Une année terrible. Histoire biographique du siège de Paris 1870-1871

Et si l'on partait visiter les fonds marins ? Ce sera l'occasion de découvrir ce que sont les anthias, les cerniers géants ou encore les anémones épiactis. Les profondeurs sous-marines contiennent bien plus de richesses que l'on imagine ! En revanche, pour les connaître, il faudra avoir l'œil. Car dans cet album, rien n'est facile ! Le lecteur devra être assez observateur pour savoir distinguer un dauphin de Peron d'un dauphin à flanc blanc. Et pour cela : « Cherche et trouve » ! Qui relève le défi ?

Bienvenue dans un aquarium géant ! est d'une incroyable richesse. Les doubles pages nous font découvrir de nombreux détails sur le monde qui se cache sous l'eau. Aussi, l'illustrateur joue avec son image en montrant à la fois le dessus et le dessous de la surface, la nuit et le jour, les êtres vivants et ceux... disparus. Dirigé par François Sarano et Stéphane Durand et inspiré par le film Océans de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, cet album à flaps peut s'observer pendant de longues heures.

Ne cherchez pas les qualités de ces deux là, ils n’en possèdent pas ! Ils savent écrire, certes, mais c’est à peu près tout ce qui peut les sauver.

N’aimant rien ni personne à part eux, ils critiquent la société et leur société, s’adonnant à un vrai jeu de massacre vis à vis de la plupart de leurs contemporains. Les Goncourt sont tellement haïssables qu’ils finissent par en devenir drôles à l’image de cette citation, « certains livres ressemblent à la cuisine italienne : ils bourrent mais ne remplissent pas ».

Avouons que si c’est très discutable sur la cuisine italienne, pour le reste, ils n’ont pas tout à fait tort.

59 livres publiés en 45 ans qui retracent tout une époque pas toujours pour le meilleur mais … il n’y a pas de fumée sans feu paraît-il !

On adore les haïr, on culpabilise quand on leur donne raison, ils dérangent encore aujourd’hui ! C’est à se demander pourquoi depuis 1903 le prix littéraire le plus prestigieux porte leur nom… ce livre vous l’apprendra évidemment !

Les Infréquentables frères Goncourt de Pierre Ménard, préfacé par Michel Winock, c’est dans la collection Texto des éditions Tallandier et #actualitteaime ! « Dire du mal des autres […] est encore la plus grande récréation que l’homme social ait trouvé. » E. et J. de Goncourt, Journal

Écrit par Robert Venditti et illustré par Juan Doe, Clones (The Surrogates dans sa version originale) suit l’humanité dans un futur proche où la technologie permet la création de créatures de synthèse. Hommes et femmes ont la possibilité de contrôler des robots à distance pour vivre leur vie quotidienne.

Dans un monde sombre, l’inspecteur Harvey Greer, qui enquête sur la mort d’un de ces habitacles à forme humaine et découvre un complot visant à les détruire tous. Au fil de l’enquête se dessinent des forces puissantes abritant, évidemment, de bien sombres secrets.

Et si cette société futuriste, où l’humanité vit par procuration, n’était finalement qu’un vaste mensonge ? 
Adapté en film en 2009, The Surrogates est devenu Clones, avec cette couverture reprenant l’affiche — et un Bruce Willis splendide.

À l’heure des transhumanismes les plus délirants, cette perspective d’un transfert de conscience dans une machine a plus de saveur encore. Surtout quand on se souvient que la BD est sortie voilà près de 20 ans…

Et si un sac à main n'était pas l'objet inoffensif que l'on croit ? Si c'était en fait un horrible monstre goulu ? Sinon où passerait tout ce que les mamans y mettent ?

On peut d'ailleurs se demander d'où vient l'attachement des mamans pour ce véritable animal sauvage. Il ne présente pourtant aucun des avantages que peut avoir un animal domestique : ni joueur comme un chien, ni câlin comme un chat, ni joli comme un poisson… juste malfaisant. Et si l'explication était là ? S'il protégeait les mamans des requins qu'elles côtoient au travail ?

Mais à la maison, il faut réussir à le tenir tranquille, en le gavant de vieux jouets, par exemple. Mais ne risque-t-il pas, un jour, de se lasser des jouets et de se tourner vers de la chair fraîche ? Heureusement, la petite héroïne de veille !

