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Littérature française

L'avenir défié

"Ainsi va notre monde. Nous allons dans le mur avec l'allégresse et l'insouciance d'une société occidentale alimentée et aseptisée en live des malheurs du monde. La polarisation extrême des richesses, la mise en danger de l'habitabilité de la planète, l'extension infinie de l'appropriation privée, la perspective d'un abandon de l'autonomie et du libre-arbitre de l'homme au pouvoir sans limite de la technologie, se déploient sous nos yeux endormis". Depuis des décennies, une anesthésie générale nous submerge... Une situation où la mise en avant de la responsabilité individuelle généralisée masque une totale dépendance et la perte potentielle de tout libre-arbitre, alors même que la globalisation incontrôlée porte en elle des ruptures et des contradictions majeures quant à la société qui se construit et l'habitabilité de la planète. Le retour nécessaire de l'autonomie du politique est conditionné par une désolidarisation et une régulation des trois idéologies - technologique, néolibérale, libertaire - qui sont aujourd'hui fédérées par le capitalisme financier, globalisé et numérisé. L'autonomie du politique du XXIe siècle devra se faire autour de deux objectifs majeurs dont le caractère indissociable est exprimé par le terme de Tiers Garant Démocratique : - La verticalité du politique, d'un Tiers Garant réhabilitant l'hétéronomie du Droit et redonnant un caractère structurant aux politiques publiques ; - La démocratie, qui, au-delà de l'adaptation nécessaire des dispositifs démocratiques, doit retrouver tout son sens à travers une priorité redonnée à l'éducation comme base de la citoyenneté et du libre arbitre et à une repolitisation des choix. Ensemble, réveillons notre monde et ses citoyens ! Economiste et diplômé de Science Po Paris, Patrick Roturier a travaillé comme responsable de mission au Cabinet Syndex, spécialisé dans l'assistance aux Comités d'entreprise. Son expérience et sa participation à des pilotages d'études européennes et françaises le poussent à prendre la plume et à publier dans plusieurs revues (CFDT, Analyse financière, IRES, Ecologie et Politique, etc.). Il livre aux Editions Amalthée le résultat d'une profonde réflexion sur la société d'aujourd'hui.

09/2019

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Littérature française

J'habite chez mon chat. La cause animale : un enjeu politique, une éthique de responsabilité

Le sujet de la condition animale, de la place de l'Homme dans ou vis-à-vis de la Nature, de ses relations avec elle, et donc de sa propre nature, est profondément politique en tant qu'il découle d'une philosophie fondatrice. La question de la "frontière infranchissable" entre l'Homme et la Nature, souvent évoquée, en montre l'ampleur et détermine deux conceptions très différentes et même opposées de l'Homme et de la Nature, et notamment de sa faune supérieure. A force de vouloir se démarquer systématiquement de la Nature, les Hommes en arrivent à privilégier des aberrations sur tout bon sens, ne serait-ce que pour démontrer leur autonomie totale de toute contrainte quelle qu'elle soit et d'où qu'elle vienne. La philosophie des Lumières et kantienne qui affirme une "autonomie de la volonté" humaine comme la mesure de la supériorité des Hommes et sa supra naturalité, a fait un mal inouï au monde animal et à la Nature. Un monde dénaturé ne peut que produire des solutions dénaturées et mortifères à terme. C'est tout un comportement, une philosophie, une conception des relations qui doivent cette fois évoluer vers une nouvelle symbiose naturelle par laquelle notamment l'Homme réapprendrait à considérer l'animal à un même degré de dignité que pour lui-même, tout en tenant compte des différents degrés de conscience de chaque espèce et en privilégiant l'immense responsabilité dont les hommes sont les dépositaires face à la Nature. Il ne s'agit pas de comparer ni de hiérarchiser les hommes et les animaux mais d'adopter une véritable éthique de la complémentarité, ce qui constitue une démarche nouvelle débarrassée des discours sans fin et stériles de nature "anthropomorphique" pour les uns, sentimentale pour d'autres, spécistes ou anti-spécistes encore. Enseignant depuis plusieurs années, Docteur en droit, philosophie et histoire, professeur de législation animale, il est l'auteur d'ouvrages d'histoire des idées politiques, de relations internationales, d'essais politiques et d'une biographie du grand journaliste du XIXe siècle Henri Rochefort. Il collabore au site de la réinformation européenne EuroLibertés.

01/2021

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BD tout public

So british. L'art de Posy Simmonds

Célèbre au Royaume-Uni depuis les années 70 pour son travail de presse et sa longue collaboration avec le Guardian, quotidien de la classe moyenne progressiste britannique, Posy Simmonds n'a été révélée en France qu'à l'aube du XXIe siècle, avec la publication de son premier roman graphique, Gemma Bovery. Depuis, Tamara Drewe, Literary Life et Cassandra Darke ont paru ici, ainsi qu'une poignée d'albums jeunesse dont Fred, l'histoire d'un chat ordinaire le jour, rock star la nuit, ou le délicieux Chat du boulanger. Le public français ignore encore les deux tiers de l'oeuvre de cette artiste prolifique. Objet d'innombrables articles, de critiques et d'exégèses enthousiastes, le travail graphique de Posy n'avait encore jamais été rassemblé dans une monographie. C'est fait grâce à Paul Gravett, journaliste et critique anglais de bande dessinée, commissaire de nombreuses expositions - dont celle que le PULP Festival 2019 consacre en avril à Posy Simmonds, la première en France de cette importance. Proche de l'auteure, cet érudit du 9e Art réunit dans un ouvrage riche et concis un portrait intime et une étude en profondeur des méthodes de travail très spéciales de celle que la presse de son pays surnomme "la mère du roman graphique anglais" . On y découvre une Posy très drôle, d'une totale liberté de pensée, à la main sûre et à l'oeil acéré, redoutable caricaturiste de son temps, toujours lucide, jamais cruelle, fascinée par les rapports humains et les failles qui divisent sa société, riches contre pauvres, enfants contre parents, villes contre campagne, observatrice inlassable des grandeurs et vicissitudes de notre présent. Une artiste considérable qui s'inscrit dans la lignée des grands dessinateurs humoristes anglo-saxons tels William Hogarth, Osbert Lancaster, Ronald Searle ou Raymond Briggs. Cette promenade en 120 images dans la partie inexplorée de son oeuvre (incluant de très rares oeuvres de jeunesse) entraînera le flâneur français à la découverte de merveilles inconnues comme Les Trois Silencieuses de St Botolph, True Love ou Le Journal de Mrs Weber, qui font se tordre de rire ses contemporains depuis de longues décennies.

04/2019

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Littérature française

Oeuvres complètes, tome 12

Boris Vian (1920-1959) passa comme un météore au milieu de notre siècle, laissant une trace éblouissante, énigmatique et inspiratrice. Dressé dans sa jeunesse insolente et éternelle, chantre des délires et des merveilles, alchimiste fécond du langage et des formes, messager audacieux de l'imaginaire, il nous offre des milliers de pages (roman, poésie, théâtre, critique, etc...) inspirées par la poésie des extrêmes et témoignant d'une volonté farouche de créer et de partager. Cette oeuvre énorme, méconnue ou mal jugée du vivant de l'auteur, mais consacrée désormais par la gloire populaire, la voici pour la première fois rassemblée en quinze volumes, en un ordre à la fois générique et chronologique, avec un texte plus fidèle à l'écriture originelle. Cette collection, hommage éclatant à un écrivain majeur, propose aux lecteurs d'entrer dans le XXIe siècle avec des rires et des larmes, la conscience d'une apocalypse intime démentie par l'opiniâtre joie de vivre. Variétés Ce volume comprend En avant la zizique, le traité de la chanson que Boris Vian publia en 1958, de même que l'ensemble des textes de pochettes de disques qu'il écrivit de 1956 à 1959, sur des musiques de films et divers artistes de music-hall. Dans ce panorama complet et concis de la chanson et des variétés des années cinquante en France, Boris Vian parle en tant que chanteur, compositeur, interprète et enfin directeur artistique chez Philips. On y retrouve un critique enthousiaste et visionnaire : sa façon d'envisager la chanson sous toutes ses formes est pleine de verve et d'humour, mais aussi d'information cadrée et de bon conseil aux débutants. Celui à qui l'on doit le mot " tube " laisse même présager, bien avant l'avènement de l'ordinateur, la fabrication automatique de chansons par des machines électroniques. Mais ce qui fait toute la valeur et la saveur de ces textes, c'est à la fois la solide connaissance de Vian dans le domaine, et sa totale indépendance de jugement. Gilbert Pestureau Marc Lapprand En avant la zizique Variétés Derrière la zizique

