J'ai bien connu ta mère

Gibrat Claude-sophie

Une femme recherche le premier amour de sa mère à partir des carnets qu'elle a trouvés après sa mort. Un retour dans les années de la deuxième guerre mondiale. L'écriture comme fil rouge d'une vie...

Par Gibrat Claude-sophie
Chez Les Editions du Net

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Genre

Littérature française

Cet ouvrage est une fiction.

 

«  La fiction est le mariage 

de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est pas. »

Georges-Olivier Châteaureynaud

 

 

 

Carcassonne - mars 2006 

Éloge funèbre de Susan - par Camille

Elle me disait :

 

À Axillan, pendant la guerre d’Espagne, on entendait le canon de l’autre côté des Pyrénées et j’avais peur.

Quand j’ai perdu ma mère, en 1938,  je ne suis plus retournée à l’école, je suis restée avec mon père ; je n’ai pas trop souffert de la mort de ma mère, mon père était très présent pour moi.

La guerre de 40 a été une période qui m’a beaucoup marquée, mais nous n’avons jamais eu faim à Axillan, ton grand-père allait s’approvisionner à la montagne.

En décembre 1942, nous avons dû héberger deux soldats allemands à la maison et mon père a placé un verrou sur la porte de ma chambre. 

Plus tard, nous avons eu un parachutage des Américains, des sacs entiers de raisins secs ; j’avais fait un petit trou dans l’un d’eux et la nuit, j’allais en manger en cachette ; pour la première fois, j’ai mâché des chewing-gums.

Je ne pensais pas que je pourrais avoir un enfant et puis un jour, longtemps après mon mariage, j’ai été enceinte ; j’étais persuadée que j’accoucherais d’un garçon, c’est peut-être pour cela que je t’ai appelée Camille ; j’avais choisi également Dominique ou Claude ; ton père voulait t’appeler Annie, mais j’ai tenu bon.

C’est à ce moment-là que nous avons quitté la vieille maison, j’ai été épatée par le confort de notre nouvelle demeure ; ton grand-père est venu vivre avec nous, tu grandissais bien, tu étais sage et fantaisiste à la fois, je crois que cette période a été la plus heureuse de ma vie.

Quand ton grand-père est mort, je suis tombée malade et tu venais me voir à l’hôpital avec ton père.

J’ai toujours écrit, depuis mes 19 ans, l’écriture a vraiment été la compagne de ma vie ; avec les chats, les chats sont les amis silencieux des gens qui écrivent.

J’ai été heureuse quand tu m’as dit que tu aimais René Char.

Je pensais que tu écrirais, toi aussi, mais tu as trouvé la peinture, et la psychologie. 

 

Plus tard, elle m’a dit :

 

J’aime repasser, c’est une activité calme et solitaire, qui laisse de la place pour penser, et puis j’adore l’odeur du linge propre dans la vapeur du fer.

Je n’aime pas l’automne, je crois que c’est la période de la guerre qui m’a fait détester cette saison ; je suis toujours angoissée en automne.

J’ai toujours écrit mon prénom Susan, à l’anglaise, mais je suis la seule à le faire, avec toi, de temps en temps ; d’ailleurs ça ne plaît pas à ton père…

J’ai vu à la télé « Sur la route de Madison », j’ai adoré ce film, je l’ai acheté en cassette et je l’ai revu de nombreuses fois.

Une vie passe vite, tu sais, essaie de profiter de tous les instants.

 

Plus tard encore :

 

J’ai une jolie chambre à l’hôpital, tout le monde est gentil avec moi et les transfusions ne sont pas douloureuses.

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27/10/2014 170 pages 13,00 €
Scannez le code barre 9782312017372
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