La méfiance dont l'œuvre de Proust témoigne envers la tradition littéraire française, tant du néo-classicisme que de " l'art. pour l'art ", semble avoir eu pour corollaire des références à des contre-modèles étrangers - notamment anglais, allemands ou russes - desquels procède en partie ce providentialisme qui imprègne A la recherche du temps perdu. Second paradoxe essentiel., Proust aura découvert des traits importants de sa " modernité " sans connaître les écrivains européens qui peuvent nous apparaître comme les plus proches de lui parmi ses contemporains, Robert Musil, ltalo Svevo ou James Joyce (sur l'œuvre desquels portent plusieurs des parallèles comparatistes de ce livre) mais en proposant des lectures empathiques et " en avance sur son temps " de grands romanciers du XIXe siècle comme Flaubert, comme Tolstoï ou comme Dostoïevski. Ce vaste parcours culturel, mis en rapport avec des chapitres consacrés aux représentations proustiennes de "l'amour-jalousie", montrera aussi à quel point: l'affect et l'intellectualité se sont trouvés étonnamment imbriqués chez un écrivain qui a toujours su admirablement faire dialoguer avec sa fantasmatique propre les grandes œuvres du répertoire.
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