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Fred Dewilde

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Littérature française

Le roi-nu-pieds

Niels, 25 ans, habite depuis des années dans une cabane sans eau ni électricité sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Il vit de dons et des produits de son potager. Un été, à l'improviste, il débarque, hirsute et pieds nus, dans la maison de vacances familiale, accompagné de sa copine et de son chien. Il y a là son père, Eric, sa belle-mère, leur fils, et la grand-mère complice. La cohabitation devient vite explosive. Niels fume pétard sur pétard, dort le jour, boit de la bière... Excédé, son père finit par le chasser de la villa à grands coups de "dégage ! " . Mais la roue tourne. Deux ans plus tard, Eric se retrouve sans emploi. Le Covid est passé par là, la crise aussi et, en tant que free-lance, à 59 ans il n'a plus un client. A bout de forces et endetté jusqu'au cou, il décide de fuir. Pour rejoindre le seul être qui ne le jugera pas : son fils, Niels. Père et fils vont peu à peu se réapprivoiser, travailler ensemble sur la ZAD, Niels mettant son père à l'épreuve et Eric découvrant la "vraie vie" de son fils, les raisons de ses choix, son bonheur simple de Robinson en communion avec la nature. Chaque jour qui passe convainc Eric que là se trouve sa nouvelle vie. Jusqu'au moment où il commet la gaffe suprême : rattrapé par son passé de publicitaire, il propose à Niels de faire de la ZAD une nouvelle marque à destination d'une cible "bobo urbaine CSP+" . Niels, horrifié, demande à Eric de reprendre la route. A ses yeux, son père n'est pas guéri. Il ne pourra revenir que le jour où il sera, enfin, "désintoxiqué" . Alors, il sera vraiment le bienvenu. En toile de fond de cette relation père-fils complètement inversée, une réflexion sur des enjeux très actuels : le défi de la transition écologique, les limites de la société consumériste, le besoin de se recentrer sur l'essentiel... Si tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut consommer moins pour stopper l'épuisement des ressources naturelles, quelle méthode employer pour parvenir à un nouveau modèle ?

01/2023

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Faits de société

Le Capitalisme woke. Quand l'entreprise dit le bien et le mal

Une enquête coup de poing qui met en lumière le nouvel environnement " politico-moral " du monde économique occidental, soumis aux injonctions de la moralisation du capitalisme. La compagnie Lufthansa qui demande en juillet 2021 à ses personnels de bannir l'expression " mesdames et messieurs " afin " de choisir un discours qui s'adresse à tous ses passagers ". La société Disney qui assume une ségrégation dans ses personnels en créant trois groupes affinitaires (Latinos, Asiatiques et Noirs) et en invitant les Blancs à dresser la liste de leurs privilèges. La campagne de Louboutin à l'été 2021, portée par la militante antiraciste Assa Traoré, avec l'escarpin Free walkie (995 euros) qui " exprime cette saison l'empathie et la solidarité ". Avec ces quelques exemples d'actions - ubuesques voire tout simplement ridicules -, l'entreprise privée témoigne qu'elle ne se soucie plus seulement de ce qui est utile ou pas, rentable ou pas, mais de ce qui est bien ou mal. Porteuse de valeurs, elle est sommée de participer à la grande marche vers le Bien. Paralysée par la crainte de mal faire, intimidée par les injonctions de la culture woke, soumise aux contradictions de consommateurs qui attendent d'elle des " messages ", l'entreprise est emportée dans le mouvement de moralisation du business. Anne de Guigné, dans cette enquête, dénonce ce virage du capitalisme, et met au jour la défaillance, voire la défaite, des politiques publiques à faire société et à fabriquer l'avenir... Essai enquête qui donne un coup de projecteur sur le monde économique au moment où il est traversé par des injonctions nouvelles, tant dans la fabrique du produit (bio, durable, etc.) que dans le traitement des personnels (égalité hommes-femmes, reconnaissance des minorités) ou dans la relation avec des consommateurs en demande de sens... Essai coup de poing qui met au jour les dangers de cette moralisation du capitalisme, pointe l'entrisme des groupes de pression ainsi que les excès de la culture woke, tant en Amérique qu'en Europe, en prenant soin de distinguer le cas français. Essai politique qui réfléchit à la défaillance des démocraties à porter un projet de société, et s'interroge sur le rôle des entreprises dans ce nouvel environnement " politico-moral ".

03/2022

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Revues de psychanalyse

Les Lettres de la Société de Psychanalyse Freudienne N° 44/2021 : Destins du père. L'enfant et la psychanalyse dans le monde contemporain

Destins du Père Quels destins pour le Père ? Quels destins pour un père, pour le mot, pour le signifiant père ? La psychanalyse, comme la culture et la société, porte la trace de ces destins. Les évolutions, les émancipations, les transformations et conquêtes sociales se réfèrent toutes, d'une façon ou d'une autre, au père. Elles le préservent, le sauvent, le restaurent ou le réduisent à une fonction dès lors distincte de la personne qui l'incarne. Ce dossier ouvre une réflexion sur les destins du Père : pères humiliés et relève du fils, destin du Nom-du-Père en sont quelques figures. La psychanalyse commence avec le deuil du père, une mort dont Freud lui-même relève les conséquences dans L'interprétation du rêve. L'analyse est un des destins du père, ce n'est pas le seul. L'enfant et la psychanalyse dans le monde contemporain L'invention freudienne a une date, le début du XXe siècle. L'analyse du petit Hans, de sa phobie des chevaux a été publiée il y a cent dix ans. Aujourd'hui, les enfants ne rencontrent plus de chevaux de trait et sont informés de la différence entre filles et garçons. Pour autant, complexe d'oedipe et fantasme de castration sont toujours à l'oeuvre. Les psychanalystes sont confrontés à des troubles qui n'apparaissent pas dans la clinique freudienne des origines. De nouveaux symptômes amènent un enfant à consulter. Les enfants ne sont plus des êtres soumis, des lecteurs de livres choisis ; ce sont des consommateurs, parfois happés par les écrans et une technique qu'ils maîtrisent mieux que leurs parents. Ils ne sont plus des mineurs irresponsables, mais ont des droits et des devoirs qui évoluent tout au long de l'enfance. Le psychanalyste ne peut ignorer cette évolution. Les auteurs de ces articles repèrent les invariants qui structurent l'écoute analytique, les distinguent des adaptations techniques de la cure. Ils tâchent de séparer ce qui révèle d'une nouvelle sémiologie, de l'apparition de troubles jusque-là inédits, afin d'espérer comprendre comment un enfant et son psychanalyste peuvent s'inscrire dans le monde contemporain.

06/2021

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Littérature française

Mehersthan Memoir (Meher Baba)

Mehersthan Memoir (Meher Baba) This book is dedicated to the unique One who has assumed a form and name to lead the play of universal existence. He throbs in our loving heart ; He breathes in our living soul. He sings in our fervent spirit and he thinks in our purified mind. That infinite Ancient One from his supernal height, bends towards us to embrace us in his love, and to feed our soul with the nectar of his bliss. Blessed are they that have the mind to know him, the heart to feel him and the love to live in his consciousness ! He may have been born to human parents in Poona, studied in a college, played cricket, left home, have seen great souls, sat alone silent, spoken in gestures, written books - but that is not his history. Many live such a life ; many scholars write books ; many saints sit in contemplation ; many monks leave home for mountain resorts ; but they cannot be one like him. Millions of bulbs challenge in vain the darkness of night. One sun rises and the night dissolves into his golden light. One sun rises and the night dissolves into his golden light. We have seen monks, yogins and saints. Some live alone for peace. Some open Ashrams and collect donations to run them. Some comercialise their name and form. Some display miracles to surprise human minds ; some offer boons ; some predict the future ; some curse you when you do not offer them what they want. Some seek pleasure and treasure. But who seeks God and finds God in the self to awaken God-awareness in other men and women ? Who says "I am God and you are God too"? Who rises above the prattle of words, the rattle of weapons and battle of ideologies to the lofty peace of supersonic silence and pours his blessings from the dizzy height of the soul in tune with God ? Who is he that embraces all in the heart and awakens the soul which has none of the human creations of caste, religion, race, pedigree nor colour ? Editions ASSA, Christian Piaget

