#Essais

Renaissance littéraire & conscience nationale. Les premiers romans en français au Liban et en Egypte (1908-1933)

Catherine Hervé-Montel

Sous l'impulsion de la Nahda et de l'expansion scolaire du français, une littérature romanesque francophone apparaît au début du XXe siècle au Liban et en Égypte lorsque s'affirment les consciences nationales : les identités collectives prennent forme dans des récits qui construisent les imaginaires nationaux en fixant de grands mythes et en débattant des valeurs sociales nouvelles. Ces premiers romans héritent d'une part de la littérature arabe classique constituée en patrimoine culturel national, d'autre part de la littérature française qui fournit de grands modèles esthétiques - roman historique, réaliste et naturaliste - mais aussi des représentations du pays - littérature de voyage, littérature coloniale. Au "Levant", le français est une alterlangue - autre langue possible -, mais les romans sont plus nettement marqués par le contact des langues et des cultures en Égypte, par les normes du français scolaire au Liban. Éditées à Paris, les oeuvres sont engagées dans des circuits de reconnaissance différents : les romanciers du Liban sont accueillis par les cercles nationalistes barrésiens, les romanciers d'Égypte par les internationalistes pacifistes et la revue Europe. Sur le plan local, la littérature francophone est intégrée à la téléologie nationale libanaise, car le bilinguisme est impliqué par la vocation de carrefour imaginée pour le Liban par ses premières élites nationales. En revanche, malgré une dynamique bilingue remarquable dans l'entre-deux-guerres, l'espace littéraire égyptien se fracture au milieu des années 1930 lorsque les écrivains francophones s'affranchissent des thèmes purement nationaux.

Par Catherine Hervé-Montel
Chez Librairie orientaliste Paul Geuthner

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Critique littéraire

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03/03/2012 603 pages 48,00 €
Scannez le code barre 9782705338459
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