In memoriam
James Eastwood Kay
1902-1985
Introduction
Ce recueil représente toute ma production de nouvelles au cours de ces quinze dernières années, ce qui relève un peu de la plaisanterie. J’avais pensé l’intituler Toute la prose courte, mais c’eût été pousser la plaisanterie un peu loin. Car il ne m’est pas facile de faire court, justement. Ce qui m’attire, dans la fiction, c’est plutôt la complexité, le panorama, et chez moi, il est plus fréquent que des idées nées sous forme de nouvelles, comme La maison du sommeil, prennent l’épaisseur d’un roman. Trois fois, cependant, pour répondre à l’amicale pression de directeurs littéraires et d’éditeurs, j’ai réussi à me fixer des limites, et en voici le résultat. « Ivy and Her Nonsense » est paru dans The Penguin Collection (1995), « 9th & 13th » dans The Time Out Book of New York Short Stories (1997) et une version plus longue et moins maîtrisée de « V.O. » dans New Writing (1998). « 9th & 13th » existe déjà sous forme orale, avec accompagnement au piano composé et exécuté par Danny Manners, sur le CD du même nom, publié en France sous le label Tricatel (Tricatel, album 18). On peut parfois trouver ce texte en ligne à l’adresse www.tricatel.com.
Au début de ma carrière, pendant sept ou huit ans, j’ai écrit des critiques assez régulièrement pour les magazines, et lorsqu’on m’a demandé cette petite compilation, je me suis tout d’abord dit que c’était l’occasion rêvée de tirer de l’oubli quelques joyaux journalistiques qui y étaient indûment tombés. Toutefois, après avoir dragué les fonds de mon disque dur, je suis parvenu à la conclusion qu’ils ne méritent guère mieux, dans l’ensemble. J’ai fait une exception pour le « Journal d’une obsession », qui n’a jamais été publié en anglais, l’article m’ayant été commandé par les Cahiers du Cinéma. J’ai un faible pour ce texte, parce qu’il exprime mon admiration à l’égard de Billy Wilder et d’un de ses plus grands films, qui est aussi l’un de ses plus méconnus ; et aussi parce qu’il concerne, en partie du moins, mon grand-père, James Kay, personnage qui apparaît aussi sous le couvert de la fiction dans « Ivy et ses bêtises ». Mon grand-père est mort il y a plus de vingt ans, mais je rêve encore souvent de lui, et je parle de lui à mes filles. Son dynamisme, son humour pince-sans-rire et son amour des livres ont exercé une influence primordiale sur mon enfance. Le dernier conseil ou presque qu’il m’ait donné avant de mourir était d’entrer dans l’enseignement et d’oublier l’écriture pendant très très longtemps. Comme tous ses conseils, il me le dispensait avec amour, et dans les meilleures intentions. J’aurais bien aimé qu’il voie mes œuvres publiées, quitte à ce que son verdict soit sévère. Il me semble donc juste, en somme, que ce petit recueil soit dédié à sa mémoire.
Ivy et ses bêtises
Extraits
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