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Economie

Histoire de l'analyse économique. Tome 1, L'âge des fondateurs (Des origines à 1790)

J.A. Schumpeter (1883-1950) a été l'un de derniers grands économistes capables d'embrasser toute l'histoire de l'économie, celle de son temps et celle du passé. Il s'en était préoccupé de bonne heure : avant 1914, il avait rédigé, pour un ouvrage collectif dirigé par Max Weber, une Esquisse de l'histoire de la science économique. Il devait y revenir, après avoir écrit Business Cycles (1939) et Capitalism, Socialism, and Democracy (1942), et consacrer les neuf dernières années de sa vie à la préparation de cette History of Economic Analysis, qui parut en 1954, après sa mort. Non seulement la science de Schumpeter est immense, mais son style, son ton, la finesse de ses aperçus appartiennent à l'un des très grands hommes de culture de notre siècle, parfait représentant de l '" école autrichienne " et contemporain spirituel de Freud, Wittgenstein, Musil, Zweig, Mahler, Schönberg... Selon Schumpeter, la science économique se caractérise par la maîtrise, dans le domaine économique, de l'histoire, de la statistique et de la théorie. " Il serait illusoire, écrit-il, d'espérer que l'on comprendra quoi que ce soit aux phénomènes économiques [...] sans maîtriser les données historiques. Il est de fait que les erreurs fondamentales qu'on commet aujourd'hui en analyse économique sont plus souvent dues à un manque d'expérience historique qu'à toute autre lacune de la formation des économistes. " La véritable culture économique exige donc de combiner la Vision historique avec la maîtrise des techniques d'observation et des modèles théoriques. Et ce livre explique comment, par des synthèses successives, s'élabore et progresse réellement la connaissance. Deux notions, que Raymond Barre dégage dans sa préface, en éclairent la lecture : celle de filiation des idées scientifiques ; et celle de situation classique, où les progrès de l'analyse se coordonnent et se consolident.

01/2004

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Actualité et médias

La Règle du jeu N° 30, Janvier 2006 : Psychanalyse : contre-attaque

Depuis deux ans, la psychanalyse a fait dans notre pays l'objet d'assauts successifs. Ce fut d'abord l'assaut politique, porté au nom de la sécurité publique, on se souvient de l'amendement Accoyer, voté dans un moment de distraction par l'Assemblée nationale unanime : nous avons été quelques-uns, psychanalystes, intellectuels, artistes, à nous mobiliser, à alerter l'opinion, et ce premier assaut fut arrêté, sa pointe émoussée. Ce fut ensuite l'assaut au nom de la science, un rapport fut confectionné à partir d'un corpus biaisé: on affirma que l'inefficacité clinique de la psychanalyse était " scientifiquement " démontrée; là encore, l'assaut fut brisé par un sursaut de l'opinion et l'intervention d'un ministre éclairé. C'est maintenant l'assaut médiatique, avec un Livre noir qui restera dans les annales pour la haine imbécile qu'il exprime sur 800 pages à l'endroit de Freud et de sa découverte ; là, pas de ministre qui vaille, ni de forum, ni de pétition, tout cela a déjà eu lieu ; aussi est-ce l'heure du un par un ; c'est à nous, intellectuels, artistes, psychanalysants, psychanalystes, de riposter. Voici ce que nous vous proposons : chacun de nous, en son nom propre et à sa façon, dira comment il a rencontré la discipline freudienne, ce qu'il lui doit, en quoi elle lui importe ; la revue La Règle du jeu recueillera les réponses parvenues avant le 15 novembre et les publiera dans son numéro de janvier. La longueur du texte est ad libitum et la revue est disposée à recueillir les propos de ceux qui n'auraient pas le loisir de composer un texte écrit. Bernard-Henri Lévy, Jacques-Alain Miller.

01/2006

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Religion

Les vérités chrétiennes

" Nous constatons aujourd'hui un phénomène inouï : la civilisation chrétienne, jadis triomphante et maîtresse de l'univers jusqu'à lui avoir imposé son calendrier, semble s'effacer. Chose incroyable, le christianisme est devenu incompréhensible au monde moderne qu'il a pourtant enfanté. " Ceux des chrétiens qui restent croyants sont rarement capables d'expliquer aux incroyants le contenu des vérités chrétiennes. D'ailleurs, certains pratiquants se révèlent à l'usage bien davantage déistes à la Voltaire que disciples de Jésus de Nazareth. Le christianisme institutionnel s'est profondément "déchristianisé", vidé de sève tel un arbre creux. Un jeune Français est aujourd'hui le plus souvent incapable de comprendre ce que signifient une "Annonciation" ou une "Assomption" entrevues au Louvre, ou ce qu'exprime le portail de la cathédrale qu'il ne peut éviter de voir pour cause de tourisme culturel. " Quand je parle de "vérités chrétiennes", je parle des " dogmes ", des "mystères" qui expriment la vérité des croyants ; je ne prétends point que ces idées soient vraies, ni qu'elles soient fausses. Étant donné l'état général de l'opinion à ce sujet, sa profonde inculture en ces domaines, cet essai ne se veut pas de vulgarisation, mais de divulgation. " Je suis un chrétien d'après l'athéisme de masse, dans lequel j'ai été moi-même élevé. Je dois à ces circonstances de pouvoir regarder comme de l'extérieur les vérités particulières à chaque Eglise - catholique, protestante, orthodoxe - et celles qui leur sont communes. Car je me ressens comme un chrétien de l'Église "indivise", d'avant les divisions. " Même s'il est empli d'empathie pour le christianisme, ce livre n'est pas un catéchisme. Il veut s'adresser à tous : l'athée militant, l'indifférent curieux, le chrétien désorienté, le croyant d'une autre "religion", pour leur rendre compréhensibles les "noms de la tribu" devenus inaudibles. " J.-C. B.

01/2004

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Economie

Histoire de l'analyse économique. Tome 3, L'âge de la science (de 1870 à Keynes)

J. A. Schumpeter (1883-1950) a été l'un des derniers grands économistes capables d'embrasser toute l'histoire de l'économie, celle de son temps et celle du passé. Il s'en était préoccupé de bonne heure : avant 1914, il avait rédigé, pour un ouvrage collectif dirigé par Max Weber, une Esquisse de l'histoire de la science économique. Il devait y revenir, après avoir écrit Business Cycles (1939) et Capitalism, Socialism, and Democracy (1942), et consacrer les neuf dernières années de sa vie à la préparation de cette History of Economic Analysis, qui parut en 1954, après sa mort. Non seulement la science de Schumpeter est immense, mais son style, son ton, la finesse de ses aperçus appartiennent à l'un des très grands hommes de culture de notre siècle, parfait représentant de l'" école autrichienne " et contemporain spirituel de Freud, Wittgenstein, Musil, Zweig, Mahler, Schönberg... Selon Schumpeter, la science économique se caractérise par la maîtrise, dans le domaine économique, de l'histoire, de la statistique et de la théorie. " Il serait illusoire, écrit-il, d'espérer que l'on comprendra quoi que ce soit aux phénomènes économiques [...] sans maîtriser suffisamment les données historiques. Il est de fait que les erreurs fondamentales qu'on commet aujourd'hui en analyse économique sont plus souvent dues à un manque d'expérience historique qu'à toute autre lacune de la formation des économistes. " La véritable culture économique exige donc de combiner la Vision historique avec la maîtrise des techniques d'observation et des modèles théoriques. Et ce livre explique comment, par des synthèses successives, s'élabore et progresse réellement la connaissance. Deux notions, que Raymond Barre dégage dans sa préface, en éclairent la lecture : celle de filiation des idées scientifiques ; et celle de situation classique, où les progrès de l'analyse se coordonnent et se consolident.

