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Histoire internationale

Intelligence de l'anticommunisme. Le Congrès pour la liberté de la culture à Paris, 1950-1975

Le Congrès pour la liberté de la culture a constitué une pièce centrale de la politique culturelle et idéologique américaine en Europe après la Seconde Guerre mondiale. Peu connu du grand public, il avait pour vocation de résister à l'attraction que le communisme et le progressisme exerçaient alors sur nombre d'écrivains et d'intellectuels. Créé peu après le lancement du Mouvement des partisans de la paix appuyé par le communisme international, il refusa de n'être qu'une organisation de contre-propagande face au mouvement adverse et choisit, à l'inverse, d'agir par influence sur les élites. Son rayonnement se fondait sur la qualité de ses informations, de ses débats, de ses réalisations artistiques ou littéraires et s'élargissait au fur et à mesure qu'il se renforçait comme réseau transnational réunissant des écrivains, des journalistes, des universitaires et des hommes politiques libéraux, sociaux-démocrates ou conservateurs. La diplomatie culturelle américaine n'a guère été analysée en France jusqu'à présent. Fondé sur des entretiens avec les acteurs et des documents d'archives, ce livre, tout à la fois récit et dossier, constitue la première tentative pour restituer la place du Congrès pour la liberté de la culture à Paris, ville où était installé son secrétariat international. Le récit se déploie sur vingt-cinq années allant de la création de cet organisme à Berlin en 1950 dans la zone d'occupation américaine jusqu'à la parution de L'Archipel du goulag et de ses effets dans la capitale française au milieu de la décennie 1970. Il s'efforce de rendre les principales inflexions du dynamisme de l'organisation dans la période chaude de la guerre froide puis dans la période de détente en circonscrivant sa position contrastée dans les milieux politiques et intellectuels parisiens. Le dossier permet au lecteur d'avoir en main toutes les pièces actuellement disponibles dans le domaine public sur les mécanismes de financement du Congrès pour la liberté de la culture, la participation de la CIA à ce financement, la crise entraînée par les révélations sur cette participation, sa reprise par la fondation Ford et enfin sur les raisons de son déclin. Cet épisode constitue une plaque sensible particulièrement précieuse pour l'étude de la résistance au communisme dans la France de l'après-guerre et sur l'appui américain apporté à cette résistance.

12/1995

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Critique littéraire

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais. Tome 2, Le citoyen d'Amérique 1775-1784

Le premier volume de cette monumentale biographie évoquait " l'irrésistible ascension de Beaumarchais, tour à tour horloger, maître de musique, homme d'affaires, journaliste, auteur à succès... et agent secret. Ce tome II nous entraîne dès les premières pages dans un tourbillon digne du meilleur roman d'aventures. Pour sauver l'honneur de Marie-Antoinette, menacé d'un virulent pamphlet, voici notre héros lancé à travers la Hollande, la Prusse et l'Autriche, affrontant tous les dangers, échappant de justesse à une tentative d'assassinat (c'est du moins ce qu'il raconte...) avant d'achever son équipée dans les geôles de l'impératrice Marie-Thérèse. Envoyé spécial de Louis XVI à Londres, il est alors chargé de négocier avec le célèbre chevalier d'Eon, dont le sexe incertain fait l'objet de paris dans la capitale anglaise. Rien de plus singulier, de plus cocasse, de plus riche en rebondissements que ses relations avec l'intraitable travesti. Mais bientôt, la grande Histoire lui ouvre enfin ses portes. Enflammé pour la cause des Insurgés d'Amérique, et la naissance de cette jeune République, Beaumarchais persuade le ministre Vergennes et le roi de France d'intervenir en leur faveur. Lui-même organise un trafic d'armes à grande échelle - sa société affrète quarante navires ! Son emploi du temps donne le vertige. Il est partout, pense à tout, s'occupe de mille choses à la fois. Outre les rendez-vous d'affaires, les visites aux arsenaux, les achats, les ventes et les expéditions de matériel, les rapports (parfois tendus) avec le Congrès des Etats-Unis, il trouve encore le loisir d'entretenir avec Mme de Godeville une correspondance érotique, de subir les scènes de sa " ménagère ", d'entreprendre au fort de Kehl une colossale édition des Œuvres complètes de Voltaire. Sans oublier l'âpre combat qu'il mène contre la toute-puissante Comédie-Française, en vue d'obtenir la reconnaissance du droit d'auteur, et d'instituer la toujours vivante SACD... Rien ne semble devoir résister à ce diable d'homme ! Après des années de lutte, il triomphe de la censure et de l'opposition du roi lui-même, et finit par imposer sur scène les audaces de son Mariage de Figaro qui connaît un triomphe mémorable en 1784. " Figaro a tué la noblesse ! " dira Danton.

02/2003

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Philosophie

Jacques Derrida et la loi du possible

Ces pages visent à comprendre et à présenter la pensée de Derrida comme une œuvre de pensée. La moindre connaissance de quelques écrits du philosophe permet de saisir dans cette déclaration d'intention de lecture de Derrida l'écho de l'intention même de la lecture des textes les plus disparates du panorama philosophico-littéraire que Derrida conduit avec une admirable patience. Lire une pensée comme une pensée à l'œuvre, c'est l'interroger dans son excès sur la signification de son vouloir-dire, dans son excès sur ce qu'elle affirme vouloir dire. L'écrit en tant que tel, et en particulier l'écrit philosophique, possède une dynamique propre, qui diffère de l'intention de celui qui écrit, de l'intention qui vit de l'espoir de pouvoir se présenter sans équivoque, de manière claire et compréhensible par tous et toujours. Nécessairement située dans l'espace qui sépare l'écrit de ce qui n'est pas écrit, toute tentative d'une expression nouvelle est en effet liée à la nécessité d'investir et de revêtir des formes anciennes pour présenter ce qui est inédit elle est liée (ce qui veut dire aussi qu'elle en est prisonnière) à la nécessité de l'impossible création. Comprendre une pensée comme une œuvre, c'est savoir que ce qu'il y a en elle de plus intéressant n'est pas toujours l'hypothèse dont elle part, la manière dont elle procède et les conclusions sur lesquelles elle débouche ; c'est savoir qu'à côté des thèses et des contradictions, il y a aussi des présupposés, des accents, des digressions, des suspens, des lacunes, des non-dits, des choix et des sympathies, des espoirs et des tensions. La pensée n'est à l'œuvre. que parce que, se développant dans le contexte de ses conditions de possibilité, elle travaille avec elles dans un effort patient et continu de négociation et de réflexion, que l'on pourrait précisément appeler réflexion. L'œuvre d'un penseur est sa pensée à l'œuvre et une pensée est à l'œuvre même quand elle ne peut pas dire ce qu'elle voudrait dire, quand elle dit ce qu'elle ne voudrait pas dire, quand elle essaie de dire ce qu'elle ne parvient pas à dire, quand elle redit ce qu'elle vient apparemment de dire, et enfin quand elle nomme ce qui ne peut avoir de nom.

04/1994

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Critique littéraire

Guidargus du livre politique pendant l'Occupation (1940-1944)

Francis BERGERON (Agathon), spécialiste de la droite française, et Vulfran MORY, collectionneur érudit, ont publié, en 1990, un Guidargus Le livre politique sous l'occupation (1940-1944), rapidement épuisé, tentative, sans aucun précédent, de dresser une liste des écrits politiques au sens le plus large de l'expression parus en langue française, entre juillet 1940 et août 1944. Charles-Antoine CARDOT s'est employé, depuis 1991, à réviser, et surtout à compléter ce répertoire, considérablement augmenté puisque de quelques huit cents titres, pour la première édition, on passe aujourd'hui à plus de cinq mille dans un ouvrage qui a pris la forme d'un dictionnaire, pourvu de nombreux renvois thématiques. L'auteur de ce nouveau Cruidargus est né en 1930 ; c'est dire qu'il a connu l'occupation autrement que par ouï-dire, ou au travers des livres : il a assisté, le cœur serré, à l'entrée de l'armée allemande en Bretagne, le 18 juin 1940 et il a échappé de peu, quatre ans plus tard, aux bombes anglo-américaines ; entre-temps, vivant dans un milieu familial et relationnel plus sensible aux appels de Londres qu'à ceux de Vichy (et complètement sourd à ceux de Berlin ou de Paris), il a souvent tracé des croix de Lorraine sur le tableau noir de sa classe ; il se souvient d'avoir assisté à une manifestation anti-allemande le 14 juillet 1941 avant d'entrer, peu après, dans le mouvement Scout de France, alors clandestin ; il a lu, à l'époque, quelques-uns des auteurs cités : le colonel Alerme, René Benjamin, Serge Dalens, Roger Lefèvre et son inoubliable Raz de marée, Pierre Mariage et sa Passion des équipages et d'autres encore sans oublier le Maréchal et ses Maximes et Principes. Universitaire. Auteur d'une thèse sur le Parlement de Bretagne à la fin du XVIème siècle et de divers travaux consacrés à l'histoire du droit français public et privé, Ch.-A. CARDOT a consacré les premières années de sa retraite à l'élaboration d'un ouvrage conçu comme un instrument de travail pour les historiens et pour les libraires mais qui est aussi destiné à tous ceux qui, par delà les partis pris, veulent découvrir, dans toute sa complexité, le visage de la France pendant l'Occupation.