07/2017

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Poésie

La source de lumière

Depuis plus de trente maintenant, grâce à ses très nombreuses publications, ouvrages analytiques, articles d'art spécialisés, et principalement recueils de poèmes, Nina Živancevic nous offre la sagesse de sa pensée, dans une créativité prolixe. Ses mots sont comme des rires, des cris qui soulagent au milieu des désespoirs et des sanglots quotidiens du monde. Sa poésie sonne et raisonne, elle prend l'intensité de la parole vraie qui parle au réel. Comme si elle inventait chaque fois une nouvelle langue au rythme imprévu de la réalité. Elle écrit comme elle vit dans la force du mouvement. Impromptue, surprenante, psychédélique et surtout émouvante, sa poésie ne finit pas de nous toucher au plus profond de notre être par la sincérité et la lucidité qui inspirent cette poétesse en permanence. Stavroula Bellos. Nina Živancevic poursuit dans son nouveau recueil de poésie La source de lumière le chemin de ses receuils précédents mais avec cette fois-ci avec un souffle politique semblable à celui d'Allen Ginsberg (dont elle fut l'assistante). En sa qualité de poète transnationale, elle évoque sa vie à Paris, marquée par la réalité française concernant la situation des migrants tout en se souvenant de son passé à Belgrade et de la Yougoslavie et de ses guerres civiles. Elle nous parle aussi de New York, des Etats-Unis confrontés à la question de la gentrification, mais aussi des évènements en Syrie et en Afghanistan. Nous sommes enfin émerveillés par ses pensées sur la Grèce Antique, sur les philosophes comme Nietzsche, Freud, Hannah Arendt, etc. Biljana D. Obradovi ? . Parfois poésie dit ‘didactique', parfois poésie-essai, parfois poésie d'images, parfois poésie du quotidien, presque toujours poésie dédiée à d'autres - l'écriture comme conversation, réponse, ouverture d'un dialogue futur. Cette compilation de textes par l'auteure Nina Zivancevic reflète une vie de rencontres intellectuelles, de rencontres produites à travers la musique (Lou Reed et John Cage) et des livres (Walter Benjamin ou de Kafka). Ses poèmes nous ouvrent sa porte, nous invitent à entrer et à voir et revoir ce que les livres, la musique, la cuisine, l'art plastique et les idées d'autres artistes ont légué à la poésie contemporaine. Jennifer K Dick. Illustration de couverture : Mihailo Stanisavac

09/2021

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Littérature étrangère

La confusion des sentiments et autres récits

Retraduire est une donnée nécessaire et paradoxale. Nécessaire parce que toute traduction vieillit et doit s’adapter aux époques et à la langue qui évolue. Paradoxale parce que, si l’œuvre originale vieillit aussi, elle échappe par nature à toute tentative ou tentation de modification. En 2013, une très grande partie de l’œuvre de Zweig tombe dans le domaine public, événement d’une grande importance littéraire et éditoriale, puisqu’il permet d’engager de nouvelles traductions, souvent pour le plus grand bénéfice de l’oeuvre. Celle de Stefan Zweig est déjà largement traduite en français, ce qui en fait l’un des auteurs de langue allemande les plus lus en France. Mais certaines traductions remontent à plus de quatre-vingts ans – quelques-unes ont même été publiées du vivant de l’auteur – et beaucoup méritaient d’être rafraîchies ou adaptées aux critères d’aujourd’hui. Cette édition regroupe la quasi-totalité des récits de Zweig, un genre littéraire dans lequel il excellait. Ses meilleurs écrits sont, en effet, des formes brèves. Ces 35 récits, confiés à une équipe de huit traducteurs sous la direction de Pierre Deshusses, sont présentés ici, pour la première fois, de façon chronologique, ce qui permet de mieux saisir l’évolution de l’écriture de Zweig et les répercussions de la maturité sur l’analyse des problèmes qu’il traite, parfois très actuels. Certains de ces textes, pratiquement inconnus, comme Rêves oubliés, Deux solitudes, Une jeunesse perdue, La croix… vont révéler au lecteur des aspects nouveaux de l’auteur. On retrouvera aussi les œuvres les plus connues : Amok, La Confusion des sentiments, Le Joueur d’échecs… L’ensemble évoque, sur un mode souvent aux antipodes du naturalisme, les destinées le plus souvent tragiques de créatures fragiles et menacées, la puissance démoniaque de la passion. L’intérêt pour la psychologie des profondeurs de celui que Romain Rolland disait un « chercheur d’âme » est tel qu’on l’a souvent considéré comme un émule de Freud. Cette affirmation mérite d’être nuancée, mais il est vrai que Zweig attache plus d’importance au caractère de ses personnages qu’au milieu dans lequel ils s’inscrivent. Il nous offre ce qu’on appelle une « typologie des formes de la passion ». 81

02/2013

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Littérature française (poches)

La place de l'étoile ; Rue des Boutiques Obscures ; Dora Bruder ; Un pedigree. Coffret 4 livres

La place de l'étoile Au mois de juin 1942, un officier allemand s'avance vers un jeune homme et lui dit : "Pardon, monsieur, où se trouve la place de l'Etoile ?" Le jeune homme dédigne le côté gauche de sa poitrine. Rue des Boutiques Obscures Qui pousse un certain Guy Roland, employé d'une agence de police privée que dirige un baron balte, à partir à la recherche d'un inconnu, disparu depuis longtemps ? Le besoin de se retrouver lui-même après des années d'amnésie ? Au cours de sa recherche, il recueille des bribes de la vie de cet homme qui était peut-être lui et à qui, de toute façon, il finit par s'identifier. Comme dans un dernier tour de manège, passent les témoins de la jeunesse de ce Pedro Mc Evoy, les seuls qui pourraient le reconnaître : Hélène Coudreuse, Fredy Howard de Luz, Gay Orlow, Dédé Wildmer, Scouffi, Rubirosa, Sonachitzé, d'autres encore, aux noms et aux passeports compliqués, qui font que ce livre pourrait être l'intrusion des âmes errantes dans le roman policier. Dora Bruder "J'ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d'hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s'est échappée à nouveau. C'est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d'occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l'Histoire, le temps, tout ce qui vous souille et vous détruit, n'auront pas pu lui voler." Un pedigree "J'écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne. Les événements que j'évoquerai jusqu'à ma vingt et unième année, je les ai vécus en transparence, ce procédé qui consiste à faire défiler en arrière-plan des paysages, alors que les acteurs restent immobiles sur un plateau de studio. Je voudrais traduire cette impression que beaucoup d'autres ont ressentie avant moi : tout défilait en transparence et je ne pouvais pas encore vivre ma vie".

11/2014

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Romans historiques

Une relation viennoise

La première page s'ouvre sur un questionnement : qui est donc l'auteur de cette " relation " ? S'agit-il d'Eugen W., autrichien et journaliste de son état, ou de quelque autre ? Et qui l'a adressée, par simple courrier, au " traducteur " français ? Sans réponse certaine du manuscrit, nous embarquons avec Eugen et son cercle d'amis pour une destination alors peu courue, une île de Dalmatie, possession austro-hongroise au temps de la grandeur des Habsbourg. Le groupe de complices a en effet décidé de s'y livrer à une curieuse recherche. Nous sommes à l'automne 1912, et les jeunes Viennois s'intéressent beaucoup plus à Sigmund Freud ou à leurs premiers émois qu'aux réalités du continent européen. Eclate bientôt la crise dans les Balkans, et en quelques semaines, l'atmosphère de villégiature cède la place aux interrogations lancinantes, aux incertitudes que suscitent également dans leurs âmes inexpérimentées les confidences d'un surprenant médecin. Le séjour tourne au drame, tandis que se profilent la Première guerre mondiale et la fin de l'Autriche-Hongrie. Quand le manuscrit et les amis abordent à l'entre-deux-guerres, à ces années qui commencèrent folles, une Europe nouvelle est apparue. Eugen couvre les tractations diplomatiques préludant aux accords de Locarno, ceux que les peuples crurent le ciment d'une paix qui durerait. Où mèneront ses amours avec l'amie retrouvée - mariée à un diplomate de la Société des Nations ? Et cet imbroglio international qui mêle la France, l'Angleterre... et la Lithuanie ? Toute trace en a aujourd'hui disparu des archives européennes... Alors, fiction ou réalité, selon les termes mêmes de l'avertissement que nous a laissé le " traducteur " en préambule de l'ouvrage ? Le Second conflit mondial vient en tout cas rattraper, dans les confins de la Baltique, des personnages de plus en plus impuissants devant le déchaînement de l'Histoire. La guerre totale, et les violences exercées sur les populations de pays comme la Lithuanie, achèvent de donner au récit une densité et un intérêt dus pour partie à la perspective historique adoptée par l'auteur, dans une Europe meurtrie où l'esprit de Locarno et les rêves de paix ne sont décidément plus que pâles et lointains souvenirs.

