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Maurice Godelier

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Critique littéraire

C'était Marguerite Duras. Tome 2, 1946-1996

Marguerite Duras a été une militante. Au PCF avec son mari Robert Antelme, l'auteur de L'Espèce humaine et son nouveau compagnon, Dionys Mascolo, le père de son fils Jean, jusqu'à leur exclusion en 1950. Rue Saint Benoît, quand ils accueillent notamment Edgar Morin, Claude Roy, Elio Vittorini, Raymond Queneau, Georges Bataille et Maurice Blanchot. La romancière, farouche opposante au général de Gaulle, s'insurge contre la guerre en Algérie (Manifeste des 121 et soutien au FLN), la guerre au Vietnam et l'ossification staliniste du PCF. Son obsession : défendre les faibles, les minorités. Une arme : le journalisme, avec des papiers dans France-Observateur et plus tard dans Libération, notamment lors de la célèbre affaire Villemin. Une constante : sa fidélité à la Gauche, qui la conduira à descendre dans la rue avec les étudiants en 1968 et à fêter l'accession de son ami François Mitterrand à la présidence de la République en 1981. En quête de reconnaissance, pendant cinquante ans, Duras s'est acharnée à forger un style, à bâtir une oeuvre : Un barrage contre le Pacifique, dont les droits cinématographiques lui permettent de s'acheter une maison à Neauphle-le-Château, Hiroshima mon amour, Les petits chevaux de Tarquinia, Moderato Cantabile, Le Ravissement de Lol V Stein, le Vice-consul et tant d'autres titres. Les succès au théâtre et au cinéma, les voyages et la reconnaissance à l'étranger l'encouragent dans son parcours ; rien ne l'arrête. Mais ce n'est qu'en 1984 qu'elle devient un auteur populaire avec L'Amant, prix Goncourt, dont plus de deux millions d'exemplaires vendus de son vivant et une cinquantaine de traductions dans trente-sept langues différentes vont faire connaître son nom dans le monde entier. La route a été longue, semée d'embûches, de passions amoureuses et de ruptures, de solitude et de lutte avec l'alcool. Grâce à une documentation remarquable enrichie d'entretiens inédits, Jean Vallier nous retrace la vie tumultueuse d'un de nos très grands écrivains qui fut aussi un auteur dramatique fêté et une réalisatrice de cinéma d'avant-garde particulièrement audacieuse.

09/2010

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Esotérisme

L'ombre du temple. Vienne 1312-2012

16 Octobre 1311, dans les faubourgs de Lyon, 1500 templiers anonymes battent le pavé. Le concile oecuménique de Vienne va s'ouvrir. Ils attendent d'en découdre avec Clément V au sein même de la cathédrale St-Maurice. Philippe le Bel à Pontoise s'apprête à rejoindre ses légistes à Mâcon. Il veut en finir avec ces moines chevaliers, ces arbitres, aux réseaux européens structurés détenant un pouvoir insupportable. Comme pour les juifs, le roi séquestre leurs biens ! A l'aube du Concile, Guillaume de Nogaret s'inquiète aussi : qui arrêtera Enguerrand de Marigny ? Effaré par cette hardiesse, le pape craint un schisme. " Doit-il sacrifier l'Ordre du Temple pour sauver la mémoire de Boniface VIII ? ". La messe est déjà dite : " Nous sommes innocents Clément, tu l'as reconnu à Chinon en août 1308 et tu nous trahis encore ! " Bertrand de Got, frappé de népotisme se bouche les tympans, les Pères s'insurgent contre lui... En 1698, l'éminent historiographe de Colbert, Etienne Baluze de Tulle, voit ses travaux en France mis à l'index. Il prouve l'innocence des Templiers et dévoile les vices des papes en Avignon. Il dérange Rome, Louis XIV lui indique le chemin de l'exil, ses écrits survivront ! Bibliophile invétéré, Christian Rollat lève le voile sur les archives secrètes du Vatican, TOUTES transférées manu militari à Paris en 1810 sur ordre de l'Empereur. L'académicien François J.M Raynouard s'empressera de décortiquer les archives de l'Ordre du Temple et du procès. 700 ans après ce concile, l'auteur retrace au jour le jour ce passé nébuleux, l'aboutissement de ce guet-apens en secouant les tabous de l'Historiquement correct. Qu'on le grave dans la primatiale : " l'Ordre du Temple a été dissous oui, mais jamais condamné ". Ses dignitaires, coupables d'avoir enduré la torture sans autre forme de procès, marqueront le début des fantasmes ésotériques... Le VRAI parchemin de Chinon a resurgi en 2007 ! La vox populi en appelle donc sa sainteté Benoit XVI de réhabiliter Jacques de Molay à titre posthume. En 2011 C.Q.F.D...

06/2011

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Critique littéraire

Correspondance 1945-1972

Violette Leduc aimait les correspondances. Tout ce qui relevait de l'intime l'enchantait. Les Lettres de la religieuse portugaise, celles de Van Gogh à Théo étaient ses livres de chevet. Ils furent ses compagnons et ses modèles. Elle se reconnaissait en eux. "Je le lis et je me mets à le porter tout vivant dans ma chair, écrit-elle de Van Gogh, je ne connais pas de plus forte résurrection que la sienne par l'écriture." Violette Leduc fut elle-même une épistolière infatigable, voire obsessionnelle. Comment ne pas céder au vertige de l'épanchement, du monologue? Cette encre-là lui était vitale : "Je ne résiste pas au besoin de me confier." D'ailleurs, dans son oeuvre, elle évoque sa correspondance, l'analyse, y fait allusion à plusieurs reprises. Qu'elles soient d'amitié, d'admiration, d'amour ou de haine, de quinze pages ou d'une ligne, adressées à une figure illustre ou anonyme, les lettres de Violette Leduc portent toutes sa griffe. Au ton, on reconnaît d'emblée l'écrivain. Elles sont à l'origine même de sa vocation littéraire. Maurice Sachs, qui fut son Pygmalion, lui avait dit un jour : "Vous m'avez écrit. Vous devriez écrire." Bien qu'elle s'en défende, le geste épistolaire est, pour Violette Leduc, un moyen d'accéder à la fiction, à une forme particulière de résurrection. L'écriture privée et libre de la lettre ne s'embarrasse pas des mêmes contraintes que le texte publié. Il n'y a pas de censure, pas d'interdits, pas de bienséance. Comme un journal qu'on destine à soi, la lettre de Violette Leduc peut tout dire. Ou presque. Sans ménagement, sans limite, sans gêne. C'est au destinataire de suivre, à son corps défendant. Car dans ses lettres, elle confie ce qu'elle n'ose pas avouer ou imposer de vive voix, " parce qu'une lettre que l'on reçoit est lue en quelques minutes et n'importune pas comme une présence". Même lorsque la sincérité de l'appel, l'authenticité émouvante du ton sont crédibles, c'est encore le "mensonge" littéraire qui hante l'épistolière.