Le sac à main des mamans est bien souvent un sujet de fascination et de fantasme pour les enfants. Avec cet album, André Bouchard s'est mis dans la peau d'une petite fille dont l'imagination a transformé cet objet du quotidien en véritable monstre prêt à tout. Ne l'a-t-elle pas un jour surpris sur le point de dévorer son petit frère ?

Les illustrations mêlent habilement la couleur et le noir et blanc pour transformer notre quotidien en un univers farfelu dans lequel l'horreur peut surgir à tout moment. Drôle, plein de situations cocasses, cet album fera rire aussi bien les enfants que leurs parents.

Grand Ours Brun n'est pas très en forme en ce moment : il tombe des arbres, tremble au bourdonnement des moustiques... Faut dire qu'il a rencontré l'été dernier une superbe ourse blanche dont il est tombé éperdument amoureux. Allez, c'est décidé, il va lui déclarer sa flamme. Mais comment s'y prendre ? Heureusement, il a des amis de bons conseils. Mais leurs recommandations sont-elles vraiment toujours bonnes ? Pas si sûr ! Et si finalement, faire ce qu'on a en tête était préférable à suivre l'avis de son entourage ?

Il n'est pas toujours facile d'avouer ses sentiments. Mais plutôt qu'utiliser des moyens détournés conseillés par des amis bien intentionnés, mais souvent à côté de la plaque, aller droit au but est généralement la manière la plus efficace pour arriver à ses fins, comme le découvre à ses dépens le héros de .

Dans cet album, France Quatromme enseigne aux petits qu'il faut avoir confiance en soi et suivre son instinct, et que nos actes, même s'ils nous semblent anodins, peuvent avoir des conséquences néfastes pour la planète.

Les éditions Les Minots nous offrent un conte aux résonnances écologiques joliment illustré par Mélanie Desplanche qui nous fait voyager aux pays des ours, dans des contrées aux couleurs automnales.

Une chose noire naît un soir d'orage. Cette chose noire redoutable est un vrai danger! Nul ne peut en venir à bout! Chacun l'analyse, la détaille, l'observe mais la chose s'échappe et engloutit tout le monde. Et voici que la chose grossit, s'amplifie, s'agrandit! La chose gobe tout sur son passage: les êtres, le jour, l'infini... Et puis ça se calme... Mais qu'est-elle, cette chose aussi grosse que l'univers?

Cette chose, c'est la colère! La colère d'un petit garçon qui ne veut pas aller se coucher. Elle prend toute la page, ne se contient pas, ne s'analyse pas. Elle est là et elle grandit... jusqu'à l'apaisement tant attendu. Avec beaucoup de poésie, trouve les mots pour décrire cet obscur sentiment et traduit poétiquement la symbolique de cette boule qui grossit sans cesse. Colère noire, bonsoir ! permet ainsi de représenter ce bouillonnement confus qui nous prend si souvent en otage... avant de disparaître, heureusement !

Dans l'existence du jeune Pierre Brassac, tout fraîchement sorti de son école de police avec les honneurs et surtout la place de major va intervenir un tueur inattendu, déstabilisant et dont le jeu sinistre va quelque peu bousculer les enseignements reçus.

« Chercher la victime et non le tueur ! » Car l'assassin offre de se livrer de lui-même si les forces de l'ordre acceptent de jouer à : Devine qui est la victime. Et le cadavre découvert à Clichy ne se montre pas franchement coopératif dans la quête de son identité. Bon, il est vrai qu'une noyade n'aide pas toujours à mettre un nom sur un visage, mais Brassac n'a pas le choix.

Classé dans la série Thriller de Stock, Assassinat sous X joue plutôt dans la cour des polars somme toute classiques et de bon aloi. Disons, facilement lisible sur la plage cet été et que vous pourrez emporter durant quelques jours. Rien de mirobolant cependant, on plonge dans un univers assez lugubre de haute finance, de magnats du pétrole, de riches entreprises et de fonctionnaires hauts placés, qui convergent vers un même but : le trafic de... Ah, non, ça on ne peut pas vous le dire.

Jouant à la fois sur quelques astuces comme l'intégration d'email, Paul Loubière réalise ici un livre sans prétention, que l'on lira avec plaisir, si l'on aime le genre. Pas de quoi non plus sauter au plafond. Et les théories de complot à l'échelle internationale. Au moins, l'ensemble n'est pas trop mal écrit....