02/2006

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Philosophie

La plus belle histoire de la philosophie

C’est une longue épopée, engagée depuis l’Antiquité, qui se poursuit encore aujourd’hui, une aventure pleine de passions, de révoltes, de revirements et de coups de génie. Telle est l’histoire de la philosophie, vue et racontée par Luc Ferry : une conquête obstinée, menée au fil des siècles par une poignée d’explorateurs qui, soudain, trouvent une nouvelle clef pour donner un sens à la condition humaine et bouleversent fondamentalement notre manière de penser. Pourquoi et quand s’est-on mis à philosopher ? Comment les grands concepts se sont-ils succédé au fil des siècles ? Comment et pourquoi Platon, Descartes, Montesquieu, Hegel, Schopenhauer, Marx, Nietzsche, Freud, Heidegger, et quelques autres – les grands défricheurs de la pensée ne sont pas si nombreux – ont-ils eu soudain l’intuition qui a tout changé ? Dans un dialogue limpide et sans jargon avec Claude Capelier, Luc Ferry déroule le fil chronologique depuis les origines antiques jusqu’à nos jours et décrit les six grandes étapes décisives qui nous ont ouvert un nouvel univers. On le verra, l’histoire de la philosophie, comme celle de l’art, n’aime pas la ligne droite, elle connaît des zigzags, des revirements, parfois des errances, et les grandes idées d’autrefois n’ont pas forcément perdu leur pertinence. Pourtant, Luc Ferry le raconte ici, elle semble quand même avancer dans un certain sens – oserait-on même parler d’un certain progrès ? Plus on explore, plus on défriche et plus on s’approche de l’intime, de l’essence de l’homme. Et c’est la grande originalité de ce livre que de nous faire apparaître la philosophie comme une quête essentielle, à la fois millénaire et furieusement actuelle. Où en est-on à l’heure de la globalisation, des espaces virtuels et des intégrismes recyclés d’un autre âge ? Comment répondre à notre désarroi face à un monde qui, une fois encore, nous glisse entre les doigts ? Par l’amour, suggère le philosophe, ce concept à la fois si banal et si complexe, susceptible de nous offrir une meilleure compréhension de notre temps, et peut-être de nous-mêmes.

01/2014

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Psychologie, psychanalyse

Généalogies

Dans ce livre, je raconte mes origines, mon enfance, ma formation intellectuelle, ma rencontre avec les maîtres qui m'ont donné le goût de la recherche : Gilles Deleuze, Michel de Certeau, Louis Althusser, d'autres encore. Au-delà de l'exposé de la méthode qui m'a permis de collecter les archives nécessaires à mes travaux sur le freudisme, j'ai l'impression de témoigner pour une génération : celle qui trouva dans le structuralisme, dans cette alliance particulière de la littérature, de la linguistique, de la philosophie et du marxisme, de quoi alimenter un engagement distinct de celui de Sartre. J'ai prolongé ce travail généalogique par un développement consacré à la genèse du troisième volume de l'histoire de la psychanalyse en France : Jacques Lacan. Esquisse d'une vie, histoire d'un système de pensée. J'y explique l'état de l'historiographie freudienne dans le monde, les difficultés posées par le traitement des archives, la crise des institutions psychanalytiques et le développement d'un courant " révisionniste " lié en partie à la question américaine de la political correctness, du culte des minorités, de l'anti-universalisme. J'y réponds aussi aux critiques qu'a inspirées cet ouvrage et aux questions toujours plus personnelles qui m'étaient posées dans les débats consacrés à la place de ce maître paradoxal dans la descendance des interprètes de la découverte de l'inconscient. En contrepoint, ce livre propose une chronologie du freudisme depuis le 6 mai 1856, date de la naissance de Sigmund Freud, jusqu'à nos jours. On y trouve, année après année, les événements qui ont marqué l'histoire de la psychanalyse dans le monde, immergés dans l'histoire générale, politique et intellectuelle. Ces annales, qui dépouillent le freudisme de ses légendes et de ses rumeurs, forment la trame à partir de laquelle j'ai rédigé les 2500 pages de mes travaux sur la question. Historienne, docteur ès lettres, Elisabeth Roudinesco est directeur de recherche à l'université de Paris-VII, chargée de conférences à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, vice-présidente de la Société internationale d'histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse.

01/1994

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Critique littéraire

Cahiers 1894-1914. Tome 10, 1910-1911

Les années 1910-1912 constituent dans l'œuvre de Valéry une période charnière. Cahiers, blocs-notes et carnets mettent en évidence les voies diverses où il commence à s'engager. Relégués désormais les grands registres, les cahiers de petit format prennent la relève en 1910. Recueils de notes rédigées, ils ont presque le statut d'œuvre à publier. Valéry s'installe dans le texte en fragments d'allure littéraire. Il écrit ou ébauche des pages qui paraîtront dans les années vingt : ainsi le " Log-book de M. Teste " -Teste, héros jamais perdu de vue; ainsi les fragments recueillis dans la plaquette Au crayon et au hasard. puis dans Rhumbs en 1926, et le Cahier B 1910, d'abord reproduit en phototypie. Le manuscrit original, calligraphié. porte les marques de la première lectrice : dans les années vingt, Catherine Pozzi (Karin) sigla de son paraphe CK (ici reproduit) les passages qu'elle appréciait. Rythmant le texte, cette effraction est la trace de l'aventure intellectuelle et affective qui s'est alors jouée. En 1911 Valéry revient, dans des blocs-notes, aux grands axes de sa réflexion : la relation esprit-corps, le langage, le temps, et surtout le rêve dans le cahier " Somnia ". S'il connaît alors sans doute. de seconde main, le Freud de la Traumdeutung révélée par des comptes rendus, Valéry ne cherche pas une " interprétation " des rêves, mais des lois conduisant à une théorie générale liée à sa conception combinatoire du fonctionnement de l'esprit. Deux carnets de poche éclairent cette période et apportent des repères biographiques. Ils montrent un Valéry au quotidien notant des achats, des adresses d'amis, des rendez-vous. Appartenant à un corpus naguère ignoré, ils révèlent les impressions, idées, formules de premier jet qui sont germes de textes. Gênes et ses rues animées, Florence et ses édifices célèbres s'inscrivent dans le carnet " Genoa " rédigé durant un séjour en Italie, et riche de croquis : des statues de Michel-Ange, un portrait de Raphaël, le palais Pitti. Le vécu personnel, sensoriel, affectif, intellectuel s'y inscrit, donnant bientôt naissance à des proses poétiques. Ce qui se cherche ou se pressent, dans ces années, c'est l'expression plus libre d'une sensibilité affleurant au sein même de la pensée abstraite.

06/2006

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Beaux arts

Les entretiens de la Fondation des Treilles Tome 1 : De la mélancolie

Dans la médecine grecque, la mélancolie, la bile noire, est d'abord un liquide organique, au même titre que le flegme, la bile jaune et le sang. De l'équilibre de ces humeurs ou de leur déséquilibre dépend la santé ou la maladie des individus. Elles déterminent surtout le tempérament de ces derniers, l'esprit et le corps étant indissociables. Le tempérament du mélancolique a préoccupé, bien plus que les autres, non seulement les médecins, mais aussi les philosophes et les poètes, les peintres et les musiciens, car, depuis l'Antiquité également, il est le signe distinctif de l'homme d'exception, du génie. C'est ce qu'a mis en évidence pour la première fois dans la longue durée, l'exposition de Jean Clair, Mélancolie. Génie et folie en Occident. Elle avait réuni par centaines des oeuvres plastiques, des observations scientifiques, des documents imprimés, afin d'illustrer l'histoire mouvementée et les multiples facettes de ce sentiment - le seul qui pense - qui ne se confond ni avec la simple tristesse ni avec notre moderne dépression dont elle participe pourtant. Toutes les époques de la civilisation européenne - et d'elle seule, semble-t-il - ont connu cette affection du corps et de l'âme, cette fureur du créateur, ce désespoir de penser. Elle lui ont donné différents noms : taedium vitae, acedia, spleen, mal de siècle, lypémanie, névrose maniaco-dépressive. C'est à la suite de cette exposition, et pour en discuter une nouvelle fois les tenants et les aboutissants, que des médecins et des psychiatres, des historiens de la pensée grecque, des historiens et des critiques d'art, des historiens de la littérature se sont réunis à la Fondation des Treilles. Dans un esprit transdisciplinaire, ils reviennent ici sur les aspects les plus importants de la mélancolie antique, de l'acédie médiévale, des différentes formes de la mélancolie à la Renaissance et à l'âge classique, du mal du siècle romantique, du spleen baudelairien, des névroses contemporaines. Ces entretiens mettent en lumière la profonde unité de la mélancolie, d'Hippocrate à Freud, d'Aristote à Levinas, de Michel-Ange à Giacometti, des pères de l'Eglise aux cliniciens d'aujourd'hui.