04/2007

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Musique, danse

Guide raisonné et déraisonnable de l'opérette et de la comédie musicale

L'opérette doit son net regain à ceux qui l'avaient éclipsée : le cinéma et la télévision. La chaleur humaine, le divertissement intelligent regagnent les cœurs lassés par les médias froids. Parmi les milliers d'opérettes écrites pendant trois siècles et leurs descendantes nommées comédies musicales, ce guide propose un choix des meilleures de tous les temps et pays, qu'elles soient au répertoire ou méritent de très vite y revenir. Vite composée, vite montée, l'opérette, miroir de la société, reflète aussitôt les grandes évolutions qu'elle aide à accepter par le charme et le rire. Lorsque l'opéra fait mourir ses héroïnes, les femmes de l'opérette s'émancipent et mènent les hommes par le bout du nez. Chaque œuvre présentée ici est replacée dans le contexte d'alors, qui donne la clé des allusions oubliées et en dégage la sagesse. Si la France domine dans l'opérette qu'elle a longtemps modelée et influencée, elle n'est pas le seul pays à y mettre du talent. Ce guide impertinent, à vocation européenne et internationale, accompagnera les voyageurs ouverts à toutes les cultures. Offenbach le Français a essaimé en Autriche et les opérettes viennoises nées de lui et du singspiel populaire nous sont revenues. Les États-Unis, après avoir suivi ces deux modèles, ont fait déferler sur le vieux continent le jazz irremplaçable. Notre choix offre de bonnes surprises : la délicate opérette anglaise, l'opérette soviétique et surtout la zarzuela, la capiteuse opérette à l'espagnole qui renouvelle le répertoire dans le monde entier. La joie ne va pas sans un voile de tristesse : le genre a sa part d'ombre, la grande histoire n'ayant pas épargné les auteurs d'opérettes. Mais le spectacle continue : d'Offenbach à Gershwin, de Franz Lehâr à Maurice Yvain, de Johann Strauss à Webber, l'auteur de Cats, tout ce qui fait rire et pleurer de joie, vous est offert ici dans la plus grande précision : personnages et synopsis, analyse et contexte, avec à chaque fois un clin d'œil pour sourire à l'entracte...

10/2008

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Beaux arts

Notre-Dame de Paris. De la Colombe du Saint-Esprit à la Langue des Oiseaux

Les historiens nous dépeignent le Moyen Âge comme un âge sombre durant lequel sévirent guerres, épidémies et famines. Or, entre le XIIe et le XIVe siècle, l'Europe construisit des centaines de cathédrales gothiques. L'art s'épanouissant en temps de paix, il y a là assurément un paradoxe. Autre mystère... Comment expliquer la soudaine apparition de l'art ogival se substituant à l'art roman ? Que dire de ce bestiaire fabuleux gravé dans la pierre d'édifices religieux - et qui suscita la colère de saint Bernard - quand on sait combien l'Eglise se montrait soucieuse du respect de l'orthodoxie ? Resituant la construction de Notre-Dame-de-Paris dans cette époque, pleine de bruit et de fureur, mais qui vit également l'émergence d'un formidable élan spirituel, Richard Khaitzine s'interroge et nous livre quelques réponses dérangeantes ayant trait à l'Histoire. Qui fut réellement Maurice de Sully, le premier constructeur de ce chef-d'oeuvre architectural ? Peut-on accréditer la version de ses origines modestes ? On le dit fils d'une bûcheronne ! Quel fut le rôle de l'Ordre du Temple, fondé par Bernard de Clairvaux ? Exista-t-il une seconde règle - secrète - et qui aurait été à l'origine des déviations de l'Ordre ? Il semblerait que ce fût le cas. L'existence historique du rédacteur du Baptême de Feu, Roncelin de Fos, étant aujourd'hui établie. Comment expliquer que le restaurateur de la cathédrale - Viollet-le-Duc - se soit fait représenter sous les traits d'un saint Thomas plongé dans une intense réflexion ? Dans son Notre-Dame de Paris, Victor Hugo affirme que la cathédrale est un abrégé de l'art hermétique. Sur quoi fondait-il son opinion ? Son roman, un livre à clés ? Existe-t-il un rapport entre l'iconographie catholique et l'art d'Hermès ; cette cohabitation est-elle contre nature ? Une certaine langue bien pendue, enfermée dans une boîte d'os, pourrait bien être ce verbum dimissum, commun à l'Eglise, aux corporations ouvrières, à la Franc-maçonnerie et aux Laboureurs du ciel... Une parole perdue par les uns et dont les autres furent détenteurs, bien qu'ils n'en aient pas gardé le souvenir !

11/2011

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Histoire de France

Les larmes de la rue des Rosiers

Rue des Rosiers : le quartier juif de Paris. Il remonte au Moyen Âge. À partir du XIXe siècle, beaucoup de juifs d'Europe de l'Est, fuyant l'antisémitisme, y ont posé leurs valises. Ils l'ont appelé le Pletzl, la " petite place ", en yiddish. Aujourd'hui, le Pletzl s'est " modernisé ". Mais ses murs n'ont oublié ni les joies du passé ni les malheurs endurés. Ils parlent pour peu qu'on sache les écouter. Comme parlent les anciens, dont les parents s'étaient enracinés sur ces quelques hectares parisiens. Avant-guerre, ils avaient connu un village chaleureux, avec ses odeurs de charcuterie, de fromage fermenté et de hareng mariné, ses paliers vétustes et surpeuplés, ses ateliers... L'Occupation leur a volé leur enfance, leur adolescence. Au 36, rue des Rosiers, le père de Suzanne Malamout, Joseph, ouvrier boulanger, venait de Russie, sa mère, Malka, de Roumanie. Ils furent assassinés à Auschwitz, ainsi que trois des cinq frères de Suzanne et ses deux soeurs. Des parents de Victor, Maurice et Régine Zynszajn, épiciers au 54, il ne reste que quelques lettres écrites à Drancy, avant leur départ pour une " destination inconnue ". Egalement déportés, le père de Léa Stryk-Zigelman, Salomon, maroquinier à domicile, 9, rue des Guillemites ; celui de Sarah Romen-Traube, Jacob, poissonnier sous le porche du 27, rue des Rosiers ; celui de Clément Lewkowicz, Hersz, boucher au numéro 12, arrêté avec sa fille, Rosette, 12 ans. Mordka, le père de Milo Adoner, disait à ses six enfants : " Il faut rester ensemble." Milo est le seul survivant de la rafle qui vida le 10-12, rue des Deux-Ponts, de sa cinquantaine de familles. Jacob, le père d'Alexandre Halaunbrenner, 25, rue des Rosiers, fut fusillé pour acte de résistance. Son frère, Léon, 14 ans, mourut en haute Silésie. Ses deux petites soeurs, Mina, 9 ans, et Claudine, 5 ans, furent raflées par Klaus Barbie, à Izieu...Des histoires dramatiques qui scellent un chapitre de l'Histoire de France. " Une description de la rue des Rosiers et des rues avoisinantes... bouleversante de vérité vécue et partagée ", écrit Elie Wiesel.

