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Mamadou Dione

Extraits

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Cinéastes, réalisateurs

En marge. récit

En 2009, acclamé par la foule, Jean-Michel Correia gravit aux côtés de Jacques Audiard les marches du Festival de Cannes pour la première d'Un prophète qui remporta cette année-là le Grand prix du jury. Pourtant, rien ne le destinait à une carrière dans le cinéma, si ce n'est une vie rocambolesque digne d'un scénario de fiction. Enfant adopté, Jean-Michel Correia grandit au coeur de la cité populaire des Vaux-Germains, dans les Hauts-de-Seine. Loin du regard parental, il explore les environs avec ses potes, ne manque pas un match de foot et admire les grands frères qui tiennent les escaliers du quartier. Bref, il a ce que son père appelle "le sirop de la rue" . Il commence par quelques vols, désosse des motos pour les revendre en pièces détachées, avant de voir plus gros, trop gros : le braquage d'une bijouterie et d'une banque à l'aide d'un pistolet d'alarme le conduit devant la justice. S'ensuivent des allers-retours en prison où il passera près de 10 ans, à l'ombre, comme on dit. Dans une langue musicale et dynamique, Jean-Michel nous raconte sa vie de bandit et de prisonnier : les go-fast à travers l'Espagne, les pénitenciers, la promiscuité des cellules, l'ennui meublé par la lecture, mais aussi la solidarité, les radio pirates, les codes et la culture carcérale. Des années plus tard, désormais père d'un enfant et fatigué de l'illégalité, il se lie d'amitié avec le cinéaste Jean-François Richet qui l'embauche comme chauffeur sur le tournage de Mesrine. Sa curiosité et sa détermination lui feront vite gravir les échelons : il devient "conseiller prison" , puis assistant réalisateur et acteur pour Audiard, avant d'écrire et de réaliser son propre film. Plus que le récit d'une trajectoire hors du commun, Jean-Michel Correia dresse ici un portrait en kaléidoscope de la France des années 1980-2000, celle de l'ambiance Black-Blanc-Beur du Mondial 98 et des sorties en boîte de nuit à la Scala ou au Pacific. Le témoignage singulier et haletant d'un homme qui a été sauvé par l'écriture.

10/2023

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Dessin

Carnets de bord

Publié dans les journaux à grands tirages, le dessin d'humour a été considéré comme un divertissement, soit dans une page attribuée, soit pour servir de "bouche-trou" entre les colonnes et les publicités. Avec les années, ces dessins ont fini par disparaître des quotidiens et des hebdomadaires au profit du dessin d'actualité. Sempé se dirigea alors vers d'autres supports, notamment en dessinant les couvertures du New Yorker ; surtout, il publia régulièrement de somptueux albums et commença à exposer ses dessins originaux dans des galeries, n'hésitant pas à en créer expressément pour les cimaises. Il conquit ainsi un public nouveau, plus exigeant, un public familier de l'art moderne et contemporain. Fini la production harassante de e gags" : place à l'évocation, à l'humeur, au trait d'esprit, à la poésie. Avec Saul Steinberg et quelques autres, il a hissé le dessin d'humour au rang de grand art. Aujourd'hui, ses admirateurs éprouveront peut-être l'envie et la curiosité de savoir davantage de quelle manière Sempé dessine, et comment surgissent ses idées ? Ses carnets, longtemps tenus à l'abri des curieux, constituent un précieux témoignage de sa recherche, de son inspiration. On y retrouve toute la grâce de son trait, sa spontanéité, et le petit miracle d'une expression ou d'un mouvement. Il en adviendra peut-être un dessin plus abouti, fourmillant souvent de mille détails, en un tumulte organisé où l'homme infiniment petit se heurte à l'énormité de son environnement — avenues, places publiques, grands ensembles, et puis les arbres, les champs, la mer, toujours démesurés. La plupart de ces dessins s'accompagnent d'une légende digne des grands moralistes, voire des dramaturges : il y a un véritable théâtre qui se joue sur la feuille de papier. Dans ses carnets, le dessinateur ne poursuit pas d'autre but que de noter une expression, une attitude, un geste, un décor. Nous sommes en présence de ce que le dessin a de plus fragile, de plus suggestif aussi. Rien ne semble dit, mais tout est dit, qui nous laisse dans un état de rêverie absolu.

10/2021

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Pléiades

La Bible : l'Ancien Testament. Tome 2, Les quatre grands prophètes, Les douze petits prophètes, Les trois livres poètiques, Les cinq rouleaux, Les deutérocaniques

"La Bibliothèque de la Pléiade avait inscrit depuis longtemps à son programme une traduction intégrale de La Bible. Cette traduction devait être, par ses qualités littéraires, digne des grands classiques français et étrangers qui ont établi le renom de la collection. Elle devait en même temps répondre aux exigences de précision qu'ont suscitées le développement de l'esprit scientifique, les progrès de la philologie et les découvertes archéologiques les plus récentes. Nul ne pouvait donc être plus qualifié pour diriger et réaliser cette publication que M. Edouard Dhorme, membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France : à une connaissance parfaite de l'hébreu et des langues sémitiques antérieures ou postérieures à celle-ci, M. Dhorme joint, à un haut degré, le sens de la langue française. Pour la première fois en France, semble-t-il, un tel approfondissement de l'hébreu non seulement n'a pas empâté la vigueur, ni terni les nuances de notre langue, mais au contraire en a affiné les richesses. C'est en serrant l'original de plus près que le traducteur, a, du fond du génie français, fait surgir des pouvoirs endormis et comme une nouvelle écriture. Celle-ci épouse le style de chacun des auteurs originaux et rend sensible leur tempérament propre : ici un ton oral sans âge, ailleurs de savants effets littéraires, parfois la raideur des inscriptions archaïques ou le frémissement de vie et la jeunesse retrouvée de poèmes immortels. L'introduction et les notes, n'ayant point de thèses à défendre, soucieuses uniquement d'éclairer le texte, situent tout ce qui peut l'être dans l'état actuel de nos connaissances : coutumes, jeux de mots, histoire et géographie, philosophie et morale, etc. Elles portent la marque d'une grande sagesse et d'une prudence courageuse. M. Dhorme, qui connaît aussi bien les hardiesses hypercritiques que la théologie savante, sait défendre les droits du texte littéral contre toute interprétation tendancieuse et se réserver devant les hypothèses téméraires. Voilà qui ne saurait laisser indifférents ni les croyants ni les historiens : cette publication doit ainsi emporter l'assentiment unanime. Il se trouve de surcroît que c'est un grand événement littéraire". Bulletin Gallimard, oct. 1956.

01/1990

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Littérature érotique et sentim

Madame Connasse. Romance

Succomber à cette attirance inattendue pourrait briser son équilibre déjà fragile... Agathe, cousine de Corentin Connard, reprend les affaires de Separagence. Après une année en Espagne à se remettre d'une fausse couche dans l'alcool et l'allégresse, elle revient affronter ses vieux démons : un ex-fiancé trompé, une famille abandonnée sans un mot. Et... comme si tout cela n'était pas suffisant, il fallait aussi que cette chère Ella, alias Miss Parfaite, alias la fiancée de son frère, débarque dans sa vie pour mieux la chambouler... Madame Connasse sera-t-elle la digne héritière de Monsieur Connard ? Entre amour et raison, venez découvrir ce nouveau triangle amoureux plein de surprises ! EXTRAIT Nous sommes en plein été, pourtant, j'ai des frissons. Passée la colère des derniers jours, me voilà toute chose face à Ella, une midinette de vingt ans. Sa beauté éblouit, son calme me sidère et la façon dont elle me regarde me rend fébrile. Ella est tout ça à la fois, douce, apaisante, hors du commun. Et j'ai peur de ce qu'elle va me dire. J'ai la trouille de l'entendre me parler de Tobias. Je tremble de la voir se fermer, me rejeter ou me dire que notre amitié n'a plus lieu d'être maintenant qu'elle l'a récupéré. - Je ne veux pas te perdre, Agathe, commence-t-elle d'un ton décidé. En réalité, elle m'a déjà perdue. Je ne suis plus la même depuis que la révélation du siècle m'a frappée de plein fouet. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Une histoire qui m'a happée, une écriture agréable mélangeant amour et humour à la perfection. Oui, j'ai ri et j'ai été émue. - carinesanchez, Babelio Un récit qui, sous couverture de légèreté, aborde des thèmes puissants qui ne laisseront pas indifférents. - Maanilee, Babelio A PROPOS DE L'AUTEURE Sonia Miot a vécu une vraie romance dans la vie : elle s'est mariée à son amour de collège ! Dans la vie de tous les jours, elle est conseillère clientèle, mais sa tête déborde d'histoires d'amour et de bonshommes qui s'agitent, l'obligeant à prendre la plume pour écrire leurs aventures.