06/2007

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Philosophie

L'EXPERIENCE DE LA LECTURE. Tome 1, La soumission

"Ce qui est risible, c'est la soumission à l'évidence du sens, à la force de cet impératif : qu'il y ait du sens, que rien ne soit définitivement perdu par la mort, que celle-ci reçoive sa signification encore de "négativité abstraite", que le travail soit toujours possible qui, à différer la jouissance, confère sens, sérieux et vérité à la mise en jeu. Cette soumission est l'essence et l'élément de la philosophie, de l'onto-logique hegelienne." Ces mots de Jacques Derrida ont fourni son titre au premier volume de L'expérience de la lecture. La soumission, qui montre que la tradition des métaphysiques occidentales a refoulé une théorie de la lecture, permet au moins trois parcours. Soit le lecteur assimilera cet essai à une longue note ajoutée au texte de Jacques Derrida qui a démontré que l'écriture a toujours été considérée comme seconde par rapport à la parole, elle-même premier signifiant d'un signifié transcendantal et qui a constaté que la lecture a été tenue pour un mode dérivé et imparfait de l'écoute et/ou de la vue. Soit le lecteur lira La soumission comme une approche généalogique ou a-généalogique de cette conception logocentrique de la lecture qui est tout d'abord analysée dans les textes de Platon, figure inaugurale de la métaphysique occidentale. Puis, dans les textes de Heidegger qui, à la fois répète la tradition occidentale et l'ouvre à son autre. Des textes de Descartes, Kant et Hegel sont convoqués pour montrer la filiation de Heidegger à une tradition qu'il ébranle néanmoins. Aux côtés de Heidegger apparaît Freud qui, lui aussi, dans le champ de la psychanalyse, met en évidence les présupposés métaphysiques relatifs à la lecture tout en ne pouvant éviter de les répéter. Quant à Levinas, bien qu'il apporte la richesse de la tradition hébraïque, il se voit néanmoins confronté aux apories d'une théorisation de la lecture prenant en compte la différence sexuelle. Soit, enfin, le lecteur tiendra ce livre pour un commentaire un peu long du court texte de Heidegger : Qu'appelle-t-on lire ?

10/1998

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Histoire de la peinture

Traité de peinture

Christian Bonnefoi (1948-) est un artiste peintre et théoricien. Il a présenté de nombreuses expositions personnelles, depuis 1977, à Paris, Cologne, New-York, Berlin, Londres, Tokyo... Docteur en histoire de l'art (Sorbonne), il est également l'auteur de nombreux articles et écrits sur l'art qui jalonnent son parcours depuis plus d'une cinquantaine d'année. Figure marquante de la peinture contemporaine en France, l'oeuvre de Bonnefoi s'est élaborée patiemment dans une reprise de la question du tableau et du pictural dont il s'est efforcé de repenser à nouveau frais les fondements. Comme l'écrit le philosophe Michel Guérin dans la préface : "Plus que le motif, le moteur de l'écriture de Christian Bonnefoi, c'est la construction d'un concept du tableau, dont la fin n'est pas de se substituer finalement au tableau réel mais d'en partager l'incertaine condition" . Attentive aux opérations que la peinture et le tableau mettent en oeuvre, la pensée de Bonnefoi prend appui sur des auteurs de prédilection et forgent des concepts clés. Le lecteur du Traité de peinture trouvera ainsi convoqués Bergson, Freud, Proust, Benjamin, voisinant avec les Pères (Tertullien, Augustin) ou le théologien Albert le Grand, mais aussi Léonard, Michel-Ange, Mondrian, Picasso, Matisse, et pour les artistes plus contemporains, Jean-Pierre Pincemin, Philippe Rivemal, Saverio Lucariello et d'autres pour construire une série de notions, telles "l'Obscur" , "l'Inachevant" , "machines" , "dispositifs" , "épaisseur" , "mémoire involontaire" , etc. Le premier tome du "Traité de peinture" se compose de trois sections : la première regroupe des textes qui s'efforcent de poser à nouveau frais les conditions d'une pensée du tableau dans l'espace pictural contemporain. La seconde section propose une incursion dans ces problèmes esthétiques en prenant pour point d'attention la question de savoir : "comment faire une composition en forme de récit ? " . Enfin, la dernière section, intitulée explicitement "Exempla", regroupe des textes en grande partie consacrés à des artistes contemporains dans la proximité desquels l'oeuvre de Bonnefoi se construit. L'ouvrage, richement illustré, constitue une ressource précieuse dans le domaine de l'esthétique contemporaine.

04/2023

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Acteurs

Scandaleuse Sarah. La folle vie de Sarah Bernhardt

Pour les 100 ans de la mort de Sarah Bernhardt, Elizabeth Gouslan retrace l'incroyable parcours de ce monstre sacré, une féministe avant l'heure qui fit scandale à son époque. L'incroyable destin de Sarah Bernhardt, disparue il y a cent ans Elle a vécu au triple galop, à cheval sur deux siècles, exportant sa légende sur cinq continents. De Paris à New York, de Londres à Moscou, tous ont célébré sa beauté, son culot unique et son ambition. Cocteau parle de " monstre sacré " pour la définir et même Freud suspend son portrait dans son cabinet ! De sa naissance en 1844 à sa mort en 1923, la diva a dicté les règles de la vie mondaine, arbitré les élégances, anticipé l'Art Nouveau... Pionnière et narcissique, elle a fabriqué le star system. Seule Sarah Bernhardt sut faire de son quotidien une telle mise en scène, et de sa vie un tel roman à rebondissements. Née dans le ruisseau, d'une mère néerlandaise et d'un père inconnu, elle ne doit sa survie qu'aux largesses du duc de Morny qui entretenait la tante de Sarah. Le dandy donne le coup de pouce qui permet à la sauvageonne d'entrer au Conservatoire et de faire ensuite une carrière sur les planches, à la Comédie française puis au théâtre de l'Odéon. Parcours fulgurant : Sarah, bulldozer à la voix d'or, écrase toutes ses rivales, décroche les rôles titres qu'on ne pensait même pas lui confier, affichant à son palmarès plus de cinq cents spectacles, des dizaines de tournées dans le monde entier et un capital à faire pâlir les plus fortunés. Féministe avant l'heure, Sarah Bernhardt a su tracer sa route dans un monde d'hommes, damant le pion aux machos qui tiraient les ficelles - quitte, notamment, à les mettre dans son lit. Nul doute que cette tornade brune a ouvert la porte à une galaxie d'étoiles. Car, de Bette Davies à Edith Piaf, de Barbra Streisand à Amy Winehouse, de la Callas à Madonna, ces amazones de la scène, à bien y regarder, on toutes quelque chose de Sarah Bernhardt.

02/2023

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Essais

En finir avec l'hystérie (prétendument) féminine

L'hystérie est la plus ancienne maladie psychique du monde occidental, avec la mélancolie. Mais qui sait vraiment ce que cela signifie ? Attribuée à l'utérus, puis au cerveau, et enfin aux nerfs depuis la fin du XVIIIe siècle, l'hystérie est la bête noire de la médecine moderne, et est quasiment devenue une insulte du langage courant. On a du mal à comprendre pourquoi elle subit un traitement si péjoratif sinon par une explication malheureusement simple : l'hystérie serait une " folie femelle ". Honteuse, indigne. La psychiatrie actuelle l'a fait disparaître de son vocabulaire, pourtant l'hystérie exprime une problématique essentielle de l'être humain : en faisant du corps l'expression des souffrances de l'âme, elle souligne bel et bien l'essentielle connexion de l'âme et du corps. De nos jours, les neurosciences ne cessent par ailleurs de l'éclairer de connaissances nouvelles. Assignée depuis toujours aux femmes, l'hystérie ne leur est pourtant aucunement spécifique. Non, l'hystérie n'est pas féminine. Les choses changent : aujourd'hui, elle n'est plus la névrose spécifiquement féminine décrite par Freud en 1895 mais une pathologie sans genre ni âge. De quelle façon se dégenre-t-elle depuis une quarantaine d'années ? A travers des cas de patients, des oeuvres de fiction et des personnages célèbres, tout en s'appuyant sur des travaux scientifiques riches et variés, cet ouvrage explore cette question. Alors qu'on avait pu la croire vaincue par le narcissisme triomphant et les confinements, l'hystérie trouve une nouvelle jeunesse sur les réseaux sociaux, où se joue une séduction généralisée sur fond de tyrannie du paraître, soulevant par là-même des questions sociétales fondamentales. Marqueur de notre besoin d'exister dans le regard des autres, elle reste le fascinant sismographe de notre vivre ensemble. Les femmes n'ont pas fini de se battre pour avoir " un corps à soi ", comme Virginia Woolf revendiquait il y a presque un siècle " une chambre à soi ". Un corps avec lequel être soi plutôt qu'être mal, un corps désirant plutôt que perfusé au désir d'autrui : n'est-ce pas pour les femmes la meilleure façon d'en finir avec cette hystérie qu'on leur accole encore ?