09/2001

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Société et citoyenneté

L'attaque des slips tueurs - la BD pour apprendre à combattre les fake news

C'est quoi, une fake news ? Pourquoi on y croit ? Comment repérer une infox ? "L'Attaque des slips tueurs", un documentaire BD hilarant et très pédagogique pour apprendre à repérer et à décoder les fake news. Comment ne pas se faire avoir ! Des personnages aux mimiques hyperexpressives et aux dialogues percutants au service d'un texte documentaire drôle, court et efficace pour tout expliquer de la fabrication des fake news. Ecrit et illustré par Elise Gravel, l'autrice-illustratrice canadienne multiprimée. A mettre absolument entre toutes les mains, pour les enfants... et les plus grands ! Fake news ou infox, c'est quoi ? Les caractéristiques des fausses informations, comment elles sont fabriquées et comment elles circulent grâce aux réseaux sociaux et à Internet. Pourquoi les gens inventent des infos ? Les 5 raisons principales de la fabrication des fausses informations sont : pour gagner de l'argent, pour étendre sa notoriété, pour répandre des croyances et des idées, pour avoir davantage de pouvoir et enfin pour influencer les gens et les amener à partager ces fausses informations sur les réseaux sociaux. Pourquoi la désinformation est-elle dangereuse ? La désinformation met en danger ceux qui y croient. Elle permet aussi de retourner l'opinion, voire de manipuler la population. Elle sert des intérêts particuliers au détriment du bien commun et au final elle met en danger notre liberté et la démocratie. Qu'est-ce qui se passe quand les fake news se multiplient ? Au début, tant qu'elles sont peu répandues, les fake news sont rarement prises au sérieux. Mais quand elles se répandent et explosent sur les réseaux sociaux, elles prennent le pas sur les explications rationnelles. Toute tentative d'explication se heurte alors à la théorie du complot, nourrissant la défiance du public. Pourquoi on croit les infox ? Les fausses informations exploitent les failles de notre raisonnement rationnel. Elles fournissent des explications simples à des phénomènes complexes et globalement anxiogènes. Par ailleurs, nous sommes sensibles au biais de confirmation : nous avons tendance à croire plus facilement une information qui confirme notre opinion, qui est partagée par notre entourage ou diffusée par des personnes influentes. De plus, beaucoup de fausses informations contiennent une part de vérité qui les rend difficiles à détecter. Comment on distingue une info d'une infox ? Il faut vérifier et recouper les sources, s'appuyer sur des sources d'information reconnues comme fiables et faire fonctionner son esprit critique.

08/2023

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Autriche

Cette Autriche qui a dit non à Hitler. 1930-1945

La véritable histoire de la résistance autrichienne à Hitler. Le 13 mars 1938, Hitler proclamait le rattachement de l'Autriche au Reich et, deux jours plus tard, faisait son entrée dans la capitale danubienne. Ces événements sont connus, et plus encore les photos qui les illustrent : douaniers autrichiens accueillant les soldats de la Wehrmacht, foule acclamant le Führer au coeur de Vienne. Le 10 avril suivant, par plébiscite, 99, 75 % des Autrichiens approuvaient l'Anschluss. Mais pourquoi ne dit-on jamais que les célèbres photos de 1938 ont été orchestrées par la propagande nazie ? Et pourquoi n'expose-t-on jamais l'autre face du décor ? Le désarroi de la petite République d'Autriche créée en 1918 sur les décombres de la monarchie des Habsbourg et l'attraction exercée par l'Allemagne, dans les années 1920, sur tous les courants politiques autrichiens représentés au Parlement, à commencer par les socialistes. Le combat de l'Etat autrichien contre le national-socialisme intérieur et extérieur, de 1933 à 1938, combat mené aussi par le régime autoritaire institué en 1934. En 1934 encore, la répression par l'armée autrichienne de la tentative de putsch nazi qui conduisit à l'assassinat du chancelier Dollfuss. Quatre ans plus tard, le sursaut du chancelier Schuschnigg qui voulut consulter les Autrichiens par référendum sur leur volonté de préserver l'indépendance de leur pays, consultation prévue le 13 mars 1938 et dont le résultat aurait sûrement été positif si Hitler, précisément, n'avait pas voulu en interdire la tenue en faisant envahir le pays par l'armée allemande, dans l'indifférence des démocraties occidentales. Ensuite le trucage du plébiscite nazi du 10 avril 1938, l'impitoyable destruction des attributs souverains de l'Autriche, la poursuite des opposants (70 000 arrestations lors de l'Anschluss), le règne de la terreur et la persécution des juifs. Et enfin la résistance autrichienne en exil ou intérieure - résistance communiste et socialiste, résistance catholique, résistance conservatrice et monarchiste -, résistance méconnue, qui eut ses héros et ses martyrs. L'Autriche, libérée par les Alliés en 1945 et redevenue souveraine en 1955, se relèvera grâce à des hommes ayant survécu aux camps nazis. Jean Sévillia, fin connaisseur de l'Autriche et de son histoire, et fort de sources en grande partie inédites, brise les idées reçues et rend justice à cette Autriche qui, très tôt, a dit non à Hitler.

09/2023

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Esthétique

La destructivité en oeuvres. Essai sur l'art syrien contemporain

Onze oeuvres de Syrie. Oui, mais que peut l'art dans un pays détruit ? Presque rien, hélas... Cet essai se raccroche à ce presque décisif qui se refuse pourtant au rien. L'espoir révolutionnaire évanoui, le peuple vivant au milieu des décombres et hanté par les disparus, il a incombé aux artistes de penser ce monde inédit et d'esquisser l'esthétique d'un monde qui s'effondre. Assumant l'ampleur de la catastrophe, quand tout semble devenu impossible, c'est munis des outils rudimentaires du peintre, du sculpteur ou du vidéaste qu'ils ont créé de nouveaux positionnements face au destructeur et vis-à-vis de ceux sur qui s'acharne sa destruction. Dégradation chimérique, art de la contre-esquisse, art de la collapside, de la pan-obscurité, discrétion ab-cène, tragique ultime, confrontation au don et au deuil impossibles, refus de l'abjection, l'événement esthétique se constitue en événement éthique, et laisse émerger un réel qui se désidentifie de la logique destructive dominante. Dans cette traversée que propose l'ouvrage, l'art syrien contemporain devient ainsi, dix ans après le début de la révolution, de la contre-révolution et de la guerre, un lieu de réflexions philosophiques. Les cinq premières oeuvres se rapportent au destructeur tout puissant. Trois portraits du tyran indestructible sont l'occasion de penser la figure paradoxale du potentat de la fin, à la fois définitif et vain, qui ne construit pas un empire ni conduit l'histoire à cheval, mais précipite le monde vers sa disparition, et s'y précipite avec lui. Une quatrième oeuvre répond à l'impossibilité de se prémunir des objets destructifs en domestiquant les obus qui ont envahi le monde, dans une tentative d'en différer la fin. La cinquième conduit à repenser la figure impossible du sauveur dans un tel contexte. L'ouvrage s'arrête ensuite devant une seconde série de six oeuvres qui traitent du réel du point de vue de ceux qui subissent la destruction, se confrontant ainsi à l'impossibilité d'y offrir une réponse adéquate. Dans des configurations de plus en plus restreintes du monde, quelle posture peut-elle encore être créée face au supplicié, au résistant vaincu, à l'agonisant, au cadavre, à ses restes et, ultimement, au disparu ? Et ces oeuvres, que donnent-elles à penser de la destruction devenu principe généralisé, autrement dit destructivité en oeuvre ?

