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9782296545977

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Sciences politiques

Le monde vu à la frontiere

Le XXe siècle est riche en création de frontières qui soulignent les disparités ou marquent les différences entre des individus, des groupes, des communautés et des peuples. À l'augmentation incessante du nombre des États s'ajoute le partage des derniers espaces encore libres du monde, les océans, les mers et les détroits qui les séparent. La carte du monde n'est pas figée et son dessin se complique sensiblement depuis la fin de la guerre froide. L'étape actuelle de la mondialisation est une source importante de création de frontières. Membranes entre les territoires, elles oscillent, se tendent ou se dilatent. Les territoires se transforment, se déforment, prennent des formes nouvelles jadis inconcevables. L'Union européenne, très attractive, se cherche de nouvelles frontières périphériques tandis que les nouveaux Etats d'Asie centrale se consolident grâce à leurs nouvelles limites de souveraineté. À une autre échelle, la ville de l'Afrique du Sud post-apartheid produit de nouvelles coupures. La frontière, limite vitale à la dimension profondément humaine en tant qu'espace de rencontre et de reconnaissance, est aussi marquée par la souffrance liée aux cicatrices qu'elle laisse sur la Terre et dans le cerveau des hommes qui tentent de la passer. Quand elle s'articule à des éléments naturels, en particulier les fleuves, supports de bornage apparemment facile entre les Etats, elle reste plus conflictuelle que consensuelle. Se poster à la frontière pour voir le monde, c'est comprendre la fragmentation spatiale à toutes les échelles, regarder de chaque côté en observant l'ambivalence et la complexité des relations. Se poster à la frontière, c'est avoir envie de la traverser !

04/2011