La géographie zoologique

Un enfant écrit au zoo pour avoir un animal. Le zoo lui envoie alors, successivement, un éléphant, une girafe, un lion, un dromadaire... Mais, trop lourd, trop grand, trop féroce, trop grognon..., les animaux sont systématiquement renvoyés au parc zoologique, jusqu'à ce que l'animal idéal arrive enfin.

permet aux tout-petits de découvrir, en soulevant des rabats, sept animaux et leur caractéristique principale : le serpent est effrayant, le singe farceur, la grenouille agitée... Avec une structure répétitive – le texte est le même, ou presque, sur toutes les double-pages, seul l'animal et son qualificatif changent – et envoutante, et des illustrations simples, cet album fera la joie des plus jeunes. 

Grâce aux  éditions Zethel – label jeunesse des éditions Leduc.s, nouvellement créé – le public français va découvrir Cher zoo, un classique de la littérature enfantine anglaise. Publié en Angleterre en 1982, cet album de Rod Campbell s'est vendu à plus de 5 millions d'exemplaires dans le monde. Il était temps que les petits Français puissent enfin le lire !

Le romain Alberto Pincherle, dit Alberto Moravia, intègre la collection des livres les mieux imaginés de l’édition française, Bouquins. 4 des romans les plus importants du peintre de l'ennui comme perte de rapport avec la réalité, et la sexualité dans son ambivalence, sa primauté, et en tant que “moyen de communication cosmique”.

Quatre ouvrages de l’écrivain né en 1907 dans une famille bourgeoise, publiés entre 1947 et 1957, choisis par son traducteur et biographe français, René de Ceccatty. On remarquera l’absence du Mépris, rendu célèbre en France par son adaptation exceptionnelle de Jean-Luc Godard, avec Brigitte Bardot, et la présence d’un autre roman adapté avec génie au cinéma, Le Conformiste, par Bernardo Bertolucci, avec Jean-Louis Trintignant. 

On trouve aussi, tous adaptés pour le grand écran, le récit intimiste d’analyse psychologique, et métaphysique, La Désobéissance, le portrait sexuel, La Romaine, et la fresque historique adaptée par Vittorio de Sica, La Ciociara, avec Sophia Loren et Jean-Paul Belmondo.

L’ambition première de l'écrivain-voyageur est d’être juste : la question du roman, affirmait-il au micro de la radio publique française, n’est pas de critiquer une société, mais d’être en rapport avec une réalité quelconque. Le réel avant, qui pourra passer par le social, et non l’inverse. Pour son ami, Pier Paolo Pasolini, c’est plutôt la dérision de la réalité qu’il met en scène.

Alberto Moravia ajoutait que toute critique sociale qui ne prend pas en compte le sexe est incomplète, et plus, que rien ne se conçoit hors de la primauté universelle du désir. Bataille affirmait que la première séparation de l’Homme avec le monde provenait du désir. Alberto Moravia est un auteur psychanalytique. 

Son approche a souvent puisé dans le mysticisme, où la réalité est atteinte quand on renonce à y accéder. Respecter ce réel, la vouloir pour ce qu’il est, le contempler. Démystifier. 

Outre cette nouvelle livraison de la collection Bouquins, la maison d’édition du même nom imprime un recueil de lettres adressées par l’écrivain à sa conjointe, également grande auteure, Elsa Morante. 
René de Ceccatty est formel : si Elsa Morante était profondément éprise d’Alberto Moravia, ce dernier l’admirait, mais n’était pas amoureux d’elle.

Le problème : une personnalité “colérique, intolérante et narcissique”... Ils resteront 21 ans ensemble, jusqu’en 1962. Ils s’écriront sur près de 40 ans jusqu’en 1983, 2 ans avant la disparition de l’auteure de La storia.

Comme je te l’ai dit tant de fois, je pense souvent à toi et je ressens terriblement ton absence. Plus que je ne croyais. Quand tu viendras, je serais, du moins au début, presque heureux.

