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Colorama Bateau

Extraits

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Poésie

Lamenta des murs

Nous allons de maison en maison. A l'abri, nous ne connaissons pas le repos. Il reste à trouver une maison pour les vivants qui ont abandonné la leur. Et même, une maison pour les morts. Une barge traverse la tempête, véhiculant des liens mystérieux entre les faits, la houle et les mots. Traverser c'est traduire. Ecrire, c'est traduire un livre au secret. Quand les mots n'ont plus de maison, qu'est-ce qui en découle ? Il y a une étrange analogie entre les migrandts qui, depuis les dunes de Flandre, empruntent toutes sortes d'embarcations, et les soldats qui, en juin 1940, tentent aussi l'impossible vers l'Angleterre. Chaque exilé sur ces bateaux est mon père jeune, traumatisé par cet exode létal. Il épouse une Démaison. L'Irlandaise Kate fait aussi passer des réfugiés par la Manche. Puis c'est Ravensbrück. Antonin Artaud va rendre la " canne de Saint Patrick " aux Irlandais. Il irait jusqu'au Purgatoire de saint Patrick. Marteau, va ! Il échoue derrière les murs d'une prison hantée par les Républicains. Viennent les maisons de fous. Sur une île d'Aran, la maison d'Artaud enfin trouvée est à l'abandon. Une momie de chat gît au pied du poêle à briquettes de tourbe. De deux briquettes et de beurre, Joseph Beuys prépare son sandwich Energie irlandaise. Ayant appris l'anglais dans Finnegans Wake, il élabore un Secret Block in Ireland. Et son université hors les murs. Il est au premier rang quand Ivan Illich confère avec allégresse sur le contre-productif ; sur de nouvelles manières de transmettre et de soigner. Ils aiment la bicyclette autant que l'exilé James Joyce. Les mots n'ont plus de valeur faciale. Sur Aran enfin, Illich marche sur les pas d'Artaud. Partout, des murs - et même des murs d'eau - qui ont des oreilles. Derrière, les mots entravés sont comme des plans d'évasion que traduit mal le dehors sur ses gardes. Comment emprisonner la violence en chaque mot ? Un cours d'eau pourrait fluidifier les blocs de forme. Car c'est surtout depuis le lit des rivières que la terre promise parle en nous. Après 40 ans dans les zones d'ombre de l'histoire européenne, le " Cycle des exils " se boucle avec ce huitième volume.

04/2024

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Littérature française

Je suis une surprise

On trouvera ici : une table de ping-pong, une grosse enveloppe de la NASA, un fusil, une part de flan renversée, de nombreuses heures de colle, des diapositives du Sahara, un crâne humain exhumé et brisé, plusieurs vélos, un hôpital psychiatrique, un petit carnet décrivant la planète Mars, un voyage éclair à Bruges et un autre à Venise, des pins parasols, un immense bateau et un minuscule voilier. Et aussi, sans cesse, partout sous les pieds du narrateur, des caves sombres pleines de bouteilles. Autant d'étranges souvenirs que Marc Pautrel interroge pour nous dire : "Je est un autre, je est une surprise... j'écris, je suis une surprise". Je suis une surprise, Claudine Galéa Voix intérieures. Jeanne Bastide et Marc Pautrel mènent, chacun à sa façon, une enquête sur l'être et le non-être. Aux éditions de l'Amourier et chez In8. Sujets et objets Lucie se sent enfermée. Prisonnière d'une absence. Celle d'André, mais pas seulement. L'espace de la maison est devenu oppressant. Pour se reconnecter au monde réel, celui des sensations, elle s'allonge à même la terre. Plus tard, à la fin, elle franchira la porte, sortira. Jeanne Bastide raconte le lent réapprivoisement d'une femme par elle-même. "Un silence ordinaire" décrit l'histoire d'une perte qui est peut-être davantage celle du sentiment d'exister que de l'être aimé. Ce sont les objets qui prennent en charge le manque, le vertige. Il y a quelque chose de l'univers de la peinture dans ce lent et pointilleux récit d'un retour à la vie. Aux natures mortes de l'univers intérieur, s'opposent les éléments de l'extérieur, de la brume hivernale au renouveau de la lumière printanière. Jeanne Bastide prend la mesure du temps, et réussit à créer une suspension atmosphérique, entre asphyxie et reprise d'air. C'est une plongée en soi qui évite tout pathos et toute explication au mystère de la disparition. "L'autre" est un miroir où Lucie s'est peut-être perdue. Parfois, on frôle l'hallucination dans une sorte de syncope du verbe. Pour retrouver la continuité d'existence qui lui permettra de demeurer vivante, Lucie écrit. Une deuxième voix s'élève dans le livre, plus fluide, gaie, avec de forts accents d'oralité. Une voix de vivante, heureuse de l'être. Marc Pautrel est le sujet de son récit "Je suis une surprise". Tout à lui-même - il écrit à plein temps, son temps lui appartient jusqu'à l'obsession -, la scène du "Je" lui est familière ! Et pourtant, écrit-il, "en moi, tellement de morceaux me sont étrangers". Remontant le fil d'une existence où les déménagements successifs de ses parents le préparèrent à la solitude et au détachement dont il use avec ivresse une fois devenu adulte, l'auteur-narrateur impose l'idée d'un décollement de soi plutôt qu'un dédoublement. La collection Alter & Ego, pour laquelle il a écrit ce récit, est un écrin parfait à l'aventure en chambre de cet anti-héros. Il aurait désespérément aimé franchir les frontières de la fiction au point d'habiter le seul pays des mots,

02/2009

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Pêche

Vadémécum pour les pêcheurs de saumons à la mouche

Robert MENQUET est bien connu dans le "monde de la pêche" , il est né à Toulouse en mai 1944 sur les bords de la Garonne, attiré dès son enfance par les berges de ce fleuve qui jouxtait la maison de ses parents et inévitablement aussi bien sûr par la pêche. Initié par son père et par son frère à la pêche au coup, formé ensuite par des "Grands Maîtres" tels Léon Foch et Henri SOUEIX les "Tocqueurs, Louis CARRERE et Charles LAFORGUES les "Moucheurs" , Michel DUBORGEL et Benoît SARTHOU les "Saumoniers" et bien d'autres des Pyrénées et d'ailleurs. Il s'est même plus tard spécialisé en pêche en mer et en pêche exotique, il a participé à plusieurs compétitions tant en mer bord et bateau, qu'en eau douce dont en 2016 la Coupe du Monde de la pêche de la Truite aux Appâts naturels en Italie. La pratique de la plongée (sportive et professionnelle), de la pêche sous-marine y compris en compétitions ainsi que le sauvetage en mer durant près de trente ans lui ont donné l'occasion d'approcher et de voir dans leur milieu les poissons et de comprendre un peu leur mode de vie. Il a été un des premiers diplômé en France du Brevet d'Etat de Moniteur Guide de Pêche BPJEPS et de l'U. C. C. Maritime, titulaire entre autres des Médailles d'Argent et de Bronze de la Jeunesse et des Sports, de la Médaille d'Or avec Palme d'Or du Courage et de la Médaille du Sauvetage en Mer. Membre de l'Association Nationale de Protection de l'Eau et des Rivières (ANPER / TOS) depuis de très nombreuses années il milite pour la défense et la protection de tous les cours d'eau ; ses "coups de gueule" pour cela sont célèbres. Ses "ballades" sous d'autres cieux lui ont ouvert les yeux sur ce qui se fait de bien ou de mal dans la gestion des rivières et dans les règlements de pêche. Des rivières et des Gaves pyrénéens aux rivières bretonnes et picardes, des eaux glauques du delta du Danube aux fleuves écumants de la Scandinavie, de la Manche et de l'Atlantique à la Méditerranée en passant par la mer du Nord, des rivages enchanteurs du Pacifique Sud aux îles et aux côtes africaines, il a parcouru des milliers de kilomètres en gardant toujours un oeil sur et sous l'eau. Sa passion pour la Pêche l'a conduit sur les berges de très nombreuses rivières et Gaves des Pyrénées en passant par les cours d'eau à saumons et à truites de mer de France et aussi vers ceux de d'autres pays. Sa faculté d'adaptation lui a permis de très vite assimiler les différences techniques qui influent sur les techniques et "qui font les résultats" dans tous ces cours d'eau ou ces mers. Il nous délivre ici, dans cet opus, ce qu'il a découvert et surtout ce qu'il faut en tirer pour devenir performant dans la Pêche du Saumon à la Mouche sa grande passion. Un ouvrage que tout débutant ou passionné du saumon se doit de posséder.

06/2021

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Photographie

GENESIS

Elevé dans une ferme au Brésil, Sebastiao Salgado éprouve un amour et un respect profonds pour la nature. Il est particulièrement sensible à la manière dont les êtres humains sont affectés par les conditions socio-économiques dévastatrices dans lesquelles ils vivent. Des très nombreux reportages produits par Salgado au cours de sa carrière, se détachent trois grands projets menés sur une longue période : La Main de l'homme (1993) sur les modes de vie en cours de disparition des travailleurs manuels dans le monde ; Exodes (2000), hommage rendu aux migrations de masse provoquées par la faim, les désastres naturels, les dégradations de l'environnement et la pression démographique ; Genesis, sa nouvelle oeuvre, aboutissement de huit années d'expéditions épiques pour redécouvrir les montagnes, les déserts et les océans, les gens et les animaux qui ont jusque-là encore échappé à la pression de la société moderne - la terre et la vie sur la planète des origines. "Quelque 46 % de la planète vivent encore au temps de la Genèse, nous rappelle Salgado. Nous devons préserver ce qui existe". Le projet Genesis, mené avec l'Instituto Terra fondé par Lélia et Sebastiao Salgado, veut montrer la beauté de notre planète. et revenir à une période précédant les dommages qu'elle a subis, pour mieux préserver le futur. Au cours de 32 voyages, à pied, en petit avion, en bateau, en canoë et même en ballon, sous une chaleur extrême ou un froid polaire et dans des conditions parfois dangereuses, Salgado a réuni des images qui nous montrent la nature, les peuples indigènes et les animaux dans leur splendeur. En utilisant uniquement la photographie en noir et blanc, il a créé une sorte de tissu visuel d'une texture si complexe que mêmes les plus petits détails semblent se développer à l'infini. Que découvre-t-on dans Genesis ? Les espèces animales et les volcans des Galapagos ; les manchots, les lions de mer, les cormorans et les baleines de l'Antarctique et de l'Atlantique-Sud ; les alligators et les jaguars du Brésil ; les lions, les léopards et les éléphants d'Afrique ; la tribu isolée des Zo'é au fond de la jungle amazonienne ; le peuple Korowai vivant à l'âge de pierre en Papouasie occidentale ; les éleveurs de bétail nomades Dinka au Soudan ; les nomades nénètses et leurs troupeaux de rennes dans le Cercle arctique ; les communautés mentawai des îles à l'ouest de Sumatra ; les icebergs de l'Antarctique ; les volcans d'Afrique centrale et de la péninsule du Kamtchatka ; les déserts du Sahara ; le rio Negro et le rio Jurua en Amazonie ; les failles du Grand Canyon ; les glaciers de l'Alaska... Conçu et édité par Lélia Wanick Salgado, cet ouvrage illustre l'extraordinaire et unique aventure du projet Genesis à travers une sélection d'images réparties en cinq chapitres géographiques : Aux confins du Sud, Sanctuaires, Afrique, Terres du Nord et Amazonie et Pantanal. Pour avoir passé tant de temps et consacré tant d'énergie et de passion à la réalisation de cette oeuvre, Salgado a pu écrire de Genesis que c'était "sa lettre d'amour à la planète".

