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9782849095669

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Romans historiques

La rue

La rue n'a-t-elle pas sa vie pittoresque et joyeuse ? Qu'est-ce donc par exemple, que cet homme habillé en officier supérieur, avec un képi à cinq galons, un pantalon tout frangé d'or, teint jaune, barbe grise, qui a dix-huit bagues à chaque main, des traînées de crachats sur la poitrine, et dont les doigts de pied trouent les souliers ? Chaque boulevard, chaque quartier, ce jardin, ce square, ont leurs habitués excentriques, entêtés, qui font retourner la tête à tous les passants. Leur biographie, si on la tenait, aurait une saveur sans pareille. Je choisirais, de préférence, je l'avoue, les endroits ignorés, les terrains populaires, et je rechercherais les tableaux émouvants, bizarres, contrôlant la légende, ressuscitant les drames. Les ouvriers, les malheureux, tous les laborieux et les souffrants auraient en moi non pas un avocat, mais un historien. Je ferais la statistique du salariat et si je n'avais pas peur d'effrayer, celle de la misère. Je suis du peuple, et ma chronique aussi.

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Littérature française

La rue

La rue n'a-t-elle pas sa vie pittoresque et joyeuse ? Qu'est-ce donc par exemple, que cet homme habillé en officier supérieur, avec un képi à cinq galons, un pantalon tout frangé d'or, teint jaune, barbe grise, qui a dix-huit bagues à chaque main, des traînées de crachats sur la poitrine, et dont les doigts de pied trouent les souliers ? Chaque boulevard, chaque quartier, ce jardin, ce square, ont leurs habitués excentriques, entêtés, qui font retourner la tête à tous les passants. Leur biographie, si on la tenait, aurait une saveur sans pareille. Je choisirais, de préférence, je l'avoue, les endroits ignorés, les terrains populaires, et je rechercherais les tableaux émouvants, bizarres, contrôlant la légende, ressuscitant les drames. Les ouvriers, les malheureux, tous les laborieux et les souffrants auraient en moi non pas un avocat, mais un historien. Je ferais la statistique du salariat et si je n'avais pas peur d'effrayer, celle de la misère. Je suis du peuple, et ma chronique aussi.

08/2010