10/2020

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Syndicats

Robert Bothereau. Du secrétariat de la CGT au secrétariat général de la CGT-FO (1933-1963)

Robert Bothereau, syndicaliste du Loiret, devient un des secrétaires de la CGT, en 1933, à 33 ans. La CGT, dirigée par Léon Jouhaux, est alors "confédérée", c'est-à-dire attachée statutairement à son indépendance vis-à-vis des partis. Les communistes, minoritaires en 1921, ont quitté la CGT et fondé la CGTU. Lorsque la CGTU disparais et fusionne avec la CGT, en 1936, Bothereau est le négociateur de la fusion. Cette CGT réunifiée est pour l'aide à l'Espagne républicaine et contre les accords de Munich, hormis le groupe Syndicats, fondé par Belin : l'opposition est totale entre Belin et Bothereau, proche de Jouhaux et que l'on pense son futur successeur. Comme Jouhaux, il s'engage dans la Résistance dès 1940. Bothereau constatant, dès mars 1945, que la tendance communiste, minoritaire en 1939, pèse désormais 80 % au sein de l'appareil de la CGT, décide de fonder les Amis de Force Ouvrière, en 1946, lesquels deviendront, le 19 décembre 1947, la CGT-Force Ouvrière. Bothereau en est, logiquement, le premier secrétaire général, de 1948 à 1963. Basé sur des documents d'archives, généralement inédits, ce livre réfute les allégations d'une CGTFO, créée ex nihilo, par et avec l'argent de la CIA ! Et ce à partir des archives de la CIA. En revanche, cette première biographie de Bothereau met en évidence son importance comme organisateur du syndicalisme de la Charte d'Amiens, syndicalisme libre et indépendant, qui va de la CGT confédérée à la CGT-FO. Syndicalisme libre avec des acquis sociaux comme la loi de 1950 sur la négociation collective, l'échelle mobile des salaires, la troisième semaine de congés payés ; des luttes, elle la grève de 1953, la position pour l'indépendance de l'Algérie, dès 1956, la condamnation du stalinisme à Roman et à Budapest, comme de la pratique des ordonnances, dès 1958, et de la dérive autoritaire du régime gaulliste. Une vie militante désintéressée et fidèle, exemplaire, que celle de Robert Bothereau. Elle éclaire mute une partie de l'Histoire du 20e siècle, traversant des moments historiques aussi exaltants que dramatiques, dès lors que le progrès social et démocratique est le guide prioritaire, avec l'idéal d'émancipation humaine.

02/2021

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Ethnologie

Sexualité et sociabilité en Inde du sud. Familles en péril au temps du sida

Si l'épidémie du sida provoque la consternation en Afrique, elle pose un problème supplémentaire en Inde : dans un pays où la sexualité s'enveloppe d'un discours profondément moraliste, les actions de prévention et d'information oscillent entre une éthique de conviction et une éthique de responsabilité, sans parvenir à élaborer un compromis viable. Ce livre a moins pour ambition de développer une théorie explicative sur la diffusion de l'épidémie, même si des pistes sont forcément suggérées, que de dégager les dynamiques sociales et culturelles susceptibles de générer des situations de vulnérabilité au regard de la transmission sexuelle du VIH. Partant de faits ethnographiques diversifiés, rigoureusement détaillés et allant souvent à l'encontre des idées reçues, on se propose de mettre en lumière les relations entre parenté, stratégies d'alliance, mobilité spatiale et rencontres sexuelles. Il apparaît dès lors que la famille indienne - trop facilement reconnue pour sa cohésion, sa solidarité et maintenant valorisée comme rempart idéologique face à l'épidémie - concourt à l'isolement des individus qui n'adhèrent pas au consensus établi et à l'exclusion de ceux dont le comportement est récusé par l'univers sociofamilial. On ne peut également faire l'impasse sur la tendance grandissante des nouvelles générations à négocier, à refuser les unions imposées ni oublier le pourcentage significatif de personnes sans perspective d'alliance ou promus à se marier dans des conditions si astreignantes (mariage forcé, bigamie, projet matrimonial dès l'adolescence) que les messages de prévention imposant l'abstinence durant le célibat, et la fidélité après, relèvent de la plus totale ineptie. Dans ces conditions, la prévention au sens large ne peut se satisfaire des formules incantatoires et des simples consignes comportementales en vigueur mais doit procéder à un réaménagement des pressions et des contraintes sociales concourant à une acceptabilité très relative des stratégies de lutte contre le sida. D'où la finalité de la présente étude qui ambitionne de repérer les domaines prioritaires (labilité des discours institutionnels, discrimination, minimisation de la dimension socioculturelle et économique de l'épidémie) et les situations de vie (endettement, dot, mariages contraints, déliquescence des liens familiaux, émancipation, marginalité, réseaux mafieux) à prendre en compte afin de définir les axes d'une prévention adaptée aux particularités de la société tamoule.

07/2001

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Histoire des idées politiques

Plaidoyer pour une politique sociale inclusive en République du Congo. L'état-Providence en Afrique Subsaharienne au prisme de la question sociale

Jamais les politiques sociales n'ont été aussi importantes que depuis l'émergence subite de la pandémie Covid-19. En effet, depuis que, de par le monde, les gouvernements ont opté pour le confinement comme principale solution pour juguler la propagation du virus, nombre de décideurs ont réalisé la nécessité des politiques sociales à même d'amortir les chocs en cas de crise économique. Or, au-delà de ces contextes d'institution totale, il est clairement apparu que les politiques sociales ne sont pas qu'une simple redistribution des richesses dans une logique de philanthropie ou de partage tels des actionnaires d'une firme se partageant des dividendes. Loin s'en faut, il est aujourd'hui reconnu, à l'échelle mondiale, que les politiques sociales contribuent à un développement fondé sur les droits. Partant de ce principe, des stratégies employées dans la résolution de la question sociale, et des difficultés rencontrées par les pouvoirs publics congolais dans la prise en charge des populations vulnérables lors du confinement, ce groupe pluridisciplinaire d'universitaires congolais a entrepris une réflexion à partir de l'interrogation suivante : les politiques sociales en vigueur au Congo suffisent-elles ou sont-elles pertinentes et efficaces au regard de la question sociale dans le pays ? PLAIDOYER POUR UNE POLITIQUE SOCIALE INCLUSIVE EN REPUBLIQUE DU CONGO Titulaire d'une thèse d'habilitation à diriger des recherches (HDR) de l'Université de Picardie - Jules Verne d'Amiens, Professeur titulaire de psychopathologie clinique (Cames) à la retraite, Dieudonné Tsokini a également été Doyen de la Faculté des lettres, des arts et des sciences humaines et officier du Mérite universitaire. Docteur en sociologie de l'Université Sorbonne Paris-cité (Paris 13), Julio Nganongo Osséré est enseignant-chercheur en sociologie et science politique. Il est longtemps intervenu auprès de différentes agences du système des Nations Unies. Il est, par ailleurs, membre de l'Institut de droit public, sciences politiques et sociales (IDPS) de l'Université Paris-Sorbonne-Cité et de SDGAIA, think tank africain indépendant, axé sur le conseil, les audits de progrès et les résultats attendus des objectifs de développement durable en Afrique.