05/2013

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Histoire et Philosophiesophie

Tara océans. Chroniques d'une expédition scientifique

Après avoir dérivé pendant deux ans dans les glaces de l'océan Arctique afin d'étudier cet environnement extrême, la goélette d'exploration Tara est repartie à l'aventure sur toutes les mers du globe. De septembre 2009 à mars 2012, chercheurs, océanographes et marins se sont relayés à bord de ce bateau unique au monde, dans le cadre de l'expédition Tara Oceans. Le but, très ambitieux, consistait à réaliser la première étude à l'échelle planétaire des récifs coralliens et du plancton marin - cette branche du vivant minuscule comprenant aussi bien des virus et des bactéries que de plus gros organismes comme les méduses. Ces écosystèmes marins riches et complexes sont la principale source de biodiversité qui féconde les océans. Absorbant 50 % du CO2 terrestre, ils sont également considérés comme "le poumon de notre planète". Or, la population planctonique peut très rapidement être affectée par les variations climatiques. Elle peut alors, à son tour, influencer le climat en modifiant l'absorption du carbone. L'étudier, c'est donc prendre le pouls de notre Terre. À cette fin, Tara a prélevé vingt-sept mille échantillons, collectés non pas dans l'esprit d'étudier les propriétés d'un royaume ou d'une espèce en particulier, mais dans celui de comprendre l'ensemble du système écologique de nos océans. Le livre s'inscrit dans la démarche de pédagogie et de communication que la communauté scientifique internationale a mise en place lors de l'expédition Tara Oceans. Tentant d'abandonner l'approche anxiogène qui consiste à alarmer les collectivités et les individualités au sujet de l'environnement, cette aventure montre comment nous devrons nous adapter, faire preuve de sagesse, de solidarité et mobiliser nos ressources intellectuelles et morales pour canaliser les changements à venir. Pour cela, il nous faut mieux connaître le monde qui nous entoure et c'est un panorama inconnu du plancton que Tara Oceans nous dévoile. Dans la lignée des premières grandes expéditions océanographiques du XIXe siècle, la goélette a exploré la biodiversité marine, combinant un grand nombre de méthodes développées depuis l'aventure mondiale fondatrice du Challenger en 1872. Au fil de la progression du voilier sondant la vie océanique, l'ouvrage nous montre comment la volonté de quelques individus a permis de dépasser les barrières du fonctionnement traditionnel des expéditions scientifiques, pour aboutir à une démarche novatrice. Pendant ce tour du monde exceptionnel, deux cents personnes, aux spécialités, cultures et langues différentes, se sont relayées sur la goélette Tara. Ils ont fait escale dans les ports mythiques de trente pays différents, sont allés à la rencontre de leurs populations et de leurs cultures ; dans des conditions météorologiques parfois difficiles, ils ont vécu des moments inouïs, qu'ils relatent au fil de leurs expériences et du journal de bord de l'expédition. Les membres de l'expédition ont découvert un monde mystérieux et pourtant indispensable à la vie sur Terre. Ils ont réalisé une véritable plongée dans l'inconnu et nous livrent en images la beauté et la diversité du monde planctonique.

10/2012

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Récits de voyage

Le Festin N° 125 : Le génie du lieu

Dans l'intimité du phare de Cordouan Le phare de Cordouan protège les marins des dangers de l'estuaire de la Gironde depuis plus de quatre siècles. Soumis à la violence des éléments, il est aujourd'hui entièrement restauré, au terme de 10 années d'un chantier colossal. Après la reconstruction, en 2005, d'une cuirasse en béton armé à l'extérieur du bâtiment annulaire abritant les locaux techniques et le logement des gardiens, les dernières années ont été consacrées à la tour centrale et à la restauration des intérieurs. Les équipes ont mené un important travail de préservation des pierres dégradées par le sel tandis que dans la chapelle, les couches de peinture à l'huile qui étouffaient les murs ont été retirées. Construit au XIXe siècle sur les ruines d'un ancien hôpital, le château Descas a d'abord été dédié au commerce du vin. Son propriétaire, Jean Descas, vendait des vins aux marchés français, des produits abordables plutôt que des bouteilles destinées aux élites et à l'export. Ainsi le château a-t-il accueilli jusqu'à 1, 5 million de bouteilles. En 1979, la famille Descas quitte les lieux. Cabaret, club puis bar à cocktails, l'histoire du château a connu de nombreux épisodes. Le dernier en date, le Point Rouge, offre au visiteur l'opportunité de découvrir une partie de l'aile droite tandis que le reste des 10 000 m2 attendent de pouvoir ouvrir au public. L'invraisemblable construction de Fort Boyard Devenu le fort le plus célèbre de France grâce à l'ingéniosité de ses bâtisseurs et l'imagination d'hommes de télévision, son incroyable histoire est finalement peu connue. 66 000 m3 de moellons furent nécessaires à en créer la base sous Napoléon Ier. Mitraillé par les Anglais, le chantier reprit finalement en 1842, mais de nombreuses difficultés durent encore être résolues : l'approche par bateau demeurait notamment plus que périlleuse. Terminé sous Louis-Philippe, le fort renaîtra bien plus tard, dans les années 1960, grâce au cinéma puis au petit écran et à l'intuition de Jacques Antoine. En 32 ans, plus de 350 émissions y ont été tournées et 70 pays en ont diffusé les épisodes ou des répliques tournées à l'étranger, où le fort est presque aussi connu que la Tour Eiffel. Sur la passerelle d'Holzarte Entre la France et l'Espagne, dans l'arrière Pays Basque, la Haute-Soule déploie ses paysages de forêts, de pâturages, de rivières et de gorges vertigineuses. La commune de Larrau y abrite un site particulièrement spectaculaire : celui des gorges d'Olhadubi traversées par la passerelle d'Holzarte, longue de 70 m et suspendue à 180 m au-dessus du sol. L'histoire de la passerelle remonte à 1920. Jusqu'alors, les bûcherons et les ouvriers du bois devaient contourner les gorges pour acheminer les troncs d'arbres à travers la vallée. Traversée par les hommes et leurs mulets chargés de bois, elle facilita toute l'activité de la filière, avant d'être prisée des contrebandiers cherchant un passage entre la Fr

03/2023

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Immigration

Les 21 du Porthos

Le 13 décembre 1920 à Marseille, quelques centaines de jeunes Chinois débarquaient du paquebot Porthos en provenance de Shanghai. Parmi eux se trouvaient vingt-et-un Coréens (dont Li Long-Tsi, le père de l'auteur) qui avaient quitté leur pays annexé par le Japon. En Occident, ils espéraient rencontrer la modernité qui, à leurs yeux, avait manqué à la Corée pour ne pas être écrasée par les rivalités des empires de l'Extrême-Orient. Les Vingt-et-un du Porthos retrace quelques-uns de ces destins, de même que celui d'autres Coréens arrivés par d'autres voies dans l'Europe de l'entre-deux-guerres, et plus longuement la vie de Li Long-Tsi qui, quant à lui, a été conduit à délaisser ses projets de carrière pour finalement faire souche dans la société française. Pour cette recherche, l'auteur n'avait au départ qu'une photo de groupe des vingt-et-un, prise à Paris au lendemain de l'arrivée du bateau, une interview enregistrée sur cassette en 1983 et quelques maigres archives d'autant plus difficiles à déchiffrer que tout cela avait été découvert bien tardivement, après le décès de Li Long-Tsi. L'intérêt récent des Coréens d'aujourd'hui pour la diaspora coréenne du début du vingtième siècle, ravivé par le centenaire de la grande manifestation patriotique du 1er mars 1919 à Séoul, a entraîné d'autres enquêtes. Des noms ont pu être mis sur quelques visages, des parcours de vie sont apparus, ainsi que des amitiés et des séparations. Le livre parle des raisons de l'exil, de la difficulté d'être issu d'un milieu pauvre, de la chance d'avoir le goût d'apprendre. Il montre le bonheur des rencontres amicales ou amoureuses, le drame de voir de loin sa patrie en proie à la guerre, la consolation d'avoir une descendance. Il raconte des vies prises dans l'histoire mondiale et bousculées par les grands enjeux de géopolitique au vingtième siècle. Certaines de ces vies furent prestigieuses, et d'autres modestes, une occasion de s'interroger sur les idées de réussite, de mérite et de transmission. Ce livre devrait rencontrer ceux qui s'intéressent à l'histoire des relations entre Asie de l'Est et Europe, aux parcours d'immigration en France et aux diasporas, mais aussi plus largement il espère toucher ceux qui seront sensibles au récit d'une vie singulière du vingtième siècle. Il pourrait aussi donner lieu à des adaptations pour un public coréen. L'AUTEUR Antoine Li est le cinquième des six enfants que Li Long-Tsi a eus avec Madeleine Koechlin. Né en 1946, il a vécu mai 68 à l'Ecole Polytechnique et s'est réorienté vers l'architecture qu'il a étudiée en Suisse. De retour en France, il s'est alors consacré à inculquer les sciences et les techniques aux futurs architectes. Il est aujourd'hui retraité. Ayant eu l'occasion ces dernières années d'accumuler de nombreuses notes sur la vie de son père comme de ses compatriotes, il a décidé d'en faire un livre.

04/2023

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Littérature étrangère

Estuaire

Edmundo Galeano a 25 ans, il a parcouru le monde, participé à une mission humanitaire et est revenu dans la maison paternelle avec une main estropiée. Il est revenu pour écrire et passe ses jours à essayer d'élaborer littérairement son témoignage. Un roman qui expliquera le monde et l'empêchera de courir à sa perte. Sa famille passe par une série de vicissitudes économiques qui mettent en danger la maison familiale, refuge de tous. Il y a l'aîné qui a mis sur pied un projet destiné à sauver la fortune de la famille en transformant deux bateaux, mais l'autorisation de l'administration se fait attendre depuis des années. Il a tenté de conjurer le sort et attend une bonne nouvelle. Un cadet avocat et dandy dont les affaires déclinent et qui essaie de sauver son cheval du naufrage de sa fortune. Le frère suivant qui réhabilite des immeubles vétustes pour les louer à des clandestins et est amoureux d'une belle Estonienne enceinte de lui et qui a besoin de place pour le bébé. La jeune soeur divorcée, avec un enfant de 8 ans fasciné par la baleine 52 Hertz, un enfant qui ne ressemble pas à son père mais au grand amour de sa mère. Et la tante Titi qui a sacrifié sa vie pour élever ses neveux et dont la vieillesse et la présence sont maintenant encombrantes. Lorsque le père de famille, armateur ruiné, baisse les bras, tout se précipite et chacun est confronté à ses échecs et à ses culpabilités. Edmundo prend alors conscience que ses aventures lointaines et son projet littéraire sont en relation directe avec les batailles privées qui se déroulent autour de lui. Ce superbe roman choral nous montre, avec tendresse et ironie pour l'apprenti écrivain, le processus de la création littéraire, ses embûches, ce que représente le travail d'écriture. Il nous montre aussi comment les vies quotidiennes dépendent de ce qui se passe bien loin d'elles-mêmes et des décisions prises à d'autres échelles. Lídia Jorge, qui a toujours pratiqué un " réalisme aux portes ouvertes ", nous trouble en introduisant des éléments fantastiques et irrationnels dans ses personnages et nous montre que la passion amoureuse va plus loin qu'on ne pourrait le penser. Elle montre le plus proche pour atteindre l'universel. Après avoir exploré l'Histoire et les façons d'en rendre compte, Lídia Jorge revient à l'exploration des actions et des sentiments qui constituent les vies ordinaires et les abîmes qu'elles recouvrent. Un grand roman écrit par une très grande romancière.

08/2019

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Sciences historiques

La saga des épaves de la Côte d'Albâtre. Tome 4

Depuis janvier 2000, le GRIEME et ses "Présidents" explorent inlassablement fonds - sous marins, bibliothèques, archives, et musées tout en "flirtant" avec le monde des "gens de mer". Alors que tourne le manège du temps, au fur et à mesure de leur parution, les Sagas redonnent vies aux "personnes ordinaires" qui s'animent au gré des pages tournées. Ce tome 4 est une nouvelle escale dans le long voyage de l'histoire des fortunes de mer... Histoire de bateaux, de marins et de nau- frages... 3 août 1914 - 11 novembre 1918, deux dates qui résument à elles seules la "première guerre totale" que connaîtra l'humanité. Si le théâtre principal de ce conflit fut l'Europe, des combats se déroulèrent également au sein de l'Empire Ottoman, en Afrique noire et aux confins du Pacifique. Une grande partie du monde s'embrasa, la guerre devint mondiale. Les taxis de la Marne, Verdun, la Bataille de la Somme, le Chemin des Dames résonnent comme autant de lieux de mémoire où la terre porte encore les stigmates des violents combats auxquels se livrèrent les belligérants, ennemis sur le front, mais unis dans la souffrance. Si, dans l'imagerie populaire, le "Poilu des tranchées", symbolise la "Der des Ders", il est néanmoins un aspect plus méconnu de ce conflit, à savoir "la guerre sur mer", que le GRIEME vous invite à découvrir dans ce quatrième volet de "La Saga des Epaves de la Côte d'Albâtre". Environ 150 navires seront victimes des sous-marins allemands dans la zone côtière seino-marine, entre Le Havre et Le Tréport. Ainsi, le tome IV de la "Saga" pose un regard d'un siècle à l'autre et vous convie à une incursion dans le passé et vous invite à vivre l'instant décisif où le destin des hommes bascule vers la souffrance et l'infortune ! Dans ce quatrième opuscule, découvrez une mise en page modifiée, une iconographie plus conséquente et toujours de nombreux dessins "originaux". Enfin, ultime nouveauté, la possibilité de poursuivre l'histoire au-delà du livre et d'accéder à des supports multimédias complémentaires et évolutifs tels que vidéos et photographies grâce aux "flash-codes" que vous trouverez sur certaines pages de l'ouvrage. Comme disait Saint Augustin, "La mémoire est le présent du passé". Ce nouvel épisode réveille le regard du présent sur les événements du passé qui hantent encore les familles des victimes de ces tragédies. Au-delà du récit de plongée, le souvenir se mue en un devoir de mémoire, un dernier hommage rendu à ces marins anonymes disparu à cause de la folie meurtrière des hommes.

