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Lulu Lima

Extraits

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Sciences historiques

J'arrive où je suis étranger

J'ai appris à l'âge de 16 ans qu'un jour je ne verrais plus. Quand exactement devais-je connaître la nuit ? Personne n'en savait rien. Mais mon destin était scellé, de par ma naissance. C'était comme un sort qui m'avait été jeté, en pleine adolescence, sous le sceau de l'injustice. Pourtant, j'ai décidé de ne rien en dire, pas même à mes parents ou à mes amis. Qu'allais-je devenir ? Vers quel futur me projeter ? Habité par l'angoisse de ce naufrage annoncé, j'ai longtemps cherché mon chemin. Je me demandais que faire de ma vie, quel métier choisir. Un jour, j'ai même frôlé la mort, par distraction. Ainsi ai-je dû avancer vers le monde inquiétant des ombres et du brouillard perpétuel. C'est ce voyage contraint et forcé - inexorable - que j'essaie de raconter ici, tel un explorateur à la découverte d'un pays dont on ne revient pas. On lira le récit de ces quelque trente années de périple, jalonné certes de moments de dépression et d'amertume mais aussi de rebondissements joyeux, voire de petits triomphes. Animé par la rage de vaincre et l'amour des miens, je me suis trouvé une route à tâtons. En me cherchant, je suis devenu chercheur. J'ai mis au centre de ma vie la volonté de comprendre les conduites humaines, que les individus se grandissent dans la résistance ou s'avilissent dans la barbarie. Cette passion pour l'homme m'a véritablement "porté". Elle m'a entraîné à mobiliser toutes mes forces et mes facultés intellectuelles pour "lire", enquêter, voyager, écrire, enseigner. D'où ce parcours qui m'a conduit de la Sorbonne à Harvard puis au CNRS et à Sciences Po. Désormais, je vous écris depuis ces contrées lointaines de la Grisaille, où je me sens étranger. J'y ai pourtant pris mes petites habitudes. On me demande souvent : "Mais comment vous débrouillez-vous ?" De cette métamorphose, je souhaite aujourd'hui témoigner, après des années de silence et de combat. Maintenant, quel paradoxe, j'ai le sentiment d'y voir un peu plus clair !

09/2007

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Philosophie

L'EXPERIENCE DE LA LECTURE. Tome 1, La soumission

"Ce qui est risible, c'est la soumission à l'évidence du sens, à la force de cet impératif : qu'il y ait du sens, que rien ne soit définitivement perdu par la mort, que celle-ci reçoive sa signification encore de "négativité abstraite", que le travail soit toujours possible qui, à différer la jouissance, confère sens, sérieux et vérité à la mise en jeu. Cette soumission est l'essence et l'élément de la philosophie, de l'onto-logique hegelienne." Ces mots de Jacques Derrida ont fourni son titre au premier volume de L'expérience de la lecture. La soumission, qui montre que la tradition des métaphysiques occidentales a refoulé une théorie de la lecture, permet au moins trois parcours. Soit le lecteur assimilera cet essai à une longue note ajoutée au texte de Jacques Derrida qui a démontré que l'écriture a toujours été considérée comme seconde par rapport à la parole, elle-même premier signifiant d'un signifié transcendantal et qui a constaté que la lecture a été tenue pour un mode dérivé et imparfait de l'écoute et/ou de la vue. Soit le lecteur lira La soumission comme une approche généalogique ou a-généalogique de cette conception logocentrique de la lecture qui est tout d'abord analysée dans les textes de Platon, figure inaugurale de la métaphysique occidentale. Puis, dans les textes de Heidegger qui, à la fois répète la tradition occidentale et l'ouvre à son autre. Des textes de Descartes, Kant et Hegel sont convoqués pour montrer la filiation de Heidegger à une tradition qu'il ébranle néanmoins. Aux côtés de Heidegger apparaît Freud qui, lui aussi, dans le champ de la psychanalyse, met en évidence les présupposés métaphysiques relatifs à la lecture tout en ne pouvant éviter de les répéter. Quant à Levinas, bien qu'il apporte la richesse de la tradition hébraïque, il se voit néanmoins confronté aux apories d'une théorisation de la lecture prenant en compte la différence sexuelle. Soit, enfin, le lecteur tiendra ce livre pour un commentaire un peu long du court texte de Heidegger : Qu'appelle-t-on lire ?

10/1998

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Religion

Epître aux Romains

Le commentaire de l'épître aux Romains paru au début de la guerre et très rapidement épuisé attend déjà depuis longtemps une réédition. Le texte du Père Huby garde toute sa valeur. Ce qu'un juge particulièrement impartial en la matière, M Goguel, a écrit du commentaire sur les épîtres de la captivité vaut certainement et à plus forte raison de celui sur l'épître aux Romains : il ne craignait pas de dire son "admiration pour la manière dont l'auteur s'était acquitté d'une tâche délicate en évitant à la fois deux écueils opposés, la superficialité d'une exégèse banalement édifiante et l'aridité d'une présentation trop technique". Il reste, le lecteur désire connaître la pensée du "maître", non celle d'un autre, fût-il un de ses disciples. Nous nous sommes donc décidés à reproduire sans changement le texte même du Père Huby et à présenter en appendice une série de notes destinées soit à compléter les indications bibliographiques soit à suggérer une explication différente. En ce qui concerne notamment l'exégèse de Rom, v, 12 et suiv, le Père Huby nous a dit lui-même avant sa mort que, s'il avait un jour à préparer une nouvelle édition, il adopterait sans aucun doute une autre interprétation. L'importance théologique du problème nous a contraints de dépasser les limites d'une simple annotation et de publier cette note à part : elle constitue l'appendice II. Ailleurs, nous ignorons si l'exégèse que nous proposons lui eût agréé. Elle a souvent été discutée et développée en divers articles parus dans Biblica et Verbum Domini, auxquels nous nous sommes permis de renvoyer le lecteur. Si nous n'avions craint d'allonger encore le présent volume, nous aurions aimé ajouter une notice biographique. On lira l'article qu'au lendemain de la mort du Père lui a consacré le Père René d'Ouince dans les Etudes d'octobre 1948, et les notes intimes, brèves, mais si émouvantes, que vient de publier la revue Christus (n° 7, juillet 1955). A leur lumière, on comprendra mieux sans doute comment le Père Huby savait allier exégèse scripturaire et théologie spirituelle.

01/1957

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Photographie

Annie Leibovitz. The early years, 1970-1983, Edition français-anglais-allemand

Depuis plus d'un demi-siècle, Annie Leibovitz est l'auteur de photos qui décrivent la culture de leur époque. Ses portraits de politiciens, d'artistes, d'athlètes, d'entrepreneurs et de têtes couronnées composent une galerie de notre temps, imprimée dans notre conscience collective autant par la singularité de ses sujets que par le style inimitable de Leibovitz. Catalogue de l'installation présentée par la Fondation LUMA, à Arles, Annie Leibovitz : The Early Years, 1970-1983 revient sur les origines de Leibovitz. Il commence par une révélation artistique : un cliché pris sur le vif, celui qui lui a donné à penser qu'elle pourrait étudier la photographie plutôt que la peinture au San Francisco Art Institute. Ce recueil, composé personnellement et avec le plus grand soin par Leibovitz, présente ensuite des planches contact et des Polaroid qui racontent de façon saisissantune époque charnière et la formation d'une jeune artiste. Les séries de photos presque documentaires que Leibovitz publie dans Rolling Stone, où elle commence à travailler alors qu'elle est encore étudiante, rendent compte d'événements politiques, culturels et contre-culturels aussi exaltants que les manifestations contre la guerre du Vietnam, le lancement d'Apollo 17, la campagne présidentielle de 1972, la démission de Richard Nixon en 1974 ou la tournée des Rolling Stones en 1975. A cette période, comme encore aujourd'hui, Leibovitz gagne la confiance des célébrités et des puissants, si bien que les pages du livre s'animent de visages connus, parmi lesquels Mohammed Ali, Mick Jagger, Keith Richards, Ken Kesey, Patti Smith, Bruce Springsteen, Joan Didion et Debbie Harry qui côtoient John Lennon et Yoko Ono, immortalisés dans une étreinte devenue iconique, quelques heures à peine avant l'assassinat de Lennon. D'un bout à l'autre du livre, portraits et reportages sont ponctués d'images de voitures, de ses trajets et même d'une série sur les patrouilleurs d'autoroutes en Californie. A bien des égards, il s'agit d'une célébration de la vie nomade, avec ses cadences effrénées, ses rencontres impromptues, ses fenêtres méditatives. Elles forment aussi des archives précieuses témoignant d'une époque révolue et montrant la maturation d'une jeune photographe au sein d'une culture elle-même en transition.