10/2023

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Psychologie, psychanalyse

La Revue de l'hypnose et de la santé N° 14, janvier 2021

La Revue de l'hypnose et de la santé (n° 14) Quand vous aurez ce nouveau numéro de la Revue de l'hypnose et de la santé, peut-être serons-nous à la fin de cette pandémie historique (mais y a-t-il des pandémies non historiques ? ), peut-être que non. Qu'est-ce que cette pandémie va changer de notre monde ? Nous ne le savons pas. Pas encore. Pour le moins, nous avons à prendre du recul sur ce qui s'est passé. Ainsi, les autrices du dossier se proposent de revenir sur ses débuts, sur ce qui s'est mis en place très vite, puis progressivement, avec la place très particulière que l'hypnose a prise depuis. Notre pratique va-t-elle changer ? Nous lançons la réflexion. D'une manière ou d'une autre, "réenchanter la relation médecin patient" est et reste une nécessité absolue. Nicolas Perret, médecin généraliste, vous propose ses réflexions, concrètes, sur le sujet. Les hypnothérapeutes découvriront les propositions "pas à pas" du psychiatre Jacques Guinard pour optimiser la méthode de double dissociation dans la thérapie des traumas. D'une grande utilité par les temps qui courent ! Tous les lecteurs pourront apprécier le style imagé ericksonien de l'article de Jean-Claude Lavaud à propos d'une certaine histoire de démarrage, trouble sexuel masculin. Des excursions qui font du bien vous sont proposées : celle de Pierre Bouillon pour "Retrouver l'audace de notre enfance" ; la pratique du Miksang, technique de photo contemplative japonaise, et la question de l'âme avec une interview d'Oleg Poliakov. Et puis, vous découvrirez un nouveau Freud, défenseur de l'hypnose, avec l'article étonnant, voire "provocatif" , d'Antoine Bioy. Vous y tenez, et nous y tenons avec vous, une partie importante de la revue est consacrée aux ateliers cliniques, aux techniques hypnotiques et autohypnotiques, au travail thérapeutique, aux échos de ce que la recherche scientifique nous apprend de l'hypnose. En dégustation finale, dans son abécédaire, Gérard Ostermann nous propose la lettre S comme "Suggestion" . A lire d'une traite ou en commençant par la fin, le milieu, ou au hasard... Thierry Servillat

01/2021

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Sociologie

L'atelier du Tripalium. Non, travail ne vient pas de torture !

Le "Travail" est une question centrale dans notre société et l'un de ses principaux thèmes médiatiques. En pleine mutation, il nous ramène également à nos besoins anthropologiques premiers. Savoir aimer et travailler résumait selon Freud, la réussite de toute vie. Hannah Arendt ajoutant que tout homme désire construire une oeuvre (opera en latin), autrement dit être "ouvrier" de sa vie. Avec cette vaste question, les choses ne sont jamais sereines. Comme les influenceurs les plus en vue, le Travail est adulé ou détesté. Coupable de tous les maux et de toutes les "pénibilités" , il est également celui que l'on pleure lorsqu'on est au chômage. Les travailleurs actuels désirent partir dès que possible à la retraite, mais dès qu'ils y sont, ils entament mille activités. L'oisiveté à l'antique, le droit bohème à la paresse sont remplacés par le workaholisme. Avec le télétravail, le bureau n'est plus nécessaire, pourtant la robe de bure d'où il vient étymologiquement semble toujours à la mode. Fort heureusement, contre tous ces maux, les mots sont là. Ils nous ouvrent des horizons. Ils nous aident à repérer les paradoxes, à comprendre les récits, à formuler les hypothèses. L'une d'entre elles, à titre d'exemple : quand nous disons Je vais taffer et non pas Je vais worker, est-ce parce que nous refusons l'anglicisme ou parce que nous gardons inconsciemment la mémoire du Taf, le butin du corsaire ? En explorant l'éco-système du Travail - ses synonymes, ses antonymes, ses versions étrangères, ses ancêtres ou ses jeunes pousses -, ce livre donnera quelques conseils de tri sémantique. A commencer par celui-ci : gardons la racine indo-européenne qui donne aussi bien en ancien français, Trabs, la poutre du bois qui "travaille" , que Trieb en allemand, la pulsion désirante ou en anglais Travel, le voyage... Mais refusons l'étymologie inventée par les moines du Moyen-Age avec leur fameux Tripalium... Le livre s'attachera ainsi à montrer que le Travail, le plus souvent négatif dans nos représentations, peut être joyeux. Baudelaire avait choisi, lui qui disait : "Le travail est encore la façon la plus amusante de passer sa vie".

05/2024

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Récits de voyage

Médecin du large. Des grandes courses à la croisière

Médecin ou marin ? Heureux qui, comme Jean-Yves Chauve, a évité de choisir et su concilier l'amour de la mer avec une vie professionnelle trépidante. Le petit Jean-Yves, originaire de Poitiers, pratique déjà la voile sur les eaux de la Vienne et à La Baule, puis les stages aux Glénans donnent à l'adolescent le goût du large. Ensuite, le jeune docteur Chauve exerce à l'hôpital de Saint-Nazaire tout en construisant un voilier avec son épouse. Après un an de navigation autour de l'Europe, il consacre un premier livre à la médecine de bord. Après avoir trouvé à Pornichet un port d'attache pour le domicile flottant de sa famille, plusieurs mois par an Jean-Yves Chauve troque sa blouse blanche contre son ciré et part sillonner l'océan avec femme et enfants. Cette belle somme d'énergie et de compétences le conduit à se voir confier l'assistance médicale de la Solitaire du Figaro en 1987 et durant vingt-huit autres étés. En 1989, il devient également le médecin du premier Vendée Globe dont il a assuré depuis la sécurité de toutes les éditions. Est-ce le marin ou le médecin qui veille 24 heures sur 24 jusqu'à l'arrivée du dernier concurrent, accomplissant ainsi le tour du monde tous les quatre ans ? Il ne se contente d'ailleurs pas de prêter une oreille attentive à la santé des skippeurs, il donne aussi de la voix pour les tenir éveillés avec les parodies et les quiz érudits de sa Radio Toubib Free. Pas une course au large, avec son lot d'incidents plus ou moins dramatiques, qui n'ait illustré l'importance de la formation des navigateurs aux premiers secours, à la téléconsultation et la gestion du sommeil, promue par Jean-Yves Chauve. C'est aujourd'hui l'ensemble de la communauté navigante, amoureuse de la vie sur l'eau, qui profite de son expérience, notamment à travers l'association Sail The World qu'il a contribué à créer. Il n'est pourtant pas nécessaire d'avoir le pied marin pour se laisser embarquer par le récit d'une existence aussi riche d'aventures.

05/2024

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Histoire de l'art

Une histoire intime de l’art. Yvon Lambert, une collection, une donation, un lieu