Anacapri, 11-15 août 1951. L'immortalité, d'Alberto Moravia

Enfin, Bouquins édite un recueil de nouvelles et brefs récits de l’italien, L’immortel, qui réunit des textes rédigés entre 1928 et la date de sa disparition en 1990, parus dans des journaux et revues. L’attente, Haine, Le Diable gardien, À travers l’idée du crime, La femme qui connaissait Joyce, L’enthousiaste… “Tu veux ma mort. Cela pouvait passer pour un lieu commun passionnel. C’était en fait la réalité.”

La collection encyclopédique pour les jeunes enfants à partir de 4 ans, propose cette fois un grand voyage autour du monde, sous la plume de , avec Manon et Lucas, deux explorateurs très curieux, avides de tout connaître.

Ainsi de la découverte de la planète Terre vue du ciel, à l'incursion en Europe,  avec un arrêt en France, puis un saut en Amérique, dans les forêts tropicales, un survol de l'Asie et de ses mégalopoles, le voyage se poursuit jusqu'en Afrique et en Océanie et offre au lecteur, un aperçu ludique et instructif du monde qui nous environne. Sans se prendre au sérieux, cet atlas animé répond aux questions des enfants, des plus ordinaires et classiques aux plus surprenantes et amusantes avec une concision intéressante, accessible et cependant bien documentée.

Et parce que les Kididoc sont d'abord conçus pour éveiller en amusant, le livre regorge de doubles pages à déplier, de cartons à rabattre, d'enveloppes à ouvrir, de mini-livres à parcourir, d'énigmes à résoudre, de rubriques "cherche et trouve".

Autant de jeux et d'activités interactives qui dynamisent la lecture, attisent la soif de connaissance et font de l'ouvrage un document bien vivant à parcourir et à re-parcourir plusieurs fois, avec à chaque fois, de nouvelles découvertes et de nouveaux amusements.

Autant de pages et d'indices pour apprendre quel âge a la terre, combien de langues sont parlées dans le monde, quel est le plus long fleuve d'Europe, ce qu'est le Mont Saint-Michel, quelle est la ville la plus en hauteur, ce qu'est la Mecque, où se trouve la plus haute tour du monde, d'où vient le chocolat ? etc.  Les parents trouveront ainsi de nombreuses réponses aux questions de leurs enfants et suivront avec délice les illustrations colorées et joyeuses de Didier Balicevic.

De plus, en fin de volume, un grand poster avec d'un côté les drapeaux et de l'autre une carte du monde et un quizz récapitulatif complèteront cette lecture plaisir, cette invitation au voyage et à l'ouverture sur le monde.

Enfin, dans un souci d'exactitude, toutes les cartes de l'ouvrage ont été relues par un professeur d'histoire-géographie, Patrick Marques.

Pour les inconditionnels de la collection, un grand livre-jeu pour partir à la découverte des aliments paraît simultanément (le grand livre-jeu des gourmands).

De la même manière, l'enfant se promène dans un grand magasin, identifie les légumes, découvre les nutriments et leur rôle dans l'organisme, apprend à concevoir des menus équilibrés et à cuisiner avec, en prime, un petit cahier de recettes à expérimenter avec un adulte et un jeu de l'oie pour aborder la notion de "bien manger".  Une belle mise en appétit.

Les Editions sont anglaises et existent depuis 1973. Exclusivement consacrées à la jeunesse, elles sont présentes en France depuis 2015 et publient des ouvrages pour tous les âges et dans tous les genres, du bébé jusqu'à l'adolescence.

Avec l'année qui commence, elle propose au jeune lecteur à partir de 3 ans, une exploration interactive des grandes villes du monde. Ainsi de Londres à Sydney, en passant par New-York, Tokyo, Istanbul ou Venise, l'enfant découvre les principaux monuments et les particularités attractives de chaque destination (11 villes en tout).

