète, d'interroger aussi, par ce biais, la "modernité"... Dès lors il convient, mieux qu'on ne l'a fait jusqu'ici, de se demander quelles sont les raisons profondes de cet intérêt marqué. Dans les années 1850 et au moment de l'engagement de la France en Orient et de la guerre de Crimée, la curiosité de l'opinion publique française est piquée au vif et ces lointains territoires de l'Est sont à la mode. La Russie, depuis le XVIIle siècle, n'avait jamais, de fait, cessé d'alimenter une sorte de complexe exotique pour les contrées inconnues auréolées de romantisme, pour les bizarreries de l'étranger, complexe qui voit alterner russophilie et russophobie, et qui s'exacerbe après l'entrée en guerre en 1854. Mérimée semble manifester le désir de s'affranchir de ce paradigme qui tend à modeler les esprits, et de poser un autre regard, moins tristement stéréotypé, sur la Russie. C'est en tout cas ce que se propose cet essai : prendre la mesure, dans la Correspondance générale, de son analyse politique des conflits naissants, rendre hommage au dialogue littéraire qu'il s'emploie à instaurer, et surtout examiner de près ses études historiques. Il semble en effet que, loin de constituer de simples divertissements ou le passe-temps fumeux d'un érudit vieillissant en proie à l'ennui, ils prolongent et confirment la grande anthropologie à laquelle Mérimée, au fond, n'a cessé tout au long de son oeuvre de travailler, et dont la transcription en termes littéraires en constitue l'illustration la plus éclairante. Ils nous disent aussi l'intérêt que Mérimée, en machiavélien averti, a toujours porté à la guerre, au phénomène guerrier. Ce faisant Mérimée scrute l'Europe, dans la lignée d'un Tocqueville (ou d'un Custine) : voici ce que nous sommes, dit celui-là en portant ses regards vers l'Amérique, et voilà ce que nous risquons de devenir ; voici ce que nous prétendions être, explique Mérimée à propos de l'histoire russe, et voilà ce que nous sommes devenus.

04/2014