10/2018

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Thaïlande

Thaïlande

Des temples scintillant d'or et la cuisine de rue à Bangkok, les ruines imposantes d'Ayutthaya, l'ancienne capitale du royaume de Siam, la plage paradisiaque de Ko Phi Phi rendue célèbre par Leonardo DiCaprio ou encore l'île de James Bond. La fête permanente sur Phuket et la détente dans des hamacs sous l'ombre projetée par les palmiers de la côte est du golfe de Thaïlande. L'étonnant monde sous-marin de la mer d'Andaman avec les poissons multicolores des récifs coralliens. Les emplettes aux marchés flottants originaux, des cours de boxe thaïlandaise, un bain avec un éléphant et le trekking dans la jungle. L'harmonie de saveurs de la cuisine thaï - le très connu "pad thaï" , la soupe piquante-aigre "tom saep" , des crevettes au curry, des salades fraiches "yam" arrosées de jus de lime et du riz sucré avec de la mangue. Découvrez la Thaïlande avec ce guide complet. Notre guide 3 en 1 vous aide à découvrir tous les attraits de la Thaïlande, le pays du sourire. GUIDE : - 11 itinéraires de visite passionnants - descriptions complètes de 109 sites touristiques thaïlandais - cartes indiquant l'emplacement de tous les sites traités, par exemple la ville de Bangkok, les vestiges antiques d'Ayutthaya, l'île de Phuket et l'archipel de Ko Phi Phi - contenu touristique riche : histoire, culture, cuisine - anecdotes insolites et propositions pour les plus actifs - photos en couleurs de tous les coins du pays - idées d'itinéraires élaborés, possibilité de préparer ses propres excursions. ATLAS : - atlas détaillé de toute la région présentée à la fin du guide - attractions touristiques (décrites dans les chapitres) indiquées et numérotées dans l'atlas - informations cartographiques préparées avec soin, très utiles pendant le voyage - tableau d'assemblage facilitant l'orientation et légende à portée de main - index des localités. CARTE : - carte laminée, pliable, conçue spécialement pour ce guide - grand format à l'échelle 1 : 1 650 000 - plans supplémentaires de Bangkok (1 : 21 000), de Chiang Mai (26 : 000) et Chiang Rai (1 : 20 000) - durable et résistante aux conditions climatiques - contient toutes les attractions touristiques décrites dans le guide - index des localités.

03/2023

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Récits de voyage

Le voyage rêvé de Balzac. Écrits et gravures d'Extrême-Orient

Un ouvrage fondamental sur les rapports du romantisme et de l'Orient, vus par Balzac et son ami illustrateur. A l'occasion de l'exposition Borget au Musée Bertrand de Châteauroux (avril-juillet 2023), Le Passeur consacre un ouvrage à Borget et au récit de son voyage en Chine, jamais réédité depuis 1842. Au printemps 1836, Auguste Borget, qui a été l'élève de Théodore Gudin, s'embarque au Havre pour un tour du monde, à la recherche de paysages neufs. Après New York et ses environs, il traverse l'Amérique du Sud, puis le Pacifique, et va passer un an sur les côtes de Chine, à une époque où peu de personnes y ont encore pénétré. A Hong-Kong, Canton, Macao, il dessine et observe. Chassé de Chine en juillet 1839 par la première guerre de l'opium (trafic dans lequel il a peut-être trempé), il gagne les Philippines puis les Indes, lorsque la maladie l'oblige à interrompre son voyage et à regagner la France, ses cartons pleins de centaines de dessins, dont il tirera désormais la matière de ses tableaux, exposant régulièrement au Salon de 1841 à 1859. En 1842, il publie un superbe album de 32 dessins lithographiés, La Chine et les Chinois, où ses dessins sont accompagnés d'un texte passionnant, peignant la Chine par les mots, restituant le spectacle de la rue, les habitations de bateaux, les moeurs et la vie quotidienne des Chinois. A la suite de ce vivant témoignage, on lira les quatre articles peu connus que Balzac a consacrés au livre de son ami : " Un Français en Chine ! un artiste ! un observateur ! [... ] C'est un garçon parti de la contrée la plus immobile et la moins progressive de France, un peintre de paysage né à Issoudun, en plein Berry. [... ] bien des femmes y mourront sans vouloir croire qu'un Berrichon ait vu la Chine ". Puis une autre rêverie asiatique de Balzac, Voyage de Paris à Java (1832). Le volume, introduit par une esquisse biographique de Borget, est complété par l'étonnante correspondance entre Borget et Balzac.

04/2023

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Littérature française

Dans la prison de mes souvenirs

"Charles Baron a été l'une des grandes figures de la mémoire de la Shoah, très tôt investi dans des associations et auprès des jeunes. Il présentait ainsi son livre dans sa première édition restée confidentielle : A partir des nombreux témoignages que j'ai pu faire dans les écoles au contact de notre belle jeunesse, j'essaie de donner une impression de l'enfer que j'ai vécu durant les trente-deux mois de captivité dans l'univers concentrationnaire, dans lequel règnent l'arbitraire et le sadisme, où la violence et la mort sont omniprésentes. Sa voix portait d'autant plus auprès du jeune public que Charles a été déporté à 16 ans et deux mois, le 18 septembre 1942. Sans qu'alors il le sache, les nazis avaient déjà fait de lui un orphelin : ses parents, victimes de la rafle " du Vél' d'Hiv' " (16-17 juillet 1942), ont été assassinés à Auschwitz avant même son arrestation. Son parcours de déporté est impressionnant, avec pas moins de neuf camps différents. Charles a fait partie des Juifs accaparés par l'industrie de guerre et d'armement du IIIe Reich en manque de main-d'oeuvre, lors d'un arrêt de son convoi, le no 34, à Cosel. La description des camps de travail forcé qu'il nous rapporte, mettant en lumière leur fonction-nement et leur diversité à travers ses cruelles expériences, est un apport fondamental à la connaissance de l'univers concentrationnaire nazi. Entre les camps de Silésie et ceux de Bavière où il a été transféré, Charles a également été détenu au camp d'Auschwitz II-Birkenau. Tatoué A17594, il y végète trois mois à la quarantaine, où il échappe de peu à deux sélections pour la chambre à gaz. Exceptionnelle aussi est sa sortie de l'enfer des camps nazis, fin avril 1945, avec la réussite de son évasion dont on lira ici la version détaillée écrite peu après son retour à Paris, le 18 septembre 1945. Avec ce témoignage d'une grande probité, Charles Baron prolonge son exhortation à la jeunesse afin qu'elle puise dans la mémoire des rescapés les ressorts du combat quotidien pour la liberté et la sauvegarde de l'humanité."

02/2024

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Littérature française

Une fille sans histoire

Tant de fois elle avait tremblé à l'idée de se fendre en deux morceaux avides d'en découdre. La France et l'Algérie. Un temps, elle avait cru trouver refuge à l'école, là où l'Histoire, quand elle est insoutenable, n'est pas écrite dans les manuels. Elle n'y avait pas appris pourquoi, lorsque la mère donnait le nom du père, les lèvres se scellaient, les regards se troublaient, les mots sifflaient. Elle n'y avait rien entendu sur presque un siècle et demi de colonialisme. Et sa mère, elle-même, l'avait si tôt encouragée à oublier, caressant ses tempes et baisant ses mains chaque fois qu'elle triomphait de l'angoisse. Fille d'un Algérien et d'une Française, née en France pendant la guerre d'Algérie, Lil croit d'abord qu'elle n'a pas d'histoire puisque personne ne prend la peine de la lui raconter. Un moment tentée de l'abandonner, elle décide finalement de l'apprivoiser et apprend peu à peu à dire "je" . Ce roman est le tout premier de Tassadit Imache, paru pour la première fois en 1989 chez Calmann-Lévy. Elle en a ensuite publié sept autres, dont Le Dromadaire de Bonaparte (Actes Sud, 1995), Presque un frère (Actes sud, 2000), Des coeurs lents (Agone, 2017), Fini d'écrire ! (Hors d'atteinte, 2020) et Le Voyage empêché (Hors d'atteinte, 2023). Fille d'Ali et de Huguette, qui se sont rencontrés à l'usine, Lil s'appelle en réalité Lila, ce qui sonne moins français. Sa mère fait face à la misère et au racisme, à la fatigue et à la maladie ; son père, usé par l'usine et l'injustice, sombre peu à peu dans l'alcool et la haine. Lil, elle, chemine entre les bars où l'emmène son père et les lieux d'accueil pour enfants. Elle y apprend le partage, la culture, la solidarité. Elle se croit d'abord sans histoire, puis voudrait s'en débarrasser. Finalement, elle se vit comme l'enfant assumée d'un métissage, d'une histoire apprivoisée.

04/2024

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Comics Super-héros

Venom : L'intégrale. 1984-1991

Quand Spider-Man se trouve un nouveau costume au cours des Guerres Secrètes, il ignore qu'il s'agit en fait d'un symbiote extraterrestre, qui se liera par la suite au journaliste Eddie Brock pour devenir Venom, l'un des anti-héros les plus populaires de l'univers Marvel ! Mais la route est longue pour atteindre ce statut, et Venom commence par être l'ennemi juré du Tisseur. Nouvelle collection dans la gamme INTEGRALE pour l'un des personnages les plus plébiscités de l'univers Marvel depuis 40 ans, et maintenant star de deux films à succès. Les épisodes recueillis ici sont pour l'essentiel tirés de la série Amazing Spider-Man, mais notons la présence d'une longue histoire de 60 pages jamais publiée en France, alliant les Avengers à Venom !