03/2010

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Droit

Le droit contre les démons de la politique

C'est en lisant le Journal de Maurice Garçon, cet illustre avocat qui l'avait rédigé sous le régime de Vichy, que je me suis posé cette question : si à l'avenir un gouvernement même issu d'élections régulières décidait de mettre en oeuvre une politique indigne, contraire aux droits fondamentaux des gens, la justice saurait-elle s'y opposer et défendre l'essentiel, l'Etat de droit ? C'est le pari de ce livre. L'Europe d'après guerre s'est reconstruite sur un système judiciaire international destiné à garantir les libertés publiques et individuelles, que les Etats doivent respecter en toutes circonstances, et qui permet à toute personne victime d'un abus du pouvoir de porter plainte devant la justice de son pays, puis devant la Cour européenne des droits de l'homme. Son essor a été remarquable, dans les années récentes. Les trois grandes juridictions françaises, le Conseil constitutionnel, la Cour de cassation et le Conseil d'Etat, ont chacune développé dans cet esprit des jurisprudences protectrices des libertés, parfois contre le pouvoir politique. Ce livre en fait l'éloge, en expliquant certaines de leurs décisions les plus significatives. Mais ce système judiciaire ne fonctionne pas tout seul. C'est aux avocats, aux procureurs et aux juges qu'il appartient de servir cette idée de la justice. Ils disposent pour cela d'outils juridiques très efficaces, dont ils font bon usage. Au point que certains responsables politiques voient d'un mauvais oeil l'émergence de ce nouveau "pouvoir judiciaire" , qu'ils songent à museler ! François Saint-Pierre est avocat. Il se consacre à la justice pénale depuis de nombreuses années. Il a publié aux Editions Odile Jacob deux précédents essais, Avocat de la défense, en 2009, et Au nom du peuple français. Jury populaire ou juges professionnels ? , en 2013. Il est aussi l'auteur d'une Pratique de défense pénale, aux Editions LGDJ, mise à jour tous les ans, qui contient, comme une boîte à outils, les droits de la défense que peuvent utiliser les personnes confrontées à la justice pénale, qu'elles soient mises en cause ou plaignantes.

01/2019

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Décoration

Les Gobelins au siècle des Lumières. Un âge d'or de la manufacture royale

Dirigée successivement par les architectes Jules-Robert de Cotte, Jean-Charles Garnier d'Isle, Jacques-Germain Soufflot et le peintre Jean-Baptiste Marie Pierre, sous l'autorité de directeurs généraux des Bâtiments du roi, tels que le duc d'Antin, le marquis de Marigny et le comte d'Angiviller, la manufacture royale des Gobelins connaît au XVIIIe siècle son apogée artistique et technique - quarante suites différentes créées en cent ans. Les plus grands maîtres du temps (Charles Coypel, Jean-Baptiste Oudry, Charles Natoire, François Boucher, Carle Vanloo, etc.), du style rocaille au néoclassicisme, conçoivent pour les métiers les gigantesques modèles nécessaires, puisant leur inspiration dans tous les domaines, profanes ou sacrés, historiques ou mythologiques. Sous la conduite d'entrepreneurs d'exception, tel Jacques Neilson, et accompagnant l'intérêt de l'époque pour les sciences et les techniques, le tissage des tapisseries atteint un niveau de perfection qui suscite l'admiration sans réserve de Diderot lors des Salons. Les élites européennes (souverains, ministres ambassadeurs...) sont enthousiasmées par ces oeuvres, objets de cadeaux qui vont orner les murs des grandes demeures, grâce à l'intervention d'architectes inventifs, tel l'Écossais Robert Adam. Cet ouvrage, la première synthèse jamais écrite sur le sujet, traite de l'ensemble des tentures produites à cette époque. Son iconographie reproduit en couleur - le plus souvent pour la première fois - un ensemble de tapisseries sélectionnées pour leur état de fraîcheur exceptionnel : pièces de L'Ancien Testament d'Antoine Coypel, du Nouveau Testament de Jean Jouvenet et Jean Restout, de la fameuse Histoire de Don Quichotte et de L'Iliade de Charles Coypel, de L'Histoire d'Esther de Jean-François de Troy, de L'Ambassade turque de Charles Parrocel, des Chasses de Louis XV de Jean-Baptiste Oudry, de L'Histoire de Thésée de Charles Vanloo ou des Amours des dieux de François Boucher. Un ensemble de modèles peints décoratifs ou d'esquisses, dont plusieurs cartons d'alentour spectaculaires du peintre de fleurs Maurice Jacques photographiés après la restauration accomplie grâce à un mécénat de la Fondation BNP Paribas, des sièges couverts en tapisserie, des tableaux faits sur métier et des planches gravées des ateliers viennent compléter cette évocation des Gobelins au temps des philosophes.

04/2014

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Histoire régionale

Les Quenette. Chronique d'une famille lorraine dans l'histoire de France

Dans cet ouvrage, Anne-Marie Quenette nous offre un voyage dans l'Histoire de la Lorraine et de la France et, en même temps, une immersion dans des lieux et des paysages où surgissent, comme soudainement frappés d'intemporalité, des visages, des regards, des gestes, des émotions, des joies, des peines, des rires, des pleurs, de l'humanité. Ces visages, ces vies, ces destins sont ceux de sa famille ; une famille française, une famille lorraine, la famille Quenette, où se transmettent, d'une génération à l'autre, l'honneur, le courage, l'action, le respect de valeurs reconnues par sept légions d'Honneur. Certains ont marqué l'histoire d'une Lorraine souvent meurtrie mais toujours renaissante tels Gustave Chapuis, médecin, parlementaire, maire de Toul ou Eugène Corbin, créateur des Magasins réunis. Le plus proche de nous étant Jean Quenette, député aux premiers jours de la Seconde Guerre mondiale puis Préfet de l'Aisne et de la Bretagne, région qui lui garde, aujourd'hui encore, un grande reconnaissance pour ses actions de résistance contre l'occupant nazi. Le lecteur y découvre un village, un clocher, un banc d'école, des palais de justice, l'Assemblée nationale, un champ de bataille, un château, des endroits d'autrefois d'où s'échappe une douce nostalgie. Il y a aussi cette maison pleine de livres et de souvenirs, où résonnent encore les pas de ceux qui l'ont habitée, les musiques écoutées autrefois, airs d'opéras, chants grégoriens... Au long des pages, Anne-Marie Quenette avoue son amour pour "un formidable petit pays qu'on appelle la Lorraine", et ses artistes ; son but est de les faire aimer, des rives de la Meuse jusqu'à la colline inspirée de Maurice Barrès. Anne-Marie Quenette est docteur en Droit, avocat à la Cour, auditeur de l'Institut des hautes études de la Défense nationale (Session nationale), ancien conseiller économique et social à Paris au titre des personnes qualifiées, conseiller du commerce extérieur de la France, officier de la Légion d'honneur au titre du ministère de la Justice, officier de l'Ordre national du Mérite, présidente de la fondation Bigeard sous l'égide de la Fondation de France.

05/2021

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Histoire ancienne

BLACK ATHENA. Les racines afro-asiatiques de la civilisation classique, Volume 2, Les sources écrites et archéologiques

Le premier volume de Black Athena : " L'invention de la Grèce antique, 1785-1985 ", avait suscité en France, comme auparavant dans le monde anglo-saxon, des réactions passionnées. Sa reconstitution historique et sociologique des transformations de l'idée qu'on s'est faite des origines de la civilisation grecque, et de la façon dont elle a évolué en fonction de l'image que l'Europe se faisait de sa place et de son rôle dans le monde, a été saluée comme une implacable démonstration ou dénoncée comme partisane. Concluant son examen du dossier, la revue L'Histoire écrivait en février 1997, sous la plume de Maurice Sartre : " Que les visions du monde dénoncées par Martin Bernal subsistent chez quelques esthètes romantiques et quelques purs littéraires ignorants de l'histoire et de l'archéologie, nul ne le conteste. Mais fallait-il monter cette machine de guerre contre leurs partisans ? Peut-être que oui, en définitive, puisque ce livre, irritant et excessif à maintes reprises, passionnant jusque dans ses excès, oblige l'historien à s'observer dans le miroir et à y scruter ce qu'il reste du vieil Européen imbu de son excellence dans le regard qu'il jette sur l'autre - l'Egyptien, le Grec... ou son contemporain. " Dans son deuxième volume, consacré aux Sources écrites et archéologiques venant à l'appui d'un " Modèle Ancien Révisé " des influences moyen-orientales sur la Grèce archaïque, Martin Bernal étudie en détail les éléments matériels qui établissent la réalité et l'importance des contacts entre l'Egypte, les pays du Levant et l'ensemble du monde égéen pendant la période de l'Age du Bronze, soit entre 3400 et 1100 avant J.-C. Il les confronte aux renseignements fournis par les mythes, les légendes, les cultes religieux et les faits linguistiques postérieurs. Il conclut que les contacts entre le monde égéen et le Moyen-Orient ont été bien plus importants et déterminants qu'on ne l'admet généralement. Il fournit ainsi de nouveaux aliments à une discussion désormais proliférante, à laquelle contribuent des savants de tous les pays, et qui aura indéniablement transformé les présupposés de méthode et les objectifs de culture générale des études classiques.