05/2021

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Histoire internationale

La dernière révolution de Mao. Histoire de la Révolution culturelle 1966-1976

On ne saurait comprendre la volonté aujourd'hui de la Chine communiste de devenir une superpuissance capitaliste sans en remonter à la source, traumatique : la Révolution culturelle. Lancée en 1966 par Mao Zedong, cette « guerre civile générale » visait à défaire « les éléments de la bourgeoisie infiltrés dans le Parti. le gouvernement, l'armée et la culture ». Ceux-ci auraient travaillé à renverser la dictature du prolétariat, à l'instar de Khrouchtchev en URSS et de sa révision du stalinisme. Mao incite à la rébellion tout particulièrement les lycéens, transformés en Gardes rouges. Elevée dans la violence répétée des campagnes de « luttes de classe », délivrée des freins familiaux et institutionnels, livrée à elle-même (« plus vous tuez de gens, plus vous êtes révolutionnaire »), la jeunesse instaure une première terreur contre des responsables de l'Etat et du Parti de 1966 à 1968. Mais en juillet 1968, Mao décide froidement de briser les activités révolutionnaires de la Garde rouge et d'endiguer l'effondrement de l'économie; il ordonne à l'armée de procéder au démantèlement expéditif des organisations, il contraint près de douze millions de jeunes à renoncer aux études pour travailler aux champs ou dans les usines. Le retour sanglant à l'ordre bureaucratique fit davantage de morts et de blessés que les agissements des Gardes rouges déchaînés en 1966-1967 ou les combats armés entre les « organisations de masse » rivales en 1967-1968. Il fut conduit par l'armée d'abord, puis par les nouvelles structures politiques qui remirent au pas les militaires grâce à la liquidation du maréchal Lin Biao en septembre 1971, quelques mois seulement après qu'il eut été proclamé le successeur de Mao. Cent millions de personnes ont été affectées par la Révolution culturelle, incluant les survivants estropiés à vie comme les familles dont l'existence a été simplement perturbée par les événements; le nombre de victimes directes, tuées, suicidées, voire dévorées puisque les cas de cannibalisme furent nombreux, serait d'un million. La dernière révolution lancée par Mao, afin de transformer les êtres, fut l'ultime tentative, par le refus de singer les étrangers (Occidentaux, puis Soviétiques), de perpétuer dans la modernité occidentale une essence proprement chinoise, rêvée depuis un siècle par les élites. La Révolution culturelle fut le baroud d'honneur du conservatisme chinois.

09/2009

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Critique littéraire

Cahiers 1894-1914. Tome 12, 1913-mars 1914

L'année 1913 voit se poursuivre la série des petits cahiers cartonnés répertoriés de K à Q. Valéry consacre de nombreux passages à l'entreprise des Cahiers pour tenter de faire le point sur ses desseins et ses méthodes. C'est déjà le ton de ce qu'il appellera plus tard les "Mémoires de Moi". Investi depuis des années dans l'élaboration de ce qu'il nomme "My Psychology", il revient, avec le but affirmé de "se faire des concepts plus purs", sur des notions déjà examinées : le rêve. la mémoire, l'imagination, la surprise. mais aussi le hasard. Il revendique l'opposition entre sa démarche et celle du philosophe. et désigne connue l'aboutissement de sa réflexion la représentation du "fonctionnement d'ensemble" du vivant "monde, corps, esprit". Esquissant un autoportrait assez explicite, il analyse en moraliste un Ego cherchant en lui la généralité de l'humain. Ce qui frappe c'est l'attention accordée à la question religieuse. l'abondance et la régularité des réflexions dans les Cahiers de cette période. Faut-il y voir un écho des discussions nées de la crise moderniste qui secoue alors le monde catholique ? Ou y repérer une tentative d'interroger le mystère du croire ? Valéry d'autre part réfléchit depuis quelque temps à l'édition possible de ses anciens poèmes, mais le retour à l'écriture poétique n'est pas encore installé. C'est la guerre qui amènera le futur auteur de La Jeune Parque à se réfugier dans un labeur de "moine du Ve siècle". Avant 1911, nulle trace de l'élaboration du poème dans les Cahiers. Si des passages traitent de la poésie, c'est pour préciser un idéal plus que pour définir un but précis. Joint à ces Cahiers, un petit carnet ouvert en août 1914 est un document remarquable par sa variété. Elément parallèle des chantiers valéryens, il contient le premier jet de passages développés ensuite dans les Cahiers. D'août à octobre 1914. Valéry tient aussi un journal, ce qui est rare chez lui. Il note non pas ses réflexions sur un moment tragique, mais des détails de son vécu. Mais surtout le carnet apporte des éléments éclairant la genèse du grand poème. Complément bref du dossier de brouillons, il contient des bribes de vers qui cherchent leur forme définitive et trouveront leur place dans les diverses séquences de La Jeune Parque.

04/2012

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Littérature étrangère

Pristina

Albert Drilling est un officier spécial du gouvernement du royaume des Pays-Bas. Fonctionnaire zélé, il se voit confier une mission particulière : s'assurer que les demandeurs d'asile retournent dans leur pays d'origine lorsque toutes les procédures légales d'accueil ont été épuisées. Ceci avec le minimum de désagréments pour son ministre de tutelle. C'est la raison pour laquelle il est envoyé sur une île située au large de la côte nord de la Hollande, pour rechercher une migrante demeurée illégalement sur le territoire après que le centre de détention local ait été fermé. La seule information qu'il ait en sa possession pour la retrouver est son nom : Irin Past. Réfugiée sur cette île, la jeune femme s'est parfaitement intégrée. Les habitants eux-mêmes se sont pris d'affection pour elle. Le capitaine du ferry, le maire ainsi que le plus grand entrepreneur de l'île se considèrent comme ses amis. Mais l'exemplarité de ce parcours ne détourne pas Albert de sa mission première. Une forme de fierté professionnelle le pousse néanmoins à vouloir rechercher l'environnement le plus sûr, le plus accueillant pour les demandeurs d'asile renvoyés dans leur pays d'origine. Dans le cas d'Irin, il s'agit de savoir d'où elle vient réellement. Car si son père lui a toujours assuré qu'elle avait des origines égyptiennes, il semble que cette croyance soit le pur produit de son imagination... Albert se rend pourtant au Caire, à la recherche de la maison où elle serait née. A son arrivée, il se trouve plongé dans les évènements du Printemps arabe. Il observe tout cela avec autant de distance que possible mais ne ressort pas indemne de cette expérience chaotique. Poursuivant son enquête, il finit par découvrir que les véritables racines familiales d'Irin sont à chercher du côté de la capitale du Kosovo, Pristina - son pénom en étant l'anagramme. Pour Albert, c'est un motif suffisant pour exiger qu'Irin soit renvoyée dans cette ville. Découragés, Irin et ses amis renoncent à toute tentative de résistance. A moins que, contre toute attente, les lois et les régulations gouvernementales puissent malgré tout offrir une issue. Dans ce roman, impeccablement structuré, Toine Heijmans propose une réflexion passionnante sur le mystère des origines, la solitude de celui qui cherche un asile. Par contraste, il décrit la rigidité d'un système juridique extrêmement clinique qui se fait passer pour humain.

01/2016

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Philosophie

L'Europe et la Profondeur. Tome 11, Le secret de la domination

Ce Secret de la domination, onzième tome de L'Europe et la Profondeur, est peut-être le plus étonnant de tous les volumes du "grand récit" de Pierre Le Coz : pour ce que faisant cohabiter dans l'espace scripturaire d'un même livre une analyse en forme théologico-critique de la présente "Situation de l'Europe" — notamment face au processus récent et massif de l'implantation d'une religion nouvelle sur son continent — avec l'écriture d'un " grand roman époqual-autobiographique " — "Soldat et jeune fille souriant" — où l'auteur, revenant en une forme comme "auto-fictionnelle" sur la période située à la transition des XXe et XXIe siècles, essaye de comprendre ce qui, dans le quotidien de celle-ci, a réellement et profondément changé — à savoir : rien de moins que le mode même de l'écoulement du temps — ; et changement qui a probablement constitué le plus grand bouleversement de toute l'histoire récente... dont la suite dès lors — ce que nous vivons aujourd'hui très pratiquement (et, pour l'immense majorité d'entre nous, très douloureusement) — ne peut plus être que le développement "philosophique"... toujours plus désastreux. Ce mouvement de retour au genre romanesque illustré par un ouvrage qui, depuis dix tomes, se présentait comme un "essai" disant bien, par ce bouleversement radical qui ne dit pas son nom, dans quelle urgence nous sommes entrés. Ainsi la rédaction de cette Profondeur— successivement présentée, dans le cours de sa publication, comme, selon, un "manuel de survie au temps du nihilisme achevé", ou une "nouvelle aventure arrivée au sens" —vient ici pour ce qu'elle était en réalité depuis son début : rien de moins que la tentative, par un scripteur "à peine identifié sous le nom de" (peu importe qui), de dire la vérité du mouvement réel à l'oeuvre dans l'histoire d'un temps — le nôtre — ; et vérité d'autant plus enfouie et inouïe que ce temps, se qualifiant lui-même de " post-historique ", se flatte volontiers de ne plus en avoir. Illusion en forme d'auto-satisfecit époqual que la simple lecture de ce Secret fera voler en éclats : pour ce que les diverses analyses de notre temps et de son actualité, la plus sanglante ou la plus futile — voire, dans sa troisième partie, la plus licencieuse — proposées par cet ouvrage vont toutes dans le sens d'un évident "retour-de"... cette même histoire.