09/2019

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Littérature étrangère

Palinure de Mexico

Si le Palinure de Virgile conduit Enée jusque sur les rivages de la terre promise avant de mourir tué par les Lucaniens, celui de Fernando del Paso, lui, nous guide à travers un récit d'une ébouriffante luxuriance, à l'écriture ingénieuse jusqu'au génie, à la fois drolatique et d'une beauté poétique digne du meilleur des surréalistes : roman total, rabelaisien, boulimique, avalant et restituant tous les mondes réels, possibles ou imaginaires, mettant en oeuvre et en " jeu " toute la culture du monde, dans lequel on voit un étudiant en médecine s'éprendre de sa cousine et l'aimer avec une grandiose impudeur avant de tomber sous les matraques de la police à Tlatelolco, l'été des Olympiades, lors d'une tuerie perçue comme la sinistre répétition des sacrifices aztèques et des massacres coloniaux ; roman rabelaisien encore par ses graves et canularesques méditations sur la vie _ prise à la blague ou au tragique, jamais au sérieux _ et la mort, par son humour, sa truculence et sa jubilation, doublées ici d'une tendresse, d'une pudeur qui rendent bouleversante l'expression des passions ; roman physiologique aussi, comme l'auteur le fait dire à l'un de ses multiples avatars, " aussi compliqué et magnifique que l'organisme humain " ; roman épique enfin, auquel ne manquent ni la descente aux Enfers ni le nocher Charon, gardien des cadavres disséqués, et où, poursuivi par la Mort déguisée en personnage de la commedia dell'arte, le héros nous initie aux mystères des Iles imaginaires _ et de son Mexique. Mais le héros mythique et l'épopée sont universels, et comme l'Enéide, l'Ulysse de Joyce ou celui d'Homère, le Palinure de Fernando del Paso ouvre sur le monde entier. Né en 1935 à Mexico, Fernando del Paso a fait des études de biologie et d'économie dans sa ville natale et travaillé une quinzaine d'années dans la publicité avant de s'installer à Londres, où il collabore à la BBC et à divers journaux. Il a publié un premier grand roman en 1966, José Trigo, et obtenu pour Palinure le très important prix Rómulo Gallegos (G. Garcia Marquez, M. Vargas Llosa).

12/1985

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Rugby

Dans l'ombre du ballon ovale

L'on dit que son arrière, arrière-grand-oncle William Webb Ellis a inventé le rugby. David Ellis surnommé " le petit terminator ", lui a vécu pour le rugby. Originaire du Yorkshire, cet ancien mineur de fond qui travailla dès l'âge de 16 ans du côté de Leeds aura passé 10 ans sous terre à extraire le minerai, avant que la politique de Mme Thatcher l'oblige à quitter la mine et l'amène sur les stades de rugby où il poursuivra une carrière digne des plus grands. Des clubs anglais à ceux du sud de la France il connaîtra, 2 Grands chelems et 2 Coupes du monde. Après une carrière de joueur, David Ellis débutera une carrière d'entraîneur auprès de l'équipe de rugby à XIII de Villeneuve-sur-Lot. Il participe également à la création du Paris Saint-Germain Rugby League aux côtés de Jacques Fourroux qui l'amène au Racing Club de France et met ainsi un premier pied dans le rugby à XV. Ce sera par la suite l'équipe de rugby à XV de Gloucester remportant le Championnat d'Angleterre en 2002 et la Coupe d'Angleterre en 2003. Parallèlement, il est chargé de la défense de l'équipe de France de rugby à XV de 2000 jusqu'en 2011. Par la suite il rejoindra Castres puis Brive avant de revenir en Angleterre où il devient entraîneur adjoint aux London Irish en Championnat d'Angleterre. Il poursuit aujourd'hui sa carrière dans d'autres clubs français Hélène Rosinach entraîne le lecteur dans le parcours d'une vie exceptionnelle où le rugby s'inscrit en toile de fond. Mais c'est une aventure humaine que le lecteur découvrira au fil de ces pages. Comme le souligne Serge Betsen le préfacier, ce récit souligne les valeurs de solidarité et de partage, qui traversent la pratique de ce sport, la nécessaire remise en question permanente qui pousse à l'humilité, le sens du combat et de l'honneur. Il lève le voile sur des moments vécus sur le terrain avant, pendant et après les matchs., souvent connus des seuls initiés.

10/2023

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Photographie

Fisheye n°58 : Équilibre - Mars 2023

Ce numéro de printemps célèbre plusieurs anniversaires et met en avant un cahier central entièrement en noir et blanc. Si les 10 ans de Fisheye s'affichent en quatre par trois dans les couloirs du métro parisien en exposant une dizaine d'artistes publiées dans le magazine depuis le début de l'aventure, on trouvera aussi, en avant-première, un focus sur le quotidien Libération qui, lui, fête ses 50 ans avec un superbe livre et une exposition à venir. On célèbre un autre cinquantenaire avec l'édition d'un ouvrage sur Diane Arbus, disparue il y a un demi-siècle. Enfin, ce 24 février - alors que ce numéro est en impression - marque le premier anniversaire de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine. Michel Slomka et ses images satellites en noir et blanc nous conduisent à réexaminer les Topographies de ce pays scarifié. Le noir et blanc s'étend à l'ensemble des portfolios de ce numéro, avec une sélection particulièrement éclectique. Outre les "paysages inversés" dudit Michel Slomka, on découvrira les Humeurs belges de Jacques Sonck qui croque depuis des années ses compatriotes dans les rues de Bruxelles, Namur et Gand avec une malice teintée de surréalisme. Sur un tout autre registre, Bastiaan Woudt compose de superbes images de mode dans lesquelles la lumière lui sert à cacher pour mieux révéler. Lucie Hodiesne Darras s'est, elle, attachée à rendre compte au plus juste de la vie quotidienne de son frère Lilou, atteint d'autisme, dont elle fait une rockstar. Un travail qui s'accompagne d'un livre aux éditions Fisheye. On trouve chez Sophie Gabrielle un univers intriguant qui explore ses peurs indicibles sur le cancer et la maladie, une manière "intime et universelle" de traduire ce qu'elle ressent. Enfin l'Histoire est de nouveau présente à travers le Palimpseste bulgare de Martin Atanasov qui n'hésite pas, à travers ses collages, à composer des télescopages critiques qui nous questionnent notamment sur le matérialisme et l'amnésie de notre époque. Sans oublier nos autres rubriques, nos coups de coeur ainsi que nos sélections de livres et d'expositions qui devraient vous aider à garder l'oeil ouvert, vif et curieux.