06/2017

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Livres 3 ans et +

Fanette et Filipin N°21 Eté

SOMMAIRE : Raconte-moi une histoire L'anniversaire de Fanette L'anniversaire de Souricette Poème : Graine de lumière Le garçon doué de la force des chevaux bleus Je fais avec mes mains Couronne d'anniversaire L'histoire du prénom La danse des formes Le gâteau d'anniversaire Décorations en éventail Je m'amuse Le joyeux anniversaire La page de l'été Les mots reliés de l'été Je découvre la nature Les petites souris des champs Camomille, une douce mère Le coin des parents Deviens qui tu es ! Le journal de Fanette et Filipin est un magazine alternatif drôle et plein de vie pour les enfants de 3 à 10 ans. Au rythme des saisons, il propose des histoires et des activités en lien avec la nature pour partager en famille beaucoup de joie et de créativité. Un magazine pour rêver et s'émerveiller A chaque saison, le journal de Fanette et Filipin propose de belles histoires basées sur des valeurs d'amitié, d'entraide, de confiance et de gratitude qui viennent nourrir l'imaginaire des enfants et ouvrent toutes grandes les portes du rêve. Les illustrations d'une qualité exceptionnelle, entièrement réalisées à la main par des illustratrices de talent, sont pleines de douceur, de couleurs et de poésie, pour rêver et s'émerveiller. Le monde est beau : vivons pleinement les quatre saisons Tous les trois mois, Fanette et Filipin emmènent vos enfants en balade dans la nature et leur proposent en plus des histoires : -Des bricolages amusants et faciles à réaliser dans des matériaux nobles et naturels pour développer le goût de faire et de créer avec ses mains. -Des recettes de cuisine végétarienne pour apprendre à se nourrir sainement. -Une rubrique vie des animaux et secrets des plantes. -Du dessin de forme, pour développer le centrage, la concentration, la motricité fine et la créativité. -Des fables, des poésies, des chansons de saison et des jeux rigolos. Le magazine jeunesse qui plaît autant aux enfants qu'à leurs parents ! Mais au fait, qui sont Fanette et Filipin ? Fanette est une petite fille intrépide qui vit au rythme des saisons et partage avec son ami Filipin, un drôle de lutin des bois, une amitié extraordinaire et émouvante. Leurs aventures rocambolesques les emmènent à la découverte des merveilles de la nature. Les récits sont drôles, émaillés de difficultés à surmonter. C'est avec bonheur que les enfants s'identifient à ces petits héros qu'ils retrouvent à chaque numéro.

06/2018

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Littérature étrangère

Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines

Manhattan, été 1944. Autour de Will, la trentaine, serveur dans un bar, et de Mike, 19 ans, les deux narrateurs du roman, gravite toute une constellation d’amis sans le sou, qui errent dans la chaleur de la ville et font le va-et-vient incessant entre les appartements des uns et des autres, où s’improvisent des soirées improbables. Parmi eux il y a surtout Phil, un gamin de 17 ans à la beauté insolente, qui essaie désespérément d’échapper aux assiduités de Ramsay Allen, dit Al, la quarantaine un peu pathétique, éperdument amoureux de lui depuis ses 13 ans. Partout où va Phil, Al le suit comme son ombre, jamais découragé par les refus du garçon. Pour lui échapper, et par goût de l’aventure, Phil accepte la proposition de son ami Mike : s’embarquer, dès que possible, sur un navire de la marine marchande. L’objectif est d’arriver en France, et de filer vers Paris, la ville des poètes et des artistes qui aura sûrement été libérée d’ici là. Mais le départ tant attendu est chaque jour reporté pour des retards et tracasseries administratives ; et le roman suit la longue attente des deux garçons, leurs errances nocturnes toujours renouvelées, et la tension qui monte avec Al, constamment pendu aux basques de Phil. Alors qu’ils ont un jour enfin trouvé un bateau, ils en sont congédiés au dernier moment. Dépités, ils retrouvent la terre ferme, mais, au petit matin, Phil est introuvable. Il raconte alors à Will puis à Mike que, la veille au soir, excédé par l’insistance d’Al, dans un accès de folie, il l’a tué d’un coup de hachette, avant de jeter son corps au bas d’un immeuble. Le roman se conclut sur la dernière beuverie de Mike et de Phil, qui s’apprête à solliciter l’aide de son oncle haut placé, pour qu’il l’aide à échapper à la justice. Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines est le premier roman de William Burroughs et Jack Kerouac. Ecrit en collaboration, il se base sur l’histoire vraie d’un de leurs jeunes amis qui, comme Phil, a tué son prétendant. Kerouac et Burroughs, dans la peau de leurs avatars Will Dennison et Mike Ryko, semblent y peaufiner chacun leur style, leur ton, leurs thèmes de prédilection. Burroughs en figure paternelle désabusée, s’occupant de ces jeunes gens irresponsables tout en s’adonnant à ses penchants pour la morphine, Kerouac en jeune homme épris d’aventure, au style faussement familier, en réalité très précis, très écrit. Le charme du roman tient surtout à l’atmosphère légère et grave à la fois de ce New York de l’été 44, peuplé de marins, de soldats en transit, de jeunes gens désoeuvrés, où le temps est suspendu à la fin de la guerre. Dans ces personnages encore indéterminés, animés du désir vague de faire quelque chose, s’embarquer dans une aventure ou écrire un livre – dans ce goût des beuveries et de la marginalité, on retrouve la matrice des oeuvres des deux romanciers de la Beat Generation. Il s’agit d’un document passionnant, qui montre deux écrivains en devenir et évoque un entre-deux qui est à la fois la fin d’un monde et le début d’un autre.

05/2012

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Non classé

U-172_ AVEC CARL EMMERMANN DANS LES CARAÏBES, AU CAP ET A RIO

Quand l'U-172, commandé par Carl Emmermann, quitte le port de Kiel le 22 avril 1942, la seconde période faste de l'arme sous-marine allemande se termine avec la mise en place des convois par les Américains le long de leurs côtes. Depuis le début du conflit, les moyens de lutte anti-sousmarine, mis en place par les Alliés, se sont considérablement accrus : développement du radar embarqué, multiplication des escorteurs et des avions, décryptage des messages radios des sous-marins... De ce fait, les conditions de combat se sont sérieusement dégradées côté allemand... Pourtant, en seulement quatre patrouilles de combat, de mai 1942 à septembre 1943, l'U-172 de Carl Emmermann va couler 26 navires et ainsi dépasser le chiffre de 150 000 tonnes de bateaux alliés détruits. L'U-172 se place ainsi au 15e rang des U-Boote ayant obtenu le plus de résultats, un bilan exceptionnel à cette époque du conflit. En premier lieu parce que ce sous-marin va rejoindre des secteurs particulièrement lointains où des succès sont encore possibles : les Caraïbes pour la première mission ; Le Cap en Afrique du Sud pour la seconde, où il participe à une attaque surprise dans une zone où aucun U-Boot ne s'était aventuré jusqu'alors ; le centre de l'Atlantique pour sa troisième mission où deux convois sont pourchassés en meute jusqu'aux côtes africaines ; les côtes du Brésil pour la quatrième, d'où il sera le seul à revenir sur 7 U-Boote engagés... Ensuite, parce que le commandant est efficace et très aimé de ses hommes : des membres d'équipage soudés autour de leur chef qui les garde précieusement avec lui d'une mission à l'autre. A l'issue de sa 4e mission de combat, Carl Emmermann est le 25e commandant de l'arme sous-marine décoré de la Croix de Chevalier avec feuilles de chêne. Il accepte un poste à terre et devient chef de la 6e flottille à Saint-Nazaire début novembre 1943. L'U-172, qui a déjà survécu à 12 attaques aériennes ou maritimes, repart pour sa 6e et dernière patrouille. Sans son commandant charismatique et dans des conditions de combat encore plus difficiles, il est coulé 21 jours après son départ... L'accès de l'auteur, spécialiste des U-Boote, aux photos du commandant Emmermann conservées au U-Boot-Archiv et à plusieurs photos prises par le correspondant de guerre Helmut Berndt, permet d'illustrer le parcours étonnant de cecommandant avec 250 photos exceptionnelles et inédites. Grâce à la traduction de son livre de bord, au témoignage laissé par le commandant Emmermann et aux croquis des patrouilles, suivez l'U-172 en mission dans les océans lointains...

06/2019

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Voile

Les routages en course et en croisière

Après avoir été longtemps un domaine réservé des coureurs professionnels et de leurs conseillers en stratégie, le routage est désormais à la portée de tous les plaisanciers. Le développement de l'informatique de bord, la mise au point de logiciels grand public, l'accessibilité accrue des sources météorologiques et océanographiques, ont largement facilité, accéléré et simplifié l'exercice. Chacun peut s'approprier aujourd'hui la technique permettant de planifier sur l'eau une route optimale, que l'objectif soit de rallier l'arrivée dans les meilleurs délais, de choisir le trajet le plus sûr, de naviguer dans les conditions les plus confortables, ou même de choisir son heure de départ. Mais si la maîtrise des outils nécessaires s'avère relativement aisée (et cet ouvrage y contribuera grandement), elle ne saurait suffire : un routage n'est en aucun cas "un horaire de chemin de fer" , une suite de caps à suivre à la lettre et de points de passage à cocher sur la carte, mais une aide à la réflexion et à la décision. Le grand mérite de ce livre est de fournir au lecteur les clés d'une lecture critique des routages proposés par l'ordinateur. L'auteur est un expert reconnu de son sujet. Pionnier des routages embarqués aussi bien qu'à terre, Jean-Yves Bernot a accompagné bien des skippers dans leurs succès océaniques. Pédagogue chevronné, il a formé des générations de coureurs à la compréhension des phénomènes météorologiques et à la réflexion stratégique. Dans cet ouvrage très complet qui synthétise des années d'expérience et de savoir, tous les aspects du routage sont passés en revue, de la collecte des sources à leur utilisation pertinente, de l'analyse d'un tableau de marche aux techniques avancées de routage. A travers de nombreux exemples pratiques et l'examen de situations-type fréquemment rencontrées en mer, il montre comment le "travail de bureau" sur un logiciel se traduit en "ordre de route" à mettre en application dans la vie réelle. Passionnant, ce livre fait mieux que de communiquer un savoir-faire ; il fournit une méthodologie. Indispensable à tous ceux qui veulent tracer avec clairvoyance leur chemin sur l'eau, c'est une véritable bible des routages, dans laquelle on se replongera régulièrement au fil de sa pratique. Jean-Yves Bernot vous propose au sommaire : 1. Une brève histoire du routage 2. Lancer un routage 3. La prise de décision 4. Les paramètres avancés 5. Les routages océaniques 6. Les prévisions d'ensemble 7. Les fichiers grib 8. Les cartes isobariques et les bulletins 9. La mise en place du routage à bord 10. Les polaires de vitesse 11. Le routage et l'aide à la conception des bateaux 12. La méthode des isochrones 13. Les fiches récapitulatives

06/2023

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Littérature française

Confessions, ou la vie de Paul Verlaine

Paul Verlaine est né à Metz, le 30 mars 1844, et a opté pour la nationalité française en 1873. Découvrez dans ce livre l'histoire de sa vie. "Je me rappelle une petite pension où j'allai jusqu'à l'épellation inclusivement, dans une rue aux Ours, chez une demoiselle très gâteau, et c'est tout le souvenir que j'ai d'elle et de mes études sous sa direction. Mon père était capitaine du Génie, et chez mes parents c'était souvent le tour des choses de l'armée, dans les conversations, et des officiers du régiment aux soirées hebdomadaires, whist et thé, qui s'y donnaient. J'étais si fier du bel uniforme paternel : habit à la française au plastron de velours avec ses deux décorations d'Espagne et de France, Alger et Trocadéro, bicorne à plumes tricolores de capitaine-adjudant-major, l'épée, le bien ajusté pantalon bleu foncé à bandes rouges et noires, à sous-pieds ! si fier aussi de son port superbe d'homme de très haute taille, "comme on n'en fait plus" , visage martial et doux, où néanmoins l'habitude du commandement n'avait pas laissé de mettre un pli d'autorité qui m'imposait et faisait bien, car j'étais mauvais comme un diable quand on me tolérait trop d'espièglerie. Ma pauvre mère en savait long là-dessus, que son extrême bonté n'empêchait pas toutefois, si les choses allaient à l'excès de mon côté, d'en venir du sien aux justes extrémités. Plus tard, beaucoup plus tard, quand j'eus grandi, à quoi bon ? vieilli, pourquoi ? elle était coutumière, vaincue à la fin par mon adolescence tumultueuse et ma maturité pire dans l'espèce, de me dire, lors de nos scènes, en forme de menaces auxquelles elle savait bien que je ne croirais pas : "Tu verras, tu en feras tant qu'un jour je m'en irai sans que jamais tu saches où je suis". Non, elle ne devait pas réaliser ces paroles, et la preuve, c'est qu'elle est morte d'un refroidissement contracté en me soignant de la maladie qui me tient encore. Eh bien, je rêve souvent, presque toujours, d'elle : nous nous querellons, je sens que j'ai tort, je vais le lui avouer, implorer la paix, tomber à ses genoux, plein de quelle peine de l'avoir contristée, de quelle affection désormais toute à elle et pour elle... Elle a disparu ! et le reste de mon rêve se perd dans l'angoisse croissante d'une infinie recherche inutile. Au réveil, ô joie ! ma mère ne m'a pas quitté, tout ça n'est pas vrai, mais, coup toujours terrible, la mémoire me revient : ma mère est morte, ça c'est vrai !