Une à deux pages par ville et plus de 150 autocollants invitent au voyage, à la découverte et à la connaissance. Un texte court, une consigne à suivre s'ajoutent aux illustrations joyeuses et colorées, expressives d'un monde urbanisé mais différent selon les continents.

Grâce à l'activité de collage, l'enfant mémorise facilement les monuments et les spécificités des grandes métropoles présentées ici. De plus, il est invité également à les placer sur une carte du monde. Ludique et instructif, il promet concentration et plaisir chez l'enfant, tranquillité et répit pour les parents.

Et pour compléter, chez le même éditeur, un cahier d'activités où, cette fois, les autocollants en s'ajoutant sur les pages appropriées, créent  des illusions d'optique étonnantes. Avec application et implication, l'enfant va progressivement voir les dessins s'animer, se déformer sous ses yeux ou se transformer.

Enfin, un livre de coloriages d'inspiration japonaise dont les images sont empruntées à des céramiques ou des textiles comme les kimonos, raviront le dessinateur en herbe et peut-être même l'adulte.

Proches de l'art thérapie, ces dessins anti-stress permettent à la fois une immersion dans la culture japonaise, une échappatoire quasi-méditative et un plaisir simple mais bienfaisant. Aussi, si votre enfant vous le propose, essayez, posez de la couleur sur du noir et blanc et laissez-vous emmener loin de vos préoccupations quotidiennes. 

Vous aviez probablement entendu parler de la polémique de cet été, Umberto Eco veut réécrire le Nom de la Rose pour la génération numérique. Il veut simplifier la langue, alléger certains passages. Comme si les lecteurs numériques étaient moins intelligents que ceux qui lisent sur papier… Entre les deux on a ceux qui lisent en mixte ?

Et puis la semaine dernière Le professeur toujours en retard du pays des merveilles nous a révélé l’horrible nouvelle traduction du club des 5. Si vous n’en avez pas lu l'article, il s’agit une fois de plus de simplifier le langage, le niveau de langue. Comment ? En remplaçant les mots difficiles et en écrivant un texte au présent au lieu du passé simple. Je passe sur le fait que la morale présente dans les anciens tomes des aventures du Club des cinq a complètement disparu.

Comment peut-on accepter ca ? On nous répète à longueur d’année que nous et nos jeunes frères et sœur ou enfants sont la première génération numérique, la génération texto qui ne sait pas écrire, qui ne sait pas parler, qui ne lit plus. Alors puisque nous parlons moins bien, nous écrivons moins bien, on nous livre des moins bonnes lectures. Ca ne donne pas vraiment envie de lire plus tout ca…

L’article dans lequel El pais relayait l’information de la réécriture du Nom de la Rose se terminait par "Si tu ne peux pas éduquer le lecteur, conclut ironiquement l'article d'El Pais, simplifie ton roman".

Ca vous gène pas vous ? Moi je crois que ca devrait être le contraire. Nous sommes plus bêtes que nos ancêtres ? eh bien éduquez nous ! Plutôt que d’écrire des histoires au présent avec des mots faciles, écrivons des romans et des histoires pour adultes et pour enfants en utilisant un peu de vocabulaire soutenu. Je ne parle pas de tout écrire en langage soutenu et d’écrire des romans au subjonctif imparfait, mais utiliser de temps en temps des mots nouveaux, ca fait pas de mal ! Ensuite à nous de faire l’effort d’aller voir ce que ca veut dire dans un dictionnaire ! Après vous pourrez faire comme Montebourg et répéter que vous êtes impétrants à toutes les sauces ! Et puis vous qui lisez en numérique, même pas besoin de se balader avec Robert ou Larousse, vous avez bien souvent un dictionnaire intégré dans votre liseuse ! Il vous suffit de cliquer sur le mot !

Quand j’étais au lycée, je me lançais des défis pour apprendre des mots. Il fallait découvrir un mot « soutenu » et ensuite le replacer dans les dissertations ! Si vous saviez l’effet que ca fait auprès des profs ! Et du coup aujourd’hui je sais ce que veut dire onirique, opprobre ou procrastination !

