J'ai donc attendu. Patiemment, sur mon banc. Le groupe de jeunes, lui, n'avait pas ma patience ; ils partirent s'engouffrer en direction de Pey Berland. Je continuais d'attendre. Il faisait froid. Mes mains étaient gelées. Ma gorge était un volcan en éruption. Elle m'irritait de l'intérieur comme si j'avais mangé un bouquet d'orties. [De] grandes vagues de démangeaisons coulaient le long de la trachée. J'avais envie d'inciser ma pomme d'Adam au scalpel, la retirer, de passer ma main dans mon cou et de [... ] gratter cette gorge. Mon téléphone vibra dans la poche. C'était mon voisin. Son texto était à la fois plus glaçant et plus carbonisant qu'un paiement refusé aux toilettes publiques. Guera est un personnage que j'ai créé, ou plutôt que je traîne depuis le berceau. C'est la première fois que je signe un livre avec ce nom. Je prends le parti de ceux qui disent qu'une oeuvre est indépendante de son auteur, qu'un mauvais messager peut apporter un bon message [et vice versa]. Lorsque je vis, j'expérimente la réalité. Guera, lui, vient [... ] pour exprimer la réalité. C'est un témoin en quelque sorte.
Commenter ce livre