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Illégitime

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Sociologie politique

Politiques de la violence. Organiser la lutte de la Colombie au Pakistan

Si les violences politiques sont parfois le fait d'individus isolés, elles sont le plus souvent des actions organisées, c'est-à-dire inspirées, parfois planifiées, prises en charge, voire produites par des organisations dont les objectifs sont politiques. Les violences d'origine étatique sont, de loin, les plus meurtrières, mais celles des groupes non-étatiques demeurent une composante essentielle des dynamiques politiques contemporaines, partout dans le monde. Cet ouvrage met, plus particulièrement, l'accent sur ce deuxième type de violences, que la théorie politique considère, par principe, comme illégitime, mais qui, du point de vue des acteurs qui la perpétuent, peut se justifier, notamment quand il s'agit de protéger le statut d'un groupe dominant ou, à l'inverse, d'imposer les revendications d'un groupe marginalisé. Les enquêtes présentées dans cet ouvrage proviennent de chercheur-e-s ayant une longue familiarité avec leur terrain, que ce soit en Afghanistan, en Algérie, au Burundi, en Colombie, en Libye, au Pakistan, en Turquie et, plus largement, au Moyen-Orient. Elles témoignent toutes qu'il ne manque pas d'individus prêts à passer à l'action violente. Cependant, la compétence individuelle dans l'exercice de la violence ne peut devenir une ressource pour l'organisation dont elle émane que si celle-ci est utilisée de manière disciplinée, relativement mesurée, et fidèle au sens que l'organisation lui confère. Le problème central des organisations qui y recourent n'est donc pas tant de produire de la violence que de la moduler, la canaliser et lui donner sens, d'où l'intérêt de se pencher sur les processus de rationalisation de son usage. Par ailleurs, les modes d'action violents produisent des effets durables et spécifiques sur les sociétés, qui compliquent souvent le retour à une expression pacifiée des conflits politiques. Cet ouvrage a été dirigé par Amin Allal (CERAPS-CNRS), Gilles Dorronmro (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Olivier Grojean (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ont également contribué : Valeria Alfieri, Amélie Blum, Laurens Gayer, Jacobo Grajeles, Arthur Quesnay et Nedjib Sidi Moussa.

11/2021

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Philosophie

Victor Cousin. Suivi de la correspondance Schelling - Cousin

Réprimé par la Restauration française pour ses idées philosophiques, emprisonné par la Prusse pour ses convictions politiques, Victor Cousin, réintégré dans sa chaire à la Sorbonne en 1828, "met le feu à la philosophie" (Bersot), avec son cours d'Introduction à la philosophie. Son ami Hegel dira : "Il m'a pris quelques poissons, mais il les a noyés dans sa sauce". En réalité, Cousin n'a puisé outre-Rhin que l'inspiration pour restaurer une philosophie française, avec un éclectisme qui donne la psychologie comme vestibule de la philosophie. Cette alliance de l'idée philosophique avec la liberté publique reçoit, sous la monarchie de Juillet, sa consécration. Victor Cousin, par l'obtention de nombreux titres prestigieux, gouverne la philosophie, assignant à l'enseignement de celle-ci la tâche de couronner les études secondaires de l'aristocratie légitime de la société libérale moderne. Victor Cousin a défendu la philosophie et l'a institutionnalisée à l'ombre de l'Etat, selon des formes qui pèsent jusqu'à aujourd'hui sur son exercice, et qui cernent ce que ce dernier conserve de gratuit au regard de la philosophie elle-même, et au fond d'illégitime. Comment "démêler" l'oeuvre de Victor Cousin et de son école, entre cette tâche "intemporelle" de défense et les formes que la philosophie reçoit de la protection que peut lui accorder l'Etat libéral ? C'est la possibilité de faire cette séparation qui sous-tendait le numéro de la revue Corpus publié en 1991, ici réédité ; une séparation importante pour le sens de ce qu'est la philosophie à l'époque des Etats-généraux de la philosophie et de la fondation du Collège international de philosophie, et dont 1'intempestivité serait, aujourd'hui, à l'occasion du 150e anniversaire de la mort de Victor Cousin à Cannes en 1867, à (ré)interroger : mort de l'enseignement philosophique ou épuisement du paradigme cousinien ?

08/2016

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Histoire ancienne

Le livre des cérémonies. Livre I, édition bilingue français-grec

Né en 905, Constantin était le fils de l'empereur Léon le sage et de sa maîtresse Zoé : l'Eglise n'ayant jamais accepté cette quatrième union du souverain, Constantin est d'abord considéré comme illégitime et ne gagne le titre de "porphyrogénète" (en grec "né dans la pourpre"), qui désigne les membres de la famille royale, que de haute lutte. S'il accède au titre d'empereur romain d'Orient en 913, il n'exerce réellement le pouvoir qu'à partir de 944. Plus habile dans sa politique intérieure qu'extérieure (il échoue contre les Arabes en Crète en 949), il fut aimé et respecté de son peuple jusqu'à sa mort en 959. Cet empereur raffiné et érudit consacre de longues heures à l'étude du protocole de la cour byzantine, d'où il tire Le Livre des Cérémonies, "traité et oeuvre vraiment digne de l'activité impériale" , ainsi qu'un traité de politique à l'usage de son fils. Notre édition présente en deux volumes Le Livre des Cérémonies, assorti d'un commentaire fouillé. Ecrit par l'empereur lui-même dans les coulisses du pouvoir, non loin de la fameuse chambre de porphyre ou naissaient les empereurs, Le Livre des Cérémonies rassemble les règles à suivre lors des grands événements, spirituels ou temporels, du protocole byzantin. Consignées pour les successeurs de l'empereur, ces coutumes n'ont rien d'accessoire, et participent à la conservation de la dynastie si bien que le texte est pour nous un témoignage inestimable. Le Livre I regroupe les cérémonies religieuses et propose notamment une étonnante description de la semaine pascale, tandis que le second est consacré aux activités profanes, telles que mariages, couronnements ou jeux gothiques. Chaque livre est suivi d'un tome entier réservé au commentaire, constituant une véritable somme sur le texte et son auteur. Dans ces pages le lecteur trouvera un aperçu haut en couleur des pompes et circonstances de la civilisation byzantine. L'ouvrage est en outre enrichi d'une carte et d'un index.

11/2006

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Histoire ancienne

Le livre des cérémonies. Commentaire du livre I, édition bilingue français-grec

Né en 905, Constantin était le fils de l'empereur Léon le sage et de sa maîtresse Zoé : l'Eglise n'ayant jamais accepté cette quatrième union du souverain, Constantin est d'abord considéré comme illégitime et ne gagne le titre de "porphyrogénète" (en grec "né dans la pourpre"), qui désigne les membres de la famille royale, que de haute lutte. S'il accède au titre d'empereur romain d'Orient en 913, il n'exerce réellement le pouvoir qu'à partir de 944. Plus habile dans sa politique intérieure qu'extérieure (il échoue contre les Arabes en Crète en 949), il fut aimé et respecté de son peuple jusqu'à sa mort en 959. Cet empereur raffiné et érudit consacre de longues heures à l'étude du protocole de la cour byzantine, d'où il tire Le Livre des Cérémonies, "traité et oeuvre vraiment digne de l'activité impériale" , ainsi qu'un traité de politique à l'usage de son fils. Notre édition présente en deux volumes Le Livre des Cérémonies, assorti d'un commentaire fouillé. Ecrit par l'empereur lui-même dans les coulisses du pouvoir, non loin de la fameuse chambre de porphyre ou naissaient les empereurs, Le Livre des Cérémonies rassemble les règles à suivre lors des grands événements, spirituels ou temporels, du protocole byzantin. Consignées pour les successeurs de l'empereur, ces coutumes n'ont rien d'accessoire, et participent à la conservation de la dynastie si bien que le texte est pour nous un témoignage inestimable. Le Livre I regroupe les cérémonies religieuses et propose notamment une étonnante description de la semaine pascale, tandis que le second est consacré aux activités profanes, telles que mariages, couronnements ou jeux gothiques. Chaque livre est suivi d'un tome entier réservé au commentaire, constituant une véritable somme sur le texte et son auteur. Dans ces pages le lecteur trouvera un aperçu haut en couleur des pompes et circonstances de la civilisation byzantine. L'ouvrage est en outre enrichi d'une carte et d'un index.