11/2023

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Histoire ancienne

Les Phéniciens. "L'antique royaume de la pourpre"

Une des entreprises les plus impressionnantes de l'histoire humaine. Que l'on y réfléchisse. Les membres d'un peuple ridiculement peu nombreux, possesseurs d'un microscopique lambeau du littoral méditerranéen, perché dans ce qui ressemblait assez à des nids d'oiseaux de mer sur les falaises et les rochers, se lancèrent dans des expéditions auxquelles pas un de leurs voisins n'aurait songé. A bord de bateaux gros comme des coquilles de noix, ils cinglèrent au large sur des eaux dont les deux millions et demi de kilomètres carrés leur étaient plus inconnus que la surface de la lune pour nous. Ils ne savaient ni où cette mer finirait, ni quelle était sa profondeur, ni quels dangers elle recélait. S'ils considéraient l'univers _ ce qui est probable _ comme un oeuf ouvert, ils devaient craindre d'arriver à un moment donné à la limite de la terre et ce qui pouvait les attendre là, ils n'en avaient aucune idée. Pourtant, ils ont fait voile vers le grand large. Qu'est-ce qui les poussait donc à affronter de tels périls ? L'appât du gain ? Il paraît inconcevable que tout un peuple se fût engagé à fond pour ce seul but. Il devait s'y ajouter autre chose : humeur vagabonde héritée des Bédouins, goût de la découverte, de l'aventure, du risque. Quels qu'aient été les bénéfices rapportés aux marchands par ces expéditions, ceux qui les entreprenaient étaient certainement plus que de simples commerçants. Ces hommes devaient avoir le désir ardent de s'accomplir et de s'affirmer. C'est pourquoi il convient de considérer l'exploration de la Méditerranée comme une oeuvre culturelle de grande valeur, même si aucun Homère sémitique ne s'est trouvé là pour la chanter. Reporter et journaliste de télévision, Gerhard Herm a retrouvé et suivi les traces des Phéniciens. De nombreux spécialistes confirment sa thèse : les hommes du Liban n'étaient pas seulement des filous et des imposteurs, comme il est écrit dans l'Odyssée. Déjà pour les habitants du bassin méditerranéen, ce peuple microscopique, ou plutôt ces peuples hétéroclites constituaient une énigme : comment étaient-ils parvenus à faire de la Phénicie la première puissance commerciale de l'époque en dominant tout l'Est de la Méditerranée ? Comment avaient-ils pu accumuler dans leurs comptoirs autant de richesses ? Un peuple uniquement voué au commerce, ne s'appuyant que sur sa supériorité maritime n'aurait jamais pu aller si haut. Ce n'est pas un hasard, si, même pour leurs ennemis, " Made in Phenicia " était un label de qualité... Raconter la formation, l'essor phénoménal puis le déclin de ce petit peuple, c'est raconter une des entreprises les plus extraordinaires de l'histoire humaine.

11/1996

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Livres 3 ans et +

Fanette et Filipin N°23 Hiver

SOMMAIRE : Raconte-moi une histoire Fanette et le chevreuil Trois brins de poils blancs La soupe aux cailloux Je fais avec mes mains Balles de jonglage L'art du jonglage Tableaux en laine Cuisine : La soupe aux cailloux La danse des formes Je m'amuse La page de l'hiver Les mots reliés Empreintes d'animaux Chanson : Le bonhomme de bois Jeu des chevreuils Je découvre la nature Le chevreuil Le cynorhodon Supplément Noël : Raconte-moi une histoire Fanette et la galette Trois Rois venus d'Orient L'histoire de la galette Je fais avec mes mains Les vitres de Noël Jolies boîtes cadeaux Cuisine : La galette des rois La danse des formes Je m'amuse En attendant Noël Poème à mimer : Le gâteau des rois Jeu des paires Le coin des parents Les rois mages Le journal de Fanette et Filipin est un magazine alternatif drôle et plein de vie pour les enfants de 3 à 10 ans. Au rythme des saisons, il propose des histoires et des activités en lien avec la nature pour partager en famille beaucoup de joie et de créativité. Un magazine pour rêver et s'émerveiller A chaque saison, le journal de Fanette et Filipin propose de belles histoires basées sur des valeurs d'amitié, d'entraide, de confiance et de gratitude qui viennent nourrir l'imaginaire des enfants et ouvrent toutes grandes les portes du rêve. Les illustrations d'une qualité exceptionnelle, entièrement réalisées à la main par des illustratrices de talent, sont pleines de douceur, de couleurs et de poésie, pour rêver et s'émerveiller. Le monde est beau : vivons pleinement les quatre saisons Tous les trois mois, Fanette et Filipin emmènent vos enfants en balade dans la nature et leur proposent en plus des histoires : -Des bricolages amusants et faciles à réaliser dans des matériaux nobles et naturels pour développer le goût de faire et de créer avec ses mains. -Des recettes de cuisine végétarienne pour apprendre à se nourrir sainement. -Une rubrique vie des animaux et secrets des plantes. -Du dessin de forme, pour développer le centrage, la concentration, la motricité fine et la créativité. -Des fables, des poésies, des chansons de saison et des jeux rigolos. Le magazine jeunesse qui plaît autant aux enfants qu'à leurs parents ! Mais au fait, qui sont Fanette et Filipin ? Fanette est une petite fille intrépide qui vit au rythme des saisons et partage avec son ami Filipin, un drôle de lutin des bois, une amitié extraordinaire et émouvante. Leurs aventures rocambolesques les emmènent à la découverte des merveilles de la nature. Les récits sont drôles, émaillés de difficultés à surmonter. C'est avec bonheur que les enfants s'identifient à ces petits héros qu'ils retrouvent à chaque numéro.

12/2018

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Littérature française

Les Déracinés Edition intégrale 1921-2013 : Coffret en 2 volumes : Volume 1, 1921-1964 ; Volume 2, 1964-2013. Edition collector

Après le succès phénoménal des Déracinés, retrouvez les quatre tomes de la saga réunis dans une magnifique édition collector. Des cafés viennois des années 1930 aux plages des Caraïbes, découvrez une formidable histoire d'amour et d'exil. Fondée sur des faits réels, cette fresque au souffle admirable révèle un pan méconnu de notre histoire. Tome 1 - Les Déracinés Vienne, 1932. Au milieu du joyeux tumulte des cafés, Wilhelm, journaliste, rencontre Almah, libre et radieuse. Mais la montée de l'antisémitisme vient assombrir leur idylle. Au bout de quelques années, ils n'auront plus le choix ; les voilà condamnés à l'exil. Commence alors une longue errance de pays en pays, d'illusions en désillusions. Jusqu'à ce qu'on leur fasse une proposition inattendue : fonder une colonie en République dominicaine. Là, au milieu de la jungle étouffante, tout est à construire : leur ville, leur vie. Tome 2 - L'Américaine Septembre 1961. Depuis le pont du bateau sur lequel elle a embarqué, Ruth, la fille d'Almah et Wilhelm, tourne le dos à son île natale, la République dominicaine. En ligne de mire : New York, l'université, un stage au Times. Une nouvelle vie... Elle n'en doute pas, bientôt elle sera journaliste comme l'était son père. Ruth devient très vite une véritable New-Yorkaise et vit au rythme du rock, de l'amitié et des amours. Des bouleversements du temps aussi : l'assassinat de Kennedy, la marche pour les droits civiques, les frémissements de la contre-culture, l'opposition de la jeunesse à la guerre du Viêt Nam... Mais Ruth, qui a laissé derrière elle les siens dans un pays gangrené par la dictature où la guerre civile fait rage, s'interroge et se cherche. Tome 3 - Et la vie reprit son cours Jour après jour, Ruth se félicite d'avoir écouté sa petite voix intérieure : c'est en effet en République dominicaine, chez elle, qu'il lui fallait poser ses valises. Il lui suffit de regarder Gaya, sa fille. A la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée. En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère, l'héroïne des Déracinés. Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth - tout comme Arturo et Nathan - sème les graines de sa nouvelle vie. Jusqu'au jour où Lizzie, son amie d'enfance, retrouve le chemin de Sosúa dans des conditions douloureuses. Roman des amours et de l'amitié, Et la vie reprit son cours raconte les chemins de traverse qu'emprunte la vie, de défaites en victoires, de retrouvailles en abandons. Tome 4 - Un invincible été Depuis son retour à Sosúa, en République dominicaine, Ruth se bat aux côtés d'Almah pour les siens et pour la mémoire de sa communauté, alors que les touristes commencent à déferler sur l'île. Gaya, sa fille, affirme son indépendance et part aux Etats-Unis, où Arturo et Nathan mènent leurs vies d'artistes. Comme sa mère, elle livre son propre combat à l'aune de ses passions. La tribu Rosenheck-Soteras a fait sienne la maxime de la poétesse Salomé Urena : " C'est en continuant à nous battre pour créer le pays dont nous rêvons que nous ferons une patrie de la terre qui est sous nos pieds. " Mais l'histoire, comme toujours, les rattrapera. De l'attentat du World Trade Center au terrible séisme de 2010 en Haïti, en passant par les émeutes en République dominicaine, chacun tracera son chemin, malgré les obstacles et la folie du monde. Roman de l'engagement et de la résilience, Un invincible été clôt avec éclat une fresque romanesque impressionnante.

10/2021

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Pays de Loire

Un grand week-end Châteaux de la Loire

En 2021, la collection Un Grand Week-end lance une nouvelle série de guides sur les plus belles villes et régions françaises. Vous y retrouverez toutes les infos pour construire un week-end idéal : la visite des sites incontournables, les plus belles balades à pied ou à vélo, les bonnes adresses et un large choix d'activités nature pour déconnecter ! Le tout dans un nouvelle présentation moderne, aérée, colorée pour vous donner envie de partir immédiatement ! Dans ce tout nouveau titre, nous vous proposons de découvrir le Val de Loire dans le cadre de 6 grands week-ends où se mêlent patrimoine, étapes gourmandes, shopping, randonnées et activités de plein air à faire entre amis ou en famille. Un week-end à Blois, Chambord et Cheverny. Trois châteaux vedettes de la région. Blois, Chambord et son immense domaine forestier vous mèneront sur les traces de François Ier, tandis qu'à Cheverny, vous replongerez en enfance avec Tintin et le capitaine Haddock, lui-même descendant d'un autre François... Un week-end à Amboise et Chaumont-sur-Loire. Quelques centaines de mètres séparent le château d'Amboise et le château du Clos-Lucé, la demeure de Léonard de Vinci. Cette proximité illustre l'amitié qui liait François Ier et le maître italien, dont on découvre quelques-unes des "inventions" dans un splendide parc ponctué de ruisseaux et de cascades. - Un week-end à Chenonceau et sur les bords du Cher. Sans doute, la grâce et l'élégance de Chenonceau sont la marque des femmes qui se sont succédé dans cette célébrissime demeure jetée sur le Cher. Après la visite du "château des Dames", suivez l'affluent de la Loire et réjouissez vos enfants en découvrant des champignonnières, le site troglodytique de Bourré et le fameux zoo de Beauval. Un week-end à Tours et Villandry. Pas de château grandiose à Tours, mais une cathédrale finement ciselée et un vieux quartier au charme délicieusement provincial. A Villandry, autre fleuron du Val de Loire, vous serez subjugués par des jardins à la française exceptionnels. Et vous pourrez toujours agrémenter votre week-end d'une balade en montgolfière, un grand classique de la région. Un week-end à Azay-le-Rideau et sur les bords de l'Indre. Azay-le-Rideau : encore un autre château, mais celui-ci, posé sur son miroir d'eau, possède un charme inégalable. Changement d'ambiance avec les fermes troglodytiques des Goupillières et les visites de vignobles, ou bien encore avec les incroyables trésors mécaniques du musée Maurice-Dufresne. Diversité et plaisir assurés pour grands et petits ! Un week-end à Chinon et Fontevraud. Chinon, sa forteresse, sa vieille ville, son vignoble. D'autres préféreront peut-être celui de Saumur-Champigny, qui s'étend autour de l'abbaye de Fontevraud, l'un des plus grands ensembles monastiques d'Europe. Quant aux gourmands, ils se régaleront de pommes tapées à Turquant. Et bien sûr des activités variées, car tout est possible en Val de Loire : randonnées, balades à vélo, en bateau traditionnel ou en canoë sur la Loire, en gyropode dans les vignes, en montgolfière ou en 2 CV... Nos adresses préférées et nos conseils où loger. Une sélection de restos et de bistrots pour se régaler des spécialités locales... mais aussi des boutiques d'artisanat local. 1 double-page spéciale pour découvrir les plus beaux parcours de la Loire à Vélo. Des pages Focus pour mieux comprendre la région (la Renaissance, la Loire, les vins, la vie au temps des rois...). Toutes nos adresses ont été soigneusement testées et sélectionnées par notre auteur, Nathalie Campodonico, grande voyageuse et auteur de nombreux guides, qui a retrouvé avec bonheur le Val de Loire, l'une de ses régions de prédilection. Des plans des villes avec toutes les adresses localisées.