03/2023

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Asie du sud-est

Les sultanats du Sud philippin. Une histoire sociale et culturelle de l’islamisation (XVe-XXe siècles)

Frontière orientale du monde islamisé, le Sud philippin a accueilli, entre le XVe et le XXe siècle, deux sultanats (Sulu et Magindanao-Buayan) ainsi qu'une confédération musulmane (Pat a pengampong ko Ranao). Cet ouvrage retrace l'émergence de ces entités politiques islamisées, en s'attachant à l'étude des changements sociaux et culturels induits par l'adoption de l'islam, religion universelle, aux confins de l'Asie du Sud-Est. L'islam philippin y est abordé à partir des textes produits par ces sociétés islamisées. Ces textes mettent en évidence la circulation d'une culture cosmopolite malaise dans le Sud philippin ainsi que les spécificités locales d'un islam indigénisé. Visiter la tombe d'un saint, composer et transmettre une généalogie, ou encore copier un manuscrit sont des pratiques qui organisent le territoire, la société et le temps des musulmans philippins. C'est ce que montre cet ouvrage, qui s'intéresse tout aussi bien à l'histoire qu'à la mémoire culturelle de l'islamisation. En suivant les mythes et les épopées des Tausug, des Magindanao et des Maranao, il éclaire la façon dont les populations des sultanats articulèrent l'islam aux croyances et pratiques préexistantes, dans un système d'une grande cohérence. A propos de l'Auteur Elsa Clavé est enseignante-chercheuse à l'université de Hambourg, au sein du Centre d'études des cultures manuscrites (CSMC) et chercheuse associée au Centre Asie du Sud-Est (CASE). Ses recherches portent sur l'histoire sociale et culturelle du monde malais (Indonésie, Malaisie, Philippines), en particulier l'histoire des représentations, et sur les relations entre histoire et mémoire. Sommaire Avertissement Abréviations INTRODUCTION 1. Territoire et populations du Sud philippin 2. Les Philippines dans les réseaux commerciaux 3. L'islam dans les études philippines 4. Penser l'islamisation, conceptualiser la malayisation 5. Une approche interdisciplinaire Chapitre 1 : Présentation des sources 1. Sources locales 2. Sources étrangères Chapitre 2 : Population, territoire et administration des sultanats 1. Migrations et composantes ethniques 2. Organisation territoriale des entités politiques 3. Aristocratie et administration malaises et indigènes Chapitre 3 : Développement d'une culture écrite 1. Langue malaise et langues locales 2. Lois coutumières et droit musulman 3. Corans, sermons, textes de dévotion et de mystique Chapitre 4 : Pouvoir et légitimité politique au sein des sultanats 1. Objets de pouvoir 2. Narrations de pouvoir 3. Centres de pouvoir Chapitre 5 : Analyse des mythes de fondation 1. La question de la circulation des textes 2. Une structure mythique préislamique Chapitre 6 : Distanciation et changement de rapport au monde malais 1. La fin d'un âge de commerce 2. La construction des Etats modernes et le détournement de l'héritage malais CONCLUSION Bibliographie Annexes Index Table des cartes et figures Table des matières

02/2022

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Histoire internationale

Les guerres d'Afrique. Des origines à nos jours

Extrait Introduction Le long déroulé de l'histoire du continent africain est rythmé par une succession de guerres. Les plus anciennes sont figurées sur les parois peintes du Sahara et de l'Afrique australe ; les plus récentes font l'actualité, de la Libye au Kivu et de la Somalie au Mali. Ce livre qui ne peut naturellement prétendre à l'exhaustivité est construit autour de quatre grandes périodes : les guerres dans l'Afrique précoloniale, lors de la conquête européenne, à l'époque coloniale et aujourd'hui. 1. Dans l'Afrique d' "avant les Blancs" , et sous l'impulsion des Jihads, tout l'arc sahélien, depuis le Sénégal jusqu'au Soudan, subit une profonde mutation, la guerre religieuse servant de paravent aux sultanats nordistes qui s'étendirent aux dépens des Etats et royaumes animistes. En Afrique centrale et australe, la guerre fut créatrice d'empires, qu'il s'agisse des royaumes Luba, Lunda, Shona ou Zulu. En Afrique orientale, l'impérialisme guerrier et commercial zanzibarite précéda l'expansion européenne et il s'étendit vers l'Ouest, jusqu'au centre de la forêt congolaise, bouleversant les rapports de force et entraînant la mutation de nombre de sociétés. 2. Avec la conquête coloniale, les Afriques furent confrontées à la modernité européenne. A l'exception de l'échec italien en Ethiopie, les guerres y tournèrent toutes à l'avantage des colonisateurs, même si, ici ou là, des batailles retardatrices furent occasionnellement remportées par les Africains. 3. Durant la période coloniale, l'Afrique connut les deux conflits mondiaux. La parenthèse impériale fut ensuite refermée sans affrontements majeurs, sans ces combats de grande intensité qui ravagèrent l'Indochine. Les guérillas nationalistes n'y furent jamais en mesure de l'emporter sur le terrain, pas plus en Algérie que dans le domaine portugais - à l'exception peut-être de la Guinée-Bissau -, ou encore en Rhodésie. Partout, la décolonisation fut un choix politique métropolitain ; elle ne fut nulle part imposée sur le terrain. 4. Après 1960, l'Afrique fut ravagée par de multiples confits qui firent des millions de morts et des dizaines de millions de déplacés. Alors que jusque-là le coeur de la confrontation entre les deux blocs avait été l'Asie (Chine, guerre de Corée, guerre d'Indochine puis du Vietnam, etc.), l'Afrique devint à son tour une zone disputée, tant au Congo que dans la Corne ou dans le cône sud. Après la "guerre froide" , l'Afrique redevint l'actrice de sa propre histoire. Tous les placages idéologiques et politiques qui lui avaient été imposés depuis des décennies volèrent alors en éclats et le continent s'embrasa. Durant la décennie 2000-2010, 70% des décisions de l'ONU et 45% des séances du Conseil de sécurité furent consacrées aux conflits africains.

05/2013

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Psychologie, psychanalyse

Derives perverses dans le couple et blessures d'enfance

Comment deux êtres sont-ils attirés l'un par l'autre au point de n'avoir qu'un désir : celui de ne faire qu'un ? Comment après im amour fou en viennent-ils à s'infliger des souffrances intolérables ? Notre questionnement porte sur ces dérives qui peuvent prendre la voie de la perversion narcissique. En fait, la vie conjugale répète quelque chose de central mais d'anachronique survenu dans un temps révolu où l'emprise a joué un rôle central. C'est que le lien primaire a une incidence impressionnante sur l'intersubjectivité du couple, surtout quand les partenaires n'ont pu en faire le deuil. Ces dérives concernent l'incestuel et le meurtriel qui en est sa forme la plus sévère. Si l'incesauel effracte les limites, le meurtriel sise à les an éanèr A travers des exemples, nous avons pu mesurer les difficultés insurmontables de certains couples, par exemple celle où l'un des partenaires occupe la place d'un moi auxiliaire comme une mère le ferait avec son bébé incapable de se débrouiller seul. L'empiétement des espace personnels est tel que tout semble confondu. Les partenaires oscillent entre claustrophobie et agoraphobie dans un lien paradoxal infernal où alternent amour et haine. Il s'agit bien souvent de se venger sur le ou la partenaire des attaques subies dans l'enfance de la part d'un parent sans scmpule. L'enfant d'alors n'a pas pu se défendre en mima de l'amour et de l'idéalisation portés au parent abuseur. Enfin, dans le meurtriel à défaut de séduction, la dérive narcissique corugale oscille entre survivance et anéantissement La relation relève alors du registre narcissique, la sexualité passant alors au second plan Qu'en est-il alors des capacités du couple à engendrer et de l'accès à la parentalité? Il faut en effet compter avec le rôle des imagos terribles qui peuvent avoir un impact puissant sur la capacité à procréer. Le désengerdrement et l'auto-engendrement sont parfois les seules issues permettant de se libérer d'une relation aliénante à ces imagos. Le travail psychanalytique avec ces couples a pour but soit de mettre un terra à leur souffrance et permettre de sortir de la paradoxalité par un travail de séparation, soit d'ouvrir sur une transformation, une autre forme d'existence à deux.