Dans un vieux dictionnaire, rangé sagement sur une étagère, habitent monsieur I majuscule, et son fils, le petit i. Tous les jours, ce dernier va à l'école des voyelles, avec les triplées é, ê et è, sa copine la virgule et le reste de la clique. i minuscule aime bien tout le monde mais son papa lui a conseillé de se méfier du y. C'est un étranger, celui-là. Il est tout, tout sauf comme nous.

Mais un jour, i minuscule tombe dans la cour de récréation et perd son point. Son précieux petit point joli qui fait de lui un parfait i. Bien sûr, tous veulent l'aider, mais sans succès. Peut-être bien que ce drôle de i grec aura, lui, la solution...

Voilà un album comme on en raffole par ici! i minuscule est un petit chef d'oeuvre à part entière. Le style de est rafraichissant, concis et poétique. Il y a, dans ses lignes, beaucoup d'humour et de créativité.

Elle maîtrise parfaitement son art: pas un mot de trop et rien qui manque non plus ! Cette comptine intelligente est merveilleusement bien servie par la talentueuse Rebeka Elizegi. Cette illustratrice nous ravie littéralement par sa créativité, sa subtilité élégante et son univers totalement décalé. Voilà donc un petit bouquin exquis et tout à fait graphique, à placer dans les mains minuscules des amoureux des belles lettres.

Daniel Rossi ne connaît pas grand-chose du passé de son père en Algérie, avant le départ forcé de ce dernier en 1962. Il décide d'aller sur place, explorer les lieux où son père a vécu, notamment l'appartement qu'il a habité rue Auber, à Alger. Il est désormais occupé par un prof de lettres à la retraite, qui va lui servir de guide pour découvrir la ville et, peu à peu, lever un coin du voile sur celui que son père a été... ou est encore.

Sans jamais verser dans le mélo ou le drame que l'évocation de la guerre d'Algérie provoque bien souvent dans la fiction, Fred Neidhardt s'interroge dans « Alger-Retour » sur la filiation, la pudeur et les non-dits, plutôt que sur les secrets pesants.

Le voyage de Daniel Rossi tisse trois temporalités et les entremêle avec habileté, maniant le flash-back avec adresse, pour donner plus d'épaisseur au présent. En refermant l'album, on a la conviction qu'on ne peut savoir ni qui on est, ni qui on souhaite devenir, tant qu'on ignore d'où et de qui l'on vient.

Subtilement scénarisé, ces allers-retours entre 1962, 2014 et 2022 dressent aussi un portrait plein d'affection des habitants d'Alger, de leur parcours complexes et des liens humains qui unissent la France et son ancienne colonie. On le dit souvent, parce que c'est une vérité : la Méditerranée n'est pas un fossé qui sépare les territoires, mais un pont qui les relie.

Petit bonus amusant : Daniel Rossi ressemble furieusement à Fred Neidhardt rajeuni.

En tant qu'enfants du cuisinier du Grand Hôtel, Théo, Inès et Pétronille (alias les TIP) logent avec leurs parents dans la suite 601, au dernier étage de l'établissement. Dans un tel lieu, les événements étranges ne manquent pas. Aussi, les Tip et leur chat Top se sont-ils transformés en agents secrets, toujours prêts à mener l'enquête quand le besoin s'en fait sentir. 

Dans Les Tip-Top et les plans secrets, nos quatre héros découvrent qu'un espion espère dérober au professeur Paponux les plans de sa machine à lire les pensées. Mais les Tip-Top n'ont pas l'intention de laisser faire. C'est au cours de la conférence du savant que tout se jouera. Mais le courage et l'ingéniosité des trois frère et sœurs suffiront-ils à déjouer le complot machiavélique ?

Quel bambin n'a pas rêvé un jour de jouer au petit détective ? Grâce à et sa nouvelle série « Les mystères du Grand Hôtel », les enfants pourront se mettre dans la peau de Théo, Inès ou Pétronille pour vivre des aventures policières comme s'ils y étaient. De petites enquêtes simples et pleines d'astuces (jeux de miroirs, messages codés, déguisements…), des héros auxquelles le lecteur peut s'identifier aisément, un chat chafouin qu'on n'a pas envie de se mettre à dos, les illustrations de Cyrielle vives et drôles : « Les mystères du Grand Hôtel » réunissent tous les ingrédients d'une bonne série à suspense pour les lecteurs débutants.