05/2019

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Histoire internationale

Kurdistan. Solidaires international

La situation en Turquie et en Syrie est devenue une situation de guerre totale. Le pouvoir syrien d'une part, et le pouvoir turc d'autre part, s'illustrent particulièrement en la matière. Ils sont en effet responsables de massacres de grande ampleur et de crimes de guerre sur les populations de cette région du monde. Les Kurdes sont particulièrement touchées depuis des années par des politiques de discrimination et de répression, et le pouvoir turc s'acharne avec une violence extrême contre ces populations. Leur lutte de libération a pris un nouvel envol dans la période ouverte par la révolution syrienne et sa transformation en conflit militaire. L'expérimentation sociale et politique qui s'est réalisée dans les zones libérées est ici présentée. La transformation du processus révolutionnaire syrien en un conflit armé pose des questions multiples pour lesquelles une solution ne peut être trouvée que par l'ensemble des populations présentes sur ce même territoire. L'ouvrage ne prétend pas donner une vision exhaustive des points de vue des différentes forces en présence dans le conflit syrien. Le choix éditorial a été de donner la parole à certaines composantes du mouvement kurde à qui, en général, est laissé peu d'espace pour s'exprimer. Il sera ainsi abordé la question des bases du système politique que le mouvement tente de développer en plusieurs endroits du Kurdistan, dans des environnements différents. Au sein de celui-ci, les mouvements d'émancipation des femmes jouent un rôle important. Les luttes des Kurdes contre l'Etat turc seront vues à travers le prisme syndical, et dans le contexte des purges ayant suivi la tentative de coup d'Etat de 2016. Enfin, des exemples de solidarités sont présentés, qui invitent à réfléchir sur les pratiques de soutien aux peuples en lutte pour leur autodétermination. Nous ne savons pas comment la guerre actuelle va évoluer, ni sur quelles configurations politiques elle va déboucher. En revanche nous savons que les populations civiles continuent d'être menacées et touchées durement que ce soit par le pouvoir d'Assad ou celui d'Erdogan, avec la complicité active ou lointaine d'autres puissances régionales ou occidentales. La présente publication, à travers l'information qu'elle permet de divulguer, se veut aussi une modeste contribution à la nécessaire solidarité…

10/2018

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Philosophie du droit

Penser différentes manières de penser. Théories de droit international

Découvrez les différentes théories sous-jacentes à la pratique du droit international grâce à l'oeuvre d'Andrea Bianchi ! Andrea Hamann, professeure en droit public, traduit et présente l'ouvrage d'Andrea Bianchi, professeur de droit international : International Law Theories : An Inquiry into Different Ways of Thinking. Deux poissons nagent dans un étang. "Tu sais quoi ? ", demande l'un des poissons. "Non, dis-moi", répond l'autre. "Je parlais l'autre jour avec une grenouille. Elle m'a dit que nous sommes entourés d'eau. Il paraît même que nous vivons dedans ! " Son ami le fixe, d'un air sceptique : "De l'eau ? Qu'est-ce que c'est ? Montre-moi l'eau ! " Les juristes - et les internationalistes n'y font pas exception - ont tendance à se focaliser sur la pratique du droit, souvent sans accorder une attention soutenue aux théories sous-jacentes qui en déterminent pourtant la production et la mise en oeuvre. Ce livre se veut une tentative de remuer l'eau dans laquelle, en tant qu'internationalistes, nous nageons. Il propose une introduction à différentes approches du droit et sensibilités à son égard. Il invite en ce sens à engager le dialogue avec différentes manières de penser le droit international, afin de nous familiariser avec l'eau qui nous entoure et dont, bien souvent, nous ne sommes pas même conscients. L'objectif principal de ce livre est ainsi de rendre accessibles aux universitaires, praticiens et étudiants certains des outils nécessaires à la compréhension de diverses théories du droit international, de leurs généalogies respectives, ainsi que des critiques qui leur ont été opposées. Il espère aiguiser la conscience et la sensibilité des internationalistes à l'égard de ces théories, qui se trouvent fréquemment rejetées hors de l'univers du "droit" proprement dit, mais dont on aurait tort de considérer qu'elles n'en relèvent pas. En effet, ce n'est qu'en nous familiarisant avec elles que nous, en tant qu'internationalistes, prenons conscience de l'importante mesure dans laquelle l'ensemble de leurs présupposés déterminent fondamentalement l'étude, l'analyse, l'enseignement et la pratique du droit international. Penser différentes manières de penser le droit international se veut ainsi une invitation faite aux internationalistes, et à quiconque s'intéresse à cette discipline, à engager une réflexion sur les modes et modalités de production des connaissances, aussi bien dans le champ scientifique que dans la pratique sociale du droit international.

03/2023

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Sociologie

Le culte de la raison et le culte de l'Etre suprême. (1793-1794)

" On sait qu'en l'an II la France révolutionnaire essaya, sans y réussir, d'abolir la religion chrétienne au moyen du culte de la Raison, puis de la remplacer par le culte de l'Etre suprême. Cette tentative étonna, en l'effrayant, l'Europe d'alors ; mais, comme elle a échoué, on la trouva ensuite plus scandaleuse qu'intéressante, et il a été de bon goût de présenter le culte de la Raison et le culte de l'Etre suprême comme une des plus sottes aberrations du délire révolutionnaire. Des écrivains sont venus qui ont réagi contre ces jugements trop sommaires : les uns ont cru voir dans l'hébertisme antichrétien l'heureuse réalisation de la pensée de l'Encyclopédie ; les autres ont présenté le déisme robes pierriste comme la religion qui convenait alors et qui con- viendrait encore aujourd'hui à notre race. Le plus vrai (si- non le plus exact) des historiens de la Révolution, Michelet, a pensé que ni la sécheresse du culte de la Raison ni la froideur du culte de l'Etre suprême ne convenaient aux fils du XVIIIe siècle, et, dans cette tête pleine de Diderot, dans ce coeur amoureux de la France, s'est formée l'idée d'une religion de la patrie et de l'humanité, religion dont l'esprit, s'il avait prévalu dans la politique des gouvernants, comme il vivait secrètement, selon Michelet, dans l'instinct populaire, eût fécondé la révolution, eût orienté l'âme française dans un sens conforme à son génie et eût peut-être rayonné sur le monde. L'investigation pénétrante d'Edgar Quinet est arrivée à de tout autres résultats. Ce penseur ne s'est point scandalisé de l'impiété de nos pères, et cependant, il n'a pas rêvé le triomphe de la libre pensée. Tout en accusant les révolutionnaires de timidité française, tout en se moquant des hésitations de ces Polyeucte prudents, qui insultaient le dogme et en avaient trop peur pour le détruite ou le changer vrai- ment, Edgar Quinet leur reproche de n'avoir pas demandé au christianisme même la religion des temps nouveaux. Et quelle est la conclusion implicite de tant de railleries éloquentes sur la servitude intellectuelle d'un Hébert ou d'un Robespierre ? C'est qu'il eût fallu se borner à convertir la France de la révolution au protestantisme".