04/2021

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Manga

Collection Yaoi Pack N° 25. 5 mangas

Ce pack manga contient : Love GO GO ! (192 pages - Volume : One Shot) : Rui, étudiant à l'université, est secrètement amoureux de son voisin et ami d'enfance, Takuya, un peu plus jeune que lui. Un jour, il surprend ce dernier à demi-nu en train de se changer, et ne peut s'empêcher de s'imaginer ce qu'il ressentirait s'il le prenait dans ses bras. Alors que Rui, envahi de désirs, s'adonne à des plaisirs solitaires dans sa chambre, c'est au tour de Takuya de le surprendre totalement par hasard ! Naive Wolf et Lamb (176 pages - Volume : One Shot) : Hayasaka-senpai, délinquant d'après les rumeurs, embarque un jour chez lui le petit agneau Kusakabe-kun. Pourtant, au lieu de le dévorer, il lui demande de l'aider dans ses études... Kusakabe-kun se rend alors compte que les rumeurs sont fausses et trouve que son Senpai est plutôt gentil... C'est alors que celui-ci lui saute dessus...! Mais pourquoi ses caresses sont-elles si agréables...? ! Physical Lesson (175 pages - Volume : One Shot) : Izutsu, qui essaye en vain d'avoir du succès auprès des filles, aimerait avoir une relation amoureuse avant de quitter le lycée. Son voisin de table, l'innocent Tanaka, écoute pourtant ses conseils en drague avec attention. Mais un jour, Izutsu découvre que Tanaka est en fait très populaire et qu'il dégage de fabuleuses phéromones ! Que doit-il faire devant ce garçon si classe dont l'aura fonctionne sur lui aussi ? ! Tale of love awkward with words (160 pages - Volume : One Shot) : Naoki Takuma, 26 ans, écrivain de romans d'amour. Un soir, en pleine dépression depuis que son ex (un homme marié) l'a quitté dix jours plus tôt, il fait la rencontre de Kanae, un jeune homme timide qui éprouve énormément de difficultés à communiquer. L'ayant pris à tort pour un étudiant, et persuadé qu'il doit passer un entretien d'embauche le lendemain matin, il décide de venir à son secours et lui prête un costume. Quelle n'est pas sa surprise de découvrir le lendemain qu'il s'agit en fait d'un jeune créateur qu'il est censé interviewer ! La passionnante histoire d'amour d'un écrivain au coeur brisé et d'un sculpteur maladroit avec les mots ! La Table des douceurs (177 pages - Volume : One Shot) : Tsuyoshi est orphelin et a été recueilli par son oncle, Minoru. Chez lui, c'est la maison du bonheur : un appartement qu'il partage avec son compagnon, Shun, et son meilleur ami, Yûki. Ensemble, ils vivent au-dessus du petit restaurant qu'ils gèrent eux-mêmes. Tsuyoshi y découvre la douceur de l'éducation prodiguée par Yûki, le pâtissier, qui exhale une douce odeur de gâteau. Mais que se passera-t-il pour Yûki et Tsuyoshi lorsque la senteur sucrée se transformera en parfum de danger ? ! Découvrez le style doux-amer de Nica Kitabeppu à travers ce recueil d'histoires courtes publiées dans le magazine de prépublication japonais Gush.

03/2015

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Cartographie

Cartographie radicale. Explorations

Il est des cartes qui disent non. Des cartes radicales, qui dévoilent et dénoncent, qui protestent. Pour comprendre ces cartes rebelles, leur fonctionnement, leurs forces, leurs possibilités, ce livre entreprend un voyage d'exploration au coeur de la création cartographique. Que se passe-t-il exactement quand nous élaborons une carte, qu'elle soit radicale, expérimentale (on parle aussi de cartographie critique ou de contre-cartographie) ou conventionnelle ? Quelles intentions président à sa fabrication et à sa mise en oeuvre ? La première fonction des cartes est de nous aider à nous repérer dans l'espace et à nous déplacer d'un point à un autre. Elles permettent aux bateaux de naviguer et aux avions de voler. Avec des cartes, on fait la guerre, puis éventuellement la paix. Elles sont aussi de formidables machines à rêves, qui façonnent notre image du monde, en fixent la mémoire et finissent par fabriquer notre réalité. Qu'est-ce qui motive cet acte très particulier de mise en forme symbolique du monde, de Strabon à l'anarchiste Elisée Reclus, de la bénédictine Hildegard von Bingen à l'explorateur Alexander von Humboldt, des portulans à la carte d'état-major ? Quelle part de fantaisie créatrice, quelle part de fantasme faustien d'une possible maîtrise de notre environnement, quelle part de sincérité scientifique sont-elles à l'oeuvre ? Entre l'émergence de la cartographie thématique audacieuse de l'ingénieur Charles-Joseph Minard, ou celle des designers d'information Otto et Marie Neurath, et l'approche sémiologique conceptuelle de Jacques Bertin, se situe un point de rupture avec les conventions de la représentation cartographique. Un point libérateur qui a ouvert le champ de l'expérimentation et rendu possible la démocratisation des cartes. Autour des années 1900, le sociologue W. E. B. du Bois et son équipe inventaient de nouvelles façons graphiques de représenter des données statistiques sur la situation des personnes noires aux Etats-Unis. Quelque soixante ans plus tard, c'était pour dénoncer le même racisme culturel et économique qu'un petit institut de géographie de Détroit, animé par William Bunge et Gwendolyn Warren, donnait ses contours à ce qui deviendra la géographie radicale : une géographie engagée. Alors, le rapport à l'objet carte change. S'opère une prise de conscience quant à son usage et à ses possibilités. La cartographie radicale va spatialiser les données économiques et sociales, produire des cartes délibérément politiques qui montrent et dénoncent les situations d'inégalités de vie et de droits, les compromissions politico-économiques, les accaparements de terres, la destruction des milieux par l'agro-industrie, la pollution de la planète et tout ce qui hypothèque, d'une façon ou d'une autre, le bonheur et l'avenir de l'humanité. Les cartes, qui jouent traditionnellement le jeu du pouvoir, se font outils de la contestation et instruments d'émancipation politique et sociale quand la société civile se les approprie. Politique, art et science entrent alors en dialogue permanent pour proposer une image non convenue et libre du monde.

10/2021

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Autres

Philosophie N° 150, juin 2021

La conférence d'Emil Lask "Hegel dans son rapport à la conception du monde des Lumières", traduire et présentée par Emmanuel Chaput, clarifie le rapport ambivalent que Hegel entretint avec les Lumières. Pour Lask, l'idéalisme allemand (dont Hegel fait aussi partie) est l'héritier des Lumières, pour lesquelles la réalité donnée doit être subordonnée à une valeur rationnelle absolue, mais à la différence de Kant et Fichte, Hegel refuse de penser cette valeur comme un simple devoir-être (Sollen) ou un idéal asymptotique. Lask dépeint ainsi Hegel comme un penseur non pas de la Restauration, mais de la valeur contre la simple norme ou le simple devoir-être. En faisant des monades les particuliers de base de son système, Leibniz propose une métaphysique concurrente, rivale de celle défendue par Strawson dans Individuals. Dans "P. F. Strawson et la critique des monades , Paul Rateau montre que les critiques soulevées par Strawson reposent sur deux interprétations contestables : l'assimilation de la notion complète de la substance individuelle à une description exhaustive en termes généraux, et la réduction de la monade à la conscience pure. B répond aussi au reproche qu'il adresse à Leibniz d'introduire des considérations extra-logiques dans son traitement de la question de l'individuation. Dans "Bergson et le schématisme cinématographique de l'intelligence", Arnaud Bouaniche élucide le rôle du cinéma dans le quatrième chapitre de L'Evolution créatrice de Bergson, à la lumière d'un rapprochement précis avec la doctrine kantienne du schématisme des concepts purs de l'entendement. Il dégage la thèse selon laquelle le cinéma n'est pas seulement pour Bergson une machine à produire de l'illusion (l'illusion du mouvement) mais cet "art caché", désormais rendu visible, qui commande notre connaissance spontanée du réel. Dans "Levinas : la sensibilité ou la vie de la raison", Paula Lorelle éclaire l'ambition lévinassienne d'un élargissement de la rationalité. Sous les termes de raison et de rationalité, il est aussi bien question d'une raison suspecte qui ne survit qu'en ant l'altérité, que d'une raison nouvelle qui s'ouvre en son épreuve. B s'agit dans Autrement qu'être de comprendre cette autre rationalité comme une raison sensible, décrite en termes d'éveil dans Entre nous et De Dieu qui vient d l'idée ; l'équivocité du terme raison désigne les deux moments d'un seul et même procès d'endormissement et d'éveil de la raison. Dans "Texte de l'espace — espace du texte", Ai Maeda détermine l'expérience spatiale propre à la littérature à partir d'une analyse phénoménologique de l'acte de lecture, qu'il reformule ensuite selon les axiomes de la topologie, et il replace son analyse de l'espace vécu au sein de la représentation littéraire de la spatialité concrète qu'est l'espace urbain moderne. Ce faisant, sa démarche théorique se double d'une critique culturelle de la modernité japonaise. On peut ainsi lire la spatialité pensée par Maeda comme l'une des premières réponses, de la part de la pensée critique contemporaine japonaise, au basée de Kitarô Nishida et des philosophes de l'école de Kyôto. D. P.

06/2021

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Desserts, pâtisseries

Des gâteaux et des saisons

De la poésie dans l'assiette ! Avec ce premier livre, Claire Damon nous ouvre avec beaucoup de sensibilité son grand herbier de la pâtisserie moderne. Proche de la nature qu'elle vénère et défend, étroitement liée à ses origines auvergnates et aveyronnaise, Claire Damon a construit un univers végétal que l'on suit au rythme de ses gâteaux de saisons et de l'évolution de la végétation. 72 recettes de tartes, entremets, galettes et autres gâteaux ont pour point de départ une exigence absolue du choix des produits selon leur exacte maturité à la bonne saison. Il faut par exemple écouter Claire Damon nous parler des pommes en faisant mentir les étals de primeurs qui voudraient nous faire croire qu'elle se consomme douze mois sur douze. Pour cette cheffe pâtissière, chaque variété de pomme a son propre goût, toutes ne se prêtent pas à la cuisson et aucune ne caramélise de la même façon. De la pomme à la verveine sauvage, chaque ingrédient fait l'objet d'une réflexion. Quelle est sa provenance, son mode de culture, qui est son producteur ? Découvrir les gâteaux de Claire Damon, c'est aussi comprendre les jeux sur les accords et les mélodies gustatives. La tarte Vert absinthe, c'est toute la beauté des petits matins d'été dans l'Aveyron. Fracas sur la banquise est un gâteau à la vanille et au chocolat pour le creux de l'hiver. Suivent avec beaucoup de poésie des gâteaux aux agrumes (calisson mandarine), puis tendres comme la rhubarbe (bâton de rhubarbe), puis rouges carmins (J'adore la fraise et cheesecake framboise), puis bruns comme l'automne (chou noisettes et moellon marron). Si la nature est terriblement inspirante pour cette cheffe pâtissière, elle n'est pas la seule à déterminer la construction d'un dessert. Une fragrance orientale, un jus qui claque ou le parfum du foin coupé éveillent aussi son imagination. Claire Damon travaille à la manière d'un parfumeur, avec une note de tête, une note de coeur et une note de fond. La dégustation doit être fluide, déclencher des émotions évidentes. Le moelleux Shahzadeh qui reprend l'accord pistache/rose est ainsi marqué par des notes douces et très orientales. Préserver l'ingrédient, en restituer le goût le plus justement possible est une discipline dont Claire Damon livre ici les secrets. Qu'il s'agisse de prélever les zestes d'agrumes ou de peler les fruits, la main est une alliée irremplaçable. Afin de respecter la morphologie des fruits et ne pas écraser les fibres, rien ne vaut la lame d'un couteau en inox aiguisée à la perfection. A la fin de chaque recette, la cheffe insiste sur les techniques qui lui semblent primordiales. Souvent, il est question du temps. Le temps, c'est aussi ce qui donne de la valeur au travail d'une pâtisserie accomplie. Le temps du feuilletage, temps de repos et temps de pousse. Un luxe que le lecteur apprend ici à s'offrir. Le temps de voir défiler 72 recettes qui rendent compte du passage des saisons et de leur extraordinaire traduction pâtissière.