11/2006

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Littérature française

Une nuit à Aden Tome 1

"Mon père pensait qu'on "naissait musulman" et qu'être musulman était un statut qui dépendait du Tout Puissant uniquement. Et comme pour se soumettre à ses propres certitudes, il s'était convaincu que l'Islam était irréversible en ce qu'il l'emportait sur quelque autre religion ; il était de ceux pour lesquels l'Islam ne se limitait pas au seul culte, entretenant l'idée qu'être musulman préemptait pour ainsi dire tout autre choix de conscience. Pour lui, le christianisme ne serait qu'un avatar illégitime de son propre héritage, puisqu'il était désormais représenté par la religion vraie et transcendante qu'était l'islam. Sa suprématie sur les autres religions ou civilisations, et cette sorte d'inviolabilité du statut de musulman, semblaient d'ailleurs apaiser ses craintes : elles étaient censées me protéger de toute manoeuvre rusée de la part de ma mère. "Ce roman, en deux tomes, à l'intrigue palpitante d'émotion, raconte la jeunesse d'un Palestinien qu'un destin étonnant et une histoire d'amour hors norme conduisent à la découverte de lui-même, de sa conscience, et de sa relation avec les religions de son enfance, l'islam et le christianisme. Par une introspection à la fois insolite et spirituelle, il nous décrit comment les élans de la divine Providence le mèneront d'Alexandrie à New York, puis Sanaa, Aden, Djibouti, et enfin, Paris. Il est né musulman, certes ; mais sa raison défie cette réalité et son coeur refuse de le suivre. Il réalise peu à peu que cette religion à laquelle il se croyait enchaîné, occulte en fait la vraie nature de ce rite à l'emprise implacable sur un milliard et demi de fidèles... Un récit captivant. Une réflexion morale et spirituelle sans concession. Une lecture de rigueur pour comprendre le rôle du Coran au XXIème siècle et son emprise sur la pensée islamique confrontée à la vie moderne."

06/2018

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Romance sexy

Blue Phoenix

"Un seul instant peut-il définir le reste de ma vie ? " Jun-ha, fils illégitime d'un chaebol et d'une océanographe toujours en mer, grandit dans l'ombre de la famille Park. A seize ans, après des négociations difficiles, il quitte la Corée du Sud pour rejoindre sa mère aux Etats-Unis et un lycée qui propose l'un des meilleurs programmes de natation du pays. Des années plus tard, Jun-ha se fait appeler Blue. Etudiant à Berkeley, c'est l'un des nageurs universitaires les plus prometteurs de sa génération. Il s'accroche à ses rêves, la compétition et... Nathan. Son plus grand adversaire. Son plus grand amour. Passionné par l'eau et par un regard qui le poursuit depuis qu'il a quitté Séoul, il abaisse ses frontières et s'entraîne plus fort que jamais. Bientôt, il fera la fierté des Park. Il légitimera son nom et Nathan. Il suffit de quelques heures, et son monde vole en éclats. Une invitation. Une nuit trouble. Des souvenirs épars. Ses mains en sang. Une ambulance. Et aucune explication... Blue est renvoyé pour coups et blessures sur l'un de ses coéquipiers. Soudain dépeint comme un sportif violent, renié par sa famille, séparé de Nathan, il disparaît en se faisant une promesse : revenir. Mais, abîmé par un secret, où trouvera-t-il le courage de recommencer ? Dans un monde où la loi du silence prévaut, où l'argent achète les vérités, où des vies se brisent en une soirée, Blue devra faire face à ce qu'il s'est vraiment passé. Surtout quand un nouveau nageur sera transféré à Berkeley et qu'il découvrira au fond de ses yeux bleus le reflet de celui qu'il est devenu. Il n'est plus Jun-ha. Il n'est plus Blue. Il sera... Blue Phoenix. #MM #Natation #NouveauDépart #Drame #Université Avertissement, ce roman aborde des questions de violences pouvant heurter la sensibilité des lecteurs.

12/2022

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Critique littéraire

Correspondance générale. Tome 9, 1856-1857

En 1856, les publications de la comtesse d'Agoult sont principalement consacrées à des ouvrages dramatiques. Elle espère aussi jouer un rôle influent au sein de la rédaction de la Revue de Paris, en pleine restructuration financière et éditoriale. Mais elle se heurte assez vite à la personnalité du rédacteur en chef et gérant, Maxime Du Camp, et voit ses rêves d'éminence grise s'évanouir. L'année 1857, dont elle passe la moitié hors de France, est surtout consacrée à l'établissement de ses filles illégitimes. Elle essaye d'empêcher, à Berlin, l'union de Cosima avec le pianiste Hans von Bülow, un élève de Franz Liszt, qu'elle ne connaît que par ouï-dire, puis elle se ravise en considérant que la jeune fille pourra y gagner aisance et liberté. Le mariage est célébré au mois de juillet. Quant à Blandine, elle épouse en octobre l'avocat Emile Ollivier, futur chef du dernier gouvernement de Napoléon III. La cérémonie, sans solennité, a lieu dans une chapelle du dôme de Florence au terme d'un voyage où les futurs époux sont tombés amoureux. Expropriée de sa " maison rose " qui doit disparaître pour aménager le quartier de l'Etoile, elle confie les longues et coûteuses tractations administratives à des conseils et avoués plus ou moins compétents à la gouverne de sa fille Claire de Charnacé. Parmi les nouvelles personnalités reçues dans son salon, deux particulièrement vont jouer un rôle important : Auguste Nefftzer et Charles Dollfus qui fondent ensemble la Revue germanique avant que le premier ne se lance plus tard dans la création du quotidien Le Temps.

05/2020

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Critique littéraire

Fiction et économie. Représentations de l'économie dans la littérature et les arts du spectacle, XIXe-XXIe siècles

Au cours du XIXe siècle, dans le cadre de l'émergence progressive des sciences humaines et sociales, l'économie s'affirme de façon polémique comme capable de rendre compte du fonctionnement du réel et même de l'anticiper, bref comme un savoir à prétention hégémonique. Cet essor de la pensée économique, combiné avec le développement effectif du capitalisme, conduit à la généralisation des schèmes de pensée économiques dans le discours social, et ce, du XIXe siècle jusqu'à l'époque contemporaine. Or ces schèmes de pensée se retrouvent aussi dans les fictions proposées par la littérature et les arts du spectacle ; cependant ils y prennent des formes qui impliquent souvent des transformations ludiques ou critiques. En effet une oeuvre est, en soi, une structure où se déploient l'échange, la réciprocité, le don, le gain ou la perte, le vol ou l'appropriation. Mais en raison même de leur statut économique problématique, c'est souvent aux formes parallèles, souterraines et illégitimes de l'économie que les oeuvres se réfèrent. Elles établissent ainsi, en décalage de l'hégémonie et dans un rapport mouvant face à elle, un espace où se représentent autrement la vie sociale et les rapports entre les êtres. De la sorte, elles peuvent opérer une exégèse qui est d'emblée une lecture critique. C'est à l'examen de pans variés de cet imaginaire économique dans la littérature et les arts du spectacle que se consacrent les contributeurs à ce recueil, avec la conviction que les productions esthétiques peuvent aider à saisir et à interpréter, dans la longue durée comme dans le contexte contemporain, les phénomènes économiques qui nous entourent.