03/2023

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Linguistique

Le langage de l'amour. De la rencontre à la rupture, comment les mots révèlent nos sentiments

"C'est lui", "c'est elle", "on s'est trouvés", "je t'aime", "je t'aimerai toujours"... , si chaque histoire d'amour est unique, toutes se vivent, s'écrivent ou se chantent avec les mêmes paroles. Aujourd'hui, j'ai rencontre l'homme de ma vie clame Diane Dufresne, Que je t'aime, crie Johnny, Juliette est le soleil s'émerveille le Roméo de Shakespeare quand nous disons souvent de l'autre aimé qu'il est une lumière dans nos vies. Nos relations peuvent varier, nos mots d'amour sont identiques car nos sentiments sont semblables. Pour la première fois dans un livre, Julie Neveux, linguiste et experte de l'expression de nos émotions, analyse et décrypte ce langage amoureux, du fameux "coup de foudre" où l'on "tombe" amoureux, aux redoutables "il faut qu'on parle", "j'étouffe". En quatre grandes parties, retraçant les phases de l'amour, de l'amour fantasme (où le nom de l'autre cristallise nos désirs et le destin s'invite pour donner du poids à la rencontre), à l'amour fusion (quand les métaphores du soleil disent l'intensité, je t'aime le souhait d'être lié à jamais à ce toi singulier), l'amour possession, (temps de la domestication, des surnoms voués à s'approprier l'autre devenu familier) et l'amour figé (où le langage tourne à vide, les toujours d'éternité deviennent cris de lassitudes, le toi accusateur, et les partenaires des caricatures s'échangeant de sempiternelles répliques), Julie Neveux révèle combien nos mots d'amour construisent nos histoires. Et comment nous pouvons les comprendre en nous voyant les dire. Pour illustrer son propos, elle s'appuie à la fois sur les mots de l'amour les plus célèbres (ceux des artistes, de Louis Aragon à Annie Ernaux en passant par Barthes, Corneille, Barbara, Stromae, Fellini, Ingmar Bergman...) et ceux des personnages qu'elle invente, Juliette et Roméo, dont le récit de la romance scande les chapitres pour incarner la théorie. Essai de linguistique, répertoire culturel amoureux et analyse de nos relations sentimentales, ce livre est un trésor de sens qu'on dévore comme un grand roman d'amour plein d'esprit et d'humour.

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Littérature étrangère

Le Dernier Grec

Yannis Georgiadis est un jeune Grec né dans un petit village perdu dans les montagnes de Macédoine qui émigre en Suède dans l'espoir de trouver une solution technique à un problème d'alimentation en eau. A travers son histoire, Aris Fioretos compose une fresque pleine d'humour et de poésie sur le destin tragique des Grecs exilés depuis le grand incendie de Smyrne. Une fable existentielle bouleversante et délirante, au ton à la fois détaché et intimiste. Le roman est constitué d'une centaine de fiches confiées à l'auteur après la mort de celui qui les aurait établies, un certain Kostas Kezdoglou. La belle-mère de ce dernier aurait en effet été l'instigatrice d'un grand projet collectif visant à recenser de façon exhaustive les différents destins des Grecs expatriés dans le monde après la Première Guerre mondiale. Sans toucher à la chronologie désordonnée de ces fiches, l'auteur les présentent telles quelles. Elles retracent l'histoire de l'ami d'enfance de Kostas Kezdoglou, un jeune Grec nommé Yannis Georgiadis, né dans un petit village perdu dans les montagnes de Macédoine où sont venus s'installer son père et sa grand-mère après l'incendie de Smyrne en 1922. On suit le jeune rêveur jusqu'en Scanie où il émigre dans l'espoir de trouver une solution technique au problème d'alimentation en eau de son village natal. Là, il est accueilli chez un médecin compatriote, sa femme autrichienne et leurs deux fils. Bientôt il saura jouer au croquet, faire du patin à glace et communiquer ses pensées, toujours débordantes, en suédois. Un mariage raté plus tard, Yannis finira par quitter la Suède dans une vieille Saab avec sa fille de six mois, pour retrouver son village et, plus important encore, sa chèvre bien-aimée. Ce sera le dernier voyage de Yannis Georgiadis... De cette fresque complexe se dégage une poésie cocasse et une grande sensibilité. Malgré une trame mélancolique digne de la tragédie grecque, l'humour et l'espièglerie ironique de l'auteur sont omniprésents. Une maîtrise parfaite de la structure permet à l'auteur de jouer avec le lecteur, de le balader dans l'imaginaire débordant du narrateur. Un surprenant voyage existentiel aux multiples facettes.

09/2012

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Critique littéraire

Europe N° 1034-1035, juin-juillet 2015 : Pierre Klossowski

Ecrivain, peintre et traducteur, Pierre Klossowski est né à Paris en 1905 dans une famille d'artistes. Frère aîné de Balthus, il a fréquenté dès ses jeunes années Rainer Maria Rilke et André Gide, puis Georges Bataille auprès duquel il participa au Collège de sociologie et à la revue Acéphale. Dans les années trente, sa rencontre avec les écrits de Sade marqua une étape déterminante dans son cheminement placé à la fois sous le signe de la discrétion et de l'excès. Pierre Klossowski apparaît comme l'une des figures capitales de la culture française du XXe siècle. Celui qui affirmait n'être «ni un écrivain, ni un penseur, ni un philosophe - ni quoi que ce soit dans aucun mode d'expression», aura tout de même laissé derrière lui une oeuvre considérable : des textes littéraires comme Les Lois de l'hospitalité, Le Bain de Diane et Le Baphomet, des études sur Sade et sur Nietzsche, mais aussi quelques scénarios, de nombreuses traductions du latin et de l'allemand (Virgile, Nietzsche, Kafka, Wittgenstein...), ainsi qu'une abondante production de dessins de grand format. Autour du concept de «simulacre», son oeuvre traite autant de la mythologie que de la théologie antique, de l'érotisme ou de l'économie générale. De Gilles Deleuze à Michel Foucault, de Giorgio Agamben à Jean-François Lyotard, plusieurs penseurs contemporains se sont intéressés de près à ses travaux. Les études réunies dans ce numéro d'Europe, ainsi que les nombreux inédits qui ont été recueillis, témoignent de l'extraordinaire diversité de l'oeuvre de cette figure atypique dont Georges Perros disait : «Cet homme semble venir de très loin. Pas seulement d'Europe centrale, pas seulement de la Rome impériale, pas seulement de Tübingen. Sous ce drôle de crâne, au front plus haut que nature, se battent, s'étreignent, se haïssent, font l'amour et la mort, comme nuages dans un ciel en difficulté, une multitude de cibles des héros de la mythologie aussi bien que ceux de Kafka, de Nietzsche, d'Hofmannsthal, de Rilke, tous véritables habitants de l'aujourd'hui des siècles et des siècles. Nous ne sommes pour cet homme hanté, cet homme d'extase, que contemporains de hasard.»

06/2015

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Sciences politiques

L'espionne. Virginia Hall, une Américaine dans la guerre

Virginia Hall fait partie des héroïnes oubliées de la Seconde Guerre mondiale. Cette Américaine à la beauté envoûtante et au caractère rebelle fut l'une des plus grandes espionnes en France. La Gestapo de Lyon la considérait comme "l'agent allié le plus dangereux". Klaus Barbie aurait donné n'importe quoi pour mettre la main sur cette "garce"... Rien ne laissait présager un tel destin. Fille d'une riche famille de Baltimore, Virginia Hall est secrétaire dans les ambassades américaines durant les années 1930. Amputée de la jambe gauche à la suite d'un accident, elle se voit barrer l'entrée dans une carrière diplomatique. Elle démissionne de l'administration américaine lorsque la guerre se profile en Europe, préférant vivre sa vie. Alors que les États-Unis restent neutres, elle s'engage dans l'armée française peu avant la débâcle de juin 1940. Réfugiée à Londres, Virginia est recrutée par les services secrets britanniques (SOL). Elle est la première femme envoyée en France pour une longue mission d'espionnage. Officiellement, elle s'installe à Vichy et à Lyon comme reporter américaine. En réalité, elle prend contact avec la Résistance, transmet de précieux renseignements à Londres, organise des évasions spectaculaires, cache les agents de passage. Virginia, multipliant les fausses identités, devient le relais incontournable du SOE. Traquée par un agent double et par la Gestapo, elle échappe par miracle aux arrestations, traversant à pied les Pyrénées à la fin de 1942. Bien que se sachant "grillée", elle revient en France pour préparer le Jour J. Au printemps 1944, les services secrets américains (OSS) lui demandent d'organiser l'insurrection des maquis au centre de la France. Sous le nom de code de Diane, l'espionne se transforme en fermière, financière, opératrice radio, chef de commando. Virginia sera ensuite l'une des premières recrues féminines de la CIA, créée dans le contexte de la guerre froide. Elle décède en 1982, sans jamais avoir dit mot de ses exploits passés. Au terme d'une enquête menée aux États-Unis, en Angleterre et en France, l'histoire incroyable de Virginia Hall peut aujourd'hui être racontée. C'est le roman vrai d'une femme blessée et combative, plongée dans la tourmente.