Coédition Dilecta / Cnap / Collection Lambert "A mon avis, les choses intéressantes se font quand on ne pense pas au futur, indépendamment de tout calcul historique". A l'occasion de la publication d'Une histoire intime de l'art. Yvon Lambert, une collection, une donation, un lieu, la Collection Lambert (Avignon) présentera une sélection d'oeuvres emblématiques de la Donation Yvon Lambert de mars à juin 2023. En 2012, le marchand d'art Yvon Lambert fait la donation à l'Etat français d'un ensemble unique de près de 600 oeuvres de sa collection personnelle, constituée principalement d'oeuvres acquises auprès des artistes qu'il exposait dans ses galeries de Vence, de Saint-Germain-des-prés puis de New York. Au-delà d'une "belle collection" , dont l'intérêt historique majeur légitimait que le Centre national des arts plastiques en accepte la donation, c'est une collection des plus originales et intimes qui s'offre à la vue de tous, une "succession d'émotions" acquise durant près de soixante-dix ans par un homme passionné et audacieux, à l'écoute des soubresauts de l'histoire de son temps. La Donation Yvon Lambert reflète cette clairvoyance du galeriste qui introduisit auprès d'un public français plusieurs générations d'artistes qui seraient certainement restés méconnus dans l'Hexagone sans son intervention. C'est pourquoi elle constitue un enrichissement exceptionnel pour les collections publiques françaises tant en quantité qu'en qualité. La volonté du collectionneur de partager "sa seule fortune" s'incarne également par l'ouverture au public en 2000 d'un lieu dédié dans sa Provence natale, à Avignon, et la mise en oeuvre d'une proposition culturelle singulière dont la fonction sociale est clairement revendiquée. L'ouvrage, coédité par le Centre national des arts plastiques (Cnap), la Collection Lambert et les Editions Dilecta, donne à voir un choix d'oeuvres emblématiques de la donation et à comprendre les évolutions, depuis les années 1960 jusqu'à nos jours, du monde de l'art occidental, comme le soulignent les contributions inédites des historiens de l'art invités à porter leur regard sur cet ensemble exceptionnel. Avec des oeuvres de Carlos Amorales, Carl Andre, Shusaku Arakawa, Miquel Barceló, Robert Barry, Jean-Michel Basquiat, Berndt et Hilla Becher, James Bishop, Jean-Charles Blais, Christian Boltanski, Slater Bradley, Candice Breitz, Marcel Broodthaers, Daniel Buren, André Cadere, Mircea Cantor, Christo, Francesco Clemente, Robert Combas, Jean Degottex, Daniel Dezeuze, Jan Dibbets, Marcel Dzama, Bernard Faucon, Spencer Finch, Hamish Fulton, Vincent Ganivet, Anna Gaskell, Nan Goldin, Douglas Gordon, Shilpa Gupta, Thomas Hirschhorn, Jenny Holzer, Roni Horn, Jonathan Horowitz, Douglas Huebler, Louis Jammes, Donald Judd, On Kawara, Zilvinas Kempinas, Idris Khan, Anselm Kiefer, Jeong A Koo, Joseph Kosuth, Joey Kötting, Jannis Kounellis, Delphine Kreuter, Barbara Kruger, David Lamelas, Bertrand Lavier, Louise Lawler, Sol LeWitt, Richard Long, Robert Mangold, Brice Marden, Agnes Martin, Gordon Matta-Clark, Adam Mcewen, Jonas Mekas, Jonathan Monk, Olivier Mosset, Rei Naito, Bruce Nauman, Rika Noguchi, Cady Noland, Dennis Oppenheim, Tsuyoshi Ozawa, Giulio Paolini, Adam Pendleton, Giuseppe Penone, Edda Renouf, Robert Ryman, Fred Sandback, Charles Sandison, Julian Schnabel, Rudolf Schwarzkogler, Richard Serra, Andres Serrano, David Shrigley, Ross Sinclair, Haim Steinbach, Jana Sterbak, Niele Toroni, James Turrell, Richard Tuttle, Cy Twombly, Salla Tykkä, Francesco Vezzoli, Lawrence Weiner

04/2023

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Littérature française

Les dessous de la dentelle

Louise vit en Touraine avec son mari, Laurent. Elle est responsable commerciale dans une fabrique de jouets. Il est retraité. Elle travaille beaucoup. Il rénove leur maison. Leur vie est rythmée de tendres complicités, et d'Amour. Toute cette harmonie bascule le jour où Laurent trouve la mort dans un accident de voiture. Louise est dévastée, anéantie. Elle n'a plus de repère. Sa famille fait bloc autour d'elle pour l'aider à affronter cette épreuve. Elle décide de passer l'été chez ses parents à Calais. Elle y rencontre Dewei. Beau-frère de son meilleur ami, il est esquisseur en dentelles. D of Calais, la société familiale pour laquelle il travaille en free-lance, recherche un responsable commercial Asie pour y implanter une succursale de la société et ainsi conquérir le marché oriental. C'est un développement stratégique pour la société qui, en redressement judiciaire, est sur le point de se faire racheter par un consortium chinois. Dewei propose à Louise d'intercéder en sa faveur. Incitée par sa mère, elle postule et obtient le job. Louise accepte, ce sera un nouveau départ. Après une formation au sein de l'usine, Louise part pour Hong Kong. Louise arrive dans cette mégalopole gigantesque afin de tout reconstruire, sa vie, et son travail. Elle découvre cet archipel à l'atmosphère bigarré, composé d'îles ultramodernes et d'autres au charme typique de la Chine ancestrale. Elle découvrira un pays encré à la fois dans la modernité et dans ses traditions. Elle ira à la rencontre d'un peuple chinois empreint de liberté et de respect des règles. Alors qu'elle rénove un meuble, Louise met au jour un cahier, recueil et étude sur des tissus anciens de la route de la Soie. Mais tout ceci ne doit pas occulter sa mission : développer D of Calais. De nombreux évènements vont émailler son parcours : mise à sac de l'usine de Calais, incendie, vol, perte de documents... Tous ces évènements ne sont pas fortuits mais ne font que renforcer sa détermination. Qui est à l'origine de ces malversations ? Qui renseigne le consortium chinois ? Pourquoi le cahier découvert par Louise attire tant de convoitises ? Louise remplira-t-elle ses missions : assurer son avenir et l'avenir de D of Calais.

08/2019

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Sociologie

Durkheim fut-il durkheimien ?

« Durkheim fut-il durkheimien ? » La question, que pose Raymond Boudon en conclusion du colloque organisé par l’Académie des Sciences morales et politiques à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Durkheim, a de quoi surprendre. Il s’en explique ainsi : « Je me suis souvent demandé quels principes régissaient l’interprétation des textes. À première vue, le cas des textes scientifiques paraît plus simple que celui des textes littéraires. Mais, à tout prendre, je n’en suis pas si sûr et je me sens parfois déconcerté par l’assurance avec laquelle les commentateurs donnent à croire que leurs interprétations présentent la pensée de tel auteur telle qu’elle est supposant par là qu’il est aussi facile de décrire une pensée qu’une chaise ou une pipe. » Si Durkheim et Max Weber, les deux fondateurs de la sociologie, n’ont jamais connu une audience comparable à celle de Marx ou Freud, c’est sans doute que leurs pensées étaient moins aisément susceptibles d’être caricaturées, même si elles le furent. Ainsi on peut s’interroger pour savoir si Durkheim se serait reconnu dans les assertions de certains de ses lecteurs qui assignent à sa pensée un strict « causalisme ». Les deux pères de la sociologie moderne offrent des outils bien plus subtils pour l’analyse des sociétés et des relations entre l’individu et la société. Mais comme c’est le cas de beaucoup de pionniers, ils ont exprimé leurs intuitions novatrices d’une façon qui passe parfois pour incertaine aux yeux du lecteur moderne. C’est donc à une (re)lecture attentive de l’œuvre de Durkheim – ou mieux, des œuvres de Durkheim – que Raymond Boudon a invité 12 universitaires français et étrangers afin de tenter de retrouver la vigueur, la justesse et le caractère novateur de sa pensée. Ont participé à ce volume : Jean Baechler (Académie des Sciences morales et politiques), Pierre Birnbaum (Université Paris I Panthéon-Sorbonne), Raymond Boudon (Académie des Sciences morales et politiques), Massimo Borlandi (Université de Turin), François Chazel (Université Paris-Sorbonne, Paris IV), Mohammed Cherkaoui (CNRS, Université Paris-Sorbonne, Paris IV), Hans Joas (Université de Freiburg-im-Brisgau, Université de Chicago), Steven Lukes (New York University), Philippe Raynaud (Paris II Panthéon-Assas, EHESS), Bertrand Saint-Sernin (Académie des Sciences morales et politiques), François Terré (Académie des Sciences morales et politiques).

09/2011

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Histoire internationale

Traversées, histoires et mythes de Djibouti

Les textes réunis dans ce numéro ont fait l'objet de communications dans le cadre des "Journées scientifiques" de l'Université de Djibouti en février 2010. Ils ont été complétés par d'autres contributions centrées sur l'histoire de Djibouti et de la Corne de l'Afrique. Cette région est encore peu connue et beaucoup de zones d'ombre de son histoire subsistent. Tel est le cas du secteur bancaire dont les archives viennent seulement d'être ouvertes et qui fait ainsi l'objet de l'article de Colette Dubois. La contribution de Simone Imbert-Vier part de documents inédits concernant la Côte française des Somalis pour retrouver des pièces illustrant les débuts de la ville de Djibouti. La réflexion d'Adawa Hassan Ali vient en complément, pour mettre en évidence comment les groupements humains vivant sur le territoire ont influé sur la carte de l'urbanisme et se sont amplifiés au fur et à mesure du développement économique de Djiboutiville. Michel Tuchscherer invite à explorer ce qu'il considère comme le berceau de la consommation du café et aussi de la domestication du caféier. C'est là que croît à l'état naturel l'espèce coffea arabica, à l'origine de toutes les variétés de cette espèce cultivées aujourd'hui. Le café a été un vecteur essentiel dans l'intégration des pays riverains du sud de la mer Rouge et du Golfe d'Aden. La contribution de Sagal Mohamed Djama explore de son côté une pratique traditionnelle qui demeure essentielle dans la société moderne, à savoir le rôle et la fonction d'un chef traditionnel dans la représentation symbolique du monde des Somali-issa. La seconde partie des textes étudie les interactions entre l'histoire et les mythes. Le premier exemple se rapporte au mythe de Caroweelo dans la culture somali. Abdirachid Mohamed Ismaël apporte des éléments d'ordre historique, anthropologique et linguistique qui permettent de sortir ce personnage de la fantasmagorie nébuleuse dans lequel il a été enfermé pendant des générations. Hibo Moumin, quant à elle, prend le versant opposé, celui du traitement littéraire de ce personnage, en partant des textes d'Abdourahman A Waberi, d'Ali Moussa Iye et enfin d'Omar Ali Youssouf. L'article de Djama Saïd Ared qui clôt ce numéro s'étend sur la condition des femmes, telle qu'elle est rapportée dans la littérature djiboutienne d'expression française.