11/2013

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Sciences historiques

Le maraichinage. Coutume du Pays de Monts, Vendée

Le "Maraîchinage" fut publié pour la première fois en 1900. Et la cinquième édition en paraissait en 1932 ! C'est dire que cet ouvrage inclassable, entre ethnologie, folklore et médecine, connut un franc succès. Son auteur y étudie minutieusement ce qu'est le Maraîchinage, la — si archaïque et pourtant si moderne — coutume des Maraîchins, les habitants du Pays de Monts, en Vendée maritime, pays natal de l'auteur. " A toutes les époques et dans tous les temps, les jeunes gens, mus par l'instinct sexuel, ont cherché à se plaire. C'est le premier acte d'une comédie ou d'un drame, suivant les circonstances, dont le dernier sera l'accouchement. Chez la plupart des peuples civilisés, dans ce premier acte, on se contente de se regarder et de s'adresser des compliments, imitant le paon qui étale ses belles couleurs ou le rossignol dont la voix enchante sa femelle... Dans le pays de M. Marcel Baudouin, les jeunes garçons et les filles, afin de se mieux connaître, en présence des parents, en public, en pleine foire, sans aucune honte, pendant des heures entières, pratiquent le baiser buccal, qui renseigne chacun des partenaires sur la cavité buccale de l'autre et sur les réactions que peut provoquer son excitation. Le mariage est un concours, dont le Maraîchinage (tel est le nom donné à cette pratique) serait l'épreuve éliminatoire [...] Ces moeurs, très spéciales, n'auraient pas d'inconvénients aussi grands qu'on pourrait l'imaginer, car les enfants illégitimes sont rares dans le pays ; mais cependant les pratiques susmentionnées auraient pour effet... d'abréger la durée de la première grossesse..."

01/2021

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Ethnologie

Penser le corps au Maghreb

Ce livre traite du corps socialisé, que l'on habite et qui vous habite. Le corps que l'on regarde, que l'on danse, que l'on promène, que l'on photographie. que l'on écrit, que l'on touche, que l'on domine. Le corps vécu y est décrit dans ses expressions quotidiennes : selon la doctrine musulmane et les proverbes ou dictons populaires, à travers le culte du Saint et la spiritualité du Cheikh, par la transe et la communication avec l'au-delà, dans la déambulation de l'espace public, au hammam comme lieu de parole et d'expression du plaisir corporel, sous le hijab et le corps voilé et stratégiquement protégé du regard de l'homme. Le corps dominé est évoqué lors des illégitimes flâneries de femmes dans la rue. Mais c'est aussi le corps violenté. Violence symbolique par l'assignation d'une identité sociale au corps biologique. Violence physique du contrôle familial de la virginité, de l'excision et de l'amputation du désir, de la sexualité annexée et du corps féminin stigmatisé par le corps masculin. Le corps représenté est traité au prisme des arts qui en proposent une lecture critique et sublimée, voire transgressive : la danse contemporaine comme rejet des codes identitaires nationaux, la photographie comme témoin des transformations du corps social colonisé et des patrimoines à réhabiliter, le cinéma comme mise en images du corps intériorisé, la littérature et la poésie comme expressions du corps transfiguré. Puisant ses exemples dans des sociétés du Maghreb (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie), cet ouvrage s'interroge particulièrement sur la rencontre et sur la cohabitation souvent inégalitaires entre les corps masculin et féminin.

09/2012

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Couple, famille

L'Empire du ventre. Pour une autre histoire de la maternité

Tout le monde sait que la mère d'un enfant est celle qui l'a accouché. Y a-t-il rien de plus naturel et de plus universel ? Il suffit pourtant de franchir l'Atlantique ou d'aller à Londres pour constater que là-bas, on peut devenir mère sans avoir accouché ni adopté. Plus simplement, il suffit d'ouvrir le Code civil de 1804 pour découvrir que d'autres règles peuvent présider à la définition de la filiation : à l'époque, les enfants ne naissaient pas nécessairement du corps de leurs parents, mais de leur mariage. Or, depuis les années 1970, toutes les possibilités d'être mère sans accoucher sont punies systématiquement et l'accouchement, cet acte biologique, est devenu une véritable affaire d'État. Excluant du même coup de l'ordre de la filiation les femmes incapables de gestation ou ménopausées, les hommes célibataires et les couples homosexuels. Établissant surtout de nouvelles hiérarchies entre les filiations : non plus les légitimes et les illégitimes, mais les " vraies ", qui ont pour elles les corps, et les " fausses ", qui n'ont pour elles que la volonté, comme les filiations adoptives. Alors que l'empire du ventre triomphe et s'impose sous les fausses évidences du droit naturel, Marcela Iacub, à partir d'un travail d'archives neuf, prend la mesure des transformations intervenues depuis 1804, propose une critique originale de ce que nous prenons pour notre modernité familiale, et ouvre des voies nouvelles à l'imagination politique dans ces domaines si intimes qu'on en oublierait qu'ils ont une histoire, et donc un avenir.

10/2004

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sociologie du genre

Le désir est un sport de combat

Aujourd'hui, des discordances récurrentes de désir sexuel liées à l'absence ou à l'affaiblissement du désir chez les femmes et à la persistance du désir chez les hommes constituent l'une des principales sources de conflits conjugaux, déclenchant même parfois ruptures et divorces. Jusque très récemment, la vision biologisante et différentialiste de la sexualité décrivait les différences de désir comme étant naturelles et innées, et donc comme étant inéluctables. Les femmes étaient alors amenées à accepter des rapports sexuels sans en avoir envie au nom du "devoir conjugal" . Depuis le mouvement MeToo, les approches constructivistes de la sexualité envisageant les différences de désir sous le prisme de la domination masculine se diffusent. Selon ces conceptions, les femmes n'auraient pas moins de désir mais se sentiraient illégitimes pour l'exprimer et orienter leurs conduites en fonction de celui-ci. Au sein du couple, l'effritement ou la disparition du désir féminin sont dès lors interprétés comme des signes de désamour et un indicateur de mauvaise santé conjugale. Cependant, la régularité sociale de telles configurations invite à se défaire d'une lecture purement individuelle et contextuelle. Sans nier le rôle de facteurs interpersonnels, propres aux constructions conjugales individuelles, cet ouvrage propose de déplacer le regard vers des facteurs plus structurels en examinant les processus sociaux qui participent à la production des tensions conjugales autour du désir. Ce faisant, cet ouvrage offre des pistes aux lecteurs/rices pour comprendre leurs expériences conjugales et ainsi faire face à leurs difficultés en y apportant des réponses, si ce n'est plus adaptées, du moins différentes de celles habituellement considérées.

02/2024

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Policiers

Un endroit discret

Tsuneo Asai est en mission à Kôbe pour le compte du ministère de l'Agriculture lorsqu'il reçoit un coup de téléphone : son épouse est morte quelques heures plus tôt. Elle a succombé à une crise cardiaque tandis qu'elle se trouvait dans un magasin. Sous le choc, il décide de rentrer à Tôkyô par le premier train. Eiko avait le coeur fragile, il le savait, et la nouvelle de son décès ne l'a surpris qu'à demi. Les circonstances de sa mort, en revanche, ne laissent pas de l'étonner. Comment cette épouse docile, au caractère réservé, avec laquelle il menait une vie calme et sobre, qui ne s'absentait de la maison que deux ou trois après-midi par semaine pour aller à ses réunions de haïku, a-t-elle pu mourir dans une curieuse petite boutique de cosmétiques, dans un quartier où elle n'aurait jamais dû mettre les pieds ? Quelques jours plus tard, il décide d'aller s'excuser auprès de la commerçante de la gêne occasionnée. Il découvre alors, non loin de là, la villa Tachibana, une maison de rendez-vous. Son trouble grandit. Peu à peu, d'infimes détails, de curieux haïkus publiés à la mémoire de son épouse dans la revue de son cercle littéraire, les confidences du personnel des "villas" sur les couples illégitimes qui les fréquentent, le convainquent que sa femme menait une double vie... Dans ce roman écrit au début des années 1970, Seichô Matsumoto traque de l'intérieur un fonctionnaire appliqué brusquement débordé par un événement inattendu. Ce faisant, il nous donne à voir une société japonaise profondément ambivalente, à la fois pétrie de conventions et complice de ceux qui les ignorent.