10/2007

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Littérature étrangère

Cette putain si distinguée

1949. Une prostituée est retrouvée morte dans la cabine du projectionniste d'un cinéma de quartier populaire de Barcelone. L'assassin, le projectionniste lui-même, est arrêté et condamné. Son procès est marqué par une particularité : s'il reconnaît avoir tué la jeune femme, et la façon dont il l'a fait – strangulation avec des morceaux de pellicule –, il est en revanche incapable d'expliquer pourquoi il l'a fait, chose d'autant plus intrigante que, sans qu'elle fût sa maîtresse, il éprouvait de l'amour pour elle. Cette particularité lui vaut, durant son internement, un traitement " médical " particulièrement agressif, digne des médecins nazis, auquel ne manque que la lobotomie. 1982. Un écrivain, qui ressemble comme un frère à Marsé, qui a écrit des romans qui sont ceux de Marsé, mais qui ne s'appelle pas Marsé, est engagé par un producteur de cinéma pour écrire le préscénario d'un film tiré du fait divers ci-dessus évoqué. Il aura comme principal informateur l'assassin lui-même, libéré après avoir accompli sa condamnation. Le roman est donc le récit des rencontres quasi quotidiennes que le narrateur-protagoniste a chez lui avec l'assassin libéré. Au cours de ces entretiens, souvent interrompus par les interventions intempestives – très drôles – de la femme de ménage cinéphile de l'écrivain, celui-ci essaiera de démêler l'écheveau bien embrouillé de la mémoire de son informateur, et dont on ne sait trop si elle est vraiment oublieuse ou si c'est lui qui se livre à une manipulation de ses souvenirs. On retrouve dans ce livre tous les thèmes principaux de l'univers de Marsé, ici concentrés autour du cinéma, dont il est un fin connaisseur. On y trouve aussi le petit monde de la Barcelone populaire des années 1940, période la plus noire du franquisme triomphant et vindicatif. Ces années sont celles où se déroulent certains des grands romans de l'auteur, qui n'hésite pas ici à évoquer littéralement quelques épisodes et quelques personnages desdits romans, créant par là chez le lecteur une illusion très séduisante.

01/2018

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Littérature française

Folie meurtrière - Thriller

Une histoire tirée de faits réels, un suspense psychologique d'une noirceur extrême, dense et suffocant, qui repousse les limites du genre. "Folie Meurtrière" nous plonge dans un scénario digne des plus terribles histoires criminelles. Lorsqu'un psychopathe joue au jeu du chat et de la souris avec ses victimes. Un thriller d'une force inouïe. Michel Raymond, est Psychothérapeute installé dans le centre de la France à Châteauroux. Un de ses amis, inspecteur de police lui demande de bien vouloir l'aider sur une affaire sombre qui secoue tout le département et qui n'avance pas malgré toutes les enquêtes menées. Un double crime vient d'être commis puis, plusieurs disparitions autour d'un établissement que fréquente la jeunesse Berrichonne tous les week-ends, très vite les services de police dirigent leurs soupçons vers un sérial Killer déjà connu de leurs services. C'est le début d'un long chemin parsemé de cadavres qui durera plusieurs mois où les pistes vont s'entremêler pour les conduire dans plusieurs directions sans laisser d'indices. Torture psychologique, meurtre déguisé en suicide, abus sexuels... Tout y passera, jusqu'à ce que les deux amis parviennent enfin à découvrir l'horreur extrême. Pourtant, le plus dur commence pour Michel Raymond, qui doit à présent surmonter des menaces de mort et, surtout, accepter l'effroyable vérité : il connaît le commanditaire de ses agressions et de son futur enlèvement qui le conduira aux portes de l'enfer d'où personne ne peut revenir... Daniel Saint-Bonnet ne cesse de faire de nouveaux adeptes de son style percutant, où l'humour et le suspense ne sont jamais gratuits. Pourquoi se laisse-t-on prendre au jeu ? Parce que l'auteur sait toucher nos points sensibles. Existe-t-il un lien entre ces terribles faits divers ? ... On ne vit heureusement pas tout ce que traversent les personnages de ce passionnant ouvrage, mais on pourrait être l'un d'entre eux. L'auteur décrit avec une précision chirurgicale les étapes de la descente aux enfers du héros tel un homme en train de se noyer. Impossible de rester insensible ! Il nous fait trembler dès les premières pages, vous resterez accroché à l'ouvrage jusqu'au dénouement final... A déguster sans modération !

09/2017

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Littérature étrangère

Hwabyeong

Hwabyeong est une hypothèse. Sous couvert d'une nouvelle, une timeline se déroule cherchant sa voie entre réel et fiction, entre mémoire refoulée ou fantasmes sublimés. Hwabyeong est une ligne de feu, une colère froide - à la fois collective et individuelle - serpentant dans les méandres d'un outre-monde en proie au chaos. Hwabyeong est polymorphe et crie de plusieurs voix, un drone en manque de cible remplace le narrateur. Hwabyeong n'est ni une analyse ni une vision surplombante de l'actualité ou de la société, plutôt une immersion subjective dans les reliquats d'un monde en constante évolution. Découpée en trois parties, cette nouvelle fait émerger le quotidien de protagonistes vivant dans les trente dernières années du siècle passé. Témoignant d'une quête amnésique, d'une manifestation sauvage sans réel but et d'une fin post-apocalyptique, cette confrérie de destins éclatés tente de décrire de l'intérieur les entrailles d'un présent de plus en plus opaque, alternant effets de réels et de fiction. Kim Seob Boninsegni a écrit Hwabyeong à la place de publier une monographie. Suivant un fil narratif, ce sont les thèmes chers à l'artiste qui sont développés et exposés au lecteur. Comme à son habitude, Kim s'est entouré de plusieurs voix. Ainsi, l'ouvrage fait intervenir Yvan Alvarez, Luca Beeler, Nicolas Brulhart, Timothée Calame, Eléonore Chalié, Marie Matusz, Léo Bachiri Wadimoff et un anonyme. "Une dent pend d'une gencive défoncée par des années de bruxisme. Une dent étrange, dont la blancheur contraste avec les stries laissées par le tabac sur l'émail de ses congénères. Le dentiste qui transpire à grosses gouttes hésite à l'arracher. De ses deux doigts tremblants il s'essaie à la bouger, voire à la tirer non sans malice. La dent résiste et en tirant plus fort, il actionne la fermeture de la mâchoire qui lui sectionne son pouce et son index à la hauteur des première et seconde phalanges. Au moment d'encaisser la consultation, ses deux doigts emmitouflés dans un pansement réalisé en urgence, le dentiste esquisse un sourire maladroit et grincant : "Celle-ci est pour moi. Ce sera une consultation que le système n'aura pas. ""

