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Critique littéraire

Romans abandonnés. Edition revue et augmentée

Ce volume d'essais romanesques de Stendhal propose aux amoureux de son oeuvre des textes peu connus et qui sont tous des ébauches inachevées et datant des longues années d'ennui de l'exil consulaire. Ces manuscrits nous permettent de le surprendre en plein travail ; ils confirment que sa création se fait en deux temps qui ne s'accordent pas trop bien : d'abord les personnages, la définition des caractères, puis viennent, ou ne viennent pas, les événements du récit, la trame de l'histoire. Alors, ici, que de personnages sans aventures et sans destin dont l'histoire tourne court, mais dont le lecteur pourra admirer le grand nombre, l'originalité et la diversité. Il y a Dominique lui-même qui sous le nom de Roizand eût été l'amant de l'ambassadrice de France à Rome. Il y a une empoisonneuse redoutable surgie de La Gazette des Tribunaux, il y a force bourgeois aussi épais qu'il convient ; le Chevalier de Saint-Ismier, une sorte de Mousquetaire aussi mal vu de Richelieu que le héros de Dumas ; il y a des personnages relevant de la tradition picaresque à laquelle Stendhal est fidèle : ainsi F Ebreo, le marchand vivandier juif qui vit comme il peut de son petit commerce au milieu des armées en guerre, don Pardo le moine mendiant des Etats pontificaux, ou un jeune Robert Macaire original et propre à Stendhal, il se nomme, A-Imagination et il promet d'être capable de tout. Il y a enfin Féder, le vrai héros du recueil, mauvais peintre égaré d'abord dans le réalisme absolu (il ne fait que des portraits de bourgeois dans leur uniforme de la garde nationale), puis, soutenu par la charmante Valentine, il est peut-être voué à découvrir enfin l'art de peindre en même temps que le bonheur d'aimer.

06/2018

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Policiers

L'affaire Spinoza

A la nuit tombée, le 21 février 1677, Jan Ross, lieutenant de police à La Haye se rend au domicile d’un certain Van der Spyck qui, le matin même, a signalé à la prévôté la mort suspecte de son locataire. Une démarche qui n’est pas exceptionnelle pour le policier sauf que dans ce cas précis, la victime n’est autre que le célèbre philosophe Baruch Spinoza. En découvrant le cadavre dont le visage et le corps portent les stigmates d’une terrible agonie, il est convaincu qu’il ne s’agit pas d’une mort naturelle, d’autant plus que Van der Spyck lui signale la disparition de tous les manuscrits du génial penseur. Commence alors une enquête semée d’embûches au cours de laquelle le fonctionnaire de police va remonter le cours du temps et découvrir que la vie du juif Spinoza, excommunié par les siens, poursuivi par la haine des religieux de tout poil, admiré et craint par les principaux dirigeants des Provinces-Unies, ne fut pas celle d’un sage retiré du monde, mais plutôt le parcours d’un homme engagé dans tous les combats politiques et religieux de son temps. Sillonnant les routes et les canaux de Hollande, entre diligences et coches d’eau, de jour comme de nuit, Jan Ross va rencontrer et interroger tous ceux et... celles qui ont connu, aimé ou détesté le « juif athée « et pour certains, lui en vouloir assez pour désirer sa disparition prématurée. A l’issue de son enquête, malgré les chausse-trappes et les guet-apens, Jan Ross découvrira que les circonstances de la mort du philosophe sont à l’image de sa philosophie : simples en apparence, mais en fin de compte énigmatiques.

10/2015

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Beaux arts

Leiris & Co

Art, littérature, ethnographie... Entrecroisant ces trois disciplines, l'ouvrage, publié à l'occasion de l'exposition "Leiris & Co.", présentée au Centre Pompidou-Metz, retrace la vie et l'oeuvre de Michel Leiris (1901-1990). Ecrivain, poète, ethnologue, ami des grands artistes de son temps : Masson, Picasso, Miro, Giacometti, Lam, Bacon, Michel Leiris se situe à la périphérie des grands courants du siècle et annonce de façon visionnaire les enjeux contemporains issus de la mondialisation et des études postcoloniales. Plus qu'un portrait de l'homme aux multiples facettes, il s'agit ici d'une autre lecture de la modernité qui va de Raymond Roussel à Picasso, en passant par l'Afrique (la mission Dakar-Djibouti en 1931), le jazz, la tauromachie, l'opéra. En marge du surréalisme, il rencontre Max Jacob, puis Georges Bataille, avec lequel il partage non seulement l'aventure de la revue Documents, mais aussi l'intérêt pour le sacré, l'érotisme et la mort. Pendant la guerre il se lie avec Jean-Paul Sartre, puis avec Aimé Césaire, qui lui fait découvrir le syncrétisme des Antilles. Son engagement révolutionnaire va le conduire également en Chine et à Cuba. Son oeuvre littéraire (L'Age d'homme, L'Afrique fantôme, La Règle du jeu) est une vaste quête autobiographique, dans laquelle il souhaite "introduire ne fût-ce que l'ombre d'une corne de taureau". Conçu comme un journal, le livre déroule année par année une chronologie de Michel Leiris, dialoguant avec une cinquantaine d'essais de nombreux auteurs. Largement illustré d'oeuvres, de documents, et de manuscrits, il constitue l'ouvrage le plus complet sur le parcours de cet écrivain singulier dont l'oeuvre a une résonance particulière sur l'art de notre temps.

04/2015

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Monographies et entretiens

Marginalia. Dans le secret des collections de bande dessinée

Au Moyen Age les marginalia sont des dessins ajouteés par les lecteurs ou les copistes en marge des manuscrits. Souvent fascinants, ils entretiennent un dialogue avec les textes qu'ils eéclairent. On peut y voir une des origines de la bande dessineée, un art qui a fleuri au XXe siecle, ou s'unissent dessin et eécriture. Publié à l'occasion de l'exposition Marginalia. Dans le secret des collections de bande dessinée qui se tient du 1er avril au 21 septembre 2021 au Nouveau Musée National de Monaco - Villa Sauber, cet ouvrage rassemble plus de 300 dessins ou planches de 50 créateurs majeurs ayant donné à la bande dessinée les lettres de noblesse dont les plus jeunes artistes ont hérité, et qui s'impose aujourd'hui par sa foisonnante vitalité. On y retrouve notamment les oeuvres de George Herriman, Hal Foster, Charles Monroe Schulz, Albert Uderzo, Moebius, Enki Bilal, Claire Bretécher, Marcel Gotlib ou encore Philippe Druillet. Catalogue de l'exposition, ce livre invite à suivre le fil du rêve de chaque artiste vers l'imaginaire collectif. Les dessins reproduits assurent le passage de témoin entre les générations et le partage de visions fantastiques où chacun, quel que soit son âge, saura trouver matière à de formidables voyages. Structuré en six chapitres thématiques et chronologiques, ce catalogue retrace l'apparition de la bande dessinée et son ascension jusqu'à la neuvième place dans la classification des arts. Des textes inédits signés par des historiens, théoriciens, auteurs, artistes ou encore éditeurs accompagnent les nombreux documents d'archives et illustrations. Ce catalogue de 512 pages rassemble les textes originaux de Marie-Claude Beaud, Jean-Luc Fromental, Thierry Groensteen, Damien MacDonald, Didier Pasamonik, Numa Sadoul et Stéphane Vacquier.

