Recherche

Fred Ricou

Extraits

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Eloge indocile de la psychanalyse

Dans cet ouvrage passionnant, le jeune psychologue Samuel Dock défend une pratique nouvelle de son métier, plus accessible et plus humaine. Rompant avec l'élitisme de cette discipline, il présente les concepts fondamentaux (plus de cent vingt-cinq entrées, dont "amour", "désir", "hystérie", "inconscient", "refoulement", "dépression", "sexualité", etc.) pour permettre à tout un chacun d'aborder plus sereinement son quotidien et ses problèmes. En puisant dans son vécu, dans celui de ses patients ainsi que dans la culture populaire pour illustrer son propos, l'auteur signe un texte ludique et abordable. Une volonté : quitter la tour d'ivoire où trop souvent s'enferment les psychanalystes et restituer au grand public ce savoir qui lui appartient. Dans cet abécédaire mêlant essais et récits, Samuel Dock raconte aussi son expérience de la psychanalyse. Il revient sur les traumatismes et les souffrances psychiques qui l'ont conduit à consulter un psychanalyste, les forces vives et le sens qu'il a trouvé sur le divan, son désir de devenir soignant à son tour, sa formation, son travail avec les patients dans les hôpitaux, dans les services de protection de l'enfance et en libéral. Le lecteur est invité à découvrir l'envers d'une scène rarement dévoilée, à en partager les joies et les désillusions. A contre-courant des livres rédigés par des psychanalystes invulnérables et distants, Samuel Dock revendique les vulnérabilités qui nourrissent le devenir analyste et la relation aux patients. Si l'auteur défend le rôle de la psychanalyse dans une société, il rompt par ailleurs avec l'hermétisme du cabinet pour confronter la science de Freud au monde contemporain : développement personnel, médias, société de consommation, réseaux sociaux, genre, pornographie... Cet abécédaire embrasse un très grand nombre de thèmes qui sauront à la fois initier le lecteur néophyte à la psychanalyse et questionner le psychanalyste chevronné sur ses pratiques.

09/2019

ActuaLitté

Littérature française

Je suis Mystique : Rêve ou Réalité ?

J'ai toujours été, depuis mon plus jeune âge, enclin à la solitude. Les autres m'intimidaient à tel point que je les évitais prudemment. Cette solitude devînt mon refuge qui me conduisit vers une vie intérieure très riche. Je vécus, alors, de nombreuses expériences qui m'ouvrirent un monde, de prime abord, effrayant, que, petit à petit, j'apprivoisais, pour mon plus grand bonheur. Je fus amené a confronté les textes de la Bible avec les écrits de Jung, de Freud, la psychanalyse me fascinait. Cette comparaison me semblait indispensable à l'heure où chacun est en quête de sens pour orienter sa vie. Quant à moi, je suis mystique, mais est-ce un rêve ou la réalité ? C'est l'histoire, autobiographique, de cette aventure à laquelle je vous convie, celle qui m'a amenée à vivre une E. M. I. (Expérience de Mort Imminente), élément fondateur de cette existence mystique que je vous livre. Il n'y a, dans ces lignes, rien d'exceptionnel. Celui que je suis, ce que je réalise, vous pouvez l'être, vous pouvez le réaliser, sous conditions d'atteindre certains états d'être, notamment par la méditation, là est, peut-être, la difficulté. C'est pour cela que je veux partager, avec vous, cette vie modeste, jalonnée d'expériences hors du commun. Cette histoire vous est livrée pour que vous puissiez approcher ces mondes parallèles, prendre votre envol, si tel est votre désir, vers la plus grande énigme que vous côtoyez, vous-même. Outre une meilleure compréhension de vous-même, cela vous amènera à une meilleure compréhension des "autres". Votre bien-être, mon voeu le plus cher, à travers ces quelques lignes.

04/2017

ActuaLitté

Beaux arts

Le sein du père. Abraham et la paternité dans l'Occident médiéval

Un vieil homme rassemblant contre lui de petits enfants : telle est l'image qui, dans la chrétienté médiévale, donne à voir la destinée paradisiaque des élus après la mort. Qu'est-ce donc que ce sein paternel où viennent se lover les justes ? Que signifient ces formes textiles, enveloppant de leur mystère le repos des défunts ? Le vieillard, c'est Abraham, l'ancêtre commun du judaïsme, du christianisme et de l'islam, bien apte à exprimer l'idée de concorde et de fraternité. Et si, entre XIe et XIIIe siècles, il parvient avec succès à figurer la récompense céleste, but ultime de la société chrétienne, c'est parce qu'il montre cet idéal paradisiaque comme réunion à une figure paternelle, donnant forme à ce " besoin de protection par le père " que Freud situait au cœur du sentiment religieux. Or la relation entre le patriarche et les élus est si intime et parfois si fusionnelle qu'on peut la qualifier d'inclusion corporelle. Abraham serait-il alors une mère qui accueille les élus en son sein ? Si l'on a récemment insisté sur l'essence féminine du christianisme, les œuvres dont il est question ici invitent plutôt à un rééquilibrage paternel et à une réflexion globale sur la paternité et la maternité et sur l'articulation de ces notions au Moyen Age. Dessiner ainsi un vaste réseau iconographique autour du sein d'Abraham, lequel est à la fois la version masculine de la Vierge à l'enfant et la réplique de Dieu le Père tenant son Fils dans ses bras, permet de mettre en pratique une méthodologie novatrice - construire une iconographie sérielle - tout en contribuant à l'analyse d'un aspect décisif de l'histoire sociale de l'Occident médiéval, qui pensait essentiellement le monde comme parenté.

10/2000

ActuaLitté

Sciences politiques

L'histoire du B'nai B'rith. La plus importante organisation humanitaire juive mondiale

Le 13 octobre 1843, dans un café de New York, douze immigrés juifs allemands fondent, sous le nom hébreu de B'nai B'rith (les Fils de l'Alliance), une association dont le but est ainsi précisé dans le préambule de sa Constitution : "Le B'nai B'rith se charge de la mission d'unir les israélites afin de défendre leurs valeurs les plus élevées pour le bien de l'humanité, de développer et d'élever le niveau moral et intellectuel des personnes de notre confession, de subvenir aux besoins des nécessiteux, de secourir et de protéger les victimes de persécutions". Ainsi, vingt ans avant la Croix-Rouge et cinquante ans avant le Rotary Club, naissait l'une des toutes premières organisations qui inventait le "droit d'ingérence" et l'aide humanitaire qui, précisons-le, s'étendit au cours des ans aux personnes de toutes confessions. Certains des plus grands écrivains ou savants juifs furent membres du B'nai B'rith, tels Ben Yehouda, Bialik, Stefan Zweig ou Sigmund Freud. Le B'nai B'rith compte de nos jours plus de 500 000 membres dans cinquante-huit pays, dont vingt-sept pays d'Europe. Jusqu'alors, le public a peu entendu parler du B'nai B'rith, si ce n'est à travers les calomnies et diffamations de ses détracteurs le présentant bien souvent comme un groupe agissant dans l'ombre pour arriver à des fins inavouables. Il est donc temps de dire ce qu'il est véritablement et de préciser comment son rôle est à tout point de vue essentiel dans l'histoire contemporaine, pendant les deux Guerres mondiales, au Proche-Orient et dans le rapprochement judéo-chrétien. Le lecteur disposera avec ce livre d'une information fondée sur l'histoire et non sur une rumeur, qu'elle soit bien ou mal intentionnée.