11/2010

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Littérature étrangère

Ce genre de petites choses

Ce genre de petites choses. En cette fin d'année 1985 à New Ross, Bill Furlong, le marchand de bois et charbon, a fort à faire. Aujourd'hui à la tête de sa petite entreprise et père de famille, il a tracé seul sa route : élevé dans la maison où sa mère, enceinte à quinze ans, était domestique, il a eu plus de chance que d'autres enfants nés sans père. Trois jours avant Noël, il va livrer le couvent voisin. Le bruit court que les soeurs du Bon Pasteur y exploitent à des travaux de blanchisserie des filles non mariées et qu'elles gagnent beaucoup d'argent en plaçant à l'étranger leurs enfants illégitimes. Même s'il n'est pas homme à accorder de l'importance à la rumeur, Furlong se souvient d'une rencontre fortuite lors d'un précédent passage : en poussant une porte, il avait découvert des pensionnaires vêtues d'horribles uniformes, qui ciraient pieds nus le plancher. Troublé, il avait raconté la scène à son épouse, Eileen, qui sèchement lui avait répondu que de telles choses ne les concernaient pas. Un avis qu'il a bien du mal à suivre parce froid matin de décembre, lorsqu'il reconnaît, dans la forme recroquevillée et grelottante au fond de la réserve à charbon, une très jeune femme qui y a probablement passé la nuit. Tandis que, dans son foyer et partout en ville, on s'active autour de la crèche et de la chorale, cet homme tranquille et généreux n'écoute que son coeur. Claire Keegan, avec une intensité et une finesse qui donnent tout son prix à la limpide beauté de ce récit, dessine le portrait d'un héros ordinaire, un de ces êtres par nature conduits à prodiguer les bienfaits qu'ils ont reçus.

11/2020

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Sciences historiques

Enfance abandonnée au XVIIIe siècle en Franche-Comté. L'accueil des enfants trouvés par l'hôpital du Saint-Esprit de Besançon

De tout temps on a abandonné des enfants. Qu'ils aient été trouvés, recueillis, légitimés ou pas, le même sort souvent les attendait. C'est dans un établissement dit de bienfaisance qu'ils se retrouvaient. Fruits d'amours "illégitimes" dans la plupart des cas, il leur fallait racheter la "faute" commise par des pères et mères pour qui la dernière preuve d'amour était de les confier à ces établissements. dans lesquels ils espéraient trouver la sécurité pour la chair de leur chair... S'ensuivait une longue suite de placements... Une mortalité effroyable. due à la promiscuité. à des conditions de vie et d'hygiène des plus difficiles. malgré la bonne volonté des responsables. transformait ces établissements d'éducation en mouroirs. A Besançon, l'hôpital du Saint-Esprit, dit des enfants trouvés, se chargea de cet accueil dès le début du XII le siècle. La mission des hospitaliers consistait à recueillir ces enfants, les élever et. pour ceux qui survivaient, leur apprendre un métier. Mais le nombre toujours plus grand d'enfants accueillis obligea les responsables de l'établissement à en placer de plus en plus chez des nourrices à la campagne. Etait-ce une bonne solution ? Ne valait-il pas mieux agrandir l'établissement plutôt que de placer les enfants chez des nourrices qui, pour certaines. étaient plus intéressées par le salaire que par l'éducation de l'enfant qui leur était confié ? Autant de questions que se posaient les hospitaliers du Saint-Esprit qui, de plus, virent le pouvoir royal les obliger à laisser un bureau laïc d'administration gérer l'établissement, les dépossédant de leurs prérogatives et mettant en péril l'existence même de leur congrégation. C'est l'histoire de cet établissement. qui accueillit près de 18 000 enfants pendant cette période, que l'auteur présente ici.

12/2014

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Critique littéraire

Oeuvres complètes. Tome 13, 2e partie, Dialogues suspects, Edition bilingue français-grec ancien

A l'époque où les premiers éditeurs commençaient à recueillir les oeuvres de Platon, circulaient sous le nom du philosophe bon nombre de dialogues dont personne n'admettait l'authenticité : déjà Diogène Laërce citait une douzaine de textes figurant dans la collection platonicienne, mais d'évidence d'une main autre que celle du maître. Leur attribution varie, mais tous sont regardés soit comme "suspects", soit comme apocryphes. Ils font partie des "nothoi", les illégitimes, auxquels on attribue d'ordinaire une double origine. Les dialogues dits "suspects" sont l'oeuvre d'académiciens essayant de rivaliser avec l'auteur de la République, tandis que les dialogues apocryphes sont beaucoup plus tardifs : écrits entre le IVe et le Ier siècle, ils ont probablement été composés par des sophistes désireux de bénéficier de l'aura du philosophe pour faire passer leurs propres idées. Notre édition rassemble en deux tomes l'ensemble de ces textes. Le premier volume présente les dialogues dits "suspects", comme "Le Second Alcibiade", "Hipparque", "Minos" ou "Les Rivaux", tandis que le deuxième volume regroupe les dialogues apocryphes, "Du Juste", "De la Vertu", "Démodocos", "Sisyphe", "Eryxias", et les "Définitions". L'introduction donne une vue d'ensemble de l'histoire originale de ces textes divers, tant par leur date de composition que par leur thème et leur valeur littéraire. Chaque traité est précédé d'une notice qui lui est propre. Celle-ci fait le point sur les possibles attributions du texte et fournit toutes les informations historiques ou philosophiques, nécessaires à la bonne intelligence du dialogue. L'histoire du texte est relatée et accompagnée d'une brève récapitulation des manuscrits. L'ouvrage est en outre assorti de notes éclairant la lecture et proposant de précieux parallèles avec l'ensemble du corpus platonicien.

01/1981

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Littérature française

Pour ta tirelire, gamine

J'ai presque cent ans, j'ai traversé l'horizon dans un sens puis retour, comme on passe une vitre. J'ai des bouts de verre plantés dans tout le corps, mais n'en suis pas morte. Ne me demandez pas mon nom ; les pauvres n'ont pas de nom. Les mercredis l'hiver je me rends à l'Association pour recevoir le cabas à provisions de la semaine. J'ai des pommes, du lait, des biscottes, je ne manque de rien. Surtout, j'ai mon cabanon. Un miracle, mon cabanon ! J'y suis un monarque illégitime. S'ils m'y découvrent, ils m'emmèneront. Ils m'attacheront à un lit au trente-troisième étage du service de gériatrie. Surtout pas ça ! A l'hospice, je perdrais le don de convoquer les oiseaux. J'ai voyagé sur la Marie-Joséphine. Je me suis embarquée le jour de mes dix-huit ans. Si j'étais partie avant, cela aurait fait des histoires, je ne voulais pas être ramenée à la maison entre deux gendarmes. J'étais solide, j'ai patienté. Depuis mes trois ans, chaque fin d'après-midi, la vieille, ma grand-mère m'envoyait porter des biscuits chez le voisin d'en face. Il avait perdu sa femme, le pauvre avait besoin d'être consolé. "Tiens, gamine, trois pièces pour ta tirelire, mais motus et bouche cousue, ça reste entre nous, sinon tu vas voir ce qu'il t'arrivera". C'est comme cela que j'ai appris la chanson du bâton de rouge à lèvres, rouge cerise. Sans fesses, sans seins, mais avec les lèvres peintes. Avec ça, je me suis débrouillée. Je n'ai jamais parlé à personne de la grande ombre déchirant la petite à la faire s'évanouir, à faire s'effondrer le sommier. Heureusement, jamais de sang dans ma culotte. Une seule fois, à peine deux gouttes. C'était le jour de la communion lorsque toutes les filles défilent dans l'église. J'ai eu si peur, cela n'a plus jamais recommencé. On ne peut tout de même pas être impératrice de tous les malheurs. Qu'aurions-nous fait d'un gosse ? Le gène de l'amour n'était pas dans le sang de la famille.