05/2019

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Romans historiques

Fenia, ou l'Acteur Errant dans un siècle égaré

A la fin de XIXe siècle, les Doukhobors, secte chrétienne communiste et pacifiste, sont persécutés par le tsar. Lev Tolstoï finance leur émigration vers le Canada, qu'organise son disciple Leopold Soulerjitski. Lors d'une escale, une fillette égarée d'un autreexode est adoptée par l'infirmière du bord et prend le nom de Fenia Koralnik. Pour échapper aux pogroms qui se multiplient, nombre de juifs fuient l'Empire russe. Parmi eux, Jacob "?Yankele?" Adler, le Grand Aigle du théâtre yiddish d'Odessa, qui s'en ira aux Etats-Unis constituer le socle de ce qui deviendra le théâtre de Broadway. Constantin Stanislavski et Vladimir Nemirovitch Dantchenko ont fondé le Théâtre d'Art de Moscou, au rayonnement international. Mais à théâtre nouveau, il faut un acteur nouveau, répondant à des exigences professionnelles autant qu'éthiques. Ainsi naît le Premier Studio, sous la houlette de Stanislavski et Soulerjitski. Une épopée fabuleuse pour ces jeunes studistes, au nombre desquels Fenia Koralnik. Ils vont connaître les prémices de la célébrité, traverser la révolution de 1905, la Première Guerre mondiale et la Révolution d'Octobre, accrochés à leur idéal. Les uns resteront en URSS et subiront la glaciation stalinienne? ; les autres entrelaceront leurs errances, Constantinople, Berlin, Paris, Londres, Riga ou Prague, souvent à la limite de la misère. Plusieurs émigreront aux Etats-Unis, où, à travers l'American Theatre Lab, le Group Theatre et l'Actors Studio, ils donneront naissance au prototype de l'acteur moderne et formeront nombre de monstres sacrés du théâtre et de l'écran. L'auteur, à travers le regard de Fenia, retrace le parcours erratique des plus importants, Jacob Adler et sa fille Stella, Richard Boleslavski, Michaël Chekhov, Maria Ouspenskaïa... Nous croisons et recroisons Maxime Gorki, Isadora et Lisa Duncan, Evgueni Vakhtangov, Vsevolod Meyerhold, Lénine et son Commissaire à la Culture Lounatcharski, Olga Tschekowa, star adulée par les dirigeants nazis et sans doute espionne de Staline, Louis Jouvet, Max Reinhardt, Lee Strasberg, Bobby Lewis, Lev Theremin, génial inventeur de la musique électronique et "?hôte?" du premier cercledu goulag, Elia Kazan, Yul Brynner, Marlon Brando, Marilyn Monroe et bien d'autres... D'Odessa à Broadway et Hollywood, une traversée épique du siècle et des continents, une lecture, par cet Acteur Nouveau, d'un monde et de ses utopies devenues souvent cauchemars. Unesaga passionnante? ; enrichissante aussi, tant l'idéal de ces acteurs et pédagogues tranche sur les aspects égotique et commercial sur lesquels se focalisent les médias.

01/2018

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Théâtre - Essais

La scène aux ados 16

Les petites braises (Céline De Bo) Un soir, en rentrant chez ses parents, Marcia-Lisa surprend sa mère embrassant fougueusement dans la rue un homme qui n'est pas son père. De colère, elle s'empare de ses bombes de couleurs et va peindre un mur de l'école. Ce dessin va ébranler le quotidien de l'institution et faire s'interroger les jeunes sur cette chose étrange : être amoureux. HeLa (Aliénor Debrocq) En 1920 en Virginie, naît une petite fille dont les cellules vont révolutionner l'histoire de la médecine, même si son identité sera longtemps occultée. Cent ans plus tard, une journaliste se met en quête de retrouver sa trace, télescopant passé et présent, ségrégation raciale et désir de liberté... Qui dont était Henrietta Lacks ? #70's (Stéphane Hervé) Alice perd la mémoire. Plume, sa petite-fille, et ses amis ont une idée : recréer un morceau de son passé dans les années 70 en guise de thérapie pour lutter contre les souvenirs perdus. En plongeant dans la vie d'Alice, ses combats, ses amours, sa farouche liberté, le rock and roll, ils vont revisiter une époque, les Seventies. On ne confine pas un mythe. Ulf, l'ours, la friterie, la forêt (Céline Lefèbvre) Un zoning désaffecté, une forêt sauvage et, entre les deux, une friterie où vivent sept enfants abandonnés. Le dernier, Ulf, ne se laisse pas marcher sur les pieds. Face à la dictature fraternelle, il fuit dans la forêt où un ours zone. Il est dangereux, dit-on. Mais Ulf s'en moque. Il va donc suivre le chemin de l'ours, sombre et tortueux. Sortir, peut-être (Didier Poiteaux) – La vie de château, ce n'est pas ce qu'on croit. Surtout pour des personnages de théâtre enfermés là parce que plus personne ne les convoque sur scène. De la buanderie à la bulle à verre, on découvre ceux et celles qui espèrent ou se désespèrent, qui rêvent d'évasion ou de changer de rôles. Huis clos ludique ou allégorie de nos vies confinées ? Le piano du Congo (François Salmon) 1955, en amont de Léopoldville, un bateau remonte le fleuve. A son bord, un piano. C'est ce piano, revenu du Congo belge avec ses grands-parents, que Myriam décide de vendre aujourd'hui. Mais ce ne sera pas si facile : au plus profond de l'instrument résonnent des secrets de famille auxquels il faudra bien tendre l'oreille.

06/2021

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XXe siècle

Filles d'un temps nouveau

L'affirmation de la place des femmes au coeur de l'Allemagne de l'entre-deux-guerres Hambourg, 1919. Tandis que l'Europe se relève avec peine de la guerre, un vent d'espoir et de folle liberté souffle sur une nouvelle génération née avec le siècle. Issue de la bourgeoisie, la jeune Henny embrasse la carrière de sage-femme, aux côtés de Käthe, fervente militante communiste. Elles croiseront Ida, riche aristocrate à l'âme rebelle, et Lina, farouchement libre et anticonformiste... Rien ne les destinait à se rencontrer, et pourtant les quatre jeunes femmes vont nouer une amitié indéfectible dans la folle ambiance des années 1920. Mais, très vite, la joie laisse place à des moments plus sombres, et leur sororité devra survivre à l'inexorable marche de l'Histoire. Une fascinante saga qui dessine en filigrane l'histoire d'une génération marquée par un siècle de guerres et de chaos. Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine. A propos de l'autrice Carmen Korn, fille du compositeur Heinz Korn, est née en 1952 à Düsseldorf. Après une formation en journalisme dans la prestigieuse école Henri-Nannen-Schule, elle rejoint l'équipe du magazine Stern. Elle vit à Hambourg avec son mari et ses deux enfants. Sa saga Filles d'un temps nouveau a été un véritable phénomène en Allemagne : restant presque deux ans en tête de liste des meilleures ventes du Spiegel, elle s'est vendue à plus de 1, 5 million d'exemplaires. Traduite en sept langues, elle a également été couronnée de succès dans toute l'Europe. " Un roman puissant et extrêmement visuel. Carmen Korn explore toute une échelle de sentiments, la souffrance et la misère de la guerre, mais aussi l'espoir". Hamburger Abendblatt "Carmen Korn nous livre une formidable épopée, où les petits destins qui s'entremêlent parviennent à dépeindre l'Histoire". Adélina, de @livrovore "Intergénérationnel et historiquement intéressant. Ce roman nous immerge dans la guerre en abordant le quotidien des civils. Cette foule de personnages ne va pas quitter mon esprit de sitôt". Tiphaine, de @je. lis. mes. envies "Un roman immersif qui nous dévoile ses traumatismes de l'après-Grande Guerre ainsi que l'affirmation de la place des femmes dans sa société. Une plongée passionnante dans l'Allemagne des années 1920 à 1950". Carole, de @lafilleaux1001lectures

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Ouvrages généraux

Ces esclaves qui ont vaincu Napoléon. Toussaint Louverture et la guerre d'indépendance haïtienne (1801-1804)

Cet ouvrage nous plonge au coeur du drame fondateur qui s'est noué sur la scène coloniale caribéenne au moment même où la France accomplissait sa propre révolution. Un drame en trois actes. Un : soulèvement des esclaves de Saint-Domingue - surnommée la "perle des Antilles" et la plus riche des colonies françaises - en 1791, suivi trois ans après de l'abolition de l'esclavage par la nouvelle Assemblée nationale française. Deux : envoi sur l'île par Napoléon Bonaparte d'un corps expéditionnaire dirigé par le général Leclerc, beau-frère de l'empereur, en vue de renverser le chef des rebelles, Toussaint Louverture, et de rétablir l'esclavage. Trois : victoire des insurgés et création, en 1804, de la première république noire de l'histoire : Haïti. C'est cette expédition coloniale désastreuse, qui fit des milliers de morts des deux côtés et restera comme l'une des plus cuisantes défaites de l'empire français, tenu en échec par d'anciens esclaves, que raconte l'historien Philippe Girard dans ces pages. Pour comprendre les enjeux et le déroulement de l'opération, il a mené des recherches de part et d'autre de l'Atlantique et puisé aux sources les plus variées, qu'elles soient militaires, diplomatiques ou commerciales. A travers le prisme de l'expédition Leclerc, qui en fut le paroxysme, c'est toute la Révolution haïtienne, cet événement majeur de l'histoire atlantique, qu'il fait revivre. "Philippe Girard propose un récit très maîtrisé en dix-neuf chapitre. Son apport principal n'est pas dans la forme toute classique que prend son ouvrage, dont la vocation est essentiellement pédagogique. Il s'agit davantage de restituer cette tragédie à travers l'épaisseur souvent complexe de ses explications, de ses situations, de ses intrications. (...) Son récit de la guerre d'indépendance haïtienne offre cette opération historiographique rare qui vise à la coexistence des regards, des représentations, des actions, expliquées selon les différentes parties en présence. A la manière dont Clint Eastwood a voulu comprendre la guerre du pacifique en deux films contrastés, Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima (2006), l'historien propose ici un récit qui serait à la fois celui du Blanc et du Noir, du riche et du pauvre, du colon et du colonisé, du Français et de l'Haïtien". (Antoine de Baecque, Le Monde des Livres)