11/1999

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Histoire de France

Napoléon et la comète impériale

En 1811, Napoléon est au sommet de sa gloire. Du code Napoléon aux préfets, du baccalauréat au franc, il a façonné une France moderne. Son Empire s'étend sur une grande partie de l'Europe. Cette année là, Flaugergues découvre à Viviers (Ardèche) une des comètes les plus spectaculaires de l'Histoire. Sensible aux sciences, il la désigne "Comète impériale". Son éclat et sa longévité lui semblent le reflet céleste de son règne. L'Aiglon est né cinq jours avant sa découverte et lui-même une semaine après l'apparition de la grande comète de 1769, coïncidence soulignée par Messier en 1808. Mais surtout, avec une période de 3095 ans, son précédent passage remonte à l'époque de Ramsès II. Napoléon y voit un trait d'union avec l'Egypte qui le fascine depuis son expédition, un passage de flambeau des Pharaons à l'Empereur, voire un signal céleste d'invincibilité... La personnalité de l'Empereur est fascinante. La matrice rationnelle de sa psyché laisse percer des saillies irrationnelles. Il éprouve souvent le besoin de s'évader sur les champs de batailles. Comme une double personnalité qui intrigue les psychologues. L'influence de cette comète pourrait permettre de comprendre l'inversion qui se produit avec la campagne de Russie, lancée à l'été 1812 contre l'avis de ses généraux. Elle marque le tournant de l'Empire. Après la Bérézina, c'est Waterloo et l'exil à Sainte-Hélène. Précisément à Longwood où l'astronome Halley - auteur des calculs de l'orbite de sa célèbre comète - avait effectué ses observations du ciel austral. Citée par de nombreux écrivains de l'époque romantique, cette "Comète de Napoléon" a marqué les arts et la culture. Elle est aussi associée aux vendanges mirifiques de 1811 et au fameux "Vin de la comète" ! Un essai conjuguant rigueur historique et lecture céleste de faits bien terrestres...

07/2019

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Religion

La religion du doute et du savoir

Il existerait un lien existentiel entre le Verbe et le cosmos des astrophysiciens, à l'instar de l'émergence et l'anéantissement. Dans le premier binôme, les scientifiques postulent pour le principe d'unification où l'infiniment petit est indissociable de l'infiniment grand, et où une seule règle mathématique suffit à expliquer l'émergence de tout ce monde. L'auteur suppose que le bulk (conglomérat d'univers) pourrait ressembler à un millefeuille constitué de branes (théorie des supercordes), lequel, dans un mouvement de respiration, partirait en expansion puis se rétracterait à l'infini. Mais il se peut aussi qu'un disque d'accrétion (trou noir) soit à l'origine de cette magie où des étoiles avalées, broyées et comprimées dans cet entonnoir d'une densité inimaginable, régurgite l'Univers dans un processus de régénération appelé Big Bang ; une matrice divine en quelque sorte ! Dans le second binôme, l'humanité a toujours été effrayée par la mort. Toujours selon l'auteur, la mort n'existerait pas car elle serait directement liée à une notion fractale du temps. Or, le temps n'étant qu'une chimère isentropique, l'éternité, ou l'immortalité biblique, serait contenue dans la portion infinitésimale de la dernière seconde de la vie que matérialise la perte d'un gramme du mourant (poids supposé de l'aura). La religion ne serait qu'un concept suranné et tellement controversé, quant à la possession de sa vérité et de son dieu, qu'elle a, durant son histoire, davantage incarné la mort que la vie en termes d'amour, de savoir et de concorde. Cette dernière réflexion appelle les deux autres volumes de la trilogie sur les problèmes cultuels : l'intolérance, le terrorisme et les frictions intercommunautaires autour des cultes monothéistes.

11/2006

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Sciences politiques

La Méditerranée, enjeu géopolitique mondial

La Méditerranée a été au centre du monde pendant une longue période de l'histoire de l'humanité. Pour de nombreux spécialistes, elle est toujours au centre du monde. Elle a vu naître la civilisation égyptienne des pharaons, les religions monothéistes et leur pénétration dans la majeure partie des pays du monde apportant avec elles des philosophies, des civilisations, des conflits. Elle a connu de grands empires, les Phéniciens, l'Empire romain/byzantin et sa Mare nostrum, l'Empire ottoman et les colonisations du : axe siècle. La mer Méditerranée a été la matrice de grandes civilisations, de grandes idées philosophiques et aussi un des lieux des grandes guerres mondiales du XXe siècle. Cependant, si la Méditerranée a été un lieu de production des civilisations, des idées, elle a été et est toujours le théâtre de conflits fondés sur l'intolérance aux idées d'autrui, l'occupation des territoires, la possession des richesses ou la confrontation pour des perceptions différentes des valeurs de liberté et de croyance. Ainsi les hommes et les femmes de la Méditerranée, par leur travail de transformation de la nature, par leurs productions intellectuelles et matérielles, par leurs nombreuses et longues guerres, ont contribué à structurer une grande partie de l'histoire de l'humanité faisant de cette région du monde le centre de la géopolitique pendant de nombreux siècles. Qu'en est-il aujourd'hui ? La Méditerranée est-elle toujours un espace important de la géopolitique mondiale ? Son intérêt stratégique a-t-il faibli suite au développement des technologies, à l'apparition de nouveaux centres économiques et géopolitiques notamment en Amérique et en Asie ? Ce livre explore les évolutions géopolitiques récentes et leurs enjeux sur les équilibres en Méditerranée. A travers douze chapitres, l'ambition des auteurs est d'apporter des éclairages qui permettront aux lecteurs de comprendre la complexité de la géopolitique en Méditerranée.

09/2019

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Littérature étrangère

Contes du chemin de fer

Contes du chemin de fer. La vie a bien changé à Guilas, paisible bourgade d'Ouzbékistan, depuis que le train s'y arrête : les tribus d'Asie centrale, les voyageurs de toutes origines, et bientôt les populations déportées par le régime communiste y côtoient les autochtones, forcés de s'habituer à leurs nouvelles conditions de vie. Pendant la Seconde guerre mondiale, période sur laquelle s'ouvre cette étonnante polyphonie, le coeur de la petite ville bat à l'auberge de la gare : les bras cassés qui sont restés à l'arrière - Oumareli l'Usurier, réformé pour avoir pris seize kilos pendant son séjour en prison, Tolib le Boucher, si maigre qu'on lui confie le ravitaillement du village, et Koutchar la Tchéka, le représentant de la police politique - y égrènent ragots et anecdotes. Exilés, adultères, orphelins, profiteurs, aventuriers et mendiants de tous poils défilent en une chronique débridée, véritable plongée ethnographique dans un microcosme où l'arrivée du train n'a pas été le seul traumatisme. Le matérialisme historique a en effet pulvérisé la vieille tradition soufie et les habitudes culturelles profondément ancrées d'un islam traditionnel : maintenant, il faut choisir entre bigamie et déportation, transformer les postes de fonctionnaires en charges héréditaires, bref, les petits arrangements avec le communisme sont la matrice de multiples histoires, tragiques ou grotesques, qui s'enchaînent comme autant de motifs dans le tapis. Car c'est bien le charme et la singularité de ce livre exubérant, construit à la manière des contes des Mille et une Nuits, que de faire émerger de la juxtaposition des histoires un univers singulier et d'inviter son lecteur à un éblouissant voyage au pays des contes et légendes d'une Asie centrale méconnue.