Dans la même collection, sortie simultanée de Qui a enlevé Odilon ? Odilon, le perroquet du directeur du palace, n'est plus dans sa cage. Pas de doute pour nos Tip-Top : c'est un vol. L'enquête peut débuter !

Le téléphone sonne chez chat roux et chat noir. C'est chat blanc qui les invite à fêter son anniversaire devant un bon gâteau. Les deux matous sont ravis et dévalent l'escalier pour aller prendre leur vélo. Mais un pneu est dégonflé. Ils ne pourront donc pas aller manger le gâteau. À moins de prendre la voiture ! Malheureusement, le réservoir est vide.

Après un court moment de désespoir, les deux amis se décident à prendre le bus… qu'ils ratent de peu ; puis le train… qui part sous leurs yeux. Nos deux petits héros parviendront-ils finalement à retrouver leur ami et à manger enfin cette pâtisserie tant désirée ?

Avec ce petit album, offre aux jeunes enfants un livre qu'ils peuvent lire seuls puisqu'il est constitué uniquement de dessins. Des illustrations simples et répétitives, tels une comptine. Un escalier maintes fois descendu, le cœur plein de joie, puis remonté, dans la tristesse. Jusqu'à ce que les deux matous pas très futés trouvent la solution miraculeuse : se rendre chez leur ami à pied puisqu'il habite juste en face de chez eux. Mais nos petits chats ne sont pas au bout de leurs péripéties…

Gâteau !, un petit livre rigolo qui amusera petits et grands. Et les plus petits seront si fiers de « lire » un livre à leurs parents.

De la même manière que les Lettres persanes de Montesquieu permettaient de poser un regard décalé sur la société française, Kimchi Baguette, scénarisé et dessiné par Silki, interroge les différences entre les mode de vie coréen et français. Par courts chapitres thématiques, l'autrice interroge non seulement les habitudes de son pays d'origine, mais aussi celle de sa patrie d'adoption.

Pourquoi tant de congés ? Comment gère-t-on l'avortement ? Que manger en se levant le matin ? Pourquoi fête-t-on Noël ?

Née en 1993 en Corée du Sud, Silki est partie étudier les arts graphiques en Inde, puis à Angoulême. Naturellement adepte de la BD en ligne, elle fait partie de l'équipe de Mâtin ! qui diffuse tous les jours sur Instagram des petites BD bien serrées pour accompagner le café, le croissant et... le kimchi.

Le trait gras et joliment stylisé de Silki rend aussi bien en impression papier que sur écran. Et son talent naturel pour souligner les incongruités de nos petites habitudes sont un régal.

En mettant en scène sa vie quotidienne avec son compagnon français, l'autrice trouve une arène parfaite pour lancer des discussions sur les différences, les points communs et les incompréhensions réciproques entre deux cultures et deux arts de vivre soudain réunis sous un même toit.

Non, les quelques lignes qui vont suivre n'ont absolument rien à voir avec les gros volumes qui prennent la poussière sur l'étagère de la salle à manger. Quoi que.

répértorie joyeusement pléthore d'animaux, classés selon des catégories rangées par ordre alphabétique allant des « architectes » aux « voyageurs », en passant par les « gladiateurs »ou les « maîtres du camouflage ». Couleurs, caractères, milieux, bref, toutes les particularités possibles et imaginables, y compris les plus rigolotes, sont pensées dans cet album délicieusement contemplatif, qui flirte doucement avec le documentaire pour le caractère informatif que l'on peut néanmoins y trouver.

Notons qu'en plus de reposer sur un classement original et fantaisiste, les illustrations elles-mêmes respectent cet esprit sympathiquement déluré qui fait tout le charme de l'album : les « sauteurs » s'échappent de la page, les « domestiques » s'accomodent visiblement sans problème des humains et une mention spéciale pour les « menacés » que l'on a terriblement envie de câliner.

On ne peut que saluer le travail de recherches titanesque d'Adrienne Barman. Des recherches menées aussi bien en zoologie qu'en graphisme, puisqu'il faut signaler ses très belles harmonies de couleurs. Nul doute que vous ferez la rencontre d'un animal inconnu et incongru dont l'évocation vous permettra de briller en société. Un album qui peut être contemplé petit, mais en étant plus grand ça marche très bien aussi.

Pélagie, Arturo, Fabio. Deux ados et un adulte à la croisée de leur destin.