04/2021

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Poésie

Ainsi parlait Saint-Pol-Roux. Dits et maximes de vie

Saint Pol-Roux occupe dans la littérature française une place à part : il est l'héritier direct du romantisme ; il est le fondateur, avec quelques amis, du symbolisme ; enfin il a été salué par les surréalistes comme leur grand précurseur. Bien au-delà de ces mouvements, le génie visionnaire qui éclate dans ses "oeuvres futures" en font l'un des théoriciens les plus hardis de son temps. Mais tout autant que son oeuvre, c'est la personnalité rayonnante du "Mage de Camaret" qui a fasciné ses contemporains et qui donne aujourd'hui encore à ses textes une saveur inimitable : "Saint-Pol-Roux, écrit Max Jacob, aura été le dernier de ceux pour lesquels la Poésie c'est aussi une vie d'apôtre, de Saint, la grandeur des vues, la sublimité des préoccupations, la bonté, la haute honnêteté". Et le surréaliste Eluard n'est pas moins élogieux : "Quand nous le lisons, tout tremblants, enchantés et les yeux pleins de larmes devant cette beauté si nouvelle et candide, cette beauté qui sourit irrésistiblement à l'homme et aux quatre éléments, un nom nous vient aux lèvres qui nous fait ses enfants : Saint-Pol-Roux le Divin". Une grande partie des manuscrits de Saint-Pol-Roux a été détruite par l'occupant nazi. Ces pages, dispersées sur la lande et recueillies par des Camaretois, ont été pieusement conservées par Divine, sa fille. Au fur et à mesure des années, ces textes ont été publiés en 23 volumes par Gérard Macé, Alistair Whyte et Jacques Goorma. Le travail d'édition se poursuit aujourd'hui. Ce petit volume de la collection Ainsi parlait est donc un moyen précieux pour découvrir d'une manière synthétique une oeuvre majeure.

03/2022

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Littérature française

Café ou citronnelle

A la fin de sa carrière professionnelle, Alfred Marsac entreprend le voyage de ses rêves : une expédition à dos de chameau à travers le Sahara et au cours de laquelle il va se remémorer son passé. Dans ce livre, l'auteur qui a grandi en Afrique du nord et vécu une grande partie de sa vie au Sahel, ne manque pas d'anecdotes à raconter. Il décrit des moments de son existence depuis son enfance jusqu'à sa période professionnelle et tente d'exprimer comment ceux-ci ont pu contribuer à forger sa personnalité. Tout en évoquant l'histoire des pays dans lesquels il a séjourné - Mali et Tchad notamment -, il parle de ses amours, de ses rencontres, de son vécu et de ses relations aussi bien avec les populations locales qu'auprès des expatriés occidentaux. Il présente sa perception du développement des pays africains ; puis il aborde son approche de l'"art premier" que ses multiples séjours africains lui ont fait découvrir. Son voyage le conduit enfin dans la cité mythique de Tombouctou, où il va se confronter à la réalité des "manuscrits" de la ville ; il va mesurer leur importance et leur appartenance au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ce récit aide à comprendre comment, en projetant cette richesse culturelle au premier plan, les évènements récents du Mali ont pu bouleverser l'actualité. Ce livre est une ode à l'Afrique. Pour sa première oeuvre "Trois Pères", André Cometta avait adopté le nom patronymique de sa mère et racontait comment il s'était consacré à la recherche de son père. En publiant son deuxième ouvrage, "Café ou citronnelle", l'auteur - André Martin Cometta -, est dans le domaine de la fiction autobiographie. Dans ce livre il raconte sa vie dont une grande partie s'est déroulée en Afrique, dans ce vaste continent pour lequel il s'est toujours passionné.

03/2017

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Ouvrages généraux

Jérusalem et les Arméniens

Dans la division en quatre de la vieille ville de Jérusalem, le quartier chrétien et le quartier arménien sont contigus mais indépendants. Cette situation a priori paradoxale correspond bien à l'ancienneté et à l'importance de la présence arménienne. Jérusalem est en effet restée un mythe pour les Arméniens dès le IVe siècle, quand le christianisme a été proclamé religion nationale. Les relations des Arméniens avec la Ville sainte n'ont jamais cessé, pour culminer à l'époque des croisades qui donnèrent l'occasion de fonder en Cilicie, à la fin du XIe siècle, un Etat arménien frontalier de la Syrie franque, converti en royaume un siècle plus tard. Jérusalem abritait alors le siège d'un Patriarcat arménien et l'activité culturelle y était particulièrement intense. En témoignent la quantité et la qualité des inscriptions, des sculptures, des mosaïques, des pièces d'orfèvrerie, ou encore des manuscrits superbement calligraphiés, ornés de miniatures qui comptent parmi les chefs-d'oeuvre de l'art arménien. Sous la domination des Mamelouks, la culture arménienne continua à fleurir à Jérusalem, comme on peut le voir dans les nombreux récits des voyageurs européens qui n'omettaient jamais une section consacrée aux Arméniens. A l'heure actuelle, Jérusalem est le plus important conservatoire de la culture arménienne hors d'Arménie. Présentant les relations arméno-hiérosolymitaines dans leur contexte historique et artistique, ce livre en est un reflet. L'abondance des cartes et des tableaux généalogiques en facilite la lecture. L'iconographie y joue un rôle fondamental, le texte étant essentiellement traité en légende des images, qu'il s'agisse de reproductions de miniatures, de monuments et d'oeuvres d'art, ou encore de pages manuscrites d'historiens et de voyageurs.

09/2022

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Histoire de France

Un évêque aux armées en 1916-1918. Lettres et souvenirs de Mgr de Llobet

Les écrits laissés par les acteurs de la Grande Guerre sont innombrables et chaque année l'édition en tire de nouveaux de l'oubli. Ceux de Mgr de Llobet ne seraient pas exceptionnels si leur auteur n'avait été, avec Mgr Ruch, l'un des deux évêques aux armées, les seuls que leur âge ait permis de mobiliser. Ses nouvelles qu'il donne du front à son diocèse de Gap sont publiées au fur et à mesure dans la Quinzaine religieuse locale ; elles font ainsi de lui, à partir du 15 mars 1916, date de son incorporation, un véritable correspondant de guerre ; elles donnent aussi le contexte de ses manuscrits : lettres de 1917 et souvenirs du front de l'Aisne (mai-septembre 1918). Ces documents permettent d'esquisser la personnalité de l'auteur, son nationalisme de droite, sa spiritualité. Ils évoquent aussi l'action de l'aumônier militaire et celle, plus spécifique, de l'évêque avec l'administration du sacrement de confirmation à de nombreux poilus, sa participation à l'action du Comité catholique de propagande auprès des pays neutres présidé par Mgr Baudrillart... Le 19 novembre 1917, Rome le charge avec Mgr Ruch de la direction spirituelle des ecclésiastiques aux armées. Mais le gouvernement français se méfie ; cet essai de hiérarchisation de l'aumônerie s'avère prématuré. Après la guerre, la position de Mgr de Llobet est significative de la formation de l'esprit ancien combattant dans l'épiscopat. Il est d'autant plus déçu par les traités de paix qu'il a participé, au début de 1920, à la mission du cardinal Dubois affirmant la présence française au Proche Orient et dans les Balkans. Ses fortes amitiés consolidées par la guerre ou nouées au front avec de futurs collègues, P. Rémond, J.-G. Saliège... dépassent les clivages politiques et durent jusqu'à sa mort (1957).

