Épistre d'Ovide

Catastrophe ! C'est une catastrophe ! Personne n'a pensé à acheter à manger pour ce soir ! Il faut dire que chacun avait une journée bien remplie. Et voilà qu'Andreï n'a que trois carottes... Mais peut-être que le voisin du dessus a quelque chose à partager...
Oui ! Le voisin a deux œufs et un peu de fromage, mais ce n'est pas assez...
Sous forme de randonnée, Frigo vide nous raconte l'histoire d'un étrange dîner, conçu par tous les habitants d'un immeuble. Ah ! Heureusement que la solidarité existe, et pas seulement dans un seul immeuble. Le format de cet album est allongé : nous rappelant la forme d'un frigo, il nous incite à faire comme les personnages. En plus, cela peut nous permettre de nous colorer ! Quoi de mieux que de voir la vie en couleurs, car celles-ci arrivent en même temps que la nourriture, en même tant que l'union, en même tant que la vie !
Les dessins épurés de cet album donnent vraiment envie de se mettre à table !

À l’heure d’une Europe en crise avec ce nouveau problème des migrants et où Bruxelles voudrait envisager une taxe européenne pour financer cette crise migratoire, le livre collectif L’Europe, L’ère du vide de Laurence Vanin, Robert Redeker, Jürgen Wertheimer ne peut que nous interpeller.

Mon père n’a aucun respect pour ces cadres incultes qui n’ont que l’argent à la bouche. Il préfère les livres

ROMAN FRANCOPHONE - Un homme revient dans la ville de son enfance et parcourt les lieux où il a grandi. Cela pourrait être une balade nostalgique, si ce n’était Patrick Varetz le guide. Le romancier lillois nous a habitués à tenir les sentiments à bonne distance. Cette fois, il calme le palpitant en arpentant les rues grâce à Google Street View, à l’abri derrière son écran.

Nicolas officie actuellement dans Star Mag comme chroniqueur.

Après Bas Monde (la naissance) et Petite Vie (l’enfance), Patrick Varetz poursuit son exploration des tréfonds de l’existence de Pascal, son double plus ou moins fantasmatique, et aborde le non moins difficile passage à l’âge adulte.

ROMAN FRANCOPHONE – Pierre Pelot nous gâte. Parce que plusieurs tomes de ses Hommes sans futur sont déjà prévus en réédition chez Frenchpulp. La saga avait été originellement puubliée en 1981 chez PressesPocket. Savoureux. Dans ce qui a tout d’un western post-apocalyptique, on traverse une planète dont la population humaine est totalement désœuvrée. Comme dépossédée d’une part de son essence.

ROMAN FRANCOPHONE - Un jour ce sera vide d'Hugo Lindenberg faisait partie des 36 titres de la dernière rentrée littéraire sélectionnés par les libraires pour le Prix Libraires en Seine 2021, qui vient d'annoncer sa sélection finale. Un premier roman étonnant de grâce et de maîtrise.

[Màj 7 juin 2021 : le titre remporte le Prix du Livre Inter 2021] 

Vincent Bergès est professeur de littérature dans un établissement scolaire privé lyonnais. Sans pour autant y être totalement indifférent, il n’exprime pas avec la même véhémence que sa collègue et amie Hélène, elle-même professeur de science-éco, une profonde désapprobation à l’égard de l’abbé Boissard que le Père Pistre, supérieur de l’établissement, tente de protéger suite à des prises de position un peu rudes sur l’IVG qui lui avaient valu quelque condamnation. Insuffisant pour que le Père Pistre envisage de le relever de ses fonctions.

Quel titre ! Encore plus ambitieux que Les Amours d'Ovide, plus disparate. Les Grecs ont scindé en quatre l'Amour - éros (passionnel), storgê (familial), philia (amical) et agapè (inconditionnel) -, François Bégaudeau les rejoint autour d'un couple, Jeanne et Jacques Moreau, qui ressemble à la majorité, à une humanité simple, populaire.

Après I am the Eggman, José Parrondo revient avec un second volume des aventures absurdo-surréalistes de son héros ovoïde à courtes pattes, j’ai nommé Eggman.

le frère du narrateur, ce dernier en a ressenti la confirmation de l’immense vide qui avait commencé à envahir sa vie

Après Mikado (éditions Léo Scheer, 2011) et L’orchestre vide (éditions Léo Scheer, 2012), Claire Berest nous offre une histoire glaçante, au rythme effréné et à l’écriture délicate et affilée.

Une bouffée de bonheur dès les premières pages : un bonheur de lecteur exigeant comme vous l’êtes sans doute, avide de textes forts et bien tournés ! Sur six chapitres courts, mais denses, l’auteur vous attrape et ne vous lâche plus.

Les années nouvelles sont propices aux ruptures : allez savoir pourquoi, il doit être de bon ton de faire un peu le vide autour de soi et de changer ses habitudes, pour se conformer au calendrier.