Chacun souffrant une solitude imposée par l'existence, absences d'êtres aimés ou d'être aimé, d'opportunités, de secondes chances.

Pélagie se remet du décès de ses parents et se réfugie dans le cocon chaud et protecteur de sa tante Emma. Arturo livre des pizzas après s'être fait éjecté des bancs de l'école. Fabio Angst souhaiterait probablement beaucoup de choses, si tant est qu'il puisse se rappeler lesquelles. Avec son docteur, ils rassemblent les morceaux de son passé afin de donner du sens à sa vie.

La disparition de Pélagie va mener ces trois personnages au même croisement. Fabio se rappelle-t-il où il a rencontré cette jeune fille ? Arturo va-t-il saisir l'occasion de sauver celle qu'il n'a jamais osé aborder ?

est un récit à plusieurs voix, qui nous plonge dans l'intrigue dès les premières pages. Les chapitres laissent la parole à chacun des protagonistes à tour de rôle, esquissant progressivement les liens qui les relient. C'est très clairement un roman sur la survie, la capacité à rebondir, à faire preuve de générosité malgré l'adversité et aller de l'avant, ou du moins trouver les moyens de ne pas perdre espoir.

Pélagie, qui est retenue dans un lieu secret et qui se remettait juste de son drame familial, va trouver la force de faire face à son agresseur. Arturo se remet en question face à ses possibilités sentimentales ou professionnelles avec un passif familial compliqué. Fabio, beaucoup plus âgé, se remet également d'un événement tragique qui sera évoqué bien plus tard,  afin de ménager le suspens, puisque nous cherchons à percevoir le kidnappeur éventuel à travers les confidences de ce personnage touchant, jusqu'au dénouement.

Un bon roman de Hubert Ben Kemoun, percutant, noir, mais émouvant. La chute ne nous laisse pas ce goût amer, habituel des thrillers…

Je vous ai déjà parlé quelques fois de la maison d'édition numérique belge Onlit, j'y reviens aujourd'hui pour vous parler du polar Mirador de Patrick Delperdange.Mirador, c'est le nom de l'entreprise de Franck, l'entreprise naissante à laquelle il consacre tout son temps et pour laquelle il délaisse sa femme Catherine. Alors bien sur, les soirées finissent souvent en dispute. Mais cette nuit là, alors que Franck dormait, Catherine a quitté le domicile conjugale, est partie avec la voiture et a laissé à Franck un drôle de message. La police est sur le coup. Franck aussi mène sa propre enquête avec l'aide de Barbara, son étrange voisine.Ce polar est haletant et vous tiendra en haleine du début à la fin pour la même raison que La Tour Folkstrom de Jeff Balek : il s'agissait tout d'abord d'un feuilleton, paru dans Le Soir, célèbre quotidien belge, durant l'été 2011. J'ai beaucoup aimé le suspens et l'intrigue de polar. Les questionnements sont nombreux et malheureusement, tous n'ont pas de réponse. Pour cette raison j'ai d'ailleurs été assez déçue par le dernier chapitre. La fin est trop abrupte et qui laisse un gout d'inachevé. Si certains faits sont sous entendus il manque tout de même quelques lignes qui permettrait de clarifier le rôle de chacun et de bien identifier les gentils et les méchants. Car finalement, au clic final, on ne connait pas le pourquoi du comment...Il n'empêche que ce titre m'a un peu réconcilié avec les éditions Onlit. J'avais eu un peu de mal avec les premiers essais, Jeff Balek et Patrick Delperdange m'ont réconcilié avec ce jeune acteur de l'édition numérique. J'espère que les prochaines découvertes seront aussi bonnes !Une lecture pour le compte du Club des lecteurs numériques qui revient à la rentrée !

Sans un mot, Patrice Killoffer déroule sous nos yeux ébahis le quotidien émouvant, tantôt routinier et banal, tantôt festif d'un dessinateur et de son robot domestique : cette intelligence artificielle sur pattes est le meilleur ami de l'homme, semble-t-il. Mais comme le disent les philosophes (on les paie mal pour ça, d'ailleurs) : rien n'est éternel en ce bas monde : le robot passe la carte-mère à gauche et le pauvre dessinateur est d'un coup saisi par un étrange sentiment de solitude et de vacuité. Il faut qu'il trouve à nouveau l'âme sœur digitale...