01/2004

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Littérature française (poches)

Ashby. Suivi de Sur un cheval

Ecrit en 1963 par un tout jeune homme qui revient humilié et fortifié de la guerre d'Algérie, Ashby est un livre profond et prémonitoire de l'œuvre future (des pages de Tombeau pour cinq cent mille soldats sont déjà écrites cette même année). L'action se déroule principalement dans le château d'Ashby (d'un nom, " Léonie Aubois d'Ashby ", dans les Illuminations- réminiscence du château d'Ivanhoé dans le centre de l'Angleterre), placé ici dans les vallonnements du Northumberland, au sud de l'Ecosse. Les protagonistes centraux, Drusilla et Angus, enfants complices pour le meilleur et pour le pire puis séparés, se retrouvent pour s'épouser et vivre, au château d'Anges (devenu Lord Ashby) - et ailleurs en Europe et hors d'Europe -, un libertinage qui les entraîne vers la mort, lui après elle. Le cadre et le " personnel " romanesques encore traditionnels ne doivent pas tromper : c'est bien, déjà, de l'Eros, de son envoûtement et de sa précipitation destructrice, mortelle, qu'il est question ici : de l'impuissance humaine à y résister sauf à s'y abandonner jusqu'à l'anéantissement. La critique d'alors loue l'écriture et le rythme de ce récit, en même temps qu'elle évoque Freud et Sade, que l'auteur n'a pas lus et ne connaît que de réputation. Quelques-uns des personnages d'Ashby apparaissent d'abord dans Sur un cheval, écrit à vingt ans, trois années auparavant : récit, à plusieurs voix, du passage de l'adolescence à la jeunesse d'un orphelin de mère, et d'un amour contrarié, ce texte vivace, rageur, sensuel et rigoureux, témoigne aussi d'une époque, celle du tout début de la Nouvelle Vague à Paris.

04/2008

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Psychologie, psychanalyse

Psychanalyse des contes de fées

En reprenant cette citation, Bruno Bettelheim souligne à quel point le grand romancier avait compris l'importance capitale du conte de fées et le charme qu'il exerce sur nos premières années. Cette imagerie, mieux que tout le monde, " aide l'enfant à parvenir à une conscience plus mûre, afin de mettre de l'ordre dans les pressions chaotiques de son inconscient ". Tel est en effet le postulat de ce livre majeur où Bettelheim nous éclaire sur la fonction thérapeutique des contes de fées sur l'enfant et l'adolescent jusqu'à la puberté. Bien loin - contrairement à une idée reçue - d'être traumatisés, les jeunes auditeurs et lecteurs reconnaissent dans l'histoire une situation inconsciente ; ils y découvrent les épreuves à venir ; le Roi et la Reine sont les " bons " parents, la marâtre, la sorcière, l'ogre étant les images fantasmatiques des parents méchants et frustrants. Mais tout finit bien, par le succès et le réconfort : en s'identifiant au héros ou à l'héroïne, l'enfant exige cette fin heureuse, synonyme pour lui du bonheur possible. Grâce à cet ouvrage, illustré d'exemples d'un patrimoine sans âge, des Mille et Une Nuits aux frères Grimm, de Cendrillon à Blanche-Neige et à La Belle au bois dormant, nous n'avons plus le même regard sur ces contes de fées qui offrent à l'enfant une chance de se comprendre mieux au sein du monde complexe qu'il va devoir affronter. Psychanalyse des contes de fées est un best-seller international et l'un des grands succès de la collection " Réponses ", où a été publiée une grande part de l'œuvre de Bruno Bettelheim, notamment Les Enfants du rêve, Le Cœur conscient, Dialogues avec les mères, Un lieu où renaître, Pour être des parents acceptables, Freud et l'âme humaine...

04/2003

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Philosophie

Le tempo de la pensée

Le blocage, l'empêchement de penser, le détour, la panne se trouvent au coeur de la création : tous ces dysfonctionnements où la pensée "grippe" sont la pensée même. Kafka, Mallarmé, mais aussi Platon, Aristote, Kant, Husserl et Wittgenstein négocient avec leurs conflits. S'ils réussissent, il y a une oeuvre, sinon, elle demeure dans les limbes — ce qui est le cas pour une partie de l'oeuvre de Mallarmé. Chez le créateur, il existe une peur essentielle, celle de poursuivre. Plutôt recommencer que poursuivre : tel est le secret désir qui paralyse. Pour Rimbaud, c'est différent. Il va très vite, ne connaît pas d'obstacle, brûle toutes les étapes en feignant de ne pas voit les difficultés. Alors que les philosophes ne cessent d'avancer en un mouvement d'aller et de retour, chez Rimbaud, il n'y a pas de retour, ou alors il aurait été catastrophique. Troublée par l'énigme qu'elle est pour elle-même, la pensée n'existe pas sans affectivité : ce qui excite paralyse, mais, sans excitation, il n'y a pas de pensée. Ce qui suscite le désir d'écrire empêche d'écrire. Tout l'art consiste alors à négocier avec les résistances. En compagnie de Rilke, Proust, Valéry, Claudel et Beckett, l'auteur — qui a lu Freud — montre comment la raison se démène, étant entendu que la compréhension des choses n'est pas autonome. L'affectivité peut lui opposer un mur. Il faut alors consentir à un saut, à penser un pont, sans savoir quel sera le terrain inconnu découvert "en face". Dans ce livre, en quête d'une musique secrète (le tempo dénote un rythme qui n'est pas défini de manière absolue), il y a un désir de se déprendre du lyrisme de la pensée. Plutôt qu'une oreille séduite, l'énergie d'un pas décidé.