12/2003

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Littérature française

Oeuvres

Les derniers livres d'Yves Bonnefoy (1923-2016) expriment son désir de transmettre le legs de la poésie par-delà la mort. "Lègue-nous de ne pas mourir désespéré", lit-on dans L'heure présente (2011). Quant à L'Echarpe rouge (2016), c'est un "livre de famille" testamentaire en même temps que l'histoire d'une vocation : "Il se trouve que j'étais apte à me vouer à l'emploi disons poétique de la parole. . ". La Pléiade fut pour Bonnefoy l'occasion de porter sur son oeuvre un regard ordonnateur. Il choisit le titre du volume, Ouvres poétiques, sans céder sur son désir de faire figurer au sommaire quelques textes brefs que l'on qualifierait spontanément d'essais. Le plan serait chronologique. Alors que certaines éditions antérieures associaient des livres ou des recueils relevant de temporalités différentes, il a défait ces "recueils de recueils" pour revenir au plus près des dates des éditions originales. Le grand recueil de 1987, par exemple, Récits en rêve, a éclaté, sans que se perde l'expression récits en rêve, qui désigne chez Bonnefoy une inspiration essentielle ; elle apparaît désormais en sous-titre de certains livres. Tous les livres ou recueils poétiques, vers, prose, ou vers et prose, sont présents. Bonnefoy ne se reniait pas ; il a souhaité donner dans les appendices quelques textes rares, bien qu'ils soient désormais loin de lui. Il a voulu aussi que soit présente son oeuvre de traducteur, de Shakespeare à Yeats, de Pétrarque à Leopardi. Enfin il a ouvert à ses éditeurs les portes de son atelier. Ses manuscrits ont pu être consultés. Ils sont utilisés En marge des oeuvres, où l'on trouvera quelques textes et fragments inédits.

04/2023

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Sciences politiques

Etudes anglaises

Rendu célèbre par sa monumentale Histoire du peuple anglais, publiée en cinq volumes entre 1912 et 1932, Elie Halévy (1870-1937) est l'un des meilleurs spécialistes français des XVIIIe, XIXe et XXe siècles britanniques. Philosophe de formation, il étudie l'utilitarisme et la formation du radicalisme philosophique. Historien de profession, il observe le laboratoire politique que constitue la Grande-Bretagne dans l'évolution des doctrines et des pratiques du libéralisme et du socialisme. Hanté par l'expérience de la Première Guerre mondiale, il analyse en spécialiste des relations internationales l'histoire diplomatique de l'Europe au cours du long XIXe siècle, la genèse de l'Entente cordiale, les origines et les conséquences de la Grande Guerre, tout en accordant une attention particulière à l'impérialisme britannique. Ses écrits mobilisent une approche globale, attentive aux jeux d'échelles et de circulations, à l'élaboration des doctrines autant qu'à leur réception et à la formation de "l'esprit public" , aux décisions des grands hommes comme aux forces profondes de la presse et de l'opinion publique. Le présent volume des oeuvres complètes d'Elie Halévy rassemble des textes publiés et célèbres et des écrits méconnus et inédits, à la typologie variée (manuscrits de cours, livres, articles, contributions à des ouvrages collectifs, conférences publiques, émissions radiophoniques, comptes rendus de lecture). Pour la première fois réunis et présentés dans la chronologie de leur rédaction, ces textes dialoguent entre eux et avec La formation du radicalisme philosophique et L'Histoire du peuple anglais, dont ils sont les esquisses, les compléments, les contre-points. Ils donnent à voir l'historien en son atelier et témoignent de la diversité, tout autant que de la constance, des centres d'intérêt, des hypothèses théoriques et des propositions méthodologiques d'Elie Halévy.

05/2021

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Biographies

Souvenirs sur Gustave Flaubert

Tous les lecteurs de la Correspondance de Flaubert connaissent Caroline Commanville, la nièce de l'écrivain, sa "chère Caro" . Fille de la soeur de Flaubert morte quelques jours après l'avoir mise au monde, et délaissée presque aussitôt par son père, elle fut élevée par sa grand-mère et par son oncle. Mariée à 17 ans à un riche négociant de Dieppe, Ernest Commanville, elle resta toujours pour Gustave Flaubert la fille qu'il n'avait jamais eue. La ruine d'Ernest Commanville en 1875 entraîna celle de Flaubert lui-même, qui vendit tous ses biens pour solder les dettes et sauver sa nièce du déshonneur. Après la mort subite de Flaubert en 1880, Caroline devint la dépositaire de tous ses manuscrits. Ce fut elle qui entreprit la première édition de sa Correspondance en 1887. Elle rédigea pour le premier volume de cet ensemble des Souvenirs intimes qui demeurent un témoignage unique sur son oncle. De ce texte souvent cité mais très peu lu, Caroline Commanville, qui était peintre, publia en 1895 à tirage très restreint une édition pour bibliophiles illustrée par ses soins. C'est ce joyau typographique que nous réimprimons en fac-similé à l'occasion du bicentenaire de la naissance de Flaubert. Ces dessins d'une artiste douée ont le grand mérite de nous conserver le souvenir de Croisset, la propriété de Flaubert rasée en 1882 et dont ne subsiste aujourd'hui qu'un simple pavillon. On y voit la bibliothèque de l'écrivain - son célèbre "gueuloir" - et différents aspects de la maison, ainsi que l'Hôtel-Dieu de Rouen où naquit Flaubert. Le témoignage de Caroline Commanville sur Flaubert est une source essentielle pour la connaissance de sa biographie. La présente réimpression s'accompagne de quelques notes discrètes placées en fin de volume, que le lecteur pourra consulter pour préciser certaines allusions.

05/2021

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Littérature française

Les journaux intimes de Charles Baudelaire. Mon coeur mis à nu et Fusées

Charles Baudelaire (1821-1867), détache la poésie de la morale et la voue toute entière à la Beauté et non pas à la Vérité. Littérairement il se situe à la croisée entre le symbolisme et le Parnasse, nourri de romantisme, tourné vers le classicisme. A sa mort, Baudelaire laisse un paquet de manuscrits, griffonnés, remplis de notes, anecdotes, pensées ... Poulet-Malassis se voit confier la difficile tâche de trier ces feuillets ; ainsi naissent Mon coeur mis à nu et Fusées, souvent réunis sous le titre de Journaux Intimes, dont l'appellation et la distinction sont souvent mises en péril par les différents biographes de Baudelaire. Ainsi Mon Coeur mis à nu est un enchevêtrement de réflexions annotées par Baudelaire depuis 1859 et jusqu'à sa mort. Le poète joue de la provocation et témoigne avec franchise de ses passions et de ses aversions. Le style et le ton de l'ensemble - direct, brutal, sans équivoque - surprennent le lecteur qui s'y égare. Mais c'est pourtant la mission première d'un journal que de recueillir les coups de sang, les colères et les tristesses de son auteur. Ainsi, dans les pensées intimes du poète, "la femme est naturelle, c'est-à-dire abominable" , "elle est simpliste, comme les animaux" . A propos de George Sand : "Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde" . Puis : " Plus l'homme cultive les arts, moins il b. . de" . Pour celui qui ne connut Baudelaire que par la beauté de ses vers, le choc est rude, d'autant plus que contrairement à ses recueils de poésie il n'y a là aucune continuité, aucune logique. Sans queue ni tête, Mon Coeur mis à nu laisse au lecteur un amer goût d'inachevé.