02/2023

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Histoire de France

Pillages sur ordonnances. Aryanisation et restitution des banques en France, 1940-1953

Dépouiller les Juifs, c'est tout ensemble les humilier, les priver de toute protection en les appauvrissant ou en les réduisant à la misère et, dans le cas des banques et des banquiers, satisfaire à un fantasme aussi vieux que l'antisémitisme (la supposée toute-puissance de la finance juive et les imaginaires complots tramés par ses détenteurs pour détruire les nations). Corollaire et complément des deux statuts des Juifs promulgués par Vichy, l'" aryanisation " constitue en France comme ailleurs une étape nécessaire de la Shoah. Les nazis avaient mis au point dans le Reich puis dans l'Autriche de l'Anschluss des procédures destinées à faire passer les entreprises juives, en particulier les banques, dans des mains " aryennes ". Dès les premiers mois de l'occupation en France, les autorités allemandes, secondées - à l'occasion devancées - par le très zélé Commissariat général aux questions juives, voulurent mettre cette expérience à profit, et il se trouva bien entendu des candidats à foison pour assurer l'" administration provisoire " des biens saisis. Si l'opération, en dépit de drames multiples, ne fut pas une réussite totale, c'est surtout parce que les pesanteurs bureaucratiques, la division du territoire en plusieurs zones, parfois la riposte adroite de quelques victimes firent traîner certains dossiers jusqu'à la Libération (les restitutions, qui sont ici analysées pour la première fois, prirent elles aussi des années...). Appuyant sa démarche sur une enquête orale étendue et surtout sur le dépouillement d'innombrables dossiers refermés depuis des décennies et dispersés au gré des circonstances et des administrations, Jean-Marc Dreyfus donne à cette question toute la place historique qu'elle mérite. Avec finesse et précision, il scrute aussi bien les destinées de grandes maisons devenues de véritables légendes comme Rothschild ou Lazard que celles d'humbles établissements d'Alsace ou de Moselle. Il n'a garde d'oublier que derrière des noms illustres ou obscurs se dissimulent des hommes de chair et de sang : quelques privilégiés ont connu l'exil, tous les autres ou presque ont subi l'exclusion, certains sont entrés en résistance, beaucoup ont été déportés pour ne pas revenir. La passion antisémite ne fait pas de différence entre pauvres et riches.

04/2003

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Théâtre

Candide. Adaptation radiophonique du roman de Voltaire

Voici que nous revient, après plus de soixante ans, un précieux enregistrement d'une pièce radiophonique de Jean Tardieu : son Candide, adapté de Voltaire, créé en 1944 et rediffusé en 1946. La pièce n'est plus connue aujourd'hui que des historiens de la littérature et de la radio et des spécialistes de ce "théâtre pour l'oreille" des années 1940, dont elle illustrait si brillamment l'esprit, l'art et l'ambition. Intégré par Tardieu lui-même à ses oeuvres en 1975, ce Candide a rejoint le mystérieux trésor du théâtre à lire. Le retour inespéré d'une archive sonore nous restitue, à côté du texte imprimé, l'évidence d'une forme totale et de son jeu idéal : une scène invisible, immatérielle, mais incarnée, hantée, enchantée par des voix et des bruitages - et même ici par une musique qui, tenant à l'histoire de l'oeuvre, ajoute au plaisir de la retrouver. Conçu d'emblée pour la radio, écrit pour la radio, d'une traite semble-t-il, en septembre 1944, le Candide de Tardieu fut mis en ondes par la Radiodiffusion française le 2 décembre suivant, dans les conditions de direct habituelles à l'époque : une simple lecture de comédiens réunis autour du micro - cette première n'a laissé de trace que sa distribution et quelques annonces dans la presse du temps. La rediffusion de 1946 fut donnée dans une nouvelle distribution et avec des accompagnements musicaux de Claude Arrieu, collaboratrice et amie de Jean Tardieu : c'est cette seconde version, enregistrée en studio pour les besoins du montage et conservée à l'INA jusqu'à sa redécouverte récente, qu'on présente à l'écoute des amateurs et des curieux. Vous avez tourné le bouton de la TSF : c'est l'heure de votre "émission dramatique" . Une petite boîte à musique, mi-rêveuse et mi-narquoise, en égrène l'indicatif. La présentatrice va détacher d'une voix solaire le générique d'entrée : "Mesdames, Messieurs, nous vous prions d'écouter le Candide de Voltaire dans une adaptation de Jean Tardieu. ". . - vous aviez naturellement repéré ce Candide dans la rubrique "Choix" du Radio de la semaine. Nous sommes le 10 septembre 1946, un mardi : il est 21 heures.

04/2010

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Critique littéraire

Valeurs et autres écrits historiques, politiques et critiques, 1923-1948. Volume 2

" L'idée de succès me donne à rire... On me lira en 1969 ou en l'an 2000. " André Suarès (1868-1948) ne croyait pas si bien dire : cette prophétie des années 1930 est en train de se réaliser, comme se sont réalisées d'autres de ses prophéties. Dès 1932, il avait alerté ses compatriotes sur le danger du nazisme, s'était engagé contre la barbarie montante, prévoyant la guerre, la défaite, le génocide. Persécuté par la Gestapo et la Milice, il s'était caché dans le Midi, pour mourir quelques années après la Libération dans une indifférence quasi totale. Il laissait derrière lui près d'une centaine d'ouvrages publiés, d'innombrables articles donnés à quelque deux cents périodiques et des milliers de pages manuscrites dont certaines sont révélées ici pour la première fois, comme Valeurs II et Le Paraclet. Seuls avaient émergé Le Voyage du Condottière et Vues sur l'Europe. La plupart des autres livres - dont Malraux, Unamuno ou Stefan Zweig étaient pourtant de fervents admirateurs - étaient tombés dans l'oubli. La présente édition offre un choix représentatif de l'immense œuvre de Suarès. On pourra ainsi suivre l'auteur de ses premières réflexions sur le pouvoir politique (à propos de Napoléon) jusqu'à ses dernières dénonciations de la dictature (qu'elle soit rouge ou brune), de son combat pour Dreyfus à celui contre Hitler, de ses essais sur Baudelaire et Wagner jusqu'à ses portraits de Cézanne et de Mallarmé. Polémiste, essayiste, critique littéraire et musical, philosophe politique et moraliste, Suarès a été, avant tout, un visionnaire en quête d'avenir. Il est devenu un auteur pour notre temps. ROBERT KOPP. Cette édition comporte deux volumes, le premier contient les rubriques et les titres suivants : Le Mythe napoléonien, Alphonse Daudet (inédit), Autour de l'affaire Dreyfus, Voici l'homme, Sur la vie, Venezia, Baudelaire, Tolstoï vivant, Idées et Visions, Péguy, Cervantès, Shakespeare, Dostoïevski, Debussy, Ravel, Xénies. Le deuxième : Puissances de Pascal, Présences, Autour du livre, Vues sur la musique et les musiciens, Variables, Bourdelle, Vues sur Paris, Portraits sans modèles, Valeurs, Valeurs II (inédit), Le Paraclet (inédit). Les textes ont été établis, préfacés et annotés par Robert Parienté, auteur d'une biographie sur André Suarès qui fait autorité.

02/2002

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Littérature française

Autobiographie d'un étranger

Les trains de nuit favorisent les confidences. Souhaitant préserver l'anonymat des personnages qui l'inspirent, notre narrateur voyage avec son héros, qui répond au doux nom d'Atlerego. D'âge mur, les deux hommes se racontent leurs vies, traversant un demi-siècle français. Personnages à la lisière du pouvoir, ils échangent sur les pratiques de celui-ci, les soubresauts de l'économie, les dessous des médias mais aussi et surtout sur leur rapport aux femmes. Dans une langue aussi alerte que directe, c'est un vrai discours d'homme, décomplexé et un rien donjuanesque, inopiné à l'heure de Metoo. Une autofiction, véritable contrepoint de la perspective d'Annie Ernaux. De la fraîcheur, de la gaîté et de l'optimisme au masculin, c'est bon à cueillir. L'ouvrage se présente comme un kaléidoscope d'épisodes racontés par un tiers pour former le roman d'une vie. On suit le personnage depuis ses premiers émois enfantins jusqu'à la maturité. Les tableaux d'amitiés masculines alternent avec ceux des conquêtes féminines d'un père de famille. Au fil du récit et alors qu'il avance en âge, le narrateur brouille ses propres catégories, découvrant bromance et amitié féminine. Le ton est plaisamment parsemé de clins d'oeil à l'actualité politique, économique et culturelle du dernier demi-siècle. "Je ne sais plus lequel des deux évoqua un jour L'inconnu du Nord-Express, ce film d'Hitchcock tiré d'un roman de Patricia Highsmith, Strangers on a train. Vous vous souvenez, l'histoire de Guy qui rencontre Bruno par hasard dans un train, lequel lui propose un échange de meurtre : il va supprimer sa femme qui ne veut pas lui accorder le divorce, en échange de quoi Guy devra tuer le père de Bruno. Germa ainsi l'idée, moins macabre mais peut-être tout aussi scabreuse, d'un autre type d'échange. A chaque voyage nous passerions un certain temps à nous raconter nos vies et quand nous serions prêts, il raconterait la mienne tandis que je raconterai la sienne dans deux livres différents, écrits séparément avec une totale liberté de part et d'autre et sans possibilité de relecture ni corrections."