09/1993

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Littérature française

Et la neige était rouge

Aux confins de la Savoie, à l'ombre des cimes valdôtaines, le glacier du Lys, faussement assoupi, se repait de proies mortes ou vives imprudents happés par la gueule béante des crevasses, objets et matériel oubliés que lui disputent des pilleurs d'épaves aux aguets... Le monstre crache, dit-on, au creux des nuits sans lune, des processions de pénitents gémissant dans les brumes. La légende veut que la prospère Cité de Félik sommeille en ses profondeurs, ensevelie depuis des siècles en punition de son impiété. On se souvient aussi du crash d'un Dakota, quarante ans plus tôt. Depuis l'accident, l'avion disparu, englouti corps et biens par une tempête démentielle, voyage prisonnier du glacier, invisible, au rythme lent de son geôlier, vers la basse vallée. L'éminent glaciologue Albert Peretten, tenté par une belle aventure scientifique, rêve de le retrouver. Il n'est pas le seul. Des chasseurs de trésor ont entendu parler de richesses fabuleuses discrètement chargées dans ses soutes. Le glacier fourbit les armes du combat : ponts de neige pourris, brouillards, torrents sous-glaciaires gonflés de crues subites. Une jeune sauvageonne, décidée et délurée, prête main-forte au glaciologue. C'est elle qui découvre les vestiges de l'antique cité. Dans les ruelles en ruines, derrière les portes de glace et d'or, un univers ressuscite sous les yeux du savant, palais ruisselant de lumière, tout un peuple et sa reine, Philippine, le grand amour perdu. Mais le glacier, comme les tombes des pharaons, sait défendre ses secrets. La vérité ne peut vivre que dans le silence et le mystère des grottes bleues. La Cité de Félik restera une légende berçant la mémoire des hommes... Le point de vue de l'éditeur.

07/2006

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Histoire de France

Les Grands ducs de Bourgogne

Quatre princes de "haut vol", comme dit l'historiographe Chastellain, se sont succédé : Philippe le Hardi, politique d'une incomparable souplesse, en même temps que mécène généreux et animateur éclairé de tous les arts ; Jean sans Peur, à l'ambition qui va au besoin jusqu'au crime et dont l'astuce sans cesse en éveil se complaît dans les plus déconcertantes équivoques ; Philippe le Bon, dont la prestance et la sensualité couvrent une hautaine nonchalance en même temps qu'une bravoure de preux et qui, d'ascension en ascension, se voit un moment à la veille d'être roi ; Charles le Téméraire, enfin, qui rêve non seulement de royauté, mais d'empire, et qui, rude joueur, en face de Louis XI, semble un instant à la veille de constituer contre lui un vaste Etat bourguignon, cet ensemble dont les Pays-Bas modernes n'ont été qu'un fragment détaché et dont les frontières largement distendues allaient du Zuyderzee au Jura et du Morvan au Rhin. A travers des péripéties multiples, animées, variées et parfois dramatiques, les quatre ducs travaillent, chacun selon son tempérament, à dominer la France en tant que princes français, à ériger un Etat indépendant en tant que princes cosmopolites : un Etat innommé, une Lotharingie ou une grande Bourgogne, un "grand duché d'Occident", disent certains contemporains. La virtualité de cet Etat européen, qui eût réduit la France royale à n'être qu'une "petite puissance", suivant le mot de Leopold von Ranke, n'a fait que traverser en éclair le champ de vision de l'histoire ; mais il est resté dans la mémoire des hommes le souvenir d'une vie de cour magnifique, d'une littérature active, surtout d'un art d'un prodigieux éclat qui restera la gloire la plus pure des quatre règnes ducaux.

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Théâtre

Chroniques théâtrales ( les lettres françaises 1948-1951 )

S'il fallait d'un mot caractériser le propos critique d'Elsa Triolet, celui de générosité conviendrait sans doute le mieux. Il y a toujours, par tradition ou par tempérament, une critique tatillonne et quinteuse, toute rechignée, qui se donne comme la forme la plus achevée de la mondanité. Une critique des cours secs. Rien de tel ici. La critique d'Elsa Triolet est celle de l'encouragement, c'est-à-dire du respect par principe du travail d'autrui, de la disponibilité à aimer. Attentive aux plus grands, Barrault, Jouvet, Vilar ou Christian Bérard, elle ne l'est pas moins aux inconnus (et certains d'entre eux sont les grands d'aujourd'hui) des jeunes troupes qu'un concours rassemble à Paris ; le geste premier chez elle est celui de la sympathie. Peu ou pas de préjugés, ni sur les gens ni sur les genres. Le récital de Maurice Chevalier (comme, plus tard, tel show de Johnny Hallyday) vaut comme un grand spectacle, en aucun cas minorisé. Une critique du plaisir qui n'est pas une critique d'humeur. Non pourtant qu'elle se laisse duper ; le regard est vif, aussi vif à repérer tel rôle, cette silhouette, encore, qui va s'appeler bientôt Gérard Philipe, qu'à percevoir le clinquant ou le creux, le rabâchage solennel et le truquage. Parfois l'erreur, ou ce qui paraît relever de l'erreur. Et cela entraîne moins à condamner qu'à interroger ou s'interroger, moins à trancher qu'à proposer un dialogue. Le discours critique est profondément pédagogique en ce sens qu'il exprime la même estime pour la scène et pour la salle, pour les gens du métier et pour le public. Il tend perpétuellement à établir des passerelles entre l'auteur et l'acteur, et les spectateurs.

04/1981

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Développement personnel

Aimer la vie. Causeries radiophoniques

Une interrogation pressante sur ce qu'est devenue la condition humaine traverse toute l'oeuvre d'Erich Fromm. Dans le ton direct et chaleureux de l'entretien radiophonique, il fait saisir ici les forces de vie cachées dans chaque existence individuelle comme dans la société. Dans la civilisation où l'abondance incite à la fuite éperdue dans la consommation, voire dans la drogue, E. Fromm rappelle l'aspiration plus authentique au bonheur. S'il le faut, le rêve, cette langue accessible à tous, peut la révéler à chacun. Dès lors que les nouveaux médias multiplient la place de la parole, il faut apprendre à reconnaître le vrai caractère des hommes non pas d'abord dans leurs discours - car tous les discours sont conditionnés et trompeurs - mais dans les mimiques, les gestes, les actes, les moments de rencontre simple. Les multiples analyses sur la condition individuelle, mais aussi sociale, voire politique, sont pour E. Fromm l'occasion de mettre à nu les tendances d'agression et de destruction jusqu'à la démesure, un portrait d'Hitler met en garde contre les pulsions narcissiques et sadiques qui poussent tant d'humains, fût-ce sous prétexte des meilleures intentions, à vouloir imposer partout leur ordre et leur autorité, leur contrôle et leur domination ; en prendre conscience, c'est déjà découvrir l'urgence d'y résister toujours. E. Fromm trouve son inspiration dans les prophètes de l'Ancien Testament, comme dans le bouddhisme et chez Eckhart, Marx, Freud... et aussi dans l'attention du psychologue. A la nécrophilie toujours menaçante, il oppose la biophilie et dégage pour chacun l'accès au goût de vivre, à la liberté. La seule voie d'un bonheur personnel, tout au moins celle d'un avenir pour l'humanité, est dans la fidélité à cet amour de la vie qui peut éclairer tout visage d'homme.