03/2022

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Littérature française

Oeuvres

Ce volume contient, dans un ordre chronologique : tous les grands livres d'Artaud : Correspondance avec Jacques Rivière, L'Ombilic des Limbes, le Pèse-Nerfs, Fragments d'un Journal d'Enfer, L'Art et la Mort, Héliogabale ou l'Anarchiste couronné, Le Théâtre et son Double, Les Cenci, Messages révolutionnaires, Les Tarahumaras, Les Nouvelles Révélations de l'Etre, Artaud le Mômo, Ci-Gît précédé de La Culture indienne, Suppôts et Supplications, Van Gogh le suicidé de la société, Pour en finir avec le jugement de dieu. Un très large choix de scénarios et de textes divers, dont de nombreux introuvables ou inédits : " Dix ans que le langage est parti... ", " Le corps humain ", " Aliéner l'acteur ", " Le théâtre et la science ", " Lettre contre la Cabbale ", " Le visage humain ", " L'histoire vraie de Jésus-christ ", " Paris-Varsovie ", "Pourquoi suis-je malade... ", " Il y a dans la magie... ". Plus de 200 lettres dont certaines inédites. Une abondante iconographie : Élie Lascaux, André Masson, Jean de Bosschère, Balthus, Man Ray... et de très nombreuses reproductions des dessins d'Artaud, de ses manuscrits et de ses cahiers. " Moi je réponds que nous sommes tous en état épouvantable d'hypotension, nous n'avons pas un atome à perdre sans risquer d'en revenir immédiatement au squelette, alors que la vie est une incroyable prolifération, l'atome éclos en pond un autre, lequel en fait immédiatement éclater un autre. Le corps humain est un champ de guerre où il serait bon que nous revenions. C'est maintenant le néant, maintenant la mort, maintenant la putréfaction, maintenant la résurrection. Attendre je ne sais pas quelle apocalypse d'au-delà, l'éclatement de quel au-delà pour se décider à reprendre les choses est une crapuleuse plaisanterie. C'est maintenant qu'il faut reprendre vie. " Artaud, 1946.

09/2004

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Gaule

Gaulois ? Gaulois ! Comment l'archéologie perçoit les identités celtiques

Cette nouvelle publication entre en résonance avec L'Appel de la forêt, programmation culturelle 2021- 2022 proposée par le Département de l'Isère. La forêt est intimement liée à l'histoire originelle de Saint-Antoine. La présence des reliques d'Antoine l'Egyptien, saint ermite, renvoie à la tradition d'un culte antique qui aurait pu être antérieur à l'arrivée de ses reliques en Dauphiné. De même, le premier toponyme La Motte-aux Bois supplanté en 1083 par le vocable du nouveau protecteur des lieux, saint Antoine, demeure une référence mémorielle à une ancienne configuration du site. La publication, objet de la présente consultation, s'articulera autour des principaux axes de recherche suivants : l'ermite et la forêt / la tradition narrative / le bestiaire / Arthur, Merlin et Robin des Bois, la forêt héroïque vue par le XIXe siècle et dont le fil conducteur sera : La forêt au Moyen Age, terre féconde des mythes et des légendes. Le livre d'un format généreux fera la part belle à l'iconographie rassemblée : reproductions d'oeuvres présentées dans l'exposition (objets d'art , sculptures, tableaux, arts graphiques, , reproduction d'imprimés et de manuscrits) et sélection d'oeuvres annexes sélectionnées pour la publication. Les images reproduites retenues ne seront que de haute définition. Le musée de Saint-Antoine-l'Abbaye, propriété du Département depuis 1979, est installé au sein de différents bâtiments conventuels protégés au titre des Monuments historiques dont certains ont été acquis en 1997-1998. En 1980, le musée reçoit un fonds important d'oeuvres de l'artiste Jean Vinay (peintures et estampes). La volonté du Département dès 1990 est de lui conférer un véritable statut de musée de site, musée d'art et d'histoire. Des espaces muséographiques redimensionnés, une nouvelle orientation de la programmation plus en adéquation avec l'histoire intrinsèque du lieu permettent une plus grande visibilité des actions.

12/2021

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Fantasy

Le concile de Merlin : Intégrale Volume 1

An 535. Le royaume breton est mort en même temps qu'Arthur à Camlann. Le chaos ravage l'île de Bretagne, poussant Merlin, comme beaucoup de ses compatriotes, à l'exil en Armorique pour fuir les envahisseurs angles et saxes que plus rien n'arrête. Depuis sa retraite au coeur de Brech El Lean, le vieux sage organise une réunion secrète, à laquelle sont conviés sa fille, Gwendaëlle, des druides et des moines influents. Le mage s'inquiète autant des guerres que du déclin des enseignements druidiques face au pouvoir grandissant de l'Eglise. Plutôt que la lutte, Merlin cherche à créer un pont entre chrétiens et druides afin de trouver une issue aux crises que tous traversent et dévoile pour cela un trésor inestimable : d'énigmatiques manuscrits sur la vie du Christ. Merlin souhaite leur partage, et pense sceller une union favorable. Mais le lendemain, Merlin disparaît dans d'étranges circonstances, abandonnant Gwendaëlle aux mains de multiples ennemis : de mystérieux mages et des sbires de l'Eglise, qui semblent prêts à tout pour l'éliminer. Gwendaëlle plonge malgré elle dans une intrigue qui très vite dépasse les enjeux imaginés. Car ni le Pape, ni les Mages, ni les rois ne veulent la paix. Né en 1976 en banlieue parisienne, Lionel Cruzille travaille plusieurs années dans les services d'urgences des hôpitaux de Paris puis change de vie. En 2005, sa rencontre avec la méditation et le Qi gong marquera un tournant important et il ne cessera dès lors de les pratiquer. Il retourne ensuite à l'écriture. Ses essais abordent une spiritualité au-delà de la religion, à l'instar des enseignements qu'il a reçus. Et dans ce prolongement, ses romans explorent le sens du réel, questionnent le monde actuel et ses enjeux, ou encore reflètent la quête intérieure de chacun.

02/2024

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Moyen Age - Critique littérair

Voyages philologiques entre antiquite et moyen age. receptions latine s de la medecine grecque. Echoes of Life Experiences in the Alps and the Plain (17TH -19TH Centuries)

Chacun à sa manière, les articles réunis dans ce volume sont des " vagabondages " dans l'espace et dans le temps à la recherche d'une pensée médicale grecque que les Latins ont honorée en lui donnant une nouvelle vie occidentale ; par la méthode appliquée, ce sont plus précisément des " voyages philologiques ", la philologie étant le commun dénominateur de l'ensemble. Terme ésotérique et redouté par les étudiants, la philologie n'a pas toujours eu les faveurs de l'imaginaire collectif, évoquant parfois une érudition dépassée et inutilement élitiste. Qualifiée de discipline auxiliaire de l'histoire, la philologie n'est pas une science exacte qui fournirait toujours des réponses assurées, elle est plutôt une simple technique dont les résultats varient au cas par cas : pour l'Antiquité et le Moyen Age c'est l'étude de la parole écrite, sur papyrus ou parchemin ou papier. Le philologue se pose devant le document écrit avec beaucoup de respect et d'honnêteté intellectuelle : avant d'en comprendre et vérifier les contenus par une lecture le plus possible exacte, il doit situer la genèse du texte étudié dans son lieu et dans son époque ; l'étape suivante consiste à éclairer les causes qui l'ont produit et parfois à s'interroger sur les raisons de son succès. Les voyages philologiques qui, partant de la Grèce antique d'Hippocrate (Ve s. av. J.-C.) et de Galien (iie de notre ère), nous conduisent dans l'Italie médiévale de l'école de Salerne (XIIe s.) et dans l'Europe des Universités, montrent bien à quel point les cheminements de la science médicale ont été diversifiés et multiformes : suivre ces parcours permet de reconstruire au fil des siècles la formation d'un savoir qui, remarquable par sa qualité et ses proportions, dans plusieurs cas, demande encore à être découvert dans la tradition des manuscrits.