10/2013

ActuaLitté

Musique, danse

Jimi Hendrix, la totale. Les 119 chansons expliquées

Jimi Hendrix occupe une place de choix dans le panthéon de la musique du xxe siècle. En quatre années seulement, il a élargi les frontières du rock comme seuls les Beatles l'avaient fait et a émancipé la guitare électrique comme personne ne l'avait fait avant lui. Jimi Hendrix, la totale est une immersion au coeur de la création hendrixienne, révélée et expliquée à partir d'interviews de Jimi Hendrix lui-même, mais aussi d'entretiens avec les producteurs, ingénieurs du son et musiciens qui ont travaillé avec lui et qui l'ont accompagné en studio durant la seconde moitié des années 1960. L'ouvrage couvre toute la courte mais intense carrière du guitar hero, de ses débuts, notamment en tant que sideman des Isley Brothers et de Little Richard, jusqu'au meilleur de ses albums posthumes, au premier rang desquels "The Cry Of Love", "Jimi Hendrix : Blues" et les "BBC Sessions". Entre les deux, tous les enregistrements officiels de Jimi Hendrix sortis de son vivant font l'objet d'une analyse approfondie. La grand-messe commence avec le single Hey Joe / Stone Free en 1966 et prend fin avec un autre single, Stepping Stone / Izabella en avril 1970. Entre ces deux 45 tours, trois albums studio à la confluence du blues, du rock psychédélique, du jazz et du funk qui ont largement redéfini ce qu'était le rock : "Are You Experienced", "Axis : Bold As Love" et "Electric Ladyland". A ces enregistrements studio, nous avons ajouté deux confessions live, elles aussi incontournables dans la discographie du guitar hero : "Live At Woodstock" et "Band Of Gypsys". Purple Haze, Foxy Lady, Little Wing, If Six Was Nine, Voodoo Chile, Machine Gun..., toutes les pièces du puzzle hendrixien sont réunies dans Jimi Hendrix, la totale. Et le rideau se lève sur l'étoile vaudou...

10/2019

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Un mystère plus lointain que l'inconscient

Qu'y a-t-il dans le regard étonné que le nouveau-né pose sur le monde? dans le "pourquoi" insistant de l'enfant? dans la sidération de l'adulte à l'écoute d'une note, d'un rythme, d'un trait d'esprit inouïs? dans le vol suspendu du danseur? Le surgissement d'un nouveau radical qui va bien au-delà du renouveau lié à la remémoration d'un signifiant refoulé, tel que Freud l'avait formulé. Il est la clé d'un lieu auquel le mot ne donne pas accès et que Lacan situait " plus loin" que l'inconscient. Mais comment s'approcher d'un tel lieu? L'acte de création semble y mener lorsqu'il offre à notre perception de quoi appréhender l'invisible, l'inouï. Et n'y a-t-il qu'une réponse à cet étonnement? Quelles instances psychiques met-il en jeu? Pour répondre à ces questions, la religion offre une piste intéressante: le choix inconscient que provoque le nouveau radical sera celui de l'hérétique (qui veut que l'étonnement subsiste) ou celui de l'inquisiteur (qui veut le voir abdiquer). C'est ainsi que certains philosophes contemporains -tel Alain Badiou - sont conduits, au nom du dogme chrétien inventé par saint Paul, à ne voir qu'une imposture dans l'étonnante universalité des lois de la Parole données par Moïse. L'étonnement est ce qui cesse avec le dogme: lorsqu'il est la voie par laquelle le sujet entre en résonance avec la loi et l'outrepasse; lorsqu'il rend le complexe d'OEdipe plus complexe en le renvoyant à son ancêtre Dionysos, dieu de ce qui sonne et résonne; lorsqu'il donne accès au nouveau absolu délivrable par le réel.

04/2010

ActuaLitté

Littérature française

La femme qui avait deux bouches. Et autres récits

Le monde que j'ai fait mien, dont je me sens à la fois l'héritier et le dépensier, et qui doit beaucoup à l'Europe centrale, centre excentrique, cœur " oublié " de notre siècle (pensons au Golem, à Kafka, à Freud, à Stroheim, à Schiele, à Bartok) est évoqué ici par une constellation de formes brèves et variées - récits, nouvelles, fragments autobiographiques - indépendantes dans leur régime, gravitant librement autour d'un astre législateur éteint, celui du baroque, et abandonnées en somme à la nuit. La plupart de ces récits critiquent l'état des choses et la marche du monde réel, quitte à côtoyer des états critiques de la raison : des machines nous soupèsent et nous jugent, des vampires et des ogres donnent des interviews, des spectres se font servir des restes dans une auberge, des hommes parlent en sifflant, un autre en riant, une cantatrice se divise ou se multiplie dans la double voix, la double parole, que lui offrent ses deux bouches, etc. D'autres de ces récits disent les métamorphoses dune conscience douce et douloureuse, toujours prête à me quitter et toujours de retour. Pour que chacun de ces écrits soit le reflet d'un monde, il fallait, bien sûr, que chacun de ces mondes soit une écriture. Tout en y travaillant, je me répétais à moi-même, en guise de légende, leur possible sous-titre commun : Histoires de goût, façons de parler. Et toujours il s'agissait d'abus : abus de nourriture et de boisson, et abus de langage, abus de tout ce qui entre et sort du corps par la bouche, jusqu'au dernier souffle. Ivresse des mets, ivresses des mots. Mais qu'on se rassure : l'abus de la littérature n'est pas dangereux. C'est la modération qui est mortelle. Alain Fleischer