04/2020

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Ethnologie

Sorcellerie et violence en Afrique

Dans plusieurs pays africains. en ce début de XXIe siècle. la croyance à la sorcellerie se traduit par des accusations, des stigmatisations, des violences, des procès judiciaires et, parfois, par de lourdes condamnations. Des églises aux tribunaux, la sorcellerie désigne des personnes auxquelles on attribue une multiplicité d'influences néfastes sur autrui, des actes de cannibalisme nocturne, d'agression à distance ainsi que des pouvoirs de vampirisme, d'ubiquité, de métamorphose, de transports aériens nocturnes etc. Lire désigné comme " sorcier " impute à la personne accusée une capacité de nuire et l'assigne à une déchéance d'humanité. De l'espace villageois à l'espace urbain, de l'espace privé à l'espace public, les flambées de violences accusatrices ont un caractère quasi épidémiologique allant jusqu'à mettre en cause le fonctionnement de l'Etat et de ses institutions. Cet ouvrage fait le choix d'aborder la question de la sorcellerie sur le terrain de la violence qu'elle engendre. La question de savoir si la violence sociale déployée autour de la sorcellerie est une forme de coercition (légitime) ou une forme de violence (illégitime) fait aujourd'hui débat dans la plupart des sociétés africaines. Pour tout le monde, la sorcellerie engendre la violence, que ce soit la violence du présumé sorcier qui se nourrirait de l'énergie vitale d'une personne, ou la violence des accusateurs, des pasteurs-prophètes, des forces de l'ordre ou de la vindicte populaire à l'encontre des accusés. Les hésitations des autorités pour, juger de quel cité. de l'accusation ou de l'accusé, se situe la violence font écho au grand partage qui s'est établi depuis l'époque coloniale entre les croyances populaires à la sorcellerie et les jugements de Ioi. A partir d'études de terrain menées au cours de la dernière décennie, de manière comparative, dans plusieurs pays africains (République centrafricaine, Tchad, Cameroun, Gabon, République Démocratique du Congo, République du (Congo, Mali), cet ouvrage rassemble les contributions d'anthropologues européens et africains, de juristes. magistrats et professeurs de droit, porteurs de réflexions communes sur les croyances génératrices de violences et les atteintes aux droits des personnes et des catégories vulnérables.

11/2012

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Histoire de France

Répudiation, séparation, divorce dans l'Occident médiéval

Répudiation, séparation, divorce : la question ne concerne pas seulement, à notre époque, de nombreux couples mariés (dans la plupart des pays européens, entre 30 et 50 % d'entre eux divorcent) ou vivant en union libre (la proportion de ceux qui se séparent est encore plus importante), elle s'est aussi posée dans l'Occident médiéval, même si ce n'est pas dans les mêmes proportions ni tout à fait dans les mêmes termes, dans la mesure notamment où les motivations qui conduisaient au mariage comme à sa rupture, mais aussi les structures qui les contrôlaient, étaient différentes. Que se cache-t-il, par exemple, derrière le divorce, en 1152, du roi capétien Louis VII et d'Aliénor d'Aquitaine ? Est-il véritablement lié à la découverte, après 15 ans de mariage, de la consanguinité des deux époux ? Quel est le rôle de l'Eglise qui, par l'intermédiaire d'un concile, valide le divorce ? Pourquoi certaines sources évoquent-elles une histoire d'adultère de la reine ? Est-ce une coïncidence si la rupture intervient peu après que celle-ci ait donné naissance pour la troisième fois à une fille ? Entre contrôle ecclésiastique et stratégies familiales et dynastiques, quelle est la marge de manoeuvre laissée au couple ? Que penser aussi de cette affaire qui, au début du XVe siècle, touche, à un échelon social moins élevé, plusieurs couples, dans la mesure où un official, après avoir annulé une union pour impuissance du mari, revient sur sa décision après que le dit mari soit devenu père de plusieurs enfants d'une seconde union, obligeant les ex-conjoints, alors remariés, à reprendre leur vie commune et déclarant illégitimes les enfants que chacun avait eus après leur séparation ? Dans l'écheveau des discours normatifs et des bribes d'histoires personnelles glanées ici ou là, les études ici réunies s'attachent à cerner les formes de rupture entre les époux, leurs causes et leurs conséquences, donc les enjeux tant sociaux et économiques que politiques et religieux de la séparation et du divorce.

10/2007

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Empire

Joséphine, l'impératrice infidèle. Intrigues et secrets d'alcôve de l'impératrice des Français

S'il est connu que Napoléon Ier était un coureur de jupons (on lui connaît pas moins de cinquante maîtresses et deux enfants illégitimes, le comte Léon et Alexandre Walewski), durant longtemps on a tout ignoré du jeune officier qui fut le grand amour de son épouse Joséphine de Beauharnais, l'impératrice des Français. Les chercheurs ont, des heures durant, feuilleté les registres et fouillé les liasses de documents conservés aux Archives du ministère de la Guerre, sans parvenir à dénicher le nom d'Hippolyte Charles ! Vraisemblablement, le dossier individuel de cet officier a été subtilisé au ministère, sans doute sous le Second Empire. L'ouvrage d'Hector Fleischmann, historien et spécialiste des secrets d'alcôve de l'ère napoléonienne, nous permet dès 1908 d'en appendre davantage sur Joséphine et cet officier. Pourtant, l'enquête ne fait que commencer lorsque Fleischmann publie les résultats de ses travaux. Il faudra attendre 1955 pour qu'un autre passionné, Louis Hastier, parvienne à découvrir la trace de Charles dans le Registre des congés et des démissions des officiers de cavalerie, ce qui le mettra sur la piste d'autres documents corroborant la nature de cette liaison longue et passionnée qui fera l'objet d'un ouvrage (Le grand amour de Joséphine, Buchet-Chastel/Correa, 1955). Grâce à ces deux ouvrages, non seulement, aujourd'hui, on n'ignore plus rien du personnage, mais on sait avec certitude la nature des relations qui ont existé entre Charles et Joséphine. Ainsi, plus d'un siècle aura dû s'écouler, avant que l'on soit renseigné sur l'identité et sur le rôle d'Hippolyte Charles. Le livre de Fleischmann et sa suite par Hatier nous donnent à voir une autre facette de Joséphine de Beauharnais, et permettent de mieux contextualiser les éléments du divorce - officiellement pour raison d'Etat - en 1809, de Joséphine et de Napoléon Ier.

03/2022

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Littérature française

Fraternels

En cette nuit du 18 juin, sur le mont Valérien, l'Ifon 11 du jeune François-Joseph de la Fistinière est fin prêt à filmer son propriétaire dans une position attentatoire à l'honneur de sa famille de militaires. Afin d'enrayer la propagation virale de la vidéo, le patriarche appelle au secours son fils illégitime, patron de la firme Opié, elle-même conceptrice de l'Ifon et numéro un européen de l'énergie. A La Défense, la tour Opié s'éveille : Samia, l'hôtesse d'accueil, prend son poste au rez-de-chaussée ; au trente-sixième étage, le technocadre Kevin Klein convoque toute son habileté informatique pour maquiller la baisse dangereuse des stocks de tantale nécessaires au grand dessein de l'entreprise. A l'autre bout de la planète, en Iamalie, d'étranges aurores boréales plongent dans l'inquiétude une tribu de Kètes. A Cuzco, Pérou, on inaugure l'Horloge du Sud : il s'agit d'en finir avec l'impérialisme occidental et de s'approprier le temps qui, à l'image des saisons, s'égrènera désormais à l'inverse de l'hémisphère nord. Plutôt que de se lamenter sur ce monde qui va à sa perte, sur fond de course effrénée au profit, d'inégalités sociales vertigineuses et de désastres écologiques, le romancier s'invente démiurge. Décidant, lui aussi, d'inverser le processus, il embarque son lecteur éberlué dans une ébouriffante utopie. Les victimes d'hier se réapproprient leur destin : tandis que, dans les Andes, les terres minières reverdissent, deux licenciés d'Opié (dont notre Franjo), ayant rejoint la ZAD de Cadarache, trouvent le moyen de faire imploser la toute-puissance capitaliste ; la vie de Samia, elle, a changé depuis sa rencontre, lors de la Gay Pride, avec Yaqut, dont la défense d'un islam de paix et de lumière l'a convaincue de s'engager à ses côtés dans un djihad... de l'amour ; quant à Tyapsa, la seule survivante de la tribu de Kètes, on la retrouvera, après bien des tribulations, figure centrale d'un final libertaire, burlesque et transgressif. C'est un vibrant éloge au pouvoir de la fiction que cet éblouissant roman-monde, mené tambour battant par un écrivain qui jamais ne doute de la capacité de ses personnages d'aller au bout de leurs désirs.