06/2023

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Littérature française

Tu me crois la marée et je suis le déluge. Poèmes et chansons socialistes du XIXe siècle

La vraie poésie parle pour les pauvres, les humbles, les opprimés, les vaincus, les battus, les malades, les inconnus et les imprévus qui se montrent, qui souffrent, qui connaissent la véritable douleur, quelque part, en France et dans le monde entier. La poésie socialiste de cette anthologie libère la vie et le rêve, le travail et le droit au rêve, en restant un langage du cur, sans un but d'utilité, tout en étant très utile. La poésie socialiste du XIXe siècle est politique et idéale. Elle est dans son temps et dans le nôtre, et dans tout temps. Elle lutte contre l'industrialisation sans règles et l'occidentalisation destructrice attaquée aussi par Baudelaire. C'est la poésie de l'angoisse de l'être : elle nous dit qu'il faut avoir un regard sur le monde, et proposer des réformes indispensables, pour faire sortir le peuple de sa terrible condition. Le XIXe siècle donne à la poésie une chance énorme : celle de pousser les gouverneurs aux réformes nécessaires, pour l'école, l'économie, le travail, la situation dégradée des villes, les campagnes abandonnées. C'est une poésie vivante, qui s'ouvre à toute frontière. On est face à une parole qui change le monde. Elle fait peur parce qu'elle dit la vérité de la justice, de la révolution des curs, de la politique-philosophie de la vie. On pourrait parler d'une littérature née de la démocratie socialiste tout court et du réformisme républicain. Encore une fois, le concept de culture et celui de culture populaire sont à revoir. Celui de littérature lui aussi. La première dans son genre, cette anthologie prouve que la poésie socialiste du XIXe siècle est présence, participation, idéal réformiste et révolutionnaire : une parole qui voit loin, jusqu'à nos jours et à demain. L'union poésie-politique se fait solide, et la Vérité commence à parvenir au peuple. C'est une poésie de la paix, de la justice, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. On est face à une littérature réformiste, liée aux changements du socialisme. On découvre un autre XIXe siècle. La littérature se fait totale.

06/2023

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Biographies

L'énigme Jean Marquès-Rivière

Cet ouvrage se présente comme la première enquête sur l'auteur Jean Marquès-Rivière (1903-2000) qui fut un acteur de premier plan de la franc-maçonnerie (puis son pourfendeur zélé au sein du Service des Sociétés Secrètes), mais aussi un diffuseur de la pensée théosophique, du spiritisme, de la fraternité des Polaires, du bouddhisme, de la magie tibétaine et de nombreuses expressions liées à l'enseignement du Yoga. Son parcours spirituel très dense et ses engagements politiques extrêmes mettront en lumière la complexité d'un homme, au parcours personnel ponctué de trahisons et de reniements successifs. Qui était-il réellement ? Un esprit bicéphale, capable du meilleur comme du pire. De l'aimable conférencier de la rue Copernic au collaborateur vénéneux, cet "esprit épris de curiosité" du départ, tourné résolument vers la culture asiatique, attiré par les secrets d'une époque ouverte aux mondes fantasmés de l'ésotérisme, sera ensuite bousculé puis emporté par la guerre, au gré d'une expression martiale qu'il ira nourrir de son antimaçonnisme obsessionnel et de son admiration pour Hitler. Une fracture idéologique correspondant à la France occupée dans laquelle il se compromettra en s'incarnant en fanatique, jusqu'à sa condamnation à mort par contumace vécue comme une injustice, sorte de damnation indélébile. Cette biographie ne relève pas de l'hagiographie, ni à contrario d'un essai à charge, elle s'efforce de mettre en lumière des éléments historiques souvent inédits, sans pour autant chercher à le dédouaner de ses actes. Son existence se conjugua au pluriel, derrière une multiplicité de personnalités imbriquées les unes aux autres. L'approche chronologique retenue dans cet essai s'appuie notamment sur de nombreux articles de presse, permettant de l'esquisser au fil d'une actualité française dans laquelle son statut ne cessera d'évoluer, passant de la "une des gazettes" à la disparition totale. C'est dans ce vide, cette sorte d'évanouissement temporel qu'il me fallait m'aventurer, pour découvrir un homme complexe se dissimulant derrière une douzaine de pseudonymes, comme autant de vies secrètes aujourd'hui dévoilées.

09/2021

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Sciences historiques

De l'épopée vénitienne aux révolutions corses. Engagements militaires et combats politiques insulaires (XVe-XVIIIe siècles)

De la fin du XVe siècle à sa chute en 1797, la république de Venise employa des milliers de mercenaires corses pour servir son expansion territoriale dans le nord de la Péninsule, intervenir lors de ses conflits avec l'archiduché d'Autriche et l'Espagne, et participer à toutes les grandes guerres qui l'opposèrent à l'Empire ottoman : Chypre (1570-1573), Candie (1645-1669) ou les deux guerres de Morée (1684-1699 et 1714-1718). Cet exil massif qui toucha près de 10% de la population insulaire en âge de porter les armes ne fut pas sans conséquences pour la société corse, et notamment sur le mode de représentation politique des élites corses qui en avaient fait l'expérience. La bonne administration et la tradition militaire de Venise, dernier Etat italien réellement indépendant, contrastaient en effet avec celles de Gênes. Ce modèle inspira naturellement les propositions réformatrices de Luigi Giafferi, capitaine au service de Venise lors de la première guerre de Morée et, après son retour dans l'île, Noble Douze et orateur de la Corse. Précoces partisans de la rupture totale avec Gênes, hostiles à toute concession aux démarches de soumission exigées sous la pression des interventions militaires impériales et françaises, les Corses de Venise jouèrent un rôle politique original jusqu'au ralliement du colonel Marc Antonio Giappiconi au gouvernement national, en août 1764, devant la menace de la conquête française. S'appuyant sur de nombreuses sources inédites, l'ouvrage apporte sa contribution à la connaissance des phases fondatrices de la révolution de Corse. Il rappelle que, dès 1731, le peuple corse a rompu avec Gênes et qu'en 1736 il s'est érigé pour la première fois en Etat libre et indépendant doté de lois fondamentales, d'une monnaie et d'une armée. Ce faisant, il rend justice aux rôles précurseurs de Luigi Giafferi, Erasmo Orticoni, Sebastiano Costa, mais aussi à celui de Théodore de Neuhoff, aristocrate rebelle, injustement caricaturé et qu'il convient de replacer dans le faisceau des soutiens napolitains, hollandais et anglais à la Corse insurgée, ainsi qu'à celui du maréchal Schulemburg, chef des armées vénitiennes.

01/2018

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Economie (essai)

L'emploi pour tous est possible. Tome 1

Vivre sans un emploi décent est une mort anticipée, un mutisme permanent qui voile une peine morale, psychique et une crise de civilisation à laquelle nous sommes trop souvent indifférents, alors que la vie mérite d'être vécue. Il n'y a rien d'humain, de fraternel, ni de digne dans le chômage ! Nul n'est à l'abri du chômage ! Mais, les politiques de lutte contre le chômage ont fini de faire la preuve de leurs limites et la question évolue dans la confusion intellectuelle la plus totale. En Côte d'Ivoire, par exemple, des milliers de diplômés, pis, des docteur(e)s, croupissent au chômage, abîmés, humiliés, dévalorisés, lynchés, livrés aux railleries et à la vindicte populaire. Cela n'est pas digne d'une société humaine, moderne et civilisée. Et, ce n'est vraisemblablement pas la meilleure publicité pour l'école obligatoire, aujourd'hui gratuitement chère. Comment encourager les plus jeunes à prendre les études au sérieux, face au dénuement de leurs aînés, pères et mères diplômés chômeurs ? Un génocide intellectuel se joue sous nos yeux, en plein 21ème siècle. Hélas ! Le mode d'accès à l'emploi (salarié ou entrepreneur) est fortement décrié car miné par des injustices flagrantes, des réseaux de copinage et de corruption, faisant l'apologie du "relationariat" , du "bras long" , du "tu sais qui je suis ? " , de la médiocrité tout simplement. Le chômage est avant tout, une crise morale et éthique qui détruit familles, jeunesses, territoires et interroge le sens que nous donnons aux mots : solidarité, fraternité, dignité, paix, école, jeunesse, économie, avenir, entrepreneuriat, union, discipline, travail. Il apparaît dès lors urgent, pour la cohésion sociale, la paix et le développement durable, de mettre en oeuvre le DIEG (Dispositif Intégré pour l'Emploi Garanti) qui garantit à chaque citoyen, un emploi décent : la vraie possibilité d'apprendre, d'exercer un métier et vivre dignement de l'emploi de ses rêves, au public, au privé ou en tant qu'entrepreneur. Une partie des revenus issus de la vente du livre sera utilisée pour soutenir des initiatives visant l'accès à l'emploi décent pour tous, en Afrique et à travers le monde.