10/2021

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Histoire de France

Rencontres avec Violette Maurice. En hommage de Denise Vernay et avec l'aide de Laurence Thibault

L'idée d'un ouvrage sur Violette Maurice est née d'une rencontre avec Miarka (Denise Vernay) qui souhaitait faire connaître cette personnalité extraordinaire, cette femme d'exception. Violette, personnalité double : femme d'action et poète. Femme d'action entrée dans la Résistance dès l'automne 1940, alors qu'elle n'a que vingt et un ans. Elle crée le mouvement et le journal 93. Arrêtée avec son père, Robert Maurice, en octobre 1943, elle est déportée à Ravensbrück où elle parvient à résister à l'enfer du camp, grâce à l'amitié et à la poésie (pour Violette Maurice, la poésie est un acte de résistance). Elle refuse d'y travailler pour l'ennemi. Au retour, après la convalescence d'une diphtérie contractée au camp et une lente réadaptation à la vie, Violette retrouve Léon Boquin (revenu du camp de Rawa Ruska, en Ukraine), rencontré avant la guerre aux Eclaireurs de France : elle l'épouse en 1947. En réalité, témoigner est un acte difficile, pour Violette Maurice comme pour tous les déportés. Le récit des horreurs du camp reflète en négatif la vie de ceux qui ont profité de l'Occupation, qui ont suivi Pétain, et qui ne voulaient pas entendre les déportés pour ne pas se voir eux-mêmes. Il est aussi très pénible de raconter des expériences douloureuses et terribles que le commun des mortels ne peut que très imparfaitement comprendre. Après la guerre, Violette Maurice se consacre aussi à la protection de l'enfance malheureuse, appuie le désir d'indépendance des Algériens, donne des cours de promotion sociale auprès d'adultes... Par la suite, après avoir été membre de l'Association des Droits de l'Homme, après avoir adhéré et participé au travail de la LICA (Ligue internationale contre l'Antisémitisme, créée en 1928), elle devient présidente régionale de la LICRA (Ligue contre le Racisme et l'Antisémitisme) de 1977 à 1983. Parallèlement, toujours fidèle à ses amis de Résistance et de Déportation, elle collabore à l'ADIR (Association nationale des anciennes déportées et internées de la Résistance), vice-présidente de l'UNADIF (Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de Disparus) dans le département... A partir de 1984, outre son témoignage de résistante déportée, Violette Maurice se consacre à l'écriture de la poésie...

04/2012

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Critique littéraire

Le courage N° 4/2018 : Minorités supérieures ?

Le Courage, revue internationale annuelle, en plusieurs langues, est en réalité un essai à plusieurs auteurs, en 2018, les " Minorités supérieures ?" . L'infériorité numérique ne fait pas plus l'infériorité " morale " que la majorité ne prouve la raison. Depuis quelques années, les minorités sont honnies ; on les accuse d'être des " communautés " , de faire sécession, de comploter contre la majorité pour leur profit. Il en va des minorités comme de tout dans l'humain, le bien et le mal y sont partagés. Des minorités inférieures existent sans doute, comme " le paquet de déplorables " qui a voté pour Trump, élu avec moins de voix que son adversaire, mais y a-t-il des minorités supérieures ? En tout cas, en tant qu'inférieures en nombre, on leur doit l'attention et le tact. C'est à quoi les auteurs du Courage 4 réfléchissent dans ce numéro. On y trouvera un agrégé de grammaire conversant avec un jardinier chinois ; le grand architecte Paul Andreu (ah, les architectes) parlant avec le grand artiste abstrait Carlos Cruz Diez (ah, l'art contemporain !). Loïc Prigent parle des snobs. Sandrine Treiner, des idiots utiles ayant fait la gloire d'un roman qui prédisait l'élection d'un président islamiste en France, et Oriane Jeancourt-Galignani, des critiques littéraires aussi précieux et menacés que la mulette perlière d'eau douce. Clémentine Mélois propose des images inquiétantes et cocasses, Philippe Corbé écrit sa première fiction, où il est question d'un homme devenant femme. Charles Dantzig étudie les idées majoritaires qui peuvent faire tant de mal aux écrivains, comme celle de la beauté. Romila Thapar, une des plus grandes historiennes de l'Inde, co-fondatrice de l'Université Nehru à New Delhi, explique ce que c'est que de tenter d'enseigner sous la terreur nationaliste indoue. Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, fait dans un discours crucial les premières excuses officielles d'un pays à une minorité, la LGBTIQ. La grande généticienne Evelyne Heyer explique le destin des minorités supérieures, et on lira l'étonnant récit de vie de Dorothée, Pygmée persécutée chez les Tutsis et les Hutus, car on est toujours la minorité d'une minorité. Comme à chaque numéro, trois écrivains débutants ont une conversation atour du thème de l'année et publient leur première fiction ou leurs premiers poèmes. Ecrits en français, italien, anglais.

04/2018

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Lecture, écriture

Français CE/CM Quartier libre. Pack en 2 volumes : La bande affiche ses couleurs CE-CM ; Juliette fait équipe avec M. Lebrun, Edition 2022

Découvrez les packs découverte Quartier Libre avec 2 albums et un guide pédagogique ! Aborder certains sujets de société avec des élèves de CE/CM n'est pas toujours simple. Comment rendre concrètes des notions d'EMC qui leur semblent généralement abstraites ? Boualem Aznag et Stéphane Grulet ont conçu Quartier libre pour donner du sens à des problématiques sérieuses, susciter une prise de conscience individuelle et collective et permettre aux élèves de transformer des notions d'EMC en actions, en prenant du recul sur les idées reçues et en devenant acteurs de leur propre vie. Quartier libre propose des romans courts qui abordent des sujets d'EMC avec humour, ainsi qu'un guidage pédagogique. Dans ce pack découverte Quartier libre, vous trouverez 1 exemplaire du roman La bande affiche ses couleurs et 1 exemplaire de Juliette fait équipe avec M. Lebrun (tous deux 32 pages, format 13 x 19 cm), ainsi qu'un guide pédagogique commun de 32 pages. Les histoires proposées dans cette collection, à lire en autonomie ou en collectif, sont proches du quotidien des élèves. Elles mettent en scène une bande de copains attachants, auxquels ils s'identifient facilement, ce qui leur permet de les lire avec plaisir, de comprendre et d'intégrer les notions sous-jacentes plus efficacement. Le guide pédagogique Quartier libre Il vous donne des pistes claires pour : travailler la compréhension générale de chaque roman (qui, quoi, lexique, inférences, traits d'humour) ; étayer et partager sur les problématiques lors de débats collectifs ; aborder des notions d'EMC, s'interroger ; trouver des solutions ensemble et mener des activités concrètes ; réaliser des projets de classe. Une courte interview d'un. e spécialiste permet de cerner les enjeux de chaque sujet abordé. Le roman La bande affiche ses couleurs Le centre culturel organise un concours : les participants doivent représenter la diversité du quartier en s'inspirant d'une oeuvre d'art. Juliette convainc Alex, Lisa et Nadir d'y participer. Elle a une super idée : construire des statues à leur effigie, rappelant la célèbre " Danse " de Matisse. Mais les quatre amis vont découvrir qu'il n'est pas si simple de se représenter... Le roman Juliette fait équipe avec M. Lebrun Les quatre amis décident de participer à une course de caisses à savon. Toutefois, construire et piloter sa propre caisse ne s'avère pas si facile ! Heureusement, la mécanique n'a pas de secret pour monsieur Lebrun, leur voisin retraité...

04/2022

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Economie

Traité d'économie pure. 3e édition

Cet ouvrage est un monument. Au-delà de son nombre de pages, de la densité extrême de la réflexion dont il est l'expression, il mérite cet hommage à plus d'un titre. D'abord, c'est l'un des tout premiers livres de la pensée économique française ; il s'inscrit dans la tradition des travaux de Walras et de Pareto tout en les dépassant, comme l'a souligné G. H. Bousquet. C'est d'ailleurs à cet ouvrage que s'est expressément référé le Comité Nobel lorsqu'il a décidé de décerner le Prix à Maurice Allais en 1988. Et pourtant, le Traité n'a jamais été publié en anglais ni même imprimé en édition commerciale. Ensuite, ce volume ne contient pas seulement un ouvrage mais deux : Le Traité lui-même, et une imposante introduction que l'auteur a tenu à ajouter à cette troisième édition. On lira ce texte avec un intérêt passionné. Non seulement Maurice Allais évoque les conditions particulièrement difficiles de la publication de son oeuvre de 1943. Mais, surtout, si l'on peut dire, Allais 1993 "juge" Allais 1943. Il montre en effet comment son oeuvre ultérieure, considérable par sa variété et sa profondeur, est contenue en germe dans le Traité. Il présente les compléments et les inflexions qu'il y a lieu de lui apporter. De ce point de vue, cette introduction constitue un élément important d'une histoire de la pensée économique française depuis la guerre. Enfin, cet ouvrage mérite le qualificatif de monument par le soin extrême que l'auteur a apporté à la publication de cette troisième édition. D'abord, bien sûr, dans la rédaction de l'introduction qui l'a amené à procéder à une réflexion approfondie sur son oeuvre qu'il n'avait sans doute pas imaginée au départ ; ensuite parce que l'auteur a tenu à relire personnellement et attentivement les trois jeux d'épreuves de ce livre. On jugera ainsi l'investissement intellectuel que cette nouvelle édition a représenté pour Maurice Allais. C'est l'ensemble de ces qualités que le Ministère de la Recherche et de l'Enseignement supérieur a voulu reconnaître en accordant son soutien à la publication de ce livre qui s'inscrit dans un vaste projet d'édition des oeuvres de Maurice Allais. La communauté scientifique, dès la sortie de la première édition, a perçu l'extrême importance de cet ouvrage. Il nous a paru opportun de reproduire à la fin du volume les jugements qui ont salué cette oeuvre maîtresse de Maurice Allais.

