Prologue
Los Angeles, Californie
Ce matin-là, quand le verdict tomba dans la salle d’audience du tribunal, le silence s’était fait. La police venait d’informer la juge qu’elle n’avait pas assez de preuves pour inculper l’accusée, Isabella Fortuna de Ravel Peretti, plus connue sous son nom de scène : Bibi Fortunata. La célèbre chanteuse était soupçonnée du double meurtre de son amant et de sa meilleure amie, qui entretenaient une liaison.
Les premières exclamations de surprise furent suivies de cris, de huées et de vociférations. La juge frappa plusieurs coups de marteau pour ramener le calme tandis que les forces de l’ordre essayaient de contenir le chaos. Peine perdue : il fut impossible de retenir ni les journalistes qui, déjà, se ruaient à l’extérieur, hurlant dans leurs téléphones portables, ni les paparazzi qui poussaient sans ménagement les gêneurs pour brandir leurs appareils photo et saisir le beau visage de Bibi Fortunata sur un cliché qui leur rapporterait une fortune.
Tête baissée, Bibi s’engouffra à l’arrière de la Range Rover noire où elle s’assit, genoux serrés, en grande dame respectable, dissimulant derrière son sac à main son visage inondé de larmes. La voiture démarra, fendant la foule en délire.
Tout le monde connaissait Bibi, l’artiste la plus en vogue de Los Angeles : chanteuse, parolière, actrice, célébrité. On disait que toutes les femmes auraient voulu être à sa place, que tous les hommes la désiraient. À l’exception de toute évidence de son amant qui, à l’instar de son mari par le passé, ne s’était pas gêné pour la tromper.
Waldorf Carlyle était pourtant un homme à qui elle avait tout donné : elle avait financé son ascension, l’avait présenté à des personnalités influentes du show-business et l’avait aidé à décrocher des rôles. Cela avait dû lui monter à la tête et, comme dans la plupart des liaisons extraconjugales, il avait succombé aux avances d’une amie du couple. Comment aurait-il pu résister quand Brandi s’était « offerte à lui, jambes écartées, au mépris de toute pudeur ? » avait persiflé Bibi le soir où elle avait forcé sa « meilleure amie » à passer aux aveux.
— Tu avais décidé de le séduire. Il n’a eu qu’à frapper à ta porte et tu lui as ouvert, nue, à l’exception d’un string noir.
— Comment le sais-tu ? avait demandé Brandi, stupéfaite. Elle avait compté sur la discrétion de Waldorf, convaincue que jamais il ne la trahirait. Ce dernier s’était pourtant fait un plaisir de raconter ses prouesses à Bibi, sans lui faire grâce du moindre détail.
— Quelle ordure ! avait sifflé Brandi entre ses dents serrées.
— Et toi, tu es une belle garce ! avait rétorqué Bibi avant de fondre en larmes.
Après avoir fini son verre de vin ordinaire (un sauvignon blanc à deux dollars que, secrètement, elle trouvait délicieux), Brandi avait reposé le verre qui portait l’empreinte de son rouge à lèvres rose, la bouche tordue par un sourire méprisant.
Extraits
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