12/2022

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Cosmologie - Histoire

Fantastiques éclipses. De la frayeur à la raison

Après une brève introduction, l'auteur commence par expliquer le mécanisme général des éclipses (chapitre 1), les trois astres en causes et leurs mouvements, les types d'éclipses, leurs fréquences et durées. Il se penche ensuite sur les éclipses de Lune (chapitre 2), ce qu'elles sont et les observations qui en ont été faites depuis l'Antiquité : provoquée par le passage de la Lune dans l'ombre projetée de la Terre, une éclipse de Lune est totale lorsque la Lune passe tout entière dans l'ombre projetée par la Terre, partielle lorsqu'elle touche simplement le cône d'ombre, par la pénombre quand elle ne fait que la frôler. Des phénomènes auxquels nos ancêtres se sont rapidement habitués lit-on... L'ouvrage enchaîne ensuite sur les éclipses de Soleil (chapitre 3) avec une description méticuleuse d'un spectacle extraordinaire. Dès l'Antiquité, les observateurs remarquèrent que toutes les éclipses de Soleil n'étaient pas identiques. Mais il fallut, à quelques exceptions près, attendre le début du XVIIe siècle pour trouver autre chose que des descriptions limitées à la date et à la localisation et, ainsi, faire progresser la science ! Le lecteur pourra ensuite s'attarder sur le chapitre "Que faire pendant une éclipse ? " (chapitre 4), qui explore les techniques et les outils pour observer – avec précaution – le déroulement des événements et quelques astuces intéressantes. Les éclipses ont permis de dater les évènements historiques, devenant parfois des outils d'asservissement. Elles ont inspiré de nombreuses notes dont l'auteur nous livre quelques exemples choisis (chapitre 5), de Sénèque vers 50 ans avant l'ère commune, en passant par Tintin dans le Temple du Soleil et jusqu'à nos jours, en France, à l'occasion de l'éclipse du 3 octobre 2005. Dans les deux derniers chapitres, Jean-Louis Heudier pousse son incursion du côté des éclipses de satellites de Jupiter, dont la découverte a modifié la compréhension de l'univers, et les transits de Vénus et de Mercure, moins spectaculaires et plutôt réservés aux initiés. Le livre s'achève par des annexes techniques, histoire de découvrir comment les astronomes publient leurs calculs d'éclipses... et se préparer à celles à venir !

06/2023

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Littérature française

Ce sera ma vie parfaite

La dernière journée d’une vie peut-elle en changer le sens ? En ce matin de printemps, Victor des Ulmières pressent sa mort, alors qu’autour de son domaine rôde Serge, son jeune protégé avec lequel il s’est battu au couteau la veille. Serge, menaçant, veut en découdre, une fois pour toutes. L’imminence de sa propre fin force Victor à une relecture lucide de sa vie, oscillant entre passé et présent. Une famille d’abord trop pesante pour lui avoir permis de vivre librement : sa mère tôt disparue ; son père qui l’a méprisé injustement après une supposée trahison pendant la guerre ; sa soeur, Aimée la bien nommée, véritable passion de sa vie, à côté de laquelle ont été bien insuffisantes les nombreuses femmes qu’il aura ensuite connues ; Vivien, le jeune frère haï dont après la mort il a osé piller le travail… Plusieurs lieux, ensuite : le Liban de la guerre, New York, qui vit la consécration de sa carrière de photographe, les plages de la Méditerranée, abris d’un inouï bonheur sensuel. Mais Victor est toujours revenu au château familial, proche de Sancerre qu’il peut admirer de ses fenêtres, bâtisse qui est à la fois son fardeau et sa chance. A proximité aussi du cimetière où est enterrée sa lignée depuis des générations, au fond d’un caveau qu’il pense rejoindre bientôt. Dans sa longue rumination intérieure, cet homme qui se croit impuissant, raté, cherche les êtres aimés, se remémore les signes et les gestes d’affection vraie. En cette dernière journée, Victor héberge une troupe de danseurs et de musiciens, dont il partage les activités : un concert, une baignade où il mêle avec jubilation son vieux corps aux leurs, éclatants de jeunesse. Cette proximité révèle en lui une vitalité toujours présente, un amour de la beauté que les tragédies de son existence n'ont pas entamé. Et c’est en cette compagnie que Victor décide d’un événement qui lui donnera la possibilité de traverser déceptions et fantasmes, de faire l'expérience d'une joie totale. De parachever ainsi sa vie "parfaite"…

08/2013

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Cinéma

Filmer l'artiste au travail

Le rapport entre le cinéma et les autres arts a suscité un nombre considérable d'écrits, inaugurés par les premières tentatives pour définir le cinéma comme un art, fondées notamment sur des comparaisons avec la peinture et la musique. Les textes qui constituent cet essai se situent donc dans la continuité d'une histoire déjà longue, avec cependant le parti pris affirmé de prendre quelques distances avec d'une part cette dimension comparatiste et d'autre part l'affirmation du cinéma comme possible "synthèse des arts" ou manifestation d'une mythique "oeuvre d'art totale". Plus modestement, ces contributions proposent d'analyser des rencontres possibles entre le cinéma et la création artistique en prenant comme entrée les séquences de fictions ou de documentaires qui tentent de montrer l'artiste au travail. Cette approche très ouverte permet de parcourir l'histoire du cinéma, des danses serpentines des premiers temps aux autoportraits de Jean-Luc Godard, Agnès Varda ou Alain Cavalier, des critofilms de Carlo L Ragghiani aux mises en abyme complexes d'Abbas Kiarostami ou de Nuri Bilge Ceylan, tout en mêlant dans un même mouvement de pensée des films dont le projet est de donner à voir la genèse d'une oeuvre picturale (La Belle Noiseuse de Jacques Rivette) ou théâtrale (Elvire Jouvet 40 de Brigitte Jacques et Benoît Jacquot) et des films où la création est envisagée de manière moins frontale ou plus métaphorique, telles les figures d'écrivains en panne d'inspiration dans les films de Win Wenders ou encore la confusion entre acteurs et personnages dans les performances de Louis Jouvet et Sacha Guitry, "monstres sacrés" du cinéma français. Une telle pluralité de propositions n'aurait guère de sens si elle n'était envisagée dans un projet de recherche fermement bâti autour d'une étude des potentialités du cinéma à démythifier l'acte de création en considérant l'oeuvre non comme une réalité achevée mais comme un processus. Chacune des études présentées dans cet ouvrage travaille ainsi une tension entre le geste créateur comme recherche incertaine et une hypothèse selon laquelle tout oeuvre garde la trace des conditions de son élaboration.

09/2013

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Critique littéraire

Bug made in France ou L'histoire d'une capitulation culturelle

Il s'agit d'un court essai sur la diffusion de la culture française, le marché culturel mondial et la manière dont la révolution digitale est en train d'en bouleverser les règles. Face à la position hégémonique des Américains et à un affaiblissement du rayonnement de notre culture, il est plus que nécessaire d'agir pour ne pas connaître une absortion totale. Le propos de l'auteur est argumenté, éclairé et passionnant, car il s'appuie sur une connaissance approfondie des mécanismes de diffusion de la culture française hors des frontières. Ainsi, il évalue de manière précise le recul de notre présence à l'étranger et le fossé qui sépare désormais l'hexagone de la méga puissance américaine. Sa présentation de la révolution digitale est édifiante. Elle nous fait prendre la mesure du retard de la France sur les Etats-Unis, et notamment de la Silicon Valley où s'épanouit la puissante industrie du numérique. Une telle concentration, un tel monopole commercial sont sidérants : non seulement les Etats-Unis possèdent et maîtrisent les outils du " hardware " et du " software ", mais ils contrôlent Internet et ont développé des sites incontournables : Yahoo, Google, Facebook, Amazon, Twitter, YouTube, iTunes... A partir de ce constat sans appel, Olivier Poivre d'Arvor réaffirme donc la nécessité pour les éditeurs français de bien négocier le virage du numérique, de se battre contre les monopoles de sites spécialisés dans la vente de livres électroniques, de défendre le copyright et la maîtrise du prix du livre. Avec ce texte vif, Olivier Poivre d'Arvor intervient dans le débat sur l'avenir du livre et plus largement celui de la culture française. Son engagement est tranché, net, et il fait valoir un point de vue spécifiquement français à l'heure où l'on serait tenté de croire que le problème doit se penser de manière globale, ce qui est à ses yeux une illusion. C'est donc aussi pour lui l'occasion de réaffirmer la spécificité de notre pays, de son rapport privilégié à la chose écrite et de repenser une notion qui, il y a quelques années fit polémique, la fameuse " exception culturelle française ".