10/2009

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Critique littéraire

Roland Barthes. Au lieu de la vie

"Roland Barthes", "Au lieu de la vie" : la conciliation de ces deux paradigmes donne forme à cette biographie. "Roland Barthes" : c'est une figure d'exception parmi les intellectuels français du XXe siècle, tant par son caractère marginal et la qualité inclassable de son oeuvre, que par le succès paradoxal de sa pensée et de son écriture - celles-ci sont parfois mal comprises ou critiquées, ailleurs vénérées, mais toujours au centre, aujourd'hui encore, du "monde des lettres". Barthes n'a cessé d'aller de l'avant, de chercher du nouveau au sein même des avant-gardes. Figure éclectique s'il en est, mais mue à chaque étape de sa vie par la passion du "neutre", de l'indifférenciation, le maintien de deux postulations opposées. Quel est donc le texte qu'écrit cette vie complexe et mouvante, tendue vers l'avenir et immobile dans son oscillation dualiste, souvent assimilée à l'oeuvre qui s'est constituée en son lieu... au lieu de la vie ? Car "au lieu de la vie", il y a un texte : le texte que dessine la vie de Barthes. Le texte que dessine toute vie : un commencement, un milieu et une fin fondée sur un retournement. Une structure tragique, chez Barthes, qui fonctionne sur un mécanisme de compensation du manque, matrice aussi bien de la formation des actes que de l'écriture. Il a fallu mettre à distance l'apparent, le saillant, pour trouver le secret de ce texte, mettre au jour son mouvement, en faire un système formel. Il a fallu poser sur le même plan l'écriture et le factuel, cette écriture que l'écrivain place "au lieu de la vie", dont il fait la matière même. Il n'y a pas la vie d'un côté, l'écriture de l'autre, mais il y a la seule biographie.

01/2012

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Sciences politiques

L'archipel français. Naissance d'une nation multiple et divisée

En quelques décennies, tout a changé. La France, à l'heure des gilets jaunes, n'a plus rien à voir avec cette nation soudée par l'attachement de tous aux valeurs d'une république une et indivisible. Et lorsque l'analyste s'essaie à rendre compte de la dynamique de cette métamorphose, c'est un archipel d'îles s'ignorant les unes les autres qui se dessine sous les yeux fascinés du lecteur. C'est que le socle de la France d'autrefois, sa matrice catho-républicaine, s'est complètement disloqué. Jérôme Fourquet envisage d'abord les conséquences culturelles et morales de cette érosion, et il remarque notamment combien notre relation au corps a changé (le développement de certaines pratiques comme le tatouage et l'incinération en témoigne) ainsi que notre rapport à l'animalité (le veganisme et la vogue des théories antispécistes en donnent la mesure). Mais, plus spectaculaire encore, l'effacement progressif de l'ancienne France sous la pression de la France nouvelle induit un effet " d'archipelisation " de la société tout entière : sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, formation d'un réduit catholique, instauration d'une société multiculturelle de fait, dislocation des références culturelles communes. A la lumière de ce bouleversement anthropologique, on comprend mieux la crise que traverse notre système politique : dans ce contexte de fragmentation, l'agrégation des intérêts particuliers au sein de coalition larges est tout simplement devenue impossible. En témoignent, bien sûr, l'élection présidentielle de 2017 et les suites que l'on sait... Cette exploration inédite de la France nouvelle est fondée sur la combinaison originale de différents outils (sondages, analyse des prénoms, géographie électorale, enquête-monographie de terrain), méthode permettant de demeurer au plus près de l'expérience de celles et de ceux qui composent la société française d'aujourd'hui.

03/2019

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Sciences politiques

La pensée égarée. Islamisme, populisme, antisémitisme : essai sur les penchants suicidaires de l'Europe

Pour comprendre le trouble ("l'égarement") de notre début de siècle, il serait vain d'en revenir au vieux clivage droite/gauche - car tout indique que ces deux catégories sont désormais obsolètes. Par-delà ce fait, il y a plus grave : l'occident avait cru que les valeurs nées du siècle des Lumières étaient à jamais un acquis de notre civilisation - alors que, devant la résurgence des obscurantismes, nous nous avisons qu'il n'en est rien. Résultat : nos "Lumières" se retrouvent face à des idéologies régressives dont l'islamisme radical est le plus terrible exemple. Que s'est-il passé ? Pourquoi l'occident s'est-il endormi tandis que l'histoire enfantait un monstre ? Et qui, en occident, s'est fait le complice de cet enfantement ? C'est ce que cet essai entend explorer. Sur le fond, Alexandra Laignel-Lavastine pense que certaines élites de notre civilisation humaniste et universaliste ont eu du mal à admettre que le Mal - la barbarie, la haine, le refus de l'autre - puisse parfois provenir de ce qu'elles croyaient être le "camp du Bien", celui des damnés de la terre, des exclus, des victimes. A cet égard, le conflit du Proche-Orient est une matrice féconde de malentendus puisque la "victime" (disons, pour être clair, les plus radicaux des Palestiniens) se trouve être celle-là même qui, par glissements discrets, revendique le "choc de civilisations" dont nous constatons chaque jour les conséquences dramatiques. Ce livre, écrit avant le traumatisme des événements récents, en fait singulièrement la généalogie : comment en est-on arrivé là ? Par quel chemin de capitulation ? Alexandra Laignel-Lavastine - qui ne dissimule jamais son engagement intransigeant contre toute forme de racisme et d'antisémitisme - traverse l'histoire récente, ainsi que notre actualité tragique, tout en se référant aux grands systèmes philosophiques qui ont "fait" notre culture.

05/2015

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Histoire ancienne

Mythanalyse de la Rome antique

Relisons ici Virgile et Ovide : l'Enéide comme épopée initiatique des origines de Rome, et le poème mythologique des Métamorphoses. Au-delà de l'homme romain, Virgile et Ovide y parlent à chacun de nous : la mythologie est la terre natale de toutes les formes symboliques. Par delà vingt-deux siècles, nous nous sentons dans une fraternité avec les peurs, les joies et les désirs qui s'y expriment. Enée, confronté à l'incertitude du risque et à la certitude de l'amour, est l'archétype de chacun de nous essayant de construire son espace personnel. En tant qu'homo viator, il est à la fois guerrier, passeur et exilé ; et comme héros fondateur, il met en ordre le monde, à mesure qu'il progresse dans l'organisation de sa psyché. Comme le dit Paul Veyne dans sa préface à ce livre, nous y trouvons la "vérité profonde" de ces "structures privilégiées de l'imaginaire humain" . Au-delà de ces fulgurances, c'est cet écho que Joël Thomas essaie de repérer plus généralement dans l'imaginaire des Latins, aussi bien pendant la période augustéenne que dans ses influences, en particulier dans la construction de l'Europe. Car, dans une forme de feed back, l'Enéide est à la fois la matrice et le reflet de la romanité ; et le phare de la romanité ne s'est pas éteint avec ses formes matérielles. L'Enéide inspirant La Divine Comédie, ou relue par la Créüside de Magda Szabo, Ovide revisité par David Malouf, ou Catulle modèle possible pour Le Bateau Ivre de Rimbaud : même lorsque ses formes transitoires ne sont plus, Roma Aeterna demeure, et "ce qui demeure, les poètes le fondent" (R. -M. Rilke).