03/2023

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Géopolitique

Les autres ne pensent pas comme nous

Maurice Gourdault-Montagne nous fait revivre les grands événements diplomatiques qui ont marqués la France de Mitterrand à nos jours. Plus que les mémoires d'un grand diplomate, cet ouvrage est celui de l'un des meilleurs connaisseurs des relations interna tionales de ces quarante dernières années. Acteur et expert de premier plan, l'auteur nous éclaire sur des enjeux stratégiques dont l'actualité ne cesse de faire irruption dans nos vies. Maurice Gourdault-Montagne est un homme de caractère. Sa vigueur intellectuelle donne à ces souvenirs toute leur valeur et leur authenticité. Ayant occupé des fonctions clés à l'Elysée, à Matignon et au Quai d'Orsay, maîtrisant aussi bien les arcanes de la diplomatie française que ceux de la politique intérieure, il nous plonge dans les coulisses des grandes crises qui ont secoué le monde. Des rapports franco-américains durant la guerre d'Irak aux missions secrètes dont il fut chargé pour renouer des rela tions avec l'Iran et la Syrie, en passant par les soubresauts de la construction européenne, il nous fait entrer dans ce qu'on appelle le " domaine réservé " du président, depuis le premier mandat de François Mitterrand. A une vision uniforme et idéologique du monde, Maurice Gourdault-Montagne oppose une philosophie de l'action fondée sur la diversité des cultures et des peuples, le respect de leur histoire et de leur sensibilité. Jeune diplomate en Inde, puis ambassadeur à Tokyo, Londres, Berlin ou Pékin, il dresse des portraits originaux des dirigeants qu'il a rencontrés, en particulier en Allemagne où il a passé sept années. Il évoque aussi les occasions manquées avec la Russie et livre une analyse personnelle de la crise ukrainienne. Devant l'importance de l'enjeu algérien, il retrace la tentative avortée du traité d'amitié, et nous éclaire enfin sur les évolutions de pays plus lointains, indispensables à la compréhension des défis contemporains, comme la Chine, l'Inde et le Japon. Dans un environnement marqué par le retour des empires, la colère des peuples et le recul des valeurs universelles au profit du différentialisme et du communautarisme, Maurice Gourdault-Montagne souligne aussi bien les atouts que les faiblesses de notre pays : une France contrainte de s'adapter aux nouvelles réalités du monde sans rien perdre de sa capacité d'entraînement.

10/2022

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Sociologie

L'émancipation paysanne. Essai de prolongement de la réflexion éthique de Pierre Rabhi

La disparition des paysans est longtemps apparue comme un acquis de l'histoire dont il fallait se réjouir. Pourtant, derrière son apparente évidence, il se pourrait bien que ce diagnostic ait été en réalité profondément erroné. Contre toute attente, il est possible d'observer l'émergence d'un mouvement de renouveau de l'agriculture paysanne qui tend à redevenir une activité valorisée et attractive. Au point que certains n'hésitent pas à abandonner des carrières parfois prometteuses pour se lancer dans un changement de vie radical et devenir paysan. Mais comment interpréter ce retournement pour le moins inattendu ? Comment saisir la signification historique de ce phénomène qui remet en question tant de prédictions prétendument expertes ? S'agit-il d'un phénomène conjoncturel ou structurel ? D'un accident regrettable ou d'une promesse d'un avenir désirable ? L'une des réponses les plus originales à cette question est sans doute apportée par Pierre Rabhi. Selon lui, devenir paysan est une manière de redonner du sens à sa vie en s'émancipant d'un style de vie consumériste qui s'avère décevant pour découvrir les joies oubliées du style de vie paysan. Loin d'être une regrettable régression, le renouveau de l'agriculture paysanne est donc porteur d'un progrès éthique puisqu'il permet de renouer avec une vie heureuse ni se dérobait jusque-là. ptdétour d'une enquête sur les reconversions professionnelles vers l'agriculture paysanne, l'auteur approfondit les notions développées par Pierre Rabhi - la sobriété heureuse, l'insurrection des consciences, etc. - en élucidant notamment les nombreuses richesses existentielles produites par le travail paysan et les épreuves qu'un tel changement de vie suppose de traverser. Cet ouvrage peut donc être lu comme une tentative de prolongement de la réflexion éthique de Pierre Rabhi. Prix : 18€ ISBN : 9782356877697 9 M115111831 www.editionsbdl.com Tout l'enjeu de l'ouvrage de Loir Wojda est de développer l'idée d'un dépassement paysan du consumérisme qui parcourt l'ensemble de l'oeuvre de Pierre Rabhi. O Passionné par l'agriculture paysanne, Loïc Wojda a consacré ces dernières années la réalisation d'une thèse de doctorat sur les néo-paysans, à l'aménagement d'une micro-ferme vivrière avec sa compagne et à un emploi salarié sur une ferme en polyculture- élevage. Photographie de couverture ® Lorc Wojda

04/2021

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Littérature étrangère

Le grand cercle

"Le Grand Cercle", paru à New York en 1933 aux éditions Charles Scribner's Sons, deuxième roman de Conrad Aiken (1889-1973), était jusqu'alors inédit en français. Poète majeur d'une oeuvre considérable, nouvelliste sublime, critique... , également éditeur d'Emilie Dickinson, homme dont la discrétion fut exemplaire, poursuivant la résonance de son temps sans y être esclave, et dont l'influence fut décisive sur des oeuvres telle celle, répétons-le, de Malcolm Lowry qui, de ses propres mots, reconnut en lui "un père spirituel" , Aiken est cependant resté dans l'ombre. Ce roman se compose de quatre grands chapitres évoquant des mouvements musicaux quasi indépendants les uns des autres, notamment le deuxième chapitre, lequel entièrement entre parenthèses, en flash-back, revient sur l'adolescence d'Andy, là où tout se serait joué en effet... Par ailleurs, ce second chapitre n'est pas sans rappeler de par son approche sensible de l'enfance et de l'adolescence sa nouvelle : "Etrange clair de lune". Andy devenu Andrew Cather le Borgne, héros ou plutôt anti-héros moderne, porteur d'une culture classique, est à l'image de l'écrivain lui-même. Les références y sont plus européennes qu'américaines ; Melville, Poe, aux côtés de Shakespeare, Michel-Ange et Dante, comptent parmi les présences d'un univers qui ne craint pas les outrances, les ruptures de temps et de ton. Ajoutons à ces présences, celle de Freud qui lut "Le Grand Cercle" et en fut séduit au point de vouloir rencontrer son auteur. Ecrit dans une période difficile dans la vie de son auteur se considérant, non sans humour, lui-même "posthume" , suite à une tentative de suicide, ce roman peut être considéré comme l'expérience d'une remontée vers un renouveau de la vie calquée sur la déconvenue banale d'un couple : une tromperie. Dans une lettre datée du 24 octobre 1932 à un ami, en fin de la rédaction du Grand cercle, "son fidèle vieux cauchemar" tel qu'il le qualifiait encore dans cette même lettre, Conrad Aiken notait : "On ne change jamais sans un Acte ? Mais les mots sont des actes, les idées sont des actes, les sentiments sont des actes, les attitudes sont des actes ? " Ces questions tangentes, sans réponses, qui se veulent aussi affirmatives, semblent en ce roman côtoyer l'impossible. Un grand cercle se dessine...

10/2017

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Littérature française

Le Crime de Lord Arthur Savile. Une nouvelle de Oscar Wilde

Le personnage principal de ce roman, Lord Arthur Savile, est présenté, à l'occasion d'une soirée donnée par Lady Windermere, à un chiromancien, Septimus R. Podgers. Ce dernier lit dans la paume de la main de Lord Arthur, un funèbre destin. On apprend au chapitre suivant qu'il s'agit d'un crime et par diverses circonstances, Lord Arthur croit comprendre qu'il sera l'auteur d'un crime. Alors qu'il voulait se marier avec Sybil Merton, sa fiancée, il décide qu'il n'a pas le droit de le faire avant d'avoir commis ce meurtre. Sa première tentative porte sur une tante âgée, Lady Clementina Beauchamps, qui souffre de brûlures d'estomac. Arthur lui donne une capsule empoisonnée à l'aconitine, qu'il présente comme un remède américain d'un nouveau genre, à prendre en cas de crise. Recevant un télégramme quelques semaines plus tard, il apprend sa mort et retourne victorieusement à Londres, pour apprendre qu'elle lui a légué une propriété. En triant les affaires de sa tante, Sybil trouve la pilule de poison, intacte ; ainsi, Lady Clem, sa tante est morte de manière naturelle et lui se trouve dans le besoin d'une nouvelle victime. Après réflexion, il contacte un ami anarchiste, qui lui procure une bombe dissimulée dans une pendule. Arthur l'envoie anonymement à un parent éloigné, le Doyen de Chichester. Malheureusement l'engin se révélera défectueux, réjouissant la fille du Doyen qui passera ses après-midis à produire des explosions minuscules et inoffensives avec l'horloge. Désespéré, Lord Arthur croit ses plans de mariage condamnés quand il rencontre Podgers, en pleine nuit, au bord de la Tamise. Il précipite alors le chiromancien dans le fleuve du haut d'un parapet. Quelques jours plus tard un journal annonce le suicide, puisque tel a été le résultat de l'enquête, de sa victime. Assuré maintenant du succès de son entreprise, Lord Arthur peut enfin se marier ! Quelques années plus tard, en visite chez le couple, lady Windermere confie en aparté à Sybil que M. Podgers était un horrible et avide imposteur et qu'elle même n'avait jamais cru en la chiromancie. Lord Arthur reste, quant à lui, persuadé qu'il doit tout le bonheur de sa vie à la chiromancie.