05/1994

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Droit

Mélanges en l'honneur du Professeur Jean Rossetto

Etudiant à Poitiers autour de mai 68, assistant à la Faculté de droit sous le septennat giscardien, docteur d'Etat avec sa Recherche sur la notion de constitution et l'évolution des régimes constitutionnels un an après l'élection de François Mitterrand, Jean Rossetto réussit brillamment l'Agrégation de droit public quelques mois avant la première cohabitation. D'abord professeur à l'Université de Limoges, il rejoint l'Université de Tours en 1989, où il avait été brièvement maître-assistant, et y devient responsable de ce qui était alors le DEA de droit public, que nombre de futurs universitaires auront fréquenté et, bientôt, directeur du GERCIE, Doyen de la Faculté de droit, d'économie et des sciences sociales, avant, plus tard, de diriger l'Ecole doctorale "Sciences de l'homme et de la société". Professeur émérite de l'Université François-Rabelais de Tours depuis le 1er septembre 2015, Jean Rossetto n'a pas cessé ses activités, sinon l'amphithéâtre et l'évaluation des étudiants. Homme de conviction et pédagogue hors pair, impressionnant l'auditoire par son aisance à parler sans notes, le professeur Jean Rossetto se plaît à rappeler avoir dispensé toutes les matières ou presque du droit public, privilégiant cependant d'abord le droit international, sans jamais y renoncer, consacrant plusieurs décennies au droit constitutionnel, notamment en master jusqu'à sa retraite, avant de conquérir ce droit européen qu'on disait encore communautaire. Jean fut le premier élève du professeur Pierre Avril, avec qui devait débuter cet ouvrage ; certains initiateurs de ces Mélanges furent les premières thèses de droit constitutionnel du professeur Rossetto. Universitaire accompli, il n'est toutefois pas certain qu'il eut voulu des études en son honneur. Plusieurs générations alternent dans cet ouvrage, des parcours différents et des spécialités diverses. On y lira la carrière et les goûts du doyen Jean Rossetto, marqué par le droit constitutionnel, puis le droit européen, spécialement institutionnel, ouvert et curieux. Nous avons pensé ce livre, dont nombre de collègues et d'amis ne pouvaient malheureusement être, à son image : simple et concis. La parution de ces Mélanges n'en réjouira pas moins tous ceux qui, sans connaître l'homme, le chercheur ou le pédagogue, s'intéressent au droit vivant, le droit en prise avec les problèmes de son temps, à la dynamique générale des normes et des institutions ou aux stratégies des acteurs. C'est ainsi qu'à côté d'essais sur la situation de nos systèmes juridiques, notamment certaines innovations jurisprudentielles majeures, on trouvera dans ce recueil des réflexions renouvelées sur la nature même de nos ordres institutionnels.

07/2016

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Littérature étrangère

La belle échappée

Dans La belle échappée, Nicholson Baker crée un univers parallèle au sein duquel les visiteurs occasionnels peuvent, moyennant un tarif élevé, assouvir leurs plus extravagants désirs. Le point de départ de son nouveau roman tient en effet au fait qu'un certain nombre de personnes ordinaires, moyennement satisfaites de leurs sorts, disparaissent par des portes - sèche-linge, tunnel, trou de golf, etc., - et se retrouvent dans un parc à thème baptisé La belle échappée. Le livre s'ouvre sur la découverte par la jeune Shandee, d'un avant-bras appartenant à un dénommé Dave. Ce membre autonome a des exigences - il demande à être entretenu et nourri - mais procure aussi des avantages : il peut apporter une satisfaction sexuelle, et il ne reste pas du tout indifférent à la souplesse et à la douceur du corps de Shandee. On apprend assez vite que l'apparition du bras de Dave est le fruit d'une amputation temporaire et volontaire acceptée par ce dernier en échange de son entrée dans La belle échappée, une " sex resort " très coûteuse mais où tous les fantasmes féminins et masculins sont stimulés, sinon assouvis. Les moyens d'accès à cet univers parallèle sont divers : certains y parviennent en cherchant à se débarrasser de tatouages encombrants, d'autres en répondant à une petite annonce, d'autres encore en s'introduisant dans le sèche-linge d'une laverie automatique, en pénétrant à l'intérieur d'une sculpture en bois (un corps de femme) créée par une artiste japonaise. À l'inverse de la plupart des grandes multinationales, L'échappée belle est dirigée par une certaine Lila dont la devise est " mon plaisir est votre plaisir ". Chaque chapitre conte ainsi une expérience différente, illustrant le caractère étrange, surprenant et divers de la libido humaine. Au fil des pages, on découvre l'éventail des divertissements proposés par l'établissement, dont les " masturbateaux ", le " berceau-vulve ", les " levrettes alignées " et cette " salle de velours " où les compositeurs Borodine et Rimski-Korsakov pratiquent un massage de pied à l'aide de leurs génitoires. Certains hommes acceptent aussi de se faire temporairement couper la tête et de servir sexuellement des femmes. Il est donc logique que le récit se termine par une grande fête dont l'un des buts est de remettre ensemble les membres (phallus, mains, têtes...) avec les corps respectifs qui avaient été privés de ces appendices. C'est ainsi que la jeune Shandee du début fait la connaissance de Dave au grand complet : le bras de Dave retrouve le reste du jeune homme et le désir de ce dernier pour Shandee est immédiat.

04/2012

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Littérature française

Mâcher la poussière

Le baron Stefano tue un jour un gamin qui traînait sur ses terres. Mais l'enfant était le neveu d'un des chefs de la Mafia, décidé à se venger. Le tuer est impossible, trop de familles dépendent de ses terrains. A la place, on l'emprisonnera à vie dans un hôtel de luxe pour le condamner à y attendre sa mort. Lui qui ne vivait que pour ses oliviers et son amer du soir découvre le poids du temps et de la solitude. Enfermé dans sa chambre, les salles de bal, de réception, les cuisines et sous-sols qu'il apprendra à connaître, verra se faner et renaître, surveillé par les hommes qui au dehors le gardent et ceux qui, de l'intérieur, le dupent, le baron en lin blanc lime les jours en cherchant entre ces centaines de murs un reste de poésie. Et de vie. Il y a bien Isabelle, la jeune femme de chambre dont la fraîcheur l'attire, mais comment vivre un amour dont le seul lit est une prison ? Il y a bien Joseph, le barman qui chaque soir lui donne son viatique, l'alcool - avant que d'autres drogues ne viennent - Joseph et son rêve d'ouvrir un club de jazz où Isabelle pourrait chanter, et peut-être enfin l'aimer. Il ya bien Matthieu, juché derrière le comptoir de sa réception, il connaît tout le monde, surveille chacun, jouit d'un certain pouvoir. Mais comment se lier à ceux avec qui on ne partage que quelques heures et des décors sans âme ? C'est avec eux pourtant que Stefano va vivre une vie faite de joies fugaces, volées ça et là à de rares clients (un jeune couple lumineux, un écrivain célèbre qu'on jurerait être Raymond Roussel) ; d'excitations précieuses (un amour charnel, deux escapades risquées loin des murs de l'hôtel) ; de débauches provisoires et de fêtes privées que Joseph, pour l'aider ou le faire sombrer, organise dans sa suite ; de trahisons, car Joseph, Isabelle, Matthieu et les autres, ne rêvent, comme Stefano, que de se libérer, quitte à tuer pour ça ; une vie de rêves surtout, car on peut enfermer un corps mais rarement un esprit. Avec une grâce et une poésie sans pareil, Oscar Coop-Phane décortique les âmes de ses personnages, ces vies sans trace et sans spectacle, fouille les recoins de l'hôtel, "autant de refuges où la poésie se niche" pour dérouler sous nos yeux l'existence d'un homme et recréer la vie dans cette prison dorée. Et si  le baron reste prisonnier, le lecteur, lui, s'évade grâce à ses mots.

01/2017

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Littérature française

Crions, c'est le jour du fracas !