08/2011

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Critique littéraire

Oeuvres complètes. Tome 2, L'Art de la contradiction

Peut-on parler ? Qu'est-ce que l'expression ? Quel est l'effet d'un langage ? Paulhan ne s'interroge pas sur l'origine du sens, il n'est pas en quête de la langue originelle. Il a, comme personne, le sens des contradictions. Il est des premiers, en 1907, à parler de Freud, mais il se refuse à faire crédit à la psychanalyse. En matière de langage, il a eu les meilleurs maîtres, mais il doute radicalement de la possibilité d'une linguistique. Pour le reste il se soucie comme d'une guigne du cloisonnement des disciplines, et ne paraît se préoccuper de logique, de psychologie, de sociologie ou de sémantique que pour mieux s'adresser aux poètes eux-mêmes. L'exercice de la raison s'est mué pour lui en une expérience de la saveur. Il sait suspendre ses réponses pour maintenir la force d'une seule question - ses précautions en ce sens sont étincelantes. C'est qu'il s'agit de nos façons de parler - et de celle des Malgaches. Paulhan ne s'en moque pas, il les passe au crible. Contrairement à la plupart des écrivains contemporains, il ne croit pas que le reproche que l'on fait aux lieux communs tienne debout. C'est aussi que, pour lui, il n'est pas d'autre sens à l'attention portée au langage que l'effort de lucidité d'un esprit. Tel est le mouvement général du présent volume, dans une nouvelle édition, entièrement renouvelée. Il part d'une réflexion exigeante sur les raisonnements quotidiens, poursuit avec les poèmes et les proverbes de Madagascar, enjambe la guerre, débouche dans les parages de Dada et du surréalisme, saisit le haiku japonais comme une occasion poétique inespérée, file enfin du côté de la réflexion pure, à propos du sort que la critique fait aux grammaires, aux dictionnaires et à la rhétorique, par-delà Les Fleurs de Tarbes, qui figureront au tome troisième. En attendant, la poésie lui est une clé, qui joue sur le langage. Critique de la critique et critique du langage, Paulhan dénie d'abord à la métaphysique la faculté de répondre à toutes les questions. Il sort d'un cercle, celui des analystes et des logiciens, mais son génie consiste à savoir écouter, contre une bonne partie de lui-même, ce que disent les enfants de la balle et de la métaphore.

03/2009

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Littérature française

Le complexe de Diane

" Le sort des révolutions est lié à celui des femmes ! " Réédition du premier texte théorique de Françoise d'Eaubonne, intellectuelle et militante à l'origine du concept d'éco-féminisme, dont la pensée iconoclaste suscite en 2021 un fort regain d'intérêt. A la sortie du Deuxième Sexe, Françoise d'Eaubonne écrit à Simone de Beauvoir : " Vous êtes un génie, vous nous avez toutes vengées ! ". Pourtant l'essai est loin de faire l'unanimité. Ses détracteurs sont nombreux et virulents, comme François Mauriac, qui voit dans ce livre " un danger pour l'individu, la nation et la littérature elle-même ". Françoise d'Eaubonne est alors une romancière de trente et un ans. C'est d'abord pour répliquer à ces critiques masculines et conservatrices qu'elle se lance dans un essai théorique. Bien décidée à défendre Le Deuxième Sexe, elle veut aussi avec Le Complexe de Diane faire la synthèse entre lutte des classes et lutte féministe, et entreprend de contrer les préjugés sexistes encore présents dans la psychanalyse et le communisme. Convaincue que Marx n'est pas allé assez loin dans sa conception de la révolution prolétarienne, elle lui reproche de ne pas avoir remis en cause la structure de la famille, source d'inégalités flagrantes entre hommes et femmes. Chez Freud, elle remet en question la notion d' " envie du pénis ", attribuée aux femmes révoltées, et montre que leur refus de se soumettre à leur destin (le mariage et la maternité), loin d'être pathologique, relève d'une aspiration légitime. Quant à leur supposé masochisme, sur lequel les adeptes de la psychanalyse s'étendent beaucoup pour expliquer leur soumission ou, même, leur infériorité, elle le conteste avec ferveur. S'appuyant sur la figure mythologique de Diane chasseresse, elle affirme que la nature féminine est une construction sociale qui tend à justifier la domination masculine en vertu d'un patriarcat nécessaire et éternel. Elle se penche sur des modèles alternatifs, hérités de sociétés matriarcales archaïques et se montre d'une modernité remarquable lorsqu'elle se penche sur le concept d'éros féminin, absent du livre de Simone de Beauvoir. Les conclusions de son ouvrage mettent l'accent sur une bisexualité originelle de tous les individus, et annoncent ses livres et ses combats futurs, qu'ils soient féministes, écologistes ou libertaires.

10/2021

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Thérapies diverses

À la lumière de nos traumas

Jérémy Nouen propose une approche unique du traitement de la blessure psychique par l'hypnose. L'auteur a travaillé dans le milieu militaire pendant près de 10 ans au sein d'une unité d'élite de l'armée française, en étant toujours en lien avec le Service de Santé des Armées. Pendant cette période, il s'est longuement formé aux neurosciences, aux approches cognitivistes et comportementalistes, au point de devenir pour ses camarades un spécialiste et un formateur du stress post-traumatique, tout particulièrement dans les pratiques à adopter en milieu dégradé. La pathologie traumatique (le trauma pst) était il y a quelques années encore mal connue des milieux professionnels civils et même militaires. Pourtant, lui l'a rencontrée à plusieurs reprises. Il était avec ses camarades sur le terrain, à leurs côtés, il a même partagé les coups durs. Dans les temps d'épreuves, il affronté et reconnu les angoisses comme les souffrances de ses proches. Il a appris à lire sur ses frères d'arme leurs états émotionnels. Désormais, il sait les déceler, mêmes les micro-émotions que souvent les blessés savent cacher. Ils le font parce que ce qui a été vécu était de l'ordre de l'indicible, de l'inexprimable. Seulement, si les lèvres se taisent, le corps parle disait Freud. Ces micro-émotions finissent par trahir leurs silences. Cela, Jérémy Nouen l'a bien compris et il en explique toute l'importance dans ce livre. Cette terrible blessure traumatique n'est invisible qu'à celui qui ne veut pas voir ou qui ne sait pas voir. Mais le corps a parlé. Au travers des très riches exemples fournis, vous apprendrez à en faire la lecture et vous saurez ensuite comment agir pour le soin. Ce livre propose un procédé inhabituel pour les hypnothérapeutes. Sa vision du soin par l'hypnose est plus directe parce qu'elle va droit au but. Elle réalise une désensibilisation du traumatisme dès la première rencontre (alors qu'un protocole "classique" l'obtiendrait peut-être à la 3e séance). C'est donc un gain très important pour celui qui consulte. Cette technique est d'une remarquable efficacité et d'une réelle pertinence. Cette méthodologie veut s'adresser à tous les publics mais préférentiellement à des thérapeutes qui veulent confirmer leurs pratiques, à ceux qui ont déjà une bonne maîtrise des techniques d'hypnose, une solide connaissance des mécanismes du traumatisme psychique.