02/2023

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Théologie

La réception de la théorie cartésienne des vérités éternelles dans la philosophie de la première modernité

Le livre est dédié à la réception de la théorie cartésienne des vérités éternelles et à la question de la théodicée moderne. L'objectif de cette étude ne se limite pas à mettre en lumière la charge de références critiques à la doctrine de Descartes, mais il veut souligner aussi à quel point le refus des prémisses de la théorie a joué un rôle structurel dans le développement de la philosophie de la première modernité et dans la reconstitution du problème de théodicée. Contrairement à la tradition médiévale, Descartes affirme que les vérités éternelles ont été librement établies et créées par un Dieu incompréhensible et indifférent. Selon une grande partie de la philosophie post-cartésienne, ce Dieu finirait par jeter une ombre sur la création : aucune connaissance ne peut s'estimer garantie, parce qu'on ne pourrait pas exclure que les lois qui fondent la connaissance humaine puissent changer, ne disposant pas d'un ordre de raisons qui reflète la raison immanente à la création. Il faudra alors refuser les prémisses de cette approche pour récupérer la relation avec Dieu que la théorie de Descartes avait compromise, en attribuent aux vérités éternelles le statut ontologique qu'elles avaient perdu. Cette décision ne sert pas simplement à assurer à l'homme un fondement stable, mais représente aussi la condition pour rechercher les raisons de la création et justifier ainsi l'action de Dieu. Il s'agit d'un double mouvement : d'une part, on récupère l'immutabilité des vérités éternelles pour garantir un savoir solide ; d'autre part, puisque la création divine est fondée sur la nécessité de ces mêmes vérités, l'homme peut les utiliser pour interroger la conduite de Dieu et la justifier. La bataille des idées qui a lieu après Descartes peut donc être considérée comme la tentative de retrouver un accès rationnel aux conditions de la création. Dès lors, on peut interpréter la philosophie de la première modernité comme un grand projet de théodicée et considérer ses interprètes principaux – Leibniz, Malebranche et Spinoza, entre autres – à la lumière de la théorie de Descartes, comme si elle constituait la condition critique de possibilité de leurs réflexions. Cette approche nous permet de fournir une autre image de la philosophie moderne dans l'acte de sa fondation, liée aux questions posées par la centralité de la toute-puissance de Dieu.

05/2022

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Littérature française

Clelia de Giuseppe Garibaldi

Rome, 1867. L'Italie est constituée depuis le 7 mars 1861 en royaume unifié, auquel manquaient encore la Vénétie, où l'Autriche maintenait sa domination depuis 1815, et le Latium romain, dernier vestige des Etats de l'Eglise, où le pape maintient sa royauté. En 1866, la Prusse, alliée du nouveau royaume, et victorieuse de l'Autriche à Sadowa, a de fait restitué Venise et sa province à l'Italie ( le plébiscite ne fut qu'une formalité) ; mais le roi Victor Emmanuel II de Piémont- Sardaigne, héritier de l'attentisme de Cavour, n'ose encore proclamer Rome capitale du royaume, pour ménager son allié Napoléon III, " l'empereur de l'équivoque ", lequel, pour ménager lui-même à l'intérieur le puissant parti catholique ultramontain des contre-révolution-naires français, soutient officieusement le pouvoir du pape. La demi-mesure par laquelle, en 1865, le gouvernement a transféré la Capitale de Turin à Florence est un scandale pour les patriotes italiens de toutes tendances, dont Giuseppe Garibaldi est depuis 1848 le fédérateur et le libre condottière. Arrêté et assigné à résidence dans son île en novembre 1867, après l'échec de sa troisième tentative de forcer le cours de l'histoire pour libérer Rome, il trompe l'ennui de cette oisiveté forcée par deux manifestes politiques sur la " question romaine ", sous la forme du roman-feuilleton, où il essaie d'imiter Eugène Sue, et Dumas père, qui fut son ami et compagnon. Le résultat littéraire est très inégal ; c'est pourquoi le traducteur - il s'en explique dans sa préface-, a jugé bon de remédier autant que possible à cette insuffisance, dans l'esprit même des intentions de l'auteur, comme Dumas l'avait fait pour les Mémoires de Garibaldi, mais en respectant rigoureusement l'économie du texte. Clelia, le plus poétique de ses essais romanesques, a deux grands mérites : celui de nous livrer les sentiments d'un homme extraordinaire, dont on a pu dire, en dépit de toutes les étiquettes que lui a collées la manie moderne des idéologies, qu'il fut tout ensemble " à sa façon, conservateur, et révolutionnaire " (Alfonso Piscitelli); et celui de nous transporter au cœur de ces terres italiques devenues sujettes de l'histoire après avoir porté les maîtres du monde, demeurée comme hors du temps, et que Garibaldi, en fils généreux, s'efforçait de réveiller d'un long sommeil. ?? ?? ?? ?? 1

12/2010

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Critique

Théories de théories

" Comme certains de mes livres, Théories de théories est une tentative de classement au moyen d'une forme. Son titre s'explique par le double sens du mot ''théorie'', c'est-à-dire une proposition générale sur un sujet donné et une succession d'êtres ou de choses à la file. (Quand on dit : il y avait une théorie de chats, cela signifie que plusieurs chats se suivaient les uns derrière les autres.) Il se passe en une journée, à partir du moment où, levé, on s'habille (" théorie des beaux vêtements "), et s'achève à la fin du jour ("théorie du coucher du soleil "). Entre les deux, je propose des théories sur tout ce que l'on appelle la vie, ou du moins la vie comme je l'entends. On y trouvera une théorie du désir, une théorie de l'amour, une théorie des ponts, si mal en point dans le monde de murs où nous vivons, une théorie des grandes vieilles actrices de théâtre, une théorie des mappemondes, une théorie du temps, une théorie de la couleur marron, une théorie du rire, une théorie du mot fin dans les livres, une théorie des odeurs, une théorie des fleurs coupées, une théorie de l'ombre et une théorie de la lumière, bien d'autres. Ces théories, pour moi, ressemblent aux bâtons de métal qu'on nous faisait frotter en classe de physique pour attirer la limaille de fer. Elles rassemblent ce qui est épars, à la merci des coutumes, des idées reçues, des superstitions, de l'ignorance, et proposent des interprétations plausibles. Elles ne cherchent pas à être ''vraies''. Théories de théories est, en quelque sorte, une boîte à outils. Je dois ajouter que ''théories'' ne veut pas dire abstrait. Mes théories, qui sont parfois longues, parfois courtes, le plus souvent des essais, quelquefois des fictions, se fondent sur des observations, des faits historiques, les remarques des auteurs les plus divers de tous les temps et de tous les pays. Des expériences sensibles, aussi. C'est mon livre le plus intime. A la fin, j'espère qu'on en aura retiré une certaine conception du monde, suivant ce que l'on pourrait appeler une pensée moirée, à la façon de la moire du tissu, changeante et variée comme la vie. "

09/2021

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Collection Terre humaine

De la pierre à l'âme. La prescience sauvage

Une immersion au coeur du chamanisme inuit, en suivant le parcours et les combats de Jean Malaurie. De la pierre à l'âme, ce grand livre est l'aboutissement d'une vie de recherches et d'exploration menées par Jean Malaurie dans l'Arctique, tout autour du cercle polaire ; du Groenland, point de départ du périple, jusqu'à la Tchoukotka sibérienne, durant plus de cinquante ans. C'est aussi une oeuvre de mémoire, un retour sur soi, une tentative jamais achevée d'élucidation intérieure, une somme intellectuelle qui plonge dès le début le lecteur dans l'effervescence intellectuelle des années de l'immédiat après-guerre. " Je n'enseigne pas, je raconte " dit Jean Malaurie, dont le propos scientifique ou ethnographique n'est jamais didactique, mais s'inscrit dans une aventure personnelle faite de rencontres, d'épreuves, d'obstacles au travers du récit d'une errance souvent périlleuse au milieu d'un décor grandiose. Jean Malaurie est un conteur donnant à lire, à la manière d'un Jules Verne, les tribulations d'un géographe dans le grand nord. De la pierre à l'âme est un texte d'apprentissage et une quête initiatique menant de l'étude de la pierre à travers le prisme d'une science exacte, la géomorphologie, à l'animisme et au sacré. L'histoire d'un chemin de Damas qui conduit un jeune géographe épris de chiffres et schémas à une conversion du regard au contact des Inuit. Au terme d'une lente et douloureuse chrysalide, le narrateur est " inuitisé " et Jean Malaurie raconte ici les moments exceptionnels de communion avec le cosmos vécus auprès d'un peuple animiste. On ne peut qu'être frappé par l'actualité et le caractère prophétique de ce livre entrepris il y a déjà une décennie et revenant sur une aventure humaine inaugurée il y a soixante-dix ans. Jean Malaurie y dénonce le lien rompu avec le cosmos, la destruction de la faune et des milieux naturels, la réduction de la bio - diversité, l'exploitation productiviste des ressources, l'agonie programmée de ces " sentinelles " que sont les peuples racines. " Dans le regard d'un chien ou d'un oiseau, il y a une telle humanité que l'on est pris par la nostalgie d'un paradis perdu ".