08/1999

ActuaLitté

Sociologie

Marché au sexe

Aucun amateur de cuisine épicée ne se verra privé de liberté ou victime d'ostracisme pour avoir satisfait ses papilles gustatives. En revanche, on peut être jeté en prison pour trop aimer les chaussures en cuir. De même, l'homosexualité, le sida, la pornographie, le transsexualisme, et aujourd'hui la pédophilie, donnent-ils lieu à ce que Gayle Rubin appelle une " panique sexuelle ". Chaque panique désigne une minorité sexuelle, généralement inoffensive, comme population-cible. Au terme du processus, celle-ci se trouve décimée, et la société tout entière, juridiquement et socialement, réorganisée. Gayle Rubin a jeté les bases d'un champ autonome d'études sur le sexe où désir, jouissance et diversité érotique, pourraient trouver leur raison théorique et politique. Les trois textes publiés ici s'inscrivent dans une filiation politique (le féminisme, la nouvelle gauche, les luttes antiracistes, les luttes pour les droits civiques) et théorique (les sexologues, Freud, Lacan, Marx, Foucault, Derrida). Les paradigmes ne valent rien sans l'enquête de terrain, et rien non plus s'ils ne s'actualisent en choix de stratégie et de tactique politiques. L'ensemble s'éclaire du partiel, le partiel de l'ensemble. Nous sommes loin ici du communautarisme béat qu'on prête parfois en France aux intellectuels américains. Qu'on lise les critiques acerbes de Judith Butler sur les replis identitaires : les lesbiennes n'ont rien d'autre en commun que leur expérience du sexisme et de l'homophobie. Ou ses réserves sur le coming out : " La sexualité reste-t-elle sexualité quand elle est soumise à un critère de transparence et de révélation ? Une quelconque sexualité serait-elle possible sans cette opacité qui a pour nom inconscient ? " Gayle Rubin et Judith Butler soulignent constamment la nécessité de ne pas troquer une violence contre une autre, une démonologie religieuse contre une démonologie laïque, laissant ainsi sa chance à l'érotologie moderne.

04/2002

ActuaLitté

Littérature étrangère

Dora la dingue

"Je ne sais pas comment, mon père s'est mis dans la tête que j'avais besoin d'un psy", se demande Ida, adolescente en crise qui décide un soir de se raser le crâne avant de passer à table, au grand dam de son père, volage et égoïste, et de sa mère, dépressive et alcoolique, qu'elle surnomme M et Mme Pharmazombie. Ida, ou plutôt Dora comme l'ont rebaptisée ses amies, double clin d'oeil à Dora l'Exploratrice et à la Dora de Freud, jeune patiente hystérique que le célèbre Sigmund a soignée en 1901, se voit ainsi obligée d'aller consulter un psychanalyste, qu'elle surnomme ironiquement Sig. Et Sig a du pain sur la planche car Dora souffre de toux persistante, d'évanouissements intempestifs et d'aphonie psychosomatique au moindre geste d'affection ou de désir à son égard. Gênant, surtout lorsque Obsidienne, amie dont Dora est secrètement amoureuse, tente de l'embrasser. Petite sueur du Tyler Durden de Fight Club, Dora conçoit l'analyse comme un combat de boxe mental qu'elle doit absolument remporter, et à chaque uppercut psychanalytique du vieux Sig, Dora riposte en prenant des poses lascives pour le déstabiliser. On suit hilare, choqué et fasciné, les aventures de Dora et ses amis (Obsidienne, mystérieuse Amérindienne ; Marlene, transsexuel rwandais féru de littérature érotique ; Little Teena, rouquin gay de 141 kilos, et Ave Maria, blonde maigrichonne s'exprimant uniquement par vocalises) qui lancent des raids artistiques dans les centres commerciaux ou prennent en filature Sigle psy en le filmant après avoir émietté 5 viagras dans sa tisane. Roman classique sur l'adolescence ? Bien au contraire... Dora la Dingue est un concentré de folie, un hymne aux décalés, aux névrosés du monde entier, dont Dora est l'électrique et inoubliable porte-parole.

10/2013

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Soi-même comme un roi. Essai sur les dérives identitaires

Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s'affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s'est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d'autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ? Le phénomène d'" assignation identitaire " monte en puissance depuis une vingtaine d'années, au point d'impliquer la société tout entière. En témoignent l'évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l'idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d'une formidable richesse - issus des oeuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida - ont été réinterprétés jusqu'à l'outrance afin de conforter les idéaux d'un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d'une politique racisée. Mais parallèlement, la notion d'identité nationale a fait retour dans le discours des polémistes de l'extrême droite française, habités par la terreur du " grand remplacement " de soi par une altérité diabolisée : le migrant, le musulman, mai 68, etc. Ce discours valorise ce que les identitaires de l'autre bord récusent : l'identité blanche, masculine, virile, colonialiste, occidentale. Identité contre identité, donc. Un point commun entre toutes ces dérives : l'essentialisation de la différence et de l'universel. Elisabeth Roudinesco propose, en conclusion, quelques pistes pour échapper à cet enfer. Historienne, Elisabeth Roudinesco est l'auteur de livres qui ont fait date sur l'Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan, Sigmund Freud (Prix Décembre 2014), la famille, etc. Elle est traduite dans le monde entier.

ActuaLitté

Economie

Histoire de l'analyse économique. Tome 2, L'âge classique (1790 à 1870)

J. A. Schumpeter (1883-1950) a été l'un des derniers grands économistes capables d'embrasser toute l'histoire de l'économie, celle de son temps et celle du passé. Il s'en était préoccupé de bonne heure : avant 1914, il avait rédigé, pour un ouvrage collectif dirigé par Max Weber, une Esquisse de l'histoire de la science économique. Il devait y revenir, après avoir écrit Business Cycles (1939) et Capitalism, Socialism, and Democracy (1942), et consacrer les neuf dernières années de sa vie à la préparation de cette History of Economic Analysis, qui parut en 1954, après sa mort. Non seulement la science de Schumpeter est immense, mais son style, son ton, la finesse de ses aperçus appartiennent à l'un des très grands hommes de culture de notre siècle, parfait représentant de "l'école autrichienne " et contemporain spirituel de Freud, Wittgenstein, Musil, Zweig, Mahler, Schànberg... Selon Schumpeter, la science économique se caractérise par la maîtrise, dans le domaine économique, de l'histoire, de la statistique et de la théorie. " Il serait illusoire, écrit-il, d'espérer que l'on comprendra quoi que ce soit aux phénomènes économiques [...] sans maîtriser suffisamment les données historiques. Il est de fait que les erreurs fondamentales qu'on commet aujourd'hui en analyse économique sont plus souvent dues à un manque d'expérience historique qu'à toute autre lacune de la formation des économistes ". La véritable culture économique exige donc de combiner la Vision historique avec la maîtrise des techniques d'observation et des modèles théoriques. Et ce livre explique comment, par des synthèses successives, s'élabore et progresse réellement la connaissance. Deux notions, que Raymond Barre dégage dans sa préface, en éclairent la lecture : celle de filiation des idées scientifiques ; et celle de situation classique, où les progrès de l'analyse se coordonnent et se consolident.

