Jurisprudence sociale. Dictionnaire Pratique, Edition 2022

Il faut bien avouer que les températures actuelles sont une réelle invitation au voyage et c’est précisément ce que vous ferez en picorant dans ce grand petit dictionnaire insolite du Brésil qui vient de sortir aux éditions Cosmopole;

Izabella Borges vous entraîne à la visite de ce pays continent où se côtoient les mégalopoles et la nature la plus sauvage. Un pays où la diversité culturelle est à l’image de sa grande histoire. Un pays dont on ignore pas les problèmes et les blessures profondes mais où une danse peut résoudre beaucoup.

Ce petit livre vous donne envie de grignoter des tira-gosto avec de bons amis et des rencontres fortuites et ça #actualitteaime ! 

Durant le confinement, certains ont entrepris de préparer leur propre pain, d'autres se sont mis au sport intensif tandis que d'autres encore ont entamé l'intégrale de La recherche du temps perdu. Quentin Blake, lui, a profité de ce temps suspendu où les sollicitations se sont raréfiées pour dessiner, simplement, compulsivement, avec bonheur.

"Une année de dessins" propose un panorama raisonné et généreux de la production de l'illustre dessinateur au cours de cette période singulière. Le foisonnement d'images et leurs variétés (de techniques et de supports) démontre son étonnante créativité, son émerveillement permanent au dessin, sa boulimie graphique, sa générosité, son impétuosité, son humour et évidemment toute sa fantaisie. L'investissement continu de certains motifs, presque entêtants, l'importance de la série ou encore l'expérimentation de certains outils fascinent par ce qu'ils donnent à voir de la pratique d'un auteur presque désoeuvré mais toujours au travail.

Plus qu'un simple recueil de dessins, ce livre offre une plongée dans l'intimité de Quentin Blake.

Je ne surprendrai personne en expliquant que mon enfance fut plus souvent bercée par le ballon con (celui qui rebondit en se foutant de ta gue*le), plus que par celui rond dans lequel on met de grands coups de tatanes. L’inclinaison personnelle me conduisit à me prendre pour Michaël Jordan par la suite, convaincu que # IBelieveICanFly…

Donc, celui à qui je dois ce dictionnaire amoureux peut raisonnablement considérer que je l’aime au point de dépasser l’aversion que j’éprouve pour les pousse-citrouilles.

Et cette même affection, mue par la curiosité tout de même de comprendre, fait ouvrir le livre – dont on regrettera juste que la préface signée Michel Platini ne soit pas explicitement signalée dès la couverture : je suis convaincu qu’il y a des aficionados pour qui cela compte.

Parce qu’en réalité, quand on est amoureux, on ne demande pas aux autres de comprendre les motifs de cet élan : on les expose. Et qu’il n’existe pas d’amour, mais des preuves d’amour. Et qu’à ce titre, le boulot abattu par Vincent Duluc va au-delà de la preuve : ce journaliste sportif (et romancier) a pour le ballon rond un respect mêlé de passion. La combinaison est terrifiante : loin d’être changé en missionnaire, il se meut en pédagogue, multipliant anecdote et histoire.

Et un peu à la manière de cette part de gâteau que l’on prend malgré le banquet qui a précédé, on tourne les pages, intrigué, amusé, parfois (pour le profane que je suis) avec un vague souvenir de quelque chose…

Le football, sport le plus simple à pratiquer (les poteaux de but en blouson…) est aussi celui qui mobilise la planète entière. Et plus encore quand il s’agit d’un événement aussi mobilisateur (encore que celui qui approche, au Qatar, me sorte définitivement par les yeux…).

Avec ses travers financiers, ses joueurs qui refusent le char à voile pour se déplacer et bien d’autres. Mais entre deux pages, même le réfractaire que je suis se dit : « C’est aussi de la culture. Et c’est très loin d’être à rejeter en bloc, imbécile. »

Etre amoureux est un sentiment très personnel.

Bien sûr, il peut être partagé. Alors, on peut regarder ensemble dans la même direction.

Il est même possible de retrouver une multitude d'amoureux dans une salle de concert, tous bercés par une douce ou folle ambiance, réunis pour communier dans une même musique. Dans le même temps, d'autres seront ailleurs, parfaitement indifférents à des sons qui ne font vibrer en eux aucune corde !

Elaborer un porte ainsi en soi le double risque de ne pas enchanter deux lecteurs : celui qui ne se trouvera pas à l'unisson de la musique entendue et celui qui n'y trouvera pas toute la musique qu'il aime.

C'est un peu ce que je ressens en tournant le dernière page de cet ouvrage au demeurant intéressant.