10/2023

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Policiers

Le jeu du témoin

...Haifeng, à son tour, regarda ses chaussures de sport vertes. Les semelles devaient porter des cercles concentriques. Elle le savait. - Il y avait trop de brume pour voir quelque chose ce matin-là. - Donc, tu l'as vu. - J'ai vu la police arriver. Haifeng ne détecta pas de mensonge ; c'était donc une demi-vérité. Elle jouait avec lui - c'était fair-play. - C'est l'heure d'aller travailler, xiansheng. Et le moment de cesser de poser des questions. - Mon nom est Haifeng - comme le vent de la mer. C'est approprié ici. - Le vieux quartier est à vingt minutes en bus du centre commercial. Donc, la porte n'était pas fermée... L'inspecteur principal Tian Haifeng, en déplacement lors d'une conférence, assiste à la découverte d'un cadavre sur une plage enneigée qu'il arpente. Il y rencontrera " Jane Austen " un curieux témoin. L'enquête parallèle qu'il mène sur ce meurtre se trouvera étroitement mêlée à la disparition de son fils. Haifeng est un homme aux multiples talents : poésie, calligraphie et même cuisine, mais c'est avant tout une belle personne, un homme plein d'humanité qui n'hésite pas à prendre tous les risques afin que justice soit rendue. Ce roman brosse avec talent, outre les descriptions de personnages attachants, un portrait sans concession de la Chine contemporaine. Pays où, si la corruption et les exactions restent monnaie courante, les traditions millénaires telles que les cerfs volants et la fête des lanternes sont toujours vivantes malgré les tentatives politiques faites dans le passé pour les éradiquer. Ce livre est (peut-être) un roman policier, mais il fourmille aussi de références littéraires à Jane Austen, Thomas Hardy et même Shakespeare. Enfin et surtout il apparaît comme une brillante étude de moeurs qui permet au lecteur de pénétrer dans les arcanes de l'âme chinoise afin de tenter d'y appréhender une infime partie de ses subtilités et de ses mystères.

06/2019

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Histoire internationale

Les populations nuna du nord (Haute-Volta). Des origines à 1920

Les recherches historiques sur les "Sociétés sans Etat" sont encore très rares. Très peu de chercheurs osent affronter l'épineux problème d'une documentation presque exclusivement basée sur des sources orales, lesquelles présentent ici des difficultés encore plus accentuées que dans le contexte des structures étatiques. Le présent travail est le premier, en ce qui concerne l'histoire des populations nuna du nord, une société sans Etat du centre-ouest voltaïque (actuel burkinabé), à laquelle appartient l'auteur. Celle-ci fait partie de l'ensemble plus vaste d'un "groupe gurunsi" répandu non seulement en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), mais aussi dans des pays voisins tels que le Ghana, la Côte-d'Ivoire, le Togo, le Dahomey et même le Mali. La thèse de troisième cycle d'histoire, présentée par A. Duperray sur l'ensemble des Gurunsi de Haute-Volta, traite d'un sujet trop vaste pour pouvoir fournir des éléments historiques détaillés sur le groupe nord-nuna. Par ailleurs, la période étudiée étant essentiellement celle de l'époque coloniale, le passé précolonial des populations gurunsi y est trop peu évoqué pour ne pas laisser place à un travail plus spécifique et plus approfondi. La présente entreprise se veut, par conséquent, une suite et un développement de cette première étude générale sur l'histoire des populations gurunsi. Limitée au seul groupe des Nuna septentrionaux, elle porte principalement sur l'évolution précoloniale de cette population. La période coloniale brièvement évoquée jusqu'aux environs de 1920 n'est traitée qu'en rapport avec ce passé historique antérieur des Nord-Nuna, auquel elle succède comme la suite presque ininterrompue d'une même histoire : celle que l'on pourrait intituler "Histoire des luttes d'une population non étatique contre les tentatives de domination ou d'exploitation des sociétés d'Etat". L'auteur a embrassé l'histoire de cette résistance séculaire des origines, c'est-à-dire depuis la mise en place du peuplement, jusqu'à la fin de la période des oppositions plus ou moins violentes organisées contre la domination et l'exploitation coloniale.

08/2016

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Littérature française

Portrait de Balthazar

Dans le Sarajevo déboussolé d'après-siège, un avocat s'occupe d'une peintre locale expatriée à Paris durant la guerre, qui voudrait à la fois récupérer son appartement et publier des souvenirs qu'une soif inextinguible de liberté a rendus sulfureux. Celle-ci, de retour dans sa ville, tombe passionnément amoureuse d'un "Jeune homme" qui lui rappelle le "Portrait de Baldassare Castiglione" de Raphaël, un tableau qui l'a fascinée toute sa vie. Dans sa ville natale qu'elle ne reconnaît plus, "où les habitants ne se différencient plus qu'entre mafieux et non mafieux", elle découvre à travers cette liaison tourmentée la montée du fanatisme religieux, tout en prenant conscience de la vie oisive que mène une certaine classe mondaine dans sa cité d'adoption. Un roman de double exil, où la passion permet de percevoir l'écartèlement de notre époque entre deux conceptions incompatibles du monde, l'une laxiste et l'autre ultrarigide, forcées de vivre côte à côte en se haïssant et se combattant. Tandis que l'on commémore le vingtième anniversaire du siège de Sarajevo, que vient de commencer à La Haye le procès de Ratko Mladic après celui de Radovan Karadzic, qu'est devenue la ville qui a subi durant près de quatre ans " un siège moyenâgeux mené avec les armes contemporaines " ? Il est surprenant de constater que les écrivains de Bosnie-Herzégovine, du moins ceux qui sont présentés aux lecteurs francophones, s'évadent le plus souvent dans le passé fascinant de la ville ou les souvenirs de guerre. Il y a pourtant tellement à dire sur les mutations des mentalités dans la cité où ont si longtemps coexisté en syncrétisme trois religions et trois nationalités, sur les collusions politico-mafieuses et la corruption rampante, sur le chômage endémique et la stagnation économique mais aussi l'espoir d'un renouveau touristique et une efflorescence artistique, sur les tentatives de mainmise de quelques fanatiques religieux sur un islam jusqu'ici moderne et ouvert...

04/2012

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Histoire de France

Constance de Bretagne (1161-1201). Une duchesse face à Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre

En 1166, le duc de Bretagne Conan IV doit abdiquer après s'être révélé incapable d'endiguer la fronde contre son seigneur, le roi d'Angleterre et duc de Normandie Henri II Plantagenêt, suzerain du duc depuis 1158. Conan lui remet également sa fille, âgée de cinq ans, destinée à lui succéder à sa mort. La petite Constance va donc grandir en Angleterre. A cette époque, la cour anglaise vibre aux récits des exploits du roi Arthur popularisés par le clerc gallois Geoffroy de Monmouth. Son livre, l'Histoire des rois de Bretagne, publié vers 1135, appelle à la renaissance bretonne en évoquant avec Arthur le premier roi légendaire de la Bretagne armoricaine, Conan Mériadec. Ces récits invoquant la gloire de la terre dont elle était l'héritière n'ont pas laissé Constance indifférente, elle dont le père portait le même prénom royal que le compagnon du roi Arthur ! Dans un tel environnement, la jeune fille dut se dire très tôt qu'elle reprendrait le flambeau de la lutte pour l'indépendance bretonne dès que possible. En 1181, Constance épouse Geoffroy Plantagenêt qui, comme sa femme, prendra fait et cause pour l'indépendance du duché. De cette union, en 1187, naîtra un fils que Constance appellera Arthur... Le nouveau-né est vu comme la réincarnation du roi légendaire, appelé à libérer les Bretons de la domination anglaise. Successivement, Henri Il puis, après sa mort en 1189, Richard Coeur de Lion qui lui a succédé, tentent de s'emparer de l'enfant. Leurs tentatives sont vaines en raison de l'opiniâtreté de la duchesse. Après la mort de Richard sans héritier direct en 1199, la duchesse défend les droits de son fils à la couronne anglaise. Constance, dont les historiens s'accordent à dire que son deuxième mariage avec Guy de Thouars (avec qui elle aura trois filles) fut un mariage d'amour, apparaît comme un personnage d'une étonnante modernité et, peut-être, comme la plus grande duchesse bretonne.