1850 : Napoléon III autorise la création de bagnes privés pour mineurs. 1861 : une soixantaine de garçons sont acheminés à la colonie pénitentiaire de l'île du Levant, au large d'Hyères. Derrière le projet éducatif annoncé, les enfants, coupés du reste du monde, corvéable à merci, sont broyés par une discipline de fer. 1866 : que pouvaient-ils faire d'autre que se révolter ? " Je me présente, je suis la flamme d'un incendie, je suis née pour carboniser, achever, étouffer le jour, éclairer la nuit, manger des oiseaux, piquer la vedette au soleil, brûler jusqu'au ciel. Et beaucoup d'autres choses encore. Alors si vous aimez les histoires qui se terminent bien, vous soufflez sur la mauvaise chandelle. Tout a commencé en 1866, le 3 octobre pour être exact. J'ai été déposée par la foudre sur une île pour effectuer mon baptême du feu. Ma surprise fut immense quand j'ai découvert que j'étais tombée dans un pénitencier pour enfants. Ca se faisait beaucoup à l'époque, suffisait d'être pupille de la nation, vagabond, délinquant, ou être vraiment, vraiment mal né, pour y atterrir. Alors forcément quand j'ai débarqué, j'ai su qu'eux et moi allions faire de grande chose. Là, tout de suite, les noms, Condurcer, Le troué, Boule de neige, ou encore Sabine ne vous disent rien, mais approchez, tendez l'oreille et vous les entendrez parce que dans l'arbre généalogique du monde ils sont vos enfants ancêtres. Ils sont à la fois ce que vous avez été et ce que vous êtes : des prisonniers de l'enfance et des révoltés. " Post-Scriptum : Vous saviez que vous les humains possédiez une cabane intérieure où je peux mettre le feu et vous enflammer ? Vous savez que dalle, mais vous allez bientôt le savoir. Extrait du Courrier Marseillais, décembre 1866 : On lira avec un pénible et douloureux intérêt les détails sur le déplorable drame du pénitencier de l'île du levant, dont les jeunes acteurs se sont montrés aussi audacieux et aussi profondément pervertis que peuvent être des hommes endurcis dans le crime. Rien n'a manqué à un complot qui épouvante l'imagination, l'assassinat, l'incendie, une atroce vengeance exercée sur ceux qui n'avaient pas voulu s'associer à un plan médité depuis deux mois. La précocité des passions brutales, tout est venu donner, surtout à cause de l'âge des insurgés, la plus sinistre physionomie qui se soit passé sur l'île du levant. Rentrée littéraire Seghers 2021.

08/2021

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Limousin

Ainsi parlent les arbres...

"Au début, on ne sent rien. C'est comme une légère incision. Peut-être en sort-il un léger filet d'eau et encore ça dépend de la saison. Ensuite, on ressent la morsure un peu plus profondément, surtout il ne faut pas regarder. Ouvrir grand ses yeux vers l'horizon, tendre ses branches vers le ciel pour une dernière incantation et puis regarder ceux qui poussent à côté de vous. Leur dire que ce n'est rien, que même si aujourd'hui ça fait mal, les années passées valaient la peine d'être vécues. Qu'ils ont une noble mission à accomplir. Malgré le bruit de la tronçonneuse, le silence se fait. On se referme sur soi, on pense à ceux qu'on a connus". Dans ce roman divisé en deux parties qui se font écho, l'auteur place la nature au centre de son récit en relatant la vie et les pensées d'un chêne pédonculé. De ce narrateur omniscient, émane dès le début une sérénité et une bienveillance qui donne le ton du texte. Tout comme lui, nous devenons des témoins immobiles et silencieux, pour qui le temps s'écoule différemment. Nous suivons sur plusieurs générations la vie d'une famille originaire de la Creuse. Au premier abord, le récit semble calme, il est question des aléas de la vie à la campagne au XIXe siècle, puis peu à peu des événements viennent troubler cette monotonie, principalement la guerre franco-prussienne puis un accident mortel qui poursuivra Léonie, la cadette de la famille, toute sa vie. Alors que sa soeur Lisa connaît son premier amour et se contente d'une vie à la campagne, Léonie s'éloigne et décide de partir pour Paris, puis Londres, sans jamais revenir. Un siècle plus tard, sa petite fille Gény, critique d'art, redécouvre la maison familiale et s'y installe. C'est un retour aux sources, un destin croisé, sous l'oeil attentif du chêne. Ce récit est traversé de plusieurs thèmes, dérèglement climatique, éducation, industrialisation, le tout accompagné d'une écriture fluide et poétique qui nous relate la vie de tout un écosystème. La perception du chêne semble s'arrêter aux limites de la Creuse, mais le lecteur suivra le parcours de Léonie une fois cette dernière partie loin du Limousin. Nous la retrouverons dans le milieu pictural du XIXe, ou elle côtoiera Suzanne Valadon, Utrillo et les grands peintres impressionnistes de l'époque. Cet ouvrage, pour la qualité de son écriture, la maîtrise du récit et le ton est à prendre en considération et nous amènera à penser que même les arbres ont une âme.

08/2021

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Biographies

Dictionnaire amoureux d'Albert Camus

Mohammed Aïssaoui s'est construit avec l'oeuvre d'Albert Camus. Il nous livre ici " son " Camus, celui qui illumine sa vie, qui élargit le coeur et l'esprit, qui console des chagrins du monde. Avec la complicité de Catherine Camus qui lui a donné accès à des documents exclusifs. J'ai longtemps pensé que j'étais le seul être au monde à connaître Albert Camus, à le comprendre, et qu'il n'écrivait que pour moi : c'est mon père, mon frère, mon professeur, mon ami. Il me console des chagrins du monde. Avec lui, je ne me sens jamais seul. Je le comprends mieux que personne, et les autres ne peuvent pas vraiment le comprendre - ils n'ont pas vécu ce que lui et moi avions vécu... La pauvreté, la mère analphabète qui ne lira jamais les livres que l'on a écrits, la honte, la condescendance, l'écartèlement entre notre milieu d'origine et celui auquel nous avons accédé - le vertigineux écart social. Mais aussi le douloureux écartèlement entre deux pays, deux mondes : la France et l'Algérie. Je croyais que Camus avait pris sa plume pour me dire, " tu vois, tu n'es pas seul ". Plus tard, j'ai compris que Camus n'était pas qu'à moi ! On est quelques milliers, quelques millions même, à l'aimer. Quelqu'un qui élargit le coeur et l'esprit. De toute ma vie de journaliste, le moment le plus fort a été la rencontre avec Catherine Camus, à Lourmarin, dans le Lubéron... rue Albert-Camus... Je la considère comme ma soeur, et même comme ma petite soeur malgré ses quelques années de plus que moi. Alors, ce Dictionnaire amoureux, je ne pouvais pas le faire sans elle, sans sa complicité. Je la remercie, ici, pour sa générosité. Et son hospitalité. Lors d'une rencontre, je lui pose une question, à propos du Dictionnaire. Sans trop d'espoir, je lui demande s'il y a des mots qu'elle a envie de voir dans ce livre, des mots auxquels on ne s'attend pas ou même des mots qui pour son père seraient incontournables ? Bingo : elle me répond : " Il y a les dix mots préférés de papa ! " Ce Dictionnaire amoureux - donc totalement subjectif - est enfin le livre de la gratitude, de la reconnaissance et du partage. Je remercierai tous les spécialistes qui m'ont permis de voir des choses que je n'avais pas vues ou pas comprises

11/2023

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Beaux arts

Osmoscosmos

La sixième édition de la triennale 50JPG du Centre de la photographie Genève a eu lieu du 19 juin au 25 août 2019. Sous le titre "OSMOSCOSMOS" , l'exposition principale a tenté de réunir Eros & Cosmos, mettant en évidence le trait d'union entre ces deux univers, un lien peu étudié dans nos cultures occidentales, probablement trop marquées par les monothéismes et la culpabilisation développée autour de l'éros visant à mieux soumettre l'individu à l'emprise des églises. Jean-Pierre Vernant, spécialiste de l'antiquité grecque, souligne que la sexualisation du dieu Eros se fait au moment où Uranus est castré et qu'il se dégage de Gaïa dans la souffrance pour devenir, au-dessus de nos têtes, le ciel étoilé. Et pour le philosophe Michel Onfray, se référant au Kama Sutra, le sexe est défini ainsi : "... naturel, en rapport avec le cosmos, jamais séparé du monde, toujours là pour rappeler la liaison entre les parties d'un grand tout" . Une douzaine d'oeuvres établissent cette relation entre les deux facettes d' "OSMOSCOSMOS" , telles que Words and Stars de Grazia Toderi et Orhan Pamuk ou les contributions de Ursula Böhmer, Bunu Dhungana, Heidi Hassan, Eden Levi Am, Urs Lüthi, Boris Mikhailov, Johan Österholm, Thomas Ruff, Pierre Radisic, Catherine Radosa, Annie Sprinkle (avec Beth Stephens), Christian Waldvogel et d'autres. "OSMOSCOSMOS" assemble des oeuvres photographiques et vidéographiques contemporaines ainsi que diverses sources iconographiques. Parmi les artistes sélectionnés, plusieurs d'entre eux ont, dès les années 1970, mis radicalement en question la définition des genres, voire la commercialisation d'Eros, que ce soit Manon, Jürgen Klauke, Renate Bertlmann, Natalia LL, Urs Lüthi, Barbara Hammer, Annie Sprinkle (avec Beth Stephens) et Liliane Vertessen ; d'autres, à la même époque, revendiquaient des esthétiques homosexuelles à l'instar de Pierre Keller ou de Walter Pfeiffer, revisitées sous une forme contemporaine par Mauricio Dias et Walter Riedweg. La trame féministe est poursuivie aujourd'hui par des artistes tels que Romy Alizée, Dorothée Baumann, Anne Collier, Déborah de Robertis, Nadia Granados, Angela Marzullo, Lina Scheynius ou encore A. L. Steiner, tandis que Eden Levi Am, Nicole Tran Ba Vang et Yuri Nagashima traitent des amours lesbiennes et/ou queers. S'il va de soit qu'Eros touche aussi à des problématiques politiques, force est de constater que dans nos sociétés marchandes, il est gangrené par des intérêts économiques très importants, comme le démontrent les propositions de Caroline Bernard, Fred Lonidier, Susan Meiselas, Charles Weber ou encore Patrick Weidmann.