03/2017

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Critique littéraire

Andreï Makine, perspectives russes

Ce deuxième livre, issu des Rencontres de la Cerisaie, consacré à Andreï Makine, se penche sur les sources d'inspiration russe du romancier - ce "soil and soul" qui a tant fasciné la critique anglo-saxonne - et propose un contrepoint au premier regard plutôt tourné vers l'Ouest. Il fournit une autre "clé" pour comprendre "la musique d'une vie" qui parcourt toute l'oeuvre et donne une autre version de l'Histoire que celle qui apparaît à première vue. Musique qui prend des résonances multiples pour défier l'imagination et l'esprit critique du lecteur, à l'écoute de la note unique. Chants folkloriques, compositions classiques, liturgiques, qui se doublent d'images et d'icônes ancrées dans la mémoire ancestrale russe... A ces résonances s'en ajoutent d'autres, de nature littéraire. Makine se montre ici le digne fils de Lermontov, de Tolstoï, de Bounine, de Bakhtine, celui qui, au-delà de l'expérience soviétique, se rattache à un idéal d'héroïsme et de progrès se poursuivant a travers une recherche linguistique et poétique et qui s'ouvre sur l'étrange, l'étranger, l'autre, l'illimité... C'est le poète - paysagiste - chantre de l'âme et de l'amour qui domine dans ces pages, celui qui, à l'instar des modèles, ne se lasse pas de sonder la musique des mots, cette musique qui émeut le lecteur et qui fait entrevoir le chemin de l'Etre. Les Rencontres de la Cerisaie (Perche) se consacrent à la découverte d'écrivains européens d'aujourd'hui fortement marqués par les ébranlements culturels et linguistiques du vingtième siècle. Elles favorisent une réflexion sur la recherche identitaire et sur les valeurs culturelles propres à fonder le monde de demain. A cette fin, elles réunissent des chercheurs de l'Est et de l'Ouest de l'Europe pour des journées d'échanges et de découverte. Leur premier livre sur Andreï Makine - La Rencontre de l'Est et de l'Ouest - a été publié par L'Harmattan en 2004. Un troisième ouvrage est en projet ; il permettra de situer Makine par rapport à la grande tradition littéraire russe.

11/2005

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Paranormal, Bit-lit, Science-f

Département des crimes vampiriques Tome 2 : Comment échapper à un vampire

Finn On ne peut pas toujours laisser le passé nous hanter. Malgré le vampire qui me harcèle, je n'ai pas l'intention de quitter le DCV, bien que Marcus et mes collègues ne cessent de me rappeler que je suis le seul humain. Je me suis trop battu pour ma liberté. Et Marcus m'aime pour ce que je suis, même si ça l'agace que je le surnomme MacMordillou. Rester auprès de lui est tout ce qui m'importe, malgré les épreuves. Marcus Lorsque Finn a rejoint le DCV, je ne m'attendais pas à ce que tout change. Maintenant qu'il illumine mes journées, j'ignore comment j'ai pu exister sans lui. Toutefois, avant qu'on ne puisse commencer notre nouvelle vie ensemble, on est chargés d'une enquête qui nous touche de près. Je veux être aux côtés de Finn pour le protéger. Tout ce que je sais, c'est que mon avenir se trouve à ses côtés. Comment échapper à un vampire est le second tome de la série DCV et contient une démonstration de prouesses viriles qui ne se déroule pas comme prévu, une relation hésitante avec un nouvel animal de compagnie, une interférence dans la vie amoureuse d'un Russe narquois, une mauvaise utilisation de fournitures de bureau, un vampire avec un sens de la mode qui tue, mais qui ne sait pas draguer, une absence totale d'anciens pouvoirs de kung-fu, un humain fougueux qui obtient presque toujours ce qu'il veut et un vampire possessif qui l'adore. #Vampire #Humour #MM --- "J'aime le double point de vue qui nous permet de savoir ce que chacun pense. L'humour, le sarcasme et le badinage entre les personnages sont très bien équilibrés et n'enlèvent rien au sérieux du mystère. Il y a eu tellement de fois où j'ai ri si fort que je ne pouvais pas le supporter". Diane Dannenfeldt " Dans ce second livre, j'ai vraiment apprécié de suivre les secrets qui sont découverts. Bien qu'il s'agisse d'un livre drôle (et il l'est), je pense que Alice Winters fait un travail formidable en apportant de la gravité à l'histoire". Joyfully Jay - Goodreads

03/2022

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Littérature russe

Les songes de Tchang

Cette rare nouvelle de Bounine, quasiment introuvable, "Les songes de Tchang", datée d'octobre 1916 fait suite à La Barque à "Un monsieur de San Francisco" (1915). "Chaque être est digne d'attention. ". . , ce sera ici Tchang, vieil ivrogne chien somnolant, compagnon canin du capitaine qui lui sert sa vodka, avec lequel six années durant "il lia sa vie terrestre" . "Six années enfin, c'est beaucoup ou peu ? " , c'est le temps de vieillir ensemble, sans plus voyager, sur terre et non plus sur mer, dans le plus grand dénuement, avant d'avoir à finir ses jours. Ce sera, à la fin, "désormais avec les yeux de la mémoire" que Tchang verra le capitaine, c'est que même, se retrouvant avec son nouveau maître, le peintre ami du capitaine installé dans "un galetas de plus, mais plus chaud, parfumé de l'odeur du cigare, couvert de beaux tapis, garni de vieux meubles, d'immenses tableaux et de précieux brocarts. ". . , il ne l'aura pas quitté. Demain, quel demain ? En cette vie, dormir est un passe-temps. Autant se rendormir. Voici alors que le rêve de Tchang nous est conté, débutant sur le pont d'un bateau, "sur un large fleuve de Chine" ... Il était une fois un jeune chien roux qui eut pour premier maître un Chinois qui le vendit à un jeune capitaine et qui partit avec lui en Russie... pour finir à Odessa. Rêve comme un flash-back cinématographique, images secrètes offertes à notre regard, comme soulevées de terre cependant tout intérieures. Réalité devant laquelle l'exactitude des faits titube, d'un bord à l'autre, l'un dans l'autre le souvenir et le rêve - "rêve ou bien réflexion" , "songe ou réalité" , "yeux de la mémoire" ? Tout cela, en "cette faculté divine" , par et dans les songes, rêve où même quelque chose, outre revenir, peut faire rêver, et comme en cette musique de violons où Tchang ne sait plus lui-même "débrouiller le réel du rêve" . Ivan Bounine reçut en novembre 1933 le prix Nobel de littérature. C'était la première fois que ce prix était décerné à un écrivain russe. Il est mort en exil, alors en France, misérable, sans être rentré en Russie.

02/2023

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Sociologie

La Science et la Conscience

Le regrettable divorce de la science et de la métaphysique a suscité l'école et la méthode dites positivistes. Cette école et sa méthode relèguent les questions d'âme et de corps, d'esprit et de matière, de Dieu et de Providence parmi les problèmes scientifiquement insolubles, et en font un pur objet d'imagination, de sentiment et de foi pour l'âme humaine. Jusqu'ici pourtant, la lutte n'était qu'entre des doctrines, et la pensée s'agitait dans les hautes régions de la métaphysique. On pouvait espérer sauver du naufrage des théories spéculatives certaines vérités d'expérience intime qui ont toujours fait la base des sciences morales, comme le libre arbitre, la responsabilité, le devoir, le droit ; mais il s'agit maintenant d'un débat tout autrement sérieux que le dialogue éternel entre le spiritualisme et le matérialisme. La question n'est plus entre la science et la métaphysique, elle est entre la science et la conscience, entre la science et la morale. Nulle science digne de ce nom ne se borne à l'observation, à l'analyse et à la description des faits ; toutes les sciences, quel qu'en soit l'objet, que ce soit la nature, l'homme ou la société, ne s'arrêtent point dans leurs recherches avant qu'elles n'aient découvert et formulé les lois qui régissent les phénomènes... Que devient l'être moral, l'homme de la conscience avec ses attributs propres, au sein de cette fatalité universelle ? Où est le rôle, où est la place de la personne humaine dans une science naturelle qui explique tout par un concours de forces physiques, dans une science historique qui explique tout par l'action irrésistible des grandes forces naturelles et sociales, dans une spéculation métaphysique qui explique tout par le procès logique des idées ? Que deviennent le libre arbitre, la responsabilité, la moralité, la personnalité de l'être humain, individu, peuple, race, sous l'empire d'une pareille nécessité ? C'est ce que nous allons rechercher à propos des expériences et des conclusions de la physiologie, des théories historiques et des spéculations métaphysiques.