01/2004

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Essais d'anthropologie psychanalytique. Tome 2, Le symptôme et l'esprit du temps : Sophie la menteuse, la mélancolie de Pascal... et autres contes freudiens

Soutenir contre la théorie évolutionniste qu'il faut en urgence retourner à Freud et au Lacan structuraliste implique qu'il faille ouvrir la porte du cabinet du psychanalyste pour repartir de l'analyse du cas et montrer ce que l'actualité des formes du malaise subjectif doit à l'évolution de la culture et aux inhibitions, symptômes, angoisses, délires qui, de manière très classique, se déduisent de la clinique des structures freudiennes (Névrose, Psychose, Perversion) et donc en confirment la brûlante actualité. De ce point de vue, la manie-des-toxiques est paradigmatique de ces nouvelles formes du malaise recouvrant le travail des structures freudiennes, comme le montrera l'analyse des inhibitions de Norman, du délire de Kodjo ou de la perversion de Gaël s'exprimant dans sa passion toxique pour le rhum, mais aussi son fétiche de cuir dont il fait des manteaux comme pour nous mettre sur la piste du fétichisme de la marchandise, et plus largement sur celle des ressorts inconscients de la fabrique des objets de la culture dont la dette envers la sublimation, les dispositifs de recherche de plus de jouir et, plus généralement, les logiques de la perversion est immense. Ce que montrent de manière exemplaire l'écriture du journal intime de Sophie la menteuse - l'enfant fétiche de la mère -, l'analyse de la nocivité de l'oeuvre d'art et aussi... tous les autres contes freudiens qui forment le second volume de ces Essais d'anthropologie psychanalytique, partant cette fois de la clinique du cas vers celle de la culture et trouvant leurs conclusions dans Les leçons cliniques de Socrate, où Lacan aperçoit l'émergence des formes de l'amour en Occident et donc les formes originaires du transfert, Socrate dont Lacan fait du même mouvement le patron des psychanalystes. Lacan : un génie quoi !

03/2015

ActuaLitté

Histoire ancienne

Mythanalyse de la Rome antique

Relisons ici Virgile et Ovide : l'Enéide comme épopée initiatique des origines de Rome, et le poème mythologique des Métamorphoses. Au-delà de l'homme romain, Virgile et Ovide y parlent à chacun de nous : la mythologie est la terre natale de toutes les formes symboliques. Par delà vingt-deux siècles, nous nous sentons dans une fraternité avec les peurs, les joies et les désirs qui s'y expriment. Enée, confronté à l'incertitude du risque et à la certitude de l'amour, est l'archétype de chacun de nous essayant de construire son espace personnel. En tant qu'homo viator, il est à la fois guerrier, passeur et exilé ; et comme héros fondateur, il met en ordre le monde, à mesure qu'il progresse dans l'organisation de sa psyché. Comme le dit Paul Veyne dans sa préface à ce livre, nous y trouvons la "vérité profonde" de ces "structures privilégiées de l'imaginaire humain" . Au-delà de ces fulgurances, c'est cet écho que Joël Thomas essaie de repérer plus généralement dans l'imaginaire des Latins, aussi bien pendant la période augustéenne que dans ses influences, en particulier dans la construction de l'Europe. Car, dans une forme de feed back, l'Enéide est à la fois la matrice et le reflet de la romanité ; et le phare de la romanité ne s'est pas éteint avec ses formes matérielles. L'Enéide inspirant La Divine Comédie, ou relue par la Créüside de Magda Szabo, Ovide revisité par David Malouf, ou Catulle modèle possible pour Le Bateau Ivre de Rimbaud : même lorsque ses formes transitoires ne sont plus, Roma Aeterna demeure, et "ce qui demeure, les poètes le fondent" (R. -M. Rilke).

07/2015

ActuaLitté

Critique littéraire

Le mal absolu. Au coeur du roman du dix-neuvième siècle

Existe-t-il un point commun, dans cette surprenante galerie de portraits, entre le hardi Robinson et la lunaire Jane Austen, entre le vertigineux Thomas De Quincey et l'enfant terrible Pinocchio, entre les yeux d'Emma Bovary, les chevaux de Leskov et les petites filles de Lewis Carroll ? Ou bien entre le rire de Dickens et ses incursions dans les ténèbres, la pitié infinie de Dostoïevski, la vitesse et la grâce parfaite de Stevenson, les labyrinthes aériens des phrases de Henry James et les descentes de Freud dans l'Hadès tout au long des nuits au cours desquelles il écrivit L'Interprétation des rêves ? Ce qui relie ces écrivains et ces personnages, parmi bien d'autres rencontrés dans ce livre, ce n'est pas seulement leur apparition au cœur d'une époque marquée par l'apogée du roman et par des bouleversements considérables. C'est aussi le regard subtil de Pietro Citati, son intérêt passionné pour les défis de l'esprit et les aspects multiples de l'existence, son aptitude à accueillir en lui la multitude des visages et des voix qui hantent les écrivains et leurs livres. C'est enfin le fil rouge qui court à travers ces pages : Balzac, Poe, Dumas, Hawthorne, Dostoïevski, Stevenson et presque tous les grands romanciers du XIXe siècle sont attirés par une image, celle du Mal absolu. Non pas le mal étriqué et monotone de la réalité quotidienne, mais le mal fascinant que semblent diffuser les grandes ailes sombres, encore imprégnées de lumière, de Satan et des anges déchus. Car ce siècle est aussi celui du retour de Satan qui séduit, corrompt et tue, aussi magnétique et irrésistible que Stavroguine dans Les Démons. Il tend à s'identifier au Tout, jusqu'à ce qu'il révèle n'être rien d'autre que le vide vertigineux et sans bornes qui hante la conscience moderne.

03/2009

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Le symptôme-charlatan

Le symptôme freudien est un savoir, et qui pourrait parler. Mais il y faut la croyance, dit Lacan. Sur quoi porte-t-elle ? Sur le sens qu'il recèlerait, et qui serait à déchiffrer. Pourtant, le symptôme est aussi ce qu'il y a de plus réel dans la cure analytique : il résiste, on s'y cogne, on n'en peut mais, une répétition inexorable le soutient, le sujet sans cesse en souffre et en jouit. D'où la question récurrente dans le dernier enseignement de Lacan : puisqu'il y a du sens dans la jouissance, se pourrait-il qu'il y ait du sens dans le réel ? - alors que la " notion " même du réel exclut le sens. C'est une mise en question des fondements mêmes de la psychanalyse - bien plus radicale, bien plus méchante et pertinente, que les critiques éventées, édentées, qui ne lui ont jamais manqué. Que Freud ait été un charlatan, il n'y a que des imbéciles pour le croire, que des négationnistes pour le dire. La vraie question n'est pas celle-là, mais bien que le symptôme lui-même est charlatan. Un réel qui parle et qui ment, voilà à quoi nous avons à faire dans l'analyse. Comment le penser ? Comment s'en débrouiller ? Les post-modernes avaient cru se débarrasser du réel dans le même temps qu'ils dépréciaient la vérité (" il n'y a que des interprétations "). Ils ont en définitive nourri le nouveau bon sens, sceptique et technicien. L'heure est aux sagesses orientales, libérales, et aux Lifestyle Drugs-Prozac, Viagra. La voie lacanienne n'a rien à voir avec des idéaux d'anesthésie. Elle discrimine entre le semblant et le réel. Elle élabore le réel spécial qui est celui de la clinique : " l'impossible à supporter ".