11/2023

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Généralités

La magie du codex. Corps, folio, page, pli, coeur

Loin d'être une nouvelle histoire du livre, cet essai s'intéresse à la matérialité de sa forme moderne pliée, le codex, et à la manière dont elle nous invite à le manipuler. Il porte donc avant tout sur le livre comme un corps physique avec lequel le lecteur est invité à interagir par toute une série de gestes : l'ouvrir et le fermer, le feuilleter, le corner, y placer ses doigts comme marque-page, y laisser des souvenirs et des empreintes, s'y enfermer. L'articulation centrale qu'y est le pli permet de créer du mouvement (livre à système, pop-up, flip book), mais aussi de s'embrasser entre deux pages. Le livre, enfin, peut se faire oiseau. Il n'y a donc là aucune thèse, mais une approche presque phénoménologique du codex. Le plan suivi mène de l'ouverture du livre vers son centre, de la couverture jusqu'en son coeur, le pli. Au fil des exemples illustrés par l'image et la citation, une libre promenade se déroule dans des livres et des oeuvres de toutes sortes : manuscrits ou imprimés, précieux ou simples, pour adultes comme pour enfants, du Moyen Age à nos jours, afin de donner à voir et sentir comment le corps même du lecteur se trouve convoqué au dialogue par cet objet à la construction complexe. Objet qui, à force d'être devenu familier, parfois obsolète au profit de versions dématérialisées, a vu sa magie oubliée. Le parcours des textes choisis est éclectique : de Jean Froissart et Christine de Pizan à Charles Nodier et Georges Perec, de Walter Benjamin et Victor Hugo à Lewis Carroll, de Martin Le Franc à Harold Foster, André Franquin ou Thisou Dartois...

11/2023

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Marx

La nature du capital. Politique et ontologie chez le jeune Marx

Comment le capitalisme compose-t-il un monde à son image ? La crise socio-écologique du capitalisme produit de profonds effets sur la pensée contemporaine, qui semble prise d'un véritable vertige ontologique. Face aux catastrophes en cours, on voit se multiplier les travaux qui s'inquiètent de la réalité de la nature et de la manière dont s'y inscrivent les sociétés, tout se passant comme si la philosophie et les sciences sociales cherchaient à recomposer en pensée un monde que l'accumulation du capital tend à décomposer. Cet ouvrage constitue une intervention marxiste dans ces controverses ontologiques. Il propose une interprétation nouvelle des Manuscrits de 1844, le texte dans lequel, pour la première fois, Marx analyse la nature du capital : son essence ou sa définition et le type de rapport qu'on y entretient à la terre et à ses habitants. Frédéric Monferrand montre que le jeune Marx articule trois perspectives complémentaires sur le capitalisme : une phénoménologie de l'expérience prolétarienne qui vise à le critiquer du point de vue de ses effets sur les conditions de travail et de vie des classes dominées ; une théorie de la propriété privée comme appareil de capture et de mise au travail des forces qui animent les corps et les milieux ; enfin, une ontologie sociale naturaliste pour laquelle les sociétés se distinguent les unes des autres par la manière dont elles donnent forment à la nature, humaine et non humaine. L'appropriation matérielle de la nature, parce qu'elle est constitutive de toute vie sociale, représente à la fois le lieu stratégique d'une transformation radicale du monde où nous vivons et l'enjeu historique d'une libération du monde dont nous vivons.

02/2024

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Moyen Age - Critique littérair

Une réception du Moyen Age au XVIIe siècle. Lectures et usages des textes médiévaux par les Gallaup de Chasteuil (1575-1719)

Des "siècles grossiers" , un "art confus" : le dénigrement du Moyen Age par le Grand Siècle et Boileau est depuis vingt ans nuancé par la critique. Cet ouvrage franchit une nouvelle étape et démontre l'existence au XVIIe siècle d'une lecture positive et d'un usage valorisé des livres médiévaux. Les Gallaup de Chasteuil, parlementaires aixois, - en particulier Hubert et Pierre - lurent, annotèrent, reconfigurèrent les "vieux" manuscrits et imprimés de la riche bibliothèque familiale constituée dès la fin du XVIe siècle par leur grand-père, Louis, poète ami de Malherbe, puis par Jean, leur père, qui prônait en 1624 une renaissance de la poésie des troubadours provençaux. Injustement disgraciés par Louis XIV en 1659, en fuite puis en exil 14 années durant, les deux frères usèrent de la littérature du Moyen Age comme d'un outil de consolation, mais aussi de contestation contre la Justice royale, lui opposant le modèle fantasmé des Parlements d'amour de la Provence du XIIIe siècle. A la justice de droit divin, le Moyen Age offrait un contre-modèle érotico-politique où la poésie fondait le droit et la justice. Collectionnant et lisant sans relâche textes d'oc et d'oïl, ils ont défendu et fait la promotion de cette littérature qu'ils voulurent éditer et diffusèrent dans les années 1670 à 1710. En louant les "grâces" de Beuves de Hantone ou les "beautés" du tombeau de Béatrix de Provence, ils s'opposaient aux Anciens, de concert avec le mouvement galant qui intégra le Moyen Age à sa pensée de la modernité et produisit les premières oeuvres médiévalistes. Cette reviviscence de la littérature du "vieux temps" comportait donc des enjeux personnels, collectifs, esthétiques, socio-politiques, et s'offrait comme une alternative idéologique à l'idéal classique imposé par Louis XIV.

06/2022

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Aristote

Éthique à Nicomaque

L'"Ethique à Nicomaque", composé de dix livres, est l'un des principaux ouvrages exposant la philosophie morale d'Aristote, laquelle demeure en substance la plus significative expression de la morale grecque. Nicomaque, fils d'Aristote, lui donne son nom en tant que premier éditeur des manuscrits. Critiquant la conception platonicienne des Idées, qui préconise le "bien en soi" , Aristote traite ici de ce qui doit selon lui guider l'homme dans toutes ses actions, à savoir le bonheur, sens ultime de la vie humaine. Le bonheur, dit-il, est l'exercice de cette activité propre à l'homme qu'est l'usage du "logos" (la raison, l'intelligence), mais sans toutefois exclure la jouissance des plaisirs sensibles. Sur cette base, il développe une théorie des vertus humaines qu'il divise en vertus dianoétiques, relevant de la partie intellectuelle de l'âme, et vertus éthiques, relevant plus du caractère et des sentiments. La vertu aristotélicienne, caractérisée par un juste milieu entre les passions et facultés opposées de l'âme, concilie ainsi tout à la fois des exigences spiritualistes et eudémonistes. Le livre III est consacré à définir ce qu'il y a de volontaire et d'involontaire dans l'action de l'homme, rejetant la thèse selon laquelle "personne n'est volontairement mauvais" et concluant que la vertu comme le vice résident en notre seul pouvoir. Le livre VII traite de l'intempérance et du plaisir, les livres VIII et IX de l'amitié et de l'amour, désignés sous le même nom. Le livre X reprend enfin le problème du rapport entre le plaisir et la vertu, et conclut que le plaisir procède d'une perfection de l'acte, survenant "comme la beauté pour qui est dans la fleur de l'âge" . L'"Ethique à Nicomaque" est une continuelle oscillation entre l'eudémonisme humaniste et l'intellectualisme éthique.

