Ahmadou Kourouma (1927-2003) est l’auteur africain le plus étudié dans les universités du
monde entier et celui sur lequel on a écrit le plus. Devenu écrivain pour réparer des injustices,
notamment celles de la colonisation en Afrique, il avait affirmé: « Écrire pour moi, ça sert à vider
une colère, à relever des défis ». Et c’est bien sur cette affirmation que repose la présente analyse
de son deuxième roman, Monnè, outrages et défis. Elle s’articule autour de deux axes différents et
pourtant complémentaires. Le premier défi est celui de la dénonciation des méfaits de l’Autre – les
colonisateurs pour l’invasion de l’Afrique –, mais aussi du Soi – les Africains pour les politiques
africaines du postcolonialisme. Quant au second défi, il passe par la langue du colonisateur, le
français, dont Kourouma va casser le lexique et la syntaxe en jouant sur le rythme et l’oralité
du malinké, sa langue maternelle. Ainsi langue et histoire s’entremêlent dans une seule oeuvre,
comme les couleurs sur un même tableau.
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