05/1998

ActuaLitté

Littérature française

L'évanouie

Les voix de trois personnages constituent ce roman. S'élevant tour à tour, elles vont peut-être donner les clefs de trois destinées anonymes. La première est celle d'un homme, qui va s'apercevoir de la disparition de sa mère. Convaincu qu'elle se fait soigner à l'hôpital où il l'a conduite, jusqu'à la porte seulement, il est retourné à ses travaux qui portent sur un auteur latin inconnu, prédécesseur selon lui de Freud et de toute la psychologie moderne. Non seulement sa mère a disparu, mais elle a soigneusement organisé ce départ pour l'inconnu : elle s'est évanouie. La deuxième voix est celle de cette femme. Pour des raisons qu'elle ne donne pas, elle est venue habiter loin de son fils, dans un hôtel modeste. Elle se veut seule. Mais la solitude est-elle possible ? Dans le square où elle se rend chaque fois que sa maladie lui en laisse les forces, et pendant que son fils se livre à de vaines recherches, elle rencontre un vieil homme. Entre eux se nouent, presque sans paroles, des rapports si étroits et si confiants qu'elle accepte d'aller vivre, ou plutôt mourir, chez lui. Le vieil homme parle aussi. Alors qu'il croyait ne plus se soucier que de lui-même, le voici qui se consacre à cette amie rencontrée par hasard, obéissant à un sentiment dont il ne comprend la nature qu'au dernier instant. Reste le fils. Il apprend la mort de sa mère le jour même où il s'aperçoit que ses travaux n'ont aucune valeur. Héritier surpris du vieil homme, il va s'installer dans l'appartement où sa mère est morte, pour y répéter sans doute les gestes d'un homme qu'il n'a pas connu.

10/1985

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Une vie à soi

Ce livre a été écrit, il y a plus de cinquante ans, par une jeune femme qui le publia sous le pseudonyme de Joanna Field. Marion Milner qui n'était pas encore la grande psychanalyste qu'elle est devenue, auteur de ce beau livre qu'est Les mains du dieu vivant, tenait depuis l'âge de vingt-six ans son diary où elle consignait ce qu'elle croyait être "la meilleure chose de la journée" et entretenait l'espoir d'y découvrir "ce qu'elle désirait vraiment" . Curieuse tentative que ce journal et le livre qu'il inspira ensuite. L'auteur jouit d'une bonne santé, à des amis et un métier intéressant. A peine souffre-t-elle de difficultés de concentration. Elle est bien dans la vie, mais voilà, ce n'est pas la sienne. Elle se sent à côté d'elle-même. Alors elle établit des listes - ce que j'aime, ce que je hais, ce qui me fait peur...; elle écrit ses pensées sans contrôler leur direction; elle explore les moments où le plaisir vient et disparaît; parfois elle part d'un mot qu'elle laisse dériver selon la phonétique. Le lecteur accompagne la jeune femme dans sa quête incertaine et son enquête attentive, obstinée. Il est rare de voir quelqu'un rapporter pas à pas comment il a découvert l'existence de l'inconscient, ici partout à l'oeuvre sans être nommé, ou de la bisexualité, ou encore de ce que Conrad appelait l'élément destructeur. C'est une personne bien attachante qui se profile dans ce journal d'une âme, fraîche et franche. Comme on dit familièrement, Marion Milner, c'est quelqu'un. Et, pour paraphraser Freud, quand quelqu'un écrit, sans se cacher derrière les mots, et seul dans sa nuit, il fait clair.

04/1988

ActuaLitté

Beaux arts

Ouvrir Vénus. Nudité, rêve, cruauté

Botticelli, poète et orfèvre de Vénus : c'est ainsi que nous regardons encore, et à juste titre, le célèbre tableau que Laurent de Médicis commanda au peintre vers 1484, La Naissance de Vénus. C'est ainsi que nous nous représentons l'idéal du nu que la Renaissance florentine fit revivre à partir de modèles antiques, telle la Vénus des Médicis. Ce livre propose un contre-motif : Botticelli, bourreau de Vénus. A travers un réexamen des sources littéraires, le lecteur découvrira comment, dès le Quattrocento, l'image de la nudité forme un ensemble impur, inquiet, menacé et menaçant tout à la fois. Humiliation ou damnation chrétiennes (Botticelli a écouté les sermons de Savonarole, illustré l'Enfer de Dante), sadisme ou métamorphoses des thèmes païens : une analyse de quatre panneaux illustrant un conte cruel de Boccace fera découvrir comment, chez le grand peintre, la nudité se tresse de cruauté et la beauté de malaise, en un travail formel qui puise dans le rêve et dans le fantasme ses opérations fondamentales. Botticelli repensé avec Freud, avec Bataille, voire avec Sade ? L'anachronisme n'est qu'apparent. Car c'est d'un même instrument que le peintre se montre tout à la fois l'orfèvre et le bourreau de Vénus : c'est bien avec son style qu'il incise et qu'il ouvre, froid et cruel, l'image du corps féminin. De plus, l'humanisme médicéen, dans la longue durée de son histoire, révèle ici toute son ambivalence, déjà notée par Aby Warburg : entre la Vénus des Médicis du musée des Offices et la Vénus des médecins du musée anatomique de Florence (1781) il n'y a que le mouvement structural, historique et esthétique d'une nudité offerte transformée inexorablement en nudité ouverte.

11/1999

ActuaLitté

Beaux arts

Karem Arrieta. Edition bilingue français-anglais

Le temps ne s'égrène pas linéairement dans les toiles de Karem Arrieta. Il est cyclique ou revient comme un boomerang. Les époques se mêlent et s'effacent. Des spectres de l'Histoire de l'art passent, tout droit sortis de la Renaissance italienne ou flamande. Chérubins joufflus et moqueurs et autres putti à l'air goguenard. Femmes à la chevelure flamboyante et aux robes de velours échappées d'un Cranach. Ils sont les anges gardiens qui auréolent les bambins. Avec ces références, Karem Arrieta brise la chronologie et se place dans l'Histoire de l'art. Une histoire écrite par et pour l'Europe, dont les références ont infusé les cultures autochtones de l'Amérique latine, dans un syncrétisme parfois anachronique. "Notre appartenance au monde des images est plus forte, plus constitutive de notre être que notre appartenance au monde des idées." (Gaston Bachelard) / Time does not pass linearily in Karem Arrieta's artwork. It works in cycles, or comes back like a boomerang. Eras mingle and fade. Ghosts from the history of Art are passing by, coming straight out of the Italian or Flemish Renaissance. Chubby cherubins and classical "putti" with mocking eyes. Women with flamboyant hair in their velvet dresses, coming out of a Cranach. They're the guardian angels that crown their children. With these references, Karem Arrieta breaks free from the chronology and places herself in the history of Art—history written by and for Europe, and whose references influenced native cultures in Latin America, in a syncretism that can sometimes be anachronical. "Our belonging to the world of Images is stronger, more constituent to our being, than our belonging to the world of Ideas." (Gaston Bachelard) Barbara Tissier.