10/2018

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Critique littéraire

Petite physique du roman. (Des années 1930 à aujourd'hui)

Ce livre cherche à faire entendre une énergétique du roman. Car la forme romanesque doit se lire comme une négociation des forces qui mobilisent l'écriture, dans une transaction incessante où l'écrivain suit le mouvement qui le porte selon un vouloir-dire qui est autant celui de l'auteur que celui du livre. Cette dialectique sans résolution de la force et de la forme interdit de produire une typologie du roman. Elle ouvre plutôt à un plaisir du commentaire que l'on suivra sur une vingtaine de romans écrits en France entre 1930 et aujourd'hui. Ce sont ces tensions irréductibles que je désigne sous le terme de physique du roman. Pour chaque commentaire, c'est donc la tension plus ou moins grande du fil narratif que je voudrais faire éprouver, en restant attentif à ce qui donne à ce fil son tranchant et son allant. Envisager ainsi la création romanesque, c'est rappeler qu'on n'écrit et qu'on ne lit que poussés par une impulsion dont les ressorts demeurent largement obscurs, et que la poursuite du récit a pour mission d'éclairer. Restituer au roman ses dynamiques plurielles, c'est affirmer un principe critique, plutôt qu'une véritable méthode. Le parcours que j'ai voulu dessiner témoigne aussi, contre une certaine doxa, que l'art du roman reste bien vivant et qu'il faut justement le mettre dans une perspective assez longue. C'est une série de solutions romanesques inédites et originales que j'ai voulu rassembler, depuis le trop méconnu Jim Click de Fleuret jusqu'à des tentatives très récentes, en ouvrant le spectre au roman d'aventure ou au roman policier. Organisé de façon chronologique, de Guilloux et Bataille à Houellebecq, Mauvignier ou Kerangal, en passant par Camus, Simon, Duras, Perec, Manchette, Modiano, Quignard et NDiaye, ce livre dessine un continuum qui réintègre le Nouveau Roman dans le mouvement d'une réinvention permanente, où je vois le gage de la vitalité de l'art romanesque.

11/2019

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Histoire de France

De Tannenberg à Verdun : la guerre totale

Quand la guerre éclate, chacun des belligérants est convaincu que le conflit sera court. Force leur est pourtant d'admettre après la bataille de la Marne qu'il n'en sera rien. La guerre s'enterre. Les tentatives de percée (offensive de la Somme, offensives de l'Isonzo, offensive sur Verdun) se soldent par des échecs. Les gains des Puissances centrales sur le front Est manquent d'être remis en cause par l'offensive Broussilov en juin et juillet 1916. L'attaque des Puissances centrales contre la Serbie en octobre 1915 est certes victorieuse, mais sans que les grands équilibres en soient bouleversés. En quelques mois, la guerre devient totale. Elle l'est par l'entrée de nouveaux belligérants dans le conflit. Dès octobre 1914, l'Empire ottoman se joint aux Puissances centrales ; en mai 1915, l'Italie déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie ; en octobre 1916, la Bulgarie rallie les Puissances centrales ; en août 1916, la Roumanie se joint à l'Entente. La guerre n'est plus seulement européenne. Elle devient mondiale. De nouveaux fronts s'ouvrent en Asie mineure, en Afrique, en Extrême-Orient. Les puissances coloniales trouvent dans leurs empires des réserves pour lever des troupes qui combattent dans les tranchées. Aucun des belligérants ne s'était préparé à une guerre longue. La nouvelle donne les place dans l'obligation de mettre l'économie au service de l'effort de guerre, ce qui ne manquera pas de poser à court terme le rôle de l'Etat. Il faut ensuite mobiliser les peuples, c'est-à-dire soutenir le moral de l'arrière. Pour cela, il faut inventer les rouages et les ressorts de la propagande, mettre en place la pratique de la censure, ce qui risque de poser le problème de la compatibilité de ces mesures avec l'Etat de droit. Autant de questions auxquelles s'efforce de répondre cet ouvrage constitué des dernières mises au point écrites par des historiens internationaux.

03/2017

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Philosophie

La sagesse espiègle

"Je rêve d'un itinéraire qui m'apprenne à danser, à me départir de la dictature du on, pour progresser vers une complète déprise de soi. L'homme qui écrit ces lignes, pourquoi le cacher, a sombré au fin fond d'une addiction qui a bien failli le perdre. Dans son errance, il s'est souvent cassé la figure contre d'inefficaces injonctions, toujours cette orthopédie mentale, cette camisole de force qu'on voudrait refiler à celui qui révèle notre impuissance. A bout, il a dû emprunter des voies peu fréquentées et, pour tout dire, pas très orthodoxes. D'où le carnet de route qui suit, sorte de récit clinique, de tentatives de trouver un équilibre. . . C'est que la grande santé ne saurait être créée in vitro. Elle se vit, elle s'expérimente, elle s'incarne dans des êtres de chair, de larmes, de pulsions et de joies. C'est cette aventure que je m'apprête à retracer, convaincu que le philosophe ne plane pas en dehors de la cité, dans le ciel des idées, mais qu'il s'assigne pour tâche de traverser les tourments d'une vie, de scruter ce qui met en échec sa volonté et le tire vers le bas, d'aider tout un chacun à ne plus craindre le chaos pour l'habiter, allègrement". Ce voyage au fin fond de la dépendance, cette invitation au gai acquiescement de soi emprunte deux versants. Sous la forme d'un traité, sont explorées les voies qui conduisent à la grande santé, au joyeux dire oui. En contrepoint, dans des fragments, une autre voix se donne à entendre. A la troisième personne, lointaine et pourtant si intime, l'auteur narre sa singulière quête de liberté en plein chaos. Chemin faisant, Alexandre Jollien nous livre un carnet de route, un véritable traité de déculpabilisation. Cet essai de philosophie pratique dessine un lumineux art de vivre surgi du fond du fond.

10/2018

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Faits de société

Restituer le patrimoine africain

Premier texte complet et engagé sur un sujet explosif Les guerres ont toujours entraîné des spoliations d'objets et de trésors au détriment des pays vaincus. La France quant à elle a été particulièrement active au cours de ses conquêtes coloniales au xixe siècle. Dès cette époque, de prestigieuses voix s'élèvent en Europe pour condamner ce que la prétendue "civilisation" inflige à la "barbarie". Victor Hugo "espère qu'un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée" renverra ses butins. On compte actuellement dans les collections publiques françaises au moins 88 000 objets provenant de l'Afrique subsaharienne. Malgré de nombreuses réclamations de pays africains depuis les indépendances, l'Etat français n'a pas jugé bon d'évoluer sur cette question, arguant de l'inaliénabilité du patrimoine national. Jusqu'au discours du 28 novembre 2017 du président Emmanuel Macron à Ouagadougou, qui annonça la mise en oeuvre dans un délai de cinq ans de "restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique". Il confia alors à Felwine Sarr et Bénédicte Savoy la mission de consulter les spécialistes en Afrique et en France, et de mener une large réflexion sur ce sujet. Le fruit de cette mission est le présent ouvrage, qui reprend le contenu du rapport remis le 23 novembre 2018 au président de la République. Il raconte les spoliations à travers l'histoire mondiale, évalue la part de la France, dresse un premier inventaire des oeuvres spoliées, fait le récit des tentatives des pays africains pour se réapproprier leur patrimoine, analyse les questions juridiques qui se posent, et énonce un certain nombre de recommandations pratiques pour la mise en oeuvre des restitutions, un des chantiers les plus audacieux de ce XXIe siècle. Un ouvrage passionnant, qui fera date. Car le mouvement de restitution du patrimoine vise non seulement à redonner accès aux Africains à leurs oeuvres, mais aussi à fonder une nouvelle ère dans les relations entre l'Afrique et la France, à écrire une nouvelle page d'histoire partagée et pacifiée.

11/2018