#Essais

L'inconstance dans la comédie du XVIIIe siècle

Karine Bénac-Giroux

Dans la comédie du XVIIIe siècle, le thème de l'inconstance trouve à se déployer sous un large éventail de formes : qu'elle soit pure tentation ou bien coutumière dans les tableaux de moeurs d'une société libertine, sa représentation passe par toute une gamme de déclinaisons dans les comédies de Marivaux mais aussi de ses devanciers, contemporains et successeurs. Du tout début du siècle jusqu'aux années 1790, ce motif constitue aussi bien un lien dialogique entre les oeuvres qu'une réflexion interne de la comédie sur elle-même, associée à une véritable mise en cause de l'identité du sujet. Se substituant fréquemment, comme pivot de l'intrigue, à l'amour, l'inconstance indique combien le sentiment amoureux lui-même est remis en question, subordonné qu'il est au plaisir et aux satisfactions de l'amour-propre. L'inconstance semble alors devenir une des constantes de l'homme sensible et passionné du XVIIIe siècle en tant qu'il cherche à se sentir exister. C'est parce qu'il ne saurait trouver son bonheur que dans l'action et le mouvement que le personnage de la comédie des Lumières, soumis à l'aiguillon perpétuel de l'inquiétude, se trouve sans cesse confronté à son inconstance ou à celle de l'autre, dans ou hors du mariage, avec ou sans amour. Que cette quête aboutisse à une progression du personnage vers un nouveau mode d'être, ou qu'elle s'achève sur un échec et un ressassement, elle semble bel et bien attester d'une relation nouvelle de l'individu à soi-même, marquée par la mobilité, la complexité des désirs et le caractère insaisissable du "moi".

Par Karine Bénac-Giroux
Chez Editions L'Harmattan

0 Réactions |

Genre

Critique littéraire

Commenter ce livre

 

12/04/2010 291 pages 28,00 €
Scannez le code barre 9782296112261
9782296112261
© Notice établie par ORB
plus d'informations