09/2021

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Poésie

Rusticatio Civitati Piratarum. La Ville des pirates

Souvent considéré comme un cinéaste littéraire, auteur de plusieurs ouvrages, théoriques comme de fiction, on ignorait que Raoul Ruiz était aussi poète (il est l'auteur de plus de 500 poèmes dont une anthologie est parue au Chili en 2019), et qu'il lui arrivait d'écrire des recueils de poèmes pour préparer ses films, ce qui est probablement un cas unique dans l'histoire du cinéma. Rusticatio Civitati Piratarum : La Ville des pirates est le seul exemple de ce type qui ait été conservé dans ses archives. Le livre, écrit en 1974, tisse en un jeu d'évocations labyrinthiques le motif de deux films que le cinéaste franco-chilien réalisera en 1983 : Les Trois couronnes du matelot et La Ville des pirates. Ces poèmes ne constituent pas un scénario avant l'heure, ils ont plutôt pour Ruiz la fonction de réservoir à images dans lesquels il puisera librement ; ce seront les oiseaux migrateurs, les pièces de monnaie glissées sous la langue, les bateaux et les ports dans Les Trois couronnes du matelot, les miroirs, le prophète et les meurtres pour La ville des pirates. Poèmes et films partagent ainsi des visions communes, agissent les uns sur les autres comme deux dimensions autonomes d'un même monde - "le monde a deux dimensions" déclare d'ailleurs l'un des personnages des Trois couronnes du matelot - et nourrissent ce sentiment de passage fluide entre le temps des vivants et celui des morts, entre l'espace vécu et l'espace rêvé qui est si caractéristique de l'oeuvre de Ruiz. Poésie où tout se fait énigme, tout fait signe en d'infinis dédoublements, aussi bien dans la lecture du vol des oiseaux que dans celles des lignes des rues ou de la main. D'obscures malédictions foudroient les hommes au détour d'une phrase comme s'il y avait des mots interdits, des villes fantasmées flottent dans le regard des marins, des vaches sont sacrifiées dans la nuit, les miroirs séparent les visages, les chansons s'échangent contre une pièce de monnaie aussitôt changée en sel. Ces poèmes, en levant le voile sur la matrice créative de Raoul Ruiz, révèlent tout autant ce qu'il y a de littéraire dans son cinéma que ce qu'il y a de cinématographique dans son écriture. Comme le souligne Bruno Cuneo dans sa préface, la poésie était la "première vocation artistique" du cinéaste - grand lecteur de Pessoa et de Pound, et bien-sûr de ses compatriotes Gabriela Mistral, Pablo Neruda, Nicanor et Violeta Parra - qui cherchait dans ses films à ce que "chaque plan ait sa vie propre" , tout comme chaque poème existe en lui-même. Raoul Ruiz aura trouvé avec le poème le moyen d'irriguer ses films d'un réseau de visions d'où jaillissent des récits composés d'évocations fulgurantes à la symbolique mystérieuse, avec en guise de viatique pour naviguer entre les mondes de l'exil et de l'errance, deux pièces dans la poche des vivants et une dans la main des morts. Du mystère, ou, pour reprendre les dernières paroles du matelot du film : "de la poésie, c'est de la véritable poésie ! " .

09/2023

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Monographies

Guillaume Pujolle. La peinture, un lieu d'être

Dans Guillaume Pujolle. La peinture, un lieu d'être, Blandine Ponet part sur les traces de Guillaume Pujolle (1893-1971) qui fut menuisier, douanier, mais aussi peintre. Il fut interné une grande partie de sa vie à l'asile de Braqueville, à Toulouse ? ; c'est de ce lieu qu'est partie Blandine Ponet, où elle-même travaille comme infirmière en psychiatrie. De là, elle tire les fils de la complexe destinée de l'artiste, ce qui l'entraîne aussi à se pencher sur l'histoire de la psychiatrie, du surréalisme, de l'art brut ou de la dévastatrice première guerre mondiale. Telle est sa manière de lutter contre "? l'oubli, l'immobilisme, l'absence d'histoire, l'ordre et la routine ? ". Retrouver quelques noms, quelques dates, quelques faits qui composent une inextricable pelote de passé, cela sauve du vertige face à un "? monde illisible ? ". C'est, pour Blandine Ponet, un premier pas pour appréhender l'art déroutant de Guillaume Pujolle, pour parvenir à regarder ses peintures dans toute leur violence acérée et colorée ? : "? La forme et le chemin qui y mène, dit Paul Klee. Apprivoiser les peintures de Pujolle, construire son propre regard et sa manière de les voir et les comprendre. Apprivoiser ce qu'elles contiennent et transmettent de folie et de douleur pour pouvoir les regarder enfin. ? " Retracer l'histoire du peintre et de son oeuvre, c'est apprendre à voir de manière plus juste, plus vibrante. Blandine Ponet cherche ainsi à remonter aux premiers événements qui témoignent d'une reconnaissance naissante de l'artiste. Lorsqu'une exposition d'oeuvres de malades est organisée en 1946 à l'hôpital Sainte-Anne par le docteur Gaston Ferdière, qui s'occupait également d'Antonin Artaud, on pouvait voir, entre autres, La mort du vieux Boers de Guillaume Pujolle. L'année suivante, à l'occasion de l'exposition Le surréalisme en 1947 à la galerie Maeght, on pouvait voir un étrange revolver fabriqué par Guillaume Pujolle. Dans son récit, Blandine Ponet rend également tout leur intensité à des fragments de l'histoire d'un siècle, en évoquant le choc qu'a pu constituer la première guerre pour Guillaume Pujolle, qui fut mobilisé les quatre années qu'elle dura. Choc que l'on peut pressentir dans plusieurs de ses peintures, notamment dans sa série de bateaux ? : "? Sauf un ou deux qui ne sont pas nommés, ils portent pour la plupart des noms précis qui reviennent ? : Lutetia, Provence, Normandie, Sirocco. [... ] Le Provence était un paquebot transatlantique qui fut lancé en 1906. Converti en croiseur, il sert aussi au transport des troupes vers les Dardanelles en janvier 1915. Quant au Lutetia, c'était un croiseur auxiliaire qui fut également affecté au transport des troupes à Salonique de 1915 à 1917. ? " Guillaume Pujolle lui-même passa deux années à Salonique durant la guerre, dont il se souvient sans doute en peignant ces flots "? impétueux et foisonnants ? ". Regarder avec attention les peintures de Guillaume Pujolle revient alors à tirer de l'oubli leur puissance plastique saisissante autant que la violence des tourments du siècle dernier.

01/2024

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Mer

Grèce mer Egée. Athènes, Cyclades, Sporades, Chalcidique et Dodécanèse, 3e édition

Quand on évoque la Grèce, on pense immanquablement à la mer et aux îles. Il y a 40 ans encore, la Grèce était méconnue des navigateurs. Quelques bateaux parcouraient les îles pour le plaisir, d'autres faisaient un peu de charter... Depuis, des marinas ont été construites, servant de base à de nombreuses compagnies de location. Mais en dépit de ces changements, le pays et ses habitants restent les mêmes. La côte et les îles ont toujours cette lumière, à la fois douce et dure, qu'aucune photo ne peut rendre tout à fait. La mer décline toujours sa palette, du bleu cobalt le plus foncé au turquoise caractéristique des fonds de sable, comme vous pourrez en rencontrer dans un petit mouillage. Dès qu'on s'éloigne des lieux par trop touristiques, la Grèce de toujours vous accueille, et à moins d'avoir opté pour une petite crique isolée, vous ne serez jamais trop loin d'une taverna bordant un petit port animé ou de ruines antiques. Ce guide traite de l'est de la Grèce, de la mer Egée, des Sporades et des îles du Dodécanèse. Un autre volume traite de la mer Ionienne, du Péloponnèse et de la Crète. D'Athènes au cap Sounion : Athènes, avec son ensemble de marinas est souvent une escale incontournable pour les services et pièces de rechange. Les luxueux yachts de milliardaires constituent une attraction en soi, mais ne manquez pas le Musée National, l'Acropole, et le vieux quartier de Plaka avec son dédale de ruelles et ses nombreux restaurants. Les Cyclades : Peuplées dès l'Antiquité, ces îles ont en commun un passé mouvementé et chargé d'histoire. Qui ne connaît la Vénus de Milo, l'île sacrée de Délos, Santorin et la légende de l'Atlantide ? Ces îles sous l'influence du meltem pendant l'été sont rocailleuses et montagneuses. Si les côtes présentent un aspect aride, avec des falaises spectaculaires plongeant dans une mer d'un bleu extraordinairement clair, l'intérieur est souvent cultivé et les flancs des vallées sont couverts de terrasses plantées d'oliviers, de vergers et de cyprès. Evia et les Sporades du Nord : Evia, longue île montagneuse parallèle à la côte, délimite un bassin de croisière protégé avec de nombreux abris permettant de rejoindre les Sporades au nord. Ces îles fertiles aux pentes souvent couvertes de pins ont gardé leur architecture traditionnelle de maisons blanches, bleues ou roses aux toits recouverts d'ardoises grises ou rouges. La beauté des paysages et les superbes plages de sable fin caractérisent les Sporades. Le nord de la mer Egée : Moins fréquentée, cette région offre pourtant quelques-uns des paysages les plus grandioses et, certainement, les plus belles plages de Grèce. Le pays est montagneux et très boisé. La péninsule du Mont Athos et ses monastères médiévaux qui occupent des sites spectaculaires sur des pitons rocheux ou s'accrochent à des parois à pic, constituent un monde à part que l'on découvre le mieux de la mer. Les Sporades de l'est : Ces îles sont plus fertiles et plus vertes que les Cyclades ou le Dodécanèse. A l'exception de Samos, elles sont à l'écart des circuits touristiques. Les équipements pour la plaisance y sont encore peu développés. Toutefois, la gentillesse des habitants compense largement ces petites insuffisances. Le Dodécanèse : L'archipel du Dodécanèse, les "Douze îles", forme un croissant le long de la côte turque d'Asie Mineure. De Patmos à Rhodes.. en passant par Kalimnos et Kos, celle d'Hippocrate, ces îles ne sont rattachées à la Grèce que depuis 1947, mais elles sont tout aussi grecques que les autres. Avec plus de 360 plans et cartes, 470 ports et mouillages, ce guide intègre les toutes dernières informations ainsi que de nombreux waypoints pour faciliter la navigation.

