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9782343103891

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Religion

Guerre de religion et police de la pensée : une invention monothéiste ?

Les religions abrahamiques ont développé une nouvelle motivation de violence : celle de détruire les dieux d'autrui pour imposer le sien. Au nom de l'introduction, inédite jusque là, de la notion du vrai et du faux dans le domaine des dieux. L'extirpation de l'idolâtrie a justifié des persécutions religieuses, des guerres de religion, un impérialisme de la pensée qui s'est illustré par l'Inquisition, et qui, au nom de l'évangélisation, prétend détruire tout autre système religieux. En comparaison, le polythéisme a parfois interdit des pratiques religieuses qu'il jugeait dangereuses pour l'ordre public, mais il n'a jamais qualifié un dieu de faux, ni engagé de guerre pour promouvoir un dieu, ni détruit les dieux des peuples vaincus. La pluralité des aspects de la vérité, la relativité de tout énoncé y étaient reconnues. Cette prévention contre l'absolu ne fut retrouvée en Europe qu'à partir de la Renaissance. Des rechutes débouchèrent néanmoins sur la Terreur, sur les " religions séculières ", sur les fondamentalismes. Via la mondialisation, la tentation de l'absolu tend aujourd'hui à contaminer d'autres religions. Prétendre que les religions monothéistes ne sont que " de paix et d'amour " constitue une présentation tronquée de la réalité. Ce qu'elles veulent d'abord, c'est purifier, convertir, exercer une emprise sur les âmes. II tend à en résulter une diabolisation de l'adversaire et une sacralisation de la violence. Ce diagnostic reste pourtant contesté voire inaudible. Aussi ne faut-il guère s'étonner de ce que la fin des guerres de religion n'intervienne le plus souvent qu'après un lourd tribut de violence, et que la solution ne vienne pas du monde religieux, mais de la société civile. Cet essai est le premier d'une trilogie. II vise à présenter les faits. Le second partira à la recherche des mobiles, et suggérera une voie de solution. Le troisième discutera les arguments des opposants à la thèse de la violence monothéiste.

10/2016