11/2019

ActuaLitté

Littérature française

Et si c'était une nuit

"Cette nuit-là, j'ai fait deux rencontres, une personne, bien réelle que j'ai revue par la suite et une autre, plus floue, dont j'aurais du mal à parler. Peut-être l'ai-je seulement rêvée celle-là ? Ces rencontres ont été si puissantes, se sont révélées si décisives, qu'elles demeurent inscrites dans ma mémoire comme des balises, posées là pour éclairer mon chemin... " C'est un vendredi, le vendredi 10 mai 1968. Sur sa mobylette, le jeune Tobie, maoïste en déshérence, louvoie entre "CRS SS" , barricades et étudiants en colère. Alors que la foule envahit le quartier latin, il va à contre-courant comme il l'a toujours fait, Juif d'Egypte exilé, passé par Rome et qui grandit à Gennevilliers. L'exode a brisé sa mère, son père est insaisissable et lui est devenu autre, dans une "absolue étrangeté" , celle de "vivre étranger dans un pays étrange, étranger à soi-même" . Reste l'amour pour se rattacher au monde qui va, l'amour à fleur de peau et le désir ardent, dans les bras de femmes initiatrices qui le ramènent à l'épaisseur de l'existence. La découverte de Freud met des mots sur l'exaspération de sa jeunesse, le mariage entre ethnologie et psychanalyse devient une voie possible. Mais dans cette nuit-là, de révolution et de chaos intérieur, c'est un autre égyptien qui s'impose à lui. Zohar Zohar l'élégant, ange gardien et vengeur, à la poursuite du nazi qui l'obsède. Et aussi Sett Sal'ha, la Libyenne, fantôme des origines tout droit sortie de l'enfance et qui convoque l'ultime question : "Pourquoi sommes-nous sortis d'Egypte ? " Et si c'était en une nuit que se décidait son destin ?

08/2023

ActuaLitté

Ouvrages généraux

Promesse de Beethoven

En même temps que la civilisation et la culture s'effondraient, Thomas Mann, dans Le Docteur Faustus, roman rédigé entre 1943 et 1947, concevait le personnage du musicien Adrian Leverkühn qui, en proie aux effets du Pacte contracté avec le Diable, finit par devenir fou. La musique, la création et l'inspiration en général ne sont-elles vraiment possibles que par la médiation d'un Pacte de ce type, afin de conjurer la réalité et le risque de la stérilité en s'appropriant ainsi les pouvoirs du génie ? Faisant suite aux avertissements de Nietzsche et de Freud auxquels on resta bien trop sourds, on doit se demander avec lucidité comment la musique, et avec elle la plus haute culture, peuvent s'avérer à ce point douteuses à l'égard de leurs propres exigences et prétentions. Mais la musique ne lutte-t-elle pas en son propre sein, ainsi que le fit exemplairement celle de Beethoven, dans le but d'opérer la percée, comme sous la poussée de la pensée elle-même, vers sa plus haute et sa plus sensible destination ? A travers quelques moments décisifs du roman de Thomas Mann, l'évocation de la Heiterkeit (la " sérénité ") de Mozart, La Petite Sirène d'Andersen, l'Essai sur le Théâtre de marionnettes de Kleist, et en suivant la tension au coeur de la musique de Beethoven entre l'affirmation héroïque, la jubilation assez douteuse de l'Hymne à la Joie de la IXe Symphonie et la sobriété du XVe Quatuor à cordes, on percevra en pensée les Lumières - qui ont historiquement échoué - se réfléchir et engager, par la grâce d'une ressource insoupçonnée, une autre promesse d'humanité et de paix.

03/2023

ActuaLitté

Critique littéraire

Lettres de fuite. Séminaires 2001-2004

Le travail théorique et critique d'Hélène Cixous, plus connue par son oeuvre de fiction et pour le théâtre, a surtout été élaboré publiquement au séminaire qu'elle donne annuellement depuis près d'une cinquantaine d'années. Aussi ce séminaire appartient-il à l'époque "glorieuse" de la pensée française, aux côtés des séminaires de Jacques Derrida, Michel Foucault, Jacques Lacan ou Roland Barthes, mais, à la différence de ceux-ci, celui d'Hélène Cixous était resté inédit jusqu'à aujourd 'hui. Son séminaire se caractérise par le fait qu'il associe étroitement la littérature et la pensée : la voix d'Hélène Cixous, forte et séduisante, nous entraîne dans une lecture très personnelle de la grande littérature occidentale (nous y rencontrons Eschyle, Balzac, Dostoïevski, Freud, Joyce, Kafka et surtout Proust, mais aussi l'Odyssée et l'Ancien Testament, parmi bien d'autres oeuvres), jointe à la philosophie, puisque la lecture s'ouvre à l'interprétation du monde. Lettres de fuite regroupe trois ans de séminaire, de la rentrée 2001 (après le Il septembre, qui a changé nos vies et le monde que nous connaissions) à juin 2004 (date du dernier dialogue public avec Jacques Derrida, avec qui Hélène Cixous entretient une conversation permanente). Le séminaire fait une place essentielle au désir, à l'amour et à la sexualité, des thèmes universels, mais il est aussi toujours attentif à ce qui se passe sur la scène du monde. Ce volume possède ainsi une unité thématique autour de la perte, la mort et la guerre - mais aussi de l'amour, la beauté et la vie. Lettres de fuite est donc un hommage aux "puissances autres" de la littérature. Hélène Cixous conclut : "Dans sa fragilité, dans son côté désarmé, la littérature est absolument indispensable".

10/2020

ActuaLitté

Photographie

David Seidner

Né à Los Angeles en 1957 et prématurément disparu en 1999, David Seidner a laissé une oeuvre aux registres multiples, encore largement méconnue. Dès ses débuts - il avait dix-huit ans lorsqu'il exposa pour la première fois -, ses séries personnelles jouent de l'image du corps et du visage à travers des processus de fragmentation, de découpage, de glissement, de diffraction et de condensation qui provoquent un sentiment proche de ce que Freud nommait "inquiétante étrangeté".
Collaborateur des revues les plus prestigieuses, de Vogue Italie à Harper's and Queen et Vanity Fair, il assura durant plusieurs saisons les campagnes photographiques de la maison Yves Saint Laurent. Les deux livres qu'il se vit confier par le Musée des Arts décoratifs - Moments de mode et Le Théâtre de la mode - sont aujourd'hui ardemment recherchés ; ils prennent place auprès d'Artists' Studios, sans doute son ouvrage majeur, où sont rassemblés les portraits, tant photographiques que littéraires, qu'il mit plusieurs années - et toute son énergie - à recueillir, établissant à sa manière une petite histoire de l'art contemporain.
Articulées autour de différents thèmes - corps fragmentés, nus, portraits, ainsi qu'une ultime, et éblouissante, séquence d'orchidées -, les oeuvres ici présentées allient le souci formel le plus extrême à la sensualité la plus raffinée, tout en restant soumises à ce qui fut peut-être le principe directeur de son approche : l'ouverture aux puissances créatrices du hasard, de l'aléa et du changement.
Cet ouvrage, publié à l'occasion de l'exposition "David Seidner" présentée à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent du 2 octobre 2008 au 29 janvier 2009, est le premier à remettre en lumière la force d'une oeuvre que diverses circonstances ont quelque peu maintenue dans l'ombre depuis la mort du photographe.

