Ces monuments qui racontent Bruxelles. du Moyen Age au XXIe siècle

Oubliées, sous-estimées, éclipsées : l’histoire de l’art se souvient pourtant d’elles et des oeuvres qu’elles ont produites.

Et Martine Lacas s’est mise en devoir de rendre à ces femmes la place qui leur revenait.
Dans ce nouvel ouvrage, aux reproductions splendides (à souligner !), elle propose un parcours pictural sur deux siècles d’oeuvres et de créatrices.

Docteur en histoire et théorie de l’art, elle a réalisé plusieurs expositions indépendantes.

Des figures étonnantes, des personnalités exceptionnelles : de l’effervescence qui découle de la Révolution française aux premières diplomées qui sortirent de l’Ecole des beaux-arts au début du siècle dernier, ce sont des toiles à découvrir.

Ou comment en finir une fois pour toute avec la femme comme objet d’étude, pour découvrir une vision du monde, autant qu’une représentation.

Livre remarquable pour femmes remarquables !

Publié par les @editionsautrement ce livre à plusieurs mérites car son auteure, l’historienne de l’art Janine Ramirez, ne s’attache pas à montrer que les femmes existaient au Moyen Âge, qui en doute (?) elle les remet juste dans la lumière.

Lumière qui les a quitté finalement il y a assez peu de temps mais c’est une autre histoire. Modernes, volontaires, guerrières, pieuses, conquérantes, des terres Vikings à la Pologne, d’Hildegarde à Jadwiga, vous allez découvrir des femmes qui avaient bien compris le concept d’égalité, ni plus mauvaises ni meilleures que ces messieurs.

Plusieurs mérites disais-je car il redonne aussi des couleurs au Moyen Âge que l’on a trop tendance à voir en noir et blanc alors que tout y était éclatant. 

En introduction, la docteure en histoire écrit que « l’histoire est une matière vivante », comme elle a raison et comme elle le prouve magnifiquement bien !

Loin des de cet âge de ténèbres où l’on tente encore de le plonger, le Moyen Âge fut une époque de création et d’inventivité où la force de la vie et l’amour étaient célébrés. Pour preuve, quelque 110 poèmes et 200 illustrations dévoilent toute la richesse d’une poésie française qui s’est façonnée à travers quatre siècles d’écriture, d’influence et de thématiques.

« On doit au Moyen Age d'avoir tissé le lien indissoluble entre la poésie et l'amour », écrit Michel Zink dans la préface. L’écrivain et médiéviste en sait long sur le sujet – et fait régulièrement briller à l’Académie française la force de cette époque.

Chansons de trouvères, de troubadours, en langues d’oc et d’oïl, avec leur traduction, nous plongent dans une aventure littéraire splendide.

Fondée en 1938, la Galerie Roger-Viollet dédie ses murs à la conservation des images de nos histoires partagées. Sur des centaines de mètres d’archives, Agnès Grossmann a sélectionné 300 photographies à partir de l’avant Première Guerre mondiale, qui raconte les femmes au XXe siècle.

Pour réaliser cet impressionnant ouvrage, la galerie s’est associée aux éditions Gründ.

Par l’image, ce travail restitue l’évolution de la condition féminine, et en parallèle, ce développement, à l’échelle du monde, de la société du spectacle de la consommation. Photos surprenantes, esthétiques, nostalgiques, édifiantes. Un ouvrage à découvrir pour tous les amoureux de la photographie, comme les curieux et les amoureux des Beaux livres. 

Cette semaine, j’ai lu Les espionnes racontent de Chloé Aeberhardt et Aurélie Pollet, coédité par Arte éditions et Steinkis poche.

Une enquêtrice née en 1984 retrace la vie de femmes « espionnes » pendant la Guerre froide. Elle rassemble des témoignages de Geneviève, Martha, Jonna, Gabriele, Ludmila, et Yola.

Parfois très éloignées des scénarios de James Bond, elles ont bâti une carrière dans les services d’espionnage : agent mettant à jour les fiches des attachés commerciaux soviétiques, tête du département disguise américain, agent du Mossad, espionne « illégale » soviétique…

Elles ont été recrutées directement pour leur capacité intellectuelle, linguistique, physique, ou encore pour leur valeur morale et allégeance.

Les auteurs nous racontent comment chacune a intégré les services secrets, leur mission la plus marquante, et ce qu'elles sont devenues aujourd'hui.

Les récits sont à la fois incroyablement intéressants tant ils sont uniques et pour ce qu’ils en disent sur l’histoire de l’URSS, des États-Unis, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Argentine, ou encore d’Israël.

« Aussi différentes soient-elles, toutes les espionnes que j’ai interrogées ont ce même besoin de reconnaissance, cette même soif de justice : pour que l’histoire du renseignement soit exacte, il faut la réécrire en rendant aux femmes la place qui leur est due. »

Un poème-objet qui a le poids d'un songe et la ferveur de la vie. Robert Desnos, poète surréaliste, pose ses mots avec simplicité et légèreté. C'est l'espoir, l'esprit de résistance et la vitalité qu'il porte tranquillement du bout de sa plume.

Chagall l'accompagne, à sa gauche, bleu, sans lourdeur non plus. Un plongeon, une acrobatie, entre le rêve et la réalité, entre la nuit et le jour.

C'est un beau poster en somme, imprimé sur un papier épais, à coller au mur ou pour orner une bibliothèque, et se souvenir d'être "demain matin / plus vivant / plus vivant qu'aujourd'hui", parce que ça arrive de l'oublier.

Écrire, dans la continuité : les deux auteurs Fanny Vaucher et Eric Burnand avaient précédemment exploré le XXe siècle, à travers le personnage d’Emma. Ils prolongent ici leur exploration de l’histoire suisse avec Jeanne, un siècle plus tôt.

Née dans une famille paysanne, cette femme raconte les espoirs et les déceptions d’une population, dans le pays de Vaud.

En quatre temps, détaillant les périodes majeures de la vie helvétique — révoltes paysannes début 1800, suivi de la famine de 1816, la guerre civile qui débuta en 1847 pour s’ouvrir sur la révolution industrielle des années 70 — Jeanne raconte ce temps passé.

Une vie douloureuse, de mort et de changements sociétaux, où l’Histoire du canton s’impose à celle d’une famille, comme tant d’autres. La bande dessinée, avec une approche colorée toute spécifique, retrace mieux que tout manuel les crises et bouleversements.

Un récit passionnant.