08/2016

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Cinéma

Comme une lame de fond. Cent mille lettres qui disent le mal-être des corps et des coeurs, 1967-1981

"Quatre murs, deux vitres, une porte close : je suis une femme comme toutes les autres, assise devant une table vide. Brusquement, quatre notes de Mozart... et voici une voix : une femme (ou un homme ou un enfant) est entrée et parle : "Menie, c'est bien vous ?" Je pourrais la toucher. Un être invisible envahit le studio avec ses mots, sa vie, ses questions, parfois l'horreur et les larmes. Deux ou trois millions d'êtres écoutent. Demain, il y aura des centaines de lettres bouleversées qui diront : "La dame d'hier, Menie, moi aussi !"" Quand elle démarre son émission sur RTL en ce mois de mars 1967, Menie Grégoire est loin de se douter qu'elle va être submergée par une véritable lame de fond : en quinze ans d'émission, elle va recevoir plus de cent mille lettres d'auditeurs qui pour la première fois dans l'histoire de ce pays se sentent libres de raconter leur intimité à une parfaite inconnue. Menie les écoute sans les juger, les rassure, les questionne et les fait réfléchir. Grâce à l'anonymat de la radio, ils diront des choses terribles ou banales, mais qui jusque-là étaient endurées dans le silence et la solitude : sur la famille, les relations amoureuses, la mort de l'amour, l'adultère, les enfants illégitimes, l'impuissance, la frigidité, l'homosexualité, la prostitution, le féminisme... Vingt-six ans après avoir définitivement rendu l'antenne, Menie Grégoire nous livre un échantillon représentatif de toutes ces lettres intimes. Elle nous donne ainsi un aperçu passionnant et souvent émouvant de ce que fut l'intimité des Français à une époque où l'on ne parlait pas encore à tout bout de champ de "souffrance" et de "non-dits", et où l'exhibitionnisme n'était pas encore devenu un passe-temps populaire. À ces maux anciens sont venus depuis s'en ajouter de nouveaux, liés à l'exclusion et au choc des cultures, et l'on peut regretter que personne n'ait pris le relais de Menie Grégoire pour sonder les cerveaux et les cœurs d'une France qui découvre chaque jour que permissivité ne rime pas nécessairement avec liberté, et inversement.

05/2007

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Poches Littérature internation

Tirana blues

Au départ, une scène banale de la vie quotidienne : un homme prend un bain. Il est professeur d’histoire, change sans arrêt de numéro de téléphone et trompe sa femme. Il va être victime d’un attentat. Qui a voulu le tuer ? Première question, et qui nous laisse légitimement penser que l’on vient d’ouvrir un roman policier. Il y a un flic, une victime, il y a même une femme superbe ; fausse route pourtant.La suite du récit est prise en charge par trois narrateurs bourrés d’états d’âme et dont le seul lien est d’être concernés par l’attentat : le professeur lui-même, un des responsables de l’attentat et l’inspecteur qui mène l’enquête.Le professeur d’histoire est dans le coma suite à l’explosion de sa voiture. Convaincu qu’il est devenu un fœtus génétiquement modifié, il erre entre la vie et la mort, dans un univers mi-fictionnel, mi-réel, revivant d’une manière fantasmée ses escapades adultérines dans un hôtel de bord de mer pour couples illégitimes. Rien n’est dit de plus.L’un des responsables est un tout jeune homme. Il est caché pour échapper à la police et en attente de nouveaux papiers pour quitter le territoire. Dans sa planque, il entame une confession où il relate son existence morose depuis son échec à l’école de médecine – il n’avait pas suffisamment d’argent pour payer les pots de vin. Après avoir connu la glande, l’exil et l’immigration clandestine, il commence à travailler pour la mafia. Rien n’est dit sur les raisons de l’attentat.Dernier narrateur : l’inspecteur de la DGBC Zabit Kurti, personnage à la limite du burlesque flanqué de deux assistants « l’analyste » et « l’amuseur » ; il tente de résoudre l’enquête. Grâce à lui, l’intérieur du système politique albanais est autopsié et l’on découvre que les hauts fonctionnaires eux-mêmes font partie du Milieu.Tirana blues est un roman contemporain comique qui se moque avec intelligence du pourrissement d’une société gangrenée par la mafia et dont les personnages eux-mêmes acceptent le jeu des faux semblants.

10/2011

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Seinen/Homme

The Big Wall

Il a fait du style alpin son art de grimper et le solo sa voie de prédilection. Le destin incroyable de Yasushi Yamanoi, plus grand alpiniste japonais contemporain, auteur de nombreuses premières, Piolet d'or pour l'ensemble de sa carrière en 2021, a inspiré l'écriture de ce manga signé Yöji Kamata et Kunihiko Yokomizo, maîtres du genre. The Big Wall, dans la même veine que le célèbre Sommet des Dieux de Jirõ Taniguchi, suit les aventures de Senju, jeune peintre et alpiniste de renom, mandaté pour retrouver les effets personnels d'un homme de 25 ans, fils illégitime d'un homme de pouvoir, qui a disparu sur les pentes de l'Everest C'est la première fois qu'il retourne à l'Everest depuis le drame... . Trois ans plus tôt, après une tentative avec le grand alpiniste Fukada, il reviendra seul... Hanté par ses démons, il comprend qu'il n'a d'autre choix que de dire oui. Cette autofiction nous plonge au coeur de l'hiver himalayen. Les destins s'y croisent et parfois s'y retrouvent, la vie et la mort s'y défient en permanence et la passion dicte les règles d'une pratique où l'engagement est sans concessions. Seul chemin pour tutoyer Le Big Wall, cette montagne au-delà de 8000 mètres... Yasushi Yamonoi a partagé ses souvenirs, ses anecdotes mais aussi son savoir-faire technique pour que les descriptions, les actions et les émotions soient retranscrites de façon la plus réaliste. Pour lui, ce travail est aussi une manière d'éclairer " la pensée philosophique et la motivation des hommes et des femmes à se confronter aux montagnes. " Une opportunité de découvrir le destin de ce grand alpiniste trop peu connu et d'interroger des valeurs comme l'engagement, le renoncement, la prise de risque... Une récit palpitant plein d'humanité. Bio Né en avril 1965, à Tokyo. Yasushi Yamanoi grandit se passionne pour les aventures solitaires de l'explorateur Naomi Uemura au pôle Nord, en Amazonie ou au Denali. Il commence à grimper seul, sur les murs d'une vieille bâtisse près de chez lui : un pompier lui donne un baudrier, un ouvrier du bâtiment, un casque. Excellent rochassier, avec de belles premières aux Drus et au Yosemite, Yasushi Yamanoi ne résiste pas longtemps à l'envie de découvrir les plus hauts sommets du monde et vite le parti du style alpin dans lequel il excelle. Il devient dans les années 1990 l'un des principaux ambassadeurs, aux côtés de Voytek Kurtyka et Erhard Loretan. En 2021, il a reçu un piolet d'or pour l'ensemble de sa carrière.