06/2020

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Architecture

L'Architecture d'aujourd'hui AA n°453 : Construire local - Fev 2023

Que signifie "construire local" à l'heure d'une pénurie généralisée des ressources et matériaux de construction ? C'est sans doute l'un des termes les plus galvaudés aujourd'hui : local et, plus encore, l'expression "construire local" est de toutes les lèvres et de tous les projets. Car c'est entendu : pour diminuer un bilan carbone, réduire les émissions de gaz à effet de serre, bref lutter contre le réchauffement climatique, il convient de construire au plus près de ressources choisies, dans le cadre de circuits courts. Cela étant dit, est-ce que "construire local" est toujours le meilleur calcul en matière de bilan écologique ? Comment distinguer les entreprises réellement vertueuses des chantiers d'apparence ? AA propose une enquête aux quatre coins du monde sur l'architecture dite "locale". Au sommaire : hommage à l'architecte Balkrishna Vithaldas Doshi, Pritzker Prize 2018 ; les conseils lecture du Centre Canadien d'Architecture ; plongée dans les archives d'AA avec Jean-Philippe Hugron ; retour sur l'histoire du mythique Grand Rex avec Jean-Claude Raspiengeas ; le 13e opus des carnets du réemploi, par Vincent Laureau et Victor Meesters ; les récentes réalisations de HEMAA, Christophe Hutin et Civic Architects ; entretien avec l'écologue et botaniste Audrey Muratet à propos de ses recherches sur la biodiversité des villes, par Christelle Granja ; appropriation culturelle et localisme dans le secteur de la mode, une notion interrogée par Anastasia de Villepin ; pérégrinations photographiques en Haute-Saône avec Luc Boegly ; entretien avec l'auteure japonaise Ryoko Sekiguchi à propos du "local" en gastronomie, par Emmanuelle Borne ; portrait de l'architecte thaïlandais Boonserm Premthada dressé par Marie-Hélène Contal, directrice de l'Ecole spéciale d'architecture ; essai d'Eric de Thoisy, directeur de la recherche de l'agence SCAU, à propos de localisme à l'échelle globale de la Terre ; l'architecture loin des grands centres urbains racontée par Valérie de Saint-Do ; l'origine des matériaux de construction étudiée par le collectif (in)visible ; entretien avec l'architecte Morgan Moinet, à propos du réemploi des matériaux de construction, par Amélie Pouzaint ; AA sur les ondes, une nouvelle rubrique en partenariat avec France Culture et l'Esprit des lieux ; les constructions locales de Joly Loiret, Anatomies d'Architecture, Wallmakers, AAU Anastas et Atelier png ; l'expertise de l'architecte Sophie Brioul pour la transformation des matières naturelles en matériaux de construction présentée par Christine Desmoulins ; une matériauthèque sur le thème du recyclage et du réemploi présenté par Lisa Agostini.

02/2023

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Essais

Ma vie et le cinéma. Mémoires intempestifs Tome 1 (1931-1981)

En matière de cinéma, de génériques de films certes, mais bien au-delà, dans ce qui fait la matière même d'une vie : choses vues, choses lues, rencontres, dialogues ou conversations, il semble tout emmagasiner, de par sa volonté ou en dépit de celle-ci. Et parce qu'il est un homme de haute culture, son capital de données, comme on le dit en informatique, s'enrichit des leçons, des appréciations et des jugements qu'il en tire. On peut appeler ça une forme de sagesse. Mieux, ce qu'il a ainsi retenu, voilà qu'il s'en délivre soudain, au soir de sa vie, pour nous offrir ce livre de souvenirs qui ressemble à un torrent où tournoient des centaines, des milliers de silhouettes, célèbres ou pas, des anecdotes en pagaille, plus savoureuses les unes que les autres, des portraits vitriolesques ou tendres, des jugements péremptoires, des émotions contradictoires parfois. Epoustouflant ! A ses Mémoires, Philippe d'Hugues a associé l'épithète d'intempestif. Retenons-la ! Selon son étymologie, est intempestif ce qui est hors de saison, ne prend pas sa place au moment qu'il convient. Parfait ! Tout pour combler notre auteur durablement fâché avec son époque, ses lâchetés, ses conformismes et qui, aux idées reçues, a toujours préféré l'inconfort des convictions qui l'éloignent de ses contemporains. Pourtant, sa carrière professionnelle nous paraît assez sage. Après avoir travaillé à l'Institut national d'études démographiques, il eut la bonne idée d'attraper la varicelle en mai 68 et d'en suivre les turbulences du fond de son lit. Où pouvait-on être mieux, en ces semaines-là, pour se garder de la tentation de trop d'espoirs fous, de slogans catégoriques et de sottises sans appel ? Par la suite, il sera engagé comme chargé de mission au Centre national de la cinématographie. Le cocon rêvé, pour ce cinéphile impénitent, placé soudain au coeur du réacteur qui accompagnait et encourageait le 7e art. Mieux, il rejoindra aussi, un peu plus tard, le Conseil d'administration de la Cinémathèque. Et le temps lui sera laissé pour écrire, collaborer à diverses revues et signer des ouvrages de référence sur l'histoire du cinéma français qu'il connaît mieux que personne... Mais basta ! Ce livre de mémoires, intempestif et torrentiel à la fois, est le joyau d'un misanthrope qui aima sans doute le cinéma plus encore que la vie et qui n'a pu s'empêcher de tout retenir et de tout nous livrer - jetant sur notre époque un regard singulier mais nous livrant surtout un témoignage fraternel. Frédéric Vitoux

12/2021

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Essais

Ma vie et le cinéma. Mémoires intempestifs Tome 2 (1981-2021)

En matière de cinéma, de génériques de films certes, mais bien au-delà, dans ce qui fait la matière même d'une vie : choses vues, choses lues, rencontres, dialogues ou conversations, il semble tout emmagasiner, de par sa volonté ou en dépit de celle-ci. Et parce qu'il est un homme de haute culture, son capital de données, comme on le dit en informatique, s'enrichit des leçons, des appréciations et des jugements qu'il en tire. On peut appeler ça une forme de sagesse. Mieux, ce qu'il a ainsi retenu, voilà qu'il s'en délivre soudain, au soir de sa vie, pour nous offrir ce livre de souvenirs qui ressemble à un torrent où tournoient des centaines, des milliers de silhouettes, célèbres ou pas, des anecdotes en pagaille, plus savoureuses les unes que les autres, des portraits vitriolesques ou tendres, des jugements péremptoires, des émotions contradictoires parfois. Epoustouflant ! A ses Mémoires, Philippe d'Hugues a associé l'épithète d'intempestif. Retenons-la ! Selon son étymologie, est intempestif ce qui est hors de saison, ne prend pas sa place au moment qu'il convient. Parfait ! Tout pour combler notre auteur durablement fâché avec son époque, ses lâchetés, ses conformismes et qui, aux idées reçues, a toujours préféré l'inconfort des convictions qui l'éloignent de ses contemporains. Pourtant, sa carrière professionnelle nous paraît assez sage. Après avoir travaillé à l'Institut national d'études démographiques, il eut la bonne idée d'attraper la varicelle en mai 68 et d'en suivre les turbulences du fond de son lit. Où pouvait-on être mieux, en ces semaines-là, pour se garder de la tentation de trop d'espoirs fous, de slogans catégoriques et de sottises sans appel ? Par la suite, il sera engagé comme chargé de mission au Centre national de la cinématographie. Le cocon rêvé, pour ce cinéphile impénitent, placé soudain au cÅur du réacteur qui accompagnait et encourageait le 7e art. Mieux, il rejoindra aussi, un peu plus tard, le Conseil d'administration de la Cinémathèque. Et le temps lui sera laissé pour écrire, collaborer à diverses revues et signer des ouvrages de référence sur l'histoire du cinéma français qu'il connaît mieux que personne... Mais basta ! Ce livre de mémoires, intempestif et torrentiel à la fois, est le joyau d'un misanthrope qui aima sans doute le cinéma plus encore que la vie et qui n'a pu s'empêcher de tout retenir et de tout nous livrer - jetant sur notre époque un regard singulier mais nous livrant surtout un témoignage fraternel. Frédéric Vitoux

12/2021