Certes il ne pouvait pas être exhaustif puisqu'il n'est que Dictionnaire et pas Encyclopédie. Et il est bien évident que ses sept cent pages n'auraient pas suffi à une telle entreprise.

Certes il est richement alimenté notamment de toute une ribambelle d'auteurs parfaitement inconnus de moi dont il m'a donné le goût  de les découvrir.

Certes il propose certains angles de lecture d'auteurs bien sérieux qui  peuvent les faire apparaître sous un aspect bien moins austère et c'est une idée amusante pour relire quelques classiques.

Mais je regrette l'oubli de l'immense Giovanni Guareschi qui a fourni à Fernandel, lui même bien maltraité par ce Dictionnaire, l'occasion d'être, entre autres performances, un formidable Don Camillo sur les écrans.

Mais j'ai vainement attendu une mention des Idées Noires de Franquin dont je relis sans me lasser les désopilantes, mais pourtant tellement tendres et humaines bandes dessinées de Gaston Lagaffe écartées du sommaire.

Mais je n'ai pas entendu la voix grave de Philippe Meyer dont les strophes destinées à des « auditeurs sachant auditer » ont une qualité tant d'écriture que de diction remarquable à tous égards.

Sans parler de Stéphane Guillon, de Bill Watterson (Calvin et Hubbes), Pagnol ou André Roussin et tant d'autres.

Aussi je me dis que s'il manque autant de mes propres références sur le sujet dans ce Dictionnaire, je ne devrais pas être le seul à ne pas y trouver tout mon compte et donc manquer l'occasion de découvrir de nombreux autres dispensateurs de pensées humoristiques certainement moins évidents que tous ceux que la télévision invite trop souvent chez nous à dîner et qui méritaient peut être moins de mention et moins d'éloges emphatiques.

Bref, une impression très mitigée !

Si 20 000 nouveaux mots apparaissent chaque année en France, seule une centaine intègre les dictionnaires classiques (Larousse, Robert ou Littré). Ce avec 400 nouvelles entrées  souhaite rendre compte de l'évolution de notre langue, de sa mutation, sans barrière, au risque de choquer les défenseurs d'une langue pure,  assurément opposés à des changements si catégoriques où l'Anglais devient sans surprise, le principal fournisseur de mots nouveaux.

Amusant, déconcertant ou agaçant, cet ouvrage curieux, sans doute d'une lecture familière pour certaines générations mettra, au contraire bon nombre adultes hors-jeu, notamment ceux éloignés des réseaux sociaux et peu utilisateurs des outils numériques. Inquiétante ou inévitable, la transformation de notre langue crée déjà de l'incompréhension entre générations ou classes sociales et cet ouvrage est peut être un outil pour mieux se comprendre. Aussi, même sans adhérer à ces transformations essentiellement anglicistes, ne vous privez pas d'en savoir plus sur la communication d'aujourd'hui, devenez « hype »,  facilitateur intergénérationnel, « friendly », plutôt que « noob ».

Ce dictionnaire s'est intéressé aux mots nouveaux dont l'usage s'est répandu et le sens stabilisé. Ils ont été essentiellement inventoriés à partir de la radio, télévision, réseaux sociaux, conversations de rues, de bureaux, de cafés. Un vocabulaire, riche en onomatopées et acronymes issus de l'utilisation du numérique, qui raffole de l'hyperbole, informe sur nos nouveaux modes de loisirs, dans la musique (« playlist, podcast… »), le cinéma (« people, bancable… ») ou les jeux vidéo (« gamer, old fag… »), sur nos façons de travailler (« open space, burnout, slide… »), révèle notre société actuelle, ultra-connectée, pressée, assez individualiste et narcissique (cf. le selfie).

Etes-vous prêt à relever le défi ? Si certains mots ne résonnent pas à votre esprit mais éveillent votre curiosité, ils sont tous répertoriés dans ce dictionnaire.

Un think tank était prévu ce matin dans l'open space de la pure player Amazon. Il s'agissait de prioriser sur  un taff  assez capillotracté,  de le up-dater sans possibilité de drafter quoi que ce soit avant. Franchement, c'est abusé. Même si je suis A.I.P, si je checke tout pour éviter le moindre fake, si j'avais mis de côté deux ou trois slides plutôt swag, un poil arty et sacrément hype, mon N+1 m'a bashée comme une adulescente, découpée comme une noob, d'une façon tellement ayatollesque que je me sens rageuse et un peu bad maintenant, voire j'ai le seum. C'est presque un cas de moobing.