08/1997

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Psychologie, psychanalyse

LE MOUVEMENT PSYCHANALYTIQUE REVUE DES REVUES FREUDIENNES VOLUME 1 NUMERO 1 1998

Les textes de Freud qui troublèrent le monde, ceux qui changèrent la psychanalyse, furent d'abord des articles parus dans des revues. C'est dire que l'histoire de la psychanalyse ne peut être ni écrite ni comprise sans prendre en considération les publications périodiques. Les revues ont joué un rôle prépondérant dans le développement du mouvement psychanalytique, non seulement comme lien entre la production et la communication des connaissances, mais aussi comme mise en œuvre d'un immense chantier de retraitement des transferts. Depuis quelques décennies, l'édition des revues freudiennes tente de suivre les vicissitudes des associations psychanalytiques, voire de s'en affranchir. Le caractère exponentiel des publications périodiques a passé le seuil au-delà duquel la diversité devient dispersion pour une communauté de travail. Aussi cette nouvelle revue répond-elle à une nécessité du temps. Son projet éditorial est l'exploitation du patrimoine scientifique des revues freudiennes. Il ne vise pas seulement à améliorer la diffusion de leurs travaux. Il veut aussi en faire une lecture continue et remettre l'histoire en mouvement. La création de cette revue est une contribution à l'étude du nouveau en psychanalyse et des conditions de sa diffusion. Ce premier numéro fait l'inventaire de 100 ans de revues de psychanalyse, rouvre les revues historiques de la psychanalyse, dont une, méconnue jusqu'ici, (Die) Psychoanalytische Bewegung, informe sur l'actualité des revues, accueille Le Coq Héron. Il recense également les traductions d'articles dans les revues francophones, présente l'introduction de la psychanalyse au Japon à travers un entretien avec le Dr Suzuki Kunifumi et les revues étudiées dans ce pays. Une mise en perspective sur les rapports entre les changements dans la psychanalyse -théoriques, institutionnels, terminologiques - avec les politiques éditoriales des publications périodiques, est la toile de fonds de ce numéro inaugural.

09/1998

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Sciences politiques

Vies de mafia

« Nous avons voulu raconter la mafia, faire entrer le lecteur dans cet univers surréaliste et incompréhensible pour un étranger, en suivant des morceaux d’existences, en racontant des gens qui vivent, travaillent, tuent, souffrent. Si l’on trouve facilement des ouvrages didactiques sur la mafia, sa mondialisation ou son histoire, on en trouve plus rarement sur la mafia vue de l’intérieur, racontée sous un prisme humain. La mafia, ses soldats, ses vies brisées, ses vies de film, au service du crime ou au service de l’État… C’est l’idée de cet ouvrage, à mi-chemin entre la littérature et le journalisme : plonger le lecteur dans ce monde totalement à part dont la réalité, secrète, ancestrale ou d’une modernité étonnante, lui est étrangère. Raconter les gens qui combattent sur ces terres de l’Italie du Sud, du témoignage exceptionnel d’un tueur repenti de Cosa Nostra, qui confesse plus de cent homicides, aux juges à la vie sacrificielle et blindée… Car c’est une guerre qui se joue au quotidien, là-bas, et qui n’intéresse plus seulement l’Italie mais aussi l’Europe et le monde, où la mafia étend ses tentacules. Tous deux journalistes, nous avons, au fil de nos reportages et de nos rencontres avec des destins d’exception, été si souvent frappés, bouleversés, que nous avons eu envie de les retranscrire dans ce livre documenté, fondé sur des faits et des personnages réels, des documents judiciaires, et assumant parfois une part de fiction. À travers ces histoires conçues comme des nouvelles, ce livre vise aussi à dessiner, en creux, l’esprit des organisations mafieuses et leur extraordinaire ascension, de la mère et mythique Cosa Nostra à la ‘Ndrangheta calabraise, encore très méconnue et devenue pourtant, aujourd’hui, la mafia la plus puissante d’Europe. » Henri Haget et Delphine Saubaber

04/2011

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Histoire et Philosophiesophie

Evaluer la technique. Aspects éthiques de la philosophie de la technique

La technique est peut-être le fait dominant de notre époque, qui interpelle la philosophie non seulement dans toutes ses parties mais encore comme telle : dans un univers technicien où la conviction est répandue qu'il n'y a pas de question ni de problème auxquels il serait impossible de trouver une solution technique, le philosophe est sommé de s'interroger sur la nature et le sens de son activité, du moins s'il ne veut pas rester entièrement en marge du monde où il vit. Rencontre-t-il pour autant immédiatement le problème éthique ? Nous pensons que la problématique éthique, avec tout ce qui la sous-tend, constitue l'enjeu focal de la philosophie de la technique. Ce qui paraît ultimement en jeu lorsque le philosophe prend au sérieux la technique contemporaine est la valeur de l'éthique. En effet, (a) l'éthique sort à peine d'une ère de suspicion généralisée qui la laisse en très mauvaise posture. Il est difficile de "refaire de l'éthique" après Marx, Nietzsche et Freud, et les sciences humaines paraissent occuper toute la place ; (b) l'impératif technicien selon lequel "il faut faire tout ce qu'il est possible de faire" est an-éthique. Ceci signifie que la rencontre éthique/technique ne concerne pas telle ou telle éthique ou valeur ; elle met en question l'éthique comme telle, l'éthicité : le statut, la légitimité, la valeur de l'éthique ; (c) si la technique est capable de dé/reconstruire l'homme sous toutes ses dimensions (et en tant qu'espèce) et si l'éthique est l'un des propres de l'homme, la technique pourrait altérer, modifier, voire supprimer, la capacité ou la sensibilité éthique elle-même. G. Hottois.

10/1988

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Sociologie

Oeuvres complètes. Tome 11, Sommaire du cours de sociologie suivi de Mon journal

Comme Marx et Freud, Pareto, bien que partant de points différents et ne visant aucun but concret, nous a montré un processus d'exploration de l'inconscient collectif. Il est indubitable qu'il l'a fait sans aucun respect de la raison, avec passion et violence polémique. Le fait que, comme le dit R. Aron, "il pense simultanément contre les barbares et contre les civilisés, contre les despotes et contre les démocrates naïfs, contre les philosophes qui prétendent trouver la vérité dernière des choses et contre les savants qui s'imaginent que seule la science a du prix", signifie-t-il vraiment que Pareto a voulu construire "la science contre la raison"? On peut en douter, si l'on croit que le fait d'indiquer les contingences, de montrer les contradictions, de mettre en évidence les irrationalités est déjà en soi une manière de les surmonter et donc de les vaincre. La critique de la raison ne démontre pas que Pareto la déprécie; au contraire, elle montre que la raison est intégrée dans une vision dans laquelle trouvent place, sans être soumis à un examen qualitatif et hiérarchisant, tous les éléments qui constituent concrètement l'action de l'homme. Pareto qui nous montre, par son langage apocalyptique, que la vie est un enfer, que la cruauté est éternelle, que nous sommes les victimes de nos propres illusions et de nos propres mythes, Pareto qui nous pousse à voir comment les conflits et les équivoques sont ou peuvent être, ne nous aide-t-il pas à vivre en hommes sans préjugés, responsables et courageux, insensibles à la rhétorique, aux utopies et aux mythes, à être jaloux et orgueilleux de notre liberté?