Vertige : « sensation de perte d'équilibre éprouvée à la vue du vide ». Un titre accrocheur qui propose une ambiance tout en suspense. Habitués des romans de Frank Thilliez, vous ne serez pas étonnés d'être happés par une couverture aux teintes sombres. 

il y a celle qui grommelle et râle tout son saoul, celle qui vide de plus en plus vite ses bouteilles de porto, celle qui adore mener la vie dure à son fils et à sa belle-fille.

Voici le genre de livre ludique dont les enfants raffolent. Un livre de quelques pages seulement mais capable d'occuper pendant des heures le jeune lecteur joueur et tenace, avide de résultat. Un livre multiple et interactif, fourmillant de détails rigolos, très colorés, résistant et d'un format adapté à plusieurs lecteurs en même temps.

BD JEUNESSE - Vue plongeante sur une cour d'école vide. Quelques cases plus loin, un jeune garçon, tête baissée, attend la fin du cours dans le couloir. Visiblement, ça ne va pas très fort. En quelques images, Léa Mazé installe une atmosphère pesante et fait monter la tension.

ROMAN JEUNESSE – Depuis la mort de sa meilleure amie, Livy se sent terriblement seule. Elle n’arrive pas à s’intégrer dans sa nouvelle école, le prestigieux Temple College, où son père a été nommé bibliothécaire. Irrésistiblement attirée par le vide, elle sent grandir en elle l’envie de voler.

ROMAN ETRANGER - Que reste-t-il de nos amours ? Que reste-t-il de nos beaux jours ? Charles Trenet ne cesse de résonner à la lecture du premier roman de Katharine Dion, Après Maida. Une promenade mélancolique dans la psyché d'un vieil homme, le cœur vidé, qui affronte seul, ou presque, le deuil de son épouse.

Comment survivre à un cataclysme ? L'Art peut-il nous sauver quand la technologie s'est effondrée, lorsque le progrès et la modernité ont brutalement été anéantis ? Est-il possible de se reconstruire, de dépasser la souffrance, le désespoir, le vide et le manque s'il nous reste les souvenirs, la littérature et la musique ?

Au fil des pages de ce livre émouvant, mais sans pathos, nous faisons connaissance avec Émilie et le drame du harcèlement scolaire et de la dépression. Entre la naissance d’Émilie le 28 juin 1998 à Lille et le 19 décembre 2015, date à laquelle elle enjambe le balcon de sa chambre et saute dans le vide, 17 ans s’écoulèrent. 

Ce roman est  assez renversant, rempli de bonne humeur, de drôlerie et d'invention. Agréable à lire, rythmé et énergique, il comblera le jeune lecteur avide d'aventures et d'amusement. Construit comme un conte merveilleux au doux parfum légèrement suranné (qui ravira les parents nostalgiques), il possède l'humour et la légèreté en plus. On rit beaucoup dans ce livre finement décalé et burlesque. Il serait dommage de s'en priver.

J'apprécie le talent singulier autant qu'éclectique de la scénariste Sibylline : Le trop grand vide d'Alphonse Tabouret (Ankama) était cocasse et très inventif ! Quant à Premières fois (Delcourt), étant sollicité pour établir une liste des trente albums BD qui m'ont particulièrement marqué, je me suis empressé de l'y inclure, emballé par son regard féminin plein de finesse sur l'érotisme et la pornographie !!!

BANDES DESSINEES JEUNESSE - Je ne l’avais pas vu arriver dans les colis, il était sur les tablettes albums jeunesse. De loin, depuis mon bureau, la couverture, forte, belle, l’œil incroyable de cette baleine, tendre, curieux, avide, attentif. Et puis Zidrou, ce scénariste (Tamara, Ducobu, Les Brulûres) envers qui j’ai une infinie tendresse, depuis très longtemps. Alors, 5 minutes pour moi, ma curiosité, mes goûts, mes a priori. 

Quelque part, dans un futur qui pourrait être le nôtre, les parents envoient toujours leurs enfants dans un camp de vacances. Deux mois, pas la mer à boire... Et puis, cela oblige à se faire de nouveaux amis, à quitter sa zone de confort. Difficile à accepter quand on est ado. Et plus encore en découvrant le camp totalement vide.

Il y a des livres qui sont des fauteuils de luxe. On s’y love et on se laisse porter par le film unique que seule la littérature est capable de projeter sur notre écran intime, avide d’évasions. Traduit du roumain par Marily le Nir pour Le Seuil, « La vie commence vendredi » d’Ioana Pârvulescu est de ces livres-là : ouaté, le style enveloppe en douceur et l’univers, découpé de l’époque où il faisait bon vivre, séduit d’instinct.

Les temps sont durs pour les auteurs et pour les vampires, enfin surtout pour Aspirine. Mais elle, ça fait trois cents ans que ça dure. Bloquée en pleine crise d’adolescence, la rage est la seule chose qui semble s’échapper de son coeur vide. Après être apparu en clin d’oeil dans les albums de Grand Vampire et l’Homme Arbre de Joann Sfar, Aspirine a enfin sa propre aventure aux éditions Rue de Sèvres.