Tour de force visuel En chair et en fer publié par Casterman poursuit le travail d'auto-exploration graphique entrepris par le dessinateur-scénariste dans 676 apparitions de Killoffer ou Killoffer tel qu'en lui-même enfin (tous deux à L'Association, en 2002 et 2015), confrontant à présent le double de l'auteur à la technologie et à la robotique. Pas besoin de paroles pour raconter en détail les liens subtils que peuvent tisser l'homme et la machine, pour exposer les problèmes de communication et les troubles de l'humeur...

Plus magistral que jamais, Killoffer s'en donne à cœur-joie pour dessiner les câbles et les rayonnages, les contours de meubles et les encadrements de portes. Le petit intérieur de son appartement habité par les robots se transforme en macrocosme qui boucle sur lui-même, entre rêve, itération et réalité, alors que chaque case tire une force incroyable du contraste exploité dans toute sa pureté entre le noir et le blanc.

Inspiré par l'essai Machines insurrectionnelles de Dominique Lestel que le dessinateur avait illustré, ce récit comique, malin, profond et touchant invite les lecteurs à plonger, en robe de chambre et scrotum à l'air, dans le petit monde bedonnant des machines qui s'humanisent et des humains qui se... comprennent enfin, dans la contemplation de leur double cybernétique.

Un album bluffant.

Tout téléspectateur de plus de 20 ans aura encore à l'esprit cet instant de gloire des Guignols de l'info où la marionnette d'Alain de Greff se présente devant le CSA pour tenter de justifier le comportement d'un vrai-faux présentateur, Michael Kael. Ce dernier a en effet, en plein reportage pour Groland, enculé un mouton. Et la question se pose, ou tout du moins le CSA la pose : pourquoi c'est drôle ? De Greff va se démener, mais tout porte à croire que rien n'y fera...

Dans son avant-propos, Jean-Bernard Piat réalise la prouesse de parler de l'humour sans en faire, ce qui est dur, ni se montrer rébarbatif, ce qui est dur aussi, mais un peu moins. Introduisant six grands types de déclinaison qui seront autant de sections pour ce livre, il en établit une rapide définition, avant de nous laisser plonger dans la théorie.

Va donc pour des humours classifiés : l'Affectif, le Cérébral, le Loufoque, le Noir, l'Absurde et le Pastiche. Et pour le choix des auteurs les illustrant, le panel est propre : Dickens, Henry, Renard, Stockton, Wilde, Twain, Bierce, Allais, Balzac.

Du beau monde, certes, et d'origines variées, mais justement : quitte à déployer un panel d'auteurs, pourquoi ne pas plonger dans d'autres continents ? Anglais, Français, Américains (et Irlandais, pardonnez-moi monsieur Wilde) n'ont pas l'apanage de l'humour. Pourquoi avoir négligé les auteurs russes du XIXe siècle ? Un Boulgakov aurait largement eu sa place ici... plus qu'un Balzac à mon sens, même.

Enfin, point de regrets, et posons-nous la question : Ces textes illustrent-ils les classements établis par M. Piat ? Ben... c'est pas compliqué, suffi de demander. D'un point de vue scolaire, ces nouvelles peuvent aider à approcher le traitement de l'humour et du rire, avec des textes qui ne sont effectivement pas très compliqués et plutôt agréables. Pour le lecteur de passage, de même, il aura là, matière à découvrir quelques jolies pièces sympathiques. Et l'immense avantage de cette collection Librio, son tarif de 2 €, ne manque jamais d'aider et de convaincre. Dans l'ensemble, on constate bien les nuances entre chaque texte, alors mettons que oui, c'est bien fichu.

Alors oui, un bon petit livre, polisson et espiègle, dont je regrette l'occidentalisme trop affirmé.

Mais au fait : est-ce drôle ? Bien, le simple fait d'avoir mis Alphonse Allais dans un recueil sur l'humour, cela prête déjà à rire, non ?

Nous sommes le 20 juillet 1969, ce soir l’homme posera pour la première fois son pied sur la lune. Le poste de télévision aussi menaçant que nouveau fait son apparition dans le salon, mais par un malheureux coup du sort, les orages se déchainent sur le Luxembourg.

Le père soucieux d’assurer la réception maximale de l’évènement doit donc monter sur le toit remettre l’antenne râteau en place. Il sera foudroyé.