01/1967

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Littérature française

Romances en proses

Extraits des scènes de vie du parcours initiatique d'un jeune Bwa en des temps anciens, les romances en proses sont un condensé de scènes, images, ou coutumes dénichées au creux des pensées et des sentiments bien enfouis dans la pénombre des âmes : Dames, Damoiseaux et Demoiselles en raffolent ou s'en offusquent tant il en sommeille de ces choses-là dans les obscures pièces secrètes de leurs demeures intérieures. D'ailleurs à travers et au-delà de ces aventures parfois cocasses, en ces temps anciens, dans ces contrées lointaines, que n'y trouve-t-on qui ne soit si proche, si actuel, quand il s'agit des affaires intimes ! Le héros du roman s'appelle Wèrè-Wèrè, il est très tôt initié aux lettres. C'est un jeune homme aux qualités nombreuses, au trait de caractère déjà affirmé, un jeune homme dont les tours d'esprit sont si constamment en prise avec l'instant qu'il paraît incollable. On ne s'étonnera pas si à chaque impasse il s'en tire avec la manière. C'est peut-être cela, la prédestinée dont il est ici question, c'est-à-dire la chance d'être né sous une " bonne étoile " ! N'est-ce pas ? L'entrée dans le Bois Sacré constitue une étape importante et même décisive pour tout jeune Bwa : le Bois Sacré est le lieu où l'initiation commence ; c'est là où le passage s'opère aussi bien mentalement, physiquement, socialement que psychologiquement ; on y accède aux connaissances de soi et de tous les domaines du monde visible et invisible : la pensée kamit s'y déploie, la personnalité du jeune y est scrutée, jaugée et encouragée dans la direction la plus propice à l'affirmation, à l'épanouissement de chaque jeune mâle, à son déploiement porté jusqu'à l'héroïsme et à son utilité dans la société kamit.

10/2016

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Psychologie, psychanalyse

Bilinguisme et comique

Parler plusieurs langues est incontestablement un atout et les situations imposant de passer d'une langue à l'autre sont de plus en plus fréquentes. C'est surtout la vie familiale ou professionnelle qui imposent le bilinguisme. Toutefois, on n'est pas nécessairement à l'aise de la même manière d'une langue à l'autre. En plus, l'attention à la communication n'est pas toujours égale à tout moment. Celle-ci se relâche et régresse. Ceci favorise des situations comiques : sous l'effet d'un certain relâchement se produisent toute sorte de phénomènes connus parla psychanalyse comme manifestations de l'inconscient. Dès les travaux de Sigmund Freud sur ce thème, le multilinguisme s'est joint à la prise en compte des nombreuses oeuvres qui dans les traditions germanophones (traditions jiddisch, F. Th. Vischer, Th. Lipps, W. Busch) privilégiaient le rire et le comique, au-delà des autres apports occidentaux (Swift, Twain, Bergson...). Cet ouvrage élargit l'exploration de ces références, à d'incontournables recherches sur les traditions extra-européennes du comique, notamment afro-caribéennes et extrême-orientales. Douze spécialistes internationaux, psychologues cliniciens, psychanalystes ou psychiatres contribuent dans cet ouvrage au regard décalé que le bilinguisme peut parfois introduire au sujet d'une situation. Plus ou moins connue de tous les plurilingues, l'observation du comique dans le transfert entre les langues n'a pas encore été vraiment formalisée. Il s'agit ici d'une ébauche pour réfléchir à un outil clinique et théorique à la fois plaisant (le rire, le comique, l'humour) et puissant par son implication affective et pulsionnelle. Prendre en compte cet aspect tranférentiel/contre-transférentiel dans la consultation aussi bien pour le patient que pour le clinicien est un autre atout majeur.

03/2019

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Photographie

Les plus vieux arbres

Ta quête de quatorze années de Beth Moon pour photographier de vieux arbres l'a menée à travers les Etats-Unis, l'Europe, l'Asie, le Moyen-Orient et l'Afrique. Certains de ses sujets poussent isolés sur des flancs de montagne reculés, dans des propriétés privées ou des réserves naturelles ; d'autres poursuivent une existence fière, bien que souvent précaire, parmi la civilisation. Tous, cependant, partagent une mystérieuse beauté sublimée par l'âge, ainsi que le pouvoir de nous connecter à une notion du temps et de la nature qui nous dépasse. C'est cette beauté et ce pouvoir que l'auteur capture dans ces remarquables photographies. Ce magnifique ouvrage présente soixante des meilleurs portraits d'arbre de Beth Moon en bichromies. Les images d'arbre incluent les ifs au tronc sinueux et creux, certains âgés de plus de mille ans, qui poussent dans le jardin des églises anglaises ; les baobabs de Madagascar, appelés "arbres à l'envers" à cause de la curieuse disproportion de leur tronc géant et leurs modestes branches ; et le fantastique dragonnier de Socotra, avec sa sève rouge et sa forme de parapluie, qui pousse seulement sur l'île de Socotra, au large du Yemen. Les légendes décrivent l'histoire naturelle et culturelle de chacun des sujets photographiés, alors que Todd Forrest, vice-président de l'horticulture et des collections vivantes du Jardin botanique de New York, propose une introduction concise de la stratégie de survie unique des anciens arbres dans différentes parties du monde. Un essai du critique Steven Brown définit la place unique de Beth Moon dans la tradition de la photographie d'arbres depuis William Henry Fox Talbot jusqu'à Sally Mann, et explore les défis et potentiels de l'arbre comme sujet d'art.

09/2018

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Littérature étrangère

L'exil éternel. Une traversée du Goulag

Pour le conservateur du musée de l'association Mémorial à Moscou, ce " récit au regard perçant " est l'un des meilleures livres jamais écrits sur le goulag. Pendant plus de trente ans, ces pages saisissantes reposèrent dans un tiroir. Il fallut attendre 1989 pour voir ce récit imprimé par une petite maison d'édition autrichienne, à titre posthume. C'est un chef-d'oeuvre qui sort aujourd'hui de l'oubli. Issue de l'aristocratie autrichienne, Angela Rohr parcourt l'Europe du début du XXe siècle et fréquente les milieux littéraires, scientifiques et politiques : les expressionnistes, les dadaïstes, Freud, Brecht, Rilke... Elle s'essaie à l'écriture, étudie la médecine à Paris, à Berlin et à Vienne, s'initie à la psychanalyse. Avec son mari, elle rejoint l'URSS avec ferveur pour participer à la construction de la "société nouvelle" . Après l'invasion de l'Union soviétique par la Wehrmacht en 1941, ils sont arrêtés parce qu'ils sont autrichiens. Son mari disparaît et Angela est condamnée à cinq ans de Goulag. A l'issue de sa peine, elle est assignée à la relégation définitive, l' "exil éternel" . C'est seulement après la mort de Staline qu'elle peut rentrer à Moscou, en 1957. Elle meurt en 1985, dans la misère, sans savoir que son oeuvre survivra. L'auteure, qui a passé seize années au Goulag, n'explique pas. Elle décrit, dans un style dépouillé, sans artifices ni fioritures, avec une apparente froideur et parfois même quelques pointes d'ironie. C'est d'autant plus bouleversant. Avec son récit au scalpel sur l'humanité broyée par la folie concentrationnaire, Angela Rohr prend place aux côtés des grands témoins du Goulag, Alexandre Soljénitsyne, Evguénia Guinzbourg ou Varlam Chalamov.