07/2015

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Beaux arts

Titres. Une histoire de l'art et de la littérature modernes

Cette étude entreprend d'analyser, pour la première fois, la façon dont des protagonistes de l'art et de la littérature modernes intitulèrent leurs oeuvres. Si c'est au milieu du XIXe siècle que les peintres commencent à donner à leurs oeuvres des noms qui sont davantage que des titres de convention, l'histoire a commencé bien plus tôt pour les écrivains et les poètes. Des années 1890 aux années 1920, c'est le récit d'une émulation entre le mot et l'image qui est ici raconté. Mettant en parallèle et en relation les pratiques développées par Paul Gauguin et Alfred Jarry, Paul Cézanne et Emile Zola, André Gide et Henri Matisse, Guillaume Apollinaire et Pablo Picasso, Francis Picabia et Tristan Tzara, André Breton et Max Ernst, Donatien Grau met au jour une polarité entre deux lignées, l'une accordant à la forme employée, poème ou tableau, toute son attention, avec un refus du contexte, l'autre voyant dans l'oeuvre d'art picturale ou littéraire une matrice politique, n'existant que dans la relation à l'espace public. Examinant aussi bien des chefs-d'oeuvre que des documents méconnus et inédits, tout en prenant en compte les cheminements individuels de chaque figure évoquée, cet ouvrage propose une nouvelle généalogie des pratiques littéraires et picturales, écrite à la lumière des titres. En effet, la nomination par les peintres et écrivains de leurs oeuvres, source de bien des inventions, se révèle être l'outil majeur qu'ils partagent : image et texte portent également des titres, et c'est un signe de la liberté de l'artiste moderne que de pouvoir les concevoir. La prise au sérieux des titres modernes pourrait bien offrir la clef de compréhension des rapports intimes entre les arts dans une époque canonique, où beaucoup reste encore à découvrir.

11/2019

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Edition

Aux origines de la pop culture. Le Fleuve Noir et les Presses de la Cité au coeur du transmédia à la française, 1945-1990

L'histoire littéraire s'est construite sur un mensonge : elle a largement occulté sa part populaire et la conquête du grand public par l'édition, fruit d'une dynamique qui la place au coeur des industries culturelles. C'est cet autre visage de la littérature que ce livre donne à voir. Puisant dans des archives inédites, il retrace l'histoire chorale de celles et ceux qui, autour des Presses de la Cité et du Fleuve Noir, ont façonné à partir des années 1950 les genres majeurs de l'imaginaire contemporain : espionnage, policier, science-? ction, érotisme... Par-delà les romanciers les plus fameux (Simenon, Frédéric Dard), les professionnels de cette édition populaire ont contribué à forger une nouvelle culture médiatique, dans un contexte de circulation internationale des ? ctions et de transformation du travail des auteurs. Loin de se résumer à une invasion des modèles américains, la culture de masse " à la française " s'en approprie les conventions au temps de la guerre froide et de la décolonisation ; et dans ces romans tirés à plus de 100 000 exemplaires s'inventent aussi les nouveaux codes de la masculinité et de la consommation des " Trente Glorieuses ". Le livre raconte les stratégies industrielles à l'oeuvre jusqu'à la chute d'un système médiatique au tournant des années 1990, quand les recompositions éditoriales font émerger les nouveaux empires de la communication. Il permet de comprendre l'horizon médiatique des générations d'après-guerre, qui ne se cantonne pas au monde du livre : les histoires imaginées par les auteurs populaires ont essaimé au cinéma, à la télévision, à la radio... Une enquête sans équivalent sur les origines du formidable " boom " de la pop culture, matrice de la culture populaire contemporaine.

11/2022

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Pédagogie

Ecrire un roman coopératif. Avec sa classe

Le projet de ce livre est d'accompagner, d'aider, de donner envie à des adultes qui encadrent des enfants de 8 à 12 ans de créer un roman, des romans en partageant un savoir-faire. Ecrire ensemble un roman ? ! C'est à un véritable partage d'un processus de création que nous invitons le lecteur qui va s'emparer de notre proposition. Ce livre pourra être la source d'enseignements et d'apprentissages développant l'estime de soi, le respect d'autrui, la motivation ainsi que des connaissances au service de la construction de la personne pour lui permettre de mieux s'engager dans la vie. Au-delà de la méthode, c'est un appel au plaisir, à la joie de l'écriture et de la lecture que nous formulons ici. Donner la possibilité à de jeunes enfants, élèves d'entrer dans la famille des lecteurs sensibles à la richesse de l'écrit et de ses multiples ressources pour faire société enthousiasme, motive. Après un premier chapitre qui décrit les principes et les invariants du dispositif qui sont la matrice de cet ouvrage, les auteurs font, dans le chapitre 2, un point de quelques pages sur les éléments essentiels du travail coopératif. Dans le chapitre 3, il semble important de mettre en perspective le genre du roman avec ses atouts et ses contraintes pour un projet d'écriture avec de jeunes élèves. Des chapitres 4 à 9, sont proposés 6 parcours d'écriture d'un roman coopératif qui sont totalement indépendants les uns des autres et qui peuvent permettre au lecteur un choix qui corresponde plus particulièrement à ses élèves et au temps que chacun veut, peut y consacrer selon ses contraintes, ses priorités et finalement ses choix personnels.

09/2020

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Sociologie

Ainsi fait-on mourir un monde. L'extinction des sociétés paysannes

Dans la continuité de ses ouvrages, Philippe Dubourg parachève son diagnostic sur l'évolution de la société post moderne à partir de son négatif, les sociétés paysannes perdues. L'historien et philosophe Marcel Gauchet continue de lui apporter sa caution dans un long entretien qui clôt l'essai. Le maire landais retraité de lettres s'engage dans une interprétation anthropologique de la lente disparition des sociétés paysannes. L'inconscient occidental de nature colonialiste qui impose depuis de nombreuses décennies à nos pays blasés de modernité matérialiste son modèle de société de nantis, puis dans un deuxième temps à toute la planète, éradique en même temps la matrice de notre humanisme, les invariants de nos rapports au monde. Nos sociétés en rupture de civilisation comprennent-elles qu'elles ne pourront vivre éternellement sur leur rythme épuisant pour l'ensemble des conditions de vie, en se jetant comme elles le font dans les bras de l'injuste mondialisation capitaliste, de son libéralisme financiarisé, de ses élites déconnectées, de sa technocratie urbaine ? "Est-ce cela que l'être humain attend de la vie ?". (Marcel Gauchet) A une étude ethnographique et historique de la société rurale traditionnelle d'avant 1914 (en pays landais), succède une vision sans concession d'une évolution aboutissant à une concentration métropolitaine des richesses et des pouvoirs, et, par contrecoup, à de multiples désertifications de nos territoires, la Réforme territoriale venant accentuer dramatiquement les déséquilibres. Le processus est sans nul doute catastrophiquement transposable à l'échelle de la planète. De nombreux penseurs viennent corroborer l'analyse : depuis des décennies, ils tiennent le rôle de "lanceurs d'alerte", en héritiers de Claude Lévi-Strauss. L'essai se place délibérément dans sa filiation.

