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9782707310477

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Philosophie

CINEMA. Tome 2, L'image-temps

Comment l'image-temps surgit-elle ? Sans doute avec la mutation du cinéma, après la guerre, quand les situations sensori-motrices font place à des situations optiques et sonores pures (néo-réalisme). Mais la mutation était préparée depuis longtemps, sous des modes très divers (Ozu, mais aussi Mankiewic, ou même la comédie musicale). L'image-temps ne supprime pas l'image-mouvement, elle renverse le rapport de subordination Au lieu que le temps soit le nombre ou la mesure du mouvement, c'est-à-dire une représentation indirecte, le mouvement n'est plus que la conséquence d'une présentation directe du temps : par là même, un faux mouvement, un faux raccord. Le faux raccord est un exemple de " coupure irrationnelle ". Et, tandis que le cinéma du mouvement opère des enchaînements d'images par coupures rationnelles, le cinéma du temps procède à des ré-enchaînements sur coupure irrationnelle (notamment entre l'image sonore et l'image visuelle). C'est une erreur de dire que l'image cinématographique est forcément au présent. L'image-temps directe n'est pas au présent, pas plus qu'elle n'est souvenir. Elle rompt avec la succession empirique et avec la mémoire psychologique, pour s'élever à un ordre ou une série du temps (Welles, Resnais, Godard...). Ces signes de temps sont inséparables de signes de pensée et de signes de parole. Mais comment la pensée se présente-t-elle au cinéma et quels sont les actes de parole spécifiquement cinématographiques ?

03/1994