02/2019

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Littérature étrangère

Les talismans de l'amour et des armes

Trois nouvelles rédigées à la même époque, en 1944-45, et dont l'auteur, à quarante-trois ans, n'a encore publié qu'un mince recueil de poèmes. Trois histoires conçues par lui comme une trilogie, trois variations sur le thème, l'obsession qui va parcourir toute son oeuvre : la toute-puissance du désir. Argo, Zemfira et Beatrice sont autant d'hymnes à l'amour fou, au débordement des sens, au dieu Pan en qui l'auteur voit non seulement le saint patron des grands baiseurs, mais surtout - comme son nom l'indique - le principe qui unit toutes choses. Car l'amour seul, pour cet enfant de Pan et d'Aphrodite, est à même de libérer l'humanité, de l'arracher à ses entraves, ses peurs et ses divisions. Autant dire qu'on trouve déjà ici l'Embirìkos de ses chefs-d'oeuvre ultérieurs, Oktàna, Ce jour d'hui..., le panthéiste visionnaire, messianique, palpitant, frémissant, ardent. Embirìkos fut inspiré ici par certains poèmes de Pouchkine, qu'il lisait dans le texte ; le lecteur français retrouvera, dans Argo notamment, un émerveillement qui rappelle par moments Jules Verne, et les couleurs tranchées de ces fictions, leur naïveté délibérée, leur force d'archétypes peuvent évoquer le Douanier Rousseau ; les trois moments du passé où l'auteur situe ses histoires, comme pour fuir un présent trop sombre (1910 à Bogota, 1900 à Paris, 1880 dans le Far West) sont tous trois des moments d'innocence, de fraîcheur et d'espoir. Mais Freud n'est pas loin non plus, et André Breton lui-même eût sans doute aimé ces trois rêveries, écrites par l'homme qui avait introduit en Grèce, dix ans plus tôt, le surréalisme et la psychanalyse.

10/2017

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Directoire

La famille royale au temple

La première histoire globale de référence sur la captivité tragique des Bourbons. Le 10 août 1792, l'émeute parisienne renverse un trône devenu fragile ; trois jours plus tard, la famille royale est enfermée au Temple, plus précisément dans la tour qui jouxte le donjon du xiiie siècle. C'est dans ce lieu sinistre que va se dérouler une authentique tragédie puisque périront successivement Louis XVI, Marie-Antoinette, la soeur du roi, Madame Elisabeth - tous trois guillotinés - et enfin le dauphin " Louis XVII ", mort dans des conditions qui feront couler beaucoup d'encre. Seule survivante, la fille du couple royal, Marie-Thérèse de France, sera finalement libérée le 19 décembre 1795, mettant fin à une captivité de plus de mille jours. Entre-temps, le Directoire a remplacé la Convention et les thermidoriens tentent de terminer la Révolution en faisant oublier la Terreur. S'il existe de nombreuses biographies et des études parcellaires, aucun historien n'avait raconté l'histoire globale de cette captivité qui raconte en creux l'histoire chaotique de la Première République. Charles-Eloi Vial relève le défi en maître. Nourri de nombreuses archives jamais exploitées, il raconte non seulement le quotidien de la captivité mais dépeint l'ensemble des protagonistes : les captifs, bien sûr, mais aussi les geôliers, les employés, les gardes et les visiteurs avec un sens rare de la narration. S'il adopte la distance propre à l'historien, il sera difficile au lecteur de rester insensible face à un récit prenant qui interroge la Révolution, et plus précisément la Terreur, sur l'antinomie entre la grandeur de ses principes et certains de ses actes. Le Temple comme incarnation et origine de la guerre entre les deux France. Au final, un grand livre d'histoire qui signe la consécration d'un grand historien.

10/2022

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Revues de psychanalyse

Mental N° 46, novembre 2022 : Ecologie Lacanienne. Revue internationale de psychanalyse

Alors que la somme des savoirs s'accumule, que les preuves, les chiffres convergent pour dire l'urgence d'agir face à la nouvelle donne climatique et ses conséquences délétères, rien ne semble suffire à penser une action collective : Déni ? Cynisme ? Impossibilité de penser la disparition de l'espèce humaine, en une transposition à l'échelle collective de ce que Freud disait de l'impossibilité de penser sa propre mort ? Comme analystes, nous sommes regardés à plus d'un titre par ce "point où nous en sommes" pour reprendre les mots de Lacan qui n'a pas manqué, tout au long de son enseignement, d'offrir des clefs pour ne pas reculer devant le réel de ce qui vient comme suite logique de l'alliance de la science et du capitalisme, de "la montée au zénith social de l'objet a" et de son envers : l'accumulation des déchets qui sont le signe tangible de toute civilisation, la pollution, l'angoisse du scientifique. Ce nouveau numéro de Mental s'attachera donc à mettre à jour ces moments-phares de l'enseignement de Lacan pour en extraire un savoir qui fasse boussole : plusieurs textes s'emploient à déplier un tel aggiornamento, d'autres constituent une clinique des nouveaux discours, des extrêmes-droites nationalistes qui détournent la question pour l'instrumentaliser aux nouveaux nouveaux récits qui tentent d'ouvrir un savoir y faire affine à l'éthique lacanienne. Deux immenses intellectuels nous frayent également la voie : Bruno Latour qui offre ici les conclusions d'une vie passée à saisir la façon de penser ce "nouveau régime climatique" , et Eloi Laurent qui déconstruit et la croyance en l'économie comme science et l'idéologie de la croissance.