10/2008

ActuaLitté

Jung

C. G. Jung en France. Rencontres, passions et controverses

En France, la réputation du psychiatre suisse Carl Gustav Jung (1875-1961) semble, depuis plusieurs décennies, fortement marquée du sceau de l'ambivalence. Bien que souvent ignorés au sein des facultés de psychologie et honnis par de nombreux critiques, les ouvrages de l'ancien collaborateur et rival de Sigmund Freud n'ont paradoxalement jamais été aussi présents sur les étals des libraires qu'actuellement. Signe que l'oeuvre de cette figure majeure de l'histoire de la psychiatrie, de la psychanalyse et de la psychothérapie, continue de faire l'objet, plus de soixante ans après sa mort, d'interprétations conflictuelles et passionnées. Fruit d'une vaste enquête archivistique, C. G. Jung en France analyse de façon vivante et érudite les multiples voies de circulation empruntées par la psychologie analytique, de même que les différents modes d'appropriation et critiques dont celle-ci a pu faire l'objet tout au long du XXe siècle. Redonnant vie aux nombreux débats suscités par cette doctrine complexe, parfois déroutante et controversée, cette enquête captivante traverse des domaines aussi variés que les sciences du psychisme (Flournoy, Binet, Janet, Lacan, Dolto, Ey), la philosophie (Bergson, Bachelard, Deleuze), l'anthropologie (Lévi-Strauss, Durand), la théologie (Teilhard de Chardin, Beirnaert), l'orientalisme (Guénon, Massignon, Corbin), l'histoire (Dupront, Le Goff), ou le champ artistique et littéraire (Valéry, Cocteau, Simenon, Hergé), tout en rendant compte de la structuration progressive d'un mouvement autochtone se réclamant de sa théorie de l'inconscient, conçu comme un puissant réservoir de créativité. A rebours du freudo-centrisme dominant le plus souvent l'historiographie du genre, ce livre, qui regorge d'une foule d'informations inédites, jette en somme une lumière originale sur des pans refoulés ou encore méconnus de l'histoire sociale, culturelle et intellectuelle de la France contemporaine.

10/2021

ActuaLitté

Philosophie

La sensibilité

Cette notion a toujours été au centre de la réflexion philosophique, dans le domaine de la connaissance comme dans celui de l'action. Mais tantôt elle a été comprise dans son sens passif, la capacité d'être affecté, tantôt dans son sens actif, l'élan qui nous porte au-devant des choses et du monde. D'où les difficultés de son utilisation. Analyse de la notion On se propose, tout en distinguant les deux sens de la notion, de montrer que son sens actif est premier et fondamental. La sensibilité est le pouvoir originel et déterminant de l'effort de penser qui, loin de s'opposer à la raison, la nourrit, la dynamise, lui permet de se dépasser. Seule une pensée dogmatique et stérile oppose radicalement sensibilité et raison°; c'est leur entrelacement qui fait problème, c'est cela qu'il faut cerner; l'enjeu en est le dépassement de la crise de la raison. Étude de textes On a choisi, pour dégager l'ensemble du parcours et des enjeux de la notion, de s'appuyer sur cinq textes : Traité de l'âme d'Aristote, qui détermine le nœud de la difficulté, les relations de l'âme et du corps; Émile de Rousseau qui prend la mesure de la sensibilité dans la formation de l'être humain°; Critique de faculté de juger de Kant qui nous guide vers cet en-deçà de l'opposition de la sensibilité et de l'entendement°; Le mot d'esprit et sa relation à l'inconscient de Freud qui explore la face cachée de la sensibilité°; enfin Le visible et l'invisible de Merleau-Ponty qui explore ce nœud originel qui est notre entretien avec le monde.

02/2004

ActuaLitté

Essais

Né juif : le prix de la coupure

A quoi s'expose un sujet lorsqu'il est né juif ? De quelle faute, de quel crime son peuple honni et persécuté à travers les siècles s'est-il rendu coupable pour provoquer une telle haine, une telle vindicte qui menèrent à la Shoah ? Quelle responsabilité incombe au sujet, héritier de cette histoire et de cette mémoire ? Fort de son expérience personnelle, Robert Samacher s'engage dans une enquête pluridisciplinaire sur les fondements de l'identité juive, afin de cerner cet insaisissable, cet indicible qui la constitue. Il approfondit l'enquête menée par Freud dans Totem et Tabou puis dans L'Homme Moïse et la religion monothéiste, montrant l'importance de la Loi pour les Juifs et valorisant la figure du Père. L'auteur examine les ingrédients qui composent l'antijudaïsme puis l'antisémitisme, en scandant les moments de rupture, tant historique qu'épistémologique, que constituent l'appel de saint Paul, les harangues de Luther, les théories raciales, l'arrivée au pouvoir de Hitler. A travers les discriminations, les persécutions et le génocide, il s'agit toujours d'éliminer ce reste inassimilable qui confronte l'homme à l'altérité et à l'insupportable de sa propre castration. De nos jours, par le biais des réseaux sociaux, rumeurs et fake news connaissent des diffusions incontrôlables. Antisionisme musulman et négationnisme se combinent aux délires complotistes pour mettre à mal tout rapport à la vérité ; de nouveaux dictateurs poursuivent leurs guerres, s'appuyant sur la peur des populations et les méfaits de la propagande. Quand le Père symbolique n'est pas reconnu ni accepté, le Père de la "horde primitive ", sans foi ni loi, fait son grand retour. L'appel à la responsabilité du sujet, troquant ses préjugés et ses certitudes morales pour le champ de l'éthique délestée des impératifs du Surmoi, n'en devient que plus indispensable.