10/2023

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Littérature française

L'émancipation de la femme, ou Le testament de la paria

L'émancipation de la femme ou le testament de la paria. Flora Tristan Date de l'édition originale : 1846 Flora Tristan (1803-1844) est sans doute l'une des militantes féministes les plus actives de la première moitié du XIXe siècle. Née d'une mère française et d'un riche planteur péruvien, elle entame sa vie avec les difficultés liées à son statut d'enfant illégitime. Cette situation précipite son mariage, à seulement dix-sept ans, avec André Chazal, graveur en imprimerie. Mais cette union est un véritable désastre. L'homme, jaloux et irascible, bat Flora Tristan et la séquestre. En 1825, alors enceinte, elle parvient à s'enfuir avec ses enfants : elle ne reviendra jamais auprès de lui malgré les menaces et se déplace constamment sous des noms d'emprunt. André Chazal tente malgré tout de la tuer d'un coup de revolver, lui laissant une blessure qui précipitera son décès quelques années plus tard. Contrainte de s'expatrier pour fuir la violence de son mari, elle se rend d'abord en Angleterre, puis au Pérou. Femme de lettres, elle relate dans ses écrits ses impressions de voyage, ses observations et ses réflexions sur le monde qui l'entoure et qu'elle n'a cessé de questionner. Elle affirme être tout à la fois " Aristocrate déchue, Femme socialiste et Ouvrière féministe " , et s'oppose à toutes les formes d'exclusion. Ses combats affl eurent dans chacune de ses oeuvres : elle qui n'a pas pu recevoir d'instruction milite pour l'éducation des femmes et se bat pour l'interdiction de l'esclavage. Souhaitant partir à la rencontre du prolétariat pour bâtir les fondements d'un socialisme utopique, elle débute un tour de France, inachevé à cause de son décès en 1844, alors qu'elle n'a que quarante-et-un ans. L'Emancipation de la femme est publié à titre posthume en 1845 et se fait l'écho de toutes les luttes courageuses que Flora Tristan a pu mener en faveur de l'affranchissement des femmes. Elle témoigne de toutes les injustices qu'elle a pu subir, mais malgré sa résilience, ne peut que constater son épuisement face à une société encore trop conservatrice : " A moi aussi il me faut un calvaire pour y proclamer, en mourant, l'émancipation de la femme ! " . Universelles, intemporelles, les convictions de la paria qu'elle revendiquait être nous parviennent et réson nent encore aujourd'hui. Ce livre, réimprimé en fac-similé par Hachette-BnF, est identique à la publication originale de 1846 conservée à la Bibliothèque nationale de France. Pour découvrir tous les titres du catalogue, rendez-vous sur www. hachettebnf. fr

10/2021

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Pédagogie

Le normal et le pathologique à l’école aujourd’hui

A la croisée de la philosophie, de la psychanalyse et de la sociologie, cet ouvrage invite à réinterpréter les écarts à la norme, les problèmes disciplinaires, les différents troubles de l'attention et pathologies repérées chez l'enfant et l'adolescent dans le champ scolaire. Les droits de l'enfant, dont l'émergence constitue un progrès culturel, ont profondément modifié les statuts et liens réciproques des éducateurs et des éduqués, ainsi que le rapport à l'enfant, à sa parole, à son corps, à sa responsabilité et à sa culpabilité. Consentement, principes non violents, écoute de l'enfant sont censés guider tout éducateur. Or ces idéaux prometteurs d'émancipation se retournent fréquemment en normes, et peuvent même s'accommoder de formes éducatives vieillissantes. Une réelle tension entre paradigme égalitaire et poids des normes s'exerce à l'école par le biais d'étiquetages médico-sociaux, et on peut voir coexister une forme scolaire ancienne, caractéristique de la transmission verticale, avec des schémas de transmission horizontale. Participant de cette même logique, la notion d'intérêt de l'enfant justifie aujourd'hui de nouveaux espaces de négociations revendiqués par les parents. Il y a là un espace pour le déploiement de valeurs et de normes communautaires, ou encore pour des attitudes consuméristes, comme lorsque des parents veulent mettre l'institution éducative au service de compétences cognitives supposées précoces de leur enfant. Alors que la diversification et l'individualisation sont les maîtres mots des réformateurs pédagogiques, il est parfois difficile de repérer la limite entre adaptation aux besoins de l'enfant et revendication illégitime. C'est pourquoi cet ouvrage, issu d'une recherche transdisciplinaire, propose une prise de distance par rapport aux normes nouvelles qui pèsent, parfois à l'insu des acteurs de l'éducation, sur l'enfance. Il s'efforce de clarifier les idéaux, les valeurs, que le nouveau discours éducatif exprime, il interroge aussi le renouvellement des pratiques que suscitent ce discours. Laurence Gavarini est Professeure émérite en Sciences de l'éducation à Paris 8. Elle a une pratique clinique d'orientation psychanalytique auprès de groupes de professionnels en formation. Ses recherches portent sur l'éthique, la subjectivité, l'adolescence, la crise de l'éducation. Dominique Ottavi est Professeure émérite en Sciences de l'éducation à l'Université de Paris Nanterre ; elle poursuit des recherches portent sur l'histoire des idées éducatives, sur l'Education et l'histoire de la psychologie de l'enfant et a notamment publié De Darwin à Piaget (CNRS éditions, 2009). Ilaria Pirone est maître de conférences en Sciences de l'éducation à l'Université Paris 8, psychologue clinicienne. Ses recherches portent notamment sur la question du récit et l'articulation entre normes et éthique dans le champ de l'éducation.

10/2022

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Romans historiques

Lucrèce Borgia. La Princesse du Vatican

" Si les hommes connaissaient les raisons de ma peur, ils seraient en mesure de comprendre ma douleur. " Lucrèce Borgia Dès son plus jeune âge, Lucrèce Borgia, la fille illégitime du pape Alexandre VI, est connue pour être d'une beauté envoûtante. Alors que la menace d'une invasion française gronde, son père la force à épouser Giovanni Sforza pour des raisons politiques. Lorsqu'elle découvre la vérité brutale derrière cette alliance, Lucrèce a recours à tout son esprit, toute sa ruse et tout l'amour de son frère, César, pour en réchapper. Plus tard, mariée en secondes noces avec un prince de Naples, la jeune femme goûte enfin au bonheur conjugal jusqu'à ce que des accusations scandaleuses de meurtre et d'inceste s'accumulent contre elle. Dès lors, Lucrèce ne cessera de se battre pour contrer le funeste destin imposé par le sang qui coule dans ses veines. Pour les fans de Philippa Gregory et d'Alison Weir. C. W. Gortner signe un drame historique viscéral sur la plus célèbre des familles de la Renaissance. Entrée dans la légende comme une séductrice impitoyable, Lucrèce Borgia était-elle vraiment une meurtrière incestueuse ou une femme de pouvoir déchirée entre sa famille et sa survie ? " L'Italie de la Renaissance prend vie sous nos yeux. C. W. Gortner propose une vision érudite et captivante des scandaleux Borgias. " Alison Weir " La Princesse du Vatican est un récit de passion, d'intrigues politiques et de pouvoir toxique. Minutieusement documenté et finement ciselé, ce roman emmène les lecteurs dans le monde perfide des Borgias - l'une des familles les plus dysfonctionnelles de l'Histoire -, et donne vie à leur figure féminine dominante : Lucrèce. Cette plongée vertigineuse au sein de la dynastie la plus sombre de Rome est captivante. " Allison Pataki " Des recherches impressionnantes, un décor foisonnant, et une habile mise en relief de cette époque turbulente rendent cette lecture fascinante. " Margaret George " Un portrait sensible de femme maltraitée par la vie et par l'Histoire... Gortner a parsemé ce roman d'impressionnants détails historiques, soigneusement tissés à la trame du récit. " Historical Novels Review " Un drame à la Shakespeare : des meurtres, des mensonges, des tromperies et des trahisons. " Kirkus Reviews " La Princesse du Vatican est un roman savoureux... Meurtres, passion, inceste, trahisons : tous les ingrédients qui forment une bonne histoire sont là, et dosés avec une efficacité redoutable. " January Magazine " La Princesse du Vatican nous immerge dans le monde dynamique et parfois terrifiant de la Renaissance. C'est un portrait merveilleusement évocateur d'une jeune femme aux prises entre la jalousie, les rivalités familiales et les plans de vengeance. C'est la fiction historique dans ce qu'elle a de meilleur, écrite par un maître du genre. " Patricia Bracewell.

02/2023

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Actualité politique France

L'opium des élites. Comment on a défait la France sans faire l'Europe

Qui ne perçoit que notre système politique est à bout de souffle ? L'auteur analyse ici le malaise dans la démocratie française avec une profondeur de champs jamais égalée. On nous endort tous les cinq ans en nous promettant des lendemains qui chantent, alors que les vrais choix politiques ont été opérés il y a plus de trente ans. Et n'ont jamais été expliqués aux Français, auxquels on a au contraire raconté des fables lénifiantes. "La gauche devrait-elle opter pour l'Europe contre le socialisme, ou pour le socialisme contre l'Europe ? " s'interrogeait François Mitterrand dans une longue tribune publiée dans Le Monde en 1968. Eh bien, c'est précisément sous le règne de Mitterrand que les européistes français ont inventé la globalisation. Car loin d'être un bouclier contre la dérégulation, comme il nous a été répété à l'envi, l'Europe fut la matrice, puis le vecteur de la mondialisation financière libérale. Mieux (ou pire) : ce sont les Français qui ont été les chevilles ouvrières du néo-capitalisme financier, les anglo-saxons ne faisant que s'engouffrer dans la brèche que nous avons nous-mêmes ouverte à partir de 1985, avec Fabius et Beregovoy au pouvoir en France, Delors et Lamy à la tête de la commission européenne, Chavranski à l'OCDE, Trichet à la Banque centrale européenne (BCE), Camdessus au FMI et Lamy à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce). La civilisation européenne était supposée reposer sur l'Etat, plus l'Etat-Nation, plus l'Etat de droit, plus l'Etat-Providence. Or, l'Etat perd son pouvoir, l'Etat-Nation est voué aux gémonies au profit d'un fédéralisme hors-sol qui s'apparente à une religion politique, et l'Etat-Providence est sacrifié sur l'autel de la rigueur Maastrichienne. Cela s'appelle l'abdication d'une démocratie, selon la belle mise en garde de Pierre Mendès France : "L'abdication d'une démocratie : la délégation de tous les pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique" . Résultats : aucune majorité présidentielle ou parlementaire n'a été reconduite en France depuis 1983, le FN est passé de 0, 8% des voix à plus de 20%, le pouvoir régalien parait illégitime ou impuissant, et ce que les élites appellent le "populisme" gronde. On connait la formule de Georges Bidault (ministre des affaires étrangères) en 1953 : "Faire l'Europe sans défaire la France" . Nous avons défait la France en catimini au nom de l'Europe, sans pour autant parvenir à faire l'Europe que nous appelions de nos voeux. Nous avons perdu sur les deux tableaux. Un sursaut est possible : après une analyse au scalpel de la décomposition française (première partie) et une déconstruction non moins rigoureuse de l'histoire européenne (deuxième partie), c'est à quoi se consacre la troisième partie de cet ouvrage.

02/2021

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Philosophie

La précarité comme être sans. Sens anthropologique et phénoménologie clinique de la situation précaire

Avec quoi se fait une vie d'homme et comment se défait-elle ? Tels de nouveaux Cavaliers de l'Apocalypse surgis du fond des âges pour assaillir notre hypermodernité performante, la précarité, le chômage, l'exclusion, l'exil envahissent notre société, notre quotidien, nos rues. De plus en plus d'hommes sont désignés par ce qui leur manque, les sans abri, sans travail, sans droit, sans papier, sans terre, etc., et assignés à une identité réduite à la perte, à la privation, au dénuement, au rien. Le lien social qui fonde, maintient et garantit notre humanité, perd pour eux sa naturalité première pour devenir précaire, c'est-à-dire objet de prière, incertain, révocable et révoqué. A notre commune vulnérabilité ontologique à laquelle le social ne répond plus s'ajoute pour eux la précarité économique socialement construite, qui produit la perte d'autonomie, une pathologie de la confiance en l'Autre, la désubjectivation du syndrome d'auto-exclusion qui confine à la disparition de soi et finalement la mutilation de leur humanité. Le précaire, le chômeur, le SDF, l'exilé devient les invisibles sociaux, les surnuméraires, hommes des marges, hors jeux, sans voix et sans parole dans le concert démocratique, contingents, inutiles, illégitimes, sans prise sur leur vie, privés d'avenir, d'intimité, d'histoire, de quotidien. Réduits à seule la nécessité, sans pouvoir déployer leur existence ni réaliser une oeuvre, ils survivent - mais ne devrait-on pas dire sousvivent ? - à la violence sans nom de la guerre économique dans les interstices de la société, déchus devenus déchets, jusqu'à perdre parfois leur nom, leur verticalité anthropologique et leur ultime dignité. Les psychologues, psychiatres, psychanalystes et philosophes ici rassemblés interrogent la souffrance existentielle spécifique du précaire, véritable visage social de la folie qui s'échoue en souffrance dépassée - comme on dit un coma dépassé - qui parfois ne peut plus se penser ni se dire. Son sens anthropologique se précise comme l'altération du vivre ensemble fondateur, la destruction de la communauté et le déchirement de l'entremêlement ontologique du sujet et du monde social. Chacun d'eux témoigne à sa façon de rencontres qui les ont transformés parce qu'ils se sont ouverts un temps à l'ultime dénuement de ces êtres sans, au coeur de la commune précarité des hommes, sans y sombrer pourtant. Ils peuvent alors attester de situations qu'on ne peut plus se contenter de contempler depuis sa tour d'ivoire scientifique car il en va précisément de notre humanité à tous.

02/2018

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Histoire ancienne

L'Héra de Zeus. Ennemie intime, épouse définitive

Le portrait canonique d'Héra en fait une déesse colérique et jalouse, accablant son royal époux de reproches incessants et poursuivant de sa vindicte les fils illégitimes de Zeus. Le présent ouvrage affronte la difficulté de réconcilier cette image convenue de la "mégère" de l'Olympe et la dignité d'Héra en ses sanctuaires, sans faire des mythes et des cultes deux composantes de la culture grecque qui resteraient imperméables l'une à l'autre. L'analyse de la figure d'Héra en tant qu'épouse de Zeus permet de se saisir de ces langages, certes différents, mais ancrés dans un savoir partagé par les Grecs. L'enjeu de l'expérimentation dépasse dès lors la seule figure d'Héra et s'attaque aux ressorts mêmes du polythéisme grec, en cherchant à mieux comprendre le réseau fonctionnel des divinités qui le composent et les relations qui se tissent entre elles. En l'occurrence, la déesse Héra est étroitement liée au pouvoir de Zeus et, partant, à la configuration grecque de la souveraineté divine. Dans sa figure de déesse en colère, elle met en oeuvre la querelle structurante, autrement dit, elle est "l'ennemie intime" nécessaire à la bonne gestion du pouvoir. Mais la figure de l'épouse est tout aussi présente et cruciale dans la représentation de la déesse : c'est en cumulant les statuts de soeur et d'épouse qu'Héra assoit son rôle de souveraine, une souveraine dont le rang n'est pas toutefois absolu, mais relatif à celui du dieu qu'elle côtoie. Par la lecture tantôt conjointe tantôt parallèle des traditions narratives et des cultes, le présent ouvrage entend rendre sa complexité à l'Héra de Zeus. Cet ouvrage s'inscrit dans la réflexion très actuelle sur le fonctionnement du polythéisme grec tout en s'attaquant à une divinité très peu présente dans le champ des études sur les dieux grecs. Il s'agit dès lors de sortir des impasses auxquelles ont parfois conduit tant une vision synchronique et figée de la société des dieux grecs qu'une prétendue reconstruction de son histoire. La première option, liée aux apports de l'analyse structurale des années 1960-1970, a certes permis de mettre en évidence la spécificité des divinités qui sont autant de puissances en relation avec les autres dieux. Mais l'identification d'un dieu par un mode d'action unique a parfois abouti à la mise en place de modèles invariants, où la polyvalence des dieux, la spécificité des contextes et les effets de l'histoire étaient sous-estimés. Quant à la deuxième option, davantage diachronique, il faut reconnaître que, sous la bannière de l'histoire, se cachent parfois des développements relevant de postulats qui ne sont jamais démontrés.

11/2016