01/2011

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Histoire internationale

La route vers le nouveau désordre mondial. 50 ans d'ambitions secrètes des Etats-Unis

Depuis les années 1960, les choix en matière de politique étrangère états-unienne ont conduit à la mise en œuvre d’activités criminelles, et à leur dissimulation, tantôt partielle parfois totale. Dans ses précédents essais, Peter Dale SCOTT a témoigné de l’implication de la CIA dans de graves exactions, dont différents coups d’État, ou dans la mise en place d’une véritable géopolitique de la drogue et des guerres qu’elle permet de financer. Il sonde ici la manière dont les décisions, irrationnelles (voire paranoïaques) et à courte vue, prises par les Présidents américains depuis Nixon ont engendré une plus grande insécurité dans le monde, notamment en renforçant les réseaux terroristes responsables des attentats de 2001. L’auteur montre comment l’expansion de l’Empire américain depuis la seconde guerre mondiale a conduit à ce processus de décisions iniques et dangereuses dans le plus grand des secrets, souvent à l’insu des responsables démocratiquement élus. À partir d’exemples précis, il illustre comment ces décisions furent l’apanage de petites factions très influentes au sein d’un « supramonde » qui agit sur l’État public à travers des institutions secrètes (comme la CIA), au détriment de l’État démocratique et de la société civile. L’analyse de l’implémentation de ces programmes établit la longue collaboration des principaux services de renseignement des États-Unis avec des groupes terroristes, qu’ils ont à la fois aidés à créer et soutenus, dont la fameuse organisation al-Qaïda. Dans un autre registre, parallèle et tout aussi fascinant, Peter Dale Scott explique clairement le danger que fait peser sur la démocratie l’instauration, sous l’administration Reagan, du plan ultra secret de « continuité du gouvernement », qui existe toujours… D’aucuns crieront sans doute à la « théorie du complot », mais la qualité de l’argumentation, étayée par une documentation encyclopédique fait de ce travail une magistrale et passionnante leçon d’histoire contemporaine, qui nous plonge dans les méandres des rivalités de ceux qui détiennent le vrai pouvoir, pour comprendre le monde tel qu’il est, et non tel qu’il paraît être.

11/2010

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Histoire internationale

Activités maritimes et sociétés littorales de l'Europe atlantique. 1690-1790

Au XVIIIe siècle, les navires marchands ont pris possession de la mer. Morutiers et baleiniers se déploient depuis longtemps dans les hautes latitudes. Les grandes routes maritimes, ces voies du profit, ont pour destination l'Amérique ibérique, les Antilles, le continent nord-américain, les établissements de l'océan Indien. Le développement du commerce maritime s'est fait sous la protection des privilèges. Mais les monopoles et l'exclusif du pavillon craquent de toutes parts. Sur la façade atlantique du vieux continent, de la Baltique à la Méditerranée, les lignes du cabotage donnent plus de cohésion à l'Europe océanique et apparaissent, en amont et en aval des grands flux océaniques, comme les traits d'union indispensables à la réussite de l'aventure commerciale. Rapidement, les océans porteurs de ces activités deviennent le théâtre de rivalités et d'affrontements entre les puissances européennes. Le combat de ligne de file qui s'impose comme tactique de combat favorise une certaine homogénéisation des flottes de guerre. Mais quand le commerce est l'enjeu de la guerre et que le commerce fait la guerre au commerce, la guerre change de nature. Le XVIIIe siècle invente la guerre totale. L'aventure maritime, c'est d'abord celle des hommes et ce sont les paroissiens des villes et des villages du littoral, cet espace d'interface entre la mer, " between the devil and the deep blue sea " et la terre, entre la peine et le profit. Sur le pont ou sur les quais, aux mâts ou sur les chantiers navals, à la barre ou sur l'estran, ils sont les acteurs au quotidien du littoral et de la mer. Ils ne sont aussi que la main-d'œuvre d'entreprises dominées par les détenteurs de capitaux, les négociants. Du counting house à la country house, en passant par l'échevinage, le consulat, la loge et la chambre de lecture, tracent-ils la voie à de futurs notables ou à de véritables entrepreneurs ? Organisé en chapitres thématiques, abondamment illustrés par des cartes et des tableaux statistiques, cet ouvrage présente, par une nouvelle approche, une synthèse sur les activités maritimes et les sociétés littorales de l'Europe atlantique au XVIIIe siècle.

07/1997

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Romans historiques

Une relation viennoise

La première page s'ouvre sur un questionnement : qui est donc l'auteur de cette " relation " ? S'agit-il d'Eugen W., autrichien et journaliste de son état, ou de quelque autre ? Et qui l'a adressée, par simple courrier, au " traducteur " français ? Sans réponse certaine du manuscrit, nous embarquons avec Eugen et son cercle d'amis pour une destination alors peu courue, une île de Dalmatie, possession austro-hongroise au temps de la grandeur des Habsbourg. Le groupe de complices a en effet décidé de s'y livrer à une curieuse recherche. Nous sommes à l'automne 1912, et les jeunes Viennois s'intéressent beaucoup plus à Sigmund Freud ou à leurs premiers émois qu'aux réalités du continent européen. Eclate bientôt la crise dans les Balkans, et en quelques semaines, l'atmosphère de villégiature cède la place aux interrogations lancinantes, aux incertitudes que suscitent également dans leurs âmes inexpérimentées les confidences d'un surprenant médecin. Le séjour tourne au drame, tandis que se profilent la Première guerre mondiale et la fin de l'Autriche-Hongrie. Quand le manuscrit et les amis abordent à l'entre-deux-guerres, à ces années qui commencèrent folles, une Europe nouvelle est apparue. Eugen couvre les tractations diplomatiques préludant aux accords de Locarno, ceux que les peuples crurent le ciment d'une paix qui durerait. Où mèneront ses amours avec l'amie retrouvée - mariée à un diplomate de la Société des Nations ? Et cet imbroglio international qui mêle la France, l'Angleterre... et la Lithuanie ? Toute trace en a aujourd'hui disparu des archives européennes... Alors, fiction ou réalité, selon les termes mêmes de l'avertissement que nous a laissé le " traducteur " en préambule de l'ouvrage ? Le Second conflit mondial vient en tout cas rattraper, dans les confins de la Baltique, des personnages de plus en plus impuissants devant le déchaînement de l'Histoire. La guerre totale, et les violences exercées sur les populations de pays comme la Lithuanie, achèvent de donner au récit une densité et un intérêt dus pour partie à la perspective historique adoptée par l'auteur, dans une Europe meurtrie où l'esprit de Locarno et les rêves de paix ne sont décidément plus que pâles et lointains souvenirs.