03/2023

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Fantasy

Inanna

" Les histoires, tels des serpents, nous glissent souvent entre les doigts. " Inanna a tout d'une impossibilité. La première Anunnaki de plein sang née sur Terre, dans l'antique Mésopotamie. Couronnée déesse de l'amour par ses douze pairs immortels vénérés dans tout Sumer. Promise à un destin hors du commun. A sa naissance pourtant, la guerre gronde et les Anunnaki, divisés en factions rivales, menacent de tout saccager dans leur conflit. Mariée de force afin de négocier une paix précaire, Inanna comprend très vite que sa nouvelle position la met en grand danger. Gilgamesh, fils mortel d'Anunnaki et séducteur notoire, se retrouve prisonnier du roi Akka, dont l'obsession est d'affranchir son peuple des dieux. Le héros dévoyé se voit cependant offrir une dernière chance de prouver sa valeur. Ninshubar, la fière guerrière, est chassée de sa tribu à cause d'un acte de bonté. Poursuivie par les siens, elle s'enfuit vers l'inconnu en quête d'acceptation et d'une place en ce monde. A mesure que leurs odyssées les rapprochent, tous trois prennent conscience que leurs destins mêlés pourraient bien changer la face du monde à jamais. Dans la lignée de Circé de Madeline Miller et d'Ariane de Jennifer Saint, la sublime réécriture épique d'une des oeuvres littéraires les plus anciennes de l'humanité : l'épopée de Gilgamesh. " Ciselé et élégant, ce roman m'a emportée dans un monde à la fois familier et inconnu - Inanna possède une magie envoûtante unique en son genre. " Claire North, autrice de Pénélope, reine d'Ithaque " Coup de coeur ! Une narration spectaculaire, une prose vibrante et une parfaite maîtrise du récit à plusieurs voix au service d'une histoire réellement captivante. " Joanne Harris, autrice de L'Evangile de Loki " Un récit subtil et envoûtant, mené à un rythme digne de ses racines épiques et alliant avec brio profondeur historique et imagination. Autrice prometteuse, Emily H. Wilson nous offre une formidable réécriture mythologique, porteuse d'un message intemporel sur le pouvoir, l'émancipation et la façon dont sont transmis nos récits culturels. " Lorraine Wilson, autrice de This Is Our Undoing

02/2024

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Photographie

Blind Memory. Des objets de mémoire

Les blockhaus qui jalonnent les plages du mur de l'Atlantique sont autant de vestiges de la Seconde Guerre mondiale et de l'un de ses événements marquants, le débarquement. Ils sont les symboles de la guerre entre la France et l'Allemagne, et de f occupation douloureuse du pays par l'armée du Troisième Reich. Un grand nombre de ces ouvrages, encore visibles le long du littoral, maintient vivante la mémoire de la guerre dans l'esprit des générations actuelles. Pourtant, ils apparaissent aujourd'hui comme les témoins de plus en plus incongrus d'une époque désormais lointaine, même s'ils font l'objet d'une politique "touristique" qui vise à les inclure dans un patrimoine historique commun. L'art photographique en noir et blanc, tel que le conçoit et l'exerce Bruno Mercier, propose une approche esthétique de cette mémoire. Il s'agit pour lui, par la force d'une image toute en contraste et en nuance, de faire revivre la puissance de sens et d'humanité de ces objets étranges. Il en propose une interprétation personnelle, plus ouverte et libre que celle des commémorations officielles. "Ces objets sont fantastiques, dit-il; ils sont là autour de nous, et nous n'y prêtons même plus attention. Ils ont tant à nous dire, niais notre mémoire est aveugle (Blind Memory)". Dans un très beau texte d'introduction, le philosophe Sylvain Lavelle interroge ainsi la question d'une subjectivité de la mémoire, posée par ces oeuvres; mais aussi, peut-être, celle de la part de sensation, d'émotion et d'imagination qu'exige toute tentative de compréhension du vécu d'autres ares humains nous avant précédé dans un moment tragique de d'Histoire. Il ne s'agit pas d'une posture nostalgique qui idéaliserait le passé, c'est Diane tout le contraire... Le résultat du travail de ce duo exigeant, par l'image et par le verbe, vise à faire de ces lieux de mémoire des objets du présent, et même du futur, en nous amenant à leur poser des questions vitales pour noue humanité et notre époque.

03/2014

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Revues

Europe N° 1118-1119-1120 juin-juillet-août 2022 : Ecrivains et reporters dans la guerre d'Espagne ; Georg Lukács

Déclenchée à la suite de la tentative de coup d'Etat des 17 et 18 juillet 1936, la guerre d'Espagne opposa les forces nationalistes dirigées par une junte militaire aus forces du gouvernement légitime de la République, soutenu par le "Freite popular". Bientôt, des milliers d'hommes et de femmes affluèrent du monde entier pour rejoindre les Brigades internationales. Ces volontaires considéraient que se battre pour la République espagnole, c'était se battre pour la survie de la démocratie et de la civilisation contre l'assaut du fascisme. Des écrivains, des cinéastes, des photographes s'engagèrent dans ce combat. Ils le firent par le biais de leur art, par leur soutien apporté aux réseaux d'entraide et parfois en prenant les armes. Des centaines de journalistes et de reporters se rendirent eux aussi en Espagne. En raison de ce qu'ils virent sur place, même ceux qui étaient arrivés sans engagement prédéterminé en vinrent à embrasser la cause de la République assiégée. L'histoire des reporters étrangers en Espagne est fondamentalement une histoire d'hommes et de femmes courageux et compétents. La redécouverte de leurs écrits est hautement significative dans l'histoire de la guerre d'Espagne. Grâce à eux, des millions de gens qui ne connaissaient que peu de choses sur l'Espagne ont senti dans leurs coeurs que la lutte de la République espagnole pour la survie était, d'une certaine manière, leur bataille. Ce numéro d'Europe met en lumière de multiples aspects de ce drame et de nombreuses figures connues ou méconnues qui épousèrent, selon les mots du poète Luis Cerrada, une cause "noble et si digne de lutter pour elle". On voit se faire jour dans ces pages une conception de la culture indissociable d'un sens de la solidarisé humaine. Comme l'écrivait María Zambrano, figure majeure de la pensée contemporaine qui prit le chemin de l'exil en janvier 1939 et refusa de revenir en Espagne du vivant de Franco : "Il ne sert à rien de renoncer à toute action qui modifie l'histoire ou à à prendre une part active ; nul ne nous déchargera d'avoir à la subir"

06/2022

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Histoire de France

Marie-Antoinette la mal-aimée

Tout a commencé par une jeunesse heureuse à Vienne. Née un 2 novembre 1755, " Madame Antoine " pour sa famille, " Marie-Antoinette " pour les Français, est la quinzième enfant de la puissante impératrice Marie-Thérèse d'Autriche qui a patiemment négocié son mariage avec le futur roi de France. C'était en 1770, elle avait quinze ans, un frais visage rose entouré de boucles blondes, une taille faite à ravir, une peau " d'une blancheur éblouissante ", des yeux de porcelaine bleue. Tout a continué tel un conte de fée où la jeune reine de vingt ans, insouciante, trop rieuse, peu instruite tenta d'oublier une ombre à ce rutilant tableau : la non consommation de son mariage avec le Dauphin, d'un an plus âgé qu'elle, le malheureux Louis XVI. Il fallut sept années pour que la reine devienne enfin mère de son premier enfant. Marie-Antoinette se consola de ses difficultés conjugales par des fêtes sans fin, de folles dépenses en toilettes et bijoux, un entourage sans scrupules et une passion pour le Suédois Axel de Fersen, amoureux d'elle, qui tenta tout pour la sauver. Maladroite, elle multiplia les imprudences d'étiquette et financières qui alimentèrent la rumeur et les pamphlets injurieux et obscènes. L'affaire du collier, sombre escroquerie, marqua le tournant fatal. De l'adoration, l'opinion passa à la haine. Et même à la haine de l'Ancien Régime qu'elle symbolisait. On la surnomma " L'Autrichienne ". Elle trahit, dit-on, la France et ose informer Vienne de la politique du roi. Quand la révolution éclata, Marie-Antoinette changea, devenant une vieille femme aux cheveux blanchis par les épreuves. Avec la fuite ratée à Varennes, l'épouvante d'apercevoir sous ses fenêtres à la prison du Temple la tête de son amie la princesse de Lamballe, la mort du roi le 21 janvier 1793, l'enfermement à la Conciergerie où elle ne revit plus jamais ses enfants, son destin devint tragique. La reine changea, se transformant en femme digne dans l'adversité. Guillotinée alors qu'elle n'avait que trente-huit ans, elle est devenue l'objet, aujourd'hui, d'un véritable culte. Serait-elle, avec le temps, le secret remords des Français ?