Bref, je m'enjaille pas des masses ici.  Asap, Je vais aller vapoter, me plugger à ma playlist, implémenter la deadline avec des bugs, le poutrer en one-to-one.  On verra alors sa  duckface. Ca n'est qu'on older. BTW, c'est quoi son blaze déjà ? Bisounours ou boloss ? Un combo des deux. Mouahaha ! Je vais le zlataner. Une tuerie absolue.

Dans l'usage quotidien ou littéraire du français, la signification originale et directe des mots constitue seulement une petite fraction de leur utilisation réelle. En vérité, c'est leur interprétation figurative qui domine largement notre communication écrite et orale.

Originant d'un contexte spécifique – qu'il soit humain, animal, végétal, ou naturel – chaque terme a la capacité de se répandre, de se multiplier, et de s'épanouir bien au-delà de son champ initial.

Un dictionnaire des sens figurés en somme, par Roland Eluerd, un érudit de la langue, agrégé de lettres modernes et docteur ès lettres, qui partage sa passion et son expertise.

« À cœur joie », « bouche cousue », « des fruits de mer », « la puce à l'oreille », « fleur de sel », « un lit de roses », « la rivière serpente », « être tout feu tout flamme »...

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La langue française, comme des graines portées par le vent, s'éparpillent et germent dans le sol fertile de notre imagination, donnant naissance à un paysage luxuriant d'idées et d'images. Ces termes, métamorphosés, nous invitent à un voyage au-delà du littéral.

La langue française se révèle alors non seulement comme un moyen de communication, mais comme une œuvre d'art vivante, constamment réinventée par le jeu poétique de ses utilisateurs, de Ronsard à Aya Nakamura.

Non, le vert n'est pas que la couleur de l'écologie. C'est aussi celle de Hulk quand il se fâche. Ne dit-on pas d'ailleurs « vert de rage » ou « vert de jalousie » ? Dans cet incroyable album sur lequel il a bossé vingt ans, Jordan Crane, jeune bédéaste californien plein de talent, développe sur 240 pages deux histoires de couples. Un microcosme ? Non, uni-vert vert-meilleux !

Tout commence par une engueulade dans une voiture. Connie et Will ne sont pas de bonne et la file de bagnoles n'avance pas. On se dit des trucs, on les regrette aussitôt, mais ils sont lâchés, puis il faut les assumer le reste de la soirée, quand on se retrouve à ruminer. À côté de cette première histoire, on suit aussi celle du livre que Connie lisait dans la voiture, le drame d'un couple qui a perdu un enfant à la naissance. Pas joyeux, bien sûr, mais poignant.

La mort est omniprésente dans ce superbe album. Chacun s'inquiète pour ce qui a pu arriver à l'autre. Le dessinateur est parvenu à rendre concrète, avec subtilité, l'absence de l'être aimé. Et, tandis que l'inquiétude ronge les personnages, les cases mêlent peu à peu la réalité à des pensées plus angoissées. Peur de se perdre, peur de mourir, peur de ne plus être aimé, voilà les ressorts de ce roman graphique magistral.

Ne vous fiez pas au trait arrondi et à la plume grasse avec laquelle Jordan Crane dessine ses personnages ; ne confondez pas ce petit bijou intimiste avec un projet de feelgood verdâtre avec retour à la terre. La seule nature qui passionne Crane, c'est la nature humaine, faible et faillible, que l'amour vient encore fragiliser. Ou doper ? Qui sait...

Ce livre à ne pas manquer, publié à l'origine par Fantagraphics en anglais est joliment traduit par Fanny Soubiran et coédité en VF par Çà et Là et l'Employé du moi. Voilà, vous savez tout. Le feu est vert, vous pouvez foncer chez votre libraire.

En ce printemps de la naissance ou renaissance, c'est selon, Gallimard n'a peur de rien, et lance une nouvelle revue, à côté de l'historique NRF, Aventures. C'est le cas de la dire...

Surtout en sachant son ambition : 65 écrivaines et écrivains réunis, qui apportent leur éclairage sur le sujet des sujets : le sexe. Plus précisément, ou littérairement, « Écrivez-vous des scènes de sexe ? ». Comment faire ressentir l'exultation des corps, avec les mots. Verbe et vibration. Description et liberté. Jouissance et politique. Séduction et agression. Amour et consentement.

À ce sujet, ce qu'en disent Emma Becker, Françoise Bégaudeau, Aurélien Bellanger, Marie Darrieussecq, François-Henri Désérable, Joffrine Donnadieu, Philippe Lançon, Camille Laurens, Gaëlle Obiégly, Lucie Rico, Catherine Millet, ou encore Mathieu Terence, vaut, évidemment, la lecture.