12/2022

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Ecrits sur l'art

Le génie et les ténèbres. Léonard de Vinci et Michel-Ange

Léonard de Vinci et Michel-Ange sont nés pour être rivaux. Rien ne les a opposés davantage que leurs tempéraments. Au point qu'ils figurent deux pôles artistiques extrêmes, deux façons radicalement différentes de vivre, à cette époque fabuleuse de la Renaissance qui marqua l'histoire de la civilisation occidentale comme une charnière. Avec brio et rigueur, Le génie et les ténèbres nous plonge au coeur de leur rivalité légendaire en ces temps obscurs, exaltants et tragiques. Quand ils se rencontrent, à Florence, au tout début du XVIe siècle, Michel-Ange a vingt-six ans et Léonard quarante-neuf. Michel-Ange est capricieux, perfectionniste, aussi pieux qu'il est négligé dans ses manières, mais déterminé à se frayer un chemin à coups de burin. Léonard de Vinci est un hédoniste aux contours plus nuancés, aussi élégant qu'un dandy, mais qui ne respecte aucune échéance, s'intéresse autant aux sciences qu'aux arts, et devient même, parmi les multiples métiers qu'il exerce pour gagner sa vie, musicien de cour. Avec son talent de conteur d'exception, Roberto Mercadini redonne vie aux hommes plus encore qu'aux artistes et ressuscite à merveille leur monde disparu : les troubles et les splendeurs de cités légendaires, quantité d'oeuvres sublimes, une foule de personnages historiques hauts en couleur, peintres, sculpteurs, architectes, papes, condottieres, comtesses guerrières et moines rebelles. A la Renaissance, comme dans les vies de Léonard et de Michel-Ange, rien ne sépare la lumière des ombres : le génie solaire des gestes parfaits de l'artiste cohabite toujours avec les ténèbres de ses obsessions. Au fil de leur somptueux et inquiétant récit, ces vies extraordinaires dressent en creux le portrait d'une époque qui ne l'est pas moins.

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Psychologie, psychanalyse

Cinq paradigmes cliniques du vieillissement

L'intérêt de la psychanalyse et de la psychologie clinique pour le vieillissement va croissant sous l'effet conjugué de la pression de la réalité démographique et de l'apparition de nouvelles théories et modalités thérapeutiques du vieillissement normal et pathologique. Cet ouvrage fait le point sur les travaux psychanalytiques relatifs au vieillissement en les organisant autour de cinq paradigmes qui dominent ce champ. • Structural parce que, comme le met en évidence J.-M. Talpin, la psychopathologie du sujet âgé pose la question de sa spécificité par rapport à la psychopathologie adulte et de son intégration dans le modèle structural de l'appareil psychique conceptualisé par Freud. • Psychosomatique parce que, pour M. Péruchon, la vieillesse se caractérise par une certaine prégnance du corps et par un retour à des manifestations de cet ordre à partir d'un corps qui ne répond plus et ne se présente plus comme avant. • Familial car la famille est de plus en plus sollicitée dans les dispositifs de prise en charge. P Charazac et C. Joubert étudient comment cette dimension renvoie à la famille interne composée des ascendants, des descendants et des collatéraux et à la famille externe actuelle, privée de la dimension des ascendants. • Cognitif parce que la vieillesse est pensée dans l'ombre portée du déficit et, en particulier, de la démence. D. Brouillet et S. Martin montrent que ce paradigme doit être articulé à la dimension psychique. • Démentiel enfin parce que, selon A. Chevance, cette pathologie semble recouvrir dans l'imaginaire contemporain toute la problématique de la vieillesse et est souvent réduite à sa dimension organique. Or de nombreux travaux ont insisté sur la démence comme véritable symptôme d'une économie psychique originale.

05/2005

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Littérature française

La fraise noire

"Les récits que nous propose Corinna Bille sont des histoires de jeunes filles et de femmes, d'hommes et d'enfants qui vivent aujourd'hui dans les montagnes du Valais. Nullement un Valais mythique, ni l'âge d'or de tragédies paysannes et de sombres vertus oubliées. Il y a des jeeps sur les sentiers de son pays, des usines dans les vallées, des ouvriers italiens dans les villages. On y rencontre, comme partout, des jeunes gens amoureux de femmes mariées, des filles fascinées par la première approche du désir, des désespérés et des solitaires, des fous, des criminels, des victimes. Mais l'accent de ces récits transparents est unique. L'émotion y est retenue et serrée, et l'image des petits détails précis s'y voit mystérieusement emportée sur le plan d'une autre vie où, sans qu'on sache pourquoi, tout se justifie et s'apaise. La violence des cours, la sauvagerie du destin s'installent et triomphent ici dans un naturel absolu, dans un pur silence. Comme si quelque sagesse incompréhensible, que tout bon sens refuse, faisait accepter avec le même abandon, aux innocents comme aux coupables, l'enivrement de l'amour, le malheur, l'angoisse, la joie, la mort. C'est que les êtres, fût-ce dans la solitude, ne sont pas seuls, et font corps avec les éléments, avec leur terre, leurs nuages, leurs eaux courantes. C'est que le vol des faucons, l'herbe brûlée, le vent sur les alpages, les sources au creux des roches sont de même essence que la chair et l'amour des hommes. Voilà le précieux et grave secret dont irradie toute l'ouvre de Corinna Bille." Dominique Aury.

10/1976

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O.R.L.

A la recherche des odeurs perdues

Un soir d'été, bien avant le Covid, un accident de voiture m'a brusquement fait perdre l'odorat. Moi qui adorais les odeurs, je n'imaginais même pas qu'elles puissent s'évanouir ! Et pourtant, tout ce que je respirais semblait désormais " vide " : l'odeur des aliments, de la nature, celle des autres, la mienne... Disparues ! La vie n'avait plus de saveur. Même mes émotions et souvenirs en ont été affectés. Pour conjurer le sort, j'ai tenu un journal de mon voyage dans cet étrange univers aseptisé, tout en essayant de comprendre ce qui m'arrivait, et comment fonctionnait notre nez. Je suis également allée à la rencontre de nombreux " orfèvres " des odeurs : parfumeurs, vignerons, médecins, chimistes ou grands chefs. J'ai écrit ce livre pour célébrer l'odorat, ce sens méconnu dont sont privées des dizaines de millions de personnes dans le monde - notamment à cause du Covid. Mais avant la pandémie, qui savait ce que signifie l'anosmie ? Dénigrée par Kant ou Freud, en voie de réhabilitation par les aficionados d'une époque en quête de plaisirs, l'olfaction recèle pourtant bien des surprises. Et les questions sont infinies : savez-vous qu'il existe près de mille milliards d'odeurs différentes ? L'odorat et le goût, est-ce la même chose ? Pourquoi sent-on mieux la vanille que le basilic ? Y a-t-il des odeurs plus fortes que d'autres ? Peut-on réapprendre à sentir ? Et ça fait quoi de ne plus percevoir l'odeur de son partenaire ? Françoise-Marie Santucci raconte son quotidien d'anosmique. Toujours passionnée par les parfums, les vins et les mets, elle décrit avec humour la perte de ses sensations olfactives et fournit une foule d'explications claires et captivantes sur le fonctionnement de notre nez.