06/2023

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Moyen Age - Critique littérair

Sire Gauvain et le Chevalier vert

Neveu du roi Arthur, réputé dans ce récit autant pour sa valeur morale que pour sa prouesse, Gauvain relève le défi qu'un mystérieux chevalier vert porte un jour à la cour : il accepte de lui trancher la tête, tout en promettant solennellement, si celui-ci survit, de se mettre à sa recherche pour recevoir un coup en retour. Tête décollée à la main, l'homme quitte la cour et rappelle le jeune chevalier à sa parole. Dix mois plus tard, Gauvain part à son tour... Roman de chevalerie complexe, d'une grande beauté formelle, Sire Gauvain et le Chevalier Vert est l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature médiévale anglaise. Rédigée par un poète anonyme à la fin du XIVe siècle, admirée par J. R. R. Tolkien, qui en donna une édition, l'oeuvre a profondément marqué la conscience et le paysage littéraire outre-Manche. Cette édition a pour objectif d'offrir un accès aisé et direct à la composition originale. Cette édition offre une traduction intégrale de l'oeuvre en version bilingue. Elle est due à Olivier Simonin, maître de conférences en linguistique anglaise à l'université de Perpignan, qui a établi le texte à partir de son unique version manuscrite et l'a traduit en privilégiant la fluidité tout autant que l'exactitude sémantique. Elle est enrichie d'annotations qui garantissent un accès aisé et sûr à ce grand roman de chevalerie en vers : la plupart signalent des références importantes et des éléments culturels et littéraires indispensables à la compréhension du texte, tandis que d'autres élucident des questions de prononciation et de sens, leur apportant un éclairage nouveau. L'ensemble est précédé d'une introduction qui replace l'oeuvre et le poète dans leur contexte, tout en proposant des repères critiques essentiels ainsi qu'une lecture personnelle et de multiples pistes de réflexion.

06/2024

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Religion

Les Lazaristes aux Mascareignes aux XVIIIe et XIXe siècles. Ile Bourbon (La Réunion) et Ile de France (Maurice)

Mgr Maupoint, évêque de Saint-Denis à la Réunion, disait en 1861 : "Si nous passions sous silence l'oeuvre des missionnaires de Saint-Lazare dans notre diocèse, les pierres elles-mêmes la proclameraient". Les habitants des îles Bourbon et de France, lassés de n'avoir pour pasteur que des prêtres de passage se rendant aux Indes, font appel à Rome pour avoir un clergé fixe. Rome confie cette mission à la Congrégation de la Mission, dite des Lazaristes. Pendant près d'un siècle, ces derniers seront les évangélisateurs de ces deux îles. Au travers de cet ouvrage, nous souhaitons redonner vie à ces hommes qui se sont consacrés à cette oeuvre et permettre aux habitants de La Réunion et de Maurice de connaître l'histoire de la première évangélisation de leurs îles. Pour avoir rencontré les Lazaristes en France, en Afrique et en Amérique latine, nous avons pu constater que c'est toujours le même zèle missionnaire qui les anime. Saint Vincent-de-Paul, fondateur de la Congrégation de la Mission, peut se reconnaître en chacun d'eux. Si l'Eglise se vit aujourd'hui, dans ces îles ou ailleurs, c'est parce que des missionnaires, bien avant eux, ont posé les premières pierres. La Congrégation de la Mission a été fondée en 1625 par Saint Vincent de Paul. Ses membres s'appellent les lazaristes ou prêtres de Saint-Lazare. Pendant plus d'un siècle, plus d'une centaine de Lazaristes, prêtres et frères, ont évangélisé l'île Bourbon et l'île de France. C'est leur histoire, leur mission, que nous découvrons à travers les manuscrits, documents, lettres, notes, traités et mémoires entreposés aux Archives de la Congrégation de la Mission à Paris.

01/2017

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Critique littéraire

Les Dionysiaques. Tome 1, Chants I et II, Edition bilingue français-grec ancien

Dans la vaste pope nonnienne, qui compte 48 chants, les chants I et II occupent une place particulière : outre leur rôle d'introduction, ils ont une valeur programmatique tant pour la forme du poème que pour son contenu. Le poète y place son oeuvre sous la figure emblématique de Prote, prodigieux, multiforme et clairvoyant, comme le serait le poème, tandis que Zeus présente l'épisode mythologique dont il va être question : le père des dieux envoie son fils pour réconforter l'humanité souffrante. Ce Dionysos bienfaiteur et sauveur des hommes, est en bien des points proche d'un autre sauveur et rappelle que Nonnos fut aussi l'auteur de la Paraphrase de la Vie de Saint Jean. Les chants I et II, consacrés, après le prologue, à l'archéologie du dieu, contiennent l'histoire de Cadmos et notamment la grandiose, et parfois burlesque, typhonie. Notre édition des Dionysiaques propose dans le tome I une riche introduction générale, fruit des recherches érudites de Francis Vian. Elle fait le point des connaissances relatives à Nonnos et discute les différentes hypothèses, tant sur les questions de datation que sur le contexte de rédaction, l'Alexandrie cultive du Ve sicle. Une explication théologique aide à mieux comprendre le cycle des réincarnations des trois Dionysos, Zagreus, Bacchos et Iacchos. Le sommaire général est accompagné dune étude de la composition d'ensemble du poème ainsi que de la métrique. L'histoire de la tradition manuscrite ainsi que la postérité du texte sont relatées en détail. Chaque chant est précédé d'une notice qui lui est propre et assorti d'un sommaire permettant de circuler aisément dans le texte. Des notes, développées en fin d'ouvrage par des notes complémentaires, accompagnent la lecture. L'ouvrage est en outre enrichi d'un Index ainsi que d'une Planisphère céleste.