09/2017

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Russie

Smolensk. La cité du malheur russe

La Russie d'hier, d'aujourd'hui et de toujours racontée à travers sa ville emblématique. Peu de villes ont autant souffert que Smolensk, incendiée lors de sa conquête par les troupes napoléoniennes, martyrisée par les nazis. Le nom de cette " Ville héros ", l'une des plus vieilles cités de Russie qui commande la route des grandes invasions venues de l'Ouest, résonne sans cesse dans l'histoire du pays. Stendhal y écrivit ses plus belles pages sur la " déplorable catastrophe " que fut l'invasion de la Russie par la Grande Armée. Patrie de Mikhaïl Glinka et de Youri Gagarine, Smolensk fut également l'un des laboratoires du bolchevisme et de la répression stalinienne. Les victimes de ses tueries de masse sont ensevelies à quelques kilomètres, dans la forêt de Katyn où les bourreaux du NKVD, la police politique soviétique, massacrèrent 4 400 officiers polonais au printemps 1940. Soixante-dix ans plus tard, en 2010, l'avion présidentiel polonais avec la délégation venue leur rendre hommage se crashait non loin de son aéroport là où, en 1943, Hitler aurait dû mourir si la bombe placée dans son avion avait explosé. Toujours immortelle derrière sa ceinture de remparts, parsemée des clochers baroques de ses nombreuses églises, Smolensk illustre aussi l'obsession des Russes pour la " Grande Guerre patriotique ", portée à son paroxysme par Vladimir Poutine. Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale et de ses 27 millions de morts est devenu la matrice de celle qu'il a déclenchée en Ukraine. Conjuguant avec maestria récit historique et grand reportage, passé et présent, François Malye entraîne le lecteur par ce texte enlevé, nerveux, riche en anecdotes qui croise l'héritage des grands mémorialistes du Premier Empire avec un récit personnel qui n'est pas sans évoquer la prose de Jean-Paul Kauffmann.

01/2023

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Héraldique

Revue française d'héraldique et de sigillographie N° 90-91, 2020-2021 : Sceaux français de l'ordre de Prémonté (XIIe-début du XVIe siècle). Etude et catalogue

A l'image de l'ensemble des institutions religieuses issues de la réforme grégorienne, l'ordre de Prémontré fondé en 1121 par Norbert de Xanten accompagne l'essor de l'usage du sceau dans les milieux monastiques. Dès les années 1140, selon un processus empreint du plus grand pragmatisme, les abbayes prémontrées se dotent, selon les cas, d'un sceau commun ou d'un sceau conventuel doublé d'un sceau abbatial pour la validation des actes du quotidien (litiges et règlements de procès, acquisitions et échanges, abandons de droits, communautés de prière, etc.). Contrairement à l'ordre de Cîteaux, qui encadre strictement l'usage du sceau jusqu'à définir la forme et l'iconographie de la matrice, l'ordre de Prémontré ne réglemente pas cette pratique dans ses statuts avant le second tiers du XIIIe siècle. La plus grande diversité s'observe donc dans la pratique jusqu'à une bulle de Grégoire IX en 1232. Fruit d'une enquête auprès des services d'archives français et belges, ce corpus réunit quelque 360 sceaux (chapitre général, abbayes, abbés et dignitaires) documentant 73 abbayes de l'ordre de Prémontré situées à l'intérieur des limites géographiques de la France actuelle entre le XIIe et le début du XVIe siècle. Edité à l'occasion du 9e centenaire de la fondation de l'abbaye de Prémontré par la Société française d'héraldique et de sigillographie avec le soutien de l'Abbaye de Leffe, du Service interministériel des Archives de France et du Centre d'études et de recherches prémontrées, cet ouvrage se veut tout à la fois un outil de travail pour de nouvelles recherches sur l'histoire du sceau monastique et un livre d'images et de découverte de la sigillographie de cet ordre de chanoines réguliers toujours vivant.

07/2021

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Histoire internationale

Hind Swaraj. L'émancipation à l'indienne

"La civilisation moderne, européenne autant qu'anglaise, n'a de civilisation que le nom. C'est une civilisation qui décivilise, une réforme qui déforme". Tel est le jugement que porte Gandhi sur la société du progrès technologique, une société qui a fait le choix du machinisme, de la passion de l'argent et du pouvoir, et qui méprise l'artisanat, la spiritualité et tout ce qui n'est pas "scientifique". Une civilisation qui détruit toutes les autres civilisations, à commencer par l'indienne, millénaire, qui conçoit autrement la relation de l'homme à l'univers naturel et spirituel. En 1909, alors âgé de quarante ans, Gandhi formule la première critique de la modernité qui émane du monde non occidental. Elle fonde sa philosophie de la vérité, de l'humilité et de la non-violence. Elle met en garde la classe d'Indiens éduqués à l'anglaise qui imaginent sortir de la colonisation britannique et regagner l'indépendance de l'Inde par des voies politique ou violente empruntées au colonisateur. Est-ce ainsi que l'Inde peut se libérer ? C'est la question que pose son premier livre Hind Swaraj, matrice de sa pensée, auquel Gandhi ne cessera de revenir tout au long de sa vie. Sa réfutation de la modernité fut jugée subversive par les autorités britanniques, qui interdirent le manuscrit à Bombay en 1910, et incomprise de son temps par les nationalistes indiens. Toujours dérangeant, son livre reste un brûlot en ce début de XXIe siècle, dans le contexte de la mondialisation. Un siècle après sa parution, il est donné pour la première fois à lire en français. Traduction du goujarati, de l'anglais et du hindi (Inde) par Annie Montaut. Edition établie par Suresh Sharma et Tridip Suhrud. Préface de Charles Malamoud. Introduction par Suresh Sharma.

11/2014

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Biographies

Le bétin

Naître : v. i. 1. Venir au monde. 2. Commencer à exister, à se manifester. Pas tout à fait neuf mois... Le ventre bien rond. Petit ballon, graine d'avorton ! 1966. Nous étions deux au coeur de la matrice. Deux à nous repaître des entrailles maternelles... Et au troisième mois de notre conception, mon égal et paire dizygote quitta le sein originel et disparut par le même orifice que celui qui nous avait accueillis. Les uniques larmes de deuil versées à sa mémoire ont été les flots des eaux d'une cuvette de w. ? c. ! Nous aurions dû être deux. Deux êtres indissociables et complémentaires. Deux, comme les faces d'un miroir, comme le soleil et la lune... Mais j'étais seul, comme Peter Pan lorsqu'il perdit son ombre. Le sexe de mon autre avorté n'était pas encore formé. Il repartit au pays du Jamais Jamais. Son âme resterait celle d'un ange pour toujours. C'était sans aucun doute ma petite fée Clochette à moi ! Après cette fausse couche, Marguerite dut rester alitée plus de cinq mois, afin de m'emmener, au terme de ce jour d'hiver... Dimanche 23 janvier. Je suis toujours suspendu entre la corde et l'eau, aux portes de l'en deçà... Poussé... Etouffé... Propulsé... 2 ? h ? 30 heure locale, je capitule sous les derniers assauts et les cris de ma mère. Je suis extirpé de mon antre géniteur. Aveuglé et fripé, je sors la tête la première de ce bourbier de sang et d'excréments. La claque sur le cul en guise de bienvenue et je suis rapidement lavé, pesé, numéroté et additionné sur la planète. Désormais, je suis voué à la solitude et à la décrépitude des êtres humains.

