#Essais

La cause amoureuse. Freud, Spinoza, Racine

Monique Schneider

Devenu arpenteur du territoire stratifié de la mémoire, Freud fait l'expérience d'un séisme: les scènes attachées aux réminiscences quittent leur ancrage dans le passé pour exiger une rétribution amoureuse immédiate. Une créature hybride, " Lucifer-Amor ", dont le rôle est dit " indésirablement grand ", s'est donc invitée d'elle-même dans la scène analytique. Une défense s'organise contre cet " enfer intellectuel ", dans lequel Freud, côtoyant la pensée de Spinoza, croit voir le fruit d'une " fausse liaison ". L'amour serait l'œuvre d'une causalité sauvage posant l'autre comme cause d'une métamorphose de soi. " L'amour n'est rien d'autre que... ": telle est l'opération de " rabaissement " par laquelle Freud, empruntant la formule à Spinoza, introduit la définition de l'amour. En dépit des risques d'aliénation qui guettent la dépendance amoureuse, Freud n'en décide pas moins de se faire avocat de la cause qu'il attaque: " on doit se mettre à aimer pour ne pas tomber malade ". La formule freudienne fait écho à une thématique racinienne. " Elle veut voir le jour ", dit Oenone de Phèdre. C'est sur fond d'interdit de naître que s'imposera l'urgence amoureuse, ouverte aussi bien sur le risque sacrificiel que sur l'impératif émanant de diverses sources: " Vivez. "

Par Monique Schneider
Chez Seuil

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Editeur

Seuil

Genre

Psychologie, psychanalyse

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10/04/2008 329 pages 23,30 €
Scannez le code barre 9782020964920
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