Neimad Siobud

Un déménagement, c'est un gros chantier, un énorme travail de tri, d'organisation, de coordination. C'est d'autant plus compliqué qu'il s'agit de vider la maison de sa mère, qui part vivre dans une résidence autonomie pour personnes âgées. En plus de la fatigue physique, s'ajoute l'épreuve psychologique : affronter la vieillesse d'un être aimé et mettre sa vie à plat réprésente une forme de deuil avant l'heure. Et quand la situation est difficile, la tension monte, les désaccords se multiplient et les reproches fusent, entre frère et soeur, ou plutôt de la soeur aînée vers le frère.

Une rencontre sur un réseau social d'un continent à un autre, une amitié débutante, quand l'un des deux hommes lance un appel au secours : la misère et la faim menace sa famille. D'une culture à l'autre, d'une pauvreté à l'autre, les difficultés sont réelles quoique différentes. Chacun tente de faire entre son point de vue et son contexte de vie. Mais la question se pose : peut-on faire confiance à quelqu'un qu'on ne connaît que par écran interposé?

Les problèmes d'adultes dans les fratries réveillent le blessures d'enfance, s'y agglomèrent, les exacerbent. Les différences de mode de vie, de point de vue ou autres créent des malentendus et des jalousies ... Chacun campe sur ses positions, sûr d'avoir raison. Pourtant, la tendresse et l'amour résistent. Je t'aime, se disent-ils. Tes mots me causent du chagrin, se répondent-ils. Qui aime bien châtie bien, pourraient-ils entonner en coeur. Maladroitement et malgré l'autre, sans que leur sensibilité respective leur permette de le voir, comme dans le conte, le prince cygne s'efforce de protéger de ses ailes sa soeur, qui, elle, met en oeuvre ce qu'elle peut pour le délivrer du sort que la vie lui a jeté.

Des analyses différentes de celles auxquelles il nous a accoutumés, sur la présidence qui tournerait au vinaigre pour ceux qu'on croirait protégés, à la suite d'un préambule sur une guerre qui n'offre de regard complaisant sur aucun de ses concitoyens, notre auteur semble rebelle. Dans un huit clos où s'entrechoque chez lui la masse d'informations qui deviendrait gangrène, il se débat dans ses conflits internes comme ceux externes à son pays, ne trouvant comme à son habitude que des pistes d'investigation qu'il ne sait ni ne veut vérifier tellement elles l'effraient. Dans ce livre, l'auteur s'interroge, prend parti, dénonce, hésite et conclut avec Brassens que "mourir pour des idées, d'accord, mais de mort (plus que) lente". Il ne laisse personne indifférent, poussant le lecteur à se questionner à son tour. Damien Siobud n'a cette fois pas le coeur à l'humour et souhaiterait qu'on s'alerte. Il fait le lien entre Neimad SIOBUD (de "Ce Qu'Elle Peut Voir") et Damien.

Un adolescent, ses parents, sa grand-mère, des amis... Ca pourrait vite dégénérer en situation de crise et tourner au drame ou à la comédie ! Rien de tout ça chez Damien Siobud. Par petites touches de tendresse, d'émotion, d'humour et surtout d'amour, il nous peint un tableau des joies, des petits tracas et parfois des grosses peines d'une famille qui prépare Noël. Il nous raconte tous ces moments qui réunissent les êtres et renforcent les liens entre les générations à l'heure d'accueillir l'invitée surprise de ces fêtes de fin d'année. Sous la forme d'un roman-photo revisité, l'auteur nous offre ici une grande sérénité, peut-être une certaine idée du bonheur.

Composé d'une nouvelle et d'un essai, La mort d'une France, c'est un peu d'humour puis un coup de gueule contre les institutions qui broient ceux qui ne se fondent pas dans le moule. Une révolte contre les injustices de cette France - dont le système impose à la population de se plier à ses règles et qui bride les différences - gronde dans le coeur de l'auteur. Et quand la colère gronde, la bienséance vole en éclats, déjà dans le vocabulaire. C'est avec des mots crus que Damien Siobud nous expose les raisons de sa fureur et rejette les institutions comme elles l'ont toujours rejeté, des mots clairs qui évoquent la brutalité qu'elles continuent à lui infliger. Tout ça parce que, contrairement à la libellule, qui vole en ligne droite, lui vole comme le papillon, en dehors de l'ordre établi ! "Je crois ne pas avoir employé dans le livre le mot viol assez précisément ou souvent et n'y tiens pas, je suis donc l'accusé tant que le viol n'est pas deviné donc reconnu en le prononçant , qu'il sorte de sa chrysalide. Tout cela est donc normal dans un monde normal, on voit le mal là où il n'est pas et du mauvais côté" , ajoute-t-il.