Alors s’il vous plait, auteurs, éditeurs, relecteurs, traducteurs, faites un effort, pour la qualité de notre littérature ! Et parents, quand vous lisez une histoire à vos enfants, ne cherchez pas des synonymes aux mots difficiles, mais au contraire expliquer les à vos bambins !

Et puis pour terminer, cette petite vidéo de On n’demande qu’à en rire justement à l’émission du jour ! Je vous laisse cliquer sur le lien parce que je n'arrive pas à intégrer la vidéo.

Edit : je viens de tomber sur cet article, Moi Mélina, 15 ans j'ai twitté qui montre que les réseaux sociaux n'ont pas que des mauvaises facettes pour nos jeunes!

Ulysse a 15 ans et veut mourir. C'était son grand père, avec lequel il était très lié, qui l'élevait jusque là. Mais le vieil homme décède brutalement, et Ulysse se voit contraint d'emménager chez son père, un homme avec lequel il n'a jamais eu de contact. Le jeune ado se sent incapable de se faire à cette vie, entre un père toujours absent et une belle-mère pour le moins antipathique. Le jour où cette dernière écrase son chat, Ulysse comprend que ce n'est plus possible. Il passe ses nuits sur le forum « Le soleil et la mort », en compagnie d'autres ados aux envies suicidaires. Ils sont quatre surtout, les fidèles du forum, chacun avec une histoire difficile voire sordide, à vouloir mettre fin à leur jour. Menés par le charismatique Vlad, le webmaster manipulateur, ils décident de passer enfin à l'acte, à Pâques, sur une petite île déserte.

Ulysse, le narrateur, emprunte le style concis et percutant cher à , et fait du Soleil et la mort (le titre vient de la citation de la Rochefoucauld : « Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face ») un roman dérangeant, inquiétant, mais jamais morbide. Le lecteur est bousculé, il a mal en même temps que ces jeunes qui ont oublié que l'espoir existait, que tout pouvait changer. Le suicide chez les adolescents n'est pas un sujet facile à traiter, mais Elise Fontenaille s'en sort à merveille et a écrit un récit très fort, poignant, et dans lequel c'est finalement la vie qui l'emporte. Une réussite, comme toujours.

Mona Lisa et André Malraux sont dans un bateau... on dirait le début d'une blague de cour de récré, et c'est pourtant le véritable point de départ (historique, oui, oui) de cet album étonnant. Hervé Bourhis et Franck Bourgeron prennent un malin plaisir à imaginer ce qui s'est déroulé à bord du paquebot France, lorsqu'André Malraux en personne a accompagné la Joconde pour prêter la toile aux Etats-Unis.

Si on sait que le bateau quitte le vieux continent au Havre, bien malin celui ou celle qui pourra prédire la traversée délirante que les deux scénaristes ont concoctée.

Moitié Tati dans son expressivité corporelle, moitié Sarkozy dans ses emportements et son excitation, Malraux semble taillé pour mesure pour donner naissance à un avatar de bande dessinée. Les scénaristes s'amusent de la première à la dernière planche, à grand renforts de clins d'œil et d'allusions ; les lecteurs s'en saisissent au vol et apprécient le voyage.

Hervé Tanquerelle a démontré depuis longtemps qu'il excelle dans la ligne claire. Il nous offre un Malraux nerveux et drôlatique, plus proche de Léon la Terreur que des personnages de Hergé. Mais son trait propre et parfait se laisse emporter au fil des hallucinations du personnage et la palette du dessinateur délire autant que le périple du tableau le plus célèbre du monde.

Du Havre à New York, du pont de première classe aux salles des machines, c'est tout un monde qu'on explore sur les traces du Ministre d'Etat, et de sa garde rapprochée, puis des célébrités croisées au large. Prenez vos tickets, le prix est le même avec ou sans hublot.