02/2001

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Histoire et Philosophiesophie

WHY SEX MATTERS. A Darwinian Look at Human Behavior

Why are men, like other primate usually the aggressors and risk takers? Why do women typically have fewer sexual partners? Why is killing infants routine in some cultures, but forbidden in others? Why is incest everywhere taboo? Bobbi Low ranges from ancient Rome to modern America, from the Amazon to the Arctic, and from single-celled organisms to international politics to show that these and many other questions about human behavior largely come down to evolution and sex. More precisely, as she shows in this uniquely comprehensive and accessible survey of behavioral and evolutionary ecology, they come down to the basic principle that all organisms evolved to maximize their reproductive success and seek resources to do so. Low begins by reviewing the fundamental arguments and assumptions of behavioral ecology: selfish genes, conflicts of interest, and the tendency for sexes to reproduce through different behaviors. She explains why in primate species-from chimpanzees and apes to humans-males seek to spread their genes by devoting extraordinary efforts to finding mates, while females find it profitable to expend more effort on parenting. Low illustrates these sexual differences among humans by showing that in places as diverse as the parishes of nineteenth-century Sweden, the villages of seventeenth-century China, and the forests of twentieth-century Brasil, men have tended to seek power and resources, from cattle to money, to attract mates, while women have sought a secure environment for raising children. She makes it clear, however, they have not done so simply through individual efforts or in a vacuum, but that men and women act in complex ways that involve cooperation and coalition building and that are shaped by culture, technology, tradition, and the availability of resources. Low also considers how file evolutionary drive to acquire resources leads to environmental degradation and warfare and asks whether our behavior could be channeled in more constructive ways. Why Sex Matters is a compelling work of biology, sociology, and anthropology and a penetrating study of the deep motivations that underlie individual and social behavior.

01/2000

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Histoire de la philosophie

La vie facile. Une lecture du cynisme ancien

Le cynisme est un mouvement philosophique qui s'est développé en Grèce à partir du IVe siècle av. J. -C. , principalement autour de la figure de Diogène de Sinope, le cynique par antonomase. Souvent perçu comme l'expression d'un naturalisme foncier, ce mouvement a même été défini comme un courant antiprométhéen qui a vu dans le feu civilisateur l'origine des malheurs et des vices des hommes. Forts de ce constat, les cyniques auraient donc proposé un retour à la nature ou une vie selon la nature - une vie kata phusin, pour le dire en grec -, inspirée par le modus vivendi de l'homme primitif et par l'exemple des animaux. Le présent ouvrage soumet à l'épreuve des textes antiques cette interprétation d'ensemble largement répandue du cynisme. Contre l'idée d'une vie selon la nature, il avance l'hypothèse d'une vie selon la facilité comme axe majeur de la pensée cynique : plutôt qu'un naturalisme, la voie cynique constituerait au fond une forme radicale de pragmatisme au sein duquel les dichotomies constitutives de notre pensée - nomos-phusis au premier chef - tendent à se dissoudre en faveur d'une adaptation active aux circonstances. A l'appui de sa démonstration et en amont des textes normalement utilisés dans les études sur le cynisme, notamment les Vies de Diogène Laërce et les Lettres pseudépigraphes des cyniques, cette étude met à profit deux titres de la littérature antique que l'on ne prend pas toujours en considération dans les approches philosophiques de cette " école ", à savoir le Discours VI de Dion Chrysostome et le petit dialogue Le cynique attribué à Lucien de Samosate. Le lecteur trouvera dans ces pages une nouvelle fenêtre entrouverte sur ce phénomène complexe et paradoxal qu'a été le cynisme ancien, à travers laquelle il pourra découvrir que les cyniques, en déjouant les étiquettes d'un système binaire et au-delà de tout dogmatisme, ont appris à vivre une vie facile.

#CultureAntique

11/2021

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Romans policiers

Le prodigieux détective

Ce roman est tout autant un polar historique, voire par certains côtés un western ou un récit d'aventures qu'un Murder Mystery, tel que John Dickson Carr, Agatha Christie, Clayton Rawson ou S. S. Van Dine en écrivaient dans les années 1930. Assurément un " Roman pas policier mais presque... " L'histoire débute aux Etats-Unis, aux alentours des années 1870 pour s'étaler sur près de soixante-dix ans, soit jusqu'au début des années 1940. Des évènements véridiques, dramatiques s'entremêlent à des affaires fictives, la réalité se mêlant à la fiction dans un récit où le polar prédomine. Virgil Lennox, alors jeune homme frondeur et quelque peu esseulé ainsi que son ami fidèle Numaga, un indien recueilli par le père de Virgil, débutent ainsi leur vie puis leur adolescence dans une petite bourgade du Montana, la mal-nommée Perfection. L'endroit se révèle en effet émaillé de crimes, de chausse-trapes et de mystères que Virgil - devenu malgré lui détective amateur après sa rencontre avec le marshal Wyatt Earp et après avoir été frappé par la foudre - s'emploiera à résoudre. Devenu en quelque sorte une gloire locale pour certains, un démon pour d'autres - ses facultés et facilités à résoudre un meurtre font de lui un être résolument à part, " Prodigieux ", avancent même ses plus fervents défenseurs. Au fur et à mesure de l'avancée du roman, Virgil Lennox découvrira l'amour dans les bras de la belle Millie, sera amené à quitter Perfection pour rejoindre San Francisco puis Los Angeles où il oeuvrera dans le monde du cinéma. Il fera ainsi la connaissance des personnalités célèbres de l'époque, Charlie Chaplin, Harry Houdini, etc. , lesquelles auront un rôle à jouer dans son évolution. Parallèlement à ses rencontres, Lennox sera amené à résoudre des crimes dits " impossibles ", type meurtre en chambre close, et continuera son périple à New York où là encore, ses talents de détective feront merveille.

03/2022

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Critique littéraire

Discours. Tome 10, Catilinaires, Edition bilingue français-latin

Que s'est-il passé à Rome, en 63, sous le consulat de Cicéron ? Une fois n'est pas coutume, nous sommes relativement documentés sur la période. Cependant, si Plutarque, Cicéron, Salluste et Dion Cassius nous ont laissé de nombreux témoignages, le débat est loin d'être tranché. Le personnage de Catilina en effet suscité les passions les plus virulentes et les haines les plus coriaces, à commencer par celle de Cicéron. En effet, lorsque ce dernier prononce, en novembre 63, les quatre Catilinaires, le contentieux entre les deux hommes est à son comble. Par trois fois Catilina s'est présenté aux élections, par trois fois, il a été évincé par Cicéron et ses partisans. Attentats, incendies et levées de troupes se multiplient, tandis que Cicéron échappe de peu à l'assassinat, victime d'un complot dont l'auteur serait Catilina. Si ce dernier parvient à s'enfuir, ses comparses sont condamnés à mort en décembre 63. Notre édition rassemble en un volume ce chef d'oeuvre de la littérature politique que sont les Catilinaires. Même si les discours furent rédigés trois ans après avoir été prononcés, Cicéron a su conserver tout le feu de l'improvisation. La première Catilinaire, tenue devant les Sénateurs, s'adresse directement à Catilina et l'enjoint de partir. Le propos de l'orateur est si convaincant que le soir-même Catilina quittait Rome. Devant le peuple au forum, Cicéron justifie sa conduite. La troisième et la quatrième traitent de la peine à appliquer aux complices de Catilina. Les conjurés sont condamnés à mort et Cicéron est salué "Père de la patrie" : la maîtrise, tant rhétorique que politique du consul triomphe. Après un bref éclairage historique, notre édition présente l'histoire des manuscrits. Chaque discours est précédé d'une notice comprenant le plan du texte. L'ouvrage est en outre assorti de notes qui accompagnent et complètent la lecture.