04/2023

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Art japonais

Katsushika Hokusaï. Vues du japon

Redécouvrez le génie de Katsushika Hokusai (1760-1849), maître de l'estampe japonaise, à travers une sélection de 22 planches parmi les plus belles, telles les Trente-six vues du mont Fuji ou encore la Tournée des cascades de toutes les provinces. Katsushika Hokusai (1760-1849), artiste hors norme, bouleverse radicalement l'estampe japonaise en publiant, au début des années 1830, la célèbre suite des Trente-six vues du mont Fuji : luxueusement imprimée, en largeur et en grand format, destinée à une clientèle bourgeoise aisée, comprenant quarante-six planches au total, elle est entièrement consacrée aux paysages, traités pour eux-mêmes, avec le mont Fuji comme thème central. L'infinie variété des paysages - la mer, la montagne, les côtes, les rizières, les fleuves, les cascades, les lacs - suscite l'émerveillement. Le succès fut considérable, grâce au talent de Hokusai, mais aussi grâce au sujet, le mont Fuji, montagne sacrée à laquelle on vouait alors un véritable culte. Hokusai représente le volcan endormi sous une infinie variété de points de vue, de près comme de loin, en toutes saisons et par tous les temps : sous l'orage, à l'aube par matin clair, sous la neige, environné de brumes ou de nuages, variant ainsi les atmosphères et les éclairages. Le mont Fuji, omniprésent et immuable, semble dominer l'agitation de la vie humaine : les hommes sont représentés dans leurs activités quotidiennes, confrontés à une nature toute-puissante, tels les pêcheurs sur leurs vulnérables embarcations au creux de la " grande vague ", l'un des chefs-d'oeuvre de l'estampe japonaise. C'est dans ses séries de paysages, dont on présente ici une sélection, que Hokusai donne toute la mesure de son génie.

04/2022

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Revues de psychanalyse

Revue Française de Psychanalyse Tome 86 N° 2/2022 : Pouvoir des imagos

Le thème de ce numéro de la Revue française de psychanalyse a été l'occasion pour les auteurs de décliner, sous différentes facettes, la nature, la fonction et le devenir des imagos au sein du fonctionnement psychique. Si, dès le début de son oeuvre, Freud utilise le terme d'imago, ce n'est qu'après 1920 qu'il le relie à la construction du surmoi : celui-ci, pour s'accomplir, doit en effet devenir impersonnel, c'est-à-dire se dégager de la réalité des investissements premiers en les intériorisant. Ce cheminement progressif de " renoncement à l'imago " permettra la transformation de l'imago terrifiante, source d'emprise fusionnelle, à des représentations favorisant un fonctionnement psychique plus souple. Plusieurs articles traitent de la notion d'imago à partir de configurations cliniques singulières et hétérogènes, étayées sur des références théoriques souvent partagées. Est ainsi discuté le " pouvoir hypnotique " de l'imago, qui peut empiéter sur le monde des représentations, le " surinvestissement de la peau " qui, dans une relation allergique à l'objet, peut traduire un envahissement d'imago terrifiants, etc. Quel travail est alors nécessaire à l'analyste pour " décomposer " ces imagos et permettre aux représentations d'advenir ? Comment, par exemple, soutenir le processus de l'identification à l'adolescence lorsque l'intensité des imagos prend le pas sur les représentations ? Le dossier de ce numéro, " L'associativité lors de la première rencontre ", qui rassemble un ensemble très riche d'articles, à la fois théoriques et cliniques, issus du deuxième colloque du Pôle psychanalytique du 13e (ASM13), ainsi que des rubriques diverses sur des questions de psychopathologie psychanalytique, de concepts en débat et de technique en psychanalyse. Les revues des revues et des livres complètent, comme à chaque numéro, le volume.

05/2022

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Sociologie

Afrodystopie. Le vie dans le rêve d'Autrui

InsoliteCNL – Le continent noir n'existe nulle part. Il est une utopie, un rêve blanc de génocide. A ce titre, il est un lieu du malheur, une dystopie. L'Afrodystopie est le concept critique des complications, des paradoxes, des contradictions, des ambivalences et des ambiguïtés de la vie africaine et afrodescendante dans ce rêve d'Autrui. Un rêve qui crée sans discontinuer des espaces dystopiques, matériels et psychiques de l'Etat, de l'Argent, de la Famille, de la Jouissance, de la Mort, dont le paradigme empirique est un rêve collectif d'irrésistible, intense et épuisante sexualité appelée " maris de nuit ".

Avec le concept d'Afrodystopie, Joseph Tonda propose une analyse bouleversante de la manière dont l'imaginaire d'une chimère réelle éclaire la vie dans le rêve des abstractions et des choses. Du rêve colonial du premier président gabonais, Léon Mba, de faire de son pays un département français, au mea culpa postcolonial, en 2007, de son successeur, Omar Bongo Ondimba qui reconnut avoir fait du Gabon une dystopie ; en passant par l'utopie mobutiste de création d'un Etat, d'un fleuve, d'une monnaie " authentiques " qui se transforma en dystopie zaïroise ; du délire planétaire suscité chez les Africain(e)s et Afrodescendant(e)s par le blockbuster Black Panther dont le nom Wakanda est institué en paradigme afrofuturiste de la puissance africaine, à la régulation de la vie sociale et politique démocratique africaine par la Mort, cet essai, qui s'inspire de nombreux auteurs (More, Marx, Freud, Orwell) met au jour un paradigme méconnu : le paradigme de la vie humaine entrée dans le rêve des choses et des abstractions. Un rêve compliqué, au sens freudien, étrangement commun aux imaginaires de l'Afrique, du colonialisme, de l'impérialisme et du capitalisme à l'ère néolibérale.

05/2021

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Sociologie politique

Petite histoire politique des banlieues populaires

L'histoire récente des banlieues populaires demeure un terrain en grande partie délaissé et inexploré. Pourtant, ces lieux concentrent depuis plusieurs décennies tous les débats, toutes les polémiques, toutes les fractures qui témoignent d'une société française qui ne sait pas comment aborder ces quartiers de relégation où dominent la pauvreté et la ségrégation. Evoquer ces quartiers, c'est convoquer toute la série de fantasmes qui servent de support aux pratiques discriminatoires quotidiennes : ils formeraient la dernière étape avant le "grand remplacement" , des "zones de non-droit" qui mettraient l'ordre républicain à feu et à sang... Revenir sur l'histoire politique de ces quartiers, de ces villes, de ces banlieues c'est constater que le droit commun n'y a jamais été instauré malgré les promesses d'égalité républicaine par les promoteurs de la politique de la Ville. C'est aboutir à ce constat implacable : la République, dans les banlieues populaires, c'est pour leurs habitants quarante années d'humiliations sociales. Cet ouvrage s'efforce de décrire et analyser ce qui s'y est joué durant cette période en abordant avec profondeur et de façon incisive une série de questions : la police, le logement social, l'islam, la politique de la Ville, les politiques conduites dans ces quartiers par les partis politiques aux affaires (de droite comme de gauche), etc. Pour cela, l'auteur s'est appuyé sur des archives locales de communes emblématiques (La Courneuve (93), Mantes-la-Jolie (78), Vaulx-en-Velin (69), Vénissieux (69), Montfermeil (93)...), des documents étonnamment souvent jamais consultés, et sur des entretiens avec des personnages historiques de l'histoire urbaine récente. Cette histoire politique des banlieues livre finalement en creux ce qu'elles ont toujours incarné : les démons des mauvaises consciences françaises.

03/2022