01/2020

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Sciences historiques

L'encyclopédie des sous-marins français. Tome 3, L'apogée des classiques

L'Encyclopédie des sous-marins en six tomes. Réalisée au rythme d'un tome par an, une nouvelle Encyclopédie des sous-marins voit le jour. Oeuvre majeure, de réalisation collective, elle traite de tous les aspects qui constituent ce monde, fait de machines, de procédures, de stratégies, d'armes, mais aussi et surtout de mer, de bateaux et d'équipages. En réalité, cette encyclopédie est leur livre, elle leur est dédiée. A travers elle, ils vous expliquent qui ils sont et ce que sont ces sous-marins qui vous intriguent tant... Le premier tome (Naissance d'une arme nouvelle) court des origines aux lendemains de la Première Guerre. Les hommes inventent le sous-marin à partir d'un rêve ancestral, car les techniques commencent à le permettre. L'imagination, le talent, la témérité sont les ferments de cette extraordinaire bouffée de création et de créativité qui marque la fin du XIXe et le début du XXe siècle dans notre pays. Un nouveau venu dans les flottes de combat va prendre place. Il va faire ses preuves pendant la Première Guerre mondiale. Le tome 2 (D'une guerre à l'autre) traite d'une période terrible, celle de l'entre-deux-guerres, celle des débuts douloureux de la Deuxième Guerre mondiale. Les progrès nécessaires sont accomplis pour transformer l'essai de la Première Guerre. Le sous-marin, à l'image du Casabianca, le plus célèbre des 1500 tonnes, est prêt en qualité, en performances et en nombre pour aborder des hostilités qui s'annoncent inévitables. Mais l'armistice, dans la brutalité de ses suites, va broyer ce bel outil, et seuls quelques héros vont survivre. Le tome 3 (L'Apogée des classiques), qui va de 1943, l'année du début du reflux adverse, à 1972, départ en patrouille du Redoutable, montre quel essor fantastique est accompli dans ces trente années : participation à la victoire, décolonisation et guerres correspondantes, mais aussi maîtrise de l'atome, propulsion nucléaire et arme atomique. Pendant cette période, les sous-marins classiques Narval, Aréthuse et Daphné forment le coeur de la flotte sous-marine française, qui connaît là un des moments les plus hauts en couleur de son histoire. Avec le tome 4 (La Fin de la guerre froide), qui va de 1972 à 1990, la Marine est presque tout entière tournée vers la stratégie de dissuasion nucléaire du pays. Une part belle est faite aux SNLE (sous-marins lanceurs d'engins). Leurs équipages, ceux des moyens de surface, sous-marins et aériens veillant à la sûreté de leur environnement, ainsi que le personnel des arsenaux et des industries de défense, tous sont soumis à Line forte pression pour que l'excellence soit permanente dans tous les domaines. il en va de la crédibilité de la dissuasion. Le tome 5 est celui de La Période contemporaine. Le mur de Berlin est tombé, mais les missions demeurent. La compréhension du poids politique essentiel de la force de dissuasion se fait plus vive. Les déploiements des SNA (sous-marins nucléaires d'attaque), maintenant au nombre de six, révèlent leur capacité militaire irremplaçable dans une Marine française dont la vocation mondiale ne se dément pas. Les modernisations restent indispensables et motivantes, les équipages abordent le présent et l'avenir avec le même enthousiasme que leurs grands anciens. L'approche du tome 6 est différente. La Construction d'un sous-marin donne la parole à tous les acteurs de la construction. L'Etat, qui définit le besoin, passe la commande et assure la maîtrise d'ouvrage, les industriels, qui répondent, innovent et proposent des solutions originales dans tous les domaines : la coque, la propulsion, la manoeuvrabilité, les systèmes d'armes, le missile stratégique, l'habitabilité et tout ce qui permet au sous-marin de se mouvoir et de combattre, renseigner, menacer et surtout dissuader.

01/2012

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Histoire internationale

Mon combat pour un Tibet moderne

The Struggle for Modern Tibet raconte la vie peu banale d’un Tibétain, né en 1929 (et toujours en vie). Pour rédiger ses mémoires, Tashi Tsering a pu compter sur la collaboration de Melvyn Goldstein (un anthropologue américain, spécialiste du Tibet) qui l’a aidé à accoucher de ses souvenirs et les a resitués dans l’histoire générale, et de William Siebenschuh (un autre professeur américain, spécialisé dans la littérature anglaise des 18e et 19e siècles, auteur de biographies) qui a su donner forme à ses souvenirs épars pour en faire un récit captivant qui se lit comme un roman. Un vrai roman, effectivement. Né dans un village presque entièrement analphabète, il voudrait, dès le plus jeune âge, apprendre à lire et à écrire. Mais dans son village, c’est impossible : il n’y a pas d’école. Mais voilà que, à l’âge de dix ans, au grand désespoir de ses parents, il est recruté, comme impôt humain, pour devenir danseur dans la troupe de danseurs du Dalaï-Lama, ce qui lui ouvre des perspectives en terme d’instruction, mais le met aussi en contact avec les tares de la société théocratique (brutalité, violences, y compris sexuelles). En 1950, les troupes chinoises entrent dans Lhassa et, pendant plusieurs années, ce sera une sorte de « lune de miel » avec la population locale. La conscience politique de Tashi Tsering commence à s’éveiller : il doit exister d’autres systèmes politiques que le régime théocratique et féodal. Toujours soucieux d’apprendre, il part en Inde pour y étudier l’anglais. Il est en Inde quand l’insurrection de Lhassa éclate en 1959 ; il se lie d’amitié avec le frère aîné du Dalaï-Lama et le seconde dans l’accueil des réfugiés tibétains qui affluent en Inde. Il fait la connaissance en Inde d’un étudiant américain, grâce auquel il va pouvoir venir étudier aux États-Unis. Avant de partir, il rencontre le Dalaï-Lama, qui l’invite à être un « bon Tibétain ». Études sur la Côte Est et puis à Seattle : ses lectures historiques lui font établir un parallélisme entre le moyen-âge occidental et la société tibétaine qu’il vient de quitter. Malgré l’incompréhension de ses amis tibétains en exil et de ses condisciples américains (dont Melvyn Goldstein), il décide de retourner au Tibet pour se mettre au service de son peuple resté au pays. Le frère aîné du Dalaï-Lama essaie en vain de l’en dissuader, en lui faisant miroiter des avantages matériels. Arrivé en Chine après un interminable voyage en bateau, il est aussitôt envoyé d’autorité dans une obscure école d’une province centrale, qui allie étude et endoctrinement. Tashi Tsering accepte son sort, car il croit sincèrement au bien-fondé du communisme ; de plus, il espère bien que sa formation lui permettra de retourner au Tibet pour y enseigner. Voilà que, en novembre 1967, en pleine Révolution culturelle, il est accusé d’être un espion à la solde des États-Unis. Humiliations publiques. Condamnation sans réel procès. Après avoir passé plus de trois ans en prison, et y avoir tenu le coup malgré des conditions d’internement inhumaines, il épouse Sangyela, une vieille amie tibétaine très croyante, avec qui il va former un couple très uni. Mais même après sa libération, il est toujours suspect et assigné à un travail manuel qui ne lui convient pas. C’est pourquoi, profitant de l’assouplissement du régime après l’arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping en 1977, il s’enfuit jusqu’à Pékin pour réclamer sa complète réhabilitation, qu’il finira par obtenir. Toujours soucieux de sortir les paysans tibétains de leur analphabétisme et de les ouvrir à la modernité, il obtient de pouvoir commencer, à 51 ans, la rédaction d’un dictionnaire trilingue tibétain-chinois-anglais (qui sera publié à Pékin en 1988). Grâce à la coquette somme d’argent que le Gouvernement chinois lui a versée en dédommagement du préjudice subi par ses années « volées », il ouvre un cours du soir d’anglais à Lhassa. Puis, il se bat pour obtenir la création d’une école primaire dans son village, qui ouvrira ses portes en 1990. Fort de cette réussite, il va être à l’initiative de la fondation d’une trentaine d’autres écoles sur le Haut Plateau. En 1992, après avoir repris contact avec Melvyn Goldstein, il commence, en Amérique, à travailler à son autobiographie. En 1994 – il a 65 ans – il rencontre à nouveau le Dalaï-Lama, à l’Université du Michigan, et l’invite, sans succès, à rentrer au pays. 1997 : parution de ses mémoires, sous le titre The Struggle for Modern Tibet. The Autobiography of Tashi Tsering, par Melvyn Goldstein, William Siebenschuh et Tashi Tsering, M.E. Sharpe, Armonk (New York) et Londres, « An East Gate Book ».

10/2010

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Poésie

Les litanies de la Madone & autres poèmes spirituels. Edition bilingue français-italien

En ce temps-là, à la fin de xixe siècle, pour l'atteindre, le voyageur descendait à Aquilée, avant d'emprunter de lourds landaus et le vaporino, dans les sinuosités d'un cours d'eau et de canaux à travers la lagune. Alors, au terme d'un itinéraire en soi, isolé du monde, hors du temps et voilé jusqu'au dernier instant, se découvrait l'île de Grado, lambeau de terre et de sable, balayé par les vents, sous le soleil et sur le merveilleux miroir azuré de la mer et du ciel. Là, sur cette île, fille de la jadis puissante Aquilée et mère de Venise, où la vie, depuis des siècles, a ralenti, jusqu'à s'arrêter presque, et où quelques pêcheurs habitent de modestes maisons ou des cabanes de paille ou de roseaux sur des saillies de boues argileuses, les casoni, au milieu de ces visages sur lesquels le dur labeur a gravé rides et sillons de fatigue, d'êtres qui savent à peine lire, d'humbles et d'humiliés à la foi solide, ardente, naît le poète Biagio Marin (1891-1985). De 1912 à sa mort, son oeuvre ne cessera de chanter ce monde. Lumière et voix, luse et vose, de même que la liturgie, les hymnes, les psaumes, écho des patriarches anciens, les chants d'amour et de louange, la récitation du rosaire et les rites ancestraux, parmi lesquels la procession à Barbana, le perdón, fascinent Marin. Ses vers, à de rares exceptions, sont en dialecte de Grado (gradese), un dialecte séculaire, au développement comme à l'arrêt, qui n'est plus le frioulan et pas encore le vénitien. Les consonnes, liquides et douces, y transforment le t italien en d (duto pour tutto), le c en s (baso pour bacio, ou crose pour croce), ou le v en b (bose ou vose pour voce)... Les douleurs se disent duluri et non dolori ; le nid : nío et non nido ; les vents : vinti et non venti... Et de longues voyelles tendent à suspendre tout écoulement. En ce dialecte se donnent les thèmes de Marin : la mer, matricielle (mar, la mer ; mare, la mère), et les bancs de sable (dossi), le soleil (sol) et les nuages (nuòlo), parfois orageux (nenbo), la lumière (luse) et quelques couleurs, où resplendissent le bleu intense de l'azur (selesto ou asuro), le turquin, le rouge, l'or et le blanc, et qui rarement se mélangent, mais sont, d'après Pier Paolo Pasolini, " utilisées "pures", chacune dans sa zone, pour constituer un paysage absolu et complètement poétisé ". Ajoutons-y les bateaux, trabacs, bragozzi et vaporini, quelques gemmes et autant de fleurs, au nombre desquelles la rose, sur le rosier ou dans la roseraie (rosèr), et l'on aura une idée presque complète de ce qui fait le socle de la plupart des poèmes. Certes, Marin a traversé le xxe siècle, en a connu quantité de mouvements, de courants et d'avant-gardes artistiques, en a vécu les barbaries et en a consigné, dans ses carnets, bien des sollicitations, au point selon Carlo Bo de s'identifier avec son époque, mais son oeuvre est restée identique à elle-même, insulaire, d'un seul bloc, de son commencement à sa fin. Immobile, immuable est cette oeuvre, par ses thèmes, brodant sur les mêmes paysages et les mêmes valeurs, sur d'identiques motifs, aussi ténus que les avancées du temps, mais aussi par ses mots invariants, quelques centaines tout au plus, moins d'un millier assurément, et dans sa forme, célébration du quatrain, ce paradigme de l'expression populaire. Une circularité, une permanence en résultent. Aussi la litanie est-elle leur genre, en miroir des siècles et des années aussi inconsistants, interminables, que les heures : le " non-temps " de la mer, du ciel et de la lagune. La langue, anoblie, semble défaire les liens du poème avec l'Histoire, la culture et la vie sociale, mais celles-ci font puissamment retour par le dialecte et par les rites des gens de l'île. " Profonds, les thèmes qui parcourent la poésie de Marin, d'une valeur éternelle pour tous les hommes : la fraîcheur de la nature toujours résurgente, l'affectivité de ses différentes intensités et nuances, le scintillement de l'"occasion" en laquelle semble se manifester un simple prodige et pourtant des plus rares, le ciel et la mer comme réalité, métaphores d'une immanence divine qui se dépasse en halos de transcendance, le murmure des voix de la quotidienneté perçu comme une constante et imperceptible musique ", commente Andrea Zanzotto. Dès lors, le principe de cette oeuvre poétique est le dénuement, l'abrégé des contenus du monde, la réduction de la variété de celui-ci à quelques signes essentiels : rares éléments ou mots, à l'identique, du moins en apparence, comme dans une cérémonie à vif. Le vocabulaire pauvre, choisi, ferait même de Marin, selon Pasolini, un poète pétrarquien, et non dantesque, élargissant dans le champ sémantique et syntaxique, par des combinaisons toujours renouvelées, ce qu'il restreint dans le champ lexical. D'où une conciliation des contraires, et une si chrétienne coïncidence : la pauvreté promet la richesse, l'agrandissement immense, au point de faire de Grado un modèle de l'univers entier, d'une totalité achevée et parfaite. Car Grado et le monde, c'est tout un. Une telle distension imite, " par essentialité " commente encore Pier Paolo Pasolini, le sentiment religieux. En 1949, Marin publie la première édition des Litanies de la Madone, un recueil composé à partir de 1936, et qu'il n'avait pas souhaité rendre public auparavant, pour éviter toute méprise sur sa " laïcité " - à l'instar du Rossignol de l'église catholique de Pasolini. C'est un chant de louange à la mère, la sienne, bien sûr, du nom de Marie, et qui mourut jeune de tuberculose, et les autres qui se sont brûlées au service de Dieu et de leurs prochains. L'image, si humaine, de la Madone, presque adolescente, tendre et proche, dans sa maternité, de la sensibilité populaire, célèbre avec Marin la créativité de Dieu. " Dans l'itération des apostrophes latines, selon la tradition mariale qui résonnait en lui depuis l'enfance, vibrent les anciens rites populaires de l'île de Grado, les prières chorales dans la grande basilique de Sant'Eufemia, le culte de la Madonna delle Grazie, la ritualité séculaire de la procession votive des bateaux de la région à la Madone de Barbana, le rosaire privé des femmes, et lui se distrait en suivant un rayon de soleil ; parmi elles, la grand-mère qui prend soin de lui, orphelin ; et se détache, des années lointaines, l'image de la mère perdue trop vite, lui laissant à peine le souvenir d'un petit visage souriant penché sur lui, avec ses boucles blondes et ses yeux bleus, et l'écho perdu de douces paroles que le temps a consumées ; et un regret sans fin ", écrit Edda Serra, l'éminente spécialiste de l'oeuvre marinien. Pourtant, s'élevant contre l'Eglise, dont il n'accepte ni l'institution, matérialiste, sinon idolâtre, ni la discipline, ni les sacrements, Marin révoque le " sacerdotalisme ", qui serait devenu plus que Dieu, comme dans la légende du Grand Inquisiteur de Dostoïevski. A l'inverse, dans ses rituels d'identification de soi et du monde, qu'il soit minéral, végétal, animal ou humain, depuis la plus humble amibe et jusqu'à l'être le plus philosophe, le plus poète ou le plus saint, il tend à l'union de l'île et du sujet poétique, résolvant voluptueusement, par un sensualisme chaud, avec ivresse, l'autobiographie dans des paysages, sous la lumière de la Création. Sous une telle lumière, ce que chante la poésie, c'est ce que le philosophe Massimo Cacciari appelle la " liesse ", qui lui confère sa force, et dont les symboles sont le vol, les cieux, les oiseaux et les nuages, la proue du navire menant au loin, le blanc, pour fuir la mort et faire le désespoir léger. Chant du peu de terre, de la ligne incisive qu'est l'horizon marin, de la lagune ouverte, plongée dans le grand silence des cieux, du soleil et de l'orgue des vents invisibles, du vol des nuages, de leur rougeoiement au couchant et de leur dissolution sous l'éclat de Midi, de l'été à l'air chaud et léger, consolant l'âme de sa tristesse et de sa solitude (solitàe), et tendant au néant (ninte) de l'expérience mystique, le creuset ardent de la vie manifesterait alors davantage que la puissance et la gloire de Dieu, son amour, et notre misère si nous nous éloignons de Lui.

