C’est Libération qui nous fait l’honneur de cette mise au point, dans un article du 31 juillet. On y apprend notamment que ce sont les profs eux-mêmes qui ont la fâcheuse tendance d’entretenir cette idée. Pourtant, les syndicats sont clairs à ce sujet : nos enseignants ne sont pas oubliés deux mois de l’année. Mieux encore, cette idée reçue n’a aucun fondement juridique, il s’agit véritablement d’une vue de l’esprit.
L’article de Libération rapporte les propos de Joël Péhau, secrétaire national du syndicat Unsa. Ce dernier est on ne peut plus clair. Nous avons affaire à un « mythe. » Plus précisément, « les dix mois sur douze, cela remonte à une ordonnance prise avant que la fonction publique n’existe. On rapportait les dix mois de paye sur douze mois, mais c’est tombé. Depuis, il y a eu plusieurs décrets statutaires, en 1946, 1983 et 2003, et les profs sont bien payés douze mois sur douze, le reste, c’est de la littérature. »
De toute évidence, ces clarifications n’ont pas été des plus efficaces, puisque l’idée perdure depuis près de 70 ans... La répétition n’est pas la meilleure des pédagogies.
En revanche, si les profs sont bel et bien payés pendant les mois de juillet et d’août, ils ne reçoivent pas tous le même traitement. Entre ceux qui gagnent le moins et ceux qui gagnent le plus, il y a un écart de 1 à 4.
TOUS PAYÉS L’ETE, MAIS PAS TOUS PAREILS
Il y a peu, le ministère a jugé bon de faire le point sur les rémunérations des enseignants. La rue de Grenelle a dévoilé le détail des salaires des 845 000 profs, en se fondant sur les feuilles de paie de ces derniers. Résultat : la rémunération moyenne est de 2 469 euros.
Ces données permettent aussi d’en savoir plus sur les différences de salaires entre les enseignants. Le salaire le moins élevé est de 1 658 euros, tandis que le plus élevé est de 7 052 euros. Le premier correspond à un professeur stagiaire, en début de carrière. Le second à un enseignant de classe préparatoire avec plusieurs années déjà derrière lui. À noter que pour cette catégorie, les hommes sont surreprésentés. Alors que les femmes constituent 69 % de l’ensemble des profs, en prépa, deux enseignants sur trois sont des hommes.
Pour les instituteurs (maternelle et primaire), le salaire moyen est de 2 174 euros par mois ; pour les professeurs certifiés (collège et lycée), on monte à une moyenne de 2 566 euros par mois ; pour les agrégés, la moyenne se situe à 3 505 euros mensuels.
Comment expliquer ces différences ? Ce sont les primes et les heures supplémentaires du secondaire qui changent la donne. Par ailleurs, les enseignants du premier degré partent plus tôt à la retraite que leurs collègues du secondaire. Ils montent donc moins dans les échelons d’ancienneté.
Or ces échelons font varier assez sensiblement les salaires. Prenons le cas d’un professeur certifié. En début de carrière, il touchera 1 703 euros minimum par mois. Après 10 ans, 1 894 euros ; après 20 ans, 2 342 euros et après 30 ans, 2660 euros.
Vous pouvez aussi y ajouter par exemple, l’indemnité de professeur principal qui est comprise entre 74,62 euros et 111,41 (pour un professeur certifié). Du reste, toutes ces données sont disponibles en libre consultation sur le site du ministère, pour ceux qui voudraient se faire une idée plus précise.
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Martin Fisch
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