02/2006

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Humour

Chroniques de La Montagne 1962-1971

" Je n'ai jamais le temps de dégorger le vingtième de ce que j'accumule, et plus tard, ce sera trop tard. " Pour répondre à cette urgence, Alexandre Vialatte (1901-1971) a créé un genre littéraire qu'il a poussé à la perfection : la chronique. Depuis sa vingt et unième année et jusqu'à sa mort, il en a composé par centaines, pour La Revue rhénane, Le Crapouillot, L'Intransigeant, Le Moniteur, L'Epoque, La Nouvelle Revue française, La Revue hebdomadaire, Marie-Claire, Le Journal de l'Est, Le Petit Dauphinois et, pendant les dix-huit dernières années de sa vie, pour le grand quotidien auvergnat La Montagne. Ce quotidien lui offre toutes les semaines une demi-colonne ou une colonne entière et lui laisse une totale liberté de parler de ce qu'il veut, à l'exception de la politique. Ainsi, tous les dimanches soir, Vialatte porte sa copie à la gare de Lyon, la dépose au wagon postal du train de vingt-trois heures quinze. En dix-huit ans, ce n'est que deux ou trois fois qu'il a manqué son rendez-vous. Et de quoi parle-t-il semaine après semaine ? De tout, de rien. Tantôt il aborde un roman, tantôt une pièce de théâtre ou un recueil de poèmes, parfois il parle d'une rencontre, évoque un film, se gausse d'une vérité première, approfondit un lieu commun, commente un proverbe. La chronique est l'œuvre d'un promeneur, d'un flâneur, d'un curieux d'un philosophe. " Nous sommes allés cherchant des hommes, comme Diogène, pour leur demander des maximes ou des fenêtres sur l'horizon. " C'est un genre essentiellement poétique, qui peut attraper n'importe quel sujet au vol. Même le plus éphémère se trouvera, par la grâce du style, chargé de sens. " Une chronique, il faudrait la faire pousser comme une herbe dans les fentes d'un mur, dans les pierres de l'emploi du temps. " Vialatte, à sa manière, nous restitue le temps perdu. Il appartient à la famille des Saint-Simon et des Proust.

10/2000

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Histoire de France

Les Grandes Guerres 1914-1945. Edition de luxe

Les deux Guerres mondiales du xxe¿siècle sont le coeur de ce livre. Le grand basculement de l'été 1914, les horreurs des tranchées, l'occupation d'une partie du pays et le "front de l'arrière" font comprendre le processus qui conduit à un conflit inédit par son ampleur et sa brutalité : une guerre totale. Sans doute, en 1918, la France émerge, victorieuse, mais "malade de la guerre" : profondément affectées, jusque dans leurs structures, l'économie et la démographie ne peuvent être "réparées" , reconstruites ou "reconstituées" aussi rapidement qu'un pont, une route ou un bâtiment. Cette "reconstitution" progressive de la France se fait à des rythmes différenciés : rapide et efficace dans le cas des infrastructures, plus lente, incomplète et entravée par la crise dans le domaine économique et financier et, enfin, très partielle seulement et à peine entamée dans le domaine démographique, malgré la mise en place de politiques publiques spécifiques. Le monde rural entame sa lente mutation, le monde ouvrier augmente en nombre et se déchire sur les questions syndicalo-politiques, pendant que les classes moyennes, en expansion numérique, se fractionnent et se diversifient. La démobilisation culturelle et le retour à la mobilisation politique se déroulent dans une atmosphère de tensions et de modernisations artistiques, entre cultures des masses et culture de masse. Une attention particulière est portée aux relations internationales, aux traités, à l'esprit de revanche, en même temps qu'aux efforts des pacifistes, à la SDN, à Briand... Alors que la France abandonne en partie à regret une politique de puissance en Europe, le terrain colonial devient bientôt le seul où cette politique impérieuse peut pleinement s'exprimer, notamment en 1931 à travers une impressionnante exposition coloniale. Avant que tout ne bascule, de nouveau, dans des crises multiples, financières, économiques et politiques, pour aboutir à la catastrophe de mai-juin 1940 et, avec elle, à la mise à mort des principes républicains... Pour restituer ce "passé qui ne passe pas" , Nicolas Beaupré a su trouver la bonne distance, entre passion et parti pris, pour nous faire comprendre et partager les enjeux d'une des périodes les plus dramatiques et controversées de l'histoire de France.

05/2012

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Critique littéraire

Correspondances à trois voix. 1888-1920

En donnant en un seul volume les correspondances Gide - Louÿs et Louÿs-Valéry, cette publication éclaire le rôle d'" entraîneur " joué par Pierre Louÿs dans les débuts littéraires de ses deux amis et le fait que, dans un premier temps, le " trio " qu'il forme avec eux fut bien plus complémentaire que leurs évolutions ultérieures ne le laisseraient deviner. L'intérêt de ces premiers échanges tient à une commune ferveur littéraire qui se manifeste en particulier dans le lancement de quelques revues (Potache-Revue, La Conque et Le Centaure). Les germes de la création, les tâtonnements exprimés par leurs juvéniles poèmes, les réciproques critiques qu'ils se font traduisent, sinon leur totale communion d'esprit, du moins des credo esthétiques communs et une même ambition artistique. Après la mise en sommeil des visées littéraires de Valéry à l'automne 1892 et la brouille définitive intervenue entre Gide et Louÿs en 1896, la correspondance entre Louÿs et Valéry connaît une certaine chute de tension jusqu'à ce que la remise en marche de " l'ouvroir " poétique devienne le prétexte d'échanges enflammés oit ils retrouvent les enthousiasmes de leur jeunesse. Ces lettres presque quotidiennes des années 1916-1917 brassent une foule d'idées et de réflexions qui vont nourrir la création de Valéry avec La Jeune Parque et les poèmes de Charmes, tandis que Louÿs accepte avec bonne grâce de servir de miroir et de jouteur à son ami plus doué. Il y a un demi-siècle, Robert Mallet faisait connaître la plus grande partie des lettres échangées entre Gide et Valéry qui n'avaient pas à être reprises ici, Louÿs demeurant dans la coulisse. Ici et là, des bribes et des fragments épars des correspondances Gide-Louÿs et Louÿs-Valéry ont pu être livrés, mais aucune édition intégrale de ces deux autres côtés du triangle n'a été entreprise. Si nous les publions aujourd'hui d'une manière simultanée, c'est pour marquer à vif les ressemblances, les influences, les interférences et les divergences de ces trois auteurs essentiels de la littérature moderne à travers l'un des plus beaux témoignages de ce qui peut naître du commerce et de l'amitié de trois " esprits ".

06/2004

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Religion

Histoire des filles de la charité XVIIe-XVIIIe siècle. La rue pour cloître

    Les Filles de la Charité sont aujourd’hui la principale congrégation féminine hospitalière et enseignante avec vingt mille sœurs dans près de cent pays. Des clairs-obscurs de la photographie des années 1950 aux jubilatoires cornettes au vent des 2 CV de Louis de Funès, de la piété chatoyante des deux millions de fidèles qui défilent chaque année dans la chapelle de la médaille miraculeuse rue du Bac aux iconoclastes défilés de mode qui réinventent leur coiffe, qui ne connaît les célèbres sœurs de Saint-Vincent-de-Paul ?    Leur histoire n’a pourtant jamais été écrite. L’ouverture des archives privées de la Compagnie, croisées avec les archives publiques, a enfin permis d’y remédier.    Fruit d’un travail de plusieurs années, ce premier volume court de la fondation par Vincent de Paul et Louise de Marillac d’une confrérie de bonnes filles au service des pauvres, nourrie par la spiritualité de l’imitation de Jésus-Christ propre à l’« École française », à la suppression des sœurs par la Révolution. Au croisement de l’histoire des femmes et de l’histoire religieuse, cette étude montre combien les Filles de la Charité contribuent à la reconnaissance d’un statut inédit et ambigu dans la société post-tridentine : ni religieuses ni mariées, mais « séculières ». Assurément, la Compagnie a offert un cadre favorable à bien des femmes trempées pour des destins hors normes, conduisant de petites paysannes à la Cour, des cœurs intrépides en Pologne, des âmes généreuses au « martyre de la charité » dans des villes décimées par la peste.    À l’heure du 350e anniversaire de la mort des fondateurs (1660), cet ouvrage permet de redécouvrir la figure méconnue de Louise de Marillac et met en lumière une œuvre constamment replacée dans son contexte religieux, social et politique. Essai d’histoire totale d’une congrégation religieuse, il éclaire ainsi l’histoire de l’ancienne France, de ses splendeurs aussi bien que de ses misères.    Matthieu Brejon de Lavergnée est agrégé et docteur en histoire. Ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, il s’attache à une histoire de la philanthropie en Europe.