01/1976

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Revues de droit

Revue des contrats N° 2, juin 2024 . Edition

DROIT COMMUN DES CONTRATS Théorie générale ? Interdépendance et location financière : maintien de la jurisprudence antérieure à la réforme du droit des contrats - par Mathias Latina (P. 17) Responsabilité ? Probatio diabolica : c'est au défendeur d'établir la connaissance par le demandeur des faits lui permettant d'agir en responsabilité - par Jean-Sébastien Borghetti (P. 24) ? La chute dans le parking : retour sur les vices de l'obligation de sécurité - par Marie Dugué (P. 28) CONTRATS SPECIAUX Contrats et nouvelles technologies ? Bien qu'elle ne soit pas une signature électronique, une signature manuscrite scannée peut être admise en preuve, en l'absence de contestation de sa véracité - par Jérôme Huet (P. 49) Contrats translatifs ? Haro sur le vendeur professionnel ! - par Louis Thibierge (P. 51) ? Des limites de la présomption de solidarité en matière de cession de contrôle - par Jean-François Hamelin (P. 54) Contrats de distribution ? La franchise à l'épreuve du déséquilibre significatif - par Frédéric Buy (P. 61) Contrats aléatoires ? Variations sur la faute inassurable - par Fabrice Leduc (P. 69) CONTRAT ET AUTRES DROITS Droit de la consommation ? L'abus dans les clauses de prix ou le contrôle de la lésion - par Garance Cattalano (P. 89) ? Défaut d'information du consommateur sur un élément essentiel du contrat : le vice d'erreur est présumé - par Jérôme Julien (P. 94) Droit de la concurrence ? Nouvelle intervention de l'Autorité dans les relations contractuelles entre Google et éditeurs de presse sur la rémunération des droits voisins - par Laurence Idot (P. 103) Droit des biens ? Le legs d'une chose indivise n'est pas un legs de la chose d'autrui - par Frédéric Danos (P. 106) DOSSIER Le droit de la prescription après quinze années d'application de la loi du 17 juin 2008 (P. 126)

07/2024

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Critique littéraire

Isabelle Morel-de Gélieu. Journal 1819-1834

"Ce mois me paraissant devoir être de grande importance, j'en veux écrire les journées. Ce sera toujours un échantillon de ma vie actuelle". C'est ainsi qu'Isabelle Morel-de Gélieu (1779-1834) commence son Journal en septembre 1830. Auparavant, elle avait relaté quelques journées de 1819 et rédigé, à partir de 1820, des chroniques annuelles, qu'elle appelle "mon grand journal" . Dans le Journal, elle s'épanche librement : menus faits et gestes, événements importants, travaux saisonniers ou occasionnels, relations avec ses proches, nous révèlent ses émotions, ses états d'âme, ses inquiétudes et les petits bonheurs, plus rares, que la vie lui procure. Au fil des 488 pages de son manuscrit, c'est toute l'atmosphère d'un foyer qui se dévoile, souvent perturbé par des tensions entre les membres de la famille, des soucis d'argent et de santé, des frustrations de toute sorte. Femme de lettres consacrée par les histoires littéraires de Philippe Godet et de Virgile Rossel, Isabelle Morel-de Gélieu s'est illustrée par son roman Louise et Albert, par ses traductions de Schiller, Pestalozzi, Appenzeller, Kotzebue ainsi que par des articles publiés dans divers journaux et revues suisses et étrangers. Elle représente, à ce titre, l'une des grandes figures féminines de la littérature romande au xixe siècle. Dès l'enfance, elle bénéficie d'un environnement favorable à l'épanouissement de l'esprit : élevée à la cure de Colombier, elle y côtoie notables, autorités et autres pensionnaires que reçoivent ses parents, le pasteur Jonas de Gélieu et Marguerite Isabelle, fille de Théophile Rémy Frêne. De plus, Isabelle grandit dans l'entourage bienveillant de Madame de Charrière, sa protectrice. En 1801, elle épouse le pasteur de Corgémont, Charles-Ferdinand Morel, homme énergique qui exploite un domaine agricole et s'intéresse aux questions politiques, économiques et sociales de son temps. Quel contraste entre cette notoriété et le Journal d'Isabelle Morel-de Gélieu ! Ce précieux témoignage sur la sociabilité des élites de l'époque constitue un document unique décrivant le quotidien et le sort d'une femme de lettres résignée et reléguée dans un milieu rural, sacrifiant ses talents littéraires à ses obligations d'épouse et de mère.

10/2020

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Théâtre

La Bonne Ame du Se-Tchouan

" J'ai toujours entendu dire : quand on aime, on marche sur un petit nuage, mais ce qui est bon, c'est qu'on marche sur la terre, sur l'asphalte. Vous savez, le matin, les pâtés de maison ressemblent à de gros tas d'ordures dans lesquels on aurait allumé des lumières, quand le ciel est déjà rose et encore transparent parce qu'il n'y a pas de poussière. Vous voulez que je vous dise, vous perdez beaucoup si vous n'êtes pas amoureux et que vous ne voyez pas votre ville à l'heure où elle se lève de son lit, comme un vieil artisan qui, le ventre vide, emplit ses poumons d'air frais et saisit ses outils, ainsi que chantent les poètes. " Le 18 mai 1941, Lion Feuchtwanger écrit à Brecht depuis son exil californien : " J'ai reçu le manuscrit de La Bonne Ame du Se-Tchouan. C'est un petit miracle qu'au milieu de cette confusion barbare vous ayez pu réaliser quelque chose d'aussi beau, clair, tranquille et classique. " Dans le Se-Tchouan, une province fort reculée de la Chine, trois dieux voyagent. Ils recherchent des justes. Ils en trouvent une seule : Shen Té, la prostituée. Pour la récompenser, ils lui donnent un peu d'argent ; elle quitte son métier, ouvre une boutique de tabac. Les ennuis commencent : passer de l'autre côté de la misère, c'est aussi devoir l'affronter. Misère physique, sociale. Mais aussi misère morale. Dans la clairvoyance avec laquelle sont dépeints les habitants du Se-Tchouan, parle toute la tristesse et la révolte de l'exilé Brecht devant l'incapacité des peuples à faire échec aux structures de domination. Brecht écrit cette pièce pendant que la guerre achève de détruire son pays. On retrouve, transporté en Chine, le monde de L'Opéra de quat'sous, mais s'y ajoute une tonalité morale, qui n'est pas sans rappeler parfois La Flûte enchantée. La fresque épique des aventures de Shen Té est ponctuée d'appels désespérés à la bonté et d'explosions de colère, devant la médiocrité et la passivité des humains. À l'heure où les libertés civiles sont de plus en plus menacées, la pièce n'a rien perdu de sa force.

01/2010

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Histoire de France

Les débuts du nazisme avec Emil Maurice, l’ami juif de Hitler

Emil Maurice, compagnon de la première heure d'Adolf Hitler, inscrit dès la fin de 1919 à la DAP (embryon du futur parti nazi), bien qu'ayant un arrière-grand-père juif, est un patriote convaincu. En 1921, il est le chef du premier service d'ordre rapproché, à l'origine de ce qui va devenir la SA. Au début de 1923, il est l'adjoint de Berchtold à la tête du Stosstrupp (embryon de la SS) et participe activement au putsch de Munich, le 9 novembre 1923. Arrêté, il est très proche d'Adolf Hitler à la prison de Landsberg, il en est en quelque sorte le majordome et en devient son ami, il sera un des rares à pouvoir le tutoyer. Il contribue d'ailleurs à la frappe du manuscrit de Mein Kampf et le sortira clandestinement de la pri- son. Cet ami du tribun devient son chauffeur, mais aussi le cofondateur de la SS, dont il sera le n°2 ! – jusqu'à la brouille avec Hitler fin 1927, à cause de sa nièce, Geli Raubal. La réconciliation aura lieu en 1933 et Emil Maurice deviendra SS-Oberführer, obtiendra une dispense de Hitler pour son mariage – il sera le seul officier SS d'origine juive à pouvoir avoir cette autorisation. Mais à travers son parcours, c'est aussi une histoire des débuts du nazisme, de 1919 à 1927 principalement, comme vous ne l'avez jamais lue, avec des informations inédites et très peu connues, une immense page d'Histoire, qu'on peut lire d'une seule traite, grâce aux nombreux témoignages et une fabuleuse iconographie – près de 600 photos et documents, avec des sujets comme la naissance de l'antisémitisme en Allemagne, la Révolution en Bavière et les Freikorps, la Société Thulé (dont nous avons retrouvé l'emblème en couleur), des partis et mouvements inconnus en France mais qui ont joué un rôle important, le putsch du 9 novembre 1923, un historique détaillé du Stosstrupp, Geli Raubal s'est-elle suicidée ? On découvre un Hitler qui n'avait rien inventé et s'attribuera les découvertes des autres. Des documents inédits et étonnants sur une grande page d'Histoire.

