#Essais

La mort de Prométhée

Claude Mineraud

Prométhée, le titan, a dérobé le feu aux dieux pour le donner aux hommes. Grâce à ce feu, les hommes ont pu exister et se défendre. Mais les hommes ont voulu devenir eux-mêmes des titans et, par la technologie, prétendre à l'immortalité. Ils ont, ce faisant, tué Prométhée dont le foie, dévoré la nuit et ressuscité le jour par la vindicte de Zeus, symbolisait la vie. Entraînés à leur perte par l'enchaînement diabolique des mécanismes qu'ils ont mis en place et dont ils ont perdu la maîtrise, les hommes sont condamnés à se robotiser. Le capitalisme, par le bras armé de ses multinationales, n'a plus de forces qui s'opposent à lui. Grâce à la haute technologie et à l'informatique, il contrôle et s'approprie la moindre parcelle de vie et d'activité, prive d'eau et de nourriture des populations entières, empoisonne océans et territoires, met à feu et à sang la planète entière et menace à tout moment de la faire exploser. Quand la science-fiction devient réalité, ce sont les figures des mythes fondateurs qui volent en éclats.

Par Claude Mineraud
Chez Editions de La Différence

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Genre

Economie

II
Fausses Élites, vrais coupables

 

 

Dans la plupart des pays du globe, la corruption, un signe de décadence quels qu’en soient les moyens employés et la forme, infeste aujourd’hui la plus élémentaire manifestation de la vie professionnelle, économique, sociale et intellectuelle. 

Un pays bascule dans la décadence lorsque ses élites, taries par un cursus universitaire exclusivement orienté vers le carriérisme, limitent leur ambition à suivre les divers canaux balisés d’une « sectomanie » de caractère souvent franc-maçonnique, échangeant contre leur réussite sociale la créativité qui illuminait leur enfance et la rébellion qui compensait les inquiétudes et les frustrations de leur adolescence. 

En France, par exemple, le courage et l’intelligence ont déserté des « élites » emmurées dans la caste que leur ont procurée la famille, l’école, la profession ou le hasard manipulé des rencontres. Ce sont elles qui, sorties de grandes écoles ou d’universités financées par des deniers publics, en complète contradiction avec les soutiens et privilèges que la société leur réserve, sont, entre autres forfaitures, responsables de la dégradation de la langue française. Elles ont anglicisé, soutenues par des médias qui ne savent plus ni penser, ni écrire, ni parler, une multitude de termes qui ont pourtant leur claire et distincte expression dans la meilleure langue de ce pays. Elles ont accéléré le mouvement en imposant le jargon dont la haute technologie inonde les différentes couches de la population, surtout les enfants en raison de leur réceptivité. 

Qui élèvera la voix contre la déchéance culturelle propagée par certaines utilisations de l’Internet que de surpuissantes multinationales, surgies comme des champignons vénéneux, déversent sur la planète, dans le double but d’accroître leurs profits déjà faramineux, mais aussi, devenues incontournables, d’échapper à tout contrôle des pouvoirs publics qu’elles dominent et instrumentalisent, quelle que soit la taille du pays. 

Les classes politiques sont abîmées dans la veulerie d’une démarche qu’elles n’osent pas avouer et dénoncer alors qu’elles trouveraient dans cette accusation la seule façon de récupérer un pouvoir qui leur a échappé. Ne demandent-elles pas aux médias dont elles disposent de recouvrir du manteau du silence ou du bavardage l’analyse politique des ravages d’un monde en perdition en focalisant l’attention vers des procès secondaires qui n’auront d’autre réelle signification que de déjouer la vigilance et de détourner l’indignation ?

Qui ne voit désormais en ces procès de quelques hommes ou femmes un autre objectif que celui de fixer l’attention des foules sur des boucs émissaires ultra-médiatisés, qui, il est vrai, s’y prêtent, dans le but de dissimuler les crimes collectifs commis par des groupements ou des organismes unis dans la même illégalité, agissant en étroite collusion avec les milieux politiciens qui leur servent de boudoirs ou de paravents, de fournisseurs ou de cautions ? 

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09/04/2015 160 pages 16,00 €
Scannez le code barre 9782729121648
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