#Polar

Du son sur les murs

Frantz Delplanque

Au départ, Jon Ayaramondi était déménageur. Tueur, il l’est devenu à la suite d’une peine de coeur. Après avoir commis trente et un crimes parfaits, c’est son grand coeur qui de nouveau l'a fait basculer. Il ne pouvait décemment pas laisser Perle être violée et tabassée par son mec sans intervenir ! En retour, la jeune femme déboule brusquement dans sa vie. Puis Luna, sa fille. Que fait-on quand on a trop de coeur ? On part à la recherche d’Al, le nouvel homme de Perle, ayant inopinément disparu, un pêcheur estropié qui ne vous plaît guère… Décidément sur la mauvaise pente, Jon reprend mollement du service, afin de retrouver le porté disparu. Il croise Burger, tueur pour le compte de Marconi, comme lui. Ce qui déjà est inquiétant. Flamby, le copain d’Al, est retrouvé « suicidé ». Et le passé d’Al lui paraît de plus en plus obscur. Une chose est sûre, il se trouve embringué dans une affaire qui s’avère être beaucoup plus complexe que prévu. C’est alors que Louise, la femme dont il est tombé amoureux, est assassinée. Encore une affaire de coeur… Flanqué de Valentin, son ancien chauffeur, devenu le chanteur d’un groupe de rock, et d’une bande de gitans, il se lance à la poursuite de Burger. Qui tire les ficelles ? Marconi ou la veuve d’un gangster espagnol ? Et pourquoi ?

Par Frantz Delplanque
Chez Seuil

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Editeur

Seuil

Genre

Policiers

Les tueurs sont rarement des gens prévoyants. C'est un métier où l'on ne cotise pas pour la retraite. J'en connais peu qui mettent de l'argent sur un livret à la Caisse d'épargne en prévision de leurs vieux jours. J'imagine que notre espérance de vie moyenne ne doit pas aller chercher bien loin, mais on manque de statistiques à ce sujet.

En ce qui me concerne, j'ai pu faire valoir mes droits à la retraite auprès de mon employeur le jour où je suis entré dans son bureau en disant :

– Marconi, je sais vos accointances avec le député Mendilahatxu. Je connais la moitié des commanditaires des crimes dont vous m'avez confié l'exécution. 

Il était flanqué d'Antoine, son inusable homme de main, grand, maigre, gris. Taillé dans un bloc de marbre funéraire. Effrayant.

– Jon Ayaramandi, tu sais que j'ai plus de vingt tueurs à mes ordres pour te faire taire à jamais ?

Antoine avait la main posée sur le cœur. Pas loin du flingue. J'ai répondu :

– J'y ai pensé patron. Mais écoutez ce que j'ai à vous dire : j'ai commis trente-deux crimes, dont trente et un pour vous, trente et un crimes parfaits. J'en ai écrit la chronique. J'ai trouvé un éditeur qui a accepté d'attendre ma mort pour la publier, ça s'appellera J'étais l'un des tueurs de Marconi. Il a ça sur un disque dur, aussi inaltérable qu'un cœur de radium.

Marconi m'a adressé un sourire attendri.

– Tu t'es pas foulé pour le titre.

Il m'a semblé qu'Antoine se détendait – autant que faire se peut quand on est taillé dans le marbre. Et même, j'ai cru percevoir un soupir de soulagement. Je suis peut-être candide, mais je me plais à croire que ça lui aurait fait de la peine d'avoir à me transformer en mort. Je leur ai serré la main et j'ai dit :

– Y a plus qu'à prier pour ma longévité.

Depuis, Marconi me tanne pour que je lui envoie un exemplaire du manuscrit.

– Que je sache au moins pour quoi je paye.

 

Avoir su m'arrêter de travailler est la seule chose intelligente que j'ai faite dans ma vie. Et sans doute aussi la plus originale : c'est ce qui me distingue, non pas du commun des mortels, mais de celui des tueurs.

Depuis, je me suis « installé » à Largos, du côté de la voie ferrée, dans un ancien quartier ouvrier devenu « résidentiel ».

Voici ce qu'on peut dire de mon « pavillon » : discret, un certain charme, de l'ancien – notez que ces trois qualificatifs peuvent aussi bien s'appliquer à ma modeste personne. À quoi j'ajouterais : sobre, confortable et fonctionnel – là s'arrête la comparaison.

Je paye à peine huit cents euros de loyer. À mon âge il était trop tard pour une première accession à la propriété.

J'ai l'Adour et la zone industrielle au bout de ma rue.

La plage et la forêt sont à vingt minutes à pied. La mer fait un tel boucan quand il y a du vent d'ouest qu'on ne s'entend plus ruminer ses mauvaises pensées.

L'air iodé est chargé de relents d'hydrocarbures et de métaux lourds, mêlés aux effluves de pin et de bruyère en provenance de la forêt landaise.

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13/10/2011 391 pages 21,80 €
Scannez le code barre 9782021058734
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