Entre autres séquelles de cette grillade cathodique, il gardera durant quelques jours un priapisme triomphant, dont la sœur du héros ne doute pas que leur mère a profité.
Notre héros est donc littéralement né d’un coup de foudre.

Humour, raccourcis ravageurs, mais aussi vision de cette lente bascule depuis l’enfance, où tout ce qui est de l’ordre familial apparait comme normal, à l’émergence, parfois de manière cocasse, de la conscience de l’étrangeté de cette profession : car les Spautz (agence Lumière de l’Est, la bien-nommée) sont croque-morts…

Voué de tout temps par son père à la reprise de l’entreprise familiale, il prend lentement conscience que non, il ne veut pas perpétuer le sacerdoce … Trahir ou pas ?

En filigrane de ce récit initiatique, un autre souterrain, le récit d’un destin familial enfoui et ancien, de ses secrets, qui fait le lit d’un dénouement imprévu.

Et je garde le plaisir gourmand de ces saillies drolatiques qui émaillent le texte, dont l’efficacité, tellement rare, porte le roman.

N’est pas thanatopracteur qui veut, à plus forte raison qui ne le veut pas !

"J'ai eu envie que mon grand-père mort soit encore vivant, il serait alors un ours qui hiberne", ainsi commence . La petite fille aimerait passer son temps blottie contre son grand-père devenu ours, près du feu, oubliant les éternelles soirées d'hiver.

L'attente du printemps étant trop longue, l'ours et la petite fille décident de partir à sa recherche. Main dans la main, ils traversent la forêt à la rencontre d'animaux qui les guideront vers l'objet de leur quête. 

S'il est difficile d'aborder le deuil avec les enfants, Mon grand-père devenu ours traite ce délicat sujet avec beaucoup d'onirisme et de douceur. Alex Cousseau trouve les mots juste pour exprimer l'absence et l'envie de ne pas oublier ceux que l'on aime et qui ne sont plus.

La représentation de la figure du grand-père en ours fait forcément penser au doudou mais aussi à la force et à la douceur de l'animal, voire même à sa sagesse. Les illustrations de Nathalie Choux souligne la subtilité du propos et il en devient difficile de refermer l'album sans avoir les yeux rougis. Un petit bijou où l'on passe de la tristesse au deuil, de la colère à la paix, de l'hiver au printemps.

Loin de Bellécorce et du périple d’Archibald Renard au cœur des Mémoires de la forêt, Mickaël Brun-Arnaud s’attaque pour son premier roman à la tragédie du déterminisme sociale. Dans ce premier texte, chorale, passé et présent se rencontrent et se mêlent dans un récit à la fois violent et tendre.

Dans un petit village de Provence, trois voix tentent de se faire entendre dans la tourmente des on-dit et des préjugés. Les commérages vont de bon train, mais qui peut dire ce qu’il s’est vraiment passé cette nuit où Paul-Marie, comptable quadragénaire, prend sous son aile Enzo, son stagiaire atteint de déficience intellectuelle ?

Claude, la mère de Paul-Marie, sacrifiera son grenier pour recueillir son fils en proie à la vindicte populaire. Mais la vérité finira-t-elle par trouver un chemin dans ces Vallées closes où l’on condamne toute forme de différence ?

Oyez, oyez ! Le Bazar Circus est dans la place !
Comment ? Le roi souhaite assister au spectacle de ce soir ?
C'est l'effervescence sous le chapiteau !
El Toutou le chien savant en frétille d'avance: « Nous allons lui faire manger la barbe d'émotion, lui faire sucer son pouce comme un bambin. ».
Mais devant ce roi qui ne sourit jamais, c'est la catastrophe !
Monsieur Legali le monsieur loyal en tombe dans les pommes, Angelo l'homme-canon en crève le plafond vers les étoiles et jamais ne retombe, le cracheur de feu enflamme le manteau du roi par accident. El Toutou le chien d'Angelo en perd ses mots, en perd son maître, lâchant des wouf affolés. La troupe est chassée manu militari vers la sortie.