10/2020

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Divers

La petite révolution de Samuel

Dans cet essai sur Samuel, de l'auteur finlandais Tommi Musturi1, Aarnoud Rommens2 pose, une à une, les pièces du jeu de son personnage emblématique, Samuel. Les éditeurs IMAGES et la 5C suivent l'essayiste, dans un paso doble virevoltant, en agençant ludiquement, une à une, des pièces et des planches parfois inédite ou révélant les étapes d'un processus complexe, souvent énigmatique, comme une suite qui fait clarté une fois le pas de danse entamé. Samuel va par le monde et l'Histoire. Un monde où tout peut arriver, n'importe où, n'importe quand. Création irrationnelle d'un démiurge aveugle et sourd ? Aveugle, Musturi ne l'est certainement pas. Dans les pas de Samuel, le lecteur découvre, sans les reconnaitre, ses règles et ses contraintes. Aarnoud Rommens, avec humour et exigence, les élucide en dépliant une complexité conceptuelle et technique sans égale. La première règle du monde de Samuel, seule à être visible et lisible, énonce que "tout peut arriver". La liberté fait donc partie du jeu ! Se déshabituer de ses habitudes et emprunter, in media res, les pas du tango finlandais de Samuel. L'aventure est vitaliste, ludique. Elle mène tant à la joie qu'à la tristesse, à la douceur qu'à la cruauté, pour un dégagement qui se présente comme une suite lumineuse, dès l'aventure entamée. Maintenant, va jouer ! 1. Auteur notamment de Les livres de M. Espoir, Sur les pas de Samuel, Simplement Samuel, KutiKuti, HuudaHuuda, Future, Cracking... 2. Aarnoud Rommens est essayiste et chercheur au Centre for the Study of Theory and Criticism du Center of Visual Art de la Western University, UWO, Canada. --------- Les mondes de Samuel ne sont pas cohérents. Il n'y a pas de raison qu'ils le soient. Il n'y a pas besoin d'une histoire surplombant le tout. Le monde que nous rejoignons avec Samuel n'est pas un seul monde : nous croisons de multiples mondes et des époques variées. Ces mondes opèrent selon leur logique propre et étrange, leurs propres lois de physique et d'espace-temps, divergeant potentiellement d'un épisode à l'autre. Samuel ne commence jamais depuis le début, il est toujours dans le feu de l'action : le lecteur ou la lectrice n'a aucune idée de ce qui vient avant. Tous les épisodes commencent in media res : nous ne savons pas comment il est arrivé au milieu de ces fourrés ; comment il s'est retrouvé dans une forêt en automne avec ses couleurs tamisées alors que, en marchant, les couleurs changent soudainement et deviennent printanières, vertes et vives ; comment il se retrouve tout à coup dans une double page complètement noire ; comment il est arrivé au sommet d'une colline ; pourquoi il s'est soudain laissé pousser la barbe ; comment il s'est retrouvé dans un cercueil, comment il est devenu un vampire, etc. (...) Vous ne pouvez pas plus "résoudre" Samuel que vous ne pouvez connaître à l'avance les événements inattendus que la journée vous réserve, même si votre histoire à la table du petit-déjeuner a l'apparence d'un script infaillible. Il y aura toujours de l'improvisation. En soi, casser la contrainte est aussi contrainte tout en étant son opposé, en un sens. Le principe de non-contradiction est de nouveau accueilli par des rires nourris. Le conseil de Tommi/Samuel à cette méta-énigme ? "Va jouer ! " C'est juste un jeu où les règles doivent être cassées, réinventant ainsi constamment la partie elle-même. Il n'y a pas de gagnant-e-s ici. Mais c'est aussi un jeu sans perdant-e-s. Win-win ! (...) La seule manière de raconter l'histoire de ce qui arrive à Samuel dans ses bandes dessinées est de nouer les événements les uns après les autres, comme les enfants le font avant d'être conditionnés à rendre leur récit plus "adulte" et moins poétique. [Ce sont des rhétoriciens experts sans même le savoir (et encore moins l'apprécier). Samuel reprend ces techniques vives et ses bandes dessinées peuvent être décrites comme des phrases visuelles "sans fin" combinant ce qui semble incompatible, un polysyndéton visuel infini refusant la logique plus économique et efficace de la subordination syntaxique/narrative. Samuel est insubordonné. (...) Etre à l'écoute de cet état aléatoire (randomness) obéit en fait à une logique différente, explorant les possibles de l'imagination plutôt que les syllogismes et les soi-disant "principes de non-contradiction" : "Je vais te raconter une histoire vraie que je viens d'inventer" (une fille de 4 ans à sa mère, cité in : Engel 1995). Le réel, la vérité et l'imagination sont dans le même bateau ; ils ne s'excluent pas mutuellement. C'est la même chose avec Samuel. Samuel meurt tellement de fois dans ses bandes dessinées que j'en ai perdu le compte. Il meurt et pourtant il est vivant. Il change constamment. Il n'est jamais "lui-même" (un unique soi unitaire), et pourtant il est toujours fidèle à lui-même. Le principe de changement, c'est lui. La mort est une précondition pour l'émergence d'un nouveau monde narratif et d'un nouveau Samuel dans ces histoires. Ce qui signifie qu'il n'y a pas un Samuel. Ils sont multiples, souvent des versions contradictoires de Samuel ; sédentaire et nomade, cruel et gentil, inventif et stupide, naïf et rusé, etc. De même, en tant que lecteurs et lectrices, nous subissons constamment le changement avec Samuel, allant et venant entre le réel et l'imaginaire, le littéral et le figuré, entre ce qui est kawaii et ce qui tient du sublime, les rires et les pleurs, entre le burlesque et le sanglant. C'est une expérience vertigineuse. (...)

10/2023

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Littérature étrangère

Seul

J'ai rencontré Johnson sur le quai d'un de ces villages de pêcheurs bretons où tout le monde s'adonne à la peinture, et si je suis entré en conversation avec lui, c'est d'abord parce que nous parlions tous les deux anglais et ensuite parce que nous avons découvert que nous venions du même pays - lequel n'était pas l'Angleterre. Nous avons un peu bavardé en regardant les filets bleus des bateaux de pêche pendre et sécher au soleil, en regardant aussi les salopettes rouges des marins et la toile rouge-brun des voiles, et par-dessus tout cela nous respirions la forte odeur du poisson. Nous sommes ensuite montés prendre un repas au café de Bordeaux. Le bistro était bondé? ? : un groupe était arrivé de quelque part en car. Ces gens occupaient toute la salle à l'exception d'une ou deux tables sur un côté, de sorte qu'il nous était difficile de nous faire servir ou d'entendre ce qu'on disait, mais nous n'étions pas pressés et nous sommes restés là à manger des crevettes et à boire du vin rouge bon marché. Au bout d'un moment, nous nous sommes mis à parler de la guerre. Ce Johnson, pour autant que je puisse le décrire, sortait juste d'Espagne. Tout cela se passait il y a un ou deux ans - une autre époque. Il était en permission mais, ensuite, il retournerait en Espagne. C'était un homme de taille moyenne au teint très brun, presque noirci par le soleil, avec un visage rond d'aspect banal, une grande bouche et de fortes dents jaunies par le tabac. Il avait des cheveux blonds, pas de chapeau et des yeux qui pouvaient être gris ou verts. Comme j'étais curieux de cette guerre - et, d'ailleurs, de toute guerre -, je l'ai poussé à m'en parler, mais il ne voulait pas en dire grand-chose. Il a dit ?? : "? La guerre, on en parle foutrement trop. ? " J'ai attendu un peu. Dans le café, le bruit ne faisait qu'empirer. On nous a enlevé les crevettes, puis on nous a apporté du veau et une autre bouteille de vin. "? Des guerres, tu peux en voir quand tu veux, a dit Johnson. Dans le monde, aujourd'hui, il y en a plein. Il y a quelques années, c'était différent. C'était des histoires de vieux. Le genre de choses qu'on racontait autour du feu. - Tu as été dans la Grande Guerre. Dis-moi comment c'était. - J'ai été dans toutes les guerres, a dit Johnson, mais je ne pourrais rien t'en dire. - Tu n'as pas envie ?? - Je ne pourrais rien t'en dire même si je voulais. C'était rien de particulier. Tu ne comprends pas la guerre si tu ne l'as pas vue. Et si tu l'as vue, tu ne la comprends pas. ? " La chaleur était étouffante, dans le café, mais le bruit a quand même commencé à baisser autour de nous ? ; l'odeur de poisson et d'huile de cuisine se mélangeait à la fumée du tabac. "? Je ne pourrais pas te parler de la guerre, a dit Johnson. Ce n'était pas très différent du reste. Je pourrais te raconter des choses pires sur la paix. - La paix, c'était quoi ?? - Le petit bout entre deux. - Des choses pires ?? - Plus vraies. ? " Alors, comme je ne voulais pas bouger et que j'étais tout prêt à l'écouter, je lui ai dit ?? : "? Eh bien, parle-moi de la paix. ? " Héroïque dans son propos, Seul est un roman qui donne une perspective essentielle sur la Nouvelle-Zélande et la crise qui a précédé la Seconde Guerre mondiale. Efficace à la manière d'Hemingway, anticipant sur l'existentialisme de Camus, Seul s'inscrit comme une oeuvre marquante de la littérature mondiale du XXe siècle. Quelques années avant la grande crise de 1929, le jeune Johnson, personnage central de Seul, émigre vers la Nouvelle-Zélande, pays qu'il découvrira en étranger, toujours un peu décalé. Emporté par le ? ot de l'Histoire et de ses bouleversements économiques, Johnson va errer d'un travail à l'autre jusqu'à ce qu'il rencontre, dans une ferme isolée, une jeune Maorie qui fera de lui un meurtrier involontaire. Il s'enfuira alors dans les forêts presque impénétrables de l'île du Nord où, tel un Robinson, il ne survivra qu'au prix de terribles privations. Il finira par gagner l'Angleterre avant de repartir combattre en Espagne aux côtés des Républicains. Parcours tumultueux qui semble dessiner une question : l'homme seul, à la fois fort et faible par sa solitude même, peut-il dépasser sa condition et trouver le chemin d'une nouvelle fraternité? ?

08/2011