11/2020

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Littérature étrangère

Florilège

Avec ses contemporains Wang Wei et Du Fu, Li Bai (701-762) est un des plus puissants génies poétiques de l'empire des Tang. Né en Asie centrale, ce marginal, un peu bretteur, quatre fois marié, refusa de se présenter aux concours qui lui eussent ouvert le mandarinat. Mais, ni son penchant pour la pensée, voire la religion taoïstes, ni sa connivence avec le bouddhisme, ne l'empêchèrent de solliciter les grands : ainsi, du printemps 743 à l'automne 744, partagea-t-il les faveurs impériales à la cour de Xuan-zong. Impliqué, malgré son détachement de " clochard céleste ", dans les bouleversements de la révolte d'An Lu-shan, il connut la prison, l'exil, les ermites, les puissants, les errances, les montagnes et les rivières, le vin surtout. Subsistent plus de mille poèmes des formes variées choisis et classés ici par thèmes dominants : l'amitié, la femme, l'ivresse, etc., annotés pour que rien n'échappe au lecteur de notre langue qu'aura séduit, fasciné, et, disons-le, foudroyé la qualité des poèmes français, rythmés et rimés pour répondre aux structures métriques des originaux. Pour moi, qui jadis tentai de traduire deux des poèmes ici offerts par Paul Jacob en formes adéquates, je sais ce qui me reste à faire : les brûler. Lorsque Jacques Réda découvrit en manuscrit le précédent recueil de Paul Jacob, Vacances du pouvoir, il sut les célébrer dans La Nouvelle Revue Française comme en effet ils méritaient de l'être. Grâces lui en soient ici rendues. Je gagerai sans risque que ce Florilège traduit par un savant au tempérament de poète va enfin permettre aux amateurs de se délecter au ton, aux thèmes, aux mètres de Li Bai. Pour celui qui pensait qu'avec le vin, la poésie, elle seule, pouvait nous faire admettre ce que le ciel et la terre font de notre misérable espèce, qu'est-ce que cent ans, qu'est-ce que mille ans, qu'est-ce que douze cents ans et plus de retard ? Mourir en voulant cueillir un reflet de lune dans l'eau, quelle jolie fable du monde poétique et de la vie de Li Bai ! Etiemble

09/1985

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Critique littéraire

L'Afrique. Tome 1 (Livres I-IV), Edition bilingue français-latin

Faisant suite à la publication des huit premiers volumes de la Correspondance de Pétrarque, l'Africa est l'épopée (inachevée comme l'Enéide), en hexamètres latins et en neuf chants, qui valut au jeune Pétrarque de recevoir le laurier poétique sur le Capitole en 1341. De ce grand poème d'amour et de gloire, comme seront plus tard le Roland Furieux et la Jérusalem délivrée, la trame est historique, l'action prise au moment de l'affrontement décisif sur sol africain entre Rome et Carthage, représentées par deux géants, Scipion et Hannibal. Le héros principal, un jeune puritain, modèle de vaillance, de clémence, de chasteté, sorte de Perceval ou Galaad romain, passionné de vertu, incarne l'idéal humain qui nourrira longtemps le rêve humaniste. Et pourtant ce poème destiné à exalter la figure du chef charismatique s'ouvre sur une radicale dénonciation de la gloire terrestre : au terme d'une journée victorieuse, le jeune chef s'endort, l'ombre de son père lui apparaît et l'entraîne sur les hauteurs de la Voie lactée d'où il contemple la petitesse dérisoire du théâtre des actions humaines et la vanité de ce que nous appelons la vie et qui n'est que la mort de l'âme dans la prison du corps. La fresque historique s'ouvre sur ce porche philosophique grandiose. Autre enrichissement : dans la source livienne, Pétrarque a relevé un épisode merveilleusement accordé à son génie : c'est le récit des amours malheureuses du roi numide, Massinissa, allié de Rome, et de Sophonisbe, la fille d'Hasdrubal. Ce récit, équivalent de l'épisode de Didon et Enée dans l'Enéide, illumine tout le livre V, centre poétique du poème. Pétrarque y déploie et tout son art et sa profonde connaissance des délices et des tourments de l'âme amoureuse. Ainsi commence le poème, nourri de ces tensions, soutenu par une vers d'une rare musicalité, dont la traduction versifiée de Pierre Laurens a tenté de donner une idée. Le texte donné ici s'appuie pour la première fois sur le manuscrit témoin du dernier état de l'oeuvre et enrichi dans les marges des ultimes corrections du poète ainsi que des suggestions de son disciple Coluccio Salutati.

05/2006

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Philosophie

Oeuvres complètes. Tome 12, Le livre sur Adler

C’est en juin 1846, peu après la publication du Post-scriptum définitif, que Kierkegaard entreprit la rédaction du Livre sur Adler. Mais le manuscrit, promptement achevé, fit aussitôt l’objet de nombreux remaniements successifs ; il resta finalement inédit et les éditions posthumes, en danois comme en traductions, posèrent de nombreux problèmes. A.P. Adler (1812-1869), pasteur dans l’île de Bornholm, avait été destitué de ses fonctions en 1845 et venait de publier quatre livres dont un concernant ce qu’on appelait « l’affaire Adler ». Kierkegaard, qui connaissait depuis longtemps Adler, n’avait eu avec lui que des relations superficielles. Il l’avait toutefois considéré, dans sa jeunesse, comme le prototype de l’hégélien danois. En 1842, Adler, à la suite d’une « révélation », avait brûlé ses écrits hégéliens et, s’en tenant désormais à la Bible, prétendait écrire sous la dictée du Christ. Interrogé par les autorités religieuses sur l’authenticité de cette « révélation », il avait quelque peu atténué ses affirmations. Mais ces concessions n’avaient pas empêché sa destitution, et elles achevèrent même de le confondre aux yeux de Kierkegaard. Pour Kierkegaard, le cas Adler apparaissait comme particulièrement caractéristique de la confusion intellectuelle et religieuse de l’époque. À travers la personne d’Adler, sa psychologie, ses premières convictions hégéliennes, son mode de vie à Bornholm, sa « révélation », ses écrits, son comportement enfin face aux autorités, Kierkegaard était à même de faire le point sur un certain nombre de problèmes fondamentaux, dans lesquels il était lui-même impliqué : le rapport entre « l’individu » et « la masse, le public », le véritable et le faux « Extraordinaire », le génie et l’apôtre, le christianisme et la chrétienté, l’autorité et la révélation... D’autre part, d’un point de vue simplement méthodologique, on peut suivre J. Hohlenberg lorsqu’il affirme que « si l’on veut se faire une idée de ce qu’est la dialectique appliquée à une question précise, il faut étudier Le Livre sur Adler ». Ainsi, si peu de gens ont lu Adler (mais qui a lu Dühring ?), en lisant Kierkegaard, lecteur de Adler, on lira du meilleur Kierkegaard.

01/1983