10/1996

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Critique littéraire

A la recherche de Marcel Proust

En 1949, lorsque Maurois publia son livre, Proust ne figurait pas au nombre des carrefours obligés, ceux que nous recommandaient Sartre et Camus, bientôt Robbe-Grillet ; seule Nathalie Sarraute... Ni le communisme en vogue, ni l'existentialisme n'avaient le temps de se rendre à une matinée Guermantes : on avait bien d'autres choses à faire. Le Du côté de chez Proust de Mauriac s'ouvre sur le fameux "ouais, c'était notre jeune homme" soupiré par Barrès à la sortie des funérailles de Marcel, sur les marches de Saint-Pierre de Chaillot. Mauriac, lui, avait dîné en pleine nuit rue Hamelin, devant un spectre oriental dépiautant sur ses draps des cuisses de poulet. Mais Mauriac est trop préoccupé du Christ pour laisser parler l'ceuvre ; Maurois aimait bien le Christ ; ses proches amis chrétiens, parmi lesquels Du Bos et l'Anglais Maurice Baring, le pressaient de faire le saut : c'était mal connaître un homme aussi convenable, aussi peu porté que possible à la galipette théologique, fût-elle la plus humble, la plus sincère, la plus dépourvue de malignité acrobatique à la Chesterton. On sait que la Recherche eût pu s'appeler L'Adoration perpétuelle et que l'écrivain ne fit jamais mystère de ce qu'avait représenté pour lui "l'arbuste catholique et délicieux". Juif par sa mère, catholique par son père (c'est ainsi qu'il se définit lui-même) , il est miraculeusement indemne de cette maladie française où les trois - quarts, pour ne pas dire la totalité des bons esprits de ce pays, ne cessent de tourner le même potage, remugle de fascination et de ressentiment vis-à-vis de l'autel. Proust et Maurois, de ce point de vue, sont tout bonnement libres - on voit très bien cette liberté proustienne à l'oeuvre pendant l'affaire Dreyfus, ne craignant pas la confrontation avec la sphère mondaine, majoritairement anti-dreyfusarde. Michel Crépu.

04/2003

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Histoire internationale

Moi, Sam Begay, homme-médecine Navajo

Depuis plus d'une vingtaine d'années de séjours prolongés chez les Indiens navajos, l'anthropologue de terrain Marie-Claude Feltes-Strigler a tissé les liens étroits avec de nombreux membres du peuple du Diné et notamment avec celui qui est devenu, dans la seconde moitié du XXe siècle, l'un des plus grands homme-médecine navajo : Sam Begay. Ce dernier a accepté de confier sa vision de ce qu'était le monde "avant le début des temps" , les mythes, les valeurs qui régissent la vie quotidienne dans la réserve. L'homme nous rapporte le déroulement de plusieurs cérémonies et rites de guérison qu'il dirige et pratique, donnant ainsi à appréhender cette Connaissance qui se transmet de génération en génération. Sa voix parle de la richesse de sa culture, d'une vie traditionnelle qu'il sent en danger, des maux du monde moderne qui menacent le mode de vie séculaire navajo, tout comme le nôtre. Dans ce voyage au coeur de l'Amérique indienne d'aujourd'hui, dans la Grand Rez de Monument Valley en Arizona, Sam Begay nous fait partager son savoir où se perpétue la mémoire du passé sur laquelle nous pouvons, bien souvent, fonder notre avenir. Sam Begay, (1935-2015), né dans la partie de la réserve navajo située en Arizona, est issu d'une famille nombreuse et traditionnelle. Il est devenu un homme-médecine renommé et respecté, qui a joué un rôle décisif dans l'élaboration du droit coutumier navajo. Son statut d'Ancien et d'homme-médecine ont fait de lui un des principaux interlocuteurs de la nation navajo. Marie-Claude Feltes-Strigler, Maître de conférences à l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, est l'auteur d'une thèse de doctorat, "La Nation navajo - tradition et développement" , ainsi que de divers ouvrages sur les Navajos, d'une histoire des Indiens des Etats-Unis et, dans la présente collection, du livre "Les Indiens osages" ainsi que de nombreux articles sur les nations indiennes.

04/2019

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Histoire ancienne

Brutus. La République jusqu'à la mort

"Toi aussi, mon fils..." C'est à ce cri de Jules César que Marcus Junius Brutus doit sa célébrité. Né vers 85 av. J.-C. , Brutus n'est pas le fils de César, mais celui de sa maîtresse Servilia. C'est un jeune homme brillant que le grand général a pris sous son aile protectrice, le pensant promis à un grand avenir. Pourtant, le 15 mars de l'an 44, Brutus est l'un de ceux qui percent de vingt-trois coups de poignards le corps de César. Les conjurés reprochent à celui qui vient d'être proclamé dictateur à vie d'avoir piétiné une République déjà moribonde au profit de sa toute-puissance. Pire, on le soupçonne de vouloir être fait roi. S'il n'est pas l'instigateur du complot, Brutus en a pris la tête, poussé par les Républicains, en raison de sa réputation d'homme vertueux et de grande rigueur morale. Mais, faute d'un projet élaboré, l'attentat se solde par un fiasco politique. Poursuivi par la haine de Marc Antoine, qui se pose en vengeur de César, Brutus choisit l'exil. Féru de philosophie, ami de Cicéron, Brutus n'aime ni la violence, ni la guerre. S'il fait couler le sang de César, c'est au nom d'un idéal de liberté et de justice. S'il lève des légions avec son complice Cassius, c'est dans l'espoir de rétablir la République d'antan. Mais c'est encore un échec. Brutus meurt en octobre 42 à la bataille de Philippes, défait par Marc Antoine et Octave, le futur empereur Auguste. En tuant César, Brutus a-t-il rendu service à Rome ? Rien n'est moins sûr si l'on en juge par les quinze années de désordre qui ont suivi son geste. Une histoire aux multiples rebondissements entre amitié et trahison, idéalisme et duplicité, que nous racontent Plutarque, Appien, Suétone, Dion Cassius, Nicolas de Damas et Cicéron.

02/2017

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Théâtre - Pièces

Maman

Une pièce de théâtre dont les quatre personnages sont " la femme " , " l'homme " , " le type " et " le gars " . -Premier tableau : Une femme de quarante-cinq ans sort d'un magasin de vêtements pour femmes enceinte dont l'enseigne indique MAMAN et descend le rideau de fer. Elle porte un manteau de fourrure et des talons. Un garçon de vingt ans appelé " le type " rôde autour d'elle et finit par l'aborder : " c'est combien ? " Méprise : elle n'est pas ce qu'il croit. Le dialogue s'engage, par brèves répliques nerveuses, tout à tour fantaisistes, absurdes, émouvantes, tendres, poétiques. On comprend que le type est seul, paumé, enfant abandonné, sans famille, sans mémoire claire de son passé. -Deuxième tableau : la femme dine avec son mari, appelé " l'homme " . Intimité d'un couple usé, qui ne parvient plus vraiment à se comprendre depuis un drame lointain que la banalité quotidienne de leurs échanges leur permet de ne pas aborder. Elle lui propose d'adopter un adulte, et pourquoi pas ce type rencontré plus tôt ? -Troisième tableau : L'homme et la femme attendent devant le magasin, espérant que le type repasse par hasard sur le même chemin. Se promène un homme appelé " le gars " , qui prend à son tour la femme pour une prostituée et son mari pour son mac. Décidément ! Le gars s'éloigne, le type arrive, le gars revient, on passe de la valse à deux temps à un trio puis un quatuor,. Tout se met en place peu à peu : ce qui s'est produit il y a vingt ans avec cet enfant conçu puis perdu lors d'une agression atroce, et ce qui se passe là comme une réparation... La femme propose au type de venir faire famille avec eux, pour qu'ils se tiennent chaud tous les trois. -Quatrième tableau : les jours passent, le type n'appelle pas... Viendra-t-il ?

09/2021