#Essais

Louis-Ferdinand Céline. Récurrence lexicale et poésie du style dans Voyage au bout de la nuit

Bianca Romaniuc-Boularand

Dans ses déclarations théoriques, Céline n'a de cesse de se définir comme poète. Alors qu'il est communément reconnu comme styliste, travailleur pointilleux de la forme, sa nature de "poète" pose problème à cause du genre même pratiqué, le roman. Reprise comme un acquis par l'exégèse célinienne, cette image de poète manquait d'un démontage réel de ses mécanismes. L'auteur articule son analyse autour de la notion de rythme, envisagé comme essence de la poésie, et propose de démontrer que le rythme célinien est, en grande partie, affaire de récurrences lexicales, autant formelles que sémantiques. Dans le dernier chapitre, prenant en compte les principes de récurrence précédemment mis en évidence, l'auteur propose une reconsidération de l'herméneutique d'ensemble du texte. Quasiment sans exception, la critique célinienne place la signification de ce roman sous le signe du désespoir et considère qu'aucune forme d'échappatoire n'est possible et que le "voyage au bout de la nuit" n'aboutit nulle part. C'est effectivement le cas si l'on prend en compte uniquement les données dénotatives et prosaïques du texte. Or, les récurrences lexicales, de nature poétique, laissent entendre une solution, qui est l'écriture même du roman. Voyage semble être plus qu'un roman du désespoir. C'est un ars poetica, caché dans la finesse de ses signifiants, qui montre le cheminement du désespoir vers une écriture révélée, poétique.

Par Bianca Romaniuc-Boularand
Chez Editions L'Harmattan

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Critique littéraire

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11/10/2018 219 pages 24,00 €
Scannez le code barre 9782343151441
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