Les infractions sont connues et elles sont été résolues avec un achat de silence à la hauteur de 125 millions $ : Google numérisait les livres sans prendre le temps de s'assurer des droits en cours et les éditeurs un peu partout dans le monde ont levé les boucliers bien haut, et menacé juridiquement. Mais qu'en est-il réellement ?
Sur la somme annoncée, 34,5 millions $ partiront à... Google, pour « fournir une assistance technique dans les domaines de la conception, du développement et de l'entretien du registre » futurement créé. En clair, plus d'un quart de la somme allouée pour le futur nouveau Google Books.
Selon les propos de l'Electronic Frontier Foundation, Google ne connaît pas le terme obstacle : si un arrangement peut d'ailleurs être trouvé, et c'est presque toujours le cas, avec la victime titulaire des droits, le problème se résout de lui-même, mais Google va fermer la porte derrière lui, pour empêcher ses concurrents de prendre également part aux réjouissances.
C'est ce qui se passe aux États-Unis, c'est ce qui se passera probablement en Angleterre, c'est ce que l'Europe entière risque de connaître : bref, Google n'exploite pas une situation monopolistique, Google la créé, et parvient à retirer du marché toute forme de concurrence, en délimitant lui-même le terrain sur lequel les négociations vont avoir lieu.
Alors question : peut-on encore l'empêcher de mettre la main sur la culture, et surtout qui est en mesure de le faire ? Microsoft ? Sa solution a été arrêtée voilà un an, et ce renoncement a fait l'effet d'une bombe. On pourrait évoquer l'existence de Hathi Trust, l'éléphant de 78.000 Go de base de données, mais qui piétine assez peu les platebandes de Google.
Quels opposants ?
Alors qui ? Europeana ? C'est en tout cas le rêve que caresse le Syndicat national de l'édition, qui n'a manifestement pas saisi l'importance du sujet et de sa problématique. Car l'encyclopédie européenne a plus vocation à devenir une sorte de musée collectif qu'une entreprise qui fait des bénéfices et s'associe à divers acteurs pour faire jouer la concurrence. Et de toute façon, Europeana est trop neutre pour s'engager dans cette voie. Alors Gallica 2, peut-être ? Hmm...
Mais aucun de ces acteurs ne semble disposer de la puissance de frappe de Google : prêt à affronter tous les procès, à les laisser traîner le temps nécessaire pour que la solution qui sera proposée soit unanimement acceptée par la / les partie(s) adverse(s), Google est un mastodonte qui ne souffre pas des décisions de la justice.