04/2011

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Littérature étrangère

Treize

"La disparition soudaine, complète, totale, de tout son propre poids, accompagnée et même immédiatement suivie, c'est logique, de la conscience aiguë d'avoir perdu ledit poids de manière si subite. S'éloigner rapidement, de plus en plus rapidement, d'un très bref instant de suspension. Mais nous n'avons pas le temps de spéculer sur cela : d'innombrables souvenirs occupent tout notre être. Ils ne se succèdent ni en ordre chronologique ni par ordre d'importance, ils viennent à notre rencontre depuis toutes les directions, en vrac, eux aussi à une vitesse croissante, épisodes significatifs, futiles, très futiles et très significatifs ; femmes, hommes, enfants, animaux, plantes, fleurs, parfums, autres odeurs, saveurs, une vue d'arbres, l'image d'une vipère qui dévore un crapaud, notre père qui rit, notre mère qui rit, pleure, rit de nouveau puis pleure de nouveau ; les yeux d'un homme que nous avons haï et le pourquoi de cette haine ; les mains d'une femme : la droite qui saisit les doigts de la gauche et les courbe vers le haut, regarde comme j'arrive à les courber, fait sa voix, les femmes arrivent toujours à courber leurs doigts d'une façon incroyable, songeons-nous, ce que nous n'avons jamais su et ne saurons jamais faire, nous, car il n'est plus rien que nous saurons faire : nous nous hâtons de quitter tout et tous, toutes les choses et tous les gens ; tout ce qui n'est pas à nous est déjà derrière nous. Tout est suspendu. Nous tombons. Précisément aujourd'hui, précisément maintenant et par surprise. Et, de fait, nous n'avons pas peur : nous sommes surpris. Nous pensions être prêts et nous avons été pris au dépourvu. Nous étions distraits. Nous devions vivre. Jamais été prêts, songeons-nous en tombant, mais jamais eu ni argent ni peur non plus. Et tandis que la simplicité de notre vie, que nous croyions si compliquée, n'en finit pas de nous surprendre, voici que tout notre poids nous est rendu". Treize rassemble pour la première fois toutes les nouvelles de Vitaliano Trevisan. Réunies, elles forment un ouvrage singulier, d'une puissance littéraire exceptionnelle, signé par un des auteurs italiens les plus importants aujourd'hui.

04/2013

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Religion

De la tendresse

Dans ce petit ouvrage, nous proposons de réunir deux discours du pape François sur la tendresse et la miséricorde qu'il nous appelle à redécouvrir urgemment. En avril 2017, le leader spirituel donnait sa première TED conférence (Technology, Entertainment & Design : conférences à but non lucratif accessibles sur Internet et destinées à promouvoir des idées qui valent la peine d'être diffusées). Dans ce message plein d'espoir et résolument tourné vers le futur, le pape 2.0 nous éclaire sur le monde d'aujourd'hui et appelle à ce que l'égalité, la solidarité et la tendresse prévalent. En effet, l'Amour est source de créativité. " La révolution de la tendresse " à laquelle le pape François nous propose de participer est une révolution totale d'écoute, d'attention, d'adaptation à l'Autre. C'est en se mettant au niveau de l'Autre que l'on parle le langage concret de l'Amour, comme un parent s'adapte au langage de l'enfant. Dans le second discours, le pape nous montre en quoi la communication et la miséricorde peuvent être fécondes. La communication a le pouvoir de créer des ponts, de favoriser la rencontre et l'inclusion. Elle doit nous aider à sortir des cercles vicieux de la violence, de la haine et de la vengeance. Pour guérir les relations déchirées, il ne faut pas briser le lien. Mais au contraire, c'est en avançant sur le chemin difficile et courageux de la miséricorde et de la réconciliation que l'on construira une société meilleure, c'est-à-dire non pas un espace dans lequel des étrangers rivalisent et cherchent à se dominer, mais plutôt une maison dont la porte sera toujours ouverte. Comme dans le petit livre A la jeunesse que nous avions publié en 2016, le pape François manifeste son engagement politique pour l'ouverture et la communication. Ce qu'il faut également retenir de cet engagement, c'est son inscription dans notre époque contemporaine. Loin de renier les nouvelles technologies, le pape les valorise et les utilise sans omettre de rappeler que ce n'est pas la technologie qui décide de l'authenticité de notre relation aux autres.

12/2017

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Critique littéraire

"Révolution". Histoire d'un mot

Révolution : le mot lui-même a aussi son histoire, qui explose précisément en 1789, mais dont les retombées n'ont pas cessé de nous atteindre. Nul mieux qu'Alain Rey, linguiste, historien et directeur littéraire des dictionnaires Le Robert, n'était armé pour en retracer la courbe, citations à l'appui. En explorer la genèse, depuis le XIIe siècle où le mot apparaît jusqu'au XVIIIe où il s'imprègne de sa signification moderne. Pour en parcourir les destinées imprévisibles et fantastiques dans les années qui, avant d'autres, ébranlèrent le monde, et en poursuivre les proliférations ultérieures, les arborescences, les déviations et les usages métaphoriques. Travail indispensable et neuf, qui s'individualise puissamment dans le flot des publications du Bicentenaire. Il resterait cependant d'érudition pure et de sèche philologie si l'auteur ne savait que les signes ne sont que des formes vides quand ils sont privés de leur pouvoir social. Le mot "révolution" porte en effet les cicatrices de l'histoire comme il en révèle les sédiments accumulés. Il est allé dans un premier temps du mouvement des astres au retour des temps, puis aux mutations des gouvernements, des sociétés, de la nature. Il est passé du calme absolu aux renversements dans la violence avant de s'incarner dans le grand événement de 1789 ; et rebondir. Il affirmait jusque-là un rapport entre le renouveau scientifique et philosophique des XVIIe et XVIIIe siècles et les mutations politiques et sociales de l'Angleterre, de l'Amérique du Nord, de la France. En devenant au XIXe siècle le noyau du patrimoine idéologique national, il a reçu avec Marx, le socialisme et l'économie moderne, les ingrédients d'une nouvelle relance, en Russie, mais aussi en Allemagne, en Chine, dans le monde arabe. Le XXe siècle en a fait progressivement éclater les virtualités pour finir par donner au mot une position idéologique centrale qui dépasse de très loin son contenu politique et social, et en faire l'instrument d'une libération totale qui réorganise en les désorganisant les rapports institués entre la loi et les pulsions, entre l'individu et la communauté, entre l'homme et l'homme. Révolution, histoire d'un mot.

11/1989

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Littérature française (poches)

Le lièvre de Patagonie

«Quand venait l'heure de nous coucher et de nous mettre en pyjama, notre père restait près de nous et nous apprenait à disposer nos vêtements dans l'ordre très exact du rhabillage. Il nous avertissait, nous savions que la cloche de la porte extérieure nous réveillerait en plein sommeil et que nous aurions à fuir, comme si la Gestapo surgissait. «Votre temps sera chronométré», disait-il, nous ne prîmes pas très longtemps la chose pour un jeu. C'était une cloche au timbre puissant et clair, actionnée par une chaîne. Et soudain, cet inoubliable carillon impérieux de l'aube, les allers-retours du battant de la cloche sur ses parois marquant sans équivoque qu'on ne sonnait pas dans l'attente polie d'une ouverture, mais pour annoncer une brutale effraction. Sursaut du réveil, l'un de nous secouait notre petite soeur lourdement endormie, nous nous vêtions dans le noir, à grande vitesse, avec des gestes de plus en plus mécanisés au fil des progrès de l'entraînement, dévalions les deux étages, sans un bruit et dans l'obscurité totale, ouvrions comme par magie la porte de la cour et foncions vers la lisière du jardin, écartions les branchages, les remettions en place après nous être glissés l'un derrière l'autre dans la protectrice anfractuosité, et attendions souffle perdu, hors d'haleine. Nous l'attendions, nous le guettions, il était lent ou rapide, cela dépendait, il faisait semblant de nous chercher et nous trouvait sans jamais faillir. A travers les branchages, nous apercevions ses bottes de SS et nous entendions sa voix angoissée de père juif : «Vous avez bougé, vous avez fait du bruit. - Non, Papa, c'est une branche qui a craqué. - Vous avez parlé, je vous ai entendus, ils vous auraient découverts». Cela continuait jusqu'à ce qu'il nous dise de sortir. Il ne jouait pas. Il jouait les SS et leurs chiens». Ecrits dans une prose magnifique et puissante, les Mémoires de l'auteur de la Shoah disent toute la liberté et l'horreur du XXe siècle, faisant du Lièvre de Patagonie un livre unique qui allie la pensée, la passion, la joie, la jeunesse, l'humour, le tragique.

09/2010