Si le grand genre du roman français, c'est l'étude de moeurs je dois aussi confesser que les meilleures études de mœurs que j'ai lues ces dernières années, c'étaient des descriptions minutieuses et cliniques d'agressions sexuelles sur les réseaux sociaux - spécialement quand elles exploraient en détail la zone floue du consentement, floue de ce quels temps avaient soudain changé, figé ces anciens rapports de genre dans leur atroce anachronisme. Comme cela, oui, car elles étaient parfaitement justifiées. Et le soupçon de voyeurisme en était soudain retourné ce n'était pas nous qui regardions, c'étaient ces scènes d'intimité qui nous dévisageaient gravement.

- Aurélien Bellanger

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Pour bien lancer cette nouvelle revue, des inédits aussi, du Rainer Maria Rilke dans une nouvelle traduction d’Olivier Le Lay, où il est question... d'aventures, et un Kafka, histoire d’un corps, par l'écrivain disparu en 2013 et de plus en plus reconnu comme un grand des Lettres, Frédéric Berthet.

Sans doute Kafka est-il mort en 1924, mais dans la musique des anges, ou des souris, en silence et au milieu des fleurs, mais sans couronne. 

- Frédéric Berthet, avril 1978

Des invités encore, dont le rare et nécessaire Pierre Michon qui raconte Le rêve d’Homère, mais aussi la poétesse la plus en vue, Laura Vazquez, et son Soleil de fou malade. Le poète Christophe Manon (et pas l'inverse), l'écrivaine-bouquiniste Camille Goudeau, les « Exopoèmes » d’Amandine André, le « Chant » de Fanny Wallendorf, une autre Fanny, Lambert, et La longue vie du quarantenaire Valentin Retz.

Ses cuisses frémissent comme frémissent les ailes de la libellule. Un vol de mouettes au ventre blanc passe sous l'œil blanc de l'aveugle. Elle a la haute plainte aux lèvres : le sanglot des colombes aux chênes de Dodone.

- Le rêve d’Homère, de Pierre Michon

Une revue portée par l'héritier de Philippe Sollers, Yannick Haenel. Le projet est en de bonnes mains...

Le mangaka japonais avait frappé très fort avec Abara, paru en 2007 : un récit futuriste, aux accents d’Evangelion — les mega-robots en moins. Les gaunas sont des créatures non identifiées et invisibles à l’œil nu dont les apparitions étaient fréquentes à l’époque de la firme quaternaire...

Apparemment, ils se nourrissent d’êtres humains jusqu’à être assez gros pour dévorer des mausolées. Mais ces lieux, que sont-ils véritablement ? Et comment cette humanité a-t-elle réussi à mettre au point les gaunas noirs, manifestement seuls à pouvoir affronter les rivaux aliens ?

Des affrontements de créatures monstrueuses, qui s’exécutent dans un effroyable silence : très peu de paroles, des séquences totalement muettes qui accentuent l’effroi et l’horreur des scènes de massacre. Comment échapper à ces monstres, dont les motivations échappent à toute compréhension ?

Oeivres splendide, sans aucun doute, aussi prenante que complexe. Un défaut cependant : la couverture souple n’est pas très commode pour manipuler le livre. Livre confortablement allongé n’a rien de simple au fil des quelque 400 pages… Dommage.

On s’amusera toutefois de lire les quelques lignes de l’auteur, portant un regard critique plus de 17 ans après la publication au Japon. Et toutes les incompréhensions qu’il relève…

Alessandra Fra a été découverte, pour beaucoup, à l'occasion de son passage chez TPMP pour témoigner du comportement de PPDA à son égard. Des rencontres qu’elle raconta dans son roman, Un Suicide, édité en 2007 dans un contexte bien autre. Sa parole est plus ambigue que celui des femmes qui accusent aujourd'hui l'ancien présentateur du JT de TFI d’agressions sexuelles ou de viols.

C’est elle qui crée le Pari(s) littéraire à l’origine du prix Le Temps Retrouvé en 2020, et d’installer PPDA à sa présidence avant que le jury soit dissous des suites des révélations sur ce dernier. Alessandra Fra raconte ses rencontres violentes ou rapidement sexualisées par le présentateur, entre 2005 à 2023. Son ambition est de comprendre le personnage, ses stratégies et ses motivations.

À travers cette relation, s’animent une époque et un univers littéraire parisien avec des dérives devenues inacceptables.

PPDA, ce sont 30 victimes présumées qui ont témoigné devant la police, dont 18 qui ont porté plainte. Parmi les mises en cause, huit l’incriminent pour viol. Emmanuelle Dancourt, présidente de l’association #metoomedia, évoque pas moins de 90 témoignages de victimes de PPDA.