09/2021

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Revues de psychanalyse

Revue Française de Psychanalyse N° 85, septembre 2021 : Cris et chuchotements

Ce thème est inspiré du film éponyme d'Ingmar Bergman. Synopsis : trois soeurs et une servante sont réunies dans le manoir familial. Agnès se meurt d'un cancer de l'utérus. Ses cris de douleur sans nom et ses chuchotements d'agonie figurent la terreur de la souffrance et de la mort. Mourante, Agnès est hantée par l'énigme de leur mère disparue, femme fantasque aux brusques accès mélancoliques. Ses deux soeurs, Karin et Maria sont à son chevet. Karin, la soeur aînée, est traversée par l'envie et la haine de soi et de son sexe qu'elle mutile, en quête d'excitations de survie. Maria, la benjamine, tente de ranimer les chuchotements du désir et du plaisir sexuel, afin de lutter contre l'enfermement mortifère de ce claustrum familial, immergé dans la Suède protestante rigoriste. Anna, la servante de la famille, se dévoue corps et âme pour apaiser l'agonie d'Agnès, au plus près de son corps souffrant. Du père, on ne saura rien. Quant aux autres hommes – mari, médecin, amant ou pasteur –, ils sont fascinés autant que terrifiés face au corps féminin et au-delà, face à la finitude. Le manoir familial, isolé dans la campagne, est tapissé de velours rouge et de draps blancs, telle la métonymie de la matrice ensanglantée d'Agnès. Le thème des trois soeurs rappelle combien sont nombreuses les triades de soeurs dans la mythologie et les oeuvres d'art, à commencer par les figures mythiques des Erinyes, qu'un travail de culture transformera en Bienveillantes. Le film de Bergman en décline une version contemporaine et nous interroge sur les enjeux des complexes sororaux. Comment se tissent-ils ? Comment le féminin se transmet-il de mère en fille, de père en fille, mais aussi de soeur en soeur ?

09/2021

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Actualité médiatique internati

Un voile sur le monde. Nouvelle édition

Qui n'a pas constaté l'ahurissante propagation du voilement, là où on ne le voyait plus, mais aussi là où on ne l'avait jamais vu ? Pourquoi, comment ce phénomène, qui nous dérange, nous laisse perplexes et impuissants, a-t-il conquis le monde ? La journaliste Chantal de Rudder s'est attelée à en chercher la signification, en retracer la genèse, forte d'un long passé de reportages et d'enquêtes qui lui ont fait parcourir la planète. Théocraties en perte de vitesse vs Etats multiculturalistes, Orient ou Occident, elle nous infiltre au coeur de pays emblématiques d'une pratique devenue commune, à un tournant de l'histoire. En Iran, premier pays à avoir fait du voile une obligation légale – il fut inscrit dans la loi en 1979 –, des femmes arrachent aujourd'hui leur tchador, autrefois symbole d'une révolution qui changea la face du monde ; en Arabie, qui dépensa sans compter pour exporter son islam rigoriste sur toute la planète, les Saoudiennes ont le droit de conduire, de travailler, de porter le voile " à la cool " : vérité ou leurre ? Pourquoi le Danemark, démocratie tolérante sans passé colonial ni conflit avec des Etats musulmans, est-il le pays des caricatures de Mahomet et un avant-poste du combat contre l'islamisme ? Comment la Belgique, petit royaume prônant la " laïcité pluraliste ", est-elle devenue, au fil des décennies, la matrice du terrorisme islamiste sur le vieux continent européen ignorant et cupide ? Et que dire de ces pays occidentaux, Etats-Unis en tête, où fleurit le courant islamiste décolonial diabolisant l'universalisme des Lumières, dénoncé comme raciste et destructeur ? Derrière le voile, se cachent luttes et chaos de l'histoire contemporaine. Ce bout de tissu raconte les rapports difficiles entre les religions, entre les cultures, entre les sexes, entre les êtres humains...

03/2023

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Histoire de France

Justifier la guerre. Censure et propagande dans l'Europe du XVIIe siècle (France-Angleterre)

Par leur dimension européenne et mondiale, leur durée, leur coût humain et financier, leurs contraintes logistiques, les guerres du "siècle de fer" ont nourri un flot de discours, oraux et écrits, où se mêlent justifications du recours à la violence armée et dénonciations de l'ennemi. Du roi de guerre qui met en scène son pouvoir monarchique à celui qui justifie sa politique étrangère pour obtenir des impôts élevés, du parlementaire qui cherche sa place au sein d'un parti politique à l'homme d'Eglise qui veut gagner la protection du monarque, de l'éditeur en attente d'un succès de librairie au pamphlétaire en quête des bonnes grâces d'un mécène ou du public, tous s'expriment sur les guerres contemporaines. Multiples, les prises de parole sur les guerres sont rarement neutres et le plus souvent investies d'une portée politique tant la guerre et ses justifications sont liées à la souveraineté. Alors que le pouvoir étatique se renforce dans l'Europe du XVIIe siècle, les monarques cherchent à monopoliser non seulement la violence armée mais le discours la concernant. L'analyse comparée de la France de Louis XIV et de l'Angleterre des lendemains de la Glorieuse Révolution révèle que, quelle que soit l'étendue de leurs pouvoirs, les princes tentent de contrôler le discours sur les guerres contemporaines. Une telle démarche est loin d'être acceptée sans heurs et sans contestations à une époque où l'espace public offre aux sujets de plus en plus de possibilités de s'exprimer et où l'information circule rapidement à travers toute l'Europe. Le discours sur la guerre et ses justifications s'avère une véritable matrice politique qui interroge le pacte entre le monarque et ses sujets. Il contribue ainsi à redéfinir les cultures politiques des pays belligérants.

03/2014

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Histoire internationale

Algérie : sortie(s) de guerre. 1962-1965

Souvent prisonnier de "mémoires affrontées ", le traitement historique de la guerre (l'Algérie a eu peine à sortir de tels horizons. Qu'il s'agisse des mémoires combattantes (surtout françaises), de celles des victimes de toutes natures, de leurs collatéraux, voire (les Etats, la liste est longue (les travaux portés par le besoin - plus ou moins conscient - de faire le deuil, sans qu'on sache toujours ce qui relève de la mise à jour objectivée ou de l'enfouissement. En la matière, la période postérieure au 19 mars 1962 est souvent absorbée, dans les images mentales des métropolitains, par un besoin de passer à autre chose, qu'exprime bien l'idée de liquidation du passé colonial. Il y a là, au coeur de l'événementialité, une asymétrie voisine et violente, rappelant celle vécue après septembre et surtout décembre 1944.1 oblitération métropolitaine des violences, qui de militaires deviennent au printemps et à l'été 1962 désormais civiles (dans leur immense majorité), doit donc être évaluée. La compréhension de ce hiatus est en effet centrale pour saisir les mécanismes de sorties de guerre. Il y a d'abord celles des hommes (supplétifs, soldats perdus de l'OAS, militants anticolonialistes, prêtres) dont les destins basculent entre la fuite éperdue et l'espoir bientôt démenti de pouvoir " faire société " en Algérie. Il y a ensuite celles de l'Etat qui génère des temporalités différentes allant de l'urgence du rapatriement et de l'insertion (pour les Français) en métropole aux illusions de maintien d'une présence militaire ou industrielle en Algérie. Enfin, il y a les échos régionaux de la guerre. A cet égard, l'intégration économique voire sociale des rapatriés n'exclue ni des conflits d'identités individuelles, ni de profonds clivages politiques dont les effets se font encore sentir : le combat anticolonial étant la matrice d'une génération.

07/2014