10/2023

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Histoire internationale

Histoire de Vienne

Ville princière, puis résidence des Habsbourg, Vienne s'affirme dès la Contre-Réforme comme l'un des grands pôles européens. Le péril turc repoussé, elle devient un foyer de l'art baroque : églises somptueuses, imposants palais de l'aristocratie, Chancellerie de Bohême manifestent avec éclat la puissance de la dynastie. Bientôt, le château de Schönbrunn est aménagé afin de permettre à la monarchie d'y déployer ses fastes. Après les conquêtes napoléoniennes, Vienne retrouve la gloire en accueillant les congrès qui réorganisent l'Europe. Commence alors l'époque Biedermeier, qui accompagne les débuts de l'ère industrielle et l'essor de la grande bourgeoisie. Un nouvel art de vivre apparaît, plus sobre, à l'image de ces intérieurs où les Viennois recherchent le " bien-être " ; c'est le triomphe de la valse, des guinguettes du Prater et du Theater an der Wien. En 1848, la ville s'embrase, contraignant Ferdinand Ier à abdiquer en faveur de François-Joseph. Le jeune empereur, qui prend la tête d'un empire réunissant cinquante millions de sujets de onze nationalités, veut donner à sa capitale un visage conforme à son rang. En quelques années, le prestigieux Ring s'élève à la place des anciens remparts tandis que d'innombrables bâtiments officiels en font la vitrine de la monarchie habsbourgeoise. Musiciens et écrivains en ont fait depuis longtemps la capitale des arts ; à la fin du siècle, Klimt, Otto Wagner et bien d'autres artistes fulminent contre les artifices de la Vienne libérale et lancent le mouvement de la Sécession. La culture viennoise entre dans la modernité. Elle est inséparable des cafés : Schnitzler, Hofmannsthal et Karl Kraus se retrouvent au Griensteidl ; au café de l'hôtel Impérial, on croise Rilke, Freud et Mahler ; Berg, Kokoschka, Schiele comptent parmi les familiers du Museum. Au crépuscule du siècle, les affrontements entre les déçus du libéralisme et la montée de l'antisémitisme annoncent les heures sombres. Le cortège funéraire du vieil empereur qui s'éteint en 1916 préfigure l'enterrement de la monarchie. Au lendemain de la Première Guerre, Vienne n'est plus que la capitale d'un petit Etat en quête de son identité. Première victime des Nazis, il lui faudra bien des années pour se relever de ses ruines, immortalisées par Le Troisième Homme.

02/1998

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Religion

Moses Mendelssohn. La naissance du judaïsme moderne

Il est des vies qui ne valent que par leurs œuvres. Telle est bien l'existence de Moses Mendelssohn (1729-1786). Issu d'un milieu pauvre et pieux, il se fit très tôt remarquer par ses dons intellectuels, salués par les plus grands de ses contemporains - Kant, Goethe, les frères Humboldt, sans oublier Lessing qui en fit le héros éponyme de sa pièce sur l'amour du genre humain, Nathan le Sage. Père fondateur d'une dynastie d'une quarantaine d'aristocrates, de banquiers, d'industriels, de juristes, d'officiers, de politiciens, de professeurs d'université, de religieuses et d'un compositeur- Felix Mendelssohn -, Moses fut un pivot des Lumières allemandes et européennes : soucieux de réconcilier la foi et la raison, il n'eut de cesse de souligner l'immortalité de l'âme ; de prouver que, par la raison, l'homme pouvait, tout autant que par l'observance des rites et la récitation des prières, accéder à la Révélation divine; de défendre enfin la singularité du judaïsme, seule religion dont la Loi a été révélée. De là, sa défense et illustration de la foi de ses ancêtres et son engagement dans la bataille en faveur de l'émancipation civique de ses coreligionnaires, pour lesquels il traduit le Pentateuque en allemand mais en caractères hébraïques, afin que la culture juive puisse innerver la culture allemande. Il entend célébrer les noces des Lumières allemandes (Aufklärung) et des Lumières juives (Haskala). L'Europe intellectuelle se précipite sur ses ouvrages. Celui qui, dans la journée, tenait les livres de compte d'une soierie, " Monsieur Moyse, grand savant juif à Berlin " devient, de son vivant, le " Platon allemand ".Vénéré à l'égal de Maimonide, son nom chemine en France lors des débats sur les juifs à l'Assemblée nationale entre 1789 et 1791, puis grâce à Mirabeau. Il y a quelques années encore, son portrait se trouvait aussi bien à Rehavia chez les juifs allemands de Jérusalem que dans la banlieue de Boston ou dans le "quatrième Reich ", Washington Heights à New York, partout où les juifs allemands s'exilèrent. Car la vie réelle de Moses Mendelssohn, c'est la postérité de son œuvre essentielle : la " symbiose judéo-allemande ". La débauche d'intelligence issue de cette mystérieuse alchimie et illustrée par les noms célèbres de Heine, Marx, Einstein, Freud, Schönberg et tant d'autres, naquit grâce à Moses Mendelssohn, le Dernier Moïse.

05/2004

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Philosophie

Spirituel et rationnel. Les alliances paradoxales

Foi et Raison : dans les débats autour de la laïcité, de la place du religieux ou du sacré dans les sociétés contemporaines, ces catégories sont convoquées de façon si tranchée qu'elles semblent vouées à entretenir une guerre de position interminable. A la raison universelle qui ne s'occupe que de savoir, d'expliciter et de contrôler les raisons de ce savoir, on oppose la foi aveugle, incommunicable, de ceux qui croient sans voir. Comment sortir de ce jeu à somme nulle ? Les auteurs de ce volume formulent un pari : mieux qu'un régime de coexistence pacifique, mieux qu'un redécoupage des frontières, ils proposent d'aborder spirituel et rationnel à travers les alliances qui, depuis l'aube de l'humanité, n'ont cessé de se nouer entre eux. Alliances paradoxales, sans doute, puisque chacun des termes s'y trouve poussé jusqu'à ses limites, au risque de se perdre. Ainsi la raison inspirée peut devenir déraisonnable, sans basculer pour autant dans l'irrationnel : c'est ce que les Grecs ont vu, au-delà du partage proclamé entre logos et mythos. Le fait mystique invite à dépasser l'alternative entre foi et raison en dénouant le lien qui assimile couramment foi et croyance. Il conduit à envisager l'objet du spirituel et les oeuvres de la foi du point de vue d'une rationalité élargie, capable de faire communiquer par un effort d'intuition et de création les plans disparates de l'expérience : le moi et le monde, la nature et la surnature. La philosophie elle-même, et jusqu'à un certain point la psychanalyse, peuvent se définir dans un rapport à des "exercices spirituels" où le sujet est directement engagé, affecté, altéré par le travail de la pensée. Au coeur des formes de sagesse ou d'éthique qui ont fait de la connaissance et de la transformation de soi leur enjeu principal, on trouve l'idée que la raison peut s'approfondir par degrés et atteindre par elle-même, en elle-même, des vérités d'ordre spirituel. Au terme de cette enquête qui traverse les pensées de Platon, saint Augustin, saint Jean de la Croix, Corneille Agrippa, Spinoza, Emerson, Thoreau, Freud, Lacan, Bergson, Ostad Elahi, se dessine une perspective nouvelle : celle d'une spiritualité rationnelle, solidaire d'une raison ouverte au spirituel.

09/2011

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Philosophie

Philosophie de l'art

Que peut-on espérer aujourd'hui de l'art ? notre culture semble hésiter sur la réponse à cette question. D'un côté elle persiste à attendre énormément de lui, et notamment qu'il continue à incarner, face à la montée en puissance de l'économique, le principe d'une activité gratuite ne visant qu'à témoigner du pouvoir créateur de l'homme et de son aptitude à élaborer des formes dans lesquelles il se reconnaisse. D'un autre côté pourtant, elle commence à craindre qu'après les aventures glorieuses du romantisme et de l'art moderne, le pouvoir d'innovation, de contestation et de révélation de l'art ne soit en train de s'affaiblir, et que la logique de consommation ne soit en train de le réduire insidieusement à une simple forme de divertissement. Cette perplexité justifie un retour à la réflexion philosophique sur le sens et les pouvoirs de l'activité artistique. Cette réflexion suppose elle-même un rappel préalable des grandes théories élaborées dans le passé soit par les artistes eux-mêmes, soit par les philosophes qui ont spéculé sur leurs créations. Le présent ouvrage commence donc par analyser les principales d'entre elles : qu'il s'agisse des doctrines esthétiques du XVIIe et du XVIIIe siècles, des idéologies de mouvements comme le cubisme ou l'art abstrait, des élaborations plus systématiques d'auteurs comme Hegel, Freud, Malraux, Camus, Benjamin, Adorno, Merleau-Ponty, Goodman, etc. Ce rappel historique n'est cependant qu'un point de départ pour une réflexion plus directe : au travers des articles de ce recueil on pourra avoir une image, inévitablement contrastée, de ce que peuvent dire et penser de la création artistique et de sa signification, sociale, psychologique ou même métaphysique, des philosophes français contemporains. L'ouvrage est d'abord conçu pour les étudiants de philosophie, auxquels il donne les bases de ce qui s'enseigne sous le nom de " philosophie de l'art ". Mais il s'adresse aussi à ceux qu'intéresse l'analyse théorique tant de l'expérience esthétique que de la création artistique. Et en définitive, c'est à tous ceux qui se sentent concernés par l'évolution de notre culture - à " l'honnête homme " en un mot - qu'il cherche à apporter des éléments de réflexion.

10/1998