Mais plein d'espoir et de confiance, Le Bazar Circus retrouve les lumières du succès, les rires, les bravos et la piste d'Angelo qui retombera dans les bras de Gala sa belle.

est un spectacle enchanteur à lire et à écouter, sous la plume « houlette » de Carl Norac, les douces illustrations d'Isabelle Chatellard en fond de décor et la voix inimitable du comédien Dominique Pinon. Chacun offre sa dose de magie à ce conte, fabuleux de poésie dans la musique, les mots et les images, les péripéties s'enchaînent pour notre plaisir. Les compositeurs Chostakovitch, Khatchatourian, Rachmaninov et Rimsky-Korsakov s'invitent pour cette jolie danse des catastrophes, la valse s'achevant de façon heureuse sous les violons du mariage. Après la pluie, le beau temps. La magie est bien là et elle continue jusqu'aux dernières notes de musique. Un livre-CD vraiment, très chouette !

Découvrez des extraits en cliquant ici

 Quel meilleur moment que les grandes vacances pour savourer l'intégrale rassemblant les deux tomes du formidable Momo de Jonathan Garnier et Rony Hotin ?

On fond littéralement pour cette gamine au caractère bien trempé qui vite avec sa grand-mère et ne se laisse marcher sur les pieds par personne. Mais derrière cette façade en granit se calfeutre un cœur d'or, tout fragile, qui se laisse par moment fendiller par les émotions.

Héritier à la fois de la bande dessinée franco-belge et du réalisme magique des studios Ghibli, ce récit charrie à la fois la nostalgie de l'enfance et la violence du deuil, tout en laissant l'héroïne s'émerveiller au fil de ses vagabondages dans la nature.

Soleil éblouissant, orage fracassant, printemps humide, les saisons et les humeurs défilent, emportant les lecteurs, petits et grands, dans un tourbillon d'émotions, dont on sort, emballé.

Un port, ses bateaux, son phare ; l'espace, ses planètes, astronautes et vaisseaux spatiaux ; la jungle, ses singes, perroquets et autres animaux ; le monde aquatique, ses poissons, crabes et sous-marins ; la fête, ses jongleurs, acrobates et musiciens… Avec , bébé part à la découverte de l'univers dans lequel il vit.

Avec ce nouvel opus de la collection Avec mon doigt…, l'enfant développe son sens du toucher grâce aux volets et rabats à ouvrir, aux trous et rainures à parcourir, aux matières à tripoter du bout des doigts. Douceur, rugosité, mollesse, les sensations se succèdent pour que l'enfant appréhende au mieux le monde qui l'entoure. L'ouïe est aussi de la partie avec, pour chaque double-page, deux univers sonores en rapport avec la scène représentée à déclencher. Les plus grands s'amuseront à chercher sur les illustrations de Stella Baggott le détail associé à chaque son.

Les éditions Usborne proposent aux tout-petits un album ludique et coloré à feuilleter et découvrir du bout des doigts, tout seul ou avec sa maman ou son papa.

Volubilis habite avec sa grand-mère. Chaque jour, elle tricote son écharpe pendant que sa grand-mère crée de la dentelle. Plus tard, Volubilis pourra partir, sa grand-mère le lui a promis. Mais la petite fille doit attendre d'être grande pour recevoir les trois clés permettant d'avoir accès au monde. Enfin, le jour de ses huit ans, Volubilis est assez grande pour recevoir la première clé qui ouvre la première porte et partir explorer le premier jardin. La petite fille va-t-elle découvrir le monde ?

Dans ce conte très poétique, les mots de donnent le sens du voyage. Avec Volubilis, vous partirez découvrir le monde mais apprendrez aussi l'art d'être patient et fidèle à ses promesses. Grâce aux illustrations de Choi Jung-in, le voyage s'effectue encore plus vite et les couleurs émerveillent les sens. Bien sûr, rien ne vaut le monde créé par l'imagination et le dénouement de Volubilis le montre bien. Mais chut! Nous ne dirons pas la fin! A vous de lire Volubilis et vous participerez à ce beau voyage.

Que ne sait-on déjà d’Octave Mirbeau, que sa correspondance en quatre volumes ne nous apprendrait ? Journaliste couru, il fut romancier et dramaturge, certes oui : l’intellectuel se passionna pour des luttes évoquant de grands principes de Vérité et de Justice.

Et il conversait avec tout ce que son époque proposait d’artistes, de penseurs, d’hommes de presse ou de personnalités du théâtre – autant qu’avec des politiques.

Ce dernier volume ne fait qu’asseoir toute la splendeur du verbe, et offre quelques centaines de pages – 1248 précisément – pour se convaincre qu’il compte parmi les grands hommes de lettres.

Indispensable (et les trois premiers tomes tout autant !).