10/2023

ActuaLitté

Histoire de l'art

Quand l'art fait des histoires

La cinquantaine de textes qui constitue ce recueil aborde l'histoire de l'art des XIXe et XXe siècles de façon différente selon qu'il s'agit d'analyser une oeuvre en visant la précision documentaire d'une iconographie (L'Evasion de Manet, Cirque de Seurat) ou de présenter un travail exposé parfois pour la première fois (Baselitz, Das Negativ). L'approche critique et l'analyse historique font ainsi partie d'une expérience au cours de laquelle l'idée de l'art moderne représentée par Manet, Degas, Berthe Morisot, Caillebotte, Seurat s'est trouvée confrontée après Picasso ou Pollock, à une nouvelle génération d'artistes, en Italie et en Allemagne. Ce qui ne va pas sans interroger les modalités du jugement, la fonction du style, la teneur même de l'interprétation quand il s'agit de Penck, Immendorff, Lüpertz ou Polke. Quelques textes abordent un état de la pensée (Kessler et Gide, Henri Focillon, Michael Werner) ; d'autres formulent un jugement d'ensemble (Lucian Freud, Francis Picabia, Edward Hopper) ; certains proposent des rapprochements (Nadar en double, Aberrations contemporaines, Kirkeby-Delacroix, A New Spirit in Painting). En fonction d'une diversité et d'une différence qui lui sont fondamentalement adressées, le discours sur l'art est à l'épreuve d'une compréhension qui a pour objet de se prêter à l'histoire sans pour autant s'y confondre. "Quand l'art fait des histoires" invite à considérer le rôle d'un artiste qui fait l'histoire. Il le fait en s'exposant au sens le plus large du terme comme ont pu le faire Van Gogh ou Rouault, Manet ou Cézanne avant eux. Aucun préalable doctrinal ne s'impose. Pour que l'histoire continue, il faut des histoires. Des histoires plus que jamais discontinues.

12/2021

ActuaLitté

Histoire internationale

Cocaïne andine. L'invention d'une drogue globale

Dans cette étude novatrice et solidement documentée qui relate un chapitre aussi méconnu qu'emblématique de l'histoire de la globalisation, Paul Gootenberg entreprend de retracer l'essor irrésistible de l'un des produits d'exportation les plus fascinants - et désormais illégal - de l'Amérique latine : la cocaïne, ainsi que celui de la plante andine dont elle dérive, la coca. Gootenberg retrace l'histoire de la cocaïne depuis ses origines et le succès foudroyant qu'elle connut au départ comme produit médical révolutionnaire à la fin du XIXe siècle, jusqu'à la répression qui s'est abattue sur elle dans la première moitié du XXe siècle puis sa réapparition spectaculaire comme drogue illicite après la Deuxième Guerre mondiale. Pour retracer les transformations successives de la cocaïne, il faut convoquer une foule d'individus, de produits, de disciplines et de processus divers et variés : Sigmund Freud, le Coca-Cola et Pablo Escobar font des apparitions attendues dans ces pages, incarnations de ces influences "globales" qui ont forgé l'histoire de la cocaïne depuis le commencement. Mais Gootenberg s'écarte également de l'histoire connue et nous éclaire sur le rôle joué par des acteurs andins essentiels mais demeurés jusqu'ici dans l'ombre, tel que le pharmacien péruvien qui a développé les techniques de transformation du produit à l'échelle industrielle, ou les hommes qui ont mis en place les premiers réseaux clandestins, ceux-là même dont allaient s'emparer, bien des années après, les narcotrafiquants colombiens. Cocaïne andine se révèle, au fil des pages, une lecture indispensable pour comprendre ce qui demeure l'un des problèmes les plus épineux des sociétés américaines de la fin du XXe et du début du XXIe siècle : l'épidémie de cocaïne des années 1980, et, dans son sillage, l'interminable guerre contre la drogue que continuent à mener les Etats-Unis dans les Andes.

01/2014

ActuaLitté

Musique, danse

Le compositeur, son oreille et ses machines à écrire. Déconstruire les grammatologies du musical pour mieux les composer

On a souvent reproche a la "musique contemporaine", tenue générique, d'avoir favorisé la spéculation intellectuelle au détriment de l'expérience sensible. Condamner les principes d'un mouvement diversifié qui a produit des oeuvres extraordinaires est cependant hâtif. D'une part, son esprit s'est inscrit dans l'élan structuraliste d'après-guerre qui attribuait une valeur primordiale à l'intelligence des structures sur leur perception. D'autre part, cette attitude compositionnelle ne fut que la continuation d'une pratique occidentale de la musique fondée, depuis Pythagore, sur le logos et l'abstraction. La fin des années 1960 contestera dans de nombreux domaines certains principes intrinsèques à la modernité occidentale. En musique, les innovations issues des musiques extra-occidentales, des musiques sur support et de la révolution cagienne feront émerger de nouvelles formes : free jazz, installations sonores, musiques minimalistes, mixtes ou spectrales, nouvelle simplicité, nouvelle complexité et autres musiques "postmodernes". Cependant, confondant déconstruction et antimodernité, cette postmodernité enfantera parfois, comme dans d'autres disciplines, ses propres démons : antiélitisme, hyper-relativité culturelle, musiques complaisantes, "multiculti" ou académiques. Cet ouvrage tente une déconstruction systématique des opérateurs de la modernité des musiques occidentales, plus particulièrement une réflexion sur les rapports entre écriture (au sens large d'organisation) et composition : quels sont les enjeux et les limites de la spéculation analytique ? Quelle relation existe entre structure sur le papier et forme perçue ? Qu'est-ce qu'une musique complexe ? Qu'appelle-t-on consonance en Occident ? Ce livre est destiné aux compositeurs, musiciens et mélomanes intéressés par les problèmes d'écriture musicale, mais aussi à ceux qui souhaitent comprendre en quoi la musique pose, avec son vocabulaire propre, des questions analogues à celles des autres disciplines de l'esprit.

01/2014

ActuaLitté

Philosophie

Leçons sur la volonté de savoir. Cours au Collège de France (1970-1971) suivi de Le savoir d'Oedipe

Voici la transcription de la première année des cours de Michel Foucault au Collège de France. Sa publication marquera une date dans la "réception" de Foucault. On ne pourra plus le lire comme avant. On v découvrira la profonde unité du projet qui va de Surveiller et Punir (1975), dominé par les thèmes du pouvoir et de la norme, à L'Usage des plaisirs et Le Souci de soi (1984), consacrés à l'éthique de la subjectivité. Ces Leçons sur la volonté de savoir rappellent que le travail de Michel Foucault n'a jamais eu qu'un objet: la vérité. Surveiller et Punir achève une enquête sur le rôle des formes juridiques dans la constitution du dire vrai, dont on découvre ici les premiers jalons. La vérité naît dans des conflits, la concurrence des prétentions qui trouvent dans les rituels du jugement judiciaire la possibilité de départager qui a raison et qui a tort. Au sein même de la Grèce antique se succèdent et s'affrontent différentes formes juridiques, différentes manières de partager le vrai et le faux, où viendront bientôt s'inscrire les querelles des sophistes et des philosophes. Sophocle, dans OEdipe roi, met en scène la puissance propre des formes du dire vrai: elles instituent le pouvoir comme elles le destituent. Contre Freud, qui fera d'OEdipe le drame d'un inavouable désir sexuel, Michel Foucault montre que la tragédie articule les rapports de la vérité, du pouvoir et du droit. L'histoire de la vérité est celle de la tragédie. Au-delà de l'irénisme d'Aristote qui plaçait la volonté de vérité dans le désir de connaissance, Michel Foucault approfondit la vision tragique de la vérité inaugurée par Nietzsche, qu'il arrache dans un dialogue souterrain avec Deleuze à la lecture heideggerienne. Qui osera parler